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Décembre 2013 · N°16 Ed. resp. : Xavier Brenez - Union Nationale des Mutualités Libres - Rue Saint-Hubert 19 – 1150 Bruxelles - Health Forum, trimestriel (décembre 2013 - janvier - février 2014)- Bureau de dépôt Bruxelles X - P911 186 Le magazine de l’Union Nationale des Mutualités Libres · trimestriel Symposium des Mutualités Libres Féminisation de la médecine : quelle plus-value pour les patients ? Dossier Dépenses de soins de santé : agir sur les maladies chroniques Les Mutualités Libres Faites connaissance avec les Mutualités Libres ! Avec plus de 2.000.000 d’affiliés, les Mutualités Libres constituent le troisième organisme assureur du pays. Les Mutualités Libres regroupent 7 mutualités : OZ Boomsesteenweg 5 2610 Antwerpen www.oz.be Omnimut Mutualité Libre de Wallonie Rue Natalis 47 B 4020 Liège www.omnimut.be Euromut Mutualité Libre Boulevard Louis Mettewie 74-76 1080 Bruxelles www.euromut.be Freie Krankenkasse Hauptstrasse 2 4760 Büllingen www.freie.be Mutualité Libre Securex Avenue de Tervueren 43 1040 Bruxelles www.securex-mutualite.be Partena Ziekenfonds Coupure Links 103 9000 Gent www.partena-ziekenfonds.be Partenamut Boulevard Anspach 1 1000 Bruxelles www.partenamut.be Verenigde-Natieslaan 1 9000 Gent Les partis en ordre de bataille... pour la santé ? A l’heure où les partis politiques finalisent leurs listes d’investir dans les priorités à long terme que sont la et travaillent à leur programme pour le grand rendez- dépendance, la santé mentale, les maladies chroniques vous électoral de 2014, il est utile de rappeler la place et l’accès aux nouvelles technologies médicales présenqu’il convient d’accorder au secteur de la santé. La santé tant une vraie plus-value thérapeutique et économique. représente, avec l’éducation et l’emploi, la préoccupa- Dans ce contexte, rien de plus légitime que d’attendre tion numéro un de la population, des différentes formations politiques une vision durable mais le contexte politique des et ambitieuse pour le secteur des dernières années n’a laissé que soins de santé, qui aille bien aupeu de place à une réflexion de delà d’une seule législature pour Plus qu’une succession fond sur ces questions ! s’inscrire sur une période de 10 de mesures accrocheuses Il est maintenant grand temps à 15 ans. Une vision qui propose et isolées, nous attendons de recentrer les attentions sur plus qu’une succession de mesures ces priorités, en espérant que accrocheuses et isolées, mais un un ensemble intégré de les déclarations des uns et des ensemble intégré de solutions nous solutions permettant de autres à se concentrer sur le permettant de relever les nouveaux relever les nouveaux défis socio-économique soient confirdéfis de santé publique. Au vu des de santé publique mées dans les faits. S’agissant du nouvelles compétences santé socio-économique, rappelons des entités fédérées, cette vision que le secteur de la santé reprédevrait se décliner aux différents sente près de 11% du PIB et de niveaux de pouvoir et garantir la très nombreux emplois. Il existe à cet égard, au vu du cohérence des politiques de santé. Enfin, vieillissement de la population et de l’explosion des cette vision devrait intégrer l’importance maladies chroniques, de nombreuses opportunités que d’autres politiques (éducation, pour créer de nouvelles professions de santé. emploi, environnement, logement, Enfin, le secteur de la santé est arrivé à un tournant contrôle de la chaîne alimentaire…) de son histoire. La nécessité d’une (r)évolution pour peuvent avoir sur la santé de tous. s’adapter à un environnement radicalement différent d’il y a 30 ans est inéluctable. Cette adaptation implique de dégager des moyens à court terme pour lutter contre Xavier Brenez les soins inutiles ou inappropriés, la multiplication Directeur Général des appareils lourds, la dispersion des moyens… afin de l’Union Nationale des Mutualités Libres Rédactrice en chef Karima Amrous · [email protected] · T 02 778 94 33 Coordination Stéphanie Brisson · [email protected] · T 02 778 95 11 Comité de rédaction Karima Amrous · Stéphanie Brisson · Ann Ceuppens · Annemie Coëme · Regina De Paepe Luc Detavernier · Christian Horemans · Pascale Janssens · Güngör Karakaya · Nathalie Renna · Hellen Smeets · Ingrid Umbach · Piet Van Eenooghe · Christiaan Van Hul · Emilie Vanderstichelen · Philippe Van Wilder · Steven Vervaet Lay-out Leen Verstraete · [email protected] Photos Reporters Traduction Annemie Mathues · Emilie Van Isterdael · Barbara Van Ransbeeck Editeur responsable Xavier Brenez · [email protected] Le magazine de l’Union Nationale des Mutualités Libres · trimestriel Vous voulez recevoir le magazine régulièrement ou abonner vos collègues ? Ecrivez-nous ! Union Nationale des Mutualités Libres Health Forum Rue Saint-Hubert 19 1150 Bruxelles T 02 778 92 11 Ou envoyez-nous un mail à [email protected] Suivez-nous sur Twitter! @HealthForumFR Sommaire N°16 Décembre 2013 3 Edito 5 Le saviez-vous ? 6 Dossier Dépenses de soins de santé : agir sur les maladies chroniques 16 Espace Prestataires Dossier 3 facteurs de concentration des dépenses de soins de santé 10% des Belges concentrent à eux seuls 72% des dépenses de soins de santé ! Un phénomène qui n’est pas propre à notre pays et déjà mis en avant dans de nombreuses études internationales. Les Mutualités Libres ont voulu aller plus loin en identifiant les sources des plus grosses dépenses. Conclusions : maladies chroniques, comorbidités et hospitalisations devraient faire partie des priorités des politiques de santé publique. 6 Le patient “nouveau est-il le bienvenu ? Le généraliste, acteur-clé de la prévention Le Débat Réduire d’un jour le séjour en maternité : une bonne idée passée la trappe ? Maladies rares : accélérer l’accès aux traitements 26 A l’étude Alzheimer : agir à la mesure du phénomène 30 Europe Directive soins de santé transfrontaliers : l’Europe est-elle prête ? Espace prestataires Réduire d’un jour le séjour en maternité : une bonne idée passée la trappe ? Cette proposition avait fait couler beaucoup d’encre l’été dernier : réduire d’un jour le séjour remboursé en maternité après un accouchement. Alors que la majorité de la population s’offusquait de constater que la Duchesse Kate Middleton quittait l’hôpital 24 heures après avoir accouché, le Dr Marc Moens, Vice-Président de l’Absym, avait saisi la balle au bond pour braquer les projecteurs sur la possibilité de faire des économies en réduisant le séjour en maternité. Depuis lors, cette proposition a été refusée par la cellule stratégique du cabinet Onkelinx. 20 Etude Alzheimer : agir à la mesure du phénomène 32 Event Féminisation de la médecine : quelle plus-value pour les patients ? 34 Kiosque www.mloz.be La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus répandue. Ce syndrome affecte la mémoire, le raisonnement, le comportement et la capacité à effectuer les actes de la vie quotidienne. Il y aurait en Belgique entre 100.000 et 130.000 patients atteints par la maladie d’Alzheimer. Les Mutualités Libres se sont penchées sur ces patients particuliers dans une étude longitudinale sur 7 années. 26 Le saviez-vous ? 38,7% des employés admettent ne pas se laver les mains à chaque passage aux toilettes. D’après une enquête internationale d’Initial Services menée auprès de 6.000 employés de bureau (514 Belges interrogés). Accidents de la vie courante : les hommes 2 fois plus touchés Ce sont les accidents liés au sport qui expliqueraient en grande partie cette inégalité entre les hommes et les femmes. Et ce sont des hommes jeunes, de moins de 34 ans, qui sont touchés. Fait étonnant, si les jeunes hommes de milieux aisés pratiquent nettement plus de sport que les autres, la fréquence des accidents est en revanche identique quelle que soit la classe sociale. Transparence oui, mais pour tous les hôpitaux Imaginez que nous indiquions sur notre site le nombre de patients qui développent chaque année une infection nosocomiale. Les gens risquent de prendre peur et de nous considérer comme un mauvais hôpital. Les choses seraient différentes si chacun pouvait consulter le nombre de ces infections dans l’ensemble des hôpitaux, car on constaterait que ce problème est omniprésent. Nous n’avons pas envie de jouer les pionniers. Mais si d’autres hôpitaux wallons prenaient la décision commune de publier eux aussi leurs résultats, nous ferions de même. Marie Eeman, coordinatrice qualité au Centre hospitalier de Wallonie picarde, à Tournai. (Citée dans le Test Santé de novembre 2013) +10% Le nombre d’admissions en hôpital psychiatrique a progressé de 10% en 2013. D’après une étude de l’Itinera Institute. Bruxelles et les inégalités de santé Dans la capitale belge, plus bas est le niveau sur l’échelle sociale, plus grand est le risque de mortalité à la naissance ou au cours de la première année de vie. De manière peu surprenante, les chiffres de l’Observatoire bruxellois de la santé démontrent une fois encore l’influence importante du statut social sur l’état de santé. Ainsi, à Bruxelles, les enfants naissant dans un ménage sans revenu du travail ont plus de deux fois plus de risque d’être mort-nés ou 1,8 fois plus de risque de décéder avant l’âge d’un an que les enfants qui naissent dans un ménage à deux revenus. Pour les jeunes adultes défavorisés, la santé est aussi un problème : entre 2012 et 2013, le nombre de jeunes de 18 à 24 ans ayant droit à l’intervention majorée pour soins de santé a augmenté de 6,3 points, passant de 25,3% à 31,6%. En matière d’invalidité (incapacité de travail de plus d’un an), en 2012, 6,6% des Bruxellois étaient concernés, plus souvent les femmes (7%) que les hommes (6,2 %) et plus souvent les ouvriers que les employés, avec un risque 3,3 fois plus élevé pour les hommes et 2,3 fois plus élevé pour les femmes. www.observatbru.be Par Stéphanie Brisson et Pascale Janssens 5 En couverture Dépenses de soins de santé : agir sur les maladies chroniques 3 facteurs de concentration des dépenses de soins de santé Quelles politiques de santé actionner ? Interview Xavier Brenez - “Notre système de santé a besoin d’un check-up” Interview Alain De Wever - “Il faudrait développer de nouveaux trajets de soins” p7 p12 p14 p15 Dossier 3facteurs de concentration Etude des dépenses de soins de santé 10% des Belges concentrent à eux seuls 72% des dépenses de soins de santé ! Un phénomène qui n’est pas propre à notre pays et déjà mis en avant dans de nombreuses études internationales. Les Mutualités Libres ont voulu aller plus loin en identifiant les sources des plus grosses dépenses. Conclusions : maladies chroniques, comorbidités et hospitalisations devraient faire partie des priorités de santé publique. L’ étude des Mutualités Libres propose une analyse de la concentration des dépenses de soins de santé remboursées par l’assurance maladie en 2010. Une attention particulière a été portée aux grands utilisateurs de soins de santé (10% de la population qui consomment le plus1) en fonction de leur profil de pathologies. Les données des affiliés aux Mutualités Libres ont ainsi été attentivement examinées. Classification des pathologies 8,8% des Belges n’engendrent aucune dépense de soins de santé remboursable en 2010. Mais 10% induisent 72% des dépenses en soins de santé remboursées. A contrario, il faut souligner que 80% de la population n’est responsable que de 16% des remboursements en soins de santé. Comment expliquer une telle concentration des dépenses de soins de santé ? La littérature internationale démontre que cette concentration est un phénomène généralisé et non spécifique à la Belgique. Afin d’aller plus loin dans l’analyse et pour expliquer cette constatation, le service Etudes des Mutualités Libres a cartographié les affiliés en fonction de grandes affections chroniques2. Les dépenses calculées par maladie chronique représentent toutes les dépenses des individus souffrant au moins de la pathologie et pas seulement les dépenses liées à celle-ci. Les facteurs de concentration Après cartographie des différentes affections, il a été possible d’identifier précisément trois éléments à la source des fortes dépenses en soins de santé remboursées. Ces trois éléments sont le fait d’être atteint d’une maladie chronique, d’en avoir plus d’une (comorbidités) et enfin de devoir être hospitalisé (sans qu’il y ait forcément un lien avec les deux éléments précédents). 1/ Souffrir d’une maladie chronique fréquente 23 pathologies chroniques ont été sélectionnées pour l’étude. 23,3% de la population étudiée par les Mutualités Libres souffre au moins d’une de ces affections chroniques, soit 457.930 patients. Ensemble, les patients malades chroniques induisent 64,3% des dépenses en soins de santé (soit 2,3 milliards d’euros sur un total de 3,6 milliards d’euros). Tableau 1 Proportion de personnes touchées par une maladie chronique (N) et leur part de dépenses de soins de santé dans le sous-groupe des grands consommateurs (10%) et la population totale (en 2010) 10% Dépenses Dépression Affection cardiovasc. : mal. cardiaque BPCO Asthme Mucoviscidose Diabète avec insuline Diabète sans insuline Maladie pancréatique exoc. Psoriasis Arthrite rhumat. ou psorias., maladie de Crohn, colite ulcér. Psychose (<=70 ans) Psychose (>70 ans) Parkinson Epilepsie VIH Hépatite B et C chron. Sclérose en plaques Transpl. d'organe Alzheimer Insuffisance rénale chron. Santé mentale Maladie rare Hypertension Total : malades chroniques Population tot. N Dépenses N 21,4% 13,9% 9,8% 2,4% 0,2% 6,0% 7,2% 0,2% 0,0% 17,8% 10,9% 8,3% 2,8% 0,1% 5,6% 7,4% 0,2% 0,0% 17,7% 10,8% 8,0% 2,6% 0,1% 4,7% 6,6% 0,2% 0,0% 5,1% 2,1% 2,0% 1,7% 0,0% 0,9% 2,7% 0,0% 0,0% 1,6% 1,5% 1,3% 0,3% 4,8% 2,1% 2,9% 5,8% 0,8% 0,1% 0,5% 0,5% 2,7% 3,5% 7,7% 3,1% 50,3% 74,7% 3,4% 1,4% 2,2% 4,5% 0,6% 0,0% 0,5% 0,3% 2,1% 0,9% 3,2% 0,8% 45,8% 65,1% 3,8% 0,7% 1,5% 0,2% 2,1% 0,3% 4,5% 0,9% 0,6% 0,1% 0,0% 0,0% 0,4% 0,0% 0,4% 0,0% 2,0% 0,3% 2,5% 0,1% 5,5% 0,4% 2,2% 0,1% 43,5% 16,2% 64,3% 23,3% 1. Parmi le groupe des 10% de plus grands utilisateurs, les sous-groupes des 1% et 5% ont également été analysés en détail. Dans le cadre de cet article, seul le groupe des 10% est mentionné. 