Le bouilleur de cru I. Dans les années soixante-dix
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Le bouilleur de cru I. Dans les années soixante-dix
Le bouilleur de cru I. Dans les années soixante-dix, à quelque deux cents mètres de l’école de la Brèche-aux-Loups, près d’un terrain embroussaillé aujourd’hui occupé par un gymnase, dès l’automne s’installait un personnage hors du commun : le bouilleur de cru, équipé de son alambic qu’il acheminait d’un village à l’autre. Fin de la dictée pour les minimes et les cadets II. Sa venue était guettée par tous ceux qui possédaient un verger, si petit fût-il. Lors de la cueillette, les fruits abîmés, talés, voire écrasés, étaient mis à macérer dans des tonneaux où ils fermentaient ; le moût viendrait ensuite emplir l’antique cucurbite pansue dont les parois noircies seraient léchées par les flammes d’un feu d’ormeau, de frêne ou de prunellier. Fin de la dictée pour les juniors et les candidats dont le français n’est pas la langue maternelle III. La machine fume, suffoque, glougloute. Du chapiteau qui coiffe la chaudière, des vapeurs enivrantes s’échappent vers un col-de-cygne, gagnent le serpentin où elles se refroidissent, se condensent : l’eau-de-vie distillée s’écoule, encore chaude… Au XIXe siècle, l’obtention d’un acquit, transmissible de père en fils, autorisait fermiers et métayers à produire leur « goutte ». Ce privilège fut souvent remis en cause : quelques motifs intransigeants qu’économistes et hygiénistes aient allégués, les ayants droit, non convaincus du bien-fondé de ce diktat, durent bientôt renoncer à siroter leur(s) tord-boyaux, sauf à payer une taxe jugée prohibitive. Fin de la dictée pour les seniors IV. De toute éternité, les breuvages grisants, capiteux, intriguèrent les peuples. Ambroisie et nectar assuraient aux dieux grecs l’immortalité ; aux guerriers d’Odin, les Walkyries versaient l’hydromel, gage de pérennité. Les apothicaires exaltèrent l’élixir de vie ; en lui agrégeant divers sucs et tubercules pulvérisés tels que le jalap aux effets purgatifs, des médecins en vantèrent les vertus thérapeutiques, tonifiantes ou anti-inflammatoires, quasi souveraines contre la douleur. Mais n’oublions pas qu’il y a près de trois mille ans, les Perses les premiers se seraient penchés sur les fragrances des plantes odoriférantes, telles les roses, dont ils auraient extrait les essences par distillation. Pour se concilier la faveur des divinités, les hommes leur offrirent des parfums de grand prix dans des vases d’albâtre ou d’onyx : ambre, nard, myrrhe, cinnamome, encens… Ces senteurs de rêve ne resteront pas l’apanage du sacré : très vite, elles embaumeront notre quotidien. Fin de la dictée pour les champions TESTS POUR DÉPARTAGER LES EX AEQUO Catégories I. II. III. IV. Sur la carriole tirée par un cheval bai, le cultivateur avait chargé les fûts, les dames-jeannes et les cornues tarabiscotées. Catégories II. III. IV. Les vignes ayant été parasitées par le phylloxéra, c’étai(en)t surtout les pommes que les Roisséens confiaient aux bons soins du distillateur ambulant. Catégories III. IV. Marc, ouzo, halbi, pulque, tequila, schnaps, grappa, kummel… quelque euphorisants que soient alcools et cocktails, ils conduisent les boit-sans-soif à l’éthylisme et au delirium tremens. Catégorie IV. Dernier paragraphe de la dictée. Ozoir-la-Ferrière, samedi 24 novembre 2007 Texte établi par Christiane Bachelier (Dico d’Or 1999) et révisé par Michèle Balembois-Beauchemin (Championne de France 1991, championne de Belgique 1993, Dico d’Or 1993)