D ossier
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doc01 - couverture 20/03/02 16:52 Page 1 D o s s i e r d u C N H I M Revue d’évaluation sur le médicament Publication bimestrielle 2002, XXIII, 2 2002,XXIII,2 Évaluation thérapeutique Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants Évaluation clinique Évaluation pharmaco-économique C NHI M Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament ISSN 0223.5242 doc02 - sommaire 20/03/02 17:16 Page 1 Sommaire C NHI M Dossier du CNHIM 2002 Tome XXIII, 2 Tous les articles publiés dans DOSSIER sont le fruit d'un travail collectif, sur le fond et sur la forme, entre les Rédacteurs-Signataires, le Comité de Rédaction, et la Rédaction du CNHIM d'une part, le Comité de lecture et certains experts, spécialistes du sujet traité, d'autre part. Sur chaque sujet, DOSSIER du CNHIM ne publie donc pas les opinions de tel ou tel, mais réalise une analyse scientifique critique, la plus objective possible. Directeur de la Publication : J.F. Latour Rédaction Rédacteur en chef : M.C. Husson Secrétaire de rédaction : C. Fréville Comité de rédaction : D. Dardelle (Suresnes), J.E. Fontan (Paris), I. Jolivet, (Paris), V. Lecante (Paris), S. Limat (Besançon), B. Sarrut (Paris). Comité de lecture : C. Advenier (Versailles), P. Assayag (Paris), A. Baumelou (Paris), P. Beaufils (Paris), C. Buffet (Bicêtre), D. Brossard (Saint-Germain en Laye), D. Cabrol (Paris), A. Certain (Paris), A. Escousse (Dijon), J.M. Extra (Paris), P. Faure (Paris), M. Feuilhade de Chauvin (Paris), P. Gayral (Paris), P.M. Girard (Paris), J.C. Koffel (Strasbourg), P. Maire (Lyon), C. Montagnier (Paris), M. Ollagnier (St Etienne), B. Quinet (Paris), M. Samama (Bobigny), X. Sauvageon (Paris), E. Singlas (Paris), G. Vedel (Paris), J.M. Vetel (Le Mans), T. Vial (Lyon). Rythme de parution: 6 numéros par an N° ISSN 0223.5242. N° de commission paritaire : 71987 IMPRESSION : b.combrun 14, rue Christine de Pisan 75017 Paris France CENTRE NATIONAL HOSPITALIER D'INFORMATION SUR LE MÉDICAMENT (CNHIM) Hôpital de Bicêtre - 78, rue du Général Leclerc 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex - B.P. 11 Tél : 01 56 20 25 50 - Fax : 01 46 72 94 56 Mél : [email protected] Président : J.F. Latour Président fondateur : A. Mangeot † Directrice : M.C. Husson Promotion-Communication : N. Guillon Secrétariat-Abonnement : M. Bouchot, N. Filomin Conseil d'Administration : H. Allemand (Paris), P. Arnaud (Rouen), F. Ballereau (Nantes), Barreteau H (St Cloud), A. Baumelou (Paris), A. Becker (Paris), M.C. Bongrand (Marseille), E. Boury (Lomme), O. Brault (Paris), B. Certain (Paris), S. Ferry (Lyon), J.E. Fontan (Paris), F. Gimenez (Paris), A. Graftieaux (Chalon sur Marne), C. Guérin (Paris), G. Hazebroucq (Paris), J.M. Kaiser (Paris), J.F. Latour (Lyon), A.M. Liebbe (Compiègne), J. Maldonado (Marseille), C. Penot-Ragon (Marseille), S. Raspaud (Le Kremlin Bicêtre), J.P. Reynier (Marseille), P. Sado (Rennes), B. Sarrut (Paris), B. Van Bockstael (Lomme). Les articles de Dossier du CNHIM sont indexés dans BIBLIOGRAPHIF ®. Le CNHIM a la propriété des textes publiés dans ce numéro et se réserve tous les droits de reproduction (même partielle), d’adaptation, de traduction, pour tous les pays et par quelque procédé que ce soit (loi du 11 mars 1957, art. 40 et 41 du Code Pénal art. 425). 2 Échos du CNHIM Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants É v a l u a t i o n Éditorial Jean-François Albucher Évaluation clinique Accidents ischémiques cérébraux : généralités 1. Physiopathologie 1.1. Accidents ischémiques transitoires et constitués 1.2. Mécanismes 1.3. Conséquences 2. Origines 5 5 6 6 6 2.1. Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques 2.2. Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques 7 9 3. Système artériel cérébral et accidents ischémiques cérébraux 11 3.1. Généralités 3.2. Accidents ischémiques transitoires 3.3. Accidents ischémiques cérébraux constitués ou infarctus cérébraux 3.4. Lacunes 11 11 11 15 4. Prophylaxie médicamenteuse 4.1. Antiagrégants plaquettaires 4.2. Anticoagulants t h é r a p e u t i q u e 4 15 15 16 Traitement préventif 1. Introduction 17 1.1. Méthodologie 1.2. Principaux indices neurologiques 2. Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques 2.1. Prévention primaire 2.2. Prévention secondaire 3. Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques 3.1. Cardiopathies 3.2. Prothèses valvulaires 4. Stratégies et recommandations internationales 4.1. Généralités 4.2. Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques 4.3. Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques 17 17 17 17 17 17 17 17 51 51 51 52 Évaluation pharmaco-économique 1. Introduction 56 2. Aspirine versus placebo 56 3. Aspirine versus aspirine + dipyridamole 57 4. Aspirine versus clopidogrel 61 5. Aspirine versus ticlopidine 61 6. Discussion - conclusion 62 BULLETIN D’ABONNEMENT Le CNHIM est une association indépendante à but non lucratif (loi 1901) dont la vocation est de dispenser une information rigoureuse et scientifique sur le médicament. Dossier du CNHIM participe à l’ISDB, réseau international de revues indépendantes de formation thérapeutique. 67 doc02 - sommaire 20/03/02 17:16 Page 2 d u C N H I M Savez-vous que vous pouvez consulter T h é r i a q u e via l’installation d’un I n t r a n e t Échos du CNHIM É c h o s Thériaque (mise à jour hebdomadaire) ? Il vous permetta d’accéder, sans connexion à Internet, à l’intégralité de la banque de données (tous les médicaments disponibles en France) telle qu’elle est sur le net : http://www.theriaque.org (accès gratuit). Pour plus d’informations, contactez : Nadine Guillon Tél. : 01 56 20 25 50 Mél : [email protected] Pour obtenir un devis gratuitement, envoyez un courrier présentant votre projet à : Marie Caroline Husson Directrice CNHIM - Hôpital de Bicêtre 78 rue du Général Leclerc - BP 11 94272 Kremlin Bicêtre cedex Nous remercions les laboratoires qui participent à l‘impression de Dossier du CNHIM en 2002. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Janssen-Cilag, Pharmacia, Schwarz Pharma Aventis, Pfizer GlaxoSmithKline, Lipha, Sanofi 2 doc02 - sommaire 20/03/02 17:16 Page 3 Prévention des AIC Éditorial Évaluation clinique Évaluation pharmaco-économique Résumé. Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont en France la 3ème cause de mortalité, avec 1 décès pour 1000 habitants et par an. L’accident ischémique transitoire (AIT) peut être à l'origine d'un accident ischémique constitué (AIC) au bout de 5 ans. L’AIT peut révéler une lacune appelée aussi petit infarctus profond, due à l'occlusion de petites artères perforantes de l’encéphale. L’AIC résulte de la destruction focale mais définitive de tout un territoire artériel. Il peut être : mineur et régresser rapidement, ou majeur avec risque de décès ou de séquelles importantes telle qu'une hémiplégie. L’AVC peut avoir différentes origines, mais il est toujours dû à une occlusion artérielle. L'hypoperfusion cérébrale constitue un risque d’ischémie. Les principales causes d’AIC sont l'athérosclérose (sujet âgé) et les cardiopathies emboligènes, notamment la fibrillation auriculaire, et les lacunes (sujet jeune et âgé). Les AIC non cardio-emboliques comprennent les artériopathies (athérosclérose, lipohyalinose, dissections). 15 à 20 % des AIC seraient la conséquence d'une embolie d'origine cardiaque. Certaines pathologies sont à haut risque (fibrillation auriculaire, rétrécissement mitral, prothèses mécaniques et bioprothèses, infarctus du myocarde antérieur aigu, endocardite infectieuse, cardiomyopathies dilatées, myxome cardiaque, foramen ovale perméable et anévrisme du septum interauriculaire associés). D’autres ont un risque faible ou mal connu (rétrécissement aortique calcifié, filaments valvulaires ou strands) ou mineures (foramen ovale perméable, anévrisme du septum interauriculaire, prolapsus valvulaire mitral, calcification de l'anneau mitral). Les AIT concernent à 80 % le territoire carotidien et à 20 % le territoire vertébro-basilaire. Les AIC se rencontrent au niveau du système carotidien et du système vertébro-basilaire dont l’occlusion artérielle entraîne des infarctus de grande taille se traduisant par des tableaux neurologiques spécifiques (paralysies, déficits sensitifs) allant jusqu’au coma et la mort. Les antiagrégants plaquettaires sont les principaux médicaments utilisés pour la prophylaxie primaire ou secondaire des AIC dûs à l'athérosclérose et aux lacunes. L’aspirine inhibe la cyclo-oxygénase, bloquant la formation du thromboxane A2. Une dose moyenne de 100 à 300 mg/j serait à privilégier. Elle n’est pas dénuée d’effet digestif, même aux doses utilisées. La ticlopidine et le clopidogrel inhibent la liaison ADP-dépendante du fibrinogène à la membrane plaquettaire. Le risque de baisse des polynucléaires, d’agranulocytose, de purpura thrombopénique et d’aplasie encouru avec la ticlopidine nécessite une surveillance de la numération-formule-sanguine (NFS) tous les 15 jours pendant 3 mois. Quelques cas de purpura thrombopénique ont été rapportés avec le clopidogrel ; la surveillance de la NFS n’est pas obligatoire. Le dipyridamole inhibe la phosphodiestérase plaquettaire et augmente le taux plasmatique d'adénosine. Il peut entraîner, notamment, des céphalées fréquentes et parfois sévères. Antivitamines K et héparines non fractionnées ou de bas poids moléculaires ont également été employées. Un certain nombre de sociétés savantes (ACCP, AHA, NSA) ont émis des recommandations concernant la prévention. Tout patient ayant présenté un AIC non cardio-embolique (athérothrombotique, lacunaire ou cryptogénique) ou un AIT devrait bénéficier, en l'absence de contre-indication, d'un traitement antiagrégant plaquettaire pour réduire le risque d'AIC ou autre accident vasculaire. En prévention secondaire, l'aspirine, l'association dipyridamole-aspirine et le clopidogrel sont trois options thérapeutiques acceptables en première intention. À la phase aiguë de l'infarctus cérébral, chez les patients n'ayant pas reçu de traitement thrombolytique, un anticoagulant peut être envisagé précocement. La prévention des accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques (cardiopathies, prothèses) fait généralement appel aux anticoagulants oraux (et dans certains cas à l’aspirine et à l’héparine). Les futures évaluations pharmaco-économiques des antiagrégants plaquettaires en prévention secondaire de la maladie cérébro-vasculaire devront préciser plus finement la place des différentes stratégies et se baser sur des données observées en situation pragmatique. Mots clés : accident ischémique cérébral, antiagrégant plaquettaire, antivitamine K, aspirine, clopidogrel, dipyridamole, héparine, pharamaco-économie, revue, ticlopidine. 3 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants doc02 - sommaire 20/03/02 17:16 Page 4 Prévention des AIC Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants Évaluation thérapeutique Éditorial PRISE EN CHARGE DES ACCIDENTS ISCHÉMIQUES CÉREBRAUX Les accidents vasculaires cérébraux sont actuellement une priorité de santé publique. On dénombre en France 140 à 160 nouveaux cas par an pour 100 000 habitants. Les accidents vasculaires cérébraux représentent plus des deux tiers des accidents vasculaires cérébraux. Les accidents vasculaires ischémiques représentent la troisième cause de mortalité dans les pays industrialisés et représentent la première cause de handicap des adultes. Il s’agit donc d’un enjeu médical primordial. Un accident vasculaire cérébral est caractérisé par la survenue brutale, en quelques minutes, d’un déficit neurologique focalisé tel qu’une hémiplégie, un trouble du langage… Les accidents vasculaires ischémiques cérébraux sont dus à l’occlusion brutale d’une artère cérébrale. Les étiologies dominantes sont l’athérome des grosses artères à destinée encéphalique, les cardiopathies emboligènes et les accidents des petites artères perforantes ou " lacunes intracérébrales ". Après un premier épisode d’accident ischémique transitoire ou d’accident ischémique constitué, la prévention secondaire est une étape fondamentale qui vise à réduire le risque de récidive ischémique, de nouvel épisode déficitaire et donc de handicap. La prévention secondaire après un accident vasculaire cérébral s’articule d’une part sur la correction des facteurs de risques vasculaires (traitement de l’hypertension artérielle, traitement d’une dyslipidémie, traitement du diabète, réduction pondérale, arrêt du tabagisme…) et d’autre part sur les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants oraux. Les antiagrégants plaquettaires ont fait la preuve de leur efficacité pour réduire le risque de récidive après un premier accident ischémique d’origine artériel ou lacunaire. Les principaux médicaments sont l’aspirine, dont l’effet antiagrégant efficace existe pour des doses allant de 50 à 300 mg, le clopidogrel, qui tend à supplanter la ticlopidine, et l’association aspirine-dipyridamole. Les anticoagulants oraux (antivitamines K) ont clairement démontré leur efficacité dans plusieurs études pour réduire le risque d’accident vasculaire cérébral après un accident d’origine cardio-embolique. En l’absence de matériel intracardiaque, telle qu'une prothèse mécanique, l’INR cible idéal est situé entre 2 et 3. Par contre, les anticoagulants injectables (héparine, héparine de bas poids moléculaire…) n’ont montré leur efficacité à la phase aiguë de l’infarctus cérébral que dans la réduction du risque de thrombose veineuse des membres inférieurs et d’embolie pulmonaire. À la phase aiguë de l’infarctus cérébral, les traitements fibrinolytiques par voie intraveineuse - rtp(a) : altéplase, ACTILYSE® - n’ont démontré leur efficacité que lorsqu’ils sont administrés dans les trois premières heures de l’ischémie cérébrale. En effet, le gain de ces traitements fibrinolytiques est contrebalancé par les risques d’hémorragies intracérébrales. La fibrinolyse à la phase aiguë de l’infarctus cérébral a obtenu l’AMM aux États-Unis, mais n’a toujours pas, à ce jour, l’AMM au sein de la communauté Européenne. Cependant, l’utilisation de ces médicaments, et le développement des filières de soins nécessaires sont actuellement en cours dans plusieurs pays. Cette revue exhaustive des différentes classes pharmacologiques, et des différents essais cliniques internationaux qui ont permis de fixer le cadre d’utilisation de ces médicaments, permettra aux différents acteurs du système de soins de participer à une meilleure prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, et à une prévention secondaire qui se doit d’être optimale. Docteur Jean-François Albucher Fédération de Neurologie Hôpital Purpan, Toulouse Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 4 doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 1 Prévention des AIC Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants Jean-Paul Fagot1 et la participation du comité de rédaction 1. Pharmacien, INSERM U 444, Faculté de médecine Saint-Antoine, 75 012 Paris. Remerciements : Jean-François Albucher (Toulouse), Jean-Luc Dubois Randé (Créteil), Didier Leys (Lille), Pierre Garnier (Saint-Étienne) L es accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont en France la 3ème cause de mortalité, avec 1 décès pour 1000 habitants et par an. La mortalité précoce à moins de 30 jours est de 10 à 20 %. Les AVC sont par ailleurs la première cause de morbidité, 50 % des sujets victimes d'un AVC gardant un handicap physique ou intellectuel souvent sévère. Leur prévention repose sur le traitement de l'étiologie la plus probable quand celle-ci a pu être identifiée. La prophylaxie (prévention secondaire) fait appel, outre les conseils hygiéno-diététiques, à deux types de médicaments : - les antiagrégants plaquettaires : aspirine, ticlopidine, clopidogrel, dipyridamole, L'incidence des AVC est en France d'au moins 125 000 nouveaux cas par an. Elle augmente avec l'âge, 75 % des AVC survenant après 65 ans. Ils constituent la première cause de handicap neurologique après l’âge de 50 ans. - les anticoagulants (antivitamines K). Ne sera pas abordée dans cet article la prévention par les inhibiteurs de l'HMG CoA réductase qui n'ont été étudiés que chez le coronarien, ainsi que la prévention des AIC dans l'angor instable, après infarctus du myocarde ou après pose de stent et après angioplastie coronaire. Les AVC correspondent à des accidents ischémiques cérébraux (AIC) dans environ 80 % des cas ; ils sont hémorragiques dans les autres cas. La majorité des AIC est due à l'athérosclérose et dans une moindre mesure aux cardiopathies emboligènes, mais un tiers des AIC reste d'origine indéterminée, en particulier chez les adultes jeunes (< 45 ans). La prévention secondaire est capitale puisqu'un antécédent d'infarctus cérébral augmente de 2 à 3 fois le risque de récidive d'AIC. Accidents ischémiques cérébraux : généralités (28, 30) 1.1. Accidents ischémiques transitoires et constitués 1. Physiopathologie En bref Il existe deux grands types d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) : ceux d’origine ischémique et ceux d’origine hémorragique. L’accident ischémique transitoire (AIT) - épisode de déficit neurologique focalisé d'origine ischémique, sans gravité par lui-même - peut être à l'origine d'un accident ischémique constitué (AIC) au bout de 5 ans. L’AIT peut révéler une lacune appelée aussi petit infarctus profond, due à l'occlusion de petites artères perforantes de l’encéphale. L’AIC (ou infarctus cérébral) résulte de la destruction focale mais définitive de tout un territoire artériel. Il peut être mineur et régresser rapidement, ou majeur avec risque de décès ou de séquelles importantes telle qu'une hémiplégie. L’AVC peut avoir différentes origines, mais il est toujours dû à une occlusion artérielle (embole, thrombus). L'hypoperfusion cérébrale (focale ou globale) constitue un risque d’ischémie. Au-dessous de 10 ml/min/100 g, les lésions cellulaires sont irréversibles. 1.1.1. Accident ischémique transitoire Un accident ischémique transitoire (AIT) est un épisode de déficit neurologique focalisé d'origine ischémique, à début brutal et entièrement résolutif en moins de 24 heures, le plus souvent en quelques minutes ou en moins de 1 à 2 heure(s). Les AIT constituent 20 % des accidents vasculaires cérébraux. Sans gravité par lui-même, l'AIT est un facteur de risque majeur pour un accident ischémique plus important : c'est un signe d'alarme qui doit faire envisager une thérapeutique préventive. Un AIT sur trois est à l'origine d'un accident ischémique constitué au bout de 5 ans, le risque étant important surtout les premiers mois. L'AIT est découvert principalement par l'interrogatoire. L’apparition des symptômes est très rapide (quelques secondes), sans conséquence lésionnelle sauf si la durée dépasse 6 heures, l'AIT pouvant alors être à l'origine d'un infarctus de petite taille. 5 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Évaluation clinique doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 2 Prévention des AIC - globale, s'il s'agit d'une perturbation systémique telle qu'une hypotension sévère ou un collapsus. 1.1.2. Accident ischémique constitué L’accident ischémique constitué (ou infarctus cérébral) résulte de la destruction focale mais définitive de tout un territoire artériel. Il est distingué : 1.3. Conséquences Évaluation thérapeutique - les accidents mineurs, qui régressent rapidement en moins de 15 à 30 jours, ou qui laissent des séquelles mineures, La réponse à une baisse du débit sanguin cérébral est la mise en route de l'autorégulation cérébrale, mécanisme compensateur par dilatation des artérioles cérébrales qui maintient le débit sanguin à son niveau normal. Ce mécanisme est accompagné, s'il est insuffisant, d'une augmentation de l'extraction du taux d'oxygène pour compenser la diminution du débit sanguin (stade d'oligémie). L'ischémie apparaît lorsque ce dernier mécanisme se révèle insuffisant. - les accidents majeurs, avec risque de décès dans les premiers jours, voire les premières heures, ou qui laissent des séquelles importantes telle qu'une hémiplégie. Remarque : la lacune Il existe une forme anatomique particulière d’accident ischémique qui peut être révélée par un AIT : la lacune ou petit infarctus profond. Elle a un diamètre inférieur à 1,5 cm et siège dans les territoires profonds de l’encéphale. Elle est liée à l'occlusion de petites artères perforantes. Elle est due le plus souvent à une anomalie pariétale telle que la lipohyalinose (voir définition page 7 en 2.1.2.) de l'HTA et, plus rarement, à un micro-athérome ou une micro-embolie. Entre les valeurs de débit sanguin de 20 et 10 ml/min/100 g de tissu cérébral se situe la zone de pénombre, où la fonction électrique des neurones cesse mais reprend si le débit est rapidement rétabli. Au-dessous de 10 ml/min/100 g surviennent des lésions cellulaires irréversibles. 2. Origines 1.2. Mécanismes (11, 30, 45, 62) En bref Les principales causes d’accidents ischémiques cérébraux (AIC) sont l'athérosclérose (sujet âgé) et les cardiopathies emboligènes, notamment la fibrillation auriculaire, et les lacunes (sujet jeune et âgé). Les AIC non cardio-emboliques comprennent les artériopathies (athérosclérose des artères de gros et de moyen calibre , lipohyalinose, dissections). 15 à 20 % des AIC seraient la conséquence d'une embolie d'origine cardiaque. Certaines pathologies sont à haut risque : fibrillation auriculaire, rétrécissement mitral, prothèses mécaniques et bioprothèses, infarctus du myocarde antérieur aigu, endocardite infectieuse, cardiomyopathies dilatées, myxome cardiaque, foramen ovale perméable et anévrisme du septum interauriculaire associés. D’autres ont un risque faible ou mal connu (rétrécissement aortique calcifié, filaments valvulaires ou strands) ou mineures (foramen ovale perméable, anévrisme du septum interauriculaire, prolapsus valvulaire mitral, calcification de l'anneau mitral). 1.2.1. Occlusion artérielle L’AVC peut avoir différentes origines, mais il est toujours dû à une occlusion artérielle. 1.2.1.1. Embole L’embole est la cause la plus fréquente d’occlusion artérielle. Il peut provenir du système artériel ou du coeur. Il est causé dans la majorité des cas par des fragments de thrombus et plus rarement par des fragments de plaque athéroscléreuse, des cristaux de cholestérol, du matériel calcaire, des fragments de végétations valvulaires cardiaques. 