2. Plus d’infos sur la méthodologie en fin d’article 7 Dossier Comme on le voit dans le tableau 1, les affections chroniques les plus fréquentes sont : l’hypertension (16,2% ), la dépression et autres troubles de l’humeur (5,1%), le diabète type 1 et 2 (3,6%), les deux principales affections chroniques pulmonaires (BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et asthme ensemble 3,7%) et les maladies cardiaques (2,1%). Les personnes souffrant d’une des pathologies chroniques les plus courantes sont également celles qui engendrent les dépenses les plus importantes pour l’assurance obligatoire. Au niveau de la population totale, le pourcentage de dépenses générées par les patients atteints de ces pathologies est de 43,5 % pour l’hypertension, de 17,7% pour la dépression, de 10,8% pour les maladies cardiaques, de 6,6% pour le diabète sans insuline, de 8% pour la BPCO et de 2,6% pour l’asthme. Ce qui est confirmé par la littérature3. Dans la population totale, toutes les pathologies chroniques ont une proportion des dépenses supérieure à leur prévalence. Un facteur déterminant de la prévalence des maladies chroniques est l’âge, comme on peut l’observer dans la figure 1. Tableau 2 Dépense moyenne des patients atteints d’une pathologie chronique (en 2010) Dépression Affection cardiovasculaire : maladie cardiaque BPCO Asthme Mucoviscidose Diabète avec insuline Diabète sans insuline Maladie pancréatique exocrine Psoriasis Arthrite rhumat. ou psorias., maladie de Crohn, colite ulcér. Psychose (<=70 ans) Psychose (>70 ans) Parkinson Epilepsie VIH Hépatite B et C chronique Sclérose en plaques Transplantation d'organe Alzheimer Insuffisance rénale chronique Santé mentale Maladie rare Hypertension Total : malades chroniques Total : sans affection chronique Total : population 10% Dép.moyenne 15.798 Population tot. Dép.moyenne 6.396 16.678 9.648 15.533 11.691 23.665 14.311 12.845 17.722 17.154 7.243 2.798 20.700 9.959 4.474 11.488 7.176 14.030 7.085 18.427 19.250 17.272 16.981 15.990 14.864 14.212 19.659 17.094 48.627 31.808 49.564 14.467 15.133 9.532 13.177 10.168 15.544 12.812 9.039 15.616 14.731 14.140 19.635 12.840 40.429 28.643 48.476 4.938 5.076 859 1.843 Figure 1 pour 1.000 personnes Prévalence des pathologies chroniques par classe d’âge (en 2010) 700 600 500 400 300 200 100 0 0-19 ans Dépression Affection cardiovasc. : mal. cardiaque BPCO Asthme Mucoviscidose 20-39 ans Psoriasis Arthrite rhumat. ou psorias., maladie de Crohn, colite ulc Psychose (<=70 ans) Psychose (>70 ans) 60-79 ans 80 ans et plus Sclérose en plaques Transpl. d’organe Alzheimer Insuffisance rénale chron. Parkinson Santé mentale Diabète avec insuline Epilepsie Maladie rare Diabète sans insuline VIH Hypertension Maladie pancréatique exoc. Hépatite B et C chron. 3. Notamment par Stanton and Rutherford (2005). 8 40-59 ans Dossier Le tableau 2 montre que la facture annuelle moyenne de remboursements en soins de santé de la population des Mutualités Libres (malades chroniques et non-chroniques) s’élève à 1.843 euros. Les dépenses moyennes pour certaines maladies chroniques peuvent être élevées. La dépense annuelle moyenne est de 859 euros pour une personne sans affection chronique et de 5.076 euros pour un malade chronique, certaines pathologies peuvent entraîner des dépenses de plus de 20.000 euros. C’est le cas des pathologies moins courantes, à savoir les troubles mentaux ("santé mentale" dans le tableau), l’insuffisance rénale et les maladies rares. Ces pathologies sont également particulièrement coûteuses dans le sous-groupe des 10% des plus grands utilisateurs de soins de santé. Le poids considérable de la maladie chronique sur les dépenses en soins de santé permet donc d’expliquer une bonne partie de la concentration des dépenses en soins de santé. 2/ Comorbidités Les dépenses en soins de santé augmentent en fonction du nombre de pathologies chroniques dont souffre le patient (figure 2). Les remboursements annuels des soins de santé pour une personne s’élèvent en moyenne à 3.449 euros pour une seule affection chronique, à 6.501 euros pour les patients atteints de 2 affections chroniques… pour atteindre 21.751 euros lorsque l’affilié présente au moins 5 affections chroniques ! La littérature relative4 à l’impact des maladies chroniques démontre bien que plus le nombre de pathologies est grand, plus les dépenses en soins de santé sont élevées. L’évolution du coût moyen par patient en fonction du nombre de pathologies chroniques est présentée sur la figure 2 et confirme cette relation. Le nombre de combinaisons de maladies dans la population étudiée est très grand. L’analyse s’est donc concentrée sur les catégories de pathologies les plus fréquentes, qui contiennent la majorité des malades chroniques. A ces catégories, a été ajoutée celle “sans pathologie chronique” : elle représente les affiliés qui n’ont aucune des 23 pathologies chroniques étudiées. En regardant plus en détail les différentes catégories de pathologies retenues, il est apparu sans surprise qu’elles ne sont constituées que de pathologies à prévalence élevée et/ou induisant une part importante des dépenses. Dans la population totale, les catégories étudiées engendrent une proportion de dépenses supérieure à celle des individus concernés. Certaines catégories ne sont composées que d’une Figure 2 Dépenses moyennes par personne Dépense moyenne selon le nombre de pathologies chroniques (en 2010) 25.000€ 20.000€ 15.000€ 21.751 € 16.333 € 11.310 € 10.000€ 6.501 € 5.000€ 3.449 € 859 € 0€ 0 Nombres de maladies chroniques 1 2 3 4 5 et plus 4. Voir notamment Holly (2009) et Stanton and Rutherford (2005). 9 Dossier seule pathologie telle que l’hypertension, les troubles mentaux, les maladies rares, la dépression, l’épilepsie, la BPCO et l’insuffisance rénale. L’hypertension, la dépression, la psychose sont les pathologies qui ressortent le plus de l’ensemble. L’hypertension est la pathologie la plus couramment associée à d’autres pathologies, telles que les affections cardiovasculaires (ACV) de type maladies cardiaques, la dépression, l’insuffisance rénale, la BPCO, le diabète avec/sans insuline et les maladies rares. Dans la population totale, 6 pathologies entraînent des durées annuelles moyennes de séjours supérieures à 15 jours : il s’agit des psychoses (<= 70 ans et > 70 ans), de la maladie de Parkinson, de l’Alzheimer, des troubles mentaux et des maladies rares. Les troubles mentaux conduisent à des hospitalisations relativement longues : en moyenne plus de 2 séjours hospitaliers avec une durée moyenne par séjour de 41 jours. Dans la population des 10% de grands utilisateurs de soins, la durée de séjour est de 42,5 jours pour ces individus. Dans ce même groupe, la moitié des dépenses de soins de santé concerne les remboursements des frais de séjour et de prestations (médicales, chirurgicales, actes techniques et diagnostiques,….) réalisées lors d’hospitalisations classiques, c’est-à-dire des hospitalisations avec au moins une nuit passée à l’hôpital. Les dépenses induites par les hospitalisations varient selon que le patient souffre de l’une ou l’autre affection chronique. Les patients avec des problèmes cardiaques avérés ont 47% de leurs dépenses de santé remboursées qui sont liées à des hospitalisations, les “dépressifs” 41% et les personnes souffrant d’une sclérose en plaques 11%. 3/ Hospitalisations & consultations Les dépenses à l’hôpital des affiliés aux Mutualités Libres représentent 40% de l’ensemble de leurs dépenses de soins de santé. Ce pourcentage est similaire pour les patients chroniques et non chroniques. Les séjours hospitaliers induisent des dépenses de soins de santé très importantes, il semble évident qu’ils soient relativement plus nombreux parmi la population des 10% plus grands utilisateurs de soins. Dans la population totale, le nombre annuel moyen d’hospitalisations est de 0,15 tandis qu’il s’élève à 1,1 dans la sous-population des 10%, pour une moyenne de 12 jours (voir tableaux 3 et 4). Le nombre moyen d’hospitalisations est plus important parmi les malades chroniques. En effet, ils sont hospitalisés en moyenne 3 fois plus que les non chroniques. Cet écart relatif disparaît lorsqu’on se déplace vers les sous-populations de grands utilisateurs. Selon l’affection chronique, la durée moyenne de séjour varie fortement et augmente systématiquement, pour une même affection, dans chaque sous-population. Par exemple, les patients traités pour dépression restent en moyenne 14 jours à l’hôpital mais 15 jours dans le groupe des 10% des grands utilisateurs de soins. Au niveau des consultations médicales, un patient sans affection chronique voit environ 2 fois par an un généraliste et un spécialiste tandis qu’un patient chronique voit un médecin généraliste 6 fois par an et un spécialiste 4 fois par an. Si le patient fait partie des grands utilisateurs de soins de santé, il consulte alors son généraliste 8 fois sur l’année s’il souffre d’au moins une affection chronique et 4 fois sur l’année en l’absence d’affection chronique. Tableau 3 Nombre moyen de consultations, d’hospitalisations et de jours d’hospitalisation, par type de patient (en 2010) 10% Population totale Chronique Non Chron. Chronique Non Chron. Consultation généraliste 8,0 4,2 6,0 2,1 Consultation spécialiste 6,7 7,4 3,9 1,9 Jour d’hospitalisations (classiques) 14,1 7,6 13,1 5,5 Nombre d’hospitalisations 1,1 1,1 0,3 0,1 5. Un nombre d’hospitalisation inférieur à 1 signifie nécessairement qu’une partie de la population n’est pas concernée par l’hospitalisation. 10 Dossier Tableau 4 Nombre d’admissions et nombre de jours d’hospitalisations (total et moyen), par pathologie chronique et (sous-)population (en 2010) Dépression Affection cardiovasc. : mal. cardiaque BPCO Asthme Mucoviscidose Diabète avec insuline Diabète sans insuline Maladie pancréatique exoc. Psoriasis Arthrite rhumat. ou psorias., maladie de Crohn, colite ulcér. Psychose (<=70 ans) Psychose (>70 ans) Parkinson Epilepsie VIH Hépatite B et C chron. Sclérose en plaques Transpl. d'organe Alzheimer Insuffisance rénale chron. Santé mentale Maladie rare Hypertension Total : malades chroniques Total : population N 37.829 25.930 19.834 6.159 151 10.068 14.789 358 10 1.966 8.844 1.911 3.409 9.877 422 48 278 672 3.077 3.064 14.036 2.740 96.001 138.071 216.130 10% Hospitalisation Jour 570.328 314.215 227.199 56.832 1.585 111.681 156.624 4.336 96 18.820 224.499 37.726 58.066 144.933 4.691 346 3.006 5.599 51.289 38.373 596.623 44.285 1.116.526 1.951.568 2.546.404 Moy. 15,1 12,1 11,5 9,2 10,5 11,1 10,6 12,1 9,6 9,6 25,4 19,7 17,0 14,7 11,1 7,2 10,8 8,3 16,7 12,5 42,5 16,2 11,6 14,1 11,8 N 40.771 26.730 20.944 7.601 151 10.187 15.910 366 12 2.092 9.126 1.921 3.450 10.358 422 48 278 672 3.124 3.077 14.548 2.755 103.767 151.196 279.396 Population totale Hospitalisation Jour 575.596 315.553 229.333 59.628 1.585 111.921 158.484 4.349 98 19.044 225.358 37.747 58.202 145.749 4.691 346 3.006 5.599 51.372 38.394 599.330 44.302 1.130.163 1.976.463 2.679.962 Moy. 14,1 11,8 10,9 7,8 10,5 11,0 10,0 11,9 8,2 9,1 24,7 19,6 16,9 14,1 11,1 7,2 10,8 8,3 16,4 12,5 41,2 16,1 10,9 13,1 9,6 En résumé • Derrière une dépense moyenne en soins de santé de 1.843 euros par affilié des Mutualités Libres en 2010, se dissimule une grande disparité dans l’intensité du recours aux soins de santé. • Parmi les affiliés des Mutualités Libres, 8,8% n’ont aucun remboursement en soins de santé en 2010. • 20% de la population engendrent 84% de l’ensemble des dépenses médicales, 10% concentrent 72% de ces dépenses. • Les personnes sans pathologie chronique bénéficiant au moins d’un remboursement des dépenses en soins de santé représentent 68% de la population totale des Mutualités Libres en 2010. • 16% de la population est atteinte d’hypertension et près de la moitié de ces hypertendus souffre aussi d’une ou plusieurs autres affections chroniques (7%). • Les dépenses par type de soins diffèrent selon le niveau global de consommation médicale, quelle(s) que soi(en)t la ou les pathologies sous-jacentes. Ainsi, lorsque nous passons des petits aux grands utilisateurs de soins, la facture liée aux hospitalisations augmente plus rapidement que les soins ambulatoires. • Plus d’un tiers des malades chroniques (34%) ont plus d’une pathologie chronique et induisent 56% de l’ensemble des dépenses de soins de santé remboursées. Les malades chroniques avec plusieurs pathologies coûtent environ 2,5 fois plus que les malades chroniques avec une seule affection chronique. Ce cumul de plusieurs pathologies chroniques joue un rôle important dans l’explication de la concentration des dépenses de soins de santé. • Les affiliés porteurs d’une maladie rare, souffrant d’une insuffisance rénale chronique ou d’une maladie mentale coûtent en moyenne plus de 20.000 euros par an. Les autres affections chroniques étudiées engendrent des dépenses moyennes très variables comprises entre 3.000 euros et 20.000 euros. L’écart de dépenses moyennes entre un patient chronique et un non chronique tend à s’amenuiser avec le degré de consommation de soins. • Les dépenses à l’hôpital des affiliés des Mutualités Libres représentent 40% de l’ensemble de leurs dépenses de soins de santé. Ce pourcentage est similaire pour les patients chroniques et les non chroniques, mais nous constatons des variations des dépenses induites par les hospitalisations (classiques) selon que l’affilié souffre de l’une ou l’autre affection chronique. 