Comment savoir si c`est lui/elle ?

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Comment savoir si c`est lui/elle ?
Comment savoir si c'est lui/elle ?
Écrit par Père Alain Quilici
Vendredi, 12 Juin 2009 09:32
La vie amoureuse ne fonctionne pas comme une machine. Les certitudes qu’on peut y
connaître ne sont pas de ces certitudes qu’on pourrait appeler scientifiques. Elles ne sont pas
fondées sur des expérimentations renouvelées qui permettraient d’induire avec une logique
imparable une conclusion sans erreur.
Dans la vie amoureuse, comme dans la vie humaine en général, on est toujours dans le
domaine du probable. Il faut se faire une opinion personnelle sans pouvoir recourir à des règles
absolues, sans s’appuyer sur des critères inamovibles. Là est la difficulté. A un moment il faut
choisir, sans connaître l’avenir. Mais il ne faut pas choisir imprudemment.
Voilà pourquoi on se demande toujours, dans la relation amoureuse : suis-je sûr de moi ?
Suis-je sûr de l’autre ?
Et quand on est adolescent, la question est encore plus cruciale. On se demande de façon
encore plus lourde d’angoisse : comment savoir si cette personne pour laquelle j’ai du
sentiment est celle avec laquelle je dois fonder une famille ?
Est-ce lui ? Est-ce elle ? Question sans doute éternelle, mais qui ne manque pas de troubler
celui et celle à qui elle se pose, au moment où elle se pose.
Aussi voulons-nous donner quelques indications pour aider ceux et celles, parmi les plus
jeunes, qui se trouvent confrontés à cette question.
Notre point de vue est celui de Chrétiens. Ce qui implique que nous avons la conviction que
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Dieu n’est pas étranger à notre vie, qu’il s’intéresse à ce que nous vivons et qu’il intervient tout
en ménageant notre liberté.
1- Dieu veille sur nous. Il sait ce dont nous avons besoin et il nous le donne en temps
voulu. S’il a inscrit dans notre cœur le désir de fonder une famille, il nous donnera les moyens
de le réaliser. C’est ce qu’on appelle une vocation. Il y a une vocation au mariage, comme il y a
une vocation à la consécration religieuse. L’une et l’autre viennent de Dieu.
Celui qui a cette certitude bien inscrite au fond de son cœur avancera plus calmement dans la
vie que celui qui est persuadé qu’il doit tout faire tout seul, ou au contraire que tout dépend du
hasard et de la chance.
Cela pour dire, que l’adolescent qui s’angoisse en se demandant s’il trouvera l’âme sœur
devrait commencer par apprendre à s’en remettre à Dieu, à lui faire confiance. Il devrait lui
demander cette vertu dont la jeunesse est souvent dépourvue : la patience. Il faut savoir
attendre. Celui qui se précipite, celui qui est toujours pressé, a au moins une certitude : celle de
se tromper toujours !
Donc ne vous affolez pas. Chaque chose en son temps. Savoir attendre. Faire confiance.
2- La question est différente lorsqu’on a rencontré quelqu’un pour qui on a éprouve un
sentiment qui pourrait bien être de l’amour.
Que faire ?
Là encore tout dépend du but que l’on poursuit. Dans une rencontre il peut s’agir d’une foule de
choses très différentes, de l’amitié au mariage, de la sympathie à la communion, de l’aventure
passagère à la fondation durable.
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La première attitude consiste donc à faire le point avec soi-même. Se demander ce qu’on
cherche vraiment. Cela demande du courage, de la lucidité et de l’honnêteté. Il est rare qu’on
arrive à faire seul ce discernement. Il convient de se faire aider. Il est bon et précieux d’avoir
quelqu’un avec qui on soit en confiance et qui puisse aider à y voir clair dans son
comportement. Il est bien normal de n’être pas au clair avec soi-même. Il n’y a aucune honte à
se faire aider. Surtout au début de la vie, quand on est à la croisée des chemins, rien ne
remplace l’aide d’un conseiller judicieux et respectueux qui vous aidera à ne pas vous tromper
de route. Il y a tant d’impasses, tant de mirages, tant de pub mensongère au bord des routes,
…
3- Dans le cas où la question qui se pose est vraiment de se demander si celui ou celle
qu’on vient de rencontrer serait celui ou celle que le Seigneur a mis sur notre route pour fonder
une famille, il faut passer à la vitesse supérieure. La question est grave. C’est toute sa vie qui
est en jeu. On voit suffisamment de gens souffrir autour de soi, pour s’être embarqués trop vite
dans une relation amoureuse sans issue pour ne pas être plus que prudent.
