Les nouvelles de... Matthieu Hilfiker - DM

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Les nouvelles de... Matthieu Hilfiker - DM
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Matthieu Hiltrfe Kairos, Cuba
unesse, Cen
Animateur je 16 - mars 2017
septembre 20
Lettre no 1 - Matanzas, novembre 2016
Chers lecteurs,
Comment allez-vous ? Je vous écris depuis
Cuba, où je suis arrivé le 12 septembre dernier. A
20h30 j’arrive à l’aéroport de La Habana après un
voyage épuisant mais agréable. A la sortie, une collaboratrice du Centre Kairos m’attend avec un petit
papier indiquant mon nom : « Matthieu ? Bienvenu
à Cuba ! ».
Elle me propose d’aller manger un petit quelque
chose dans un café de l’aéroport avant de rejoindre
notre chauffeur qui nous attend au parking. Je
m’enfile un sandwich et un coca cola cubains - pas
si mauvais - et on sort de l’aéroport. A l’extérieur,
un climat chaud, de vieilles voitures parquée dans
tous les sens, les gens parlent fort. Le chauffeur
nous attend, cigarette à la main, appuyé sur le parechocs de sa vieille machine à rouler des années 50.
Magnifique. Je lance mes valises dans le coffre et
je monte à l’arrière sur ce banc confortable qui
a gardé l’odeur du vieux cuire bien entretenu. Le
chauffeur démarre, tourne à droite et prend la direction de « Matanzas ». Personne sur la route, les
fenêtres grandes ouvertes et le bruit du moteur qui
prend le dessus sur la radio. Cuba, me voilà.
La calle Medio, à Matanzas, en plein milieu d’après-midi.
ponctuels et les rendez-vous aux heures précises
n’existent pas, mais je dois avouer que pour être
un éternel retardataire, cela m’arrange un peu. Le
soir, les gens sortent facilement de chez eux pour
boire un verre, une boisson, jouer aux dominos ou
simplement pour se balader et profiter du climat
agréable de la nuit.
Il n’y a pas si longtemps, Cuba a instauré des
zones Wifi sur les places publiques ou dans les
parcs des villes/villages. Mais ne vous faites pas
d’illusion, car les minutes sont comptées : deux
dollars pour une heure. Cela paraît énorme quand
on sait qu’un Cubain gagne en général quinze dollars par mois ! Cuba, aujourd’hui encore, reste une
misère. Le peuple est pauvre et les vieux discours
de Fidel Castro qui défilent à la télévision ne suffisent plus à convaincre les jeunes générations
cubaines, car elles n’ont pas vécu la révolution.
Elles veulent du changement. Alors elles quittent le
pays, s’échappant le plus souvent sur les côtes de
Miami. Le bloqueo, malgré les dires, reste présent
« Le pays où poussent les palmiers »
Personne ne court dans les rues. La vie est
au rythme de la chaleur et des vieilles voitures.
L’ambiance fait que l’île entière ressemble à un
repas de famille bien mouvementé qui laisse toujours place à l’humour. Les Cubains savent d’où
ils viennent et l’île connaît son histoire. Les murs
ont gardé les écrits révolutionnaires, et on peut
apercevoir la tête de « Che Guevara » un peu partout. Les Cubains sont sympas, chaleureux et très
« eux-mêmes ». Ils aiment rigoler et n’hésitent
pas à dire ce qu’ils pensent. Ils ne sont pas du tout
1
Jose Martí
Jose Martí est une référence majeure à Cuba et son souvenir
est omniprésent dans le pays. Chaque ville/village possède une
statue, un monument, un théâtre, une rue, une avenue, ou une
place à son nom. Martí était un écrivain, journaliste, poète, orateur, politicien et révolutionnaire cubain. Il a passé la majeure
partie de sa vie en exil à cause de son engagement politique.
A New York, il fonda le parti politique révolutionnaire cubain.
Né le 28 janvier 1859 à la Habana, il mourut au combat le 19
mai 1895 à Dos Rios. Le père spirituel de la révolution repose à
Santiago de Cuba.
