INTERNAUTE MAGAZINE EDITION SPECIALE DU 2 DECEMBRE
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INTERNAUTE MAGAZINE EDITION SPECIALE DU 2 DECEMBRE
INTERNAUTE MAGAZINE EDITION SPECIALE DU 2 DECEMBRE 2010 Réforme des retraites : tout ce qui change L'âge de départ à taux plein retardé à partir de 2016 La durée de cotisation augmentée d'un an d'ici 2020 Le remboursement des trimestres de retraites possible...mais taxé Les mères de famille nombreuse pourront toujours partir à 65 ans Le mécanisme de surcote calé sur le recul de l'âge de départ à la retraite Le taux de décote augmentera de 0,125 point par an pour les fonctionnaires Un départ possible à partir de 58 ans en cas de carrière longue Les indemnités de congé maternité réintégrées au calcul de la pension Un départ maintenu à 60 ans pour les travailleurs amoindris physiquement Les chômeurs indemnisés jusqu'à l'obtention du taux plein Douaniers, policiers, pompiers... en retraite à 52 ans Fin de la majoration de pension pour conjoint à charge Poly pensionnés : plus facile de bénéficier du régime des fonctionnaires Les modalités de mise à la retraite d'office peu modifiées Secteur public : le taux de cotisation aligné sur le secteur privé Certains préretraités pourraient revenir travailler Les parents d'enfants handicapés peuvent partir à 65 ans à taux plein Les parents d'enfants handicapés peuvent partir à 65 ans à taux plein Expatriation : les rachats de trimestres plus chers Un entretien d'information à partir de 45 ans Un dossier médical pour prévenir la pénibilité Réforme des retraites : tout ce qui change Après de vifs débats au Parlement et malgré les protestations de la rue, la loi portant réforme des retraites a finalement été promulguée par le chef de l'Etat le 9 novembre 2010. Le recul de l'âge de départ à la retraite et l'allongement de la durée de cotisation en sont les deux mesures phares. Ce ne sont pas les seules, loin de là. De nombreuses autres modalités vont être mises en place, comme le montre notre dossier. Pénibilité, rachat de trimestres, dossier médical... Découvrez vingt conséquences de la réforme sur vos droits à la retraite. L'âge de départ à taux plein retardé à partir de 2016 C'est la mesure emblématique de la réforme des retraites mais aussi probablement la plus contestée : le recul de l'âge d'ouverture des droits à la retraite de 60 à 62 ans. Elle s'accompagne du passage de 65 à 67 ans pour un départ à taux plein, c'est-àdire sans décote. La mise en place L'âge de départ à la retraite augmentera de quatre mois par an à partir du 1er juillet 2011 pour arriver à 62 ans en 2018. Concrètement, l'âge de départ à la retraite augmentera de quatre mois par an à partir du 1er juillet 2011 pour arriver à 62 ans en 2018. Les premiers travailleurs concernés sont donc ceux nés après le 1er juillet 1951. L'âge de départ à taux plein sera lui augmenté entre 2016 et 2023 pour atteindre 67 ans en 2023. D'ici là, la pension à taux plein est garantie dès 65 ans. La durée de cotisation augmentée d'un an d'ici 2020 Comme la réforme de 2003 le prévoyait, la durée de cotisation permettant de partir à la retraite avec un taux plein va augmenter en tenant compte de l'augmentation de l'espérance de vie. Il est prévu qu'elle passe de 40,5 à 41,5 années. La mise en place En 2014, il faudra cotiser pendant 41,5 années pour obtenir un départ à taux plein. A fin 2010, la durée de cotisation nécessaire est de 40,5 ans. En 2012, cette dernière sera de 41 ans puis à 41,25 en 2014 pour arriver à 41,5 ans en 2020. Au-delà, aucune règle n'a été fixée pour le moment. Le remboursement des trimestres de retraites possible...mais taxé Si vous avez racheté des trimestres pour pouvoir partir en retraite au taux plein à 60 ans, vous avez la possibilité de vous les faire rembourser. En effet, ils peuvent ne plus être utiles car vous ne pourrez plus partir qu'à 62 ans au mieux. Mais si des trimestres rachetés vous permettent de compléter votre retraite, n'en demandez pas le remboursement. La mise en place Vous pouvez demander un remboursement de l'Etat par chèque des trimestres rachetés si vous n'avez pas encore fait valoir vos droits à la retraite. Ce remboursement ne concerne que les cotisations versées avant le 13 juillet 2010 et les personnes nées après le 1er juillet 1951. Il n'est possible que si vous n'avez pas encore fait valoir vos droits à la