1.2.1.2. Thrombus Une thrombose peut se développer au contact d'une lésion de la paroi artérielle (due à l'athérosclérose le plus souvent). Le thrombus qui en résulte peut occlure l'artère localement (ou des branches de division), ou être à l'origine d'occlusions en aval. Les principales causes d’AIC sont l'athérosclérose et les cardiopathies emboligènes (cf Figure 1). 1.2.1.2. Autres causes Les étiologies sont différentes chez les sujets jeunes (< 45 ans) et les sujets âgés. Sont plus rarement rencontrées : obstruction par lésion d'une artère, épaississement pariétal (artérite, dissection pariétale), spasme d'une hémorragie méningée. Chez le sujet jeune, il est à noter la grande fréquence des dissections artérielles, des cardiopathies emboligènes et à un moindre degré de l'athérosclérose. La fibrillation auriculaire (FA) non valvulaire ne représente que 1 à 10 % des cardiopathies emboligènes. 30 à 50 % des AVC sont de cause indéterminée. 1.2.2. Hypoperfusion Une baisse de la perfusion cérébrale peut parfois survenir (5 % des cas). Elle est dite : Chez le sujet âgé, les étiologies principales sont l’athérome des artères à destinée céphalique, les cardiopathies, notamment la fibrillation auriculaire, et les lacunes. - focale, en cas de sténose artérielle sévère (carotide interne notamment), Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 6 doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 3 Sténose carotidienne intracrânienne Atteinte d’une artère perforante Plaque et embols carotidiens carotidienne Sténose carotidienne Plaque de la crosse aortique Fibrillation auriculaire Valvulopathie Embol cardiogénique Thrombus ventriculaire gauche Figure 1 : Anomalies artérielles et cardiaques les plus fréquentes à l'origine des AIC d'après Chest 1998 ; 114 (5): 684S. Les chiffres de prévalence sont très variables selon les séries de patients, principalement en raison des critères diagnostiques retenus et des moyens mis en œuvre pour l'investigation. Elle peut aussi être due à une embolie de matériel athéromateux, une augmentation brutale de la sténose par un hématome intraplaque. En cas de sténose de l'artère carotide interne, le risque annuel d'infarctus cérébral varie de 1 à 10 % selon que la sténose est inférieure à 30 % (asymptomatique) ou supérieure à 70 %. 2.1. Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Les accidents ischémiques cérébraux non cardioemboliques sont dus à des artériopathies. 2.1.2. Lipohyalinose 2.1.1. Athérosclérose La lipohyalinose est une micro-angiopathie caractérisée par une sclérose et par des micro-anévrismes (taille inférieure à 1 mm) de la paroi des artères intracérébrales de petit calibre (< 300 µm). L’athérosclérose atteint surtout les artères de gros et de moyen calibre, avec des points de prédilection (Figure 2) : l'origine de l'artère carotide interne, le siphon carotidien, l'origine et la terminaison des artères vertébrales et du tronc basilaire. Elle est généralement associée à une hypertension artérielle. L'occlusion de ces artères provoque des petits infarctus profonds (< 1,5 cm) ou lacunes. Chez les sujets noirs et asiatiques et chez les diabétiques, l'athérosclérose atteint les grosses artères intracrânienne : tronc basilaire ou origine des artères cérébrales (moyenne, antérieure et postérieure). 2.1.3. Dissection Au niveau de l'intima de l'artère, la plaque est constituée d'une accumulation de lipides et d'une armature fibreuse (sclérose) entourant la partie centrale lipidique. Il existe aussi un amincissement de la média et une néovascularisation développée à partir de l'adventice. Les dissections représentent 5 à 20 % des cas d'AIC du sujet jeune selon les auteurs. Le clivage de la paroi artérielle est dû à une hémorragie d'origine traumatique ou spontanée comme en cas d'artériopathie sous-jacente (dysplasie fibromusculaire). Une plaque athéromateuse peut brutalement se remanier (fracture de plaque, hémorragie intraplaque) entraînant l’agrégation des plaquettes sanguines (thrombus érythrocytaire ou thrombus rouge). Ces dissections concernent le plus souvent l'artère carotide interne et à un moindre degré l'artère vertébrale extracrânienne, et, beaucoup plus rarement, les artères intracrâniennes. 7 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 4 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC Figure 2 : Athérosclérose et artères atteintes (30) ACA : Artère Cérébrale Antérieure ACP : Artère Cérébrale Postérieure AV : Artère Vertébrale ACM : Artère Cérébrale Moyenne TB : Tronc Basilaire ASS : Artère Sous-Clavière C'est l'hématome pariétal qui entraîne une sténose ou une occlusion, pouvant se compliquer d'une thrombose intraluminale. - États préthrombotiques : grossesse, cancer... - Divers (et beaucoup plus rares) : . migraine, . traumatisme, toxicomanie (1 à 3 % chez le sujet jeune), . embolies de matériel non thrombotique (tumorale, graisseuse, gazeuse, amniotique, fibro-cartilagineuse), . maladies métaboliques, maladies osseuses, maladies pulmonaires, origine iatrogène (per-opératoire, angiographie...). Rarement, une hémorragie méningée par rupture externe de la paroi artérielle peut s'ajouter à certaines dissections intracrâniennes, vertébrobasilaires essentiellement. 2.1.1.4. Autres causes - Affections hématologiques : thrombocytémie, polyglobulie, hémopathies .... Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 8 doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 5 Prévention des AIC 15 à 20 % des AIC seraient la conséquence d'une embolie d'origine cardiaque. Divers signes sont évocateurs d'un mécanisme d'origine thrombo-embolique : un début soudain, des signes d'emblée maximaux, certains symptômes tels qu'une aphasie de Wernicke* ou une hémi-anopsie latérale isolée*, des infarctus multiples corticaux et sous-corticaux.... 2.2.1.2. Rétrécissement mitral Le rétrécissement mitral* est la plus fréquente des valvulopathies, et représente 15 % des cardiopathies. Elle atteint 4 femmes pour 1 homme. Elle est devenue rare dans les pays industrialisées mais reste fréquente dans les pays du Magrehb et en Afrique. 2.2.1. Risque élevé 2.2.1.1. Fibrillation auriculaire (63) À l'exception des formes congénitales (exceptionnelles), il s'agit toujours de lésions rhumatismales, évoluant sur plusieurs années. La fibrillation auriculaire (FA) est une arythmie très fréquente dont la prévalence augmente avec l'âge et dépasse 5 % chez les sujets de plus de 65 ans. Elle complique le plus souvent une cardiopathie sousjacente, et le risque d'embolie cérébrale est dans ce cas plus élevé. La FA provoque en effet une stase sanguine et augmente significativement le risque d'embolies artérielles périphériques, qui touchent le territoire artériel cérébral dans 50 à 75 % des cas. Il est distingué (Tableau 1) : Au premier rang des complications sont les accidents pleuro-pulmonaires (bronchites à répétition, OAP, hémoptysies...) et les troubles du rythme (essentiellement la fibrillation auriculaire à partir de 40-50 ans). L'insuffisance ventriculaire droite est l'aboutissement ultime de l'évolution hémodynamique ; à ce stade, il existe un risque d'embolie pulmonaire à partir de thrombose veineuse profonde. - les FA “accidentelles” (alcoolisme aigu, hyperthyroïdie), éphémères et régressant spontanément une fois la cause corrigée, Les embolies systémiques (cérébrale, des membres ou du carrefour aortique, rénale, mésentérique...) ont pour origine une thrombose de l'oreillette gauche. - les FA dues à une cardiopathie sous-jacente, * En cas de rétrecissement mitral, l'oreillette gauche est dila- - les FA idiopathiques. tée avec une hyperpression auriculaire due à la persistance d'un obstacle à l'écoulement sanguin entre oreillette et ventricule pendant l'ouverture diastolique de la mitrale. Cette hyperpression se transmet en amont au capillaire pulmonaire, à l'artère pulmonaire et au ventricule droit. * voir définition en annexe page 55. Tableau 1 : Cardiopathies et prévalences de la fibrillation auriculaire (11) Prévalence de la maladie chez les patients avec FA (%) Prévalence de la FA dans chaque maladie (%) Valvulopathies rhumatismales 20 - 30 20 Maladie coronaire 50 - 60 1 Hypertension artérielle 40 - 60 5 - 10 <1 1 Cardiomyopathie dilatée <1 20 Cardiomyopathie hypertrophique <1 10 Alcool (“holiday heart”) <1 40 Après pontage coronaire <5 30 - 40 Maladie oreillette WPW <5 <5 Embolie pulmonaire <1 3 FANR (non valvulaire) 10 - 2-5 20 - 30 Péricardite Hyperthyroïdie FANR : fibrillation auriculaire non rhumatismale WPW : syndrome de Wolf-Parkinson-White 9 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique La FA peut être permanente, et bien tolérée, ou paroxystique, avec installation brutale de palpitations irrégulières et polyurie. Le risque d'embolies est élevé pour la fibrillation valvulaire (6 % par an), et variable pour la FA non valvulaire (1 à 10 % ou plus par an) qui fait seule l'objet des essais thérapeutiques présentés dans ce dossier. 2.2. Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 6 Prévention des AIC 2.2.1.3. Valves prothétiques mécaniques (11) Une agression impliquant un accroissement du travail cardiaque a pour réponse une hypertrophie qui évolue fréquemment vers la dilatation ventriculaire avec amincissement des parois, puis vers l'insuffisance globale et irréductible, de mauvais pronostic. La fréquence de survenue d'embolie sur prothèses mécaniques est de 2 à 3 % par an en position mitrale et 1,5 % par an en position aortique. Évaluation thérapeutique Le risque est de 0,5 à 3 % par an pour les bioprothèses, en l'absence de traitement par antivitamine K au long cours. 2.2.1.7. Myxome cardiaque (30) Les tumeurs primitives du coeur sont rares (les métastases cardiaques sont 20 fois plus fréquentes). Le myxome (tumeur formée par du tissu muqueux) est la plus fréquente des tumeurs bénignes cardiaques (25 à 65 % des observations) et représente 50 % de l'ensemble des tumeurs primitives cardiaques de l'adulte. Il survient surtout entre 30 et 60 ans avec une prédominance féminine. Il siège dans 74 % des cas dans l'oreillette gauche où il est rattaché par un pédicule au septum interauriculaire. Il peut être responsable d'embolies car c'est une tumeur friable. Le risque thrombo-embolique avec les valves à double ailette (Saint-Jude) et des valves à disque (BjörkShiley) serait moindre que pour les prothèses à bille. Les AIC sont le plus souvent transitoires, le risque de déficit neurologique permanent étant inférieur à 2 % par an. Les fluctuations des taux de la coagulation chez des patients prenant des antivitamines K sont le plus souvent responsables de ces embolies ayant pour point de départ les prothèses cardiaques mécaniques. 2.2.1.4. Infarctus du myocarde antérieur aigu (11) 2.2.1.8. Foramen ovale et anévrisme du septum interauriculaire associées Les zones myocardiques remaniées par la nécrose ischémique peuvent entraîner la formation de thrombus pariétal. La présence d'un thrombus multiplie par 5 le risque d'embolie ; toutefois, 24 % des embolies surviennent en l'absence de thrombus. Sans anticoagulant, l'augmentation du risque est de 33 %. Le foramen ovale perméable et l’anévrisme du septum (cf définition ci-dessous) sont des facteurs de prédisposition aux récidives lorsque les deux anomalies sont associées. Ainsi, le risque de récidive est augmentée de 3,6 fois chez les patients de moins de 55 ans (43). A distance de l'infarctus, le risque n'est plus que de 3 % à 12 mois, puis 5 % par an. Un traitement par antivitamine K au long cours ne se justifie alors qu'en présence d'un anévrisme ventriculaire gauche, moins fréquent depuis l'utilisation des thrombolytiques et des IEC. 2.2.2. Risque faible ou mal connu 2.2.2.1. Rétrécissement aortique calcifié Le rétrécissement aortique calcifié, d'origine congénitale ou acquise (rhumatisme articulaire aigu dans la moitié des cas), fait obstacle à l'éjection systolique du ventricule gauche. Il aboutit spontanément à l'hypertrophie de ce dernier, proportionnellement à la sévérité de la sténose. Il représente 2 à 3 % des cardiopathies organiques. Dans la plupart des sténoses aortiques acquises et serrées, au-delà de la quarantaine, des calcifications sigmoïdiennes sont visibles sur la radiologie sous forme de petits nodules ou de volumineux amas calcaires. 2.2.1.5. Endocardites (11) 3 % des accidents emboliques sont en rapport avec une endocardite infectieuse, 63 % d'entre eux intéressant le cerveau. La prévalence des AIC survenant dans les 48 premières heures est de 15 à 20 %. Le risque d'AIC tardifs est moindre (5 %). Le risque est majoré dans les endocardites à staphylocoque doré et sur prothèses valvulaires. Il semble similaire que la localisation de l’infection soit mitrale ou aortique. 2.2.2.2. Filaments valvulaires (strands) Des embolies sont également décelées chez 30 % des patients ayant une endocardite non infectieuse. Les strands sont des excroissances souvent mises en évidence sur les valves mitrales ou les prothèses valvulaires. Leur responsabilité dans les AIC est très discutée. 2.2.1.6. Cardiomyopathies dilatées (28) Le terme de cardiomyopathies dilatées regroupe pour certains auteurs les atteintes dues à : 2.2.2.3. Causes mineures - des infections virales ou bactériennes, * Foramen ovale perméable (11, 28) - des maladies endocriniennes (phéochromocytome, Cushing...), Le foramen ovale perméable concerne 20 à 30 % de la population. Il est retrouvé plus fréquemment (30 40 %) chez les adultes jeunes (< 45 ans) ayant présenté un AVC ischémique. Il s'agit d'une communication entre les deux oreillettes due à la persistance après la naissance de la perméabilité du foramen ovale (ou ostium secundum). Elle résulte d’un défaut d'accolement ou de développement de la valvule de Vieussens qui obture normalement le foramen ovale. - une hémochromatose, - une amylose, - des collagénoses, - une intoxication par l'alcool. L'OMS limite cependant le terme de cardiomyopathies aux maladies du muscle cardiaque de cause inconnue. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 10 doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 7 Prévention des AIC Le mécanisme supposé de l'embolie est une embolie paradoxale (oblitération d'une artère périphérique par un caillot provenant d'une veine périphérique et conduit dans l'aorte par un orifice du septum), à partir notamment d'une thrombose veineuse profonde, ou résultant de troubles du rythme du type FA. Sa persistance ne donne pas d’insuffisance cardiaque irréductible. Le dispositif artériel cérébral comprend le système carotidien en avant et le système vertébro-basilaire en arrière (Figure 3, page 12). Des systèmes anastomotiques permettent des suppléances entre les artères, en cas de baisse du débit sanguin cérébral de l'une d'entre elles. Il en existe 3 principaux : le polygone de Willis, les anastomoses corticales et les anastomoses de l'orbite. * Anévrisme du septum interauriculaire (11) L’anévrisme du septum interauriculaire est une protrusion de tout ou partie du septum interauriculaire de l'oreillette. Le mécanisme le plus fréquent de l'embolie est l'embolie paradoxale. Il est présent dans au moins 10 % des prolapsus valvulaires mitraux. - À la base du cerveau le polygone de Willis (dont le rôle est fondamental) permet une circulation de suppléance d'un côté à l'autre et entre le système carotidien et le système vertébro-basilaire : . l'artère communicante antérieure unit les 2 artères cérébrales antérieures, . les artères communicantes postérieures unissent les artères carotides internes et les artères cérébrales postérieures. * Prolapsus valvulaire mitral Le prolapsus valvulaire mitral (PVM) ou ballonnement de la valve mitrale ou maladie de Barlow, correspond à une dégénérescence myxoïde des valves mitrales et à des anomalies des cordages et des piliers, avec perte de coaptation des deux feuillets mitraux, chez 5 % des patients (d'après une étude de Framingham). Une valve - la postérieure le plus souvent -, ou même les deux, bombent dans l'oreillette gauche au moment de la systole ventriculaire. Cette variété d'insuffisance mitrale est fréquente chez la femme jeune et s'accompagne souvent d'extrasystoles. L'incidence des accidents vasculaires cérébraux est, dans ce cas, de 0,14 à 0,8 pour 100 années/patient, chez des sujets âgés de 30 à 50 ans, mais il n'y a pas de lien certain entre le caractère épaissi et redondant des valves et la fréquence des AVC. La recherche d'une cause d'AIC ne doit pas s'arrêter à la présence d'un PVM. - À la surface du cerveau, les anastomoses corticales permettent un apport circulatoire à contre-courant jusqu'au tronc principal en cas d'occlusion d'une artère cérébrale. - Les anastomoses de l'orbite unissent des branches de l'artère ophtalmique à des branches de l'artère carotide externe, permettant de suppléer à une occlusion de l'artère carotide interne. 3.2. Accidents ischémiques transitoires (19, 30) Dans le territoire carotidien, qui concerne 80 % des AIT, les symptômes sont le plus souvent une cécité monoculaire transitoire (impression d'un rideau qui descend sur l'oeil), une aphasie transitoire ou un déficit moteur et/ou sensitif d'un hémicorps ou d'un membre. * Calcification de l'anneau mitral (11) Cette anomalie est peut-être plus un marqueur du risque qu'une source d'embolie. Dans le territoire vertébro-basilaire, qui concerne 20 % des AIT, un déficit sensitif ou moteur bilatéral ou à bascule, une instabilité ou ataxie aiguë, des troubles visuels bilatéraux (cécité, hémi-anopsie latérale homonyme*) peuvent être rapportés. L'association de vertige vrai, de diplopie, de dysphagie, de difficulté de la parole, de troubles de la vigilance ou de confusion, est évocatrice de l'origine vertébrobasilaire de l'AIT. 3. Système artériel cérébral et accidents ischémiques cérébraux En bref Le dispositif artériel cérébral comprend le système carotidien en avant et le système vertébro-basilaire en arrière. Les accidents ischémiques transitoires concernent à 80 % le territoire carotidien et à 20 % le territoire vertébro-basilaire. Les accidents ischémiques cérébraux constitués ou infarctus cérébraux se rencontrent au niveau du système carotidien (artères cérébrale moyenne ou artère cérébrale sylvienne, cérébrale antérieure, choroïdienne antérieure) et le système vertébrobasilaire (artère vertébrale, tronc basilaire, artère cérébrale postérieure). L’occlusion artérielle de chacun de ces territoires entraîne des infarctus de grande taille se traduisant par des tableaux neurologiques spécifiques (paralysies diverses, déficits sensitifs nombreux) allant jusqu’au coma et la mort. De petits infarctus sous-corticaux ou lacunes sont également rencontrés. 3.3. Accidents ischémiques cérébraux constitués ou infarctus cérébraux (28, 30) 3.3.1. Système carotidien L'artère carotide interne, issue de la division de l'artère carotide primitive, est destinée presque exclusivement à la vascularisation de l'encéphale et de l'œil. Elle donne naissance dans l'espace sous-arachnoïdien à 5 branches principales : l'artère ophtalmique, l'artère communicante postérieure, l'artère choroïdienne antérieure, l'artère cérébrale antérieure et l'artère cérébrale moyenne. * voir définition en annexe page 55. 11 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique 3.1. Généralités doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 8 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC A : artère Figure 3 : Dispositif artériel général (30) 3.3.1.1. Artère cérébrale moyenne ou artère cérébrale sylvienne 3.3.1.2. Artère cérébrale antérieure L’artère cérébrale antérieure est unie à son homologue par l'artère communicante antérieure, et irrigue environ les 3/5 antérieurs de la face interne et supéro-externe de l'hémisphère cérébral (Figure 5, page 13). L’artère cérébrale moyenne se divise au niveau de l'insula en artères ascendantes (corticales), destinées à la région située au-dessus de la scissure de Sylvius, et descendantes pour le territoire au-dessous et en arrière de la scissure de Sylvius (Figure 4, page 13). L'infarcissement de ce territoire entraîne paralysie et déficit sensitif prédominant sur le membre inférieur contralatéral, incontinence vésicale, grasping reflex (réflexe de préhension), syndrome frontal (troubles de l'attention notamment). Dans le territoire superficiel, les symptômes, contralatéraux à la lésion, sont très variables selon la taille et le siège de l'infarctus : hémiparésie* à prédominance brachio-faciale, hémihypo-esthésie* prédominant sur la sensibilité discriminative, quadranopsie latérale homonyme. Les lésions sont variables également selon l'atteinte de l'hémisphère cérébral gauche (aphasie*, apraxie* idéomotrice, apraxie idéatoire et agnosies*) ou droit (apraxie constructive et agnosies). 3.3.1.3. Artère choroïdienne antérieure L’artère choroïdienne antérieure irrigue notamment une large portion de la partie inférieure du bras postérieur de la capsule interne, la bandelette optique et le corps genouillé externe. Les infarctus du territoire profond ou basal détruisent totalement la capsule interne et déterminent une hémiplégie totale affectant souvent proportionnellement le membre supérieur, le membre inférieur et la face. L'infarctus de ce territoire peut être à l'origine d'hémiparésie, hémihypo-esthésie*, hémi-anopsie latérale homonyme*. L’AIC de l’artère choroïdienne antérieure est rare. * voir définition en annexe page 55. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 * voir définition en annexe page 55. 12 20/03/02 17:46 Page 9 Prévention des AIC Évaluation thérapeutique doc03 - avc 01 Figure 4 : Face externe de l’hémisphère cérébral gauche avec les principales localisations fonctionnelles (motrices en avant, sensitives en arrière de la scissure de Rolando) (28) Figure 5 : Face interne de l’hémisphère cérébral avec les principales structures et localisations fonctionnelles (28) 13 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 10 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC Figure 6 : Système vertébro-basilaire (28) - du côté de la lésion hypo-anesthésie* de la face, une paralysie de l'hémi-pharynx et hémi-larynx, un nystagmus avec vertiges et vomissements, parfois un hoquet. 