La spondylolisthésis de la Vénus Hottentote

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La spondylolisthésis de la Vénus Hottentote
Félix Regnault
La spondylolisthésis de la Vénus Hottentote
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 5 fascicule 3, 1914. pp. 233-235.
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Regnault Félix. La spondylolisthésis de la Vénus Hottentote. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,
VI° Série, tome 5 fascicule 3, 1914. pp. 233-235.
doi : 10.3406/bmsap.1914.8666
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1914_num_5_3_8666
FÉLIX REGNMJLT. — LA SPONDYLOLISTHÉSIS DE LA. VÉMJS HOTTENTOTE
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qu'ils dessinent ont des fesses saillantes et souvent d'énormes mollets,
conformément au caractère ethnique de leur race. Notons que ces repré
sentations
humaines, sont, en ce qui concerne les autres régions du
corps, plus schématiques et plus frustes que celles que les Boschimans ont
faites des animaux.
Conclusions.
Un grand nombre de peuples ont regardé l'obésité chez la femme
comme un idéal esthétique. Dans leurs représentations de cet idéal, ils
ont insisté sur l'obésité des hanches, et de la face externe des cuisses.
On sait que l'obésilé chez la femme commence par ces régions avant de
se généraliser à tout le corps.
Souvent celte localisation de l'obésité a été fortement exagérée;. on
retrouve celte exagération conforme à ce même idéal chez les peuples les
plus différents, les Néolithiques, les Egyptiens, les Elamites, les Grécobabyloniens, les Hindous, les Précolombiens.
On ne confondra pas la stéatomérie externe qui est de l'obésité loca
lisée avec la stéatopygie qui est un caractère de race. Jusqu'à présent,
à ma connaissance, seuls les Boschimans ont dessiné des personnages
stéatopyges.
Des représentations de la femme enceinte existent nombreuses dans
l'art nègre, l'art grec, etc. Dans ce dernier, la femme enceinte a un
embonpoint marqué.
L'art grec a également représenté la. femme après l'accouchement,
comme en témoignent les vergetures sur le ventre.
Dans l'art paléolithique et néolithique, certaines représentations de
femmes obèses semblent indiquer de plus un accouchement récent, à en
juger par la plénitude des seins, par la chute du ventre en tablier, par la
longueur des nymphes.
Les Polynésiens ont des divinités à gros ventre, avec le reste du corps
maigre qui semblent symboliser l'affamé qui vient de faire un bon repas.
LA SPONDYLOLISTHÉSIS DE LA VÉNUS HOTTENTOTE.
par le Dr Félix Regnault.
Les auteurs citent souvent, pour illustrer la stéatopygie, Sarah Bartmann ,
dite la Vénus hottentole, dont le squelette et le moulage sont conservés au
Muséum. Cet exemple est mal choisi. La stéatopygie de cette femme se
compliquait d'une difformité congénitale, la spondylolisthésis : les accou-
21 mai 1914
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cheurs nomment ainsi le manque congénital d'ossification de l'arc de la
cinquième lombaire qui produit le glissement en avant du corps de cette
vertèbre. La spondylolisthésis de la Vénus hottentote a été reconnue par
Lambl dont le travail est rappelé dans l'ouvrage de Fr. Neugebauer ' ;
nous reproduisons le dessin de son bassin, j'ai pu en vérifier l'exacti
tude
sur le squelette. La colonne vertébrale y est reproduite deux fois :
les vertèbres dessinées avec des ombres, représentent la situation qu'on
leur a données sur le squelette monté où le ménisque interarticulaire
lombo-sacré a été remplacé par un disque plus épais de façon à redresser
les vertèbres ; les vertèbres dessinées sans ombre représentent leur situa
tion réelle {fig. 1).
ft
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V, 1
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Fig. 1. — Bassin de la Vénus hottentote (d'après Lambl) montrant la spondyl
olisthésis
de la cinquième vertèbre lombaire.
Sur ce sujet les signes de l'anomalie congénitale s'ajoutent à lastéatopygie ethnique ; la cambrure en est augmentée, la taille fortement dimi
nuée ..
Il convient de rappeler ce qu'écrivait Livingstone au sujet des Boschimans qu'on amène en Europe : « Ils ont été choisis pour leur extrême
laideur, comme les chiens des marchands de pommes, et l'idée qu'en
Angleterre on a des Boschimans est tout aussi exacte que celle qu'on
1 Voir Bulletins de la Société, 4913, pages 35 et 398.
* D1 Fr. Neugebauer — Spondylolisthésis et spondylizème, Paris, 1892, page 34.
A. DE BRANDT. — EXPLICATION DE L'ORIGINE DES DROITIERS ET DES GAUCHERS
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aurait des Anglais, si Les plus affreux d'entre nous étaient exhibés en
Afrique et donnés comme spécimen de notre nation » 1.
La Vénus hott^ntote avait été choisie par son barnum à cause de son
extrême laideur. A l'avenir, il convient, pour illustrer la stéatopygie
des Boschimans, de prendre un autre exemple.
EXPLICATION EMBRYOLOGIQUE DE L'ORIGINE DES DROITIERS ET DES GAUCHERS
Par le Prof. émér. Dr Alexandre de Brandt (Dorpat).
C'est une ancienne question inépuisable que la cause de la préférence
fonctionnelle accordée k la main droite par la plupart des hommes de toutes
les races et de tous les temps. Cette question a fait naître un grand
nombre d'hypothèses, qui augmentent encore d'année en année. Les plus
proéminenls connaisseurs de la question ont même perdu l'espoir de dé
brouil er
ce problème si grave.
a Poser la question, c'est la résoudre ». Cette profonde vérité suppose
souvent un entassement de matériaux divers et systématiques. Si je ne
me trompe pas, de pareils matériaux concernant notre question sont à
présent amassés : le fruit est mûr pour être cueilli facilement. En effet,
on peut maintenant poser la question de la manière la plus précise. La
réponse doit satisfaire aux circonstances suivantes :
1° II s'agit d'un phénomène inné, d'une prédisposition anatomique et
physiologique, seulement augmentée par l'exercice ;
2° La prépondérance d'une extrémité est toujours associée k celle du
quartier correspondant du tronc ;
3° II ne s'agit pas seulement d'une inégalité des extrémités pectorales
et des quartiers du corps correspondants, mais aussi des extrémités
abdominales et de leurs quartiers ;
4° On trouve réalisées toutes les variations et combinaisons possibles
de discordance symétrique des quatre extrémités et de leurs quartiers du
tronc;
5° Pour l'homme, le phénomène le plus répandu et normal est la dissy
métrie totale des deux moitiés du tronc avec prépondérance de la moitié
droite et de ses appendices. (Droitiers totaux) ;
6° Comme variété plus rare on trouve une égalité innée des extrémités
opposées, soit seulement d'une des paires, soit de toutes les deux. (Ambi
dextres innés). N. B. Beaucoup plus souvent l'égalité des extrémités
supérieures de l'homme est acquise par l'exercice. (Ambidextres artifi
ciels) ;
Dr Livingstone. — Exploration dans l'Afrique Australe. Paris, 1859, page 87.