retraite. Et le montant remboursé sera soumis à l'impôt sur le revenu. Les mères de famille nombreuse pourront toujours partir à 65 ans La loi a des conséquences diverses pour les parents de trois enfants ou plus. Si les mères de trois enfants ne subissent pas le recul de l'âge de départ à taux plein à 67 ans, les fonctionnaires parents de trois enfants n'ont plus la possibilité de partir à la retraite à la date de leur choix. La mise en place Les mères de familles nées entre 1951 et 1955 ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants peuvent partir en retraite à taux plein à 65 ans. Les mères de familles concernées sont celles nées entre 1951 et 1955 et ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants. Elles peuvent partir en retraite avec leur taux plein à 65 ans. Quant à la fin du régime de faveur accordé aux fonctionnaires parents de trois enfants, elle interviendra en 2012. Le mécanisme de surcote calé sur le recul de l'âge de départ à la retraite La surcote correspond à une majoration de la pension de retraite pour les salariés qui continuent à travailler après l'âge légal de départ à la retraite et audelà de la durée de cotisation nécessaire. La mise en place Les personnes continuant à travailler après l'âge de 62 ans bénéficient d'une surcote de 1,25 % par trimestre. Avec la réforme, les personnes continuant à travailler après l'âge de 62 ans bénéficient d'une surcote de 1,25 % par trimestre. Par exemple, un salarié qui a cumulé le nombre de trimestres nécessaire pour un départ à taux plein et qui continue de travailler jusqu'à 64 ans verra sa pension de retraite augmenter de 10 %, soit huit trimestres multipliés par 1,25 %. Le taux de décote augmentera de 0,125 point par an pour les fonctionnaires Selon le même principe que la surcote, la décote est une diminution de la pension de retraite pour les travailleurs qui partent à la retraite sans avoir suffisamment cotisé pour obtenir un taux plein. La mise en place La décote est une diminution de la pension de retraite pour ceux qui partent à la retraite sans taux plein. Selon le nombre de trimestres manquants, le pourcentage de décote appliqué sera différent. Pour les fonctionnaires, il est de 0,625 % en 2010 mais augmente de 0,125 point par an jusqu'en 2015. Pour un fonctionnaire partant en retraite en 2011 avec par exemple deux trimestres manquants, la pension sera diminuée de 1,50 %, soit deux trimestres multipliés par 0,75 %, le taux en vigueur en 2011. Un départ possible à partir de 58 ans en cas de carrière longue La réforme prend en considération les personnes qui ont commencé à travailler jeunes et leur permet de partir à la retraite avant 62 ans sous certaines conditions. La mise en place Pour bénéficier de ce dispositif, il faut comptabiliser deux ans de plus de cotisations que ce qui est prévu pour un départ à taux plein. L'âge de départ à la retraite pourra être de 58 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans, de 59 ans pour ceux qui ont Les personnes qui ont commencé à travailler jeune peuvent partir à la retraite avant 62 ans sous débuté à 15 ans et de 60 ans pour ceux qui ont entamé leur parcours certaines conditions. professionnel à 16 ou 17 ans. Ces mesures ne concernent que les travailleurs nés après le 1er janvier 1956. Les indemnités de congé maternité réintégrées au calcul de la pension Les femmes, lorsqu'elles interrompent leur activité professionnelle pour cause de maternité, touchent des indemnités journalières pendant cette période. Mais celles-ci ne sont pas prises en compte dans le salaire annuel moyen qui sert de base de calcul de la pension de retraite. Ce qui peut avoir pour effet de diminuer la somme perçue une fois à la retraite. La mise en place Les femmes en congé maternité voient leurs indemnités journalières traitées différemment pour leur retraite. La loi prévoit que ces indemnités journalières soient intégrées dans le salaire annuel pour le calcul de la pension. Ce principe s'applique pour les congés de maternité commençant à partir du 1er janvier 2012. Un départ maintenu à 60 ans pour les travailleurs amoindris physiquement Il s'agit d'un des thèmes les plus présents dans le débat autour de la réforme des retraites : la prise en compte de la pénibilité. La loi répond en partie à cette inquiétude en permettant à certains travailleurs amoindris physiquement de partir plus tôt à