3.3.2. Système vertébro-basilaire Chaque artère vertébrale naît de l'artère sous-clavière et entre dans le crâne par le trou occipital (Figure 6). Les 2 artères vertébrales se rejoignent au niveau du sillon bulbo-protubérantiel pour former le tronc basilaire. Celui-ci se divise au niveau du pédoncule en deux artères cérébrales postérieures qui donnent plusieurs groupes d'artères perforantes (thalamo-perforées, thalamo-genouillées et choroïdiennes postérieures). 3.3.2.2. Tronc basilaire Le tronc basilaire est un vaisseau unique et médian qui irrigue les deux côtés de la protubérance annulaire, et dont l'occlusion est à l'origine de troubles bilatéraux, plus ou moins présents, tels que : un déficit moteur et sensitif des membres et muscles innervés par les nerfs d'origine bulbaire, un nystagmus, des anomalies oculo-motrices et pupillaires, une paralysie faciale périphérique, des troubles de la vigilance et des troubles de la déglutition. L’occlusion du tronc basilaire donne le plus souvent un tableau neurologique dramatique (coma, quadriplégie). L’occlusion vertébro-basilaire est fréquemment mortelle ou peut donner des tableaux neurologiques très sévères tels que le locked-in syndrome au pronostic fonctionnel très péjoratif. 3.3.2.1. Artère vertébrale L'occlusion de la partie terminale de l'artère vertébrale en regard d'une de ses branches collatérales - l'artère cérébelleuse inférieure au niveau bulbaire détermine l'infarctus latéral du bulbe ou syndrome de Wallenberg. Il entraîne : - du côté opposé à la lésion une diminution ou une abolition de la sensibilité thermique et douloureuse sur les membres et le tronc, * voir définition en annexe page 55. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 14 doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 11 Prévention des AIC 3.3.2.3. Artère cérébrale postérieure 4.1.1. Mécanismes d’action L’artère cérébrale postérieure contourne le pédoncule cérébral et irrigue les faces inféro-internes de l'hémisphère cérébral et du lobe temporo-occipital. Un infarctus de ce territoire peut déterminer : - des troubles visuels : hémi-anopsie latérale homonyme contralatérale, cécité souvent méconnue par le patient, L'aspirine inhibe la cyclo-oxygénase de façon irréversible, bloquant la formation du thromboxane A2 durant la durée de vie de la plaquette, soit 8 à 10 jours. - un déficit sensitif parfois suivi d'un syndrome douloureux hyperpathique (syndrome thalamique), 4.1.1.2. Ticlopidine - des troubles de la vigilance. La ticlopidine s'oppose à l'agrégation plaquettaire en inhibant la liaison ADP-dépendante du fibrinogène à la membrane plaquettaire. 3.4. Lacunes Ces petits infarctus sous-corticaux sont souvent asymptomatiques. Certains syndromes sont évocateurs d'une lacune comme une hémiplégie motrice pure, ou un déficit sensoriel hémicorporel pur, ou encore une hémiplégie ataxique. De pronostic meilleur que celui des infarctus de grande taille, leur risque est lié à leur répétition causant des lésions multiples à l'origine d'un syndrome pseudo-bulbaire (tétraparésie, dysarthrie, marche à petits pas, troubles sphinctériens...). 4.1.1.3. Clopidogrel Le clopidogrel s'oppose à l'agrégation plaquettaire en inhibant la liaison ADP-dépendante du fibrinogène à la membrane plaquettaire. 4.1.1.4. Dipyridamole Le dipyridamole enfin inhibe la phosphodiestérase plaquettaire et augmente le taux plasmatique d'adénosine (inhibiteur de l'agrégation) en bloquant sa captation par les globules rouges. 4. Prophylaxie médicamenteuse des accidents ischémiques cérébraux 4.1.2. Indications Les indications respectives de ces médicaments sont résumées dans le tableau 2. En bref Les antiagrégants plaquettaires sont les principaux médicaments utilisés pour la prophylaxie primaire ou secondaire des AIC dûs à l'athérosclérose et aux lacunes. L’aspirine inhibe la cyclo-oxygénase, bloquant la formation du thromboxane A2. Une dose moyenne de 100 à 300 mg/j serait à privilégier. Elle n’est pas dénuée d’effet digestif, même aux doses utilisées. La ticlopidine et le clopidogrel inhibent la liaison ADP-dépendante du fibrinogène à la membrane plaquettaire. Le risque de baisse des polynucléaires, d’agranulocytose, de purpura thrombopénique et d’aplasie encouru avec la ticlopidine nécessite une surveillance de la numération-formule-sanguine (NFS) tous les 15 jours pendant 3 mois. Quelques cas de purpura thrombopénique ont été rapportés avec le clopidogrel ; la surveillance de la NFS n’est pas obligatoire. Le dipyridamole inhibe la phosphodiestérase plaquettaire et augmente le taux plasmatique d'adénosine. Il peut entraîner, notamment, des céphalées fréquentes et parfois sévères. Antivitamines K et héparines non fractionnées ou de bas poids moléculaires ont également été employées. 4.1.3. Tolérance 4.1.3.1. Aspirine L’effet anti-agrégant plaquettaire de l’aspirine n’est pas dose-dépendant. Cela explique que plusieurs posologies d’aspirine aient été utilisées dans différentes études. Il semble que 50 mg soit à la limite inférieure d'efficacité et qu'1 g ait une mauvaise tolérance. Une dose moyenne de 100 à 300 mg/j serait à privilégier. Au cours des dernières années, plusieurs travaux ont évalué les risque digestif des faibles doses d’aspirine (8, 13, 14, 22, 23, 41, 48, 50, 60). L’aspirine n’est pas dénuée d’effet digestif, même aux doses utilisées dans la prévention des AVC. 4.1.3.2. Ticlopidine À la dose de 500 mg/j, la tolérance de la ticlopidine est généralement bonne. 4.1. Antiagrégants plaquettaires Les antiagrégants plaquettaires sont les principaux médicaments utilisés pour la prophylaxie primaire ou secondaire des AIC dûs à l'athérosclérose et aux lacunes. Les troubles les plus fréquents sont : - digestifs : diarrhées, vomissements, douleurs abdominales ; ils disparaissent le plus souvent en 1 à 2 semaines, Quatre représentants de cette famille sont couramment utilisés. Chacun a un mécanisme d'action spécifique. 15 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique 4.1.1.1. Aspirine doc03 - avc 01 20/03/02 17:46 Page 12 Prévention des AIC Tableau 2 : Indications des antiagrégants plaquettaires dans la prophylaxie des AIC aspirine* Prévention primaire infarctus du myocarde + Prévention secondaire (après IDM ou AVC) + Angor instable (ou IDM sans onde Q) + ticlopidine clopidogrel dipyridamole + associé à l’aspirine + Évaluation thérapeutique + après AVC uniquement + Prothèses valvulaires + associé à une AVK + Traitement adjuvant maladie coronarienne + Artériopathie oblitérante des membres inférieurs établie au stade de la claudication intermittente Endoprothèse coronaire (stent) + AVC : accident vasculaire cérébral AVK : antivitamine K + AIC : accident ischémique cérébral IDM : infarctus du myocarde * toutes les spécialités contenant de l’aspirine n’ont pas ces indications Neutropénie et thrombopénie sévères sont exceptionnelles mais, depuis avril 2000, les RCP mentionnent que de très rares cas de purpura thrombopénique thrombotique ont été rapportés depuis la mise sur le marché. - des saignements mineurs (digestifs, épistaxis,..) de fréquence sans doute comparable à l'aspirine, - et des troubles cutanés (érythème, prurit). Les hépatites et ictères cholestatiques sont exceptionnels, ainsi que les atteintes hématologiques (neutropénie, thrombopénie, voire aplasie médullaire). Le risque de purpura thrombopénique thrombotique est exceptionnel, mais sa gravité est à souligner. Il n’y a pas d’obligation de surveillance de la NFS. 4.1.3.4. Dipyridamole Le dipyridamole peut entraîner en début de traitement ou à fortes doses des céphalées, des bouffées de chaleur, une hypotension artérielle, des réactions cutanées, des vomissements et des diarrhées. Le nombre d'accidents graves rapportés reste supérieur aux autres antiagrégants. Le risque de baisse des polynucléaires, d’agranulocytose et d’aplasie (dont certains cas ont engendré des agranulocytoses mortelles) : Les céphalées sont fréquentes et parfois sévères. - nécessitent une surveillance tous les 15 jours pendant 3 mois de la numération-formule-sanguine (NFS), - ont conduit au développement du clopidogrel en vue de palier ces inconvénients. 4.2. Anticoagulants 4.1.3.3. Clopidogrel Les antivitamines K montrent une efficacité supérieure dans la prévention des AIC dus à une cardiopathie à risque thrombo-embolique. La tolérance globale du clopidogrel semble comparable à celle de l'aspirine, avec cependant plus de diarrhées et de réactions cutanées rapportées mais une tolérance digestive meilleure, à l’exception des cas d'hémorragies digestives survenus depuis sa commercialisation. Remarque : une héparine de bas poids moléculaire a fait l'objet d'une étude récente versus aspirine à la phase aiguë d'un AIC chez des patients présentant une fibrillation auriculaire, sans résultat probant. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 16 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 1 Prévention des AIC Accidents ischémiques cérébraux : traitements préventifs 1.2.2. Échelle de Rankin 1. Introduction L'échelle de Rankin comporte 6 grades : La plupart des essais présentés font appel aux mêmes analyses statistiques sur des données de survie (38). 1 : pas d'inaptitude significative malgré la présence de symptômes, 1.1. Méthodologie 2 : légère inaptitude, mais autonome pour la plupart des activités qui lui sont propres, 1.1.1. Méthode de Kaplan-Meier 3 : inaptitude modérée nécessitant une assistance, mais autonome pour la marche, La méthode de Kaplan-Meier permet de tracer la classique courbe en marches d'escalier, où chaque événement représente la verticale d'une marche. Elle repose sur le calcul de la probabilité de survie après chaque événement. Le test du log rank permet de comparer globalement 2 ou plusieurs courbes de survie. 4 : inaptitude à la marche et à la toilette sans assistance, 5 : incapacité sévère, alitement, incontinence, nécessité d'une assistance constante. 1.1.2. Modèle de Cox 2. Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Le modèle de Cox est une analyse multivariée des données de survie. Il prend en compte simultanément plusieurs variables qualitatives ou quantitatives. Il permet de mettre en relation les données de survie en fonction des caractéristiques individuelles du patient, et de rechercher celles qui ont une relation propre avec la survie. Les résultats sont exprimés en risk-ratio ou hazardratio (le terme hazard se traduit par "risque") qui sont une estimation du risque relatif (RR). Une variable est protectrice lorsque le RR est inférieur à 1, et est un facteur de risque dans le cas contraire. 2.1. Prévention primaire Tableaux 1, pages 18 à 22. 2.2. Prévention secondaire 2.2.1. Aspirine Tableaux 2, pages 23 à 27. 2.2.2. Ticlopidine 1.1.3. Intervalle de confiance Tableaux 3, pages 28 à 30. La présentation de l'intervalle de confiance équivaut à un test statistique. 2.2.3. Clopidogrel Une association est statistiquement significative lorsque l'intervalle de confiance ne comporte pas la valeur 1, soit par exemple 0,5 [0,30-0,80] ou 3,6 [1,70-14,30]. Elle serait au contraire non significative pour un RR de 3,6 [0,80-14,30] car la valeur 1 est comprise dans l'IC. Tableau 4, page 31. 2.2.4. Dipyridamole Tableaux 5, pages 32 à 35. 2.2.5. Méta-analyse 1.2. Principaux indices neurologiques Tableau 6, page 36. Les principaux indices neurologiques auxquels il est fait référence dans les études cliniques rapportées ici sont l'index de Barthel et l'échelle de Rankin. 3. Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques 1.2.1. Index de Barthel L'index de Barthel détermine l'autonomie du patient par son aptitude à accomplir 10 actes de la vie quotidienne, cotés de 0 à 15, tels que le lever, la marche, la montée et la descente d'escaliers, la toilette, l’habillage, etc... Le score maximal est égal à 100. 3.1. Cardiopathies Tableaux 7, pages 37 à 47. 3.2. Prothèses valvulaires Tableaux 8, page 48 à 50. 17 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique 0 : absence de symptômes, doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 2 Prévention des AIC Tableau 1 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques - Prévention primaire Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Randomised trial of prophylactic daily aspirin in british male doctors - 1988 (47). Objectif Évaluer l'efficacité de l'aspirine dans la prévention de l'incidence et de la mortalité des AVC, IDM ou autre cause vasculaire. Inclusion Médecins hommes, nés après 1900, demeurant au Royaume-Uni. Sorties d’étude 2 % des patients du bras 2 chaque année ont été amenés à prendre de l'aspirine. 2/3 de patients en plus dans bras 1 : - bras 1 = 18820 patients-années, - bras 2 = 9470 patients-années. Méthodologie Exclusion Étude contrôlée, randomisée, en - Traitement par aspirine en ouvert. cours. Résultats 5139 patients. - Antécédent : . d'ulcère, Pour 10 000 hommes-années. . d'AVC, Schéma posologique . d'IDM. - IDM non fatal : 6 ans; 2 bras. bras 1 = 42,5 vs bras 2 = 43,3 (NS). * Bras 1 (n = 3429) : aspirine : 500 mg. * Bras 2 (n = 1710) contrôle, patients devant éviter l’aspirine sous toute forme. - IDM fatal : Évaluation bras 1 = 47,3 vs bras 2 = 49,6 (NS). Proportion de sujets ayant présenté un IDM, un AVC ou - AVC non fatal : bras 1 = 32,4 vs bras 2 = 28,5 (NS) un AIT dans chaque groupe. (dont AIC probable : 6,9 vs 4,2). - AIC fatal : bras 1 = 4,3 vs bras 2 = 3,2 (NS). - AVC hémorragique : bras 1 = 5,3 vs bras 2 = 4,2 (NS). - AIT : bras 1 = 15,9 vs bras 2 = 27,5 (p<0,05). - Décès non vasculaires : bras 1 = 122/3429 vs bras 2 = 72/1710 (bras 1 vs bras 2 : 15 % de moins). - Décès vasculaires : bras 1 = 148/3429 vs bras 2 = 79/1710 (bras 1 vs bras 2 : 6 % de moins). Conclusion des auteurs : Chez ces patients apparemment en bonne santé, la prévention par aspirine n'a pas permis une diminution significative des événements vasculaires non fatals et de la mortalité vasculaire comme cela avait été montré chez des patients à haut risque de maladie thrombotique. Conclusion du CNHIM : La réduction des AIT dans le bras 1 est cependant significative, avec une tolérance gastrique moyenne (mais la dose n'est pas faible) et surtout une augmentation des AIC non significative mais surprenante. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 18 Tolérance Pour 10 000 hommes-années. Ulcères gastriques : bras 1 = 46,8 vs bras 2 = 29,6 (p < 0,05). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 3 Prévention des AIC Tableau 1 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques - Prévention primaire (suite 1) Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Final report on the aspirin component of the ongoing Physicians' Health Study- 1989 (52). Sorties d’étude Objectif Inclusion 99,7 % des sujets ont fourni des données Déterminer si l'aspirine à faible Médecins résidant aux USA jusqu'à la fin de l'étude. dose peut diminuer la mortalité début 1982, cardiovasculaire. âgés de 40 à 84 ans. Résultats Analyse en intention de traiter. Pour 100000 patients-années. Méthodologie Étude contrôlée, randomisée, en double aveugle, multicentrique (16 centres). 22071 patients. Exclusion - Antécédent IDM. - Antécédent AVC. - IDM : - Antécédent AIT. bras 1 = 254,8 vs bras 2 = 439,7 - Cancer. (p < 0,00001) - Insuffisance hépatique. RR = 0,56 [0,45-0,70], - Insuffisance rénale. soit une diminution de 44% du risque - Ulcère gastrique. (seulement chez > 50 ans en fait). - Goutte. Schéma posologique - Contre-indication à l'aspirine. - AVC total : Durée moyenne de suivi : 60,2 - Prise d’aspirine, d’antiagrébras 1 = 119 vs bras 2 = 98 mois. gant plaquettaire ou d’AINS RR = 1,22 [0,93-1,60] obligatoire. (NS). * Bras 1 (n = 11037) aspirine : 325 mg. - AVC hémorragique : Évaluation bras 1 = 23 vs bras 2 = 12 * Bras 2 (n = 11034) - IDM. RR = 2,14 [0,96-4,77] placebo. - AVC. (NS). - Mortalité cardiovasculaire. - Mortalité toute cause. - AIC : bras 1 = 91 vs bras 2 = 82 RR = = 1,11 [0,82-1,50] (NS) - Mortalité vasculaire : RR = 0,96 [0,60-1,54] (NS). Conclusion des auteurs : La prévention primaire des maladies cardiovasculaires par l'aspirine montre une réduction significative du risque d'IDM, mais la différence n'est pas significative sur l'incidence des AVC ou la mort vasculaire en raison du peu de sujets présentant l'un de ces critères. Tolérance Ulcères : bras 1 = 169 vs bras 2 = 138 RR = 1,22 [0,98-1,53] (NS). Conclusion du CNHIM : La question se pose de savoir si un nombre plus élevé de sujets n'aurait pas permis de rendre significative l'augmentation de l'incidence des AVC dans le bras 1. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. RR = risque relatif = nombre d’événements par personne-année. 19 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Méthodologie doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 4 Prévention des AIC Tableau 1 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques - Prévention primaire (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Thrombosis prevention trial: randomised trial of low-intensity oral anticoagulation with warfarin and low-dose aspirin in the primary prevention of ischaemic heart disease in men at increased risk - 1988 (58). Objectif Évaluer la warfarine et l'aspirine dans la prévention primaire de la maladie coronaire. Méthodologie Étude randomisée aveugle. 5085 hommes. en Schéma posologique 4 bras. Inclusion L’étude porte sur 5085/10557 (52 %) sujets à haut risque sélectionnés sur le résultat élevé d'un score comportant les critères suivants : - tabac, double - antécédent familial de cardiopathie ischémique, - indice de masse corporelle, - tension artérielle, - cholestérol total, - fibrinogène, - facteur VII. * Bras 1 (n = 1277) : - warfarine (INR = 1,5), - aspirine : 75 mg/j. * Bras 2 (n = 1268) - warfarine (INR=1,5), - placebo. * Bras 3 (n = 1268) - aspirine : 75 mg/j, - placebo. * Bras 4 (n = 1272) double placebo. Durée de l’étude 4 ans. Sorties d’étude 58 perdus de vue (1,1 %). Résultats Analyse en intention de traiter. Taux pour 1000 personnes-années. * IDM - IDM total : bras 1 = 8,7 bras 2 = 10,3 bras 3 = 10,2 bras 4 = 13,3 . bras 1 vs bras 4 : diminution relative de 34 % (p=0,006), . bras 1 + 2 vs bras 3 + 4 : diminution relative de 21 % (p = 0,02), . bras 1 + 3 vs bras 2 + 4 : diminution relative Exclusion - Antécédent d'ulcère gas- de 20 % (p = 0,04), . bras 2 et 3 vs bras 4 : différence NS. trique. - Antécédent d'IDM. - IDM non fatal : - Antécédent d’AVC. bras 2 = 8,0 - Traitement en cours incom- bras 1 = 5,8 bras 3 = 5,8 bras 4 = 9,0 patible avec ceux de l'étude. . bras 1 + 3 vs bras 2 + 4 : diminution de 32 %. Évaluation - Critère principal : maladie cardiaque ischémique (mort coronaire et IDM fatal ou non). - Critère secondaire : AVC. - IDM fatal : bras 1 = 3,0 bras 3 = 4,4 bras 2 = 2,4 bras 4 = 4,2 bras 1 + 2 vs bras 3 + 4 : diminution de 39 %. * Mortalité toute cause : bras 1 = 12,4 bras 2 = 11,4 bras 3 = 13,6 bras 4 = 13,1. * AVC Conclusion des auteurs : L'aspirine diminue l'incidence des IDM non fatals, et la warfarine diminue en général l'incidence des IDM mais surtout des IDM fatals. L'association aspirine-warfarine est plus efficace sur la diminution des événements cardiovasculaires. - AVC total : bras 1 = 3,6 bras 3 = 2,2 bras 2 = 2,7 bras 4 = 3,2 - AVC ischémique : bras 1 = 1,4 bras 2 = 1,9 bras 3 = 1,2 bras 4 = 2,2 . bras 1 + 2 = 1,5 vs bras 3 + 4 = 1,6 Conclusion du CNHIM : . bras 1 + 3 = 1,3 vs bras 2 + 4 = 2,0. Il y a un nombre élevé de sorties d'étude. Il n’y a pas de test statistique sur le seul critère AVC thrombotique - AVC hémorragique : (plus faible incidence avec warfarine, aspirine ou leur association) . bras 1 + 2 = 0,5 vs bras 3 +4 = 0,2 mais ce critère de jugement était secondaire dans cette étude. augmentation relative de 0,3 % (NS), . bras 1 + 3 = 0,6 vs bras 3 + 4 = 0,1 augmentation relative de 0,5 % (p = 0,01). Tolérance Arrêts de traitement pour saignements bras 1 = 113 bras 2 = 69 bras 3 = 69 bras 4 = 53 AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. INR : international normalized ratio. NS : différence non significative. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 20 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 5 Prévention des AIC Tableau 1 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques - Prévention primaire (suite 3) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer versus placebo si l'ajout d'aspirine au traitement hypotenseur (félodipine) réduit l'incidence des complications cardiovasculaires majeures (ainsi que la PAD optimale à atteindre) chez le patient hypertendu. Méthodologie Étude randomisée, en double aveugle, multicentrique (26 pays d'Europe, Amérique et Asie). 19193 patients (403 exclusions). Inclusion Sorties d’étude Patient de 50 à 80 ans. - Perdus de vue : 1,8 % PAD : entre 100 et 115 mmHg. bras 1 = 245 vs bras 2 = 246. - Exclusion de 403 patients d'un centre de fiabilité non établie. Exclusion - HTA maligne. - Insuffisance cardiaque. Résultats - AVC ou IDM dans l'année Analyse en intention de traiter. précédente. Nombre d'événements pour 1000 - Maladie pouvant affecter la patients-années. survie à 3 ans. - Diabète sous insuline. - IDM et AVC : bras 1 = 8,9 vs bras 2 = 10,5 (p = 0,03), - Besoin de bêtabloquant, RR = 0,85 [0,73-0,99] d'IEC ou de diurétique pour (diminution du risque de 15 %). raison autre que l'HTA. - Besoin d'AVK ou d'antiagré- Tous les IDM : gants. bras 1 = 2,3 vs bras 2 = 3,6 (p = 0,002), - Intolérance à la félodipine ou RR = 0,64 [0,49-0,85] à l'aspirine. (diminution du risque de 36 %). Schéma posologique Constitution de 3 sous-groupes selon l’objectif de PAD à atteindre : ≤ 90 mmHg : n = 6264, ≤ 85 mmHg : n = 6264, - Tous les AVC : ≤ 80 mmHg : n = 6262. Évaluation bras 1 = 4,1 vs bras 2 = 4,2 (NS), - IDM, fatals et non fatals. RR = 0,98 [0,78-1,24]. * Bras 1 (n = 9399) : - AVC, fatals et non fatals. - félodipine : 5 mg, - Mortalité due à autres causes - aspirine : 75 mg. - Mortalité vasculaire : vasculaires. bras 1 = 3,7 vs bras 2 = 3,9 (NS), * Bras 2 (n = 9391) : RR = 0,95 [0,75-1,20]. - félodipine : 5 mg, - placebo. - Remarque : la plus faible incidence d'IDM et d’AVC apparaît pour une PAD moyenne de 82,6 mmHg. Durée de l’étude Suivi moyen = 3,8 années. Tolérance - Saignements majeurs fatals : bras 1 = 7 vs bras 2 = 8. - Saignements majeurs non fatals : bras 1 = 129 vs bras 2 =70 (p < 0,001). - Saignements mineurs : bras 1 = 156 vs bras 2 =87 (NR). Conclusion des auteurs : L'étude HOT a montré une réduction des IDM et AVC lorsque la PAD atteint en moyenne 82,6mmHg. L'adjonction d'aspirine à faible dose à une thérapie antihypertensive peut être recommandée car elle a diminué significativement les accidents cardiovasculaires. Le bénéfice majeur concerne l'IDM, mais non les AVC. Les saignements majeurs ont été 2 fois plus élevés dans le bras aspirine. Conclusion du CNHIM : La conclusion sur l'aspirine ne vaut peut-être pas pour tous les antihypertenseurs, et on ne sait pas quel est l'effet en particulier sur les AVC ischémiques. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. NR : non renseigné. PAD : pression artérielle diastolique. AVK : antivitamines K. HTA : hypertension artérielle. NS : différence non significative. RR = risque relatif = modèle de Cox. 21 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Effects of intensive blood-pressure lowering and low-dose aspirin in patients with hypertension: principal results of the Hypertension Optimal Treatment (HOT) randomised trial. HOT Study Group - 1988 (34). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 6 Prévention des AIC Tableau 1 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques - Prévention primaire (suite 4) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Low-dose aspirin and vitamin E in people at cardiovascular risk: a randomised trial in general practice - 2001 (17). Objectif Étude de l'efficacité de l'aspirine associée à un anti-oxydant (la vitamine E), en prévention primaire des accidents cardiovasculaires chez des patient présentant au moins 1 facteur de risque majeur. Inclusion Âge ≥ 50 ans, avec au moins 1 des facteurs de risque suivants : - âge élevé (≥ 65 ans), - HTA : PAS ≥ 160 mmHg ou PAD ≥ 95 mmHg), - hypercholestérolémie : cholestérol total ≥ 6,4 mmole/l, Méthodologie - diabète : glycémie à jeûn Étude randomisée, en ouvert. ≥ 7,8mmole/l, 4495 patients : - obésité : IMC ≥ 30, 95 % recrutés par 315 médecins - antécédent familial d'IDM avant généralistes, 55 ans chez au moins un parent, 5 % recrutés à l'hôpital. - traitement médicamenteux chronique pour HTA, hypercholestérolémie ou diabète. Schéma posologique 4 bras * Bras 1 (n = 2226) : Exclusion aspirine 100 mg/j. - Traitement par antiagrégant plaquettaire, anti-inflammatoi* Bras 2 (n = 2263) : re ou anticoagulant. pas d’aspirine. - Contre-indication à l'aspirine. - Maladie de mauvais pronostic * Bras 3 (n = 2231) : à court terme. vitamine E : 300 mg/j. - Risque probable de mauvaise * Bras 4 (n = 2264) : compliance. pas de vitamine E. Durée de l’étude Suivi moyen: 3,6 ans. Arrêt prématuré au vu des résultats d'autres essais montrant le bénéfice de l'aspirine. Sorties d’étude 31 perdus de vue. Résultats Analyse en intention de traiter, modèle de Cox*. - Critère principal : bras 1 = 45 (2,0 %) vs bras 2 = 64 (2,8 %) RR = 0,71 [0,48-1,04]. - Total Accidents cardiovasculaires : bras 1 = 141 (6,3 %) vs bras 2 =187 (8,2 %), RR = 0,77 [0,62-0,95]. - Total AVC : . bras 1 = 16 (0,7 %) vs bras 2 = 24 (1,1 %), RR = 0,67 [0,36-1,27], (dont hémorragiques : 2 vs 3), . bras 3 = 22 (1,0 %) vs bras 4 = 18 (0,8 %), RR = 1,24 [0,66-2,31]. - Total IDM : . bras 1 =19 (0,8 %) vs bras 2 = 28 (1,2 %), RR = 0,69 [0,38-1,23], . bras 3 = 22 (1,0 %) vs bras 4 = (1,1 %), RR = 0,89 [0,52-1,58]. - AIT : . bras 1 = 28 (1,3 %) vs bras 2 = 40 (1,8 %), RR = 0,71 [0,44-1,15], Évaluation - Critère principal : . bras 3 = 33 (1,5 %) vs bras 4 = 35 (1,5 %). . taux cumulé de mortalité vas- Mortalité totale : culaire, bras 1 = 62 (2,8 %) vs bras 2 = 78 (3,4 %), . IDM non fatal, RR = 0,81 [0,58-1,13]. . AVC non fatal. - Mortalité cardiovasculaire : - Critères secondaires : bras 1 = 17 (0,8 %) vs bras 2 = 31 (1,4 %), . mortalité vasculaire, RR = 0,56 [0,31-0,99]. . mortalité totale, . tous accidents cardiovasculaires. Conclusion des auteurs : Chez des patients à risque (au moins un facteur de risque majeur), l'aspirine à faible dose ajoutée au traitement des facteurs de risque améliore la prévention des accidents cardiovasculaires, avec une tolérance acceptable. La vitamine E n'apporte pas de bénéfice. Conclusion du CNHIM : La réduction est significative pour le total des accidents cardiovasculaires et la mortalité cardiovasculaire. Pas d'amélioration significative en revanche sur la mortalité totale, ou sur les AIT et AVC toute cause, et plus de saignements sévères. La vitamine E a plutôt une tendance non significative à augmenter l'incidence des AVC. Tolérance - Arrêts de traitement pour effets indésirables : bras 1 = 7,9 % ; bras 3 = 1,1 %. - Saignements sévères : bras 1 = 1,1 % ; bras 2 = 0,3 % (p < 0,0008). * taux et risque relatif RR avec intervalle de confiance à 95 %. AIT : accident ischémique transitoire. HTA : hypertension artérielle. IMC : indice de masse corporelle Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. PAD : pression artérielle diastolique. 22 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 7 Prévention des AIC Tableau 2 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par l’aspirine Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Comparer l'efficacité d'une dose faible d'aspirine et d'une dose moyenne sur la prévention de la mortalité vasculaire et des AVC et IDM non mortels chez des sujets ayant présenté un AIT ou un AVC mineur. Méthodologie Étude contrôlée, randomisée, en double aveugle, multicentrique (63 centres). 3131 patients. Schéma posologique 2 bras. * Bras 1 (n = 1555) : aspirine 30 mg/j. * Bras 2 (n = 1576) : aspirine 283 mg/j Durée de l’étude 3 ans. Inclusion Sorties d’étude Sujets ayant présenté dans les Pas de perdus de vue. 3 mois précédents : - soit un AIT : symptômes < 24 heures, - soit un AVC mineur : symptômes > 24 heures, mais avec autonomie conservée (≤ grade 3 de l'échelle de Rankin). Résultats Suivi moyen = 2,6 ans. Analyse en intention de traiter, KaplanMeier. - Critère principal : bras 1 = 228 (14,7 %) vs bras 2 = 240 (15,2 %), Exclusion - Accident ischémique de RR = 0,95 [0,79-1,14]. cause non artérielle (FA, valvulopathie, IDM récent, ano- - Mortalité totale : bras 1 = 160 vs bras 2 = 151, malie de la coagulation). - Contre-indication à l'aspirine. soit une incidence pour 1000/an de 39,9 vs 37, RR = 1,07 [0,86-1,34]. Évaluation - Critère principal : critère combiné de mortalité vasculaire, AVC non fatal et IDM non fatal. - Mortalité vasculaire ou AVC non fatal : bras 1 = 195 vs bras 2 = 216, soit une incidence pour 1000/an de 48,6 vs 53,1 (NS), RR = 0,91 [0,75-1,10]. - Critères secondaires : . mortalité toute cause, - Mortalité vasculaire : . mortalité vasculaire, bras 1 = 105 vs bras 2 = 107, . mortalité vasculaire ou AVC RR = 1,00 [0,76-1,30]. non fatal. - Critère tertiaire : AVC fatal ou non. - AVC fatal ou non : bras 1 vs bras 2, RR = 0,82 [0,64-1,04]. Tolérance - Hémorragie majeure : bras 1 = 40 vs bras 2 = 53 (NS), dont 11 vs 18 mortelles et dont 13 vs 15 cérébrales. Conclusion des auteurs : Chez des sujets ayant présenté un AIT ou un AVC mineur, 30 mg - Hémorragie gastro-intestinale : d'aspirine n'est pas moins efficace en prévention secondaire des bras 1 = 16 vs bras 2 = 23 (NS) AVC que 283 mg et permet de réduire les effets indésirables. dont 2 vs 2 mortelles. Conclusion du CNHIM : - Hémorragie mineure : Il n’y a pas de différence significative sur aucun des critères d'effibras 1 = 49 vs bras 2 = 84 cacité ; il est noté moins d'hémorragies gastro-intestinales avec la RR = 0,58 [0,41-0,83]. faible dose d'aspirine : il s’agit d’un argument supplémentaire pour réduire la posologie de l’aspirine. - Gastralgies : bras 1 = 164 vs bras 2 = 179 (NS). AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. RR = risque relatif = nombre d’événements par personne-année. 23 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique The Dutch TIA Trial Study Group. A comparison of two doses of aspirin (30 mg vs 283 mg a day) in patients after a transient ischemic attack or minor ischemic stroke - 1991 (57). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 8 Prévention des AIC Tableau 2 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par l’aspirine (suite 1) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Swedish Aspirin Low-Dose Trial (SALT) of 75 mg aspirin as secondary prophylaxis after cerebrovascular ischaemic events - 1988 (59). Objectif Inclusion Évaluation de l'efficacité de l'aspiri- - Âge 50-79 ans (moyenne = ne à faible dose après AIT ou AVC 67 ans). mineur en prévention des AVC et - AIT, AVC mineur ou occlusion de la mortalité vasculaire. de l'artère rétinienne ≤ 3 mois. - Délai moyen d'inclusion après AVC = 2 mois. Méthodologie Étude contrôlée, randomisée, en double aveugle, multicentrique (16 Exclusion centres). - Cardiopathie emboligène 1360 patients. (FA, maladie mitrale, IDM ≤ 3 mois, prothèse valvulaire). - Chirurgie de la carotide. Schéma posologique - Artérite. 2 bras - Dissection. * Bras 1 (n = 676) : - Migraine. aspirine 75 mg/j. - Hyperviscosité sanguine. - Maladie intercurrente sus* Bras 2 (n = 684) : ceptible de diminuer la la complacebo. pliance ou l'espérance de vie. - Contre-indication à l'aspirine, nécessité d'un traitement antiDurée de l’étude coagulant ou antiagrégant plaDurée moyenne de suivi : 32 mois. quettaire. Sorties d’étude Arrêts de traitement (refus de poursuivre, effets indésirables, maladie intercurrente) bras 1 = 17 % vs bras 2 = 23 %. Résultats Analyse en intention de traiter, test du log-rank. - AVC + mortalité : bras 1 = 138 vs bras 2 = 171, RR = 0,82 (p = 0,02), diminution du risque de 18 %. - AIC : . mineur : bras 1 = 55 vs bras 2 = 68, . majeur : bras 1 = 17 vs bras 2 = 30. - AVC (total) : bras 1 = 93 vs bras 2 = 112, RR = 0,84 (NS). - IDM : bras 1 = 54 vs bras 2 = 68, risque relatif = 0,80 (NS). - AVC ou 2 AIT : Évaluation - Critère principal : AVC ou bras 1 = 101 vs bras 2 = 128, RR = 0,80 (p = 0,03). mortalité toute cause. - Critères secondaires : . AVC (mineur ou majeur), . AVC ou 2 AIT (à une semaine d'intervalle) nécessitant modification thérapeutique, . IDM (fatal ou non). Conclusion des auteurs : Ces résultats permettent de recommander une faible dose d'aspirine plutôt que des doses plus élevées, avec comme principal avantage une diminution des effets gastro-intestinaux. La réduction du risque de 18 % du critère de jugement principal est importante, mais l'aspirine ne permet pas de prévenir un nombre élevé d'accidents vasculaires, et d'autres traitements doivent être évalués pour permettre une meilleure réduction de ce risque. Conclusion du CNHIM : Cette étude est une démonstration importante de l'efficacité d'une faible dose d'aspirine (75 mg), avec cependant 0,7 % d'hémorragies fatales. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 24 Tolérance - Tous saignements : 7,2 vs 3,2 % (p = 0,001), - Saignements sévères : bras 1 = 3,0 % vs bras 2 = 1,3 % (p=0,04), dont 0,7 % vs 0 d'hémorragies fatales (p = 0,03). - Troubles gastro-intestinaux sévères : bras 1 = 3,1 % vs bras 2 = 2,6 %. - Arrêts de traitement : bras 1 = 2,5 % vs bras 2 = 1,5 %. doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 9 Prévention des AIC Tableau 2 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par l’aspirine (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Déterminer l’efficacité et la tolérance de l'aspirine, de l'héparine et de leur association sur la mortalité cardiovasculaire ou la dépendance après un AIC. Méthodologie Étude contrôlée, randomisée, en ouvert, multicentrique (36 pays, 467 hôpitaux). 19 435 patients. Schéma posologique 6 bras * Bras 1 (n = 2430) : - aspirine : 300 mg, - héparine 12500 UI x 2. * Bras 2 (n = 2432) : - aspirine : 300 mg, - héparine 5000 UI x 2. * Bras 3 (n = 4858) : aspirine : 300 mg. * Bras 4 (n = 2426) : héparine 12500 UI x 2. * Bras 5 (n = 2429) : héparine 5000 UI x 2. * Bras 6 (n = 4860) : contrôle. (héparine sur 14 jours) Inclusion Patients présentant : - un AIC < 48 heures, - sans signe d'hémorragie intracrânienne, - pouvant recevoir l'un des 6 traitements. Sorties d’étude Données disponibles pour 99,2 % des patients à 6 mois. Résultats * Héparine vs absence d'héparine Remarque : certains patients - Mortalité à 14 jours : ont passé un scanner, d’autre bras 1, 2, 4, 5 = 876 (9,0 %) pas, ce qui peut influencer les vs bras 3, 6 = 905 (9,3 %) (NS). résultats de l’étude. - Mortalité ou dépendance à 6 mois : 62,9 % dans les 2 groupes. Exclusion - Contre-indication à l'aspirine - AIC à 14 jours : bras 1, 2, 4, 5 = 2,9 % ou l'héparine. - Probabilité d'un bénéfice vs bras 3, 6 = 3,8 % (p = 0,005). faible tel que guérison sponta- - AVC hémorragique à 14 jours : née probable en quelques bras 1, 2, 4, 5 = 1,2 % heures. vs bras 3, 6 = 0,4 % (p < 0,00001). - Traitement anticoagulant en - Mortalité ou AVC non fatal à 14 jours : cours. - Risque élevé d'effet indési- bras 1, 2, 4, 5 = 11,7 % rable avec l'un des traite- vs bras 3, 6 = 12,0 % (NS). ments. - Hémorragies extracrâniennes majeures : bras 1, 2, 4, 5 = 1,3 % vs bras 3, 6 = 0,4 % (p < 0,00001). la dose de 12500UI étant significativement Évaluation plus hémorragique que 5000 UI. - Mortalité à 14 jours. - Mortalité ou dépendance à 6 mois. * Aspirine vs absence d'aspirine - Mortalité à 14 jours : bras 1, 2, 3 = 872 (9,0 %) vs bras 4, 5, 6 = 909 (9,4 %) (NS). Durée de l’étude 6 mois. - Mortalité ou dépendance à 6 mois : bras 1, 2, 3 = 62,2 % vs bras 4, 5, 6 = 63,5 % (NS). Conclusion des auteurs : Au 6ème mois d’évolution, l’administration d’héparine associée à l’aspirine à la phase initiale n’apporte aucun avantage clinique (absence de réduction de la mortalité, absence de réduction du handicap). La dose quotidienne ne devrait pas excéder en routine 5000 UI x2. L'aspirine permet une diminution de 10 morts ou récidives d'AIC pour 1000 pendant les premières semaines, ce qui doit conduire à l'utiliser le plus tôt possible. - AIC à 14 jours : bras 1, 2, 3 = 2,8 % vs bras 4, 5, 6 = 3,9 % (p < 0,001). - AVC hémorragique à 14 jours : bras 1, 2, 3, 4 = 0,9 % vs bras 5, 6 = 0,8 % (NS). - Mortalité ou AVC non fatal à 14 jours : bras 1, 2, 3 = 11,3 % vs bras 4, 5, 6 = 12,4 % (p = 0,02). Conclusion du CNHIM : L'héparine présente un risque hémorragique supérieur à celui de - Hémorragies extracrâniennes majeures : l'aspirine pour un bénéfice inférieur. bras 1, 2, 3 = 1,1 % vs bras 4, 5, 6 = 0,6 % (p = 0,0004). AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. NS : différence non significative. 25 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique The International Stroke Trial (IST): a randomised trial of aspirin, subcutaneous heparin, both, or neither among 19435 patients with acute ischaemic stroke - 1997 (39). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 10 Prévention des AIC Tableau 2 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par l’aspirine (suite 3) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique CAST: randomised placebo-controlled trial of early aspirin use in 20 000 patients with acute ischaemic stroke - 1997 (16). Objectif Évaluer l’intérêt de l'utilisation précoce de l'aspirine versus placebo à la phase aiguë de l'accident ischémique cérébral. Inclusion Suspicion d'AIC ayant débuté depuis moins de 48 heures, sans indication ni contre-indication claire à l'aspirine. Méthodologie Étude contrôlée, randomisée, en double aveugle, multicentrique (413 hôpitaux chinois). 21 106 patients. Exclusion Contre-indication à l'aspirine jugée par le médecin investigateur, tel que antécédent d'hémorragie gastrique sévère ou d'allergie connue à l'aspirine, ou encore probabilité d'un faible bénéfice thérapeutique (AIC mineur, autre maladie grave évolutive, ou perte d'autonomie pré-existante). Schéma posologique 2 bras. Administration 48 heures au maximum après le début de l'AIC. * Bras 1 (n = 10 554) : aspirine : 160 mg/j. * Bras 2 (n = 10 552) : placebo. Durée de l’étude 4 semaines. Évaluation - Critères principaux: - mortalité toute cause à 4 semaines, - mortalité ou dépendance (perte d'autonomie) après l'hospitalisation. - Critères secondaires : - récidive d'AVC fatal ou non, - mortalité ou AVC non fatal. Caractéristiques initiales des patients - Délai moyen d'administration : 25 heures. - AIC confirmés : bras 1 = 10110 ; bras 2 = 10091. Résultats Analyse en intention de traiter, avec différence absolue en nombre d'événements pour 1000 patients traités. - Mortalité : bras 1 = 343 (3,3 %) vs bras 2 = 398 (3,9 %) (p = 0,04), soit une différence absolue de 5,4/1000 (et relative de 14 %). - Récidive AVC fatal ou non : bras 1 = 335 (3,2 %) vs bras 2 = 351 (3,4 %) (NS), différence de 1,6/1000. - Récidive AIC : bras 1 = 167 (1,6 %) vs bras 2 = 215 (2,1 %) (p = 0,01), différence de 4,7/1000. - AVC hémorragique : 115 (1,1%) vs 93 (0,9 %) (NS) - Mortalité ou AVC non fatal à 4 semaines : bras 1 = 545 (5,3 %) vs bras 2 = 614 (5,9 %) (p = 0,03), différence de 6,8/1000 (réduction relative de 11 %). - Mortalité ou perte d'autonomie : bras 1 = 3153 (30,5 %) vs bras 2 = 3266 (31,6 %) (NS), différence de 11,4/1000. Conclusion des auteurs : Comme avec l'essai IST, l'aspirine débutée précocement moins de - Saignements majeurs extracrâniens 48 heures après le début d'un AIC produit un bénéfice mineur mais (nécessitant transfusion ou fatals) : clairement démontré sur la mortalité et la récidive d'AIC non fatals bras 1 = 86 (0,8 %) vs bras 2 = 58 (0,6 %) (p = 0,02), Conclusion du CNHIM : différence de 2,7/1000. Cette étude a démontré l’efficacité de l’aspirine à la phase aiguë de l’AVC, mais avec un risque hémorragique non négligeable. AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. NS : différence non significative. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 26 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 11 Prévention des AIC Tableau 2 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par l’aspirine (suite 4) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Comparer l’efficacité et la tolérance de l'aspirine versus un anticoagulant oral en prévention secondaire après un AIT ou un AIC mineur. Méthodologie Étude randomisée, en ouvert, multicentrique (58 centres). 1316 patients. Schéma posologique 2 bras. * Bras 1 (n = 665) : aspirine : 30 mg/j (100 mg, maximum autorisé). * Bras 2 (n = 651) AVK à dose ajustée (pour obtenir un INR entre 3,0 et 4,5) (phenprocoumone surtout, mais aussi acénocoumarol et warfarine). Inclusion Sorties d’étude AIT ou AIC mineur (grade ≤ 3 - Patients inclus à tort : dans l’échelle de Rankin) bras 1 = 2 vs bras 2 = 5. datant de moins de 6 mois - Arrêts de traitement : bras 1 = 44 vs bras 2 = 143. Dans les 6 premiers mois pour la plupart, Exclusion bras 1 = 775 vs bras 2 = 735 observations - Sténose de la carotide néces- en personnes-années. sitant une chirurgie. - Embolie due à une fibrillation auriculaire ou à une maladie Résultats valvulaire. Analyse en intention de traiter, - IDM récent. nombre d'événements, - Contre-indication à l’aspirine avec risk-ratio RR (modèle de Cox) ou aux AVK. et IC à 95 % Évaluation - Critère principal : critère composite combinant mortalité vasculaire, AVC non fatal, IDM non fatal et saignement majeur non fatal - Critères secondaires : . mortalité toute cause, . mortalité vasculaire, . critère combinant AVC non fatal et mortalité vasculaire. Durée de l’étude Suivi moyen : 14 mois. - Critère principal (composite) : bras 1 = 36 vs bras 2 = 81, RR = 2,3 [1,6-3,5]. - AVC non fatal + mortalité vasculaire : bras 1 = 29 vs bras 2 = 48, RR = 1,7 [1,1-2,7]. - Mortalité vasculaire : bras 1 = 11 vs bras 2 = 24, RR = 2,3 [1,1-4,6] - Mortalité totale : bras 1 = 15 vs bras 2 = 35, RR = 2,4 [1,3-4,4]. - Saignement majeur : bras 1 = 6 vs bras 2 = 53, RR = 9,3 [4,0-22]. Conclusion des auteurs : Le taux élevé de saignements majeurs a conduit à l'interruption prématurée de l'essai lors de l'analyse intermédiaire, en raison d'une zone de l'INR trop élevée. Le bénéfice sur la prévention des événements ischémiques avec un INR plus bas reste à démontrer dans l'essai ESPRIT qui est en cours. Conclusion du CNHIM : Dans cette étude, un INR élevé ne correspondant apparemment pas au niveau de risque des patients inclus, d'où l'absence d’une meilleure efficacité et un risque hémorragique important. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. AVK : antivitamines K. IDM : infarctus du myocarde. INR : international normalized ratio. NS : différence non significative. RR = risque relatif = nombre d’événements par personne-année. 27 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique (SPIRIT) Study Group. A randomized trial of anticoagulants versus aspirin after cerebral ischemia of presumed arterial origin - 1997 (51). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 12 Prévention des AIC Tableau 3 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par la ticlopidine Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique A randomized trial comparing ticlopidine hydrochloride with aspirin for the prevention of stroke in high-risk patients. Ticlopidine Aspirin Stroke Study Group - 1989 (35). Objectif Comparer l’efficacité et la tolérance de la ticlopidine versus l'aspirine dans la prévention des AVC et de la mortalité. Inclusion - Âge > 40 ans. - Patient ayant présenté un AIT ou un AIC mineur (déficit neurologique < 20 % au bout de 3 semaines), définis par un déficit neuro-ischémique Méthodologie réversible en 1 jour à 3 Étude randomisée, en double semaines. aveugle, multicentrique (56 centres américains). 3069 patients. Exclusion - Chirurgie de la carotide < 3 Schéma posologique mois. 2 bras. - AVC modéré à sévère < 3 mois. * Bras 1 (n = 1529) : - Femme enceinte. - ticlopidine 250 mg 2 fois par jour, - Déficit neurologique (cépha- placebo. lées). - Embolie cardiogénique. * Bras 2 (n = 1540) : - Troubles hématologiques. aspirine : 650 mg 2 fois par jour. - Antécédent d'ulcère ou d'hémorragie épigastrique. - Comorbidité de mauvais proDurée de l’étude nostic. 2 à 6 ans de suivi. - Nécessité d'un traitement anticoagulant. - Intolérance à l'aspirine. Sorties d’étude Patients inclus à tort : bras 1 = 3 vs bras 2 = 9 Résultats Analyse en intention de traiter, méthode de Kaplan-Meier. - AVC non fatal ou décès toute cause : . à 5 ans : bras 1 = 306 vs bras 2 = 349, soit une diminution du risque de 12 %, (p = 0,048), . à 3 ans bras 1 = 17 % vs bras 2 = 19 %. - AVC : bras 1 = 172 vs bras 2 = 212, (p = 0,024). - AVC hémorragique : bras 1 = 3 vs bras 2 = 4. - Décès toute cause : diminution à 3 ans de 5 %, (NS). Évaluation Tolérance - Critère principal : - Diarrhée : AVC non fatal ou mortalité bras 1 = 20 % vs bras 2 = 10 % toute cause. (dont 6 % vs 2 % avec arrêt traitement). - Critères secondaires : AVC fatal ou non. - Ulcère gastrique : bras 1 = 0,8 % vs bras 2 = 2,9 %. - Rash : Conclusion des auteurs : La ticlopidine a été plus efficace que l'aspirine dans la prophylaxie bras 1 = 12 % vs bras 2 = 5 %. des AVC dans cette population, avec un risque plus élevé d'effets - Neutropénie sévère (< 450/mm3) : indésirables. 