11 Dossier Quelles politiques de santé actionner ? A première vue, les pathologies qui semblent les plus intéressantes en termes d’actions à mener par les pouvoirs publics sont celles qui concernent un grand nombre de patients et qui engendrent des coûts moyens importants. Mais cette approche est-elle suffisante ? La figure ci-dessous représente de manière synthétique le nombre de personnes atteintes d’une pathologie chronique et les dépenses moyennes en soins de santé à charge de l’assurance obligatoire(*). Graphique 4 Nombre et coût moyen des personnes atteintes d’une pathologie chronique (en 2010) 10 100 1.000 10.000 6.049 30.000 100.000 400.000 Maladie rare Nombre de patients 40.000 Insuffisance rénale chron. Santé mentale Mucoviscidose Hépatite B et C chron. Sclérose en plaques VIH Maladie pancréatique exoc. Psoriasis 20.000 Transpl. d'organe 16.000 Psychose (>70 ans) Alzheimer Parkinson Psychose (<=70 ans) Diabète avec insuline Epilepsie Arthrite rhumat. ou psorias., maladie de Crohn, colite ulcér. 11.488 Affection cardiovasc. : mal. cardiaque 10.000 8000 BPCO Dépression 6000 Affection cardiovasc. : hypertension Diabète sans insuline 4000 Asthme Dépenses moyennes (euros) 2000 (*) Les quadrants sont délimités par les valeurs médianes des coûts moyens des pathologies chroniques étudiées et les valeurs médianes du nombre de personnes atteintes par ces pathologies. A première vue, les pathologies qui semblent les plus intéressantes en termes d’actions à mener sont celles qui concernent un grand nombre de patients et qui engendrent des coûts moyens importants. Mais le positionnement d’une pathologie par rapport à une autre dans le schéma ne permet pas de produire des recommandations ou des leviers directement actionnables en termes de santé publique. Pour cela, il faut étudier la prise en charge actuelle de chaque pathologie (médicale, médicamenteuse, hospitalière…) et voir dans quelle mesure des filières de soins plus efficientes existent, tout en ne portant pas atteinte à la qualité des soins bien sûr. 12 Il faut analyser aussi l’opportunité d’investir davantage dans la prévention (éducation, promotion de la pratique d’un sport….) ou l’accompagnement, notamment par le développement de nouveaux trajets de soins et le disease management. Un certain nombre de pathologies chroniques (principalement celles qui se situent dans le quadrant inférieur de droite) sont en effet identifiables comme les conséquences d’un certain style de vie : comportement alimentaire, sédentarité, stress, tabagisme, consommation excessive d’alcool... La prévention de ces pathologies devra donc aller au-delà de l’aspect médical (éducation, promotion de la pratique d’un sport…). Dossier 3 pathologies à l’étude Trois pathologies ont fait l’objet d’une analyse approfondie des Mutualités Libres afin de dégager des pistes d’actions spécifiques ou des recommandations pour les décideurs politiques : la dépression, l’insuffisance rénale chronique et la maladie d’Alzheimer. La dépression chez les adolescents Nous recommandons la prise en charge de la dépression des adolescents par des praticiens ayant l’expertise et l’expérience nécessaires. Le remboursement des séances de psychothérapie réalisées par un psychothérapeute non-psychiatre devrait être accordé moyennant les critères suivants : • détermination des types de psychothérapie pouvant faire l’objet d’un remboursement sur base de critères Evidence-Based medecine (y compris l’avis d’experts); • prescription et suivi de la psychothérapie par un praticien possédant l’expertise et l’expérience nécessaires. L’insuffisance rénale chronique Nous recommandons d’encourager la pratique de la dialyse à domicile encore peu répandue en Belgique. Pour cela, nous insistons sur la nécessité d’une information pré-dialyse objective et complète du patient et sur son implication dans le choix éclairé de la modalité de dialyse. Nous recommandons également de : • revoir le remboursement des différentes modalités de dialyse afin d’en assurer un financement durable, transparent et coût-efficace (en considérant l’impact sur le financement hospitalier); • fixer des objectifs chiffrés et datés pour les différentes modalités de dialyse (résultats à atteindre); • développer des directives “evidence-based medicine” pour une prise en charge intégrée de l’insuffisance rénale; Méthodologie • adapter le trajet de soins “insuffisance rénale” en intégrant l’information pré-dialyse et en évaluant régulièrement l’impact de cette information sur la pratique. La maladie d’Alzheimer Nous recommandons : • que les initiatives existantes au profit des aidants proches (répit, psychoéducation…) et pouvant favoriser le maintien au domicile, soient préservées et surtout étendues à travers le développement de nouvelles initiatives; • de favoriser le diagnostic précoce de la maladie et de sensibiliser la première ligne à cette problématique; • de créer un encadrement spécialisé et multidisciplinaire (psycho-médico-social) pour le malade mais aussi pour les aidants proches dès l’annonce du diagnostic; • que si une institutionnalisation doit avoir lieu, elle doit se faire dans des structures financièrement abordables et spécifiquement adaptées pour permettre la prise en charge optimale pour tous les malades Alzheimer; • la mise en place d’un registre épidémiologique national ou, à défaut, régional des patients. Il devrait permettre de prévoir et d’ajuster l’offre de soins spécifiques. Certaines pathologies sont en cours d’analyse aux Mutualités Libres : l’hypertension, la santé mentale, la dépression chez l’adulte, les maladies cardiovasculaires et le diabète. D’autres seront étudiées ultérieurement. Güngor Karakaya, Ingrid Umbach, Vanessa Vanrillaer & Rudy Van Tielen Service Etudes et Stratégie des Mutualités Libres Afin d’identifier la population atteinte d’une maladie chronique et en l’absence de données de diagnostic, le service Etudes des Mutualités Libres a créé des “proxy de diagnostics” (23 au total). Les personnes identifiées comme malades chroniques l’ont donc été sur base de quelques critères. D’une part, un critère de consommation de médicaments spécifiques pendant au minimum 90 jours dans l’année ou 120 jours dans le cas de la dépression. D’autre part, sur base de certains codes de la nomenclature de l’INAMI (pour l’insuffisance rénale par exemple), de certains types de médicaments (pour les maladies rares) ou d’une hospitalisation spécifique (pour la santé mentale). Plus d’infos sur la méthodologie dans l’étude complète disponible sur www.mloz.be/pages/etudes 13 Dossier 3 questions à Xavier Brenez Directeur Général de l’Union Nationale des Mutualités Libres Notre système de santé a besoin d’un check-up Quelles conclusions tirez-vous de cette étude ? Cette étude était importante pour nous : nous voulions illustrer les priorités pour le secteur de la santé. Que ce soit d’un point de vue social ou économique, rien de plus légitime que de s’intéresser aux patients faisant l’objet de soins lourds. Ces personnes, et les pathologies dont elles souffrent, doivent figurer au plus haut de l’agenda politique. En se penchant sur les patients qui concentrent 10% des dépenses de soins de santé, on peut dégager deux grands groupes de pathologies : les très coûteuses et relativement peu fréquentes (insuffisance rénale, sclérose en plaque, mucoviscidose,...) et les coûteuses et plus fréquentes (BPCO, diabète, affections cardiovasculaires,...). Pour la première catégorie, la grande préoccupation est de voir dans quelle mesure il existe des filières de soins plus efficientes, sans porter atteinte à la qualité des soins. Et dans ce domaine, nous savons qu’il existe une marge de progression en développant des alternatives aux soins institutionnalisés, comme la dialyse à domicile par exemple. Dans la deuxième catégorie, on retrouve les maladies chroniques fréquentes, ce qui renforce la nécessité d’accélérer le mouvement en matière de prévention et d’accompagnement des malades chroniques. Ceci demande une évolution de la pratique médicale par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui. Selon vous, notre système doit-t-il passer une sorte de “check-up” ? Effectivement, il serait sain à un moment de prendre du recul par rapport à notre système de soins de santé et se demander si, après plus de 50 ans d’évolutions et de développements, il répond encore aux grands besoins de santé et de la population. L’approche économique que nous avons suivie ici est une des dimensions à prendre en considération. Idéalement, elle devrait être complétée par d’autres dimensions importantes. Celle de perte de bien-être par exemple. Investissons-nous les moyens sur les pathologies qui touchent le plus le bien-être des patients, exprimés en DALY’s (perte d’années en bonne santé) ? On serait probablement surpris du résultat. Un autre axe qui se développe est celui des préférences sociétales : dans le secteur de la santé, faisons-nous vraiment les choix qui correspondent aux préférences des patients et de la population ? Tout ceci nous ramène au débat sur la vision des soins de santé. Où devons et voulons-nous être dans 10 ou 20 ans, quels sont les manques, à quels ajustements soumettre le système,...? Débattre pour savoir, demain, quel poids mettre sur l’hôpital, la première ligne, les médicaments, les traitements innovants ou encore sur la prévention. Et au-delà de ça, réfléchir à mieux se coordonner avec les autres politiques publiques ayant un impact sur la santé : éducation, environnement, contrôle de la chaîne alimentaire, emploi, logement, etc. Cette analyse souligne le manque de disponibilité des données de santé dans notre pays… Les mutualités ne disposent pas des données de diagnostics des pathologies. Nous avons été obligés d’”extrapoler” sur base des données de remboursement des médicaments parce que nous estimions que cet exercice était pertinent et important. Nos conclusions concordent d’ailleurs avec celles de la littérature internationale. Mais ces limites méthodologiques illustrent quand même le manque de disponibilité, dans notre pays, de données sur les pathologies. Dans le secteur ambulatoire, nous n’avons aucun enregistrement des pathologies. Nous avons les données dans le secteur hospitalier mais elles sont difficiles à exploiter parce qu’elles sont centralisées à la santé publique et compliquées à coupler avec les données INAMI ou avec l’échantillon permanent de l’agence inter-mutualiste. Nous manquons donc de données pertinentes pour pouvoir gérer au mieux les choix en soins de santé. propos recueillis par Stéphanie Brisson 14 Dossier Il faudrait développer de nouveaux trajets de soins Interview avec Alain De Wever, professeur émérite ULB – Ecole de Santé publique A la lumière de cette étude, comment mieux gérer les dépenses liées aux maladies chroniques, selon vous ? mentale doit être soignée grâce à des structures ambulatoires de psychiatrie chronique. L’hôpital doit être réservé aux cas aigus. Le développement d’alternatives ambulatoires vaut d’ailleurs pour toutes les maladies chroniques. Les patients souffrant de maladies chroniques sont ceux qui dépensent le plus et qui ont le plus de dépenses non couvertes par l’assurance obligatoire. Sur l’exemple des trajets de soins, je pense que les remboursements des soins de santé chroniques devraient être forfaitaires. Ce qui a été fait est une réussite, particulièrement pour l’insuffisance rénale. Il faudrait développer de nouveaux trajets de soins pour d’autres maladies chroniques, comme pour la BPCO ou les soins oncologiques. Le rôle du généraliste n’est pas uniquement de gérer des urgences ou des gardes. Mais aussi de suivre les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension grâce à des trajets de soins et en axant sa fonction encore plus vers la prévention. Pour agir sur les dépenses, il faudrait donc investir dans une nouvelle orientation du généraliste, plus préventive, plus orientée vers le soin aux malades chroniques. C’est lui aussi qui sera le plus à même de gérer les comorbidités, grâce au Dossier Médical Global. Un DMG qui va devenir électronique et qui doit être géré par le patient. C’est ça l’avenir. Quelle approche préconiseriez-vous pour les maladies chroniques les plus fréquentes telles l’hypertension et les troubles mentaux ? En matière d’hypertension, la première chose à faire est de développer la prévention secondaire. Un hypertendu bien soigné sera bien protégé. “Bien soigné” signifie qu’il prend ses médicaments et qu’il est bien suivi. C’est crucial parce que les conséquences de l’hypertension sont sournoises : infarctus, accident cardiovasculaire, perte d’autonomie avec un coût énorme pour la société. Ce rôle du généraliste est crucial. En ce qui concerne la santé mentale, la politique de dés-hospitalisation le fameux “article 107”, est tout à fait pertinente. La maladie Quel rôle pour le généraliste ? que prennent les patients en ambulatoire, qui prescrit et ce que l’on prescrit. Par contre, il nous manque les diagnostics ambulatoires. La solution réside dans le DMG électronique. Avec ces données en plus, on pourrait connaître parfaitement l’épidémiologie de ce pays, qui est vraiment approximative pour le moment. Couplées aux données sociales des mutualités, peu accessibles actuellement, cela pourrait même permettre de dessiner un plan de santé publique et d’élaborer des recommandations officielles, basées sur des données épidémiologiques indéniables et non uniquement sur des critères budgétaires. propos recueillis par Stéphanie Brisson Le rôle du généraliste c’est aussi de suivre les maladies chroniques comme le diabète. Un DMG qui, à long terme, pourrait aussi être un outil de suivi épidémiologique de la population ? Oui! Parce que même si aujourd’hui on vit dans un pays où il y a beaucoup de données, il reste des choses à débloquer. Le résumé clinique minimum est quelque chose de génial : on connaît tous les diagnostics hospitaliers et on sait ce qui a été tarifé. Aucun pays n’a ce type de données ! On a aussi les données Pharmanet : on sait exactement ce 15 Espace prestataires 30 millions d’euros C’est le subside que l’hôpital universitaire d’Anvers (UZA) a reçu de la Commission européenne afin de coordonner une vaste recherche internationale sur les lésions traumatiques cérébrales. 