la retraite. La mise en place Les salariés avec un taux d'incapacité de 20 % lié à une maladie professionnelle ou à un accident du travail pourront continuer à partir à la retraite à 60 ans. Les salariés avec un taux d'incapacité de 20 % lié à une maladie professionnelle ou à un accident du travail peuvent continuer à partir à la retraite à 60 ans au lieu de 62 ans. A cet âge, ils perçoivent une pension à taux plein quel que soit le nombre de trimestres cotisés. Les salariés et les agriculteurs justifiant d'un taux d'incapacité compris entre 10 et 20 % peuvent également espérer en bénéficier. C'est une commission dédiée qui statuera sur leur cas. Les chômeurs indemnisés jusqu'à l'obtention du taux plein Jusqu'à la réforme, les chômeurs étaient indemnisés par le Pôle emploi jusqu'à 60 ans pour ceux qui avaient cotisé suffisamment pour obtenir une retraite à taux plein et jusqu'à 65 ans pour ceux qui n'avaient pu obtenir le taux plein avant cet âge. La mise en place Ces bornes d'âge passent respectivement à 62 et 67 ans à l'horizon 2018, se calquant sur le recul de l'âge de départ. En clair, une personne qui se retrouve au chômage après 62 ans et avant 67 ans et qui n'a pas le nombre de trimestres suffisant pour partir en retraite à taux plein, peut recevoir des indemnités de chômage jusqu'à ce qu'elle totalise ce nombre de trimestres. Une personne qui se retrouve au chômage après 62 ans et avant 67 ans peut recevoir des indemnités de chômage jusqu'à ce qu'elle totalise le nombre de trimestres suffisant. Douaniers, policiers, pompiers... en retraite à 52 ans Jusqu'à présent, certains fonctionnaires appartenant à ce que l'on appelle "la catégorie active", comme les membres de la Police nationale, les douaniers ou les pompiers avaient la possibilité de partir en retraite à 50 voire 55 ans. Ces âges sont décalés de deux ans. La mise en place Les fonctionnaires qui pouvaient partir à 50 ans, comme les policiers municipaux, ne pourront le faire qu'à 52 ans. A partir de 2018, les fonctionnaires qui pouvaient partir à 50 ans ne pourront le faire qu'à 52 ans et ceux qui partaient à 55 ans ne seront autorisés à le faire qu'à partir de 57 ans. De plus, la durée minimum de cotisation pour bénéficier de ce départ anticipé passe de 15 à 17 ans. Fin de la majoration de pension pour conjoint à charge Aujourd'hui, la pension de retraite du régime général est majorée lorsque le conjoint à charge du titulaire de la pension rassemble plusieurs conditions. Il doit être âgé de 65 ans ou 60 ans en cas d'inaptitude au travail et ne pas bénéficier d'une rente acquise au titre de l'assurance vieillesse ou invalidité. Enfin, ses ressources ne doivent pas dépasser, avec la majoration de pension, le plafond de revenus fixé pour l'attribution de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). La majoration pour conjoint à charge était attribuée si ce dernier avait plus de 65 ans, voire La mise en place 60 ans en cas d'inaptitude au travail. Cette majoration est supprimée à partir du 1er janvier 2011. Poly pensionnés : plus facile de bénéficier du régime des fonctionnaires Les poly pensionnés sont les personnes qui ont cotisé à des régimes de retraite différents, dans le public et dans le privé. Avant la réforme, ils devaient avoir travaillé au moins 15 ans dans la fonction publique pour profiter du calcul de la pension basé sur les six derniers mois de salaire, pour la période travaillée dans le public. Ceux qui avaient moins de 15 ans de travail dans le public étaient désavantagés. Ils voyaient par exemple leur pension calculée sur la moyenne des vingt-cinq dernières années. Les poly pensionnés sont les personnes qui ont cotisé dans des régimes différents. La mise en place La réforme prévoit qu'il suffira de cotiser pendant deux années dans la fonction publique pour bénéficier du régime des fonctionnaires, et ce à partir du 1er janvier 2011. Les modalités de mise à la retraite d'office peu modifiées Depuis le 1er janvier 2010, un employeur ne peut pas mettre un salarié d'office à la retraite avant 70 ans. Entre 65 ans et 69 ans, il ne peut le faire qu'avec son accord après une demande écrite à laquelle le salarié doit répondre. La mise en place Si la borne d'âge de 70 ans n'évolue pas, la mise à la retraite avec l'accord du salarié ne pourra Un employeur doit échanger avec le salarié et recueillir son accord pour le mettre