Rubis

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Rubis
Le Rubis
1931-1958
Un peu plus de 1 mille au large de Cap Camarat, entre Cavalaire et St Tropez
sous-marin mouilleur de mines (Classe : Saphir)
Caractéristiques
Année de construction : 1931
Lancé en : 1932
Chantiers : de Toulon
Jauge : 761 / 925 tonneaux
Longueur : 65.9 m.
Largeur : 7.12 m.
Tirant d'eau : 4.30 m.
Equipage :
-4- officiers
-9- sous-officiers
-32- hommes d'équipage
Armement :
-1 x 75 mm Mle 35
-1 mitr. de 13,2 mm
-2 mitr. de 8 mm
-T.L.T. : 2 tubes d’étrave de 550mm
-1 tube de 550
-2 tubes de 400 en tourelle axiale extérieure à
l’arrière du pont
Moteur : 2 Vickers-Amstrong 6 cylindres /4 temps
Diesel
Puissance : 650 CV chacun à 360 t/min
Construits : au Havre par Normand
Vitesse : 12 nds
En plongée :
2 moteurs électriques Schneider
Puissance : 550 CV chacun
Vitesse : 9 noeuds
Profondeur max. : 50 m.
Autonomie :
surface 4.000 milles à 12 noeuds 7.000 milles à 7,5
nœuds
plongée 80 milles à 4 nœuds
Mines : 32, superposées par paires dans 16 puits
latéraux. Ces mines sont du type HS 4 à charge
offensive de 220 kg ; après 1940, le Rubis, n’étant
plus approvisionné en mines françaises, utilisera des
mines britanniques Vickers-Armstrong. Lors des
opérations de largage, le sous-marin compensait
automatiquement le poids des mines larguées
Historique
Lancé le 30 septembre 1931, il fut admis au service actif en avril 1933. Basé tout d'abord à
Toulon, il est affecté à Cherbourg en compagnie de Nautilus, Saphir et Turquoise en Novembre 1936, puis
rejoint Bizerte en mai 1939.
En Janvier 1940, il est affecté à Brest, pour opérer dans le grand nord et aider la Finlande. Le
sous-marin (avec le Saphir et Turquoise) arrive en Finlande lorsque cette dernière a déjà capitulé. A ce
moment, l'allié anglais demande du renfort en sous-marins mouilleurs de mines.
Le Rubis, basé à Dundee, entre en action le 1° mai 1940, il ne reverra la France qu'en 1945. Sa
première opération de guerre consiste à mouiller ses engins à Kristiansand, en Norvège. La seconde fois, il
les mouille à Hangersund et la troisième fois, il pénètre de 14 milles à l'intérieur de la passe nord de Bergen
et est inquiété par un destroyer allemand qui l'oblige à rester immergé 35 heures durant. A ce moment, la
France en déroute rappelle les sous-marins de Dundee et leur navire-dépôt Jules Verne. In extremis, les
Anglais obtiennent que le mouilleur de mines participe à une dernière opération. Le 20 juin, il part pour
Trondheim, le 22 juin l'armistice est signé, des "difficultés de communication" tiennent l'équipage dans
l'ignorance de cet évenement, et le Rubis mouille ses mines le 26 juin.
Le 3 juillet 1940, l'amirauté anglaise engage par suprise "l'opération Catapult". Les navires
français sont investis, leurs équipages débarqués. On donne aux marins le choix entre les forces navales
françaises libres, sous le commandement de l'Amiral Muselier, et le rapatriement pur et simple.
Trois mille seulement d'entre eux resteront sur les navires du FNFL, et leur nombre sera augmenté
par l'arrivée de marins restés sur le continent. Le Rubis est saisi à Dundee. Le tact des autorités anglaises et
le désir de continuer le combat de l'équipage (seulement 1 officier, 1 sous-officier et 3 marins regagnèrent
la France) sont tels que le Rubis devient l'un des premiers sous-marins de la France Libre, avec le Minerve,
la Junon et le Surcouf.
Dès septembre 1940 et jusqu'en décembre, l'impossibilité d'armer le sous-marin avec des mines
françaises Sauter Harlé, le fait utiliser comme bâtiment d'attaque, sans grand succès, pendant quatre autres
opérations : le Rubis est trop lourd et trop lent. Il est transformé pour utiliser des mines anglaises au
chantier Caledon Shipbuilding and Engineering Company. Ces mines seront employées jusqu'à la fin de la
guerre. Puis, d'avril 1941 à décembre 1944, le Rubis effectue 20 opérations où les incidents ne manquent
pas. Dès le 10 mai 1941, le L.V. Rousselot en avait pris le commandement.
Au total, le score réalisé par le Rubis en 5 années de guerre est assez impressionant :28 missions,
683 mines larguées, 15 navires coulés, 7 dragueurs coulés, un U-Boot endommagé et un navire de 4360
tonnes coulé par torpilles. Le 8 juin 1945, le sous-marin est prêt à rentrer chez lui. Le 23 juin, il touche une
terre française, à Oran, où il est désarmé et son équipage dispersé sur d'autres navires.