1.300.000.000 e C’est la somme des investissements réalisés par les hôpitaux belges publics et privés en 2012. Selon l’étude Maha de Belfius. Important : les affiliés flamands et bruxellois néerlandophones d’Euromut changent de mutualité! Information importante à noter : au 1er janvier 2014, les assurés de la Région flamande ainsi que les assurés néerlandophones de la région bruxelloise d’Euromut feront l’objet d’une mutation collective vers Partena Ziekenfonds. Des règles particulières ont été élaborées pour : • Les hôpitaux : les changements seront communiqués via Carenet. • Les infirmières : les informations peuvent être obtenues via MyCarenet. Les accords médicaux et notifications des patients concernés seront automatiquement repris par Partena Ziekenfonds. • Pharmaciens : la facturation étant basée sur les engagements de paiements, elle ne sera pas impactée. • Prestataires en facturation électronique: ils sont invités à consulter le portail www.4cp.be afin de d’identifier la mutualité d’appartenance de leurs patients. • La facturation du tiers-payant des médecins généralistes : pour les médecins qui pratiquent le tierspayant manuel, la correction se fera automatiquement par l’organisme assureur lorsque la vignette précisera un identifiant Euromut (509) au lieu de Partena Ziekenfonds (526). Pour les offices de tarification qui assurent le traitement du tiers-payant manuel pour les médecins, ils sont invités à consulter le portail www.4cp.be afin de déterminer la mutualité d’appartenance des patients concernés. Pour de plus amples informations, vous pouvez nous contacter au n° 02 778 95 55 ou via [email protected] Assistant en soins bucco-dentaires : un nouveau métier à venir ? Une bonne hygiène buccale est essentielle dans la prévention des inflammations de la bouche. De plus en plus, la prévention est nécessaire, que ce soit dans le cabinet du dentiste ou pour les patients institutionnalisés (personnes âgées et/ ou handicapées). Le dentiste pourrait être utilement aidé dans cette tâche par un assistant en soins bucco-dentaire. Celui-ci constitue aussi un soutien nécessaire des cabinets de groupe. Le Conseil de l’Art dentaire a remis un avis dans ce sens au SPF Santé publique. Cet avis détaille, entre autres, les tâches qui incomberaient à l’assistant en soins bucco-dentaire : contacts avec les patients, information en matière d’hygiène buccale, collecte de données de santé, prise d’empreintes, parmi d’autres. Un avis actuellement à l’étude. www.health.belgium.be 16 75% des médecins estiment que l’homéopathie n’a pas sa place dans les soins de santé officiels. Selon une étude du Journal du Médecin. Espace prestataires Nutrition et santé : 50.000 internautes belges recherchés ! Parler de ses habitudes alimentaires et de ses activités physiques afin d’aider au progrès de la recherche et de la prévention en nutrition et santé. Et ça à une échelle européenne. Telle est l’ambition de l’étude Nutrinet–Santé qui est à la recherche de 500.000 internautes francophones européens qui seront suivis pendant 5 ans. Cette étude publique non commerciale souhaite pouvoir mieux étudier les liens entre la nutrition et la santé pour faire face aux enjeux majeurs de santé publique que sont les cancers, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète, l’hypertension ou encore le vieillissement. Les coordinateurs belges de l’étude recherchent 50.000 Belges pour répondre à des questions sur l’alimentation (3 enregistrements alimentaires de 24h), l’activité physique, les poids et taille, l’état nutritionnel et sur les facteurs influençant les comportements alimentaires. Dans le cadre de leur suivi, les “Nutrinautes” recevront chaque mois un e-mail les informant de l’avancement de l’étude et les invitant à remplir d’éventuels questionnaires complémentaires (20 minutes maximum par mois pour remplir un questionnaire). Des données seront également collectées sur la santé des participants. En Belgique, le projet est soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles et coordonné par le Professeur Jean Neve (ULB Bruxelles) et le Professeur Véronique Maindiaux (Institut Paul Lambin, Bruxelles). Plus d’infos et inscription à l’étude sur www.etude-nutrinet-sante.be Voici les champions de la “littératie en santé” ! Ecole de la Sclérose en Plaques : mieux vivre avec la maladie Un cycle de 5 matinées d’informations sur la sclérose en plaques sera organisé dès janvier 2014 pour les personnes diagnostiquées depuis moins de 2 ans et leur entourage. L’objectif de ces sessions est de répondre aux interrogations sur la maladie et son évolution, sur les traitements, sur les conséquences sur la vie familiale et professionnelle. Les thèmes suivants seront donc abordés : les symptômes, la recherche sur la maladie, la qualité de vie, l’impact sur les divers aspects de la vie sociale et enfin, un focus sur le bien-être lors de la dernière matinée. La littératie en santé ou “Health Literacy” est un terme qui désigne la capacité d’une personne à chercher, comprendre et utiliser l’information santé. 35 projets visant l’amélioration de la littératie en santé ont été proposés lors de la première édition des Well Done Awards, lancée au printemps 2013. Ce sont 3 de ces projets qui ont été distingués par un jury composé de 12 partenaires de la santé dont les Mutualités Libres. • Le Centre d’expertise des soins de maternité Volle Maan (Bruxelles) a développé un kit de prévention qui tient compte des différences culturelles pour les femmes vulnérables (issues de l’immigration ou menacées d’exclusion). Le projet propose également d’accompagner les organisations qui s’adressent à ce groupe cible pour leur apprendre à travailler avec le kit d’éducation. • Le Centre de digestion Maria Middelares (Gand) a imaginé une application web spécialement conçue comme moyen de communication complémentaire afin d’améliorer la transmission d’informations entre le médecin et le patient hospitalisé. Pour rendre l’information médicale plus accessible, le centre a ajouté sur son site web des dossiers interactifs illustrés. Ceux-ci sont aussi disponibles au chevet du patient hospitalisé. • Le CHU St. Pierre (Bruxelles) a soutenu la création d’un journal trimestriel publié par les jeunes atteints de l’infection par le VIH suivis au service de pédiatrie du CHU Saint-Pierre. Ce projet vise à aider ces jeunes à comprendre leur maladie. Avec “L’Indétectable”, ils peuvent partager leurs difficultés et questions, ce qui préoccupe leur esprit et se sentir moins stigmatisés. www.welldoneawards.be www.ms-sep.be, rubrique “activités”. 17 Espace prestataires Le patient “nouveau” est-il le bienvenu ? Yvo Nuyens L Le paysage des soins de santé a fort changé ces dernières années. Les médecins sont aujourd’hui confrontés à des patients informés et assertifs, qui ne posent pas seulement des questions, mais exigent des réponses. Le monde médical reconnaît une amélioration des soins de santé lorsque les patients y sont activement impliqués. Mais le système des soins de santé belge est-il prêt à partager les commandes avec le patient ? e temps où le médecin généraliste délivrait son diagnostic dans un jargon médical incompréhensible au patient qui opinait de la tête et se taisait, est définitivement révolu. À l’heure actuelle, beaucoup de patients savent déjà plus ou moins ce qui ne va pas avant d’entrer dans le cabinet du médecin. Yvo Nuyens, ancien professeur en sociologie médicale et exdirecteur de programme de l’OMS, a suivi cette évolution de près. Quarante ans après un premier ouvrage sur la question, il présente un nouveau livre sur l’implication du patient, écrit en collaboration avec une vingtaine d’autres auteurs. “Les individus deviennent de plus en plus loquaces et critiques, 18 déclare Yvo Nuyens. Cela vaut aussi pour les soins de santé : les patients demandent à être écoutés et à recevoir de leur médecin une réponse adaptée. L’offre pure et simple de services de soins se transforme en soins organisés selon la demande, avec une attention accrue sur l’aspect participatif.” Participation à trois niveaux Les citoyens et patients peuvent participer aux soins à trois niveaux. Au niveau de la relation de soins individuelle (niveau micro), des hôpitaux et institutions de soins (niveau méso) et de la politique de soins fédérale et régionale (niveau macro). “En ce qui concerne le niveau micro, de nombreux progrès ont déjà été accomplis, affirme Yvo Nuyens. Depuis 2002, les droits du patient sont fixés : libre choix du prestataire de soins, droit à des informations claires, accès au dossier médical… La responsabilité accordée au patient est toujours plus grande. Être malade ou en bonne santé dépend aujourd’hui davantage de notre mode de vie (tabagisme, activité physique, alimentation…) que des bactéries et virus. Le médecin généraliste devrait donc davantage conseiller, mais la nomenclature ne le rembourse pour l’instant que pour des prestations techniques, et pas pour des prestations intellectuelles. Le ‘paiement à l’acte’ qui domine Espace prestataires les soins de santé belges est donc contreproductif pour les patients. Il suffit parfois que le médecin généraliste discute calmement avec son patient.” D’importants développements ont également récemment eu lieu au niveau meso. “Dans un avenir proche, les hôpitaux devraient impliquer les représentants des patients dans l’évaluation des traitements ou l’amélioration de leur politique générale, estime Nuyens. ICURO, la coupole flamande de 27 hôpitaux avec des partenaires publics, a déjà élaboré des recommandations quant à l’implication de la représentation des patients dans les hôpitaux. Les autorités flamandes sont d’autre part en train de développer des indicateurs de qualité pour les hôpitaux.” Côté francophone, la Ligue des usagers des services de santé (LUSS) a lancé, en collaboration avec les acteurs du secteur, une réflexion sur la participation des patients au sein des hôpitaux. Le bât blesse toutefois au niveau macro. À l’heure actuelle, la prise de décision en Belgique est un modèle impliquant plusieurs acteurs (représentants des prestataires de soins, mutualités,…) qui siègent au sein d’une commission de concertation. Ils sont censés défendre les intérêts des citoyens et patients, mais leur voix a-t-elle suffisamment de poids ? Trop souvent, nous entendons que des décisions dans le secteur des soins sont prises sans tenir compte de l’avis du citoyen, très certainement en matière de remboursements ou de priorités de santé. “A l’étranger, il y a quelques beaux exemples de participation du citoyen, explique Yvo Nuyens. J’ai déjà participé à un citizens’ panel à Manchester. L’administration locale y organisait, dans le cadre du ‘National Health Service’ anglais, une série de réunions publiques qui abordaient des thèmes comme les soins aux plus âgés et les listes d’attente. Tout le monde était le bienvenu et pouvait participer à la discussion et apporter sa contribution.” Préférences sociétales à l’étude Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) plaide également pour davantage d’implication des citoyens. Le centre estime que les décisions politiques en matière de soins de santé doivent refléter les valeurs sociétales. Impliquer directement les citoyens et les Trop souvent, des décisions dans le secteur des soins sont prises sans tenir compte de l’avis du citoyen. patients dans la prise de décision semblerait déjà être une manière d’atteindre cet objectif. Le KCE analyse toutefois actuellement d’autres modèles possibles de collaboration, explique Raf Mertens, directeur général du Centre d’expertise. “Nous collaborons de manière intensive avec l’université de Twente (Pays-Bas), qui dispose d’une grande expertise en matière de participation du citoyen. Les citizens’ panels sont très certainement des sources d’inspiration, même si pour le contexte belge, nous n’envisageons pas encore des réunions ou des débats. Nous analysons plutôt une possibilité d’approche via des enquêtes, qui permettraient d’évaluer les préoccupations des individus”. Début de cette année, le KCE a analysé la faisabilité et l’acceptabilité de la participation