en retraite d'office désormais intervenir, à compter de 2020, qu'à partir de 67 ans, entre 65 ans et 69 ans. selon la logique du recul de l'âge de départ à la retraite Secteur public : le taux de cotisation aligné sur le secteur privé Aujourd'hui, le taux de cotisation salariale du secteur public est de 7,85 % contre 10,55 % dans le privé. La loi prévoit une hausse du premier pour atteindre le niveau du second d'ici dix ans. La mise en place Le taux de cotisation du secteur public sera égal à celui du privé en 2020. Le taux de cotisation du secteur public va, à partir de 2011, augmenter chaque année de 0,27 point pour arriver à 10,55 % en 2020. Pour un salaire de 2 000 euros, cela correspond en moyenne à une hausse de cotisation de 6 euros par mois pendant dix ans à la charge des fonctionnaires. Certains préretraités pourraient revenir travailler Les personnes ayant travaillé dans une entreprise ou un établissement utilisant de l'amiante, ainsi que les personnes atteintes d'une maladie professionnelle due à l'amiante bénéficient d'une possibilité de préretraite à partir de 50 ans. Ces travailleurs qui bénéficient de ce dispositif de départ anticipé ne sont pas touchés par les mesures de recul de l'âge de la retraite. La mise en place Les travailleurs ayant été en contact avec l'amiante peuvent toujours bénéficier d'une préretraite à partir de 50 ans. Attention, la réforme peut avoir un impact sur les autres préretraités. Du fait du recul de l'âge de départ à la retraite, les salariés qui avaient par exemple utilisé leur compte épargne temps pour prendre des congés jusqu'à leur retraite risquent de devoir revenir travailler. Les parents d'enfants handicapés peuvent partir à 65 ans à taux plein Comme les mères de famille de trois enfants ou plus, les parents d'enfants handicapés peuvent également continuer à bénéficier de la retraite à taux plein à 65 ans. La mise en place Les parents d'enfants handicapés ne sont pas touchés par la réforme. Les parents d'enfants handicapés doivent avoir arrêté leur activité professionnelle afin de s'en occuper pour pouvoir partir en retraite à taux plein à 65 ans. Et ce dispositif s'applique, quel que soit le nombre de trimestres cotisés par les parents. Expatriation : les rachats de trimestres plus chers Selon l'entreprise de conseil Maximis retraite, le rachat d'une année à l'étranger coûtait jusqu'à présent entre 1 000 et 6 000 euros l'année. Mais ce prix a été aligné sur celui des trimestres d'études, ce qui le fait grimper à 25 000 euros au maximum. La mise en place Le coût d'un rachat de trimestres grimpe jusqu'à 25 000 euros. Ce changement est mis en place à partir du 1er janvier 2011 puisqu'il figure dans la loi de finances. Pour les personnes intéressées pour racheter des trimestres passés à l'étranger, il est donc préférable de s'en occuper avant la fin de l'année 2010. Un entretien d'information à partir de 45 ans La loi prévoit de renforcer l'information des travailleurs au sujet de leurs droits à la retraite. C'est ainsi qu'à partir de 45 ans, chaque assuré peut demander un entretien personnalisé pour connaître les perspectives d'évolution de ses droits en prenant en compte des choix de carrière différents mais aussi les possibilités de cumul emploi-retraite ou encore les dispositifs permettant d'améliorer le montant de sa pension. . La mise en place La loi prévoit de renforcer l'information des travailleurs au sujet de leurs droits à la retraite. Cette possibilité s'ouvre aux travailleurs dès l'année 2012. De plus, dès l'année qui suit la première année au cours de laquelle il a validé au moins deux trimestres, un travailleur peut obtenir des informations générales sur le système de retraite. Un dossier médical pour prévenir la pénibilité La loi de réforme des retraites prévoit la création d'un "dossier médical en santé au travail" pour établir un état du travailleur et évaluer les risques professionnels auxquels il a éventuellement été soumis. La mise en place Le "dossier médical en santé au travail" sera établi par le médecin du travail. Ce dossier est établi par le médecin du travail et ne peut être communiqué qu'à un médecin choisi par le salarié et à sa demande. En plus de ce dossier, une fiche individuelle d'exposition à des facteurs de risque sera tenue dans chaque entreprise pour prévenir notamment les problèmes de santé liés au rythme de travail.