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e t i d ter e t i d ter SAMEDI ET DIMANCHE 9 et 10 mars 2013/ Edition Namur/Luxembourg / Quotidien / No 58 / EUR 1,50 (G.-D. L. : EUR 1,60) / 02 225 55 55 n i n o i t c u n i n o i t c Florence et Jacqueline u u d d d o o o r r r Aubenas : « Etre otage était ENTRETIEN p p p e e RePieter De Cremm : R R un accident professionnel » « Relâcher P. 27e à 29 e t t l’effort ? i i d d r r e e C’est non ! » t t n n i i P. 4 n n o o i i t t c c u u u COLLECTOR d d d o o o r r r MODE ÉTÉ 2013 p p p Re Re Re Demandez-le à votre libraire TENDANCE e Le printemps revient, ite t i d d r r les jardiniers amateurs e e t t n n i Où sont les femmes ? fleurissent P. i31 n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p Re Re Re e e t t i i d d r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r 2,8 milliards p p p Reà trouver : Re Re les raisons e e t t i i d d du dérapage r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u Les comptes d’épargne ne cessentd deu gonfler alors que leur d d Le fascicule o o o r r r rendement ne compense pas l’inflation. Le prix de la sécurité. n° 9 de notre p p p Re Re Re encyclopédie « L’histoire L e e à la Une » t t i i d d r r consacré e e t t n n i i à Eddy Merckx n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r Drame p p p La fumée Re Re est blanche pour le conclave Re de Sierre : la directrice L e e t t d’Heverlee i i d d r e t raconteinter n i n n o o i i t t c c u u u U d d d o o o r r r p p p Re Re Re e e t t i i d d r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p e e e R R SYRIE, R DEPUIS 2 ANS DANS L’HORREUR DE LA GUERRE e e t t i i d d r r e e AIDEZ-NOUS À LEUR PORTER SECOURS t t n n i i n n o o i i BE73 0000 0000 6060 cWWW.MSF.BE t t c u u u d d d o o o r r r p p p e e e R PREMIÈRE INTERVIEW CROISÉE lesoir.be OSEZ LE TALENT Finances En trois mois, le budget a dérapé de près de 3 milliards. La baisse de la croissance en est largement responsable. Mais des erreurs d’évaluation sont évoquées. P. 6 LASOCIÉTÉ La colonie à 3 ans De plus en plus de parents envoient leurs très jeunes enfants en stage. Des petits qui ne sont pas tous prêts à être séparés de leur famille. P. 7 Pourquoi le Belge épargne à perte e quart du patrimoine financier des Belges se trouve sur des livrets d’épargne. Cela représente 238,6 milliards d’euros. Une situation paradoxale : le rendement de ces placements ne couvre pas la perte de pouvoir d’achat causée par l’inflation. Celle-ci était de 2,6 % LACULTURE L’Amérique universelle de Ron Rash L’auteur du touchant roman initiatique Le monde à l’endroit est à la Foire du livre ce week-end. P. 35 RÉGION & CINÉMAS 16-18 BOURSES & MARCHÉS 24-25 BÉDÉ, JEUX & HOROSCOPES 40 TÉLÉVISION 41-43 LOTERIE 43 MÉTÉO & PETITE GAZETTE 44 BON À DÉCOUPER 45 NÉCROLOGIE 51 10 5 413635 004674 n an après le drame de Sierre, qui a coûté la vie à 22 écoliers et 6 adultes, Le Soir est retourné dans l’école Sint-Lambertus d’Heverlee. Neuf des victimes venaient de cet établissement. La directrice de l’école, Margriet Vanvolsem, raconte le long travail entrepris pour accompagner enfants et enseignants marqués à jamais par ce drame. ■ 씰 P. 10 NOTRE REPORTAGE en 2012, alors que dans beaucoup de grandes institutions bancaires, le taux de base d’un compte d’épargne classique est inférieur à 1 %. Le comportement de l’épargnant n’est pas stupide pour autant. Le Belge a toujours plébiscité des placements qui lui garantissent la sécurité. Même e Vatican a annoncé ce vendredi que le conclave qui élira le successeur de Benoît XVI après sa démission historique s’ouvrira mardi aprèsmidi. Le communiqué précise que « la huitième congrégation générale du collège des cardinaux a décidé que le conclave pour l’élection du pape débutera mardi 12 mars ». Le matin, la messe pro eligendo pontifice sera célébrée dans la basilique Saint-Pierre. Les cardinaux entreront en conclave dans l’après-midi. Avant de démissionner le 28 février, Benoît XVI avait émis un décret (motu proprio) autorisant les cardinaux à anticiper le conclave par rapport au délai habituel de 15 jours à partir Gratuit dans ce journal au plus fort de la vague boursiè- argent pour dix ans. L’exonérare, la part des actions dans le pa- tion du précompte mobilier justrimoine