MICROSPORIDIES Rappel historique Rappel taxonomique Cycle

Transcription

MICROSPORIDIES Rappel historique Rappel taxonomique Cycle
MICROSPORIDIES
G. GALEAZZI
Hôpital Louis Mourier
92701 - COLOMBES
Annales du contrôle national de qualité
Rappel historique
Les Microsporidies furent observées pour la première fois par Naegeli en 1838. Responsable de la
pébrine dans les années 1850, elles ont causé des ravages économiques dans l'industrie du ver à
soie. Les Microsporidies sont largement répandues dans le règne animal : arthrospores (abeilles)
poissons, mammifères.
Chez l'homme, le premier cas fut décrit en 1922 par Torès au Brésil. Moins d'une dizaine de cas
humains furent décrits avant l'apparition du SIDA. Depuis 1985 date à laquelle Desportes-Livage
rapporta le premier cas de microsporidiose dû à Enterocytozoon bieneusi chez un sidéen, les
publications se sont multipliées parallèlement au développement du SIDA, atteignant une
prévalence de 5 à 30% selon les études. L'instauration des nouvelles thérapeutiques anti-protéases
fait chuter considérablement ces protozooses opportunistes.
Rappel taxonomique
Les Microsporidies sont des protozoaires eucaryotes primitifs dépourvus de mitochondries,
possédant un ARN ribosomal de type bactérien.
Si de très nombreuses espèces infestent le monde animal, principalement deux espèces se partagent
la pathologie humaine : Enterocytozoon bieneusi et Encephalitozoon intestinales. Deux autres
genres ont été exceptionnellement rapportés Nosema sp. (Atteinte oculaire) et Pleistophora sp.
(Atteinte musculaire).
Cycle parasitaire
La contamination s'effectue à partir des spores, infestantes dès leur émission. Elle possède une
coque épaisse, très résistante dans le milieu extérieur. La voie oro-fécale est le principal mode de
transmission. L'infestation par inhalation est également possible. Les atteintes oculaires peuvent être
causées par des traumatismes.
La spore renferme un filament polaire enroulé en spirale accroché d'une part à un disque d'ancrage
situé à l'apex de la cellule et d'autre part au sporoplasme (forme infestante composée du cytoplasme
et du noyau). L'infection de la cellule cible se fait par l'accrochage du filament polaire qui se détend
comme un ressort. Le sporoplasme passe alors dans le filament.
Après intrusion dans la cellule, le sporoplasme devient trophozoite qui va se multiplier aboutissant à
la formation d'un méronte. Les mérozoites résultant de cette schizogonie entreprennent ensuite un
autre cycle de multiplication gamétogonique produisant un sporonte constitué de sporoblastes.
Après maturation, ces derniers deviennent des spores infestantes qui seront libérées dans le milieu
extérieur par lyse cellulaire.
Pathogénicité
Parasitoses opportunistes, les microsporidioses sont essentiellement observées chez les sidéens
présentant une profonde immunodépression (lymphocytes CD4 < 50/mm3). Elles sont plus rarement
décrites chez d'autres immunodéficients : cancéreux, gréffés... Toutefois, des cas de microsporidiose
intestinale ont été rapportés chez des immunocompétents revenant de zones tropicales. Le portage
asymptomatique fécal est également signalé.
La localisation intestinale est la plus fréquente principalement due à E. bieneusi, plus rarement à E.
intestinales. Parasites de l'intestin grêle, les Microsporidies entraînent une atrophie villositaire avec
infiltrat lymphocytaire provoquant un syndrome de malabsorption. Chez les sidédens, le tableau
clinique est dominé par des diarrhées chroniques profuses sans glaires, ni sang, ni fièvre :
comparable à la symptomatologie observée dans la cryptosporidiose ou l'isosporose.
L'envahissement des voies biliaires par contiguïté est possible et participerait à la genèse de la
cholangite sclérosante.
Les localisations extra-digestives sont plus rares : urinaire, bronchopulmonaire, sinusale, oculaire,
cérébrale... Elles sont principalement dues à Encephalitozoon-intestinalis par dissémination à partir
d'un foyer intestinal ou Encephalitozoon sp.
Diagnostic biologique
Les parasites intracellulaires sont observables sur coupes histologiques colorées par l'HématéineEosine-Safran et le Giemsa.
Le diagnostic parasitologique repose sur la mise en évidence des spores extracellulaires dans les
liquides biologiques ; selon la localisation de l'infection : selles, liquide duodénal, bile, urines,
sécrétions nasales, liquides de ponction sinusal ou pleural, lavage bronchoalvéolaire, grattage
cornéen...
Les selles doivent être diluées dans du formol à 10 % ou 1/2 ou 1/3 selon leur consistance, puis
filtrées. Un frottis mince est réalisé à partir de l'éluat, puis coloré. La coloration au Giemsa de Van
Gool après concentration des selles (technique de flottation dans une solution saturée de chlorure de
sodium) est maintenant supplanté par la coloration au trichrome de Weber, devenue référence. Des
variantes sont proposées, notamment celles qui ajoutent un contre-colorant comme le bleu aniline
ou le vert malachite, afin de mieux repérer les parasites sur le fond bleu ou vert. Par ces techniques
au trichrome, les concentrations préalables ne semblent pas bénéfiques (photo nc, 7).
La lecture est longue et délicate : elle se fait à l'objectif x 100. Pour les plus exercés, il est possible
de repérer les éléments parasitaires à l'objectif x 50 immersion. Les spores ovoïdes apparaissent rose
à rouge au trichrome, et présentent une vacuole incolore excentrée caractéristique. Les spores d'E.
bieneusi mesurent 0,9p / 1,5p. les spores d' E. intestinales plus grosses mesurent 1,2 p /2,5p. Mais
seule la microscopie électronique, en étudiant la morphologie des différents stades intracellulaires,
permet l'identification précise d'espèce.
Les spores de Microsporidies sont à différencier des bactéries qui peuvent parfois prendre la
coloration, mais celle-ci est homogène et surtout on ne distingue pas de vacuoles. Les levures
peuvent également être colorées en rouge, mais leur taille ne prête pas à confusion.
Si l'on dispose d'un microscope à fluorescence avec filtre émettant dans le bleu, on peut réaliser la
coloration à l'Uvitex 2B de Van Gool qui colore la chitine des parois des microorganismes. Cette
méthode permet de repérer plus facilement les Microsporidies, mais n'est pas spécifique. Aussi toute
posivité par cette technique doit être confirmée par une coloration au trichrome.
Traitement
Parmi les molécules essayées, seul l'albenclazole (Zentel 8) s'est avéré efficace, mais
seulement dans les infections causées par E. Intestinalis