DIRECTEURS D`HOTEL

Transcription

DIRECTEURS D`HOTEL
Werner Knechtli
(Rezidor)
Dirige un hôtel
avec son aéroport
Actif depuis 31 ans dans la chaîne, il
a travaillé dans 9 hôtels, pour 3 ceo
et 7 directeurs régionaux différents,
avec sa plus brève expérience à
Copenhague (8 mois) et sa plus
longue à Vienne (8 ans). Please meet
Werner Knechtli, un des managers
© Gerrit Op de Beeck
les plus anciens du groupe hôtelier
Rezidor.
DIRECTEURS D’HOTEL
Werner Knechtli, manager de nombreux hôtels et depuis 7 ans du Radisson Blu
Zurich Airport, a accueilli au fil des ans des célébrités comme Ursula Andress,
Michael Jackson, le président Jimmy Carter ou encore la reine Silvia de Suède.
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Qui est Werner Knechtli?
Je suis né en 1949 en Suisse. J’ai passé toute ma
vie dans l’industrie hôtelière, notamment au Kenya, en Arabie saoudite, au Koweït, au Danemark, en
Belgique, au Royaume-Uni, en Autriche et en Allemagne. J’occupe la fonction de general manager
depuis 1981. Lors de mes rares temps libres, j’aime
faire de la plongée ou collectionner des antiquités et des voitures ancêtres. Cela fait donc plus de
50 ans que je travaille dans le monde de l’hôtellerie, je pense que je suis tombé dedans quand
j’étais petit (rires)!
Depuis 2007, vous dirigez le Radisson Blu
Zurich Airport. Est-ce là votre dernier
point de chute?
Non, je ne m’arrêterai qu’à ma mort (rires). S’il le faut,
je suis prêt à faire encore un hôtel, mais si cela n’arrive pas, je reste volontiers ici. Je ne déborde pas
d’ambition aveugle, car à mon âge et avec mon
expérience, je n’ai plus besoin de faire mes preuves.
Pourquoi vous êtes-vous si fort impliqué
dans ce projet?
Le Radisson Blu Zurich Airport est un hôtel très particulier sur tous les fronts. Ou comme on dit ici: ‘un
hôtel avec son propre aéroport’. J’avais aussi été
désigné ‘project opening gm’, ce qui m’a permis de
d’emblée créer des liens. Parfois, j’affirme que l’hôtel est unique en son genre, même si je sais que
c’est sans doute un peu vite dit, mais comment le
décrire autrement? Conformément aux normes
suisses, cet hôtel de 330 chambres déborde de lifestyle. De plus, il s’agit du seul hôtel ‘dans’ un aéroport. Les clients ne doivent même pas mettre le nez
dehors pour entrer dans l’hôtel; en cas de mauvais
temps, il leur suffit d’emprunter la connexion souterraine vers le terminal. En ce qui concerne l’infrastructure MICE, nous disposons de 52 salles de conférence, ce qui fait de nous le plus grand prestataire
de Suisse. Par ailleurs, nous ne sommes que deux
hôtels dans le monde (l’autre se situant à Londres
Stansted) à posséder une ‘tour de vins’. Il s’agit de
pas moins de 4.000 bouteilles entreposées dans une
tour de verre de 16 mètres de haut. Un ange volant
attrape votre sélection. Ce concept de 4 millions
de francs suisses est devenu réalité grâce à l’appui
du ceo de l’époque, Kurt Ritter, et a attiré la presse
du monde entier.
Quel a été le plus grand défi de votre carrière?
J’ai abattu ce qu’on pourrait appeler un travail de
pionnier. En 1978, lorsque j’ai construit un hôtel à
Riad, des chameaux traversaient le chantier, des
faucons me tournaient autour et l’air conditionné
était inexistant. Et nous dormions dans des tentes.
Est-ce assez exceptionnel comme exemple? (rires).
Aviez-vous un mentor?
Kurt Ritter (ndlr. l’ancien ceo du groupe Rezidor) m’a
guidé tout au long de ma carrière. Kurt a eu une
influence très positive sur moi; sans lui, je ne serais
jamais resté si longtemps dans la chaîne. Dès que
j’avais besoin de nouveauté et de changement, il
me proposait un nouveau défi. Kurt était un stratège, mais aussi un bon people manager.
Quelles leçons tirez-vous de votre
expérience?
L’essentiel est et reste de satisfaire le client. C’est
aussi simple que ça. Les techniques peuvent évoluer et les gadgets être inventés, la touche humaine
est irremplaçable. Même avec le meilleur hardware, vous n’êtes rien sans un personnel compétent et dévoué. Je suis aussi un gm très présent , ce
que les employés apprécient, car ils me voient, ils
voient que je montre un intérêt pour leur boulot et
peuvent m’aborder à tout moment. Mais c’est également positif pour moi, car je peux alors prendre
le pouls de l’hôtel. En arpentant mon hôtel, je suis
davantage au courant de ce qu’il s’y passe.
Comment envisagez-vous l’avenir de
l’hôtellerie?
Au niveau mondial, mais aussi local, l’offre est excédentaire. Dans les 5 prochaines années, Zurich se
dotera de quelque 5.000 chambres d’hôtel supplémentaires. C’est beaucoup trop! Il n’y a aucun indicateur que le marché en ait besoin, car la croissance
est assez faible… Et des exemples comme ça, j’en
ai plein. Prenons Berlin par exemple: la capitale allemande compte bien trop d’hôtels 5 étoiles, alors
que le marché est surtout orienté sur le leisure. Cela
me rappelle le monde aérien de l’époque: ‘fly the
flag’, voler pour le plaisir de voler. Eh bien, dans mon
secteur, actuellement on construit pour construire.
Et je me demande souvent: pourquoi? De plus, on
me demande souvent si je ne redoute pas l’avènement d’Internet. Je réponds alors: “Il n’est pas possible de stopper l’évolution technologique, mais
on peut en revanche arrêter la construction effrénée d’hôtels.”
Travel Magazine 354 - 26 septembre 2014
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