des ménages est restée qu’à 1.880 euros d’intérêts incite faible. La différence de rende- aussi les Belges à garder leurs ment avec les placements à long comptes d’épargne bien garnis. terme n’offre pas d’alternative Mais cet avantage fiscal pourrait importante. Les meilleurs bons bientôt être en sursis. ■ de caisse rapportent à peine 2,5 %, et il faut immobiliser son 씰 P. 2 & 3 DOSSIER ÉPARGNE du moment où le « trône de saint Pierre » est vide, « une fois constaté que tous les cardinaux électeurs sont présents ». Or, depuis jeudi soir, c’était le cas : les 115 cardinaux électeurs (jusqu’à 80 ans) appelés à choisir le nouveau chef de l’Eglise catholique sont tous arrivés à Rome. Une nouvelle congrégation générale est prévue samedi matin, a indiqué le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, estimant que de nouvelles sessions pourraient encore avoir lieu lundi. 씰 Dès mardi soir, l’un des deux poêles installés à la chapelle Sixtine brûlera les bulletins de vote des cardinaux. En fumée blanche ou noire. © AFP P. 14 NOTRE TOUR DU MONDE DU CATHOLICISME : L’ASIE 씰 P. 30 LETTRES AU FUTUR PAPE © N. AWADA 3;997352 www.lesoir.be f$ 1NL e t i d er t n i n o i t c du o r p Re e t i d ter Le Soir Samedi 9 et dimanche 10 mars 2013 27 n in o i t & CULTURE c du u d pro o r p Re Re e t i d ter e t i d ter n n i i n n o i RUSSIE Disparutiliyo a 60 ans, Staline est aujourd’hui considéré comme t un tyran et un leader efficace c c u u u d d d o o o r r r p p p Re Jacqueline Re Re et sa fille e e Florence t t i i d d r r Aubenas, e e t t n n i i grand ren n o o i t porter u et c ex-ti c u u d d d otage en o o o r r r p p p e e ne se Re Irak, R R sont jamais livrées. Un e e t t i i d d Cahier de r r e e t t n n cuisine de i i n n o famille leurtio i t c c u u u eno donne d d d o o r r r l’occasion. p p p Re De Bagdad à Re Re la tête de e e t t veau i i d d r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p Re Re Re e e t t i i d d r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p Re Re Re e e t t i i d d r r e e t t n n i i n n COMMENT FAIRE LE MALIN EN SOCIÉTÉ CE SAMEDI SOIR o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p Re Re Re e e t t i i d d r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p e e e R R R e e t t i i d d r r e e t t n n i i n n o o i i t t c c u u u d d d o o o r r r p p p e e e R P.32 « Florence est une femme libre » © Vous n'avez pas trop lu « Le Soir » cette semaine, vous êtes largué(e). Voici trois mini-briefings pour clouer le bec à vos compagnons de soirée ce samedi. Le triomphe modeste de Mourinho Les faits. Cette semaine, le match phare des huitièmes de finale de la Ligue des champions a opposé Manchester United au Real Madrid. Manchester, fort de son partage à l’aller (1-1), a mené, mais a été réduit à dix suite à l’exclusion discutable (et discutée) de Nani, et a perdu 1-2 sur un but décisif de Ronaldo, engoncé dans sa gêne d’éliminer le club de son cœur. Une opinion, vite fait. L’exclusion du Portugais Nani à la 56e minute ne peut justifier à elle seule le dérèglement subit du jeu mancunien. En trois minutes, le Real a inversé les rôles et la montée de Rooney, étrangement cloué sur le banc jusque-là, n’y a plus rien changé. Nani qui s’éclipse, Modric qui monte : deux faits tout aussi cruciaux car l’artiste croate a insufflé de la créativité et de la vitesse dans les manœuvres madrilènes tout en égalisant d’un maître tir. Il a métamorphosé un Real appliqué, besogneux, frileux en une équipe conquérante et virevoltante. Le détail qui tue. Ronaldo n’a pas exprimé sa joie sur le 1-2 et José Mourinho, l’entraîneur... portugais (encore un !) du Real, a encensé... l’adversaire. « Les meilleurs ont perdu et Sir Ferguson a eu raison sur tous ses choix tactiques. La preuve, il devait gagner. » Cette brosse à reluire cache-t-elle une arrivée de « Spécial One » accompagné de « CR7 » à Old Trafford ? C’est plus qu’une rumeur... G.M. La facture électrique des clients wallons devrait encore augmenter Les faits. Le gestionnaire du réseau haute tension, Elia, va demander au régulateur de lui permettre d’augmenter le « tarif de transport pour l’obligation de service public pour le financement des mesures de soutien aux énergies renouvelables en Wallonie ». La hausse