13 cas au total uniquement dans bras 1, dont un décès. Conclusion du CNHIM : Le risque le plus important est représenté par les neutropénies - Augmentation de la cholestérolémie : sévères, à l'origine d'un décès chez l'un des 13 patients atteints du bras 1 = 9 % en moyenne vs bras 2 = 2 % bras 1. (p < 0,01). AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. NS : différence non significative. RR = risque relatif = nombre d’événements par personne-année . Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 28 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 13 Prévention des AIC Tableau 3 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par la ticlopidine (suite 1) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer après un AIC l'efficacité et la tolérance de la ticlopidine sur la réduction des récidives d'AIC, des IDM et de la mortalité vasculaire. Méthodologie Étude randomisée, en double aveugle, multicentrique (13 centres américains et 12 canadiens). 1072 patients. Schéma posologique 2 bras. Inclusion AVC thrombo-embolique > 1 semaine et < 4 mois. Caractéristiques initiales des patients AIC athéro-thrombotiques = 74 %. Exclusion - AIC cardio-embolique. - État grabataire prévisible ou démence. - Pathologie grave intercurrente. - Contre-indication à la ticlopidine. - Contre-indication ou nécessité d'anticoagulant ou d'antiagrégant plaquettaire. - Chirurgie ou contre-indication : bras 1 = 35 (7 %) vs bras 2 = 59 (11 %). Sorties d’étude - Effets indésirables : bras 1 = 62 (12 %) vs bras 2 = 15 (3 %). - Autre maladie : bras 1 = 16 (3 %) vs bras 2 = 12 (2 %). - Autre motif : bras 1 = 125 (24 %) vs bras 2 = 78 (15 %). Résultats Analyse en intention de traiter, % annuel, réduction RR (RRR). * Bras 1 (n = 525) : ticlopidine : 250 mg x 2 par jour. - Critère principal : . bras 1 = 106 (11,3 %) vs bras 2 = 134 Évaluation (14,8 %) (p = 0,02), RRR = 23,3 % [1,0* Bras 2 (n = 528) : - Critère principal : 40,5]. placebo. critère combiné "AIC, IDM ou . analyse per protocole : mortalité vasculaire". bras 1 = 10,8 % vs bras 2 = 15,3 % (p = 0,006), Remarque RRR = 28,1 % pour hommes, 34,2 % pour Patients inclus à tort et exclus - Critères secondaires : femmes, et 30,2 % au total). après randomisation : - AIC + IDM + mortalité totale. bras 1 = 6 vs bras 2 = 13, - AIC fatal ou non. - AIC + IDM + mortalité totale : non inclus dans l'analyse en inten- - Mortalité totale. bras 1 = 134 (14,3 %) vs bras 2 = 156 tion de traiter. - Mortalité vasculaire. (17,2 %) (p = 0,06), RRR = 16,7 %. - AIC fatals ou non : bras 1 = 80 (8,5 %) vs bras 2 = 98 (10,7 %), (p = 0,063), RRR = 20,5 %. Durée de l’étude Suivi moyen = 2 ans. Conclusion des auteurs : Chez des sujets ayant présenté un AVC dans un délai allant de 1 semaine à 4 mois, la ticlopidine a montré un bénéfice chez les hommes comme les femmes sur le critère composite associant AIC, IDM et mortalité vasculaire. Conclusion du CNHIM : La réduction est significative sur le critère principal avec une réduction relative du risque d'événements cardiovasculaires de 23,3 %, mais non sur les autres critères dont les AIC, bien que proche de la significativité. À noter que l'analyse en intention de traiter a exclu 19 sujets après randomisation. Les effets indésirables sévères ont été rapportés 3 fois plus souvent chez les patients sous ticlopidine que dans le groupe placebo. - Mortalité vasculaire : bras 1 = 32 (3,1 %) vs bras 2 = 41 (4,0 %), (p = 0,15), RRR = 21,6 %. - Mortalité totale : bras 1 = 64 vs bras 2 = 64 (p = 0,577), RRR =- 0,5 %. Tolérance - Neutropénies : bras 1 = 11 vs bras 2 =8 (dont sévères mais réversibles : 5 vs 1). - Rash cutané: bras 1 = 78 vs bras 2 =43 (dont sévères : 11 vs 0). - Diarrhée : bras 1 = 113 vs bras 2 = 53 (dont sévères: 11 vs 4). AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. RR = risque relatif = nombre d’événements par personne-année. 29 - Troubles hémorragiques : bras 1 = 34 vs bras 2 = 16 (dont sévères : 2 vs 1). - Troubles hépatiques : bras 1 = 23 vs bras 2 = 8 (dont sévères: 2 vs 0). Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique The Canadian American Ticlopidine Study (CATS) in thromboembolic stroke - 1989 (29). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 14 Prévention des AIC Tableau 3 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par la ticlopidine (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Prevention of myocardial infarction and stroke in patients with intermittent claudication; effects of ticlopidine. Results from STIMS, the Swedish Ticlopidine Multicentre Study - 1990 (40). Objectif Évaluer l'efficacité de la ticlopidine sur l'incidence des IDM, des AVC et des AIT chez des sujets souffrant de claudication intermittente. Méthodologie Étude randomisée, en double aveugle, multicentrique (6 centres). 687 patients. Schéma posologique 2 bras. * Bras 1 (n = 346) : . ticlopidine 250 mg x 2 par jour * Bras 2 (n = 341) : placebo. Durée de l’étude 5 ans. Inclusion - Âge : ≤ 70 ans. - Claudication intermittente (selon définition de l'OMS). Sorties d’étude - Bras 1 = 106 vs bras 2 = 59. dont 73 (21,1 %) vs 26 (7,6 %) pour effets indésirables. - Pas de perdus de vue. Exclusion - Femme enceinte ou en âge de procréer. - Traitement antiagrégant ou anticoagulant. - Hypolipidémiant autre que fibrate. - Plaquettes < 100 000. - IDM < 3 mois. - Chirurgie majeure < 1 mois. - Diabète insulinodépendant ou sévère. - Ulcère gastroduodénal. - FA sur cardiopathie rhumatismale. - Cancer. - Polynévrite. - HTA non contrôlée. - Insuffisance rénale et hépatique. - AVC séquellaire empêchant l'évaluation de la claudication. Résultats Analyse en intention de traiter, test du logRank. Évaluation - Critère principal: IDM, AVC, ou AIT. - Critère secondaire : mortalité totale. - Critère combiné (IDM + AVC + AIT) : . bras 1 = 89 (25,7 %) vs bras 2 = 99 (29,0 %), soit une diminution de 11,4 % (NS). . per protocole : bras 1 = 47 vs bras 2 = 76 (p =0,017). - IDM : bras 1 = 60 vs bras 2 = 68. - AVC : bras 1 = 19 vs bras 2 = 22. - AIT : bras 1 = 10 vs bras 2 = 9. - Mortalité totale : bras 1 = 64 (17 %) vs bras 2 = 89 (23 %), soit une diminution de 29,1 % (p = 0,015). Tolérance - Troubles hématologiques : bras 1 = 7 (2 %) vs bras 2 = 0. - Hémorragies : bras 1 = 16 vs bras 2 = 9. - Diarrhée : bras 1 = 75 (22 %) vs bras 2 = 30 (9 %). - Symptômes gastro-intestinaux : bras 1 = 57 vs bras 2 = 35. - Autres : bras 1 = 37 vs bras 2 = 28. Conclusion des auteurs : Chez des sujets souffrant de claudication intermittente, la ticlopidine peut diminuer la mortalité cérébro-vasculaire et cardiaque et la mortalité globale, avec cependant une incidence notable d'effets indésirables. Conclusion du CNHIM : La ticlopidine n'a pas d'effet significatif sur la population associant IDM + AVC + AIT. En revanche, le traitement réduit significativement de 36 % la mortalité totale, vraisemblablement par la diminution des décès coronariens, ce qui permet d'éviter 1,4 décès pour 100 sujets traités par an. AIT : accident ischémique transitoire. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. OMS : organisation mondiale de la santé. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AVC : accident vasculaire cérébral. HTA : hypertension artérielle. NS : différence non significative. 30 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 15 Prévention des AIC Tableau 4 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par le clopidogrel Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer la réduction par le clopidogrel versus l’aspirine du risque d'AIC, d’IDM ou de mort vasculaire chez des patients ayant présenté un AIC récent, un IDM récent ou une maladie artérielle périphérique. Inclusion - Âge >21 ans. - AIC récent d'origine athérothrombotique probable, ≥1 semaine et ≤ 6 mois, avec une durée des symptômes >1 semaine. - IDM ≤ 35 jours. - Artériopathie des membres inférieurs (claudication interMéthodologie mittente actuelle ou antérieure Étude randomisée en double avec chirurgie). aveugle, multicentrique (384 centres, 16 pays). 19185 patients. Exclusion - Démence. - Chirurgie carotidienne après Schéma posologique AVC. 2 bras. - AVC induit par chirurgie carotidienne ou angiographie. * Bras 1 (n = 9599) : - Comorbidité sévère (espéclopidogrel : 75 mg/j. rance de vie < 3 ans). - HTA mal contrôlée. * Bras 2 (n = 9586) : - Contre-indication à l’aspirine aspirine : 325 mg/j. ou au clopidogrel. - Femme en âge de procréer sans contraception. Durée de l’étude - Inclusion dans précédent 1 à 3 ans. essai avec clopidogrel. Évaluation - Critère principal : AIC, IDM, ou mort vasculaire Sorties d’étude - Pour raisons comparables : bras 1 = 21,3 % vs bras 2 = 21,1 %, dont 11,4 % d'effets indésirables. - Suivi moyen de 1,91 années. - Patients ayant achevé l'étude : bras 1 = 9577 vs bras 2 = 9566. - Patients n'ayant reçu aucun traitement : bras 1 = 46 vs bras 2 = 40. - Patients perdus de vue : bras 1 = 22 vs bras 2 = 20. Résultats Analyse en intention de traiter - Critère principal (patients-années) : bras 1 = 939/17636 vs bras 2 = 1021/17519, soit 5,32 % vs 5,83 % d'événements par an, soit une réduction RR avec le clopidogrel de 8,7 % [0,3-16,5] (modèle de Cox), p = 0,043 (9,4 % en per-protocole). - AIC, IDM, amputation ou mort vasculaire : bras 1 = 5,56 % vs bras 2 = 6,01 % d'événements par an, soit une réduction relative de 7,6 % (NS). - Mort vasculaire : bras 1 = 1,90 % vs bras 2 = 2,06 % d'événements par an, soit une réduction relative de 7,6 % (NS). - AIC non fatal : bras 1 = 472 vs bras 2 = 504. - Critères secondaires : amputation, mortalité vascu- AIC fatal : laire. bras 1 = 37 vs bras 2 = 42. Conclusion des auteurs : L'administration de clopidogrel à long terme à des patients avec maladie vasculaire athéroscléreuse est plus efficace que l'aspirine pour réduire le risque combiné d'AIC, d'IDM ou de mort vasculaire. Sa tolérance est aussi bonne que celle d’une dose moyenne d'aspirine avec moins d’hémorragies digestives. Tolérance - Effets sévères : . Rash : bras 1 = 0,26 % vs bras 2 = 0,10 % (p = 0,017). Conclusion du CNHIM : . Diarrhée : Le bénéfice du clopidogrel sur le critère principal est significative- bras 1 = 0,23 % vs bras 2 = 0,11 % (NS). ment supérieur à celui de l'aspirine, avec pour seul inconvénient . Hémorragie intracrânienne : une tendance à plus d'éruptions cutanées et de diarrhées. bras 1 = 0,33 % vs bras 2 = 0,47 % (NS). . Hémorragie digestive : bras 1 = 0,52 % vs bras 2 = 0,72 % (p = AIC : accident ischémique constitué. 0,05). AVC : accident vasculaire cérébral. HTA : hypertension artérielle. - Neutropénie (< 1200/ml) : IDM : infarctus du myocarde. bras 1 = 0,10 % vs bras 2 = 0,17 % (NS). NS : différence non significative. 31 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique A randomised, blinded, trial of clopidogrel versus aspirin in patients at risk of ischaemic events (CAPRIE) - 1996 (15). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 16 Prévention des AIC Tableau 5 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par le dipyridamole Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Prévention des récidives des accidents vasculaires cérébraux ischémiques par les anti-agrégants plaquettaires. Résultats d'un essai thérapeutique contrôlé de 3 ans - 1982 (32). Objectif Évaluer l'efficacité sur la prévention des récidives d'AIC de l'adjonction d'aspirine ou d'aspirine associée au dipyridamole à un traitement par la dihydrocornine (HYDERGINE®), par rapport à la dihydrocornine seule. Méthodologie Étude randomisée en ouvert. 440 patients. Schéma posologique 3 bras. * Bras 1 (n = 155) : dihydrocornine : 30 gouttes 3 fois/jour (4,5 mg). * Bras 2 (n = 147) : - dihydrocornine : 30 gouttes 3 fois/jour (4,5 mg), - aspirine : 300 mg 3 fois/j. Inclusion AIT d'une durée <24 heures, ne laissant aucune séquelle fonctionnelle, carotidienne ou vertébrobasilaire, datant de moins de 3 mois Caractéristiques initiales des patients - Age moyen = 62-63 ans. - 14 perdus de vue. - Exclusion de 141 patients pour règles de surveillance non respectées : . bras 1 = 63, . bras 2 : 45, . bras 3 : 33, Exclusion - Traitement anticoagulant au dont 81 pour mauvaise compliance : . bras 1 = 44, long cours. - Valvulopathie rhumatismale. . bras 2 : 20, - Insuffisance cardiaque décom- . bras 3 : 17. pensée. - Antécédent d'ulcère gastroRésultats duodénal. - Thrombo-endartéri-ectomie - Probabilité de non-survenue d'un AIC à 3 ans (analyse de Kaplan-Meier) : des artères cervicales. . bras 1 = 93,6 %, . bras 2 : 94,6 %, . bras 3 : 93,9 %, Évaluation (NS). (9 visites) - Mortalité toute cause. - Mortalité vasculaire. - Mortalité non vasculaire. - Infarctus cérébraux à séquelles permanentes. * Bras 2 (n = 138) : - dihydrocornine : 30 gouttes 3 fois/jour (4,5 mg), - aspirine : 300 mg 3 fois/j, - dipyridamole : 50 mg/jour. - Absence de récidive chez les 299 sujets régulièrement surveillés pendant 3 ans : . bras 1 : 75 %, . bras 2 : 87,25 %, . bras 3: 81,90 % (pas de test). - L’AIC survient dans 20 à 25 % des cas dans un territoire artériel différent de l'AIT initial. Tolérance 9 arrêts de traitement sur les 285 sujets prenant 1 g/j d'aspirine (ulcère ou hémorragie digestive). Durée de l’étude 3 à 6 ans. Conclusion des auteurs : L'incidence d'événements vasculaires cérébraux et cardiaques survenus après 3 ans est de moins de 15 % des malades surveillés, ce qui explique l'absence de différence significative entre les traitements par l’insuffisance du nombre de patients inclus. Conclusion du CNHIM : Les auteurs pensent que le nombre de patients inclus devrait être double ou triple de celui estimé dans cette étude, ce qui est a posteriori peu acceptable mais il est vrai que la littérature sur l'incidence des AIC était en 1982 peu documentée ; les résultats ne sont détaillés que pour les 299 patients correctement suivis. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 32 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 17 Prévention des AIC Tableau 5 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par le dipyridamole (suite 1) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer l'efficacité et la tolérance de l'aspirine associée au dipyridamole en prévention secondaire des AIC liés à l'athérosclérose (AICLA). Méthodologie Étude randomisée, en double aveugle. 604 patients. Schéma posologique 3 bras. * Bras 1 (n = 202) : - aspirine : 1 g/jour, - dipyridamole : 225 mg/j. * Bras 2 (n = 198) aspirine : 1 g/j. * Bras 3 (n = 204) placebo. Durée de l’étude 1 an. Inclusion Evénement athérothrombotique ischémique < 1 an : AIT ou AIC constitué, rétinien ou cérébral, carotidien ou vertébrobasilaire. Exclusion - Femme < 50 ans. - Fibrillation auriculaire, - Maladie valvulaire cardiaque. - Polycythémie. - Thrombocythémie. - Estrogénothérapie. - Non compliance probable. - Contre-indication à l'aspirine dont ulcère gastrique. - Traitement par antiagrégant plaquettaire en cours. - Sténose serrée de la carotide interne ou de l'artère vertébrale avec chirurgie programmée. - Séquelles sévères. - Refus de consentement. Sorties d’étude Pas de différence entre les 3 groupes : . perdus de vue : 8, . changements d'adresse : 12, . arrêts de traitement > 30 j/an : 46. Résultats 16 % d'AIT et 84 % d'AIC constitués. Test du log-rank. - AIC fatal ou non : bras 1 = 18 (p = 0,06 vs bras 3), bras 2 = 17 (p = 0,05 vs bras 3), bras 3 = 31. Taux cumulés : bras 1 et 2 = 10,5 % vs bras 3 = 18 % (dont AIC non fatals: 15 vs 17 vs 29). - IDM fatals ou non : bras 1 = 1 (p < 0,05 vs bras 3), bras 2 = 2 (p < 0,05 vs bras 3), bras 3 = 9 (dont IDM non fatals : 0 vs 1 vs 7). Évaluation - Accidents vasculaires autres que AIC : - Critère principal : bras 1 = 5 (p < 0,04 vs bras 3), AIC fatal ou non dans les 3 ans bras 2 = 8 (p < 0,04 vs bras 3), suivant l'inclusion. bras 3 = 16. - Critères secondaires : IDM, mortalité toute cause. Conclusion des auteurs : Cette étude confirme le bénéfice de l'aspirine (1 g/jour) déjà démontré par l'étude canadienne de 1978 dans la prévention secondaire des AIC, mais ne montre pas de supériorité dans la population étudiée pour l'association aspirine-dipyridamole. Une diminution significative des IDM est également constatée. Des données complémentaires sont nécessaires pour déterminer la dose optimale d'aspirine. - IDM + AIC : bras 1 = 21, bras 2 = 20, bras 3 = 42, (p < 0,004 vs bras 3). Tolérance Arrêts de traitement pour effet indésirable, gastro-intestinal et hémorragique surtout : bras 1 = 18, bras 2 = 17, bras 3 = 6, (p < 0,03 vs bras 3). Conclusion du CNHIM : Il n'est pas précisé si l'analyse a été réalisée en intention de traiter. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. IDM : infarctus du myocarde. 33 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique "AICLA" controlled trial of aspirin and dipyridamole in the secondary prevention of athero-thrombotic cerebral ischemia - 1983 (12). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 18 Prévention des AIC Tableau 5 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par le dipyridamole (suite 2) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Persantine Aspirin Trial in cerebral ischemia. Part II: Endpoint results. The American-Canadian Co-Operative Study group - 1985 (54). Objectif Comparer l’association aspirine + dipyridamole versus aspirine seule dans la prévention des AVC, des infarctus rétiniens ou de la mortalité après AIT carotidien récent. Inclusion AIT carotidien ≤ 3 mois. Exclusion - AIT vertébrobasilaire seulement. - Autre maladie sévère. Méthodologie - Traitement par AVK ou ayant Étude randomisée, en double une action sur les plaquettes. aveugle, multicentrique (15 centres) - Endarteri-ectomie de la caro890 patients. tide programmée. - Risque de mauvaise compliance, suivi difficile. Schéma posologique - Source possible d'embolie 2 bras. cardiaque. - Antécédent d'ulcère ou d'hé* Bras 1 (n = 448) : morragie digestive. - aspirine : 325 mg/j, - AIT dans territoire carotidien - dipyridamole : 75 mg x 4/j. > 3 mois. * Bras 1 (n = 442) : - aspirine : 325 mg/j, - placebo. Caractéristiques initiales des patients - Bras 2 : plus de facteurs de risque (diabète, valves aortiques). - Suivi ≥ 1 an pour 98 % des patients. - Perdus de vue : . bras 1= 19, . bras 2 = 18. Résultats Analyse en intention de traiter. - Critère composite : bras 1 = 85 (19 % vs bras 2 = 84 (19 %), soit en proportion cumulée à 48 mois : 37,5 % vs 36,1% (NS). RR = 1,02, augmenté à 1,14 (NS) si les AIT sont inclus. En fonction du temps : . à 1 mois : bras 1 vs bras 2, risque 2 fois Évaluation moins élevé, Critère composite : . à 2 mois : bras 1 vs bras 2, risque 1,25 AVC, infarctus rétinien, morta- fois moins élevé, lité toute cause. à 6 mois : risque identique à 6 mois. Durée de l’étude Suivi moyen de 25 mois. - IDM : bras 1 = 25 (5,6 %) vs bras 2 = 23 (5,2 %) (NS). - Mortalité : bras 1 = 46 (10,3 %) vs bras 2 = 38 (8,6 %) (NS). - Infarctus rétinien : bras 1 = 53 (11,8 %) vs bras 2 = 60 (13,6 %) (NS). Conclusion des auteurs : Il n’y a pas d'avantage dans la prévention des AIC à associer le Tolérance dipyridamole à l'aspirine par rapport à l'aspirine seule chez des Arrêts de traitement : bras 1 = 197 (44 %) patients ayant présenté un AIT. vs bras 2 = 185 (41,9 %) (NS). Conclusion du CNHIM : Il y a beaucoup d'arrêts de traitement dans les 2 bras. AIT : accident ischémique transitoire. AVK : antivitamine K. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. RR = risque relatif = nombre d’événements par personne-année. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 34 doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 19 Prévention des AIC Tableau 5 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire par le dipyridamole (suite 3) Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer l'efficacité et la tolérance de l’aspirine, du dipyridamole et de leur association dans la prévention secondaire des AIC. Méthodologie Étude randomisée, en double aveugle, versus placebo, multicentrique (59 centres, 13 pays européens). 7054 patients, (mais exclusion après randomisation de 483 patients d'un même centre après contrôle qualité). Schéma posologique 4 bras. * Bras 1 (n = 1649) : aspirine : 25 mg x 2/j. * Bras 2 (n = 1654) : dipyridamole à libération prolongée : 200 mg x 2/j. * Bras 3 (n = 1650) : - aspirine : 25 mg x 2/j, - dipyridamole 200 mg x 2/j. * Bras 4 (n = 1649) : placebo. Inclusion - Patients ≥ 18 ans. - AIT ou AIC ≤ 3 mois. - Durée des symptômes : . AIT : ≤ 24 heures, . AIC : ≥ 24 heures. Résultats Analyse en intention de traiter sur 6602 patients (93,15 % des patients randomisés) ; test de wilcoxon et modèle de Cox. - AVC : bras 1 = 12,9 % ; bras 2 = 13,2 %, bras 3 = 9,9 %, bras 4 = 15,8 % Exclusion - Antécédent récent d'ulcère (p < 0,001) gastrique ou d'hémorragie Diminution du risque : digestive. bras 1 vs 4 : 18,1 % (p = 0,013), - Hypersensibilité ou intoléran- bras 2 vs 4 : 16,3 % (p = 0,04), ce à l’aspirine ou au dipyrida- bras 3 vs 4 : 37,0 % (p < 0,01), mole. bras 3 vs 1 : 23,1 % (p =0,006), - Troubles de l'hémostase. bras 3 vs 2 : 24,7 % (p = 0,002). - Nécessité d'un traitement par aspirine ou anticoagulant. - AVC ou mortalité : - Maladie de mauvais pronos- bras 1 = 20 %, bras 2 = 19,4 %, tic. bras 3 = 17,3 %, bras 4 = 22,9 % (p < 0,001) Évaluation - Critères principaux : . AVC fatals ou non, . mortalité toute cause, . AVC ou mortalité. Diminution du risque : bras 1 vs 4 : 13,2 % (p = 0,016), bras 2 vs 4 : 15,4 % (p = 0,015), bras 3 vs 4 : 24,4 % (p < 0,001), bras 3 vs 1 : 12,9 % (NS), bras 3 vs 2 : 10,7 % (NS). - Critères secondaires : - Mortalité totale : . AIT, bras 1 = 11,04 %, bras 2 = 11,37 %, . IDM, . tous accidents ischémiques, bras 3 = 11,21 %, bras 4 = 12,25 % (NS) . accidents ischémiques autres que AVC. Tolérance Arrêts de traitement pour effet indésirable Durée de l’étude 2 ans. - Céphalée : bras 1 = 31, bras 2 = 132, bras 3 = 133, bras 4 = 39 (p < 0,001). Conclusion des auteurs : Le dipyridamole à libération prolongée et l'aspirine sont efficaces pour la prévention des AIC chez des patients à risque avec hypertension artérielle, âge > 65 ans et antécédent d'AIT. L'association de ces deux médicaments permet de diminuer le risque d'AIC d'au moins 35 %. - Troubles gastro-intestinaux : bras 1 = 61, bras 2 = 102, bras 3 = 116, bras 4 = 60 (p < 0,001). - Saignement : bras 1 = 20, bras 2 = 3, bras 3 = 21, bras 4 = 5 (p < 0,001). Conclusion du CNHIM : La dose de dipyridamole est supérieure à celle des 3 précédents - Total : essais. L'analyse en intention de traiter est faite sur 93 % des bras 1 = 141, bras 2 = 249, patients après randomisation et non 100 %. Il y a plus d'arrêts de bras 3 = 262, bras 4 = 127 (p < 0,001). traitement avec le dipyridamole, seul ou associé à l'aspirine, mais avec une efficacité supérieure. AIC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. 