TH1 : LE RAPPORT DES SOCIETES A LEUR PASSE LES
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TH1 : LE RAPPORT DES SOCIETES A LEUR PASSE LES
TH1 : LE RAPPORT DES SOCIETES A LEUR PASSE LES HISTORIENS ET LES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN FRANCE. I – Les mémoires de la Seconde Guerre Mondiale en France 1.Dès 1945 : tous résistants : Après la guerre, effacer les divisions, devient aux yeux des autorités le seul moyen de conserver l’unité de la Nation. Devant l’ampleur des traumatismes, l’objectif primordial est d’enterrer les épisodes peu glorieux de ces années de conflit, en élaborant une politique mémorielle visant à taire les divisions. Une mémoire historique dominante, centrée sur la résistance, se met alors en place. La mémoire gaulliste s’organise autour d’une double négation. D’une part, elle minimise le rôle joué par les Alliés dans la libération de la France, insistant notamment dès 1944 sur le fait que Paris et la France entière avaient été libérés par les Français. D’autre part, elle nie la légitimité du gouvernement de Vichy. Ce double déni s’accompagne d’une mise en valeur du rôle de la résistance, minimisant la collaboration. On tente d’effacer la défaite de 1940 en survalorisant une victoire qui aurait été largement soutenue par les Français, et permise par une résistance unie derrière le Gnl de Gaulle. L’objectif est clair, il s’agit de rassembler les français pour reconstruire la cohésion nationale. 2.Une concurrence des mémoires de la Résistance A la sortie de la 2nd GM, les français et la classe dirigeante veulent en finir avec la guerre francofrançaise (honte de la période de collaboration) et restaurer l’unité nationale. En 1945, le mythe «résistancialiste» s’impose : tous résistants ! Deux mémoires entretiennent ce mythe de la France résistante : la mémoire gaulliste et la mémoire communiste. -La mémoire gaulliste préfère gommer les clivages politiques et insister sur une vision unificatrice qui trouve son paroxysme avec le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964. La même année est crée le Concours de la Résistance. -La mémoire communiste insiste sur l’action centrale du PCF dans la résistance et prend le surnom de parti des 75 000 fusillés alors que les historiens estiment à 30 000 Français le nombre de fusillés par l’occupant pendant la 2nd GM. 3.Le consensus résistancialiste (1945 – 1969) Toute construction d’un récit national nécessite un héros. De Gaulle, l’homme du 18 juin, est incontesté, mais il faut incarner la mémoire de la Résistance avec la figure d’un martyr. C’est le sens du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (monument ayant vocation à honorer de grands personnages ayant marqué l’histoire de la France) le 19 décembre 1964. C’est le héros par excellence qui est ainsi consacré, l’homme qui a rallié le Gnl de Gaulle après avoir été révoqué par le Gvt de Vichy, qui a unifié les mouvements de résistance et qui est mort sous la torture. Le parti communiste récupère également son image en insistant sur son parcours d’homme de gauche. Néanmoins ce consensus résistancialiste occulte des pans de la mémoire commune comme celle des déportés. DONC : La reconstruction de la France s’est faite grâce au mythe d’une France unanimement résistante mais au prix de l’oubli des divisions passées. II – Le réveil des différentes mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France 1.Le souvenir de Vichy ressurgit Le début des années 1970 marque un tournant majeur dans l’appréhension de l’histoire et de la mémoire de la 2nd GM. Plusieurs éléments y contribuent : la mort du Gnl de Gaulle le 9 novembre 1970 ; le film « Le Chagrin et la pitié » de Marcel Ophüls en 1971, et surtout sa censure jusqu’en1981 ; la grâce présidentielle accordée par Georges Pompidou à Paul Touvier, ancien chef milicien. De plus, le livre « La France de Vichy » (1973) de l’historien américain Robert PAXTON revient sur l’histoire de la collaboration et du régime de Vichy, et suscite une multitude de recherches sur cette période. Ces thèses portent le débat sur la place publique via les chroniques de la grande presse. Cette réévaluation de n’est pas faite sans difficultés. Les thèses négationnistes professées dès 1978 trouvent des échos complaisants dans l’extrême droite. Des procès de collaborateurs, tel Paul Touvier, condamnée en 1994, ou Maurice Papon en 1998, et des révélations par exemple autour du passé de François Mitterrand à Vichy suscitent de vifs débats. Dans les années 1990 s’opère la reconnaissance officielle de la responsabilité de Vichy. En 1993, Mitterrand, pour apaiser les protestations soulevées par la révélation par la presse que les présidents de la république font déposer chaque 11 novembre une gerbe de fleurs sur la tombe du maréchal Pétain en tant que héros de Verdun, institue sous la pression, une journée nationale à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de l’Etat français, à la date anniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv (16 juillet 1942). Néanmoins, il refuse que la France, et non le régime de Vichy, assume la responsabilité dans la déportation des Juifs français. Jacques Chirac la reconnait officiellement dans un discours du 16 juillet 1995. 2 .L’éclatement des mémoires. La mémoire de la 2nd GM en est donc profondément modifiée. Si jusqu’en 1969, elle véhiculait l’image d’une France vainqueur, elle doit désormais tenir compte des aspects sombres de la collaboration et de la déportation. De nombreuses revendications mémorielles surgissent. Les souvenirs des camps de concentration français, des Justes, des maquis, des Malgré-Nous, des requis du STO refont surface. C’est surtout la mémoire du génocide juif qui acquiert une place centrale dans les années 1990 et qui aboutit en 2005 à l’inauguration du Mémorial de la Shoah à Paris. Les victimes surclassent dorénavant les héros. Le pouvoir s’efforce d’adapter ces contentieux et de retrouver une unité mémorielle. La réapparition de toutes ces mémoires a fait éclater le message résistancialiste et suscite des divisions que reflètent les aléas de la date commémorative de la fin de la guerre. De nombreuses mémoires sont réintégrées dans le souvenir national : celle des anciens du STO, celle des combattants de l’Empire français, celle de la déportation. Par ailleurs, un décret du 10 mars 2006 a institué le 18 Juin comme « Journée commémorative de l’appel historique du Gnl De Gaulle. DONC : des années 1970 à nos jours, un travail de mémoire sur le passé de la France durant la 2nd GM s’est opéré, non sans divisions. Extrait Manuel Hatier.