« Cuba nous unit »
« Cuba nous unit en sol étranger,
Brise de Cuba notre amour désire :
Cuba est ton cœur, Cuba est mon ciel,
Cuba dans ton livre mon mot sera. »
Lors de son exil en Europe, José Martí passera par la France
où il fera la rencontre de plusieurs grands écrivains dont le fameux Victor Hugo. Voici son premier vers écrit en français :
« Je veux vous dire »
« Je veux vous dire en vers pourquoi, chère madame,
Des faits trouvent coulant le beau parler cubain !
C’est en vers que les hommes doivent parler aux femmes :
Le genou sur la terre, le bouquet dans la main.
Des fleurs ! Vous faut-il plus, vraiment pour le bonheur ?
Ce sont de grands rubis, les bons coquelicots :
Quand on n’a pas tous prés, pour vous l’offrir, la fleur,
Pourquoi ne pas pétrir la fleur avec des mots ? »
José Martí
et le seul changement que l’on
peut constater est l’arrivée de
plus en plus de touristes qui se
précipitent pour visiter le pays
avant qu’il ne se transforme
et ne devienne une île américanisée. Cela crée également
des problèmes de matériel,
mais Cuba se débrouille, « hay
que inventar » (il faut inventer)
comme ils aiment bien dire. Ici
on fait avec ce qu’on a car le
matériel est restreint. Tout est
utilisable et tout peut être réutilisé. L’article 22 (dé*****-toi
comme tu peux) fonctionne à
merveille et le Cubain possède
une imagination débordante
quand il s’agit de résoudre des
problèmes techniques.
Le centre Kairós
Le centre Kairós se situe au
centre de Matanzas, dans la
calle Medio, une des principales
rues commerçantes, à deux
pas du parque Libertad (parc
Liberté) et à cinq minutes à pied
de la cathédrale San Carlos.
La calle Medio est une rue vivante, où tout se vend et tout
s’achète. La rue se termine par
le fameux théâtre de Sauto qui
est en train d’être rénové. Je m’y
balade tous les jours et s’il y a
un commerçant que je connais
bien, c’est celui de la glacerie où
je m’arrête quasi tous les jours
pour prendre le fameux cornet au chocolat. Bref, allons au
centre Kairós.
Le centre garde ses portes
ouvertes toute la journée. A la
réception, une personne est assise sur sa chaise, les coudes posés sur une vieille table en bois
où se trouvent un téléphone et
un ventilateur. Qu’importe qui
Statue de José Martí.
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petit muret qui fait office de cendrier.
On ne peut pas parler du centre Kairós sans
mentionner à la première église baptiste. Elle fut
fondée en 1899 par le patriote José Victoriano,
ami personnel de José Martí (voir encadré). Cette
église se caractérise par son identité œcuménique.
Tout en restant ancrée dans la culture cubaine, elle
a renouvellé la liturgie.
Le centre Kairós est ouvert à tous. L’idée est
d’utiliser l’art comme facteur de partage et de rencontre. La philosophie du centre est d’être solidaire,
de mettre en avant la spiritualité en l’exprimant
artistiquement, de créer des liens et d’aider les
plus démunis en faisant des dons et en offrant certains services. La mission du centre est de prouver
que l’amour, le partage et l’art sont des éléments
indispensables pour la rencontre de l’harmonie
personnelle. Le centre est ouvert à la créativité, à
l’échange et au dialogue interculturel et toutes les
personnes voulant apporter leur aide, leurs idées
ou leurs talents sont les bienvenues.
Kairós = le temps de dieu en grec.
se trouve sur cette chaise, elle vous accueillera
toujours avec un grand sourire. La réception est
accompagnée d’un banc et de chaises en bois. Les
murs abîmés ont perdu de leurs couleurs jaunes
« coucher de soleil », mais cela donne un charme
fou. Un peu plus loin se trouve la télévision qui
reste toujours allumée sur le canal sportif (impossible de rater un match de pelota (baseball)). Il y
a toujours du monde. Les gens entrent et sortent
comme sur une autoroute, comme si la rue continuait à l’intérieur du centre. La plupart vient pour
remplir ses bouteilles d’eau (car le centre possède
un purificateur d’eau qui est ouvert à tous), certains
passent juste pour dire un petit bonjour ou pour
bavarder un peu, d’autres viennent pour réaliser
une des activités que propose le centre Kairós, et
sans oublier, les éternels habitués qui considèrent
ce centre comme leur propre maison.