Retiré du service actif en 1949, il demeure base sous-marine pour l'instruction de jeunes marins
avant leur affectation. En 1957, la Marine ayant besoin d'une cible de sonar, il est décidé de l'immerger
définitivement.
Deux marins, posent devant le kiosque du
Rubis amarré à couple du croiseur Suffren,
prêt à être condamné.
Le sous-marin français Rubis, navire jumeau du La Perle.
Le kiosque du Rubis.
La salle de commande du Rubis
La salle des machines
Le compartiment des TLT .Les marins français portent la
tenue britannique
Le 31 janvier 1958, le remorqueur Samson, ex-Suder Hever allemand, et la gabare Criquet amènent le
Rubis à un peu plus de 1 mille au large de Cap Camarat. Le Commandant Riffaud place une charge de 9
kilos et l'arrière explose. Le Rubis se mate, puis coule. Ainsi pouvait-on conserver le témoinagne d'une
page tourmentée de l'histoire. L'épave s'est révélée très intéressante, et attire toujours de très nombreux
plongeurs. Elle est encore utilisée à des fins militaires par la Marine pour tester les sonars, lors d'excercices
en mer.
Localisation : dans le 125 du Cap Camarat
Distance du rivage : 1.4 mille
Nature du fond : sable
Coordonnées géographiques :
43° 11' 32" N, 6° 42' 10" O
Basse Sainte Anne
Profondeur minimum : 34m.
Profondeur maximum : 41 m.
Enseignures : Vers le sud-ouest il faut que le cap Lardier soit juste caché derrière le cap Taillat (et pas
derrière l'ilot qui le prolonge). Vers le nord-ouest il faut aligner le quart sud du rocher des Portes avec le
bord nord de la forêt de pins se trouvant sur le cap.
La Plongée
Le sous-marin repose droit et sa teinte marron-gris contraste avec le fond de sable coquillier environnant.
Vu la forme de la coque les plongeurs peuvent passer sous la proue.
Le pont, plat, s'étend sur plusieurs dizaines de mètres en avant du kiosque.
Le plancher a disparu par endroits et, dessous se succèdent bouteilles d'air comprimé, tubulures,
vannes etc... Le panneau avant est à demi entrouvert et les aménagements intérieurs sont visibles à
condition de posséder une bonne lampe.
En longeant les flancs on notera que ceux ci s'élargissent, caractéristiques des mouilleurs de
mines : les volumes latéraux servaient au stockage de ces grosses mines.
Le kiosque dont les parties latérales ont basculé vers l'extérieur, a perdu périscope et compas.
Subsistent encore le support du compas principal, le panneau de descente encore ouvert, ainsi que son sas,
et certains accessoires de conduite qui font que cette épave reste vivante même après plus de 40 années.
L'ensemble est encore en bon état de conservation, même si de nombreuses parties de ses
structures ont été irrémédiablement abîmées par la corrosion du temps et de la mer.
La partie arrière qui a été pétardée a perdu ses 2 hélices et laisse une ouverture béante.
Les tôles ne sont pas richement recouvertes de végétation sous-marine : quelques gorgones et
éponges sur les flancs, tandis que dans les tubes lance-torpilles et les recoins vivent des congres, murènes et
chapons.
L'eau est toujours limpide mais le courant est souvent très important et il faut s'en méfier.
N'oubliez pas que l'épave est à 40 m et que les secours sont très éloignés.
Les Sous-Marins de la série des "Pierres Précieuses"
Après la conférence de Washington, la France construit de nombreux sous-marins un sous-marin croiseur :
le Surcouf, les autres répartis en 2 classes principales :
Sous-marins de 1ère classe ou océaniques
Sous-marins de 2ème classe ou côtiers
La construction de ces bâtiments est répartie entre les divers chantiers privés et arsenaux. En
conséquence, des bateaux de caractéristiques générales très voisines présentent des différences de
propulsion et d’aspect extérieur. Le fait est particulièrement sensible sur les 2èmes classe, mis sur cale dans
les chantiers privés ; chacun d’entre eux travaillant sur ses propres plans. Les chantiers de la Loire s’étaient
adjoints l’Ingénieur Simonot et Schneider l’ex I.G.M. (1) Laubeuf.
Par contre, les 1 ères classe ont tous été étudiés par l’équipe placée sous les ordres de
l’I.G.M. Roquebert. Les sous-marins type "Saphir" sont mis sur cale à l’Arsenal de Toulon, sous la
direction de l’I.G.M. Roquebert, sur plans Normand-Fenaux. Tous les bâtiments sont identiques ; la seule
différence extérieure est la présence de parois de superstructures ajourées sur Saphir, Nautilus et Turquoise.