devrait avoisiner 8 euros, faisant passer le tarif de 13,8 euros à plus de 21 euros par mégawattheure. La troisième augmentation en six mois. Qui devrait représenter environ 30 euros de hausse de facture sur base annuelle par ménage wallon. Une opinion, vite fait. La production d’électricité renouvelable elle-même n’est pas en cause ici. C’est plutôt la politique de soutien à l’énergie verte qui a dérapé. Précisément le mécanisme de soutien aux panneaux photovoltaïques (les certificats verts) : le robinet n’a pas été fermé à temps et la note atteint actuellement 2,5 milliards d’euros pour les quinze prochaines années. Une facture que les consommateurs wallons ont commencé à acquitter. Via les tarifs de transport. Le détail qui tue. Le robinet coule toujours... Le mécanisme de soutien actuel ne sera « périmé » qu’au 1er avril. En attendant, notamment à la faveur de Batibouw, la facture gonfle. Jo. C. Très vives tensions entre les deux Corées Les faits. Les tensions entre les deux Corées sont au plus haut. Cette détérioration intervient au lendemain du vote à l’ONU de nouvelles sanctions contre Pyongyang, après son troisième essai nucléaire réalisé le 12 février. Depuis, le régime communiste multiplie les menaces de guerre avec la Corée du Sud et les Etats-Unis. Il a menacé de dénoncer l’accord d’armistice qui a mis fin à la guerre de Corée en 1953, brandi le spectre d’une « guerre thermonucléaire » et averti les Etats-Unis qu’ils s’exposaient à une « frappe nucléaire préventive ». Hier, il a fait savoir qu’il considérait désormais comme nuls et non avenus « tous les accords de nonagression entre le Nord et le Sud ». Une opinion vite fait. Les traditions se maintiennent bien. Le fils est digne de son père. Ce n’est pas tranquillisant pour autant… Le détail qui tue. La star américaine du basket Dennis Rodman avait défendu dimanche sur une chaîne de télévision américaine son récent voyage en Corée du Nord, affirmant que le dirigeant Kim Jong-Un (le fils de l’ancien dictateur Kim Jong-Il, décédé fin 2011), décrit comme « un ami », ne voulait pas la guerre mais un simple appel téléphonique de Barack Obama. Voilà une fine analyse politique. M. Li. H=f 27 e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r ENTRETIEN LE GRAND ENTRETIEN WEEK-end 29 te 28 WEEK-end LE GRAND e e e e t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o oplus i i i i i t t t t t je dirais même c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p Re Re Re Re Re Florence et sa mère, Jacqueline Aubenas, ont toujours refusé l’interview croisée. Aujourd’hui, e e e e « On ne parlait pas à Mr Propre » t t t t i i i i l’ex-otage et « son autre semblable » disent leurs hantises de l’époque, leur bonheur actuel. d d d d r r r r e e e e e t t t t t C n n n n n Confluent i i i i i Florence n n n n n o o o Aubenas o o i i i i i t t t t t de deux c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r fleuves p p p p p e e e e e R R R R R L e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u Jacqueline d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p Aubenas Re Re Re Re Re e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p Re Re Re Re Re e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p Re Re Re Re Re e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p Re Re Re Re Re e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p Re Re Re Re Re « Quand je vois des femmes en Chanel, bourrées de bijoux, j’éprouve une grande pitié » e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p e e e e e R R R R R e e e e t t t t i i i i d d d d r r r r e e e e e t t t t t n n n n n i i i i i n n n n n o o o o o i i i i i t t t t t c c c c c u u u u u d d d d d o o o o o r r r r r p p p p p e e e e e R Le Soir Samedi 9 et dimanche 10 mars 2013 Le Soir Samedi 9 et dimanche 10 mars 2013 « Florence, je l’entends rire et j’ai envie de rire » Florence, vous étiez une rebelle ? Florence Aubenas. Comme tout le monde, je séchais l’école. Jacqueline. Tu ne voulais pas aller aux scouts, tu brossais, tu rentrais en grognant et la cheftaine venait me dire : votre fille est un principe de dissipation. J’ai admis ce principe. Votre relation était intense ? Florence. On est très proches, c’est une réponse spontanée, ça ne se discute même pas. Jacqueline. On a envie. Florence. C’est une relation simple. Quand on a envie de s’appeler, on s’appelle, quand on n’a pas le temps, on ne le fait pas. On sait très bien que chacune fait le maximum pour l’autre et pour que la relation soit vivante. C’est pour moi, l’intérêt d’une rela- Avez-vous le souvenir d’une mère qui luttait ? F. C’était assez présent, mais nous n’étions pas une famille où on allait manifester comme on va à la messe. On ne discutait pas politique à table. J’ai d’ailleurs toujours fait la différence entre militant et engagement. Pour ma mère, c’était un groupe de copines qui faisaient plutôt des bêtises, sortaient des bouquins, des journaux, étaient assises ici, se tapaient un café, un verre de blanc. C’était peu joyeux. Il y avait pour moi un côté un peu transgressif. On voyait que l’entourage de chacune d’elles n’était pas follement ravi qu’elles soient là (C’est un euphémisme, dit Jacqueline). Mon tion. Il n’y a pas de faux semblant, de fausse fête. On ne se fête ainsi jamais nos anniversaires. Les relations mère-fille ne sont pourtant pas faciles ? Jacqueline. En tout cas, pas nous. Florence, c’est l’autre semblable. C’est-à-dire ? Jacqueline. Je l’entends rire et j’ai envie de rire. Si elle s’embête dans un film qui ne vaut rien, c’est que ça ne vaut rien. Il y a une porosité d’intérêts, qui n’est pas pesante. La prise d’otages a enlevé des barrières entre vous ? Jacqueline. Non. Ce qui était une re- père rentrait, il faisait un peu la gueule de voir tout ça dans son salon. C’est ça qui m’amusait dans l’histoire. J. C’était très joyeux. J’avais une amie de plaisir et de pensée, Françoise Colin, qui vient de mourir et avec elle, c’était une complicité du soir au matin. Il y avait l’idée d’inventer des « Un musée imaginaire » lation privée, est devenue publique. Et ça, ça change tout. A cette époque, ma vie était enténébrée, je ne peux pas dire autre chose. Il y avait un poids sur mes épaules qui n’était jamais une pensée claire et précise, mais une grisaille quotidienne. Il n’y avait plus de bonheur. Mais la vie continuait. Je ne suis pas rentrée comme une pleureuse méditerranéenne en me tordant les bras du matin au soir, mais tout devenait noir. La seule chose que je me disais, était : « Qu’est-ce que je peux faire pour être utile ?». Ce n’est pas simple, regardez les otages au Mali. Mais j’étais portée par l’idée de lutte. Lutter, ça vous structure quand vous êtes démuni. Là, le mur était dur, je pouvais cogner dedans. Je n’aime pas les murs mous. tout le potentiel. Et puis, je devais lutter contre les gens qui me disaient : « Pourquoi l’avez-vous laissée partir ? ». Ces questions m’exaspéraient. Comme si Florence n’était pas une femme libre. Je ne vois pas pourquoi Florence m’empêcherait de faire quelque chose, et pourquoi je l’empêcherais de faire quelque chose ! Quand elle est repartie à Alep (Syrie) pour Le Monde, on m’a dit « Vous auriez du lui dire, elle est folle, elle ne va pas nous faire ça !» Florence (dans un éclat de rire). Mais c’est pas possible cette fille… Jacqueline. Et vous sa mère, à quoi vous servez ? » Mais c’est exactement l’inverse. Quand on aime quelqu’un, on le laisse libre dans les lieux où il est bien, où il se définit lui-même. La relation que vous avez aujourd’hui est celle que vous aviez avant la prise d’otages ? Jacqueline. Je l’ai trouvée encore plus épatante que je ne croyais. Ce n’était pas une découverte, même pas une amélioration, car il y avait Depuis qu’elle est petite, vous lui avez gardé la liberté de conneries ? Florence. Je suis payée pour faire des conneries aujourd’hui, c’est la différence (elle rit à gorge déployée). Avant, c’était gratuit. transgression, la dichotomie. Après il a fallu se « rassembler » : les maris sont partis et les femmes sont restées. C’était difficile comme ado de porter cette modernité ? F. Pas du tout. C’était hyperclasse, vous voulez rire (elle le fait évidemment !). J’avais la pilule !! Et c’est ma mère qui m’avait dit que je devais l’avoir. Mais on ne savait pas trop quoi en faire. Où naît votre engagement féministe ? F. J’étais partie avec le père de Florence six mois aux USA au moment du mouvement Woman’s lib. « Après il a fallu se rassembler, les maris sont partis et les femmes sont restées. » JACQUELINE