Car rien n’est plus difficile,
primo de savoir si on est vraiment amoureux,
secundo si l’autre est vraiment amoureux !
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Dans ce domaine, il faut par-dessus tout se méfier de son égoïsme. Ce danger est avivé par le
contexte dans lequel nous vivons. La société de consommation qui nous pousse à satisfaire au
plus vite nos envies et qui nous en donne les moyens est un piège redoutable dans le domaine
amoureux. Car s’il est agréable et sans conséquence de satisfaire sa soif en prenant une bière
quand il fait chaud, il est redoutable de gâcher sa vie parce qu’on a voulu satisfaire sans
attendre ce qui se révèle à la longue n’être qu’une pulsion. Il faut se méfier de soi. L’égoïsme
est installé au fond de notre cœur. Nous nous aimons nous-mêmes de façon désordonnée. Et
c’est l’autre qui va en faire les frais.
D’ailleurs pour comprendre il suffit de se mettre dans la situation inverse. Je rencontre
quelqu’un qui me dit qu’il m’aime. Je le crois. Je m’engage. Je me donne. Mais rapidement je
m’aperçois qu’en fait je suis utilisé, que je ne suis pas vraiment aimé (aimée) pour moi-même,
mais que je côtoie un égoïste qui ne pense qu’à lui. La déception est immense. La blessure
profonde. On n’aime pas être traité (traitée) comme une chose !
Il ne faut donc pas, en retour, traiter les gens comme des choses qu’on utilise pour se faire
plaisir, mais qu’on aime pas pour eux. Comme dit Jésus : faites aux autres ce que vous voulez
qu’ils fassent pour vous
. Or moi, ce
que j’attends qu’on fasse pour moi, c’est qu’on ait de la considération pour moi, que j’existe aux
yeux de l’autre et qu’il m’aime pour moi-même (et non pour mon corps ou pour ma fortune ou
pour mon prestige).
Rien n’est plus exigeant que d’y voir clair dans ce domaine. Il faut pouvoir répondre en toute
honnêteté : est-ce que c’est vraiment l’autre que j’aime ? Ou est-ce moi que j’aime sur le dos de
l’autre !
4- Cela dit, [mais je le redis il ne faut pas sauter cette étape sous peine de sombrer, à
terme, dans le malheur] il y a tout de même des critères qui permettent de forger son opinion.
C’est ce que j’appellerai les critères objectifs.
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On ne dit pas à tout le monde : marions-nous ! On ne fonde pas une famille avec tout le monde
! C’est une chose rare, exceptionnelle, unique. On ne s’embarque pas à la légère. Il y a
quelques points de repères inévitables. Des carrefours à ne pas manquer, des questions à se
poser, des domaines à inventorier.
Certes, il y a le sentiment amoureux. Il est très important. Il serait bien imprudent de s’engager
avec quelqu’un qui vous dégoûte ou que vous détestez. Cela va de soi ! Et ce sentiment
amoureux n’est pas objectif. C’est là tout son charme !
Mais il y a aussi des critères parfaitement objectifs.
Aujourd’hui nous n’en signalerons que trois, mais non des moindres.
Le premier est celui de la langue que l’on parle. Parle-t-on la même langue ? Car si dès le
départ, on ne parle pas la même langue, il est probable que rapidement on ne
s’ent
endra pas
. Evidemment il ne s’agit pas seulement de la langue usuelle, mais de tout ce qui relève de la
communication. La vie conjugale est essentiellement fondée sur un échange de paroles :
depuis
la
parole qu’on se donne au début et qui engage, jusqu’à cette parole quotidienne qui est le tissu
de la vie ordinaire, en passant par cette
déclaration d’amour
qu’il faut sans cesse reprendre. Il y aurait beaucoup à dire dans ce domaine qui est primordial.
Mais ici on dira seulement que le premier critère pour savoir
si c’est lui ou si c’est elle
, est de se demander, au sens le plus matériel de l’expression : est-ce qu’on s’entend ?
Le deuxième critère qu’il faudrait examiner dès le départ et avant d’aller plus loin dans la
relation, est de se demander si on communie au même esprit ? Il s’agit là du vaste domaine de
la spiritualité. Ce qu’on appelle couramment la
religion. Dans le cas d’un chrétien,
son appartenance au Christ n’est pas une chose superficielle. C’est viscéral, chez lui. Il a revêtu
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le Christ, comme dit saint Paul ou alors, il n’est que superficiellement chrétien.