des citoyens et patients au niveau macro. Dans ce contexte, il a interrogé les acteurs du système de santé, y compris ceux qui ne participent pas encore à la prise de décision. Les avantages de la participation sont clairs : une meilleure compréhension et une plus grande prise de conscience publique des intéressés, ce qui peut déboucher sur une plus grande responsabilité individuelle et collective. “Selon notre enquête, les patients doivent de préférence être consultés pour les décisions relatives au remboursement de produits et services, tandis que les citoyens doivent de préférence l’être pour les décisions relatives à l’établissement des priorités budgétaires, explique Raf Mertens. Les deux peuvent donc jouer un rôle important, mais d’un point de vue différent : le patient en tant que représentant du terrain et le citoyen en tant que contribuable.” Peur du changement Le système de soins belge est-il prêt pour cette participation ? L’enquête du KCE révèle à ce propos qu’un quart des acteurs est fermement opposé à la participation directe du citoyen aux débats relatifs aux remboursements et priorités en matière de soins de santé. “Il n’est pas étonnant que les réactions ne soient pas toutes positives, explique Raf Mertens. La peur du changement et de l’inconnu joue clairement un rôle. Certains craignent que cette participation entraîne une démocratisation complète de l’offre de soins et qu’une culture de consommation des soins s’installe. Les réactions négatives sont surtout celles des personnes sans expérience dans le domaine. Les répondants expérimentés sont généralement favorables à la participation du patient/citoyen.” Hellen Smeets [email protected] 19 Espace prestataires Le généraliste, acteur-clé de la prévention Un des moyens d’agir sur les maladies chroniques et les coûts qu’elles engendrent est de miser plus sur la prévention. Qu’elle soit primaire ou secondaire, elle a toute sa place dans le cabinet du généraliste. Dépistages, promotion de la santé, hypertension, maladies cardio-vasculaires sont autant de domaines dans lesquels la contribution du médecin généraliste est cruciale. R égulièrement mise à jour, la définition européenne de la profession de généraliste de la WONCA* proclame la promotion de la santé et la prévention des maladies comme une des composantes du métier. Une position défendue et soutenue chez nous tant par la Société scientifique de Médecine générale (SSMG) que par Domus Medica. “La SSMG défend le rôle central du médecin de famille dans la prévention. Il est le professionnel de santé le plus proche, le plus accessible et le plus souvent rencontré par la population, explique Thierry Van der Schueren, médecin généraliste et secrétaire général de la SSMG. De plus, c’est lui qui détient le plus d’informations à propos des patients, un rôle centralisateur renforcé et reconnu par l’existence du dossier médical global (DMG)”. Diversité des missions de prévention Que ce soit en termes d’éducation à la santé ou d’accompagnement d’une maladie, le médecin généraliste peut intervenir dans de nombreuses actions de prévention. La liste est longue : “Soutenir et encourager un mode de vie sain en termes d’alimentation, d’exercice physique, de tabac ou d’alcool, veiller à la vaccination, contrôler les facteurs de risque cardiovasculaire, assurer le dépistage du cancer chez les patients à haut risque familial, proposer les dépistages du cancer validés à certains groupes cibles (sein, col de l’utérus et cancer colorectal), poursuit Thierry Van der Schueren, décourager le sur-dépistage comme la mammographie tous les ans, déconseiller les dépistages non validés (cancer prostate, cancer du poumon) ou encore éviter la surmédicalisation, source de stress et d’irradiations inutiles”. Des éléments qui ont clairement été remis entre les mains du médecin généraliste dans le cadre du DMG+, un dossier médical agrémenté d’un volet préventif pour les patients de 45 à 75 ans. Le DMG+ remporte un succès encore débutant, notamment en Wallonie où seuls 3% des patients sont suivis (pour comparaison : 4,3% en Flandre et 3,6% à Bruxelles). Au sein des sociétés de médecine générale, de gros moyens ont été mis en œuvre pour soutenir les généralistes dans la mise en place du DMG+. Des formations et de l’information online du côté francophone et un “gezondheidsgids” en Flandre, un kit qui permet au médecin de suivre un trajet de prévention complet avec son patient. Un rôle crucial mais difficile à tenir “Le médecin généraliste perçoit actuellement la prévention comme faisant partie de son rôle en étant un conseiller scientifique de proximité : il informe son patient de ce qui est utile pour sa santé, pour éviter la survenue de pathologies chroniques en lui suggérant des modifications de comportement “, explique Thierry Van der Schueren. Pour la profession, la mission de prévention est donc clairement intégrée même s’il n’est pas toujours facile d’y consacrer du temps. “Comme les contacts avec les patients sont motivés par des plaintes, les généralistes ne s’occupent de prévention que quand ils ne sont pas surchargés. Cette activité vient donc souvent au second plan, rapporte le représentant de la SSMG. Le manque de temps et le manque de demande explicite du patient sont en effet les deux freins les plus souvent cités par les généralistes pour expliquer leur faible activité préventive”. Peut-être est-il enfin temps d’assurer une meilleure convergence des démarches préventives entre les médecins qui doivent être plus impliqués, les patients plus demandeurs, les mutualités encore plus proactives en matière d’information et les autorités qui devraient mieux sensibiliser le public. *World Organization of National Colleges, Academics and Academic Associations of General Practitioners Stéphanie Brisson [email protected] 20 Espace prestataires Le Débat Dr Koen Verhofstadt, médecin généraliste à Gand Bien que les médecins généralistes ne soient pas toujours d’accord avec le comportement prescripteur des spécialistes, il est délicat pour eux de ne pas prolonger leurs prescriptions. Cette situation soulève des questions sur le rôle, la responsabilité et l’identité du premier prescripteur. Le Dr Koen Verhofstadt, médecin généraliste à Gand, et le Professeur Guy Van Camp, président de la Belgian Society of Cardiology, nous exposent leur vision sur le sujet. Prof. Guy Van Camp, président de la Belgian Society of Cardiology ”Pas de discussion sur la base de la hiérarchie !” “Conclure des accords dans le respect mutuel” “Rilatine, antidépresseurs,… Il est exaspérant de constater que les médias pointent souvent le médecin généraliste du doigt pour son comportement prescripteur. Qu’en est-il des pédiatres, internes, gériatres, psychiatres et neurologues ? La responsabilité d’une prescription relève en effet toujours du prescripteur, peu importe qu’il s’agisse d’un médecin généraliste ou d’un spécialiste. La première question essentielle est la relation entre le patient, le médecin généraliste et le spécialiste. C’est elle qui définit à qui incombe la responsabilité finale. Dans l’intérêt des personnes qui prennent beaucoup de médicaments prescrits par différents spécialistes, le généraliste doit souvent “assainir”. L’éventuelle différence d’opinion entre le médecin généraliste et le spécialiste doit être basée sur l’”Evidence Based Medicine” (EBM). L’influence et la hiérarchie jouent aussi un rôle important. Les médecins généralistes qui suivent toujours ce que le spécialiste dit, un interne qui suit les directives d’un hôpital,… En agissant de la sorte, ils ne font pas de l’EBM leur critère principal. Ce principe a pourtant permis l’émancipation du médecin généraliste et la réévaluation de son rôle. Si un spécialiste propose des médicaments avec lesquels le médecin généraliste n’est pas d’accord, il dispose des arguments EBM pour amorcer une discussion rationnelle. Celle-ci sert l’intérêt du patient avant tout. Je plaide donc pour une discussion adulte entre médecins, sur la base de la science et non sur la base de la hiérarchie et encore moins sur la base de l’industrie. Je recommande également un dialogue avec le patient qui choisit qui il souhaite “suivre”. En cas de divergence d’opinion, nous devons informer le patient des arguments du spécialiste et du médecin généraliste. Au bout du compte, la décision finale lui revient.” “La responsabilité de la prescription médicale relève uniquement du prescripteur. Nous ferions dès lors mieux de discuter de l’influence qu’un médecin prescripteur peut avoir sur le comportement et les attentes du patient vis-à-vis de la consommation future de médicaments. Il n’est en effet pas aisé pour un patient de comprendre qu’un médecin soit en faveur d’un certain médicament, alors qu’un autre le déconseille formellement. Tout comme la relation entre le patient et le médecin, la relation entre le spécialiste et le médecin généraliste est très importante. L’objectif final est simple : fournir des soins de qualité optimaux, en tenant compte des dernières preuves médicales disponibles. L’EBM fait toutefois encore défaut dans de nombreux domaines, la médecine est encore un “art” et pas une science exacte. Les avis entre médecins peuvent dès lors diverger et ce n’est pas honteux. Le médecin a la liberté individuelle d’expliquer son choix médical au patient et de le défendre. Et le patient a le droit de faire ses propres choix dans le cadre d’une relation de confiance entre patient et médecin. Ceci étant dit, il va de soi qu’il est préférable de conclure des accords entre spécialistes, hôpitaux et médecins généralistes pour gérer le comportement prescripteur de la manière la plus collégiale possible, sans porter atteinte à la liberté thérapeutique. Les spécialistes vont ainsi souvent plutôt donner des avis, formuler des propositions et rédiger une première prescription, alors que le médecin généraliste se chargera du suivi. Comme souvent, il n’existe toutefois pas de loi dans ce domaine et le respect mutuel est donc de mise !” Avertissement : les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leur signataire. 21 Espace prestataires Réduire d’un jour le séjour en maternité : une bonne idée passée la trappe ? Cette proposition avait fait couler beaucoup d’encre l’été dernier : réduire d’un jour le séjour remboursé en maternité après un accouchement. Alors que la population s’étonnait de constater que la Duchesse Kate Middleton quittait l’hôpital 24 heures après avoir accouché, le Dr Marc Moens, Vice-Président de l’Absym, avait saisi la balle au bond pour braquer les projecteurs sur la possibilité de faire des économies en réduisant le séjour en maternité. Cette proposition a été refusée par la cellule stratégique du cabinet Onkelinx. C ertes, l’objectif du Dr Moens n’était pas de compa- et au développement des soins à domicile. “Quand j’ai rer la situation de son Altesse royale la Duchesse commencé, la durée du séjour était de 8 à 10 jours, de Cambridge, de retour dans son palais entourée révèle le Dr Michel Masson. Aujourd’hui, on est à une des meilleures nurses, avec celle des futures mamans moyenne de 4,5 jours. Existe-t-il un niveau incombelges. Mais plutôt de mettre en lumière l’économie pressible ? Dans certains pays, on va encore plus importante que représenterait la diminution d’une seule loin. Aux USA, la journée d’entretien est tellement journée sur le séjour en maternité. En Belgique, après chère que les femmes accouchent, passent une nuit un accouchement normal (par voie basse), une jeune à l’hôpital et puis s’en vont “. mère séjourne en moyenne Et que dire des autres pays 4,5 jours en maternité*. Ce européens ? D’après les qui place notre pays en tête chiffres 2012 de l’OCDE, la du classement des séjours France suit notre pays avec Au Danemark, les jeunes mamans les plus longs sur les 12 pays une moyenne de 4,2 jours européens étudiés par l’OCDE. tandis qu’au Royaumeséjournent en moyenne 1,6 jour à Si l’on considère qu’environ Uni, ce chiffre n’est plus la maternité, en Suède 2,2 jours et 120.000 accouchements ont que de 1,5 jour ! Que ce en Espagne 2,5 jours. lieu sur une année pour un soit en hôpital public ou prix moyen de 275 euros par en clinique privée, toutes jour, une réduction d’une les femmes britanniques seule journée d’hospitalisasont logées à la même ention permettrait de réaliser une économie de 33 millions seigne. Au Danemark, les jeunes mamans séjournent d’euros par an. Un montant non négligeable en ces en moyenne 1,6 jour à la maternité, en Suède 2,2 jours temps difficiles, mais qui ne doit pas être considéré et en Espagne 2,5 jours. Aucune raison médicale ne comme pur bénéfice. “Un calcul coût-efficacité doit être peut justifier une telle différence de pays à pays dans réalisé, explique le Dr Michel Masson, gynécologue- la durée du séjour en maternité après un accoucheobstétricien et secrétaire général de l’ABSYM. Mettre ment normal. en place des équipes de soins à domicile a un coût, “Nous sommes favorables à une réduction d’un mais probablement moins élevé que l’hospitalisation”. jour du séjour en maternité, révèle le Dr Johan Van Wiemeersch, gynécologue obstétricien et président de l’Association professionnelle des obstétriciens et Tendance à la baisse gynécologues belges. Si on passe de 4,5 à 3,5 jours, Ces dernières années, avec l’évolution des techno- cela n’aura aucune conséquence négative sur la santé logies médicales, la tendance est pourtant à une des mamans. On élimine juste un jour d’hôtel. Bien diminution de la durée de l’hospitalisation en général entendu, les femmes qui ont subi une césarienne, un * Chiffres 2012 de l’OCDE 22 Espace prestataires accouchement compliqué, une grande épisiotomie, un travail de plus de 24 heures, etc. n’entrent pas en ligne de compte. On ne parle que des accouchements sans complications, qui représentent la grande majorité.” Et les hôpitaux ? 