choses violentes et nécessaires – « Dans mon ventre, c’est chez moi », « Faire le ménage c’est travailler » – contre notre vie familiale, bourgeoise, plan plan. C’était ça qui était la LE LOFT C’était quoi vos combats de l’époque ? J. C’était toujours lié au corps d’abord. F. Des trucs sexuels je me rappelle, la pilule, l’avortement. Vos autres combats ? J. Je suis descendue à Aix-en-Provence pour le premier procès pour viol en France. On était au premier rang et on se disait : “ Le corps d’une femme ce n’est pas une marchandise, il doit être heureux. ” C’était très neuf. La maîtrise de son corps qui vous donnait la liberté de votre pensée. Tout a com- Florence, cela a changé quelque chose dans votre relation à votre maman ? Florence. Pas du tout. Il n’y a pas d’avant ou d’après. C’est même très curieux. Avec certaines personnes, par contre, oui, ça a changé des relations. On a de l’un et de l’autre une autre opinion. J’avais plus de 40 ans quand j’ai été enlevée et la prise d’otages a rebattu les cartes : des gens m’ont vue autrement que ce qu’ils imaginaient de moi. Mais vis-à-vis de ma mère, non. C’est étonnant, car quand vous êtes enlevée, vous culpabilisez à fond, c’est vraiment « le truc ». Florence. On se dit « Ça y est, j’ai été enlevée, c’est terrible : ça va être la cata pour le journal. Qu’est-ce que je vais emmerder l’Etat français. Et ma famille, tout le monde va pleurer, mes proches, c’est pareil ! » On fait beaucoup de mal à ceux qu’on aime. On se dit : « Pourquoi je me suis mise dans ce merdier. » Florence. Je n’ai jamais pensé ça. mencé par là. Maintenant encore, je vois certaines femmes, coiffées comme la reine Fabiola, en tailleur Chanel, bourrée de bijoux et qui parlent de choses qui ne m’intéressent pas, et je me dis ce ne sont pas de vraies femmes, mais des masques, des zombies. J’ai une grande pitié pour ces femmes qui ne pensent pas pour elles mais se demandent ce que le type en face va penser d’elles. Moi, j’aime bien le type en face, mais j’existe face à lui ! Ce n’est pas devenu ringard, le féminisme ? F. Je n’ai jamais pensé que c’était ringard. En revanche, ma génération a pensé que la conquête des droits so28 « Nous avons tous, je suppose, un musée imaginaire fait d’images vives et tremblées, de paysages, de voix chères et de parfums, de fragments de vie ou de films (…). Un bric-à-brac émotionnel dans lequel il suffit de puiser pour qu’immanquablement, le battement du cœur s’accélère. Je ne crois pas être le seul à avoir inclus dans un tel musée, les yeux et le sourire de Florence, un dimanche à Villacoublay. Les yeux étaient bleus (…). Quant au sourire ! On nous avait dit qu’il était irrésistible, mais qui songeait à lui résister ? Bref, elle marchait à grandes enjambées sur le tarmac, déliée (dans tous les sens du mot), belle antilope fendant l’air, et elle rigolait ! C’est fou ce qu’elle a ri ces jours-ci, Florence. » « La cuisine du Cahier bleu », Les Impressions Nouvelles. LES ÉPATANTES LA FEMME D’ÉTAT © FRANÇOIS GUILLOT/AFP. L’AMBIGUË B. Dx. © AFP. SELON YVON TOUSSAINT « Je n’attends pas qu’elle me dise comment faire le poulet. Tout se révolte ! C’est pas le registre dans lequel on fait les trucs. Nous n’avons pas été élevées comme des princesses mais apprendre à passer le balai, c’était comme une trahison à la cause. » Jacqueline intervient : © BERTRAND GUAYU/AFP. Toulousaine d’origine, Jacqueline Aubenas vit à Bruxelles depuis les années 60. Historienne et critique de cinéma, journaliste, elle a publié plusieurs ouvrages, notamment sur Chantal Ackerman et les frères Dardenne. Elle est professeur à l’Insas. Engagée dans la lutte féministe, elle a fait partie des fondatrices des cahiers du Grif et du magazine Voyelles. Elle a trois enfants. © Florence Aubenas est devenue une icône, en se faisant rare et en étant investie dans le fond des choses, pas à leur surface. Sa mère est d’accord. Quand on demande à cette militante féministe, de citer son icône féminine, elle répond : « A part Florence, je ne vois personne. » La première fois que nous les avons vues réunies, c’était un soir de l’été 2005, lorsqu’elles étaient venues au Soir, dès le retour de l’ex-otage d’Irak, pour décrocher le calicot que nous avions placé sur la façade durant sa captivité. La deuxième fois que nous les avons retrouvées « collées » l’une à l’autre, c’est il y a quelques semaines dans la préface du livre de cuisine que Jacqueline vient de dédicacer à Florence, sa sœur Sylvie et son frère Olivier. « De Bagdad à la tête de veau » plaisante Florence. Elles ont jusqu’ici refusé toutes les propositions d’interview croisée. Cette fois, elles sont partantes. Dans le salon bruxellois de cet appartement bourré de livres, petits bancs et tableaux, elles vont nous dire combien elles s’aiment, et elles vont surtout beaucoup éclater de rire Jacqueline Aubenas. Je suis une mère heureuse, parce que j’aime mes enfants, ils me plaisent. Je ne suis pas dans le bêlant, mais une indéfectible affection. Je me souviens de leur enfance, d’une très grande complicité, à travers les livres, leurs lieux de résistance. Ils faisaient des bêtises et je faisais comme si je ne le savais pas. Ça me plaisait beaucoup de leur laisser cette liberté de la connerie. Celle des enfants. Il y a des bêtises intelligentes et nécessaires qu’il faut laisser faire. Vous ne pouvez pas tout interdire. De temps en temps je recevais des petits mots de l’Ecole européenne disant que Florence n’avait pas été parfaite. Je préférais les oublier. Florence Aubenas (52 ans), née à Bruxelles, est grand reporter au Monde où elle est très impliquée dans la Monde Académie, qui forme de jeunes diplômés pour renforcer le quotidien et son site. Elle était à Libération lorsqu’elle fut prise en otage en 2005, jusque juin, avec son fixeur en Irak. Elle a écrit plusieurs livres, dont Le Quai de Ouistreham, immersion comme femme de ménage sur les ferrys. Écrivain « On ne parlait pas à Mr Propre ! » Florence raconte : « Quand j’ai écrit Le Quai de Ouistreham, consacré aux femmes de ménage et que je passais le balai, tout le monde me disait : “Mais t’es pas capable, tu n’as pas la base !” Et c’était vrai. A l’ANPE, quand ils m’ont dit : “A 50 ans, vous n’avez jamais travaillé, que savez-vous faire ?” Un grand vide s’est ouvert devant moi. Eux se disaient : c’est une femme, elle saura bien faire le ménage. Eh bien même pas ! Quand vous dites comme femme, que vous faites du grand reportage, on vous fête, c’est très agréable. Et pour la première fois en faisant ce livre, j’étais ramenée à ma condition, à l’histoire de la femme de base. » ■ © D. R. F ’est un livre de recettes peu ordinaire que Jacqueline Aubenas a concocté. Poule au pot et piperade voisinent avec l’histoire de leurs inventeurs, le grand-père Jules, la Tante Andrée, Maryse, mère de Jacqueline. Ces recettes ont été consignées dans le Cahier bleu, au fil du temps. Féminin, mais pas très féministe ? « L’un n’exclut pas l’autre », s’insurge Jacqueline Aubenas. « La cuisine, c’est accablant quand c’est un rôle : mettre un tablier, remplir la soupière sans personne pour vous aider. Mais être gourmande, se souvenir que tripoter un poulet, c’est jouissif : c’est le bonheur. Ma liberté, c’est d’aimer faire à manger et de le faire quand je veux. » Florence a-t-elle des plats favoris ? « C’est plus une façon de manger qu’un plat particulier ». Et avoue : elle cuisine rarement et n’a jamais demandé une recette à sa mère. © SYLVAIN PIRAUX. Alain Berenboom Valérie Trierweiler Marcela Iacub Les Femen Christiane Taubira Jacqueline Aubenas sur Valérie Trierweiler, la compagne de Hollande. « Elle est d’une ambiguïté absolue : elle veut être dedans et dehors, avec son mec. Etre une femme libre mais elle l’empêche d’être un homme libre car il ne peut plus voir l’autre, celle d’avant. » Pour Florence, avec cette dernière amante de DSK, on n’est plus dans le monde réel. « C’est le loft. Ils ne nuisent à rien du tout, ils jouent une partie entre eux. Et on regarde comme au spectacle. » Pour Jacqueline, « le faux cul, c’est dire que c’est de la vraie littérature. » Jacqueline : « Je les trouve épatantes. C’est une revendication burlesque, vivante et drôle. Le féminisme est une pensée vivante, pas un catéchisme ». Florence : « C’est une espèce de happening, souvent à côté la plaque, raté. Ça ne sert à rien mais c’est pas grave. » Jacqueline : « La différence entre une femme politique et une femme d’Etat, ce sont les actes qui vous mettent en situation de vous faire garder votre siège, ou de le perdre, et qui font