Mais celui pour qui la parole de Jésus est source de vie, celui qui ne concevrait pas de vivre
sans communier au corps et au sang du Christ, celui qui ne conçoit pas sa vie en dehors de
l’Eglise et de sa liturgie, celui-là serait bien imprudent de s'engager avec quelqu’un qui serait
hostile ou même tout simplement étranger à cette foi.
La vie chrétienne est un tout. On ne peut la cantonner à une partie de sa vie. Elle ressemble
justement à l’amour dans un couple : on ne saurait le cantonner à certains moment de la
journée, ni à certains secteurs de l’existence. C’est tout un !
Le deuxième critère objectif, qui permet de voir si c’est lui, si c’est elle, consiste donc à bien
peser ce qu’on fait en s’engageant avec quelqu’un avec qui on n’est pas en communion dans
un domaine aussi vital.
Cela n’est pas pour dire, que c’est impossible. Mais il ne faut pas négliger ce domaine, il ne faut
pas le traiter à la légère. Il est capital. Et il faut l’envisager en pensant à l’avenir, en pensant aux
enfants, aux choix qu’il y aura à faire pour eux et au sacrifice que cela représentera pour l’un ou
pour l’autre conjoint de voir ses enfants se séparer de lui dans un domaine aussi sensible.
Il serait naïf de penser qu’il n’y a pas de différences entre un chrétien, un musulman, un
hindouiste, un shintoïste, etc.… Ce ne sont pas seulement des divergences de détails, ce sont
des univers différents avec tout ce que cela implique de comportements masculins et féminins,
de réflexes psychologiques, de coutumes familiales, etc. …
Le troisième critère objectif concerne les familles d’origines. Voilà encore un vaste domaine,
aux multiples facettes et qu’il ne faut ni négliger, ni traiter à la légère. Il y a bien sûr, les milieux
sociaux. Ce n’est pas un empêchement, mais une question qu’il faut envisager. S’il s’avérait
qu’une incompatibilité absolue se manifestait dans ce domaine, il faudrait une solide
détermination pour les deux amoureux pour donner suite. Roméo et Juliette, c’est bien beau.
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Mais l’histoire ne dit pas ce qu’ils sont devenus dix ou vingt ans après. Il faut donc bien
réfléchir.
Mais la vraie question concernant les familles est ailleurs. La Bible dit, dans sa grande sagesse
que l’homme quitte son père et sa mère pour s’unir à sa femme. Là est la question. Chacun
est-il bien décidé à quitter ses parents ? Aujourd’hui, et malgré la mise en question de la
famille
dans les médias, il y a un comportement répandu qui consiste à faire de la famille une citadelle
protectrice. Dans ce cas, il est parfois, pour ne pas dire souvent, difficile de s’en arracher. Pour
savoir
si c’est lui ou si c’est elle
avec qui je dois bâtir ma vie, il suffira donc de bien mesurer si le garçon (ou la fille) accepte de
rompre les attaches familiales pour fonder une nouvelle famille, ou au contraire si ces attaches
sont si fortes qu’il (ou elle) ne saurait se résoudre à
quitter père et mère
. La question n’est pas futile. Elle est primordiale.
Il y a encore d’autres aspects objectifs qui permettront dans ce domaine de savoir si c’est lui, si
c’est elle
.
Chacun les découvrira, selon les situations. Nous pourrons aussi en parler dans une autre
intervention.
En conclusion, je dirai que pour savoir si c’est lui, ou si c’est elle, je ne saurais trop
recommander de ne pas rester seul (ou seule) face à cette difficile question de discernement. Il
est indispensable d’avoir un adulte expérimenté et bienveillant (prêtre, couple ou autre) qui
puisse vous aider, au début de votre relation, à y voir clair.
Avant de partir pour une si grande aventure, il est toujours précieux d’avoir quelqu’un qui vous
aide à voir clair dans vos capacités à aller jusqu’au bout et qui porte un regard critique sur votre
préparation.
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Écrit par Père Alain Quilici
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Et Dieu veille !
Mais n’hésitez pas à réagir à ces réflexions, à apporter votre expérience, dire vos réactions,
poser vos questions, mêler votre propre contribution.
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