Genèse du sous-marin mouilleur de mines
L’idée n’est pas nouvelle ; le premier bâtiment étudié comme tel est le Krab, mis en chantier par
les russes à Nikolaiev, en 1908. II ne sera achevé qu’en 1915. Les mines sont disposées sur 2 chemins de
rails horizontaux placés dans les superstructures. Le mouillage s’effectue par l’arrière. Pendant la première
guerre mondiale les allemands mettent en service plusieurs types de mouilleurs de mines. D’abord le type
U.C. qui embarque 12 ou 18 mines réparties dans 6 puits obliques disposés dans la partie avant de la coque
épaisse axiale du bâtiment. Ensuite le type U.E. (U 71 à 80) embarquant 34 mines et, enfin, les U 117 à 126
équipés de 42 engins. Ces bâtiments utilisent 2 tubes horizontaux, montés à l’intérieur de la coque épaisse,
à l’arrière, à la manière des tubes lance torpilles. En Grande Bretagne, six sous-marins type "E" sont
transformés par l’installation’ de puits obliques latéraux (2).
En France, c’est en 1912 que les chantiers Augustin Normand avaient proposé à la Marine un
mouilleur de mines de 770 tonnes équipé de mines d’un type spécialement adapté au bâtiment. La Société
Sautter-Harle était chargée de l’étude de cette mine ; quant au système de mouillage, c’est l’ex-ingénieur du
Génie Maritime Fenaux, devenu entre-temps ingénieur en chef des chantiers Normand, qui l’avait étudié.
Pendant le conflit, le problème revient en actualité. II est décidé de confier les sous-marins Q95 (3)
Astrée et Q99 Amarante, de la série Clorinde, à Normand, afin de les aménager selon le système étudié par
M. Fenaux. D’autre part, en février 1914, la Marine demande aux chantiers Schneider d’étudier un
mouilleur de mines. Le 26 décembre 1915, deux projets sont soumis. Parallèlement, Normand est pressentit
en avril 1916 pour l’établissement d’un projet.
En définitive, chacun construira le sien la Royale n’ayant pas tranché en faveur de l’un ou de
l’autre. Ce seront : le Pierre Chailley pour Normand et le Maurice Callo pour Schneider. Ceux-ci, mis sur
cale en 1917, ne seront lancés respectivement qu’en 1921 et 1922. Ils resteront à l’état de prototypes. La
série des "Saphir" Les tranches de construction 1925/19Z autorisent, entre autres bâtiments, six sous-marins
mouilleurs de mines qu seront construits à Toulon sur plan : Normand-Fenaux. Les travaux seront sui vis
par M. l’Ingénieur du Génie Maritime Dinechin (4). A cette époque, la section "sous-marins" des
Constructions Navales est placée sous la houlette de l’Ingénieur Généra Léon Roquebert, qui sera considéré
comme le père de notre flotte sous-marine (5) entre les deux guerres. Nous lui devons, en particulier, les
Narval, les 1500 tonnes, la série "Minerve" el le Surcouf. Les 6 "Saphir" seront des bâtiments réussis, un
seul, le Rubis survivra au conflit.
(1) Ingénieur du Génie Maritime
(2) Solution très voisine de celle utilisée sur /es Saphir
(3) "Q" Les sous-marins fiançais reçoivent un numéro d’ordre attribué avant la mise en chantier. Le Q1
était le Gymnote de 1886, l’actuel Redoutable étant le Q252. Seuls le Surcouf et 6 autres n’ont pas reçu
l’immatriculation
(4) L’Ingénieur du Génie Maritime Dinechin, longtemps affecté à la construction des sous-marins sera
responsable, après la seconde guerre mondiale, des "Narval" ; premiers sous-marins modernes extrapolés
des XXl allemands.
(5) Elle comprenait en Juillet 1939, 101 sous-marins
Les Pierres Précieuses
n° de coque Nom
Q145
Saphir
Q146
Q152
Tranche Sur cale Lancement En service Fin de service
1925
1926
20.12.1928 11.1930
8.12.1942 à Bizerte
condamnée le 12.08.1947
Turquoise 1925
1926
16.05.1929 11.1930
Nautilus (1) 1926
1928
21.13.1930 07.1931
condamnée le 12.08.1947
Q158
Q173
Rubis
Diamant
1927
1928
1929
1930
30.09.1931 04.1933
18.05.1933 06.1931
Rayé en oct 1949
Coulé en 1944
Q184
Perle
1929
1932
30.07.1935 03.1937
Coulé le 08.07.1944
(1)Noter que le nom de "Nautilus" n’a pas été donné en souvenir du sous-marin de Fulton, mais pour
commémorer le centenaire de la naissance de Jules Verne qui coïncidait avec celle de sa mise en chantier.
Les Sources
Données techniques: Les Epaves de la Méditerranée (Ed.Gründ) Tek5, www.tek5.org
Le Livre des Epaves de Jean-Pierre de Joncheray
Photos n/b: Eric Sormani
P.A.D.I Kurt Amsler Project Adviser de la Fondation Project A.W.A.R.E.
Magazine Marine n° 5 (1989)

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