Les activités et formations que propose le centre
Kairós sont nombreuses, et je dois dire que je suis
assez impressionné par le travail que fournit le personnel. Des cours de musique, de peinture, de dessins, de travaux manuels, de couture et de langues
sont proposés par le centre Kairós ainsi que des
activités pour les enfants et les personnes du troisième âge. Le centre soutient également des projets de festivals, d’expositions et des concours. Des
groupes musicaux et de théâtre sont créés pour
soutenir certains projets comme celui en lien avec
le réchauffement climatique, avec le problème
d’eau que subit Matanzas, de Noël et j’en passe !
Juste avant d’arriver à la cuisine se trouve un
petit espace à ciel ouvert rempli de robinets et
de plantes. Si on lève la tête, on peut apercevoir
les balcons des 1er et 2e étages et mes habits qui
viennent d’être lavés et qui sèchent sur un bout
de corde tiré depuis la barrière du balcon à une
poulie rouillée fixée contre le mur qui tient je-nesais-pas-comment. On arrive ensuite à la cuisine,
petite mais pratique, avec la salle à manger sur sa
droite. On revient un peu arrière, on passe à coté
de la télévision, on prend les escaliers et on monte
jusqu’à « La Oficina ». C’est ici que je me trouve
en ce moment même, tapant sur le clavier de mon
ordinateur. Une cafetière électrique, des tas de
feuilles dans tous les sens, quatre ordinateurs et
de la bonne humeur. Sortons et continuons sur le
même étage, le couloir continue à l’extérieur où se
trouvent les trois chambres des 1er et 2e étages, la
mienne se trouve tout en haut des escaliers, la première porte à gauche avec la canette posée sur le
Mon travail
Quant à moi, mon travail consiste à construire,
maintenir et réparer les systèmes électriques du
centre Kairós. J’aide également dans tout ce qui est
travaux manuels tels que réparer une chaise, monter une porte, fixer un ventilateur, etc. Il m’arrive
aussi de donner des cours de français et de passer du temps avec les enfants et les personnes du
troisième âge. Mais ce qui occupe la majeure partie de mon temps, c’est le domaine électrique. Et
il y a du boulot ! Je vois déjà le petit sourire sur
votre visage ; oui c’est très différent. Ici les normes
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L’apprentissage du bricolage.
n’existent pas et parfois ça fait peur. Bien sûr, je fais
tout mon possible pour pouvoir garantir un minimum de sécurité, mais on fait avec les moyens du
bord, et il y en a peu. Un travail qui se réalise en
une journée en Suisse peut prendre quelques jours
ici. On peut mettre une semaine à trouver une
simple ampoule. Quand il n’y a plus rien dans les
magasins, on va chercher chez les particuliers mais
les prix augmentent facilement.
On s’habitue très facilement à la vie cubaine, car
le Cubain est une personne simple qui sait profiter
des belles choses de la vie. On est heureux avec
peu et la chaleur humaine passe avant tout.
La variété ethnique a construit une culture qui
a su garder ses traditions et son identité unique en
son genre et quelles sont belles les nuits cubaines
remplies de rhum et de salsa !
Chers amis lecteurs, on reste en contact. Pensée
Ce qui m’impressionnera toujours chez les
Cubains, c’est la manière dont ils arrivent à res- à vous et à mon pays hivernal.
taurer les choses. Le matériel abîmé, usé ou cassé
Hasta Lugeo,
ne se remplace pas, il se répare. C’est un nouvel
apprentissage qui s’offre à moi : celui du bricolage !
Je vous tiens au courant !
Cela fait maintenant deux mois que je suis arrivé
à Cuba, ce pays où le temps semble s’être arrêté.
Je dois avouer que je suis très content d’être ici.
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