avancer la société. Taubira est ainsi une femme bien. Ou Hannah Arendt, très importante et pas assez connue. » Extrait de la chronique d’Yvon Toussaint, parue dans Le Soir le 20 juin 2005 et dans Contrepieds (2012) Genèse Edition. Ma hantise, quand je suis rentrée, était autre. Serge July (directeur de Libé) m’attendait à l’aéroport à Chypre, lors du changement d’avion. Quand je l’ai vu s’avancer vers moi, je m’attendais à un savon. Je me rappelle dans l’avion où il y avait Douste Blazy, le ministre des Affaires étrangères. Je leur parlais sans fin, en me disant «Si je les laisse en placer une, ils vont m’engueuler. » Je m’étais dit qu’il y avait des gens fragiles de la famille et que j’étais en train de leur faire un mal épouvantable. Mais pour ma mère, jamais, pas une seconde. C’est terrible à dire mais j’ai pensé: elle, elle va savoir faire (Jacqueline rit). C’est très rassurant: « Là, on est sur la terre ferme, cela ne va pas la fracasser. » Jacqueline. J’ai lutté. Et quand vous rentrez ? Florence. Je me suis rendu compte qu’elle avait su (elles éclatent de rire toutes les deux). Rien de nouveau ! La relation n’avait pas changé. Parce que passé la première joie du retour, il y a des gens qui vous font des reproches : « Mais alors, avec tout ce qu’on a fait pour toi ! » L’addition vient quand même assez vite. Cela ne vaut pas pour tout le monde évidemment. Mais parfois, en une seconde on vous le dit, même des inconnus. Encore aujourd’hui, combien d’années après, un type vous demande : « En 2005, j’ai fait une manif pour vous sur telle place, j’ai lancé des ballons, donc là je pense que vous devriez… » (Elle rit). Je dis toujours oui, parce que j’estime ciaux était un progrès constant. Sur le temps du travail, l’avortement, c’était acquis. Et il y allait avoir un prochain but, encore mieux, vers un épanouissement de tout. C’est de cela qu’on est revenu : il n’y a pas d’acquis. Et qu’on a fait marche arrière sur beaucoup de choses. Les droits sont une conquête permanente. partir plus tôt ”. C’est ce qui m’intéresse aujourd’hui : sur quoi il faut tenir, ou s’adapter ? J. La société est encore vivante et c’est très bien. Quand on est sûr, on ne pense Douloureux ? F. Non parce que les périodes sont mouvantes. Quand le contexte économique n’est pas le même, les droits changent. La gauche a du mal à renoncer à cette surenchère des droits. Comme pour les retraites, qui vivent aujourd’hui le renoncement à “ on va pas. Un progrès acquis, c’est presque, pas une perte, mais une paralysie. J’ai aujourd’hui une très grande vigilance. Face au recul d’une certaine génération de femmes, exaspérée par leur mère et qui croit au retour du Prince charmant. Face à la non avancée professionnelle des femmes, dans le monde que je paye mes additions. Votre mère ne vous a pas dit de ne plus bouger au-delà de 500 kms autour de Paris ? Florence. Pas du tout. Mais je n’ai même pas pensé que cela aurait lieu. C’est important pour repartir ? Florence. Mais, c’est important pour tout ! Sinon, cela pourrit les relations. Avoir été otage, c’est quelque chose qui fait partie de ma vie. Il y en a qui disent : « Il faut tourner la page ». Moi, je m’en fiche de tourner les pages. Si ça se tourne, ça se tourne, ce n’est pas un problème lourd. Quand on me dit « Vous avez été otage, pardon je l’ai dit, je ne devais pas ». Ben non, ça m’est absolument égal qu’on le dise. J’ai été otage, c’est vrai, je ne vois absolument pas le problème. Jacqueline. C’est un accident professionnel Florence. Exactement. Je ne le souhaitais pas, ça s’est passé. Si j’avais été chauffeur de bus, j’aurais pu avoir un accident de la circulation, voilà. Cela n’a rien changé professionnelle- économique, politique. La religion musulmane multiplie les interdits aux femmes ? J. Je me dis que nous, nous avons lut- « C’est de cela qu’on est revenus : il n’y a pas d’acquis. Les droits sont une conquête permanente. » FLORENCE té. C’est à elles désormais de le faire. Voilées, cela ne me dérange pas tellement mais tchadorisées ou coupées du monde, oui. Mais elles ont chez nous, un appareil de lois dont il faut qu’elles s’en servent. J’ai un devoir de complicité et d’aide, mais d’intervention, non. Je ne peux pas mener la vie ment ? La peur de retourner dans ces endroits-là ? Florence. Non, j’aime beaucoup ça. Je suis allée depuis en Afghanistan, au Kosovo et en Syrie récemment. Le problème que j’avais à mon retour – plus au Monde aujourd’hui – c’est que les journaux ne voulaient plus m’envoyer. C’était du non dit, mais le type pensait : « Si elle perd son portefeuille, je suis viré ! (elles rient). Elle a une migraine, je suis cuit (rerires) ». Il n’y avait plus que les défilés de mode. Florence. Et encore, elle va se faire bousculer. » Personne ne le disait jamais, mais chaque fois que je proposais un truc comme ça, c’était « Tu voudrais faire ça ? Moi j’avais pensé : il y a un truc bien dans l’Ariège, sur des femmes qui renouent avec les traditions ». Je me disais, c’est pas possible ! Mais au Monde, les gens assument, j’y suis venue pour être grand reporter. C’est pour cela que je suis contente d’être là. Si je ne faisais pas ça, j’estime que je ne ferais pas mon métier. ■ Propos recueillis par BEATRICE DELVAUX des autres et elles viennent d’une culture qui n’est pas la mienne et au nom de quoi je leur dirais, vous ne pouvez pas mettre le voile ? F. C’est différent en Iran ou en Arabie saoudite ou là quand elles sont obligées, c’est un signe de soumission. Ici par contre, la révolte est parfois de le porter. Quand on dit le voile, on voudrait lui donner une seule dimension. Or je pense qu’en France, certaines jeunes filles ou femmes le portent non en signe de soumission mais en signe de révolte. Il n’y a pas chez nous, un voile, mais des voiles. ■ es hommes et femmes politiques ouvrent-ils encore un livre depuis qu’ils ont découvert Tweeter ? A la pointe des technologies modernes comme tous les eurocrates, Herman Van Rompuy s’est empressé de convertir ses discours en haïkus. Mais, devant la popularité et la lisibilité de sa politique, on se dit qu’il devrait peut-être puiser son inspiration dans un autre rayon de sa bibliothèque. D’autres se veulent plus chics et s’empressent de picorer dans l’un ou l’autre « classique » dont les « meilleures » phrases, libres de droits, apparaissent d’un simple clic dans les dictionnaires des citations sur la toile. Citer Montaigne ou Chateaubriand permet d’apparaître à la fois rassurant (on se réfère aux « anciens »), intelligent (on sait lire) et très classe. On ne s’étonnera donc pas d’entendre Bart De Wever utiliser quelques propos de Tocqueville plutôt que de Tom Lanoye ou de Dimitri Verhulst. Et dire tout le mal qu’il pense des intellectuels flamands tant qu’ils sont vivants. Et qu’ils n’avancent pas dans le sens des aiguilles de sa montre. Ne boudons cependant pas les auteurs anciens. A Steven Vanackere, on pourrait conseiller la lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman (Actes Sud) même si ses collègues ont préféré lui donner comme cadeau d’adieu Les mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand. « Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves », écrivait l’écrivain-politicien romantique. Il n’y a pas de fleuve à Bruxelles. Et, avec le départ de Vanackere et bientôt celui de Charles Picqué, plus beaucoup d’hommes politiques « zinneke » au confluent de nos deux cultures. Tous ceux qui, faute d’autres idées, proposent de déchirer le pays feraient bien de lire Chimamanda Ngozi Adichie. A 35 ans, déjà la plus brillante des écrivains africains. Née au Nigeria, elle raconte dans ses deux romans et un superbe recueil de nouvelles qui vient de paraître (Autour de ton cou, Gallimard), les blessures laissées par la guerre civile qui a ensanglanté son pays il y a cinquante ans et qui expliquent que, malgré sa manne pétrolière, le Nigeria piétine dans la violence, la division, l’incapacité de construire une démocratie, bref, la barbarie. « Comment une histoire aussi vraie pouvait-elle être dépassée ? » demande un personnage. Magnifique pouvoir de la fiction d’expliquer le monde. De le faire sentir. Mais aussi de le faire aimer même quand il vous prend à la gorge. « Grace réfléchirait longuement à cette histoire, avec une grande tristesse, et elle en viendrait à établir un lien très clair entre éducation et dignité, entre les faits évidents et tangibles qui sont imprimés dans les livres, et ceux, doux et subtils, qui se déposent dans les âmes. » www.berenboom.com Propos recueillis par B. Dx H=f 29