120.000 journées d’hospitalisation économisées, c’est aussi 120.000 journées d’hospitalisation en moins pour les hôpitaux. L’accouchement est en effet l’acte médical le plus fréquent en milieu hospitalier. Réduire le séjour en maternité impliquerait de revoir la politique de financement des hôpitaux. “Le financement des hôpitaux est en train d’évoluer vers un système de forfaitarisation, explique le Dr Van Wiemeersch. Si on applique ce système à l’accouchement, le coût ne serait plus lié au nombre de jours d’hospitalisation et cela permettrait de compenser la réduction d’une journée. Pour les gynécologues, il n’y aurait pas d’impact financier car les honoraires de l’accouchement comprennent les honoraires de surveillance pendant 5 jours”. L’été dernier, la tâche d’évaluer l’intérêt de diminuer le séjour en maternité avait été dévolue à un groupe de travail de l’INAMI, réunissant médecins et mutuelles. Peu de temps après, la proposition a été rejetée par la cellule stratégique du cabinet Onkelinx parce que ce projet ne visait qu’un service hospitalier en particulier et que l’investissement dans des soins spécifiques à domicile impliquait un coût supplémentaire pour lequel aucun financement n’existait… Affaire à suivre. Retour précoce En Belgique, plusieurs hôpitaux proposent déjà un système de suivi à domicile, mis en place par les équipes de sages-femmes, pour les jeunes mères qui souhaitent quitter la maternité de manière précoce. Ce ne sont encore que des initiatives locales. Certaines sagesfemmes indépendantes sont également spécialisées dans les soins et la surveillance à domicile juste après la naissance. La grande majorité des sages-femmes étant conventionnées, les soins à domicile sont entièrement remboursés, excepté le déplacement et éventuellement le matériel. “Cela représente une sérieuse économie pour la patiente, confie Christine Johansson, présidente de l’Union professionnelle des sages-femmes belges. Une journée d’hospitalisation sans les soins, c’està-dire rien que le fait d’être dans un lit et l’hôtellerie, revient déjà à environ 275 euros par jour. En termes de récupération de la maman et du bébé, du confort, de la réussite de l’allaitement, je pense qu’il est bénéfique d’être à la maison. Cela permet aussi d’avoir un suivi plus personnalisé plutôt que d’avoir plusieurs intervenantes”. A l’heure actuelle, le retour précoce à domicile (au jour 1) ou la diminution de son séjour à la maternité sont des alternatives qui existent déjà, mais qui sont peu connues des jeunes mamans. “Les gynécologues n’en parlent pas à leurs patientes et les hôpitaux sont méfiants, ils préfèrent se couvrir. Il y a vraiment un manque d’information auprès des structures hospitalières et médicales”, souligne Christine Johansson. Nathalie Renna [email protected] L’avis des Mutualités Libres Budget plus important pour les sages-femmes et respect des recommandations de bonne pratique Il est vrai que pour un accouchement normal, la durée du séjour pourrait être écourtée. Il vaut cependant mieux se concentrer sur la qualité des soins apportés à la mère et à l’enfant. Si le prix d’un accouchement normal pouvait être proposé en forfait, cela devrait se faire sur base des recommandations de bonne pratique. Bien entendu, un accouchement avec complications devrait toujours bénéficier de soins sur mesure. Une condition indispensable du retour précoce de la mère et de son enfant à la maison est aussi l’organisation optimale des soins postnataux par des sages-femmes. Ce qui nécessiterait un budget plus important pour cette profession. Actuellement, le budget prévu pour les soins effectués par les sages-femmes (pré- et post-nataux et accouchement) s’élève à seulement 0,066% du budget total des soins médicaux. Le KCE est occupé à travailler sur une analyse du modèle intégré des soins du post-partum dans un contexte belge comprenant une optimalisation des coûts et de la qualité des soins prodigués à la mère et à l’enfant. Attendons les résultats pour nous positionner. 23 Espace prestataires Maladies rares : accélérer l’accès aux traitements Tant au niveau européen que national, la mise sur le marché de médicaments est strictement réglementée. Quid des affections rares pour lesquelles il faut agir rapidement ? Pour ces “besoins médicaux non satisfaits”, une procédure accélérée est nécessaire pour permettre une plus grande sécurité légale aux prescripteurs et diminuer les délais de remboursement. Des exemples internationaux existent déjà. En Belgique aussi on se penche sur cette question. P our de nombreux patients atteints d’une maladie rare grave, les médicaments efficaces font défaut. Il est alors question d’un “besoin médical non satisfait” (unmet medical need). Depuis 2007, il existe dans notre pays un cadre juridique qui permet de délivrer un médicament avant son autorisation de vente et sa mise sur le marché pour une indication particulière. On parle alors d’”usage compas- 24 sionnel” ou de “programmes médicaux d’urgence”. Mais seul un petit nombre de patients peut faire appel à ces programmes. Plusieurs pays testent des procédures expérimentales afin d’offrir aux prescripteurs une meilleure sécurité juridique et de réduire les délais durant lesquels aucune forme de remboursement n’existe. Citons par exemple les “autorisations temporaires d’utilisation”, en France. Et en Belgique ? Une procédure accélérée est également en cours d’élaboration en Belgique. En septembre, ce point était à l’ordre du jour du Conseil des Ministres et la nouvelle réglementation verra sans doute le jour à la nouvelle année. Important : cette procédure est exclusivement destinée aux maladies graves qui menacent la vie et pour lesquelles il n’y a pas de Espace prestataires traitement alternatif, et ce pour des patients pour lesquels la procédure habituelle retarde l’accès au traitement pour de nouvelles indications. Les procédures et délais de remboursement habituels ne sont pas impactés. Le principal défi consistera à maintenir ce système gérable d’un point de vue administratif et économique et d’éviter qu’il n’entre en conflit avec les procédures régulières. Quelques éléments-clés Le développement technique de cette procédure accélérée passe par le Fonds spécial de solidarité (FSS). Ce fonds comporte une section “technologies innovantes”, mais les médicaments n’en font pas partie. Un article spécifique va changer les choses. Une Commission spécifique sera mise en place pour développer des propositions de cohorte, dont des critères d’in- clusion/exclusion, les montants des interventions, les exigences vis-à-vis du prescripteur/centre, les délais pour les demandes de mise sur le marché/remboursement, la tenue d’un registre,… En concertation avec le service Budget, il est possible aussi de proposer un contrat de maîtrise des coûts (“cost-containment”). Tant les sociétés pharmaceutiques que la Ministre de la Santé publique peuvent introduire des demandes d’inscription sur la liste des besoins médicaux non satisfaits. Ils ont jusqu’au 15 mai pour le faire et le Conseil général établira la liste définitive pour l’année suivante le 31 octobre. Pour ce faire, il tient compte des avis de la nouvelle Commission et du Collège des médecins-directeurs (CMD). L’impact économique et médical joue bien évidemment également un rôle. La décision finale relative aux dossiers présentés relève du Collège des médecins-directeurs (CMD). Les cohortes approuvées seront ensuite publiées sur le site de l’INAMI. Une fois le dossier accepté, tous les patients qui répondent aux critères ont droit aux mêmes modalités de remboursement. Si un patient ne remplit pas les critères, une demande individuelle auprès du Fonds spécial de solidarité est toujours possible. Un budget distinct de 3,5 millions d’euros est prévu pour le financement du projet, complété par un transfert (pas encore précisé) de moyens entre le FSS et le budget médicaments. Chris Van Hul, Expert à l’Union Nationale des Mutualités Libres L’avis des Mutualités Libres Le débat doit se poursuivre Cette procédure accélérée pour les besoins médicaux non satisfaits est une bonne chose, mais les Mutualités Libres émettent cependant quelques suggestions : 1. La formule reste une question d’offre et non de demande. C’est pourquoi il est nécessaire que la procédure impose un regroupement des demandes. Un planning peut ainsi être établi, les demandes peuvent être comparées entre elles, une liste de priorités peut être établie. 2. Une décision ne peut pas constituer une menace pour la solidarité en acceptant des interventions trop élevées. Bien qu’il n’existe pas de prix ou de montants maximum. Des choix devront être faits et le débat sociétal doit continuer. 3. L’apport financier de l’industrie pharmaceutique est limité. Certains médicaments qui sont délivrés gratuitement par les firmes seront dorénavant financés par l’INAMI. Un partage des risques serait donc plus approprié. Un cofinancement de l’INAMI et de l’industrie permet d’augmenter le budget disponible et ces moyens financiers peuvent être utilisés pour l’innovation réelle. 4. L’impact de cette procédure accélérée est difficile à estimer. Les lobbyistes et les sociétés vont-ils y percevoir un nouveau marché en soustraitance ? Selon quelles directives les sociétés vont-elles se référer à un scénario de “besoins médicaux non satisfaits” ? 5. Pour de nombreux médicaments et dans de nombreuses situations, le prix officiel ne correspond à ce que paye l’assurance maladie. Pour la procédure relative aux besoins médicaux non satisfaits, la base de remboursement sera également indépendante du “prix d’achat”. C’est sans conteste une bonne chose pour le caractère abordable de notre système de santé, mais les économistes de la santé repenseront avec nostalgie au temps où ils pouvaient calculer le coût pour l’INAMI en fonction du prix sur la boîte. 6. Pour la première fois, la possibilité d’un “enregistrement obligatoire de données” sera introduite au sein du Fonds spécial de solidarité. Ces données seront très utiles pour l’appréciation finale du dossier de remboursement régulier. 25 Etude Alzheimer : agir à la mesure du phénomène La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus répandue. Ce syndrome affecte la mémoire, le raisonnement, le comportement et la capacité à effectuer les actes de la vie quotidienne. Il y aurait en Belgique entre 100.000 et 130.000 patients atteints par la maladie d’Alzheimer. Les Mutualités Libres se sont penchées sur ces patients particuliers dans une étude longitudinale sur 7 années. C ette maladie chronique constitue un véritable problème de santé publique, tant en nombre de personnes touchées qu’en termes de coûts directs et indirects en soins de santé et autres. Les personnes âgées sont les premières concernées même si dans certains cas, la maladie peut se déclarer avant 65 ans. Sur la période 2006-2012, le service Etudes des Mutualité Libres a analysé les caractéristiques et les coûts pour l’INAMI des consommations en soins de santé de 14.855 affiliés traités par un médicament spécifique pour la maladie d’Alzheimer. Le remboursement de ce médicament a été utilisé comme un facteur de diagnostic (proxy) de la maladie d’Alzheimer. Les malades qui n’ont pas eu de traitement médicamenteux remboursé ne sont donc pas inclus dans l’analyse. L’évolution des nouveaux cas d’Alzheimer traités présente une caractéristique qui interpelle. Elle augmente de 2007 à 2010 puis baisse en 2011 et surtout en 2012. En l’absence de raisons épidémiologiques ou thérapeutiques, nous identifions deux causes probables : • En juin 2011 : modification des modalités de remboursement des médicaments spécifiques pour la maladie d’Alzheimer : le remboursement pour un Alzheimer sévère a été supprimé. • En 2012 : contrôle renforcé du chapitre IV dans le cadre des mesures d’économies imposées par le gouvernement. La population a aussi été analysée en fonction de l’institutionnalisation et de la poursuite du traitement pour voir s’il y avait des différences entre la prise en charge à domicile et en institution (tableau 2). Tableau 1 Caractéristiques “épidémiologiques” générales Individus Alzheimer décédés dans l’année Baseline population Cas incidents Prévalents en vie en fin d’année Prévalence patients traités par 100.000 affiliés Incidence patients traités par 100.000 affiliés 2006 340 4520* 4180 214,4 2007 643 1790 5327 270,4 90,9 2008 904 1766 6189 314,2 89,6 2009 990 1806 7005 355,6 91,7 2010 1165 1819 7659 388,8 92,3 2011 1233 1727 8153 413,9 87,7 2012 1397 1427 8183 415,4 72,4 * L’année 2006 constitue la “photo” initiale de la population étudiée. Les cas prévalents et incidents ne peuvent pas être dissociés. 26 Etude Tableau 2 Répartition des individus selon l’institutionnalisation et le traitement (TTT). Alzheimer institutionnalisé vivant Arrêt TTT ds l’année en traitement 2006 310 1137 2007 2008 2009 2010 2011 2012 385 460 493 496 626 1179 1405 1633 1814 1965 1948 1241 2007 2008 2009 2010 2011 2012 19% 18% 16% 15% 17% 31% 69% 64% 61% 58% 53% 33% Alzheimer non institutionnalisé vivant n’est plus en traitement En 2007, 87,3% des patients étaient traités à domicile et 68,9% dans une institution (MRS/MRPA). En 2010 (l’année précédant les modifications législatives et de contrôle), ces pourcentages étaient respectivement de 78,3% et 58,2%. En 2012, le taux de traitement n’était plus que de 57,8% à domicile et 33,1% en institution. Plus globalement, fin 2012, sur les 8.183 patients en vie, 3.805 sont en traitement (46,5%) alors qu’en 2010, ils étaient 5.317 sur 7.658 (69,4%) (graphique 1). La baisse du nombre de patients traités est la conséquence de la diminution du nombre de patients nouvellement traités et de l’augmentation des arrêts de traitement en 2012. Par ailleurs, nous avons remarqué que l’âge moyen des individus incidents a tendance à augmenter (+1 an à domicile et +2 ans en institution). Arrêt TTT ds l’année en traitement n’est plus en traitement 226 2507 249 454 689 915 1118 1327 281 311 342 396 452 1021 2872 3056 3262 3352 3338 2564 135 275 404 534 670 851 12% 18% 23% 27% 30% 35% 9% 9% 9% 9% 10% 23% 87% 84% 81% 78% 75% 58% 4% 8% 10% 12% 15% 19% Cette constatation paraît surprenante car les experts de la pathologie préconisent un diagnostic précoce de la maladie1. Il n’existe actuellement pas de traitement curatif de la maladie d’Alzheimer. Les médicaments2 disponibles ont uniquement un effet symptomatique et peuvent permettre de préserver plus longtemps l’autonomie des patients et d’alléger la charge de l’entourage . La compliance au traitement Pour analyser la consommation des médicaments, nous avons utilisé le DDD (Defined Daily Dose ou dose quotidienne recommandée établi par l’OMS pour un individu de 70 kg dans l’indication primaire du médicament). Graphique 1 Pourcentage des individus en traitement ou non selon leur statut 2007 2010 2008 2011 2009 2012 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% rrêt TTT ds l’année A en traitement n’est plus en traitement Arrêt TTT ds l’année en traitement n’est plus en traitement Patient Alzheimer institutionnalisé vivant Patient Alzheimer non institutionnalisé vivant 1 M. Prince, R. Bryce and C. Ferri, Alzheimer’s Disease International, World Alzheimer Report 2011, The benefits of early diagnosis and intervention. www.alz.co.uk/worldreport2011 2 Donepezil, Rivastigmine, galantamine et memantine 27 Etude Tableau 3 Consommation annuelle et coût annuel des médicaments Alzheimer DDDs par individu/an Patient Alzheimer à domicile Patient Alzheimer institutionnalisé 277 335 342 334 336 348 366 275 335 342 344 336 350 375 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Le tableau 3 détaille le nombre de DDDs (potentiellement) pris par un individu sur base des conditionnements remboursés. La compliance des patients Alzheimer à leur traitement est excellente (> 90%). En effet, la consommation moyenne par individu est proche de 365 jours par an. Les patients semblent traités de manière adéquate ce qui peut s’expliquer par le fait que ces médicaments spécifiques ne doivent être prescrits que lorsque la prise effective de ceux-ci est vérifiée par l’entourage3. Que coûte à l’INAMI un patient atteint de la maladie d’Alzheimer ? Les dépenses pour les médicaments contre l’Alzheimer montrent que le coût du traitement annuel se stabilise en 2012 aux alentours de 700 euros en moyenne. L’arrivée des génériques et des grands conditionnements a permis de réduire le coût du traitement (tableau 3). D’autre part, nous avons collecté l’information sur le remboursement de toutes les prestations en soins de santé des affiliés des Mutualités Libres traités pour la maladie d’Alzheimer. Le graphique 2 reprend, pour les deux groupes de notre analyse (patients à domicile et patients institutionnalisés) : • les dépenses moyennes de soins de santé pour l’ensemble des prestations remboursables (médecins, hospitalisations, examens techniques, forfait maison de repos, infirmières à domicile,…) (en rouge) • les dépenses moyennes pour l’ensemble des médicaments (en vert) • la dépense moyenne pour les médicaments spéci- fiques pour la maladie d’Alzheimer (en mauve) • la ligne bleue représente le nombre de patients pour chaque année. Un patient Alzheimer qui est en institution induit une dépense moyenne INAMI trois fois plus élevée qu’un patient Alzheimer qui vit à domicile. Cette constatation est valable pour chaque année étudiée. La différence d’âge (4-5 ans) constatée entre les patients à domicile et en institution pourrait expliquer une partie de la différence de coûts. En 2012, la dépense INAMI moyenne globale par patient est de 18.000 euros par an en institution et 6.000 euros à domicile. Entre 2006 et 2012, ce coût a augmenté de 4.500 euros par personne en in stitution, contre 1.500 euros à domicile. Malgré ce constat favorable à la prise en charge à domicile, la proportion des patients Alzheimer séjournant en in stitution a continué à croître, passant de 41% en 2006 à 50% en 2012, soit une augmentation de 9%. Cette constatation contraste avec les données collectées par la Fondation Roi Baudouin qui estiment à 30% les patient en institution. Ceci peut s’expliquer par le mode de sélection de la population de notre étude. Nous observons également que les dépenses totales en soins de santé des patients à domicile se stabilisent au cours du temps alors qu’en institution, ces dépenses augmentent chaque année. Le principal inducteur des coûts en institution s’avère être le forfait attribué aux MRS/MRPA. Tous les autres coûts (consultations, hospitalisations, examens techniques,..) augmentent mais dans une moindre mesure et sont comparables à domicile et en institution. De manière générale, les coûts de soins de santé totaux à charge de l’INAMI des patients Alzheimer vivant à domicile sont plus faibles chez les patients traités par médicament que chez ceux qui ont arrêté 3 Cf. Notice et RCP (Résumé et caractéristiques du produit) sur www.afmps.be 28 Dépenses moyennes pour les médicaments pour Alzheimer 689.53€ 824.92€ 836.79€ 823.23€ 799.18€ 805.85€ 675.95€ 712.82€ 841.29€ 855.65€ 847.57€ 805.34€ 822.76€ 723.99€ Etude Graphique 2 Les dépenses moyennes INAMI des patients traités pour la maladie d’Alzheimer Montant total en soins de santé Dépenses médicaments Dépenses médicaments Alzheimer N 20000 18000 16000 14000 12000 5000 4500 4000 3500 3000 10000 8000 2500 2000 6000 4000 1500 1000 2000 0 500 0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2013 Arrêt TTT ds l’année 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2013 en traitement Patient Alzheimer non institutionnalisé (= à domicile) le traitement (différence de 20% en 2012). Plusieurs hypothèses pourraient expliquer cette constatation : • soit les médicaments ont un effet; • soit on ne traite que les stades plus légers (les coûts augmentent avec la sévérité de la maladie); • soit le traitement est arrêté en raison d’autres problèmes médicaux ou d’une aggravation de la maladie d’Alzheimer, ce qui expliquerait les coûts médicaux plus élevés des patients qui arrêtent dans l’année. 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2013 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2013 Arrêt TTT ds l’année en traitement Patient Alzheimer institutionnalisé vivant Les dépenses moyennes pour l’ensemble des médicaments remboursables sont stables dans le temps et comparables d’un groupe par rapport à l’autre. Il n’y a pas de différence notable entre les patients traités à domicile et ceux traités en institution. Rudy Van Tielen Dr. Ingrid Umbach Service Etudes des Mutualités Libres L’avis des Mutualités Libres Favoriser le maintien à domicile et soutenir les aidants L’étude montre que les dépenses INAMI des patients Alzheimer vivant à domicile sont 3 fois moindres que celles des patients Alzheimer séjournant en institution. Il semble logique de favoriser le maintien à domicile lorsque cela est possible. Pour cela, il est important d’assurer un support optimal aux aidants proches afin de soulager la charge, dans tous les sens du terme, imposée par la maladie d’Alzheimer. Il convient donc de stimuler la volonté politique, nationale ou régionale, pour prendre le problème à bras le corps. A court terme, les mesures prises en 2011 et 2012 (limitation du remboursement du médicament et contrôle renforcé du chapitre IV) ont permis de dégager des montants appréciables que nous avons estimés à 5 millions d’euros. Les Mutualités Libres recommandent aussi de : • développer et financer des initiatives au profit des aidants proches notamment en ce qui concerne le répit et la psychoéducation qui peuvent aider au maintien au domicile; • favoriser le diagnostic précoce de la maladie et sensibiliser la première ligne à cette problématique; • créer un encadrement spécialisé et multidisciplinaire (psycho-médico-social) pour le malade et les aidants proches dès l’annonce du diagnostic; • développer des institutions financièrement abordables et spécifiquement adaptées pour la prise en charge optimale des malades Alzheimer; • mettre en place un registre épidémiologique national ou, à défaut, régional des patients afin de prévoir et d’ajuster l’offre de soins spécifiques ; • affecter exclusivement au bénéfice de la prise en charge de la maladie d’Alzheimer l’économie réalisée par les mesures relatives au remboursement des médicaments. 29 Europe L’Europe est-elle prête ? La directive européenne sur les soins transfrontaliers devait être transposée dans les réglementations des Etats membres pour la fin octobre 2013. Cette réglementation instaure des règles pour les individus qui souhaitent se faire soigner dans un autre Etat membre. Des experts européens se sont réunis à Bruxelles pour faire le point sur ce dossier. A la mi-septembre 2013, les Mutualités Libres et l’Association Internationale de la Mutualité (AIM) ont organisé un atelier international sur la conversion de la directive européenne relative aux soins de santé transfrontaliers. Lors de cette journée, 63 participants de 13 Etats membres européens, dont des représentants de la Commission européenne et de l’INAMI, ont partagé leurs expériences sur la question (voir article Health Forum septembre 2013) . Importantes différences L’objectif de la directive n’est pas seulement d’éclaircir les règles pour les patients qui souhaitent se faire soigner dans un autre Etat membre, mais également d’encourager une meilleure collaboration entre les Etats concernés. Sa transposition dans les réglementations nationales n’est pas évidente. L’approche respective des Etats membres est très différente. La Tchéquie est par exemple, l’un des seuls Etats membres à avoir décidé de ne pas introduire de procédure d’accord préalable de la mutualité, alors que la Belgique l’a fait. Selon l’INAMI, le principal défi est d’accorder les différents textes de loi réglant les soins transfrontaliers (réglementation 30 européenne, directive européenne, législation belge). Les discussions relatives aux instructions destinées aux mutualités belges pour les remboursements et les accords préalables ont débouché sur des modifications de loi et une circulaire de plus de 70 pages. De son côté, la Croatie a encore beaucoup de pain sur la planche. Pour les Croates, l’obligation de rembourser les soins médicaux dans les hôpitaux privés est une véritable révolution, puisque, auparavant, ils ne remboursaient que les soins chez des prestataires publics. Défis Lors de l’atelier, tous les participants s’accordaient à dire que l’un des principaux défis était de bien informer les citoyens. Il est en effet risqué d’annoncer une ouverture totale des frontières pour le patient européen. Les autorités (via les points de contact nationaux), mais également les mutualités, devront bien expliquer aux assurés que certains risques existent. La Commission européenne a fait savoir qu’elle était consciente des nombreux défis que la directive comporte pour les États membres. Elle a également annoncé qu’elle contrôlerait les États sur la base du Traité de Lisbonne et qu’elle entamerait des procédures de mise en demeure à l’égard de ceux qui n’auraient pas terminé la transposition de la directive. Encore du travail La création des réseaux de référence européens fut une mission difficile. Les conditions imposées par la Commission européenne pour les hôpitaux participants étaient en effet lourdes et exigeantes sur le plan administratif. Les experts se sont demandé si, dans ces conditions, les hôpitaux souhaiteraient encore participer à ce type de réseau de référence. En raison de la variété des prescriptions, leur reconnaissance mutuelle représente un réel défi et les procédures d’information des pharmaciens et prescripteurs par rapport à ces changements ne sont pas très claires. La création d’un réseau européen pour le Health Technology Assessment (HTA) est également l’occasion pour les mutualités de s’impliquer davantage. En un mot, il reste beaucoup à faire et la principale inconnue est de savoir comment la Commission européenne va évaluer les États membres dans les prochains mois. Christian Horemans Expert Affaires internationales Mutualités Libres L’actu des Mutualités Libres Une semaine 100% ressourcement Après un cancer, les conséquences de la maladie et du traitement ne disparaissent pas tout de suite. Les chamboulements de la vie quotidienne et relationnelle subsistent encore et les personnes convalescentes ont besoin d’être bien encadrées et accompagnées pour retrouver une certaine qualité de vie. C’est dans cet esprit que les Mutualités Libres ont imaginé les semaines santé. Celles-ci se déroulent dans le cadre maritime et rafraichissant de Dunepanne, résidence de soins à De Haan. Au programme : 5 jours d’ateliers de groupe et de moments individuels de bien-être et 2 jours de repos dans le centre. Ces semaines sont organisées en collaboration avec l’association “Au sein des Femmes Belgique” pour des personnes ayant terminé leur traitement depuis au moins 1 mois. En 2014, elles auront lieu du 17 au 24 mars et du 10 au 17 novembre. Plus d’infos via [email protected] Un jeu coloré sur l’alimentation Dustin Tieser est une super star. Oui, mais une superstar qui a de mauvaises habitudes : il ne mange jamais à heures fixes, il grignote beaucoup entre les repas et va régulièrement à la friterie tard le soir après ses concerts. Ces derniers temps, la superstar n’a pas beaucoup d’énergie, elle a un peu grossi et peut à peine suivre ses danseurs sur le podium. Son cuisinier personnel, Chef Marcel, va avoir besoin d’aide pour composer des repas sains afin de redonner du tonus à Dustin Teaser. Voilà en quelques mots planté le décor du jeu “Vis ta mine”. Répartis en 5 équipes, les élèves de la classe joueront les aides-cuistots pour composer au jeune chanteur un menu équilibré, bon et sain, selon les principes de la pyramide alimentaire. Le jeu est destiné aux enfants de 8 à 12 ans. Enseignants, éducateurs ou animateurs peuvent se le procurer gratuitement auprès du service promotion santé des Mutualités Libres au 02 778 92 11 ou via [email protected]. Une journée pour mettre le cancer entre parenthèses 3 ateliers pour se ressourcer, se découvrir et se nourrir. Le tout dans un centre wellness de qualité. C’est le programme de la Parenthèse Zen, un concept imaginé par les Mutualités Libres à destination des personnes atteintes d’un cancer encore en traitement ou en rémission. Les ateliers ont lieu en une journée dans un centre de bien-être de Liège (le 28 mars 2014), Limelette (le 25 avril) ou Tournai (le 20 juin) et seront animés par des thérapeutes de l’association Au sein des Femmes Belgique. Pour tout renseignement et inscriptions : [email protected] Des outils pour aborder la santé mentale des adolescents • La brochure “Ado en crise ou en détresse ? Soyons à l’écoute !” s’adresse aux parents ou à l’entourage d’adolescents et propose un aperçu des enjeux qui se jouent durant cette période cruciale de la vie ainsi qu’une liste de signaux d’alarme à prendre en considération, les troubles les plus fréquents et quelques conseils pour réagir de manière adéquate. Cette brochure a également pour but de servir de “relais” entre les parents ou l’entourage et les spécialistes, les institutions, les associations, etc. en fournissant une liste très fournie d’adresses utiles. Brochure à commander ou télécharger sur www.mloz.be • La prise en charge de la dépression chez l’adolescent n’est pas optimale dans notre pays. C’est ce qui ressort d’une étude sur la consommation d’antidépresseurs par les adolescents, réalisée par les Mutualités Libres. On y apprend entre autre que seul 1 jeune sous antidépresseurs sur 10 est également suivi par un psychothérapeute. Or, d’après les recommandations, la prise en charge de la dépression chez les 12-18 ans devrait d’abord reposer sur la psychothérapie, en association avec un antidépresseur dans les cas de dépression sévère. Etude à télécharger sur www.mloz.be”. Par Stéphanie Brisson - [email protected] 31 Event Symposium des Mutualités Libres Féminisation de la médecine : quelle plus-value pour les patients ? Après un premier symposium à succès en 2012, les Mutualités Libres ont, cette année, orienté la réflexion sur l’influence du genre sur la relation patient-médecin. Quatre orateurs sont venus présenter leur point de vue sur le sujet. Résumé des interventions et photos d’ambiance de l’événement. Le sexe du médecin : pour les patients, ça compte ! En guise d’ouverture au symposium, Xavier Brenez, directeur général de l’Union Nationale des Mutualités Libres, a exposé les principaux résultats d’une enquête réalisée par les Mutualités Libres sur les « Perceptions de la féminisation par le grand public belge ». Il ressort en effet de cette enquête que 30% des Belges affichent clairement une préférence soit pour un médecin homme, soit pour un médecin femme. Xavier Brenez est également revenu sur les avantages cités par les sondés : 57% estiment que la féminisation de la médecine permet une plus grande égalité hommes-femmes, 23% attribuent aux femmes médecins un meilleur contact avec les enfants et 19% pensent qu’elles confèrent un côté plus humain à la médecine. Un petit coucou de Genève Elle n’a malheureusement pas pu faire le déplacement, mais voulait quand même être parmi nous. Marleen Temmerman, directeur à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), s’est donc adressée à la salle via un message vidéo. “Les femmes ont déjà parcouru un long chemin dans la médecine. Lorsque je faisais mes études, seuls 10 % des étudiants en médecine étaient des femmes, actuellement, il s’agit déjà de 74 %”, précise Mme Temmerman. “On s’organise maintenant autrement et cela 32 ne vaut pas uniquement pour les femmes. Les médecins masculins ont également envie d’avoir autre chose dans leur vie que leur boulot“. D’après le docteur Temmerman, c’est une bonne chose, tant pour l’être humain, pour la famille que pour la société. Les questions de genre en médecine Gaëtan Cousin, Docteur en psychologie à l’Université d’Oxford (Grande-Bretagne), a poursuivi le débat par une question : “Pourquoi se préoccuper des questions de genre en médecine ? “ Dans ses recherches, le Dr Cousin s’est intéressé aux effets liés au genre du médecin, au genre du patient et aux interactions entre les deux. Son exposé a révélé que les médecins femmes transmettent davantage d’informations d’ordre psychosocial à leurs patients, mais également que les patients hommes sont traités de manière moins empathique quel que soit le genre du médecin. D’après Gaëtan Cousin, “il est nécessaire d’être conscient que les stéréotypes et attentes liés au genre jouent, encore aujourd’hui, un rôle dans la relation médecins-patients afin de continuer à faire évoluer la société”. Point de vue des patients L’opinion des patients était également au centre des préoccupations lors de ce symposium. Pour en débattre, Micky Fierens, Directrice de la Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS), a évoqué les critères qui dictent généralement le choix des patients. Elle a insisté sur l’importance pour les patients d’être accompagnés dans leur parcours de santé et pas seulement pris en charge lorsque la maladie frappe. Des valeurs qui n’ont rien à voir avec le genre La dernière oratrice était Birgitte Schoenmakers, professeur à la faculté de médecine générale de la KULeuven. Elle a quelque peu relativisé la thèse que les valeurs de la médecine seraient sujettes à des changements, liés au sexe des médecins. “L’empathie et l’écoute sont des valeurs que j’essaie de transmettre à tous mes étudiants. Ce sont des sensibilités que l’on attend de tous les médecins généralistes en passe de terminer leurs études, qu’ils soient masculins ou féminins“. Elle constate toutefois qu’il y a un glissement au niveau de notre société : d’un modèle ‘cure’ (guérison), nous évoluons vers un modèle ‘care’ (soins) dans la médecine : “l’accent est mis beaucoup plus sur les soins, mais cette préoccupation ne vient pas uniquement des médecins féminins. Cette dernière présomption est liée au fait que les femmes sont plus souvent considérées comme des “êtres soignants”, conclut Birgitte Schoenmakers. Nathalie Renna Hellen Smeets Event Marleen Temmerman, directeur à l’OMS a laissé un message vidéo depuis Genève. Xavier Brenez, directeur général de l’Union Nationale des Mutualités Libres Gaëtan Cousin, Docteur en psychologie à l’Université d’Oxford Les orateurs Professeur Birgitte Schoenmakers Hanne Decoutere, animatrice du débat Nicolas de Pape, rédacteur en chef du Journal du médecin Micky Fierens, Directrice de la LUSS Francis Bries, @dvice Le public Photos : Reporters 33 Kiosque Livres Burn-out ? L e burn-out, syndrome d’épuisement professionnel, affecte l’ensemble des catégories sociales : le dirigeant à haut niveau de responsabilités mais aussi les soignants, les commerçants, les mères de famille… Dépisté trop tardivement, ce syndrome peut déboucher sur une dépression sévère, souvent accompagnée de répercussions physiques sérieuses. Mais, pour celui qui a la capacité de s’arrêter et d’analyser ce qu’il a vécu et ce qu’il est en train de vivre, la prise de conscience de son épuisement professionnel se révèle une chance de modifier sa trajectoire de vie avant qu’il ne soit trop tard. Cet ouvrage dresse un panorama exhaustif et détaillé de la prise charge du burn-out. Il propose un traitement en dix phases pour avancer à son rythme. Ce guide pratique prodigue de nombreux conseils aux personnes affectées de près ou de loin par ce syndrome mais il intéressera également les thérapeutes, les psychologues ou encore les responsables des ressources humaines. “Comment traiter le burn-out ?” par Michel Delbrouck aux Editions De Boeck. T’es malade et tu travailles ? D u fait de la crise économique, un phénomène méconnu est en pleine croissance : le “surprésentéisme”, c’est-à-dire le fait de travailler malgré un état de santé qui nécessite un arrêt maladie. Ce livre constitue la première enquête menée en France sur le sujet. Il révèle qu’un peu plus de la moitié des Français sont venus travailler au moins une fois dans l’année tout en étant malades. Le surprésentéisme compterait ainsi une moyenne de 10 jours par personne et par an. La montée du surprésentéisme en dit long sur l’évolution du monde du travail. À travers de nombreux témoignages, l’auteur expose les causes de ce phénomène et dresse une typologie des surprésentéistes. Il souligne également les dangers que ce type de comportement représente pour soi mais aussi pour ses collègues. Ce livre s’adresse, entre autres, aux entreprises et aux pouvoirs publics afin de les sensibiliser à ce nouvel enjeu de santé publique. “Le surprésentéisme - Travailler malgré la maladie” par Denis Monneuse aux Editions De Boeck. Etude Faut-il vacciner les enfants contre la grippe? L e Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a évalué différentes stratégies de vaccination antigrippale afin de déterminer celles qui génèreraient les plus grands bénéfices en termes de santé par euro dépensé. Des chercheurs de l’Université d’Anvers et de l’Université de Hasselt ont modélisé plus de 5600 scénarios potentiels de vaccination. La vaccination universelle des enfants contre la grippe pourrait présenter un rapport coût-efficacité comparable à celle d’autres vaccins récemment introduits dans le calendrier vaccinal des enfants, pour autant que le coût de la vaccination puisse être réduit d’au moins 25%. Une telle diminution de coût pourrait être obtenue en administrant le vaccin par les services de santé scolaire ou par l’ONE, et en réduisant le prix des vaccins. Une augmentation de la vaccination des adultes de plus de 50 ans réduirait de manière significative le nombre d’hospitalisations et de décès liés à la grippe, mais entraînerait un coût élevé compte tenu du nombre de personnes concernées. Le rapport “KCE Reports 204 BS” est disponible sur le site du KCE : https://kce.fgov.be par Pascale Janssens - [email protected] 34 Health Forum * Le magazine des professionnels de la santé Vous voulez être au courant des derniers débats qui agitent le monde des soins de santé ? Vous êtes friand de dossiers thématiques, d’études, de sujets inédits liés au monde des professionnels de soins ? www.mloz.be Abonnez-vous gratuitement ou abonnez vos collègues ! Rendez-vous sur www.mloz.be/abonnement *Health Forum est une publication de l’Union Nationale des Mutualités Libres Améliorez votre équilibre vie privée et professionnelle tout en gardant le contact avec les patients ! Devenez Médecin-conseil aux Mutualités Libres Votre profil Votre fonction • Vous êtes médecin. • Vous avez le contact facile et les problèmes médicaux et sociaux des patients vous intéressent. • Vous possédez les compétences de management nécessaires pour pouvoir collaborer facilement avec le personnel administratif et paramédical. • Vous disposez d’une certaine expérience clinique. • Une formation en médecine d’assurance ou une autre spécialisation complémentaire est considérée comme un atout. Le contact avec les patients est essentiel en tant que Médecin-conseil. Votre fonction impliquera entre autres : • L’évaluation de l’incapacité de travail : analyser les possibilités de réinsertion professionnelle, en concertation avec les partenaires concernés comme les médecins généralistes, les médecins du travail, ACTRIS, le Forem, le VDAB… ; • L’information et le conseil aux patients par rapport à la législation sociale, aux remboursements médicaux et aux problèmes d’assurance ; • Le traitement des demandes de soins de santé. Notre offre • Nous vous offrons un statut d’employé à temps plein, assorti d’un package salarial attrayant (un temps partiel peut être pris en considération) • Vous évoluez dans un cadre de travail étendu et agréable à la culture d’entreprise dynamique. Le respect de l’équilibre entre le travail et la vie privée est primordial. Le télétravail est possible. • Vous travaillez au sein d’une équipe motivée, permettant un épanouissement personnel. Intéressé(e) ? Envoyez votre candidature à : Union Nationale des Mutualités Libres Recruitment Rue Saint-Hubert 19 -1150 Bruxelles [email protected] www.mloz.be vacature.indd 2 15/11/13 14:36