35 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique European Stroke Prevention Study. 2. Dipyridamole and acetylsalicylic acid in the secondary prevention of stroke - 1996 (24). doc04 - avc 02 20/03/02 17:49 Page 20 Prévention des AIC Tableau 6 : Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques Prévention secondaire : méta-analyse Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Collaborative overview of randomised trials of antiplatelet therapy-I: Prevention of death, myocardial infarction, and stroke by prolonged antiplatelet therapy in various categories of patients - 1994 (18). Objectif Déterminer les effets d'un traitement antiplaquettaire prolongé (≥ 1 mois) sur les accidents cardiovasculaires (IDM non fatal, AVC non fatal, mortalité vasculaire) chez différents types de patients. Méthodologie Méta-analyse de 145 essais randomisés versus placebo et 29 essais versus antiplaquettaire de référence. Schéma posologique * Bras 1 (n = 51 144) : antiplaquettaire. * Bras 2 (n = 51 315) contrôle. Inclusion Essais randomisés versus essais de contrôle, d'une durée ≥ 1 mois dont les résultats étaient disponibles en mars 1990. Sur 413 essais , 145 ont été retenus (cf exclusion), soit au total : - essais vs contrôle : 70 000 patients à haut risque (avec maladie vasculaire ou maladie exposant à une occlusion vasculaire) et 30000 patients à risque faible, Résultats - Accident cardio-vasculaire : bras 1 = 4835/51 144 (9,5 %) vs bras 2 = 6108/51315 (11,9 %), soit une diminution du risque de 25 % (p < 0,00001). Dans les 4 sous-groupes de patients à haut risque, (p < 0,00001) : - phase aiguë IDM (n = 20 000) : bras 1 = 10 % vs bras 2 = 14 % sur un mois (p <0,00001), - avec antécédent d’IDM (n = 20 000) : bras 1 = 13 % vs bras 2 = 17 % sur 2 ans - essais vs antiplaquettaire de (p <0,00001), - avec antécédent d'AVC ou d’AIT (n = 10 000) : référence : 10 000 patients à haut risque. bras 1 = 18 % vs bras 2 = 22 % sur 2 ans (p <0,00001), L'antiplaquettaire le plus largement utilisé (2/3 des essais) - avec maladie à risque thrombo-emboest l'aspirine à dose moyenne lique (n = 20000) : . chez 4000 patients avec angor instable : (75-325 mg/jour). bras 1 = 9 % vs bras 2 = 14 % sur 6 mois (p <0,00001), Exclusion - Randomisation non conforme . chez 16000 autres patients à haut risque : bras 1 = 6 % vs bras 2 = 8 % sur 6 mois ou douteuse. - Essai non débuté ou inachevé. (p <0,00001). - Résultats non encore disponibles en mars 1990. - Autres causes, dont un nombre très élevé de perdus de vue. - IDM non fatal : information disponible dans 122 essais, bras 1 vs bras 2 :diminution de 34 % (p < 0,00001). Évaluation Critère principal : composite "mortalité vasculaire, IDM non fatal, AVC non fatal" (AIT exclus). - AVC non fatal (dont 25 x% hémorragiques) : information disponible dans 124 essais, bras 1 vs bras 2 :diminution de 25 % (p < 0,00001). Conclusion des auteurs : Un traitement antiagrégant plaquettaire est protecteur pour un grand nombre de patients à haut risque d'occlusion artérielle (dont IDM à la phase aiguë, angor instable, ou antécédent d'IDM, angor, AVC, AIT). Il n'y a pas de bénéfice clair par contre de ce traitement en prévention primaire chez les patients à risque faible. Pas d'argument non plus en faveur d'une supériorité d'efficacité d'un autre antiagrégant plaquettaire sur l'aspirine (75-325 mg/j). - AVC fatal (dont 5 % hémorragiques) : bras 1 vs bras 2 :diminution de 15 % (p = NS). - Mortalité vasculaire : bras 1 vs bras 2 :diminution de 17 % (p < 0,00001) - Sous-groupe de patients à risque faible (n = 28 000) . IDM non fatals : bras 1 vs bras 2 : diminution de 0,5 % sur Conclusion du CNHIM : Manque de précision sur la nature des AVC et la proportion exacte 5 ans, des AIC, mais l'augmentation même faible de l'incidence des AVC . AVC non fatals : chez les patients à risque faible n'engage pas à utiliser en préven- bras 1 vs bras 2 : augmentation de 0,2 %. tion primaire un antiagrégant plaquettaire. IC : accident ischémique constitué. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 36 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 1 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Comparer l'incidence des complications thrombo-emboliques chez des patients avec fibrillation auriculaire chronique non rhumatismale traités par warfarine, aspirine ou placebo. Inclusion - Âge : ≥ 18 ans - Fibrillation auriculaire chronique confirmée par ECG. Exclusion - Traitement anticoagulant antérieur pendant plus de 6 mois. Méthodologie Étude randomisée, en ouvert (war- - Accident cérébrovasculaire farine) ou double aveugle (aspirine dans le mois précédent. - Contre-indication ou hyperet placebo. 1007 patients. sensibilité à aspirine ou warfarine. - Traitement en cours aspirine Schéma posologique ou warfarine. - Grossesse, allaitement, 3 bras. - TA > 180-100 mmHg. - Troubles psychiques. * Bras 1 (n = 335) : warfarine (INR : 2,8 à 4,2). - Éthylisme chronique. - Prothèse valvulaire. * Bras 2 (n = 336) : - Rythme sinusal. aspirine : 75 mg x 1/j. - Maladie cardiaque rhumatismale. * Bras 3 (n = 336) : - Refus du patient. placebo. Durée de l’étude 2 ans. Évaluation - Critère principal : . AVC fatal ou non, . AIT, . complication thrombo-embolique viscérale ou périphérique. Caractéristiques initiales des patients Âge médian =74 ans : bras 1 = 72,8 ans, bras 2 = 75,1 ans ; bras 3 = 74,6 ans (p < 0,03). Sorties d'étude Au total : bras 1 = 38 vs bras 2 = 13 vs bras 3 = 15 dont : - refus de poursuivre: bras 1 = 19 vs bras 2 = 5 vs bras 3 = 6, - effets indésirables : bras 1 = 7 vs bras 2 = 2 vs bras 3 = 2, - non compliance : bras 1 = 7 vs bras 2 = 1 vs bras 3 = 1. Résultats Test du log-rank ; taux annuel avec IC à 95 %. - Critère principal : . bras 1 = 5, soit 2,0 % [0,6-4,8], . bras 2 = 20, soit 5,5 % [2,9-9,4], . bras 3 = 21, soit 5,5 % [2,9-9,4]. - Tous AVC : bras 1 = 5 vs bras 2 = 15 vs bras 3 = 16. - AVC fatal : bras 1 = 1 vs bras 2 = 3 vs bras 3 = 4. - Mortalité vasculaire bras 1 = 3 vs bras 2 = 12 vs bras 3 = 15 (p < 0,02). - Critère secondaire : mortalité. Conclusion des auteurs : Cet essai plus pragmatique qu'explicatif permet de conclure que la prévention par warfarine peut être recommandée chez des patients avec fibrillation auriculaire. Des essais à plus long terme sont nécessaires pour déterminer la durée durant laquelle ce traitement anticoagulant doit être prolongé. Conclusion du CNHIM : Cet essai en ouvert a entraîné une meilleure surveillance dans le bras warfarine comme le reconnaissent les auteurs, ainsi que plus d'arrêts de traitement dus aux prélèvements sanguins répétitifs. AIT : accident ischémique transitoire. AVC : accident vasculaire cérébral. ECG : électro-encéphalogramme. INR : international normalized ratio. TA : tension artérielle. 37 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Placebo-controlled, randomised trial of warfarin and aspirin for prevention of thromboembolic complications in chronic atrial fibrillation. The Copenhagen AFASAK study - 1989 (46). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 2 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 1). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique The effect of low-dose warfarin on the risk of stroke in patients with nonrheumatic atrial fibrillation. The Boston Area Anticoagulation Trial for Atrial Fibrillation (BAATAF) Investigators - 1990 (56). Objectif Inclusion Évaluer l'efficacité et la tolérance FA non rhumatismale, c'est-àde la warfarine versus un bras dire : contrôle. - chronique (confirmée par ECG ≤ 18 mois), - ou intermittente (confirmée Méthodologie par au moins 2 ECG), Étude randomisée, en ouvert. sans signe de sténose mitrale 420 patients. à l'échographie. Schéma posologique 3 bras. * Bras 1 (n =212) : warfarine (INR = 1,5 à 2,7). * Bras 2 (n =208) : pas de warfarine, aspirine autorisée (et dans ce cas notée) Durée de l’étude 2 ans. Exclusion - FA transitoire durant maladie aiguë ou ayant subi une cardioversion. - Thrombus intracardiaque. - Anévrisme ventriculaire gauche. - Insuffisance cardiaque décompensée. - Prothèse valvulaire. - AVC ≤ 6 mois. - AIT (traité). - Risque hémorragique. - Nécessité d’un anticoagulant ou d’aspirine. - Contre-indication aux AVK. - Anomalie biologique de la thyroïde. Caractéristiques initiales des patients - Suivi total : bras 1 = 487 patients-années dont 444 avec prise d’AVK effective (suivi moyen = 2,3 ans). - Prise d’aspirine : 46 % des patients du bras 2. - Arrêts de traitement = 10 % dans le bras 1. Résultats Analyse en intention de traiter. Test du log-rank. - AIC : bras 1 = 2 vs bras 2 =13 (dont fatals : bras 1 = 0 vs bras 2 = 1), soit une diminution du risque de 86 % (p = 0,022). 8/13 des AIC du bras 2 ont pris de l'aspirine. - Mortalité totale : bras 1 = 11 vs bras 2 = 26 (p = 0,005). - Mortalité de cause cardiaque : bras 1 = 7 vs bras 2 =12 (NS). - AIT : bras 1 = 2 vs bras 2 =3. - Cécité monoculaire transitoire : bras 1 = 2 vs bras 2 =1. Évaluation Examen médical et questionnaire - Autres résultats : remis au patient 2 fois par an. . Risque comparable que la FA soit permanente ou intermittente. - Critère principal : AIC ≥ 24h (AIT et cécité . Un âge >70 ans et une calcification de monoculaire transitoire exclus). l’anneau mitral sont des facteurs de risque significatifs d'AIC. - Critères secondaires : . accident thrombo-embolique Tolérance non cérébral, - Hémorragies majeures : . mortalité, hémorragies bras 1 = 2 vs bras 2 = 1. majeures (cérébrale ou fatale, - Hémorragies mineures : ou avec transfusion ≥ 4 culots bras 1 = 38 vs bras 2 = 21. globulaires en 48 h) et mineures. Conclusion des auteurs : Ces résultats suggèrent que les patients avec FA isolée peuvent avoir un risque d'AVC plus bas qu'en cas de FA associée à une autre maladie cardiaque. L'administration d'AVK à long terme est hautement efficace dans la prévention des AIC chez des patients avec FA non rhumatismale, et est bien tolérée grâce à une bonne surveillance biologique. De nouveaux essais sont nécessaires pour comparer l'efficacité de l'aspirine et même de plus faibles doses d'AVK. Conclusion du CNHIM : Une appréciation des critères de jugement en double aveugle aurait été plus satisfaisante. AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. ECG : électro-encéphalogramme. INR : international normalized ratio. TA : tension artérielle. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AIT : accident ischémique transitoire. AVK : antivitamine K. FA : fibrillation auriculaire. NS : différence non significative. 38 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 3 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 2). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Déterminer l’efficacité et la tolérance de l'association warfarineaspirine vs warfarine-placebo dans la prévention des AIC et embolies systémiques chez des patients avec une FA non valvulaire. Méthodologie Étude randomisée, en ouvert (warfarine) et double aveugle (aspirine et placebo), multicentrique (15 centres). 1330 patients. Randomisation séparée pour : - groupe 1 (n = 627) : warfarine, aspirine ou placebo, - groupe 2 (n = 703) : contre-indication à un anticoagulant (aspirine ou placebo). Schéma posologique 3 bras. * Bras 1 (n = 552 : grp 1 = 206 ; grp 2 = 346) : aspirine : 325 mg/j. Inclusion Caractéristiques initiales des patients - FA ≤ 12 mois sans prothèse - Âge moyen = 67 ans. valvulaire ni sténose mitrale. - Pas de perdus de vue. - AIT ou AIC récent ≥ 2 ans. Résultats Analyse en intention de traiter. Exclusion - Incapacité à signer le * Groupe 1 (bras 2 vs bras 3) consentement ou à assurer le - Critère principal : suivi. bras 2 = 6 (2,3 %/an) - Contre-indication à l'aspirine. vs bras 3 = 18 (7,4 %/an), - Cardiopathie emboligène soit une diminution du risque de 67 %, (FA, maladie mitrale, IDM ≤ 3 (p = 0,01). mois, prothèse valvulaire, angor instable de moins d'un - AIC : bras 2 = 6 vs bras 3 = 17. an, insuffisance cardiaque congestive). - AIT : bras 2 = 3 vs bras 3 = 4. - Chirurgie de la carotide ou AVC ou AIT < 24 mois. - Mortalité totale : - Alcoolisme chronique. bras 2 = 6 (2,2 %/an) - Hyperviscosité sanguine. vs bras 3 = 8 (3,1% /an), - Maladie intercurrente sus- soit une diminution de 25 % (NS). ceptible de diminuer la compliance ou l'espérance de vie (< 24 mois). * Groupe 1 et 2 (bras 1 vs bras 3) - Créatininémie >3,0 mg/dl. - Contre-indication à l'aspirine, - Critère principal : nécessité d'un traitement anti- bras 1 = 26 (3,6 %/an) vs bras 3 = 46 (6,3 %/an) coagulant ou AINS. soit une diminution du risque de 42 % (p = 0,02). * Bras 2 (n = 210) : warfarine : 4,8 mg/j en moyenne, Évaluation (INR = 2,0-4,5) - Critère principal : * Bras 3 (n = 568 : grp 1 = 211 ; AIC ou embolie systémique. grp 2 = 357) : placebo. Durée de l’étude De juin 87 à fin 89. Suivi moyen = 1,3 ans. - Critères secondaires : . mortalité, . IDM, . AIT, . angor instable. Conclusion des auteurs : Le nombre de patients qui pouvaient bénéficier après randomisation du traitement par la warfarine était insuffisant pour que le nombre d'événements thrombo-emboliques dans ce groupe puisse être comparé au bras aspirine. L'étude se poursuit pour pouvoir établir cette comparaison ultérieurement. Les 2 traitements apparaissent efficaces pour réduire le risque d'AIC et d'embolies systémiques chez des patients avec FA. - AIC : bras 1 = 23 vs bras 3 = 42. - AIT : bras 1 = 7 vs bras 3 = 13 (NS). - Mortalité totale : bras 1 = 39 (5,3 %/an) vs bras 3 = 50 (6,5 %/an), soit une diminution de 20 % (NS). Tolérance - Arrêt traitement : bras 1 = 5,0 %, bras 2 = 11,2 %, bras 3 = 6,6 %. - Hémorragies au total : bras 1 et 2 = 1 à 2 %/an (dont 1 fatale dans chacun des 2 bras), Conclusion du CNHIM : Le taux annuel sur le critère principale est plus faible dans le bras 2 et 0,8 %/an de complications avec que dans le bras 1 (non significativement). La tolérance est com- séquelles. parable. (voir aussi SPAF II et SPAF III.) AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. FA : fibrillation auriculaire. INR : international normalized ratio. AIT : accident ischémique transitoire. AVK : antivitamine K. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative 39 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Stroke Prevention in Atrial Fibrillation Study (SPAF). Final results - 1991 (4). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 4 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 3). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Canadian Atrial Fibrillation Anticoagulation (CAFA) Study - 1991 (20). Objectif Évaluer l'efficacité et la tolérance de la warfarine à réduire les accidents thrombo-emboliques systémiques. Méthodologie Étude randomisée, en aveugle, multicentrique (11 centres canadiens). 388 patients. Inclusion - FA chronique depuis au moins 1 mois, ou au moins 3 épisodes de FA paroxystique dans les 3 mois précédents (confirmée par au moins 2 ECG). - Âge ≥ 19 ans. double - Pas de prothèse valvulaire mitrale (tout type) ni de prothèse mécanique aortique. - Absence de sténose mitrale. Schéma posologique 2 bras. Exclusion - Nécessité d’un traitement anticoagulant. Exclusions : - Contre-indication à un traite. pas de FA ou de sténose mitrale : ment anticoagulant. bras 1 = 2 vs bras 2 = 3, - Nécessité d’un traitement . non respect des critères d'inclu- antiagrégant plaquettaire. sion : bras 1 = 24 vs bras 2 = 13. - AVC ou AIT ≤ 1 an. - Hyperthyroïdie. * Bras 1 (n = 187) : - HTA mal contrôlée. warfarine. - IDM ≤ 1 mois. * Bras 2 (n = 191) : placebo. Caractéristiques initiales des patients Bras 1 : plus de patients présentant un diabète, une claudication intermittente, un antécédent de chirurgie vasculaire et un bruit artériel dans le . Résultats Analyse en intention de traiter (KaplanMeier et modèle de Cox) et taux annuel. - Critère principal : bras 1 = 8 événements vs bras 2 = 11, soit 3,4 % vs 4,6 %, soit une diminution du risque de 26 % [-83,0; 70,4] (p = 0,25). Analyse per protocole : bras 1 = 3,5 % vs bras 2 = 5,2 % , soit une diminution du risque de 37 % [-63,5; 75,5] (p = 0,17). - AIC : bras 1 = 5 vs bras 2 = 9. - ES non cérébrale : bras 1 = 1 vs bras 2 = 2. - AIT : : bras 1 = 2 vs bras 2 = 2. - AIC lacunaire : bras 1 =1 vs bras 2 = 0. Évaluation - Critère principal : . premier AIC (tout AIC sauf lacunaire), . ou autre embolie systémique (des membres, intestinale, rénale) ou hémorragie intracrânienne ou fatale Durée de l’étude Suivi moyen = 15,2 mois contre 2,5 années prévues en raison de l’arrêt prématuré pour raisons éthiques après publication des résultats des études AFASAK et SPAF montrant le bénéfice de la - Critères secondaires : warfarine. . AIT, . infarctus lacunaire, . hémorragie majeure (diminution du taux d’Hb d'au moins 20 g/l ou nécessité d'une transfusion), . hémorragie mineure, . mortalité. - Mortalité vasculaire : bras 1 = 9 vs bras 2 = 6. - Hémorragie intracrânienne ou fatale ou majeure (taux annuel) : bras 1 = 2,5 % vs bras 2 = 0,5 % (dont 2 fatales dans le bras 1). Tolérance Arrêts de traitement : - total : bras 1 = 49 vs bras = 43, soit 26,2 % vs 22,5 %, - décision médecin ou patient : bras 1 = 30 vs bras 2 = 22, - contre-indication : bras 1 = 9 vs bras 2 = 10, - hémorragie : bras 1 = 4 vs bras 2 = 2, - autres : bras 1 = 6 vs bras 2 = 9. Conclusion des auteurs : L'estimation du bénéfice du traitement anticoagulant dans la prévention des accidents thrombo-emboliques est comparable à celle obtenue dans les précédentes études, et est en faveur de l'utilisation de la warfarine chez des patients avec une FA non rhumatismale. Conclusion du CNHIM : Cette étude est l'une des quelques études en double aveugle existante, mais le diminution du risque relatif sur le critère principal n'est pas significative. AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. ES : embolie systémique Hb : hémoglobine. IDM : infarctus du myocarde. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AIT : accident ischémique transitoire. ECG : électro-encéphalogramme. FA : fibrillation auriculaire. HTA : hypertension artérielle. 40 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 5 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 4). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer l'efficacité et la tolérance de la warfarine à faible dose (INR 1,2 à 1,5) à réduire les accidents thrombo-emboliques systémiques chez le sujet âgé. Inclusion - “Vétéran” homme (≥ 60 ans) sans maladie cardiaque rhumatismale détectée à l'échocardiographie. - FA confirmée par au moins 2 ECG à 4 semaines d'intervalle. Méthodologie - Traitement antérieur par Étude randomisée, en double warfarine arrêté depuis au aveugle versus placebo, multicen- moins 6 mois avant randomitrique (16 centres). sation (en cas de durée > 1 538 patients. mois). Schéma posologique 2 bras. * Bras 1 (n = 269) : warfarine (INR 1,2 à 1,5). * Bras 2 (n = 269) : placebo. Durée de l’étude 3 ans. Caractéristiques initiales des patients - Suivi moyen : bras 1 = 1,8 vs bras 2 = 1,7 années. - Perdus de vue : bras1 = 7 vs bras 2 = 12. - Sorties volontaires de l'étude : bras 1 = 26 vs bras 2 = 29. - âge : 67 ± 7 ans. Résultats Analyse en intention de traiter sur 525 patients : bras 1 = 260 vs bras 2 = 265 patients, et Exclusion bras 1 = 456 vs bras 2 = 440 patients- FA intermittente. années, - Nécessité d’un traitement après exclusion de 13 patients randomisés anticoagulant. pour critères d'inclusion non conformes. - Contre-indication à un traitement anticoagulant (éthylisme Méthode de Kaplan-Meier, test du log-rank chronique). (taux annuel). - Trouble de l’hémostase. - Ulcère ≤ 2 ans. - AIC : - Risque d’hémorragie digestive. bras 1 = 4 (0,9 %) vs bras 2 = 19 (4,3 %) - Chirurgie programmée. - Hypertension artérielle mal dont 1 fatal dans chaque bras, soit une diminution du risque de 0,79 % contrôlée...). - Incapacité à signer le [0,52-0,90, IC 95 %] (p = 0,001). Chez les patients de plus de 70 ans, les consentement, suivi difficile. taux sont de 0,9 vs 4,8 % par an. Évaluation - Critère principal : infarctus cérébral (AIC). - Mortalité totale (AIC exclus) : bras 1 = 15 vs bras 2 = 22, soit une diminution du risque de 0,31 % [-0,29-0,63, IC 95 %] (NS). Critères secondaires : . hémorragie cérébrale, - Hémorragie cérébrale : . mortalité totale (hors morta- bras 1 = 1 vs bras 2 = 0 (non fatale). lité due à un AIC). - Hémorragie majeure gastro-intestinale : bras 1 = 6 vs bras 2 = 4. Conclusion des auteurs : La warfarine à faible dose prévient les infarctus cérébraux chez des patients avec une FA non rhumatismale sans entraîner d'augmentation du risque d'hémorragie majeure. Ce bénéfice est maintenu chez les patients de plus de 70 ans. Conclusion du CNHIM : Une réduction significative des AIC dans le bras warfarine est montrée dans cette étude en double aveugle, mais il est à noter que 13 patients ont été exclus de l'analyse en intention de traiter après randomisation. AIC : accident ischémique constitué. FA : fibrillation auriculaire. INR : international normalized ratio. ECG : électro-encéphalogramme. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. 41 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Warfarin in the prevention of stroke associated with nonrheumatic atrial fibrillation. Veterans Affairs Stroke Prevention in Nonrheumatic Atrial Fibrillation Investigators - 1992 (26). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 6 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 5). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Secondary prevention in non-rheumatic atrial fibrillation after transient ischaemic attack or minor stroke. EAFT (European Atrial Fibrillation Trial) Study Group - 1993 (25). Objectif Évaluer l’efficacité d'un AVK versus aspirine chez des patients avec une FA non rhumatismale en prévention secondaire après un AIT ou un AIC mineur. Inclusion - Âge : > 25 ans. - AIC mineur (< grade 3 de l'échelle de Rankin) ou AIT ≤ 3 mois. - FA confirmée par ECG dans les 24 mois précédents, sans maladie valvulaire rhumatismale. Caractéristiques initiales des patients - 2 perdus de vue, 5 inclus à tort. - Arrêts de traitement : bras 1 = 10 % par an vs bras 2 et 3 = 20 % par an (mauvaise compliance, désir du patient ou de son médecin...). Méthodologie Étude randomisée, en ouvert (bras AVK) ou double aveugle (aspirine Exclusion versus placebo). - FA secondaire à autre mala1007 patients au total. die telle qu’une hyperthyroïdie. - Contre-indication à l’aspirine - Groupe 1 : 669 patients pouvant ou à l’anticoagulant. être traités par AVK. - Traitement en cours par - Groupe 2 = 338 patients présen- AINS ou autre antiagrégant tant une contre-indication aux plaquettaire ou AVK. - Prothèse valvulaire. AVK. - Anévrisme cardiaque. - Myxome de l'oreillette. - IDM ≤ 3 mois. Schéma posologique Randomisation effectuée séparé- - Anomalie de l'hémostase. ment dans le groupe 1 (AVK, aspi- - Endartéri-ectomie ou chirurrine, placebo) et dans le groupe 2 gie coronaire prévue à 3 mois. - PAD>100 ou PAS >180 mmHg. (aspirine, placebo). - Éthylisme chronique. 3 bras. - Rétinopathie hémorragique. - Antécédent d'hémorragie * Bras 1 (n = 225) : intracrânienne. AVK à dose ajustée - Risque de mauvaise compliance. (INR entre 2,5 et 4). * Groupe 1 (bras 1 vs bras 3) - Critère principal : bras 1 = 8 % par an vs bras 3 = 17 % par an ( p= 0,001), HR = 0,53 [0,36-0,79], soit une diminution du risque de 47 %. * Bras 2 (n : Grp1 = 230 + Grp2 = 174) : Évaluation aspirine : 300 mg/j - Critère principal : * Bras 3 (n : Grp1 = 214 + Grp2 = 164) : critère composite combinant mort vasculaire, tout AVC non (AVK=dérivé coumadinique sur- fatal, IDM non fatal, ES. tout, au choix du médecin) Durée de l’étude Suivi moyen: 2,3 ans (12 à 55 mois). - Critères secondaires : . mortalité toute cause, . AVC fatal ou non, . événements thrombo-emboliques majeurs (mort vasculaire, AVC majeur, ES majeure, Résultats Analyse en intention de traiter, - Tous AVC : bras 1 = 4 % par an vs bras 3 = 12 % par an (p < 0,001), HR = 0,34 [0,20-0,57]. - Mortalité toute cause : bras 1 = 8 % vs bras 3 = 9 %, (NS), HR=0,82 [0,54-1,26]. * Groupe 1 et 2 combinés (bras 2 vs bras 3) - Critère principal : bras 2 = 15 % par an vs bras 3 = 19 % par an (NS), HR = 0,83 [0,65-1,05], soit une diminution du risque de 17 %. - Tous AVC : bras 2 = 10 % par an vs bras 3 = 12 % par an (NS), HR = 0,86. - Mortalité toute cause : bras 1 = 11 % vs bras 2 = 12 %, (NS), HR = 0,91. * Groupe 2 (bras 1 vs bras 2) - Critère principal : HR = 0,60 [0,41-0,87] (p = 0,008). - Tous AVC : HR = 0,38 [0,23-0,64] (p < 0,001). Tolérance Plus de saignements avec les AVK qu'avec l’aspirine (HR = 2,8, p < 0,001), et avec l’aspirine qu'avec placebo (HR = 1,3, NS). Conclusion des auteurs : L'anticoagulation est efficace pour réduire le risque de récidive d'événement vasculaire chez des patients avec une FA non rhumatismale après un AIC mineur ou un AIT. La diminution est de 90 événements (AIC principalement) pour 1000 patients traités par an contre 40 avec l'aspirine, qui reste une alternative quand l'anticoagulant est contre-indiqué. Conclusion du CNHIM : il n’y a pas de résultats détaillés pour le groupe 1 du bras 2. AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. ES : embolie systémique. HR (hazard ratio, modèle de Cox). INR : international normalized ratio. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AIT : accident ischémique transitoire. AVK : antivitamines K. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. 42 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 7 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 6). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Inclusion Comparer aspirine et warfarine FA depuis 12 mois. dans la prévention des AIC chez 2 groupes (selon leur âge, > ou ≤ 75 ans) de patients avec FA. Exclusion - Prothèse valvulaire. - Sténose mitrale. Méthodologie - Nécessité d'un traitement par Étude randomisée, en ouvert, mul- aspirine. ticentrique (16 centres). - Contre-indication à l'aspirine. - Âge < 60 ans sans facteur de 1100 patients : risque autre que la FA. . 416 éligibles AVK, . 265 sous placebo dans SPAF I, . 419 nouveaux patients. Évaluation - Critère principal : . AIC, . ou ES. Schéma posologique 2 groupes, 2 bras dans chaque - Critères secondaires : groupe. . tous AVC avec séquelle, . AIC ou ES ou mortalité vasGroupe 1 Groupe 2 culaire. (≤ 75 ans) (> 75 ans) * Bras 1 (n = 357) : (n = 188) : aspirine. aspirine. * Bras 2 (n = 358) warfarine (INR 2,0-4,5) (n = 197) warfarine (INR 2,0-4,5) Sorties d’étude Patients ayant achevé l'étude : 99,6 %. Résultats Analyse en intention de traiter, % par an, RR avec IC à 95 %. Groupe 1 - AIC ou ES : bras 1 = 1,9 % vs bras 2 = 1,3 %, RR = 0,67 [0,34-1,3] (NS). - Tous AVC avec séquelles : bras 1 = 1,8 % vs bras 2 = 1,4 %, RR = 0,72 [0,37-1,4] (NS). - AIC ou ES ou mortalité vasculaire : bras 1 = 3,7 % vs bras 2 = 2,9 %, RR = 0,78 [0,49-1,2] (NS). Groupe 2 - AIC ou ES : bras 1 = 4,8 % vs bras 2 = 3,6 %, RR =0,73 [0,37-1,5] (NS). - Tous AVC avec séquelles : bras 1 = 4,3 % vs bras 2 = 4,6%, RR = 1,1 [0,55-2,1] (NS). - AIC ou ES ou mortalité vasculaire : bras 1 = 7,2 % vs bras 2 = 7,4 %, RR = 1,0 [0,61-1,7] (NS). Groupe 1 + 2 différence non significative pour les 3 items. Tolérance Hémorragies majeures : - groupe 1 : bras 1 = 0,9 % vs bras 2 = 1,7 % (NS), - groupe 2 : bras 1 = 1,6 % vs bras 4,2 % (p = 0,04). Conclusion des auteurs : La warfarine peut être plus efficace que l'aspirine dans la prévention des AI chez des patients avec une FA, mais le bénéfice est faible. Les patients les plus jeunes sans autres facteurs de risque avaient un faible taux d'AVC sous aspirine, alors que ce taux a été substantiel chez les patients plus âgés quel que soit le traitement administré. L'âge et le risque inhérent au patient doivent être pris en considération dans le choix du traitement. Conclusion du CNHIM : La warfarine n'a pas fait mieux que l'aspirine sur les AVC avec séquelles, ni sur les AIC ou ES quel que soit l'âge des patients, et le risque d'hémorragies majeures est significativement plus élevé chez les patients de plus de 75 ans traités par warfarine. AI : accident ischémique. AVC : accident vasculaire cérébral. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. AIC : accident ischémique constitué. ES : embolie systémique. IC : intervalle de confiance. INR : international normalized ratio. RR : risque relatif. 43 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Warfarin versus aspirin for prevention of thromboembolism in atrial fibrillation : Stroke Prevention in Atrial Fibrillation II Study. SPAF II - 1994 (1). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 8 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 7). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Adjusted-dose warfarin versus low-intensity, fixed-dose warfarin plus aspirin for high-risk patients with atrial fibrillation: Stroke Prevention in Atrial Fibrillation III randomised clinical trial - 1996 (2). Objectif Évaluer l’efficacité et la tolérance de l’association warfarine à dose faible et aspirine comparée à celles de la warfarine seule à dose habituelle (ajustée). Méthodologie Étude randomisée, en ouvert. 1044 patients. Schéma posologique 2 bras. * Bras 1 (n = 521) : - aspirine, - warfarine à dose fixe (INR 1,2-1,5). * Bras 1 (n = 523) : - aspirine, - warfarine à dose ajustée (INR entre 2 et 3). Durée de l’étude Suivi moyen : 1 an. Inclusion FA confirmée dans les 6 mois précédents, sans prothèse valvulaire ni sténose mitrale, sans embolie pulmonaire nécessitant un anticoagulant, sans contre-indication à warfarine ou aspirine. Exclusion - Cf étude SPAF, sauf pour période d'éligibilité de AIT et AVC sans séquelle réduite à 30 jours seulement. - Participation à l'étude SPAF. Évaluation - Critère principal : . AIC, . ou embolie systémique. - Critères secondaires : . AIT, . IDM, . saignement majeur, . décès. Caractéristiques initiales des patients - INR : bras 1 = 1,3 vs bras 2 = 2,4. Pas de perdus de vue. Résultats Efficacité déterminée à l'analyse intermédiaire. - AIC ou embolie systémique : bras 1 = 7,9 % par an vs bras 2 = 1,9 % par an (p < 0,0001), soit une diminution du risque de 6,0 % [3,4-8,6]. - AVC avec séquelles : bras 1 = 5,6 % par an vs bras 2 = 1,7 % par an (p = 0,0007). - AIC ou embolie systémique ou mort : bras 1 = 11,8 % vs bras 2 = 6,4 % (p = 0,002). Tolérance Hémorragies majeures : bras 1 = 2,4 % par an vs bras 2 = 2,1 % par an (NS). Conclusion des auteurs : L'association warfarine à dose fixe et aspirine n'est pas suffisamment efficace pour prévenir les AIC chez les patients avec FA non valvulaire à haut risque thrombo-embolique. Au contraire, la warfarine à dose ajustée pour atteindre un INR compris entre 2 et 3 réduit de façon importante l'incidence des AIC chez ces mêmes patients. Conclusion du CNHIM : L’analyse est faite sur 1,1 année au lieu d'un suivi moyen envisagé sur 2,5 années. AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AIT : accident ischémique transitoire. FA : fibrillation auriculaire. INR : international normalized ratio. 44 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 9 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 8). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Comparer la warfarine seule à dose fixe, l'aspirine seule et leur association d’une part, à la warfarine à dose ajustée d’autre part, dans la prévention des AVC chez des patients avec FA. Méthodologie Étude randomisée, monocentrique. 677 patients. Inclusion - Âge : ≥ 18 ans, en ambulatoire. - FA chronique non valvulaire, confirmée par ECG à 2 reprises à au moins 1 mois d'intervalle. Exclusion ouvert, - Âge : < 60 ans avec FA isolée (sans cardiopathie ischémique ni HTA, insuffisance cardiaque congestive, hyperSchéma posologique thyroïdie, ou BPCO). 4 bras. - PAS >180 mmHg. - PAD > 100 mmHg. * Bras 1 (n = 170) : - AVC ou AIT < 6 mois. warfarine à dose ajustée - Risque d'hémorragies. (INR entre 2 et 3). - Contre-indications à l’aspiri* Bras 2 (n = 167) : ne ou aux AVK. warfarine (dose fixe) : 1,25 mg/j - Traitement en cours par la * Bras 3 (n = 171) warfarine. - warfarine : 1,25 mg/j - aspirine : 300 mg/j. Évaluation * Bras 4 (n = 169) - Critère principal : aspirine : 300 mg/j. AVC (ischémique ou hémorragique) ou embolie systémique (ES). Durée de l’étude en 42 mois au lieu de 6 ans : arrêt prématuré suite, notamment, aux résultats de l'étude SPAAF II défavorables à l'association warfarine à dose fixe et aspirine (bras 3). - Critères secondaire : . AIT, . IDM, . mortalité non vasculaire. Caractéristiques initiales des patients - Âge moyen = 74 ans. - Patients ayant achevé l'étude (sans effets indésirables) : 62,2 %. Sorties d’étude - Perdus de vue : 8,6 %, - Arrêts de traitement : 16,5 %. Résultats Analyse en intention de traiter sur les 677 patients, soit en patients-années : bras 1 = 355, bras 2 = 363, bras 3 = 377, bras 4 = 365. - AVC ou ES : bras 1 = 12, bras 2 = 14, bras 3 = 12, bras 4 = 10 (NS) (contre 7/12/12/8 en per protocole). - AVC : bras 1 = 10, bras 2 = 13 ; bras 3 = 11, bras 4 = 9 (NS). - AIT, IDM, mortalité non vasculaire : bras 1 = 22, bras 2 = 16, bras 3 = 11, bras 4 = 20. - AIT : bras 1 = 1, bras 2 = 4, bras 3 = 2, bras 4 = 2 (NS). - Mortalité : 17/6/9/14 bras 1 = 17, bras 2 = 6 ; bras 3 = 9 , bras 4 = 14 (NS). - Risque annuel d'accident thrombo-embolique (%) : bras 1 = 3,4, bras 2 = 3,9, Conclusion des auteurs : Bien que la différence soit non signifi- bras 3 = 3,2, bras 4 = 2,7 (NS) cative, la warfarine à dose ajustée semble supérieure à la warfari- (et risque d'AVC à 1 an en analyse per prone minidosée et à l'association warfarine-aspirine après 1 an de tocole : bras 1 = 2,8 % vs bras 3 = 7,2 %). traitement ; ces résultats ne justifient pas un changement dans les recommandations d'utilisation de la warfarine à dose ajustée. Tolérance Conclusion du CNHIM : La conclusion est hasardeuse sur la supé- - Saignements majeurs: 4/3/1/5 riorité de la warfarine à dose ajustée puisque la différence est non bras 1 = 4, bras 2 = 3, significative en analyse en intention de traiter, et que l'analyse per bras 3 = 1,bras 4 = 5. protocole est à peine plus favorable en ne montrant qu'une tendan- - Saignements mineurs: 42/21/28/26 ce non significative sur la survenue à 1 an d'un AVC ; les résultats bras 1 = 42, bras 2 = 21 ; semblent plus intéressants avec le bras 4 (aspirine), mais les bras 3 = 28, bras 4 = 26. auteurs n'en discutent pas. Pas de précisions non plus sur la répar- Risque cumulé : supérieur pour bras 1 tition entre les 4 bras des 8,6 % de perdus de vue et des 16,5 % par rapport aux autres (p = 0,003). d'arrêts de traitement, ni sur les motifs. AI : accident ischémique. AVC : accident vasculaire cérébral. BPCO : bronchopathie obstructive. ECG : électro-encéphalogramme. HTA : hypertension artérielle. INR : international normalized ratio. AIC : accident ischémique constitué. AVK : antivitamines K. ES : embolie systémique. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative. 45 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Fixed minidose warfarin and aspirin alone and in combination vs adjusted-dose warfarin for stroke prevention in atrial fibrillation : Second Copenhagen Atrial Fibrillation, Aspirin, and Anticoagulation Study (AFASAAK 2 study) - 1998 (33). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 10 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 9). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Primary prevention of arterial thromboembolism in non-rheumatic atrial fibrillation in primary care: randomised controlled trial comparing two intensities of coumarin with aspirin - 1999 (37). Objectif Comparer l’aspirine et la coumarine dans la prévention des accidents thrombo-emboliques chez des patients de médecine générale avec une FA non rhumatismale. Inclusion - Âge : ≥ 60 ans, en ambulatoire. - FA chronique ou intermittente, confirmée par ECG dans les 2 années précédentes. - Pas d'indication établie à un traitement par coumarine. Méthodologie Étude randomisée, en ouvert (avec la particpation de 284 médecins généralistes), en simple aveugle pour les patients sur la posologie de la coumarine. Exclusion - Cause curable de FA. - Valvulopathie rhumatismale. - IDM ou chirurgie cardiovasculaire ≤ 1 an. - Cardiomyopathie (éjection Schéma posologique ventriculaire gauche < 40 %). 5 bras, répartis en 2 groupes : - Insuffisance cardiaque chronique. - Anévrisme cardiaque. Stratum 1 (n = 394) : - Antécédent d'embolie systémique. patients éligibles pour AVK. - Infarctus rétinien. * Bras 1 (n = 131) : - Prise de coumarine dans les coumarine à dose standard ajustée 3 mois précédents. (INR entre 2,5 et 3,5). - Contre-indication à l’aspirine * Bras 2 (n = 122) : ou à la coumarine. coumarine à faible dose ajustée - Espérance de vie < 2 ans. (INR entre 1,1 et 1,6). - Pacemaker. * Bras 3 (n = 141) : aspirine 150 mg/j. Évaluation - Critère principal : . tous AVC, Stratum 2 (n = 335) patients avec contre-indication aux . embolie systémique artérielle, . hémorragie majeure, AVK à posologie standard. . ou mortalité vasculaire (dans * Bras 4 (n =122) : les 4 semaines). coumarine à faible dose ajustée - Critères secondaires: (INR entre 1,1 et 1,6). . IDM non fatal, * Bras 5 (n = 178) : . infarctus rétinien, aspirine 150 mg/j. . AIT, . hémorragie mineure, Durée de l’étude . ou mortalité non vasculaire. Conclusion des auteurs : Dans une population de patients de médecine générale, aucune des 2 posologies de coumarine n'a été supérieure à l'aspirine dans la prévention des événements thrombo-emboliques. L'aspirine reste le meilleur choix en première intention chez des patients à faible risque avec FA en médecine générale. Sorties d’étude - Non compliance : bras 1 = 1, bras 2 = 2 ; bras 3 = 3 ; bras 4 = 8, bras 5 = 4. - Arrêt pour raison médicale : bras 1 = 17, bras 2 = 8 ; bras 3 = 10 ; bras 4 = 12, bras 5 = 12. - Arrêt pour raison non médicale : bras 1 = 24 ; bras 2 = 22 ; bras 3 = 15 ; bras 4 = 20 ; bras 5 = 11. - Pas de perdus de vue. Résultats Analyse en intention de traiter (log rank + modèle de Cox) ; % par an ; hazard ratio HR et IC à 95 %. - Réponse à au moins un critère principal : bras 1 = 10 (2 %), bras 2 = 8 (2 %) ; bras 3 = 12 (3 %), bras 4 = 37 (10 %) ; bras 5 = 41 (10 %) . bras 1 vs 3 : HR =0,78 [0,34-1,8] +(0,87 en per protocole). . bras 2 + 4 vs bras 3 + 5: HR=0,91 [0,611,4] (0,77 en per protocole). - AIC majeurs non fatals : bras 1 = 2, bras 2 = 1 ; bras 3 = 3 ; bras 4 = 11, bras 5 = 10. - AIC mineurs non fatals : bras 1 = 1, bras 2 = 2 ; bras 3 = 1 ; bras 4 = 1, bras 5 = 3. - AVC hémorragiques : bras 1 = 1 ; bras 2 = 1 ; bras 3 = 1 ; bras 4 = 2, bras 5 = 4. - ES non fatales : 1, 2, 1, 1, 5 bras 1 = 1, bras 2 = 2 ; bras 3 = 1 ; bras 4 = 1, bras 5 = 5. - Mortalité vasculaire : bras 1 = 5 (1 %), bras 2 = 2 (1 %) ; bras 3 = 6 (2 %), bras 4 = 18 (5 %) ; bras 5 = 14 (3 %). . bras 1 vs 3 : HR=0,76 [0,23-2,5] . bras 2 + 4 vs bras 3 + 5: HR=1,1 [0,58-2,0]. - IDM : Conclusion du CNHIM : bras 1 = 1 ; bras 2 = 0 ; bras 3 = 1 ; Le pourcentage de patients du stratum 2 ayant présenté au moins bras 4 = 0 ; bras 5 = 4. un accident vasculaire est sensiblement plus élevé que dans le stratum 1 (10 % contre 2 à 3 %) Tolérance - Hémorragies majeures ou fatales : AIT : accident ischémique transitoire. bras 1 = 2 (0,5 %), bras 2+4 = 10 (1,4 %) ; AVC : accident vasculaire cérébral. bras 3+5 = 11 (1,4 %) (NS). AVK : antivitamines K. - Hémorragies mineures : FA : fibrillation auriculaire. bras 1 = 14 (3,5 %), bras 2+4 = 19 (2,6 %) ; HR : hazard ratio, modèle de Cox. bras 3+5 = 19 (2,4 %) (NS) IDM : infarctus du myocarde. INR : international normalized ratio. NS : différence non significative Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 46 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 11 Prévention des AIC Tableau 7 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques - Cardiopathies (suite 10). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Évaluer le rapport bénéfice-risque d'une HBPM chez des patients avec une FA à la phase aiguë d'un AVC ischémique. Inclusion - Âge : ≥ 18 ans. - AIC ≤ 30 heures. - FA confirmée par ECG ou connue depuis au moins 24 mois. Exclusion Méthodologie - Traitement par AVK nécessaire. Étude randomisée, en double - Contre-indication à antiaveugle, multicentrique (45 centres thrombotique. en Norvège). - Score de SSS < 8. 449 patients. - HTA sévère (PAS > 200 mmHg ou PAD >110 mmHg). - Suivi ou évaluation difficile par handicap mental ou physique. Schéma posologique 2 bras. - Espérance de vie < 6 mois. - Grossesse, allaitement. * Bras 1 (n = 224) : - daltéparine 100UI/kg Évaluation 2 fois par jour, - Critère principal : - placebo. récidive d'AIC pendant les 14 premiers jours (dégradation * Bras 2 (n = 225) : brutale persistant plus de 48 - aspirine 160 mg/j heures et entraînant une perte 2 fois par jour, d'au moins 3 points dans - placebo. l'échelle SSS). (relais HBPM par AVK recommandé - Critères secondaires : après 14 jours) . hémorragie cérébrale, . progression des symptômes Durée de l’étude dans les 48 heures suivant l'AIC, 14 jours. . mortalité toute cause, . critère combiné "récidive d'AIC-progression symptômes -mortalité", . score à 14 jours et à 3 mois "International Score Trial Scale", . score à 14 jours "Barthel index" et "rankin scale". Caractéristiques initiales des patients - Administration conforme du traitement : bras 1 = 221/224 vs bras 2 = 219/225. - Femme : bras 1 = 50 % vs bras 2 = 60 %. Résultats Analyse en intention de traiter - Récidive d'AIC : bras 1 = 19/224 (8,5 %) vs bras 2 = 17/225 (7,5%) (NS) OR (Odds-ratio) = 1,13 [0,57-2,24, IC 95] après ajustement sur le sexe : OR = 1,19 [0,60-2,36, IC 95]. - Hémorragie cérébrale : bras 1 = 2,7 % vs bras 2 = 1,8 % (NS). - Hémorragie détectée au scanner (symptomatique ou non) : bras 1 = 11,6 % vs bras 2 = 14,2 % (NS). - Hémorragie extra-cérébrale : bras 1 = 5,8 % vs bras 2 = 1,8 %, p < 0,05, OR = 3,40 [1,09-10,61, IC 95]. - Progression symptômes : bras 1 = 10,7 % vs bras 2 = 7,6 % (NS). - Mortalité : bras 1 = 9,4 % vs bras = 2 7,1 % (NS). - Critère combiné : bras 1 = 22,8 % vs bras 2 = 16,0 % (NS). - Différents scores à 14 jours et 3 mois : bras 1 vs bras 2 : différence NS. Conclusion des auteurs : Cette étude ne montre pas de supériorité de la daltéparine sur l'aspirine, à 14 jours comme à 3 mois, peut-être par manque de puissance de l'essai, le taux de récidive dans le bras aspirine étant plus bas que prévu (8 % contre 12 %). Mais ces résultats n'encouragent pas à l'usage en routine des HBPM dans l'AIC plutôt que l'aspirine. Une HBPM reste indiquée par contre à faible dose dans la prévention des TVP. Conclusion du CNHIM : À défaut de démonstration d'efficacité supérieure, l'étude montre cependant une tendance globalement défavorable à la daltéparine et une différence significative sur la fréquence des hémorragies extracérébrales. AIC : accident ischémique constitué. AVK : antivitamines K. FA : fibrillation auriculaire. HTA : hypertension artérielle. INR : international normalized ratio. PAD : pression artérielle diastolique. SSS : scandinavian stroke scale. TVP : thrombophlébite veineuse profonde. AVC : accident vasculaire cérébral. ECG : électro-encéphalogramme. HBPM : héparine de bas poids moléculaire. IC : intervalle de confiance. NS : différence non significative PAS : pression artérielle systolique. 47 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Low molecular-weight heparin versus aspirin in patients with acute ischaemic stroke and atrial fibrillation: a double-blind randomised study. HAEST Study Group. Heparin in Acute Embolic Stroke Trial - 2000 (10). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 12 Prévention des AIC Tableau 8 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques Prothèses valvulaires. Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique A comparison of aspirin with placebo in patients treated with warfarin after heart-valve replacement - 1993 (61). Objectif Évaluer l’efficacité et la tolérance de l'aspirine versus placebo, en association à la warfarine, après pose de prothèse valvulaire cardiaque. Inclusion Patient avec pose de prothèse valvulaire en position aortique, mitrale ou tricuspide : Caractéristiques initiales des patients Valves mécaniques : 76 %. Bioprothèses : 24 %. Pas de perdus de vue. - tissulaire (bioprothèse) + FA ou antécédent d'accident throm- Résultats - Mortalité totale : bo- embolique, bras 1 = 9/186 (4,8 %) - mécanique. vs bras 2 = 22/184 (12,0 %). Méthodologie Étude randomisée, en double aveugle, multicentrique (3 hôpiExclusion taux canadiens). - Allergie à l'aspirine. 370 patients. - Contre-indication aux anticoagulants ou aux antiagrégants. Schéma posologique - Patients géographiquement 2 bras. injoignable pour le suivi. - Refus de donner consente* Bras 1 (n = 186) : ment. - warfarine à dose ajustée (INR entre 3 et 4,5), - aspirine : 100 mg/j. - Mortalité vasculaire : bras 1 = 2 vs bras 2 = 13, soit une diminution du risque de 86 % [36-97, IC 95 %] (p = 0,003), dont : IDM fatal : bras 1 = 0 vs bras 2 = 4, AIC fatal : bras 1 = 1 vs bras 2 = 2. - Embolie systémique majeure : bras 1 = 5/186 (2,7 %, soit 1,6 % par an), vs bras 2 = 13/184 (7,1 %, soit 4,6 % par an). Évaluation 3, 6, 12 semaines, puis tous - AIC : * Bras 2 (n = 184) : les 6 mois. - warfarine à dose ajustée bras 1 = 4 (1,3 % par an) (INR entre 3 et 4,5), vs bras 2 = 12 (4,2 % par an), - Critères principaux : - placebo. soit une diminution du risque de . critère composite 1 "mortali- [7-90, IC 95%] (p = 0,027). Traitement post-opératoire par té vasculaire ou embolie systéhéparine non fractionnée (5000 UI mique majeure (AIC ≥ 24h, - Hémorragie intracrânienne : x 3) pendant les 3 jours suivant le IDM, ischémie aiguë périphé- . fatale : bras 1 = 3 vs bras 2 = rique)"; . non fatale : bras 1 = 5 vs bras début de la warfarine. . critère composite 2 "embolie systémique majeure, hémor- - Critère composite 1 : ragie intracrânienne non fata- bras 1 = 6 (1,9 % par an) Durée de l’étude le, hémorragie fatale, mortali- vs bras 2 = 24 (8,5 % par an), 4 ans (2,5 ans en moyenne). té vasculaire" (AIT non inclus). soit une diminution du risque de [44-91, IC 95%] (p < 0,001). 70 % 3, 2 = 0. 77 % - Critères secondaires : thrombose valvulaire, hémor- - Critère composite 2 : ragie cliniquement sévère. bras 1 = 12 (3,9 % par an) vs bras 2 = 28 (9,9 % par an), Conclusion des auteurs : soit une diminution du risque de 61 % Chez des patients avec valve mécanique ou à haut risque avec bio[24-80, IC 95%] (p = 0,005). prothèse, l'association de l'aspirine à la warfarine a diminué la mortalité, en particulier de cause vasculaire, ainsi que les accidents thrombo-emboliques systémiques majeurs. Bien qu'il y ait une augTolérance mentation des hémorragies, le risque lié à cette association est larHémorragies : gement compensé par bénéfice thérapeutique. bras 1 = 71 vs bras 2 = 49 (p = 0,02), dont 24 vs 19 majeures (NS). Conclusion du CNHIM : L’association warfarine + aspirine se montre plus efficace que la warfarine seule avec une augmentation du risque hémorragique attendue mais acceptable du risque hémorragique. AIC : accident ischémique constitué. FA : fibrillation auriculaire. IDM : infarctus du myocarde. NS : différence non significative Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AIT : accident ischémique transitoire. IC : intervalle de confiance. INR : international normalized ratio. 48 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 13 Prévention des AIC Tableau 8 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques Prothèses valvulaires (suite 1). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Objectif Comparer l'efficacité de 2 associations d'antiagrégantsplaquettaires à la warfarine dans la prévention des accidents thrombo-emboliques des prothèses valvulaires. Inclusion Patient ayant une prothèse mécanique (modèles 1260 et 6120, Starr-Edwards et Standard Björk-Shiley). Méthodologie Étude randomisée, en ouvert. 254 patients (soit 396 patients-années). Exclusion Non renseigné. Schéma posologique 3 bras. Après 6 mois de traitement par la warfarine. Sorties d’étude - volontaires (retrait consentement) : 2, - grossesse : 1. Résultats Analyse en intention de traiter, chi-deux et Wilcoxon. - AIC : . bras 1 = 4 (2,2 pour 100 patients-années), Évaluation Critères principaux : - AIC, - intolérance au traitement. * Bras 1 (n = 97) : warfarine (TP/témoin entre 1,8 et 2,5). . bras 2 = 11 (8,6 pour 100 patients-années) bras 2 vs bras 1 : p < 0,005. . bras 3 = 8 (7,9 pour 100 patients-années) bras 3 vs bras 1 : p < 0,05. . mêmes valeurs de p pour le sous-groupe "prothèse en position mitrale". - Mortalité vasculaire : bras 1 = 1 vs bras 2 = 2 vs bras 3 = 0. * Bras 2 (n = 81) : - dipyridamole : 75 mg x 2, - aspirine LP 650 mg/j. Tolérance - Arrêt de traitement pour intolérance (gastro-intestinale = 45, cutanée = 1) : . bras 1 : 0 patient, . bras 2 = 22 patients (27,2 %), . bras 3 = 24 patients (31,6 %). * Bras 3 (n = 76) : - pentoxifylline : 400mg x 2, - aspirine LP : 650 mg/j. Durée de l’étude Suivi moyen : bras 1 = 24,4 mois, vs bras 2 = 18,0 mois, vs bras 3 = 17,3 mois. - Hémorragies : bras 1 = 5 patients (5,2 %), bras 2 = 0, bras 3 = 1 patient (1,3 %). Conclusion des auteurs : Cette étude montre que la warfarine est supérieure aux 2 associations d'antiagrégants plaquettaires en prévention des accidents thrombo-emboliques des prothèses mécaniques. Les antiagrégantspeuvent cependant être une alternative acceptable dans les situations rares où des saignements persistent sous warfarine malgré ajustement de la dose. Conclusion du CNHIM : La fréquence des AIC est significativement inférieure avec la warfarine, avec un risque hémorragique cependant plus élevé. AIC : accident ischémique constitué. 49 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Warfarin versus dipyridamole-aspirin and pentoxifylline-aspirin for the prevention of prosthetic heart valve thromboembolism: a prospective randomized clinical trial - 1985 (44). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 14 Prévention des AIC Tableau 8 : Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques Prothèses valvulaires (suite 2). Méthodologie Inclusion-Exclusion Résultats/Conclusion Évaluation thérapeutique Combined warfarin and antiplatelet therapy after St. Jude Medical valve replacement for mitral valve disease - 1994 (36). Objectif Comparer l'efficacité sur la morbidité, fatale ou non, de la warfarine associée aux antiagrégants plaquettaires à la warfarine seule après pose de prothèse valvulaire de St-jude. Inclusion Patient devant recevoir une prothèse de St-Jude en position mitrale (avec éventuellement une autre prothèse de St-Jude en position aortique) Sorties d’étude - Décès durant l'hospitalisation : 11. - Pas de perdus de vue. - Pas de randomisation mais groupes comparables - Prise d'aspirine : bras 1 = 29 patients. Exclusion Méthodologie Autre prothèse valvulaire que Étude non randomisée, en ouvert. St-Jude. 195 patients (dont 46 avec antécédents de problèmes valvulaires). Évaluation Critère de jugement : Schéma posologique - AVC, 2 bras. - ES périphérique, - hémorragie nécessitant une * Bras 1 : transfusion, - warfarine, - endocardite sur prothèse val- ticlopidine 100-200mg x 2 vulaire, (n = 56) - dégradation de la prothèse, ou - IDM, - warfarine, - cancer, - dipyridamole : 150-300 mg/j , - réopération, (n = 14) - décès. Résultats Analyse en patients-années : bras 1 = 404 vs bras 2 = 845. Chi-deux, Kaplan-Meier (actuarielle) et Wilcoxon. - AIT ou AIC : bras 1 = 2/70 vs bras 2 = 12/125 (p < 0,05). - AVC hémorragique : bras 1 = 0/70 vs bras 2 = 2/125 (p < 0,05). - Taux de survie à 10 ans : bras 1 = 98,3 ± 1,7 % vs bras 2 = 90,3 ± 3,2 % (p < 0,05). - Absence d'AVC (%) : . à 5 ans : bras 1 = 98,4 vs bras 89,3, . à 10 ans : bras 1 = 95,3 vs bras 2 = 84,3 (p < 0,05). (la dose de warfarine est adaptée pour un INR entre 1,8 et 2,8, la dose d’antiplaquettaire est ajustée sur le taux d'agrégation maximale par ADP, avec ajout éventuel d'aspirine 10-40 mg/j en cas d’agrégation insuffisante). Tolérance Absence de complications (%) : . à 5 ans : bras 1 = 92,4 vs bras 32 = 77,5 . à 10 ans : bras 1 = 89,4 vs bras 2 = 67,9 (p < 0,05). * Bras 2 (n = 125) : warfarine seule Durée de l’étude Suivi moyen = 6,5 ± 3,5 années. Conclusion des auteurs : L'association warfarine-antiagrégant plaquettaire a permis d'obtenir dans cette étude un taux de survie supérieur, une plus faible incidence d'AVC, notamment hémorragiques, et une meilleure qualité de vie; il est temps de reconsidérer les avantages de cette association. Conclusion du CNHIM : Le clinicien avait le choix entre les deux thérapeutiques, d'où un nombre plus élevé de patients dans le bras 2, et des résultats d'interprétation plus difficile. ADP : adénosine diphosphate AIT : accident ischémique transitoire. ES : embolie systémique. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 AIC : accident ischémique constitué. AVC : accident vasculaire cérébral. IDM : infarctus du myocarde. 50 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 15 Prévention des AIC Définition des grades de l’ACCP et de l’AHA A = évidence à partir d'essais randomisés (méthodologie robuste et résultats concordants, pas d'hétérogénéité dans les résultats). 4. Stratégies et recommandations internationales En bref Un certain nombre de sociétés savantes (ACCP, AHA, NSA) ont émis des recommandations concernant la prévention. Tout patient ayant présenté un AIC non cardioembolique (athérothrombotique, lacunaire ou cryptogénique) ou un AIT devrait bénéficier, en l'absence de contre-indication, d'un traitement antiagrégant plaquettaire pour réduire le risque d'AIC ou autre accident vasculaire. En prévention secondaire, l'aspirine, l'association dipyridamole-aspirine et le clopidogrel sont trois options thérapeutiques acceptables en première intention. À la phase aiguë de l'infarctus cérébral, chez les patients n'ayant pas reçu de traitement thrombolytique, un anticoagulant peut être envisagé précocement. La prévention des accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques (cardiopathies, prothèses) fait généralement appel aux anticoagulants oraux (et dans certains cas à l’aspirine et à l’héparine). B = idem que A mais résultats contradictoires. 1 = le bénéfice dépasse clairement le risque. 2 = incertitude sur le rapport bénéfice-risque. 4.2. Accidents ischémiques cérébraux non cardio-emboliques En prévention primaire, la prescription d'aspirine paraît logique pour certains auteurs chez les hommes de plus de 50 ans à haut risque vasculaire, et raisonnable chez les femmes ayant des lésions athéromateuses démontrées (21). En prévention secondaire, selon les recommandations de l'ACCP (5) et de l'AHA (7), tout patient ayant présenté un AIC non cardio-embolique (athérothrombotique, lacunaire ou cryptogénique) ou un AIT devrait bénéficier, en l'absence de contre-indication, d'un traitement antiagrégant plaquettaire pour réduire le risque d'AIC ou d’un autre accident vasculaire. 4.1. Généralités L'hypertension est le plus puissant des facteurs de risque d'AVC, qu'ils soient ischémiques ou hémorragiques (5, 6, 7, 27, 42, 49, 53, 55, 64). 4.2.1. Prévention secondaire L'aspirine à la dose de 50 à 325 mg/jour, l'association dipyridamole LP (200 mg) - aspirine (25 mg) 2 fois par jour et le clopidogrel à la dose de 75 mg/jour sont 3 options thérapeutiques acceptables en première intention. Il s'agit d'une recommandation de grade A1 (évidence à partir d'essais randomisés, le bénéfice dépassant clairement le risque). Recommandations concernant les AIC Les recommandations de la conférence de consensus de l'ACCP (American College of Chest Physicians) sur la thérapeutique antithrombotique représentent une référence importante dans la prévention des AIC ; ces conférences de consensus sont publiées tous les 3 ans (revue Chest). La sixième édition est en vigueur aujourd’hui. En 1999, l'ACCP (comme l'AHA) recommandait en première intention l'aspirine, le choix du médicament devant reposer sur les meilleurs rapports bénéficerisque et bénéfice-coût. Aujourd’hui, les dernières recommandations de l'ACCP précisent au contraire que l'association dipyridamole LP (200 mg) - aspirine (25 mg) 2 fois par jour est plus efficace que l'aspirine seule dans la prévention des AIC. Recommandations concernant les AIT L'AHA (American Heart Association) a réactualisé en 1999 les recommandations de 1994 concernant le traitement des patients ayant présenté un AIT (7). Les experts de l'ACCP et de l'AHA considèrent que cette association dipyridamole-aspirine peut être plus efficace que le clopidogrel (75 mg/jour), les effets indésirables sévères étant comparables. Cependant, aucun essai randomisé n’a comparé ces deux thérapeutiques. Recommandations concernant la FA La fibrillation auriculaire fait par ailleurs l'objet de recommandations notamment celles publiées récemment par l’American college of cardiology/american heart association/european society of cardiology (27). En cas d'allergie à l'aspirine, le clopidogrel (75 mg/jour) est recommandé plutôt que la ticlopidine qui présente plus d'effets indésirables (grade C2). Recommandations concernant la prévention primaire Le NSA (National Stroke Association) a publié en 1999 des recommandations sur la prévention primaire des AVC, sans distinguer AIC et AVC hémorragiques (31). Avant d'aborder le traitement médical ou chirurgical des sujets ayant présenté un AIT, l'AHA rappelle comme le NSA en prévention primaire que la prise en charge de ces patients doit comprendre la réduction des facteurs de risque que sont l'hypertension, une cardiopathie (FA en particulier), un diabète, une hypercholestérolémie, le tabac, une consommation excessive d'alcool et la sédentarité. 4.2.2. À la phase aiguë de l’infarctus En prévention secondaire à la phase aiguë de l'infarctus cérébral, chez les patients n'ayant pas reçu de traitement thrombolytique, un anticoagulant peut être envisagé précocement (grade B). Le bénéfice le plus probable concerne les patients à haut risque de récidive précoce d'embolie. 51 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique C = évidence à partir d'essais d'observation (méthodologie moins robuste). doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 16 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC En l'absence d'anticoagulant, un traitement par aspirine (160 à 325 mg/jour) doit être institué dans les 48 heures (associée à une héparine à faible dose en prévention des thromboses veineuses profondes). Par la suite un traitement par un antiagrégant plaquettaire doit être poursuivi au long cours. Les experts ne peuvent établir de recommandations spécifiques au vu des essais disponibles pour des problèmes cardiaques à risque mineur, mais conseillent en général pour ces patients un antiagrégant plaquettaire. Par ailleurs, en prévention primaire chez les patients de plus de 75 ans considérés comme à risque hémorragique plus élevé mais sans réelle contre-indication aux AVK, il est suggéré (27) d'atteindre une valeur plus faible de l'INR égale à 2 (1,6 to 2,5) (grade C). 4.3.1.3. Prolapsus valvulaire mitral En présence d'un prolapsus valvulaire mitral, seuls les patients ayant subi un AIT inexpliqué devront bénéficier selon l'ACCP d'une faible dose d'aspirine au long cours (160 à 325 mg/jour). En cas d'antécédent d'embolie systémique, de FA paroxystique ou chronique, ou encore de récidive d'AIT sous aspirine, un traitement par antivitamine K sera proposé (INR 2,5). De même les experts manquent de données pour évaluer l'efficacité et la tolérance des AVK dans la prévention des AIC non cardio-emboliques, mais ils recommandent dans tous les cas de ne pas utiliser ces anticoagulants pour des INR de 3,0 à 4,5 (grade A1) pour lesquels le risque d'hémorragie cérébrale dépasse tout bénéfice thérapeutique éventuel. 4.3.1.4. Anomalie valvulaire aortique ou de la crosse de l'aorte 4.3. Accidents ischémiques cérébraux cardio-emboliques Le rétrécissement aortique n'est pas considéré par l'ACCP comme une indication en soi à une anticoagulation par AVK, sauf en présence d'athéromes mobiles aortiques et de plaques aortiques de plus de 4 mm. 4.3.1. Cardiopathies 4.3.1.1. Post-infarctus du myocarde 4.3.1.5. Foramen ovale perméable et anévrisme du septum interauriculaire La prévention des embolies systémiques fait appel aux AVK chez les patients en post-IDM présentant un autre facteur de risque : dysfonction ventriculaire gauche sévère (éjection systolique < 28 %), antécédent thrombo-embolique, thrombus ventriculaire gauche ou FA. Pour les sujets porteurs d'une de ces 2 anomalies et ayant subi une embolie systémique ou un AIT inexpliqués et un accident thrombo-embolique veineux documenté, un traitement anticoagulant est recommandé. En l’absence de contexte d’embolie paradoxale, les antiagrégants plaquettaires sont le traitement de référence (43). 4.3.1.2. Fibrillation auriculaire (6) La FA augmente de 5 fois le risque d'AVC selon l'étude de Framingham (64). Au vu des résultats des différents essais, l'aspirine ne montre qu'une faible efficacité dans cette indication. L'analyse des résultats groupés des études AFASAK, SPAF1 et EAFT (n = 2574) met en évidence une réduction de ce risque de 21 % contre environ 68 % avec un anticoagulant oral dans 6 essais randomisés (The Atrial Fibrillation Investigators). 4.3.1.6. Endocardite infectieuse Chez des patients ayant une FA et présentant un facteur de risque élevé (antécédent d'AIC ou AIT, HTA, insuffisance ventriculaire gauche, ou âge > 75 ans), l'ACCP recommande un anticoagulant oral au long cours avec pour objectif un INR de 2,5 (de 2,0 à 3,0), l'aspirine ne devant être utilisée qu'en cas de contreindication à l'anticoagulant. 4.3.1.7. Calcification de l’anneau mitral En l'absence de contre-indication spécifique, un anticoagulant oral n'est recommandé dans cette infection sévère à risque élevé d'hémorragie intracrânienne que chez les sujets porteurs de prothèses valvulaires mécaniques. Dans ce cas (anecdotique pour certains) , un anticoagulant oral ne sera débuté qu'en cas d'antécédent d'embolie systémique (non calcique) ou en présence de FA. 4.3.2. Prothèses valvulaires De même, la présence de 2 facteurs de risque modérés est une indication au même traitement (âge compris entre 65 et 75 ans, diabète, maladie coronaire avec fonction ventriculaire gauche préservée). Si un seul facteur de risque modéré est présent, le même traitement est conseillé ou encore l'aspirine à la dose de 325 mg/jour. Les experts de l'ACCP déconseillent l'association aspirine et AVK à faible dose fixe. 4.3.2.1. Prothèses valvulaires mécaniques (9) Chez les patients porteurs de prothèses valvulaires mécaniques, les recommandations de l'ACCP (grade C le plus souvent) sont précises et détaillées selon le type de prothèse, leur position aortique ou mitrale, et la présence éventuelle d'autres facteurs de risque associés. En règle générale, la prévention des accidents thrombo-emboliques doit faire appel à l'anticoagulation orale avec une valeur cible de l'INR de 2,5 à 3,0 selon l'appréciation du niveau de risque. Sont en faveur d'une augmentation de ce risque et donc de la valeur cible de l'INR : la position mitrale de la valve, les valves à bille ou à disque avec cage, et la présence d'autres facteurs de risque. Toutes ces recommandations sont de grade A. En revanche, les sujets de moins de 65 ans à risque faible c'est-à-dire sans signe de maladie cardiovasculaire devraient être traités seulement par aspirine selon l'ACCP (grade C) et le NSA, traitement jugé optionnel chez les sujets de moins de 60 ans (27). Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 52 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 17 Prévention des AIC D'autres auteurs considèrent que ces circonstances font partie des quelques cas pour lesquels l'INR souhaité doit être de 3,7 (3-4,5) (fiches de transparence des AVK notamment) (3). L'association à un AVK (INR cible de 3,0) d'une faible dose d'aspirine (80-100 mg/jour) est recommandée dans 3 situations : 1 - Anonyme. Warfarin versus aspirin for prevention of thrombo- embolism in atrial fibrillation: Stroke Prevention in Atrial Fibrillation II Study. SPAF II. Lancet 1994 ; 343 (8899) : 687-91. 2 - Anonyme. Adjusted-dose warfarin versus low-intensity, fixed-dose warfarin plus aspirin for high-risk patients with atrial fibrillation: Stroke Prevention in Atrial Fibrillation III randomised clinical trial. Lancet 1996 ; 348 (9028) : 633-8. 3 - Anonyme. Fiches de transparence Antivitamines K, 2001. 4 - Anonyme. Stroke Prevention in Atrial Fibrillation Study. Final results. Circulation 1991 ; 84 (2) : 527-39. 5 - Albers GW, Amarenco P, Easton JD, Sacco RL, Teal P. Antithrombotic and Thrombolytic Therapy for Ischemic Stroke. Chest 2001 ; 119 (suppl 1) : 300S-320S. 6 - Albers GW, Dalen JE, Laupacis A, Manning WJ, Petersen P, Singer DE. 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Les antiplaquettaires dans la prévention des accidents ischémiques cérébraux. Rev Neurol 1999 ; 155 (8) : 531-41. - les patients porteurs de valves mécaniques avec cage, - ceux porteurs de toute valve mécanique avec présence d'autres facteurs de risque, - ceux porteurs de valves mécaniques ayant présenté une embolie systémique sous anticoagulant seul. Une héparine non fractionnée ou de bas poids moléculaire est recommandée en début de traitement jusqu'à atteindre sur 2 jours consécutifs la valeur cible de l'INR. 4.3.2.2. Bioprothèses Pour les bioprothèses, les recommandations de l'ACCP sont de grade C. Une anticoagulation orale avec INR cible de 2,5 n'est recommandée que durant les 3 mois suivant la pose de la prothèse, en position mitrale comme aortique, avec héparine standard ou de bas poids moléculaire en début de traitement. Dans certaines situations cependant, cette anticoagulation pourra être prolongée à long terme: en cas de FA associée, en présence d'un thrombus de l'oreillette gauche (durée non définie), ou en cas d'antécédent d'accident thrombo-embolique (3 à 12 mois). Chez les patients porteurs d'un pacemaker, un anticoagulant reste optionnel et non explicitement recommandé, en l'absence de preuve suffisante d'un effet protecteur dans cette situation jugée néanmoins à haut risque thrombo-embolique. Enfin chez les patients en rythme sinusal, les auteurs recommandent en prévention des AIC l'aspirine à long terme à la dose de 80 mg/jour. 4.3.2.3. Rétrécissement mitral rhumatismal Le rétrécissement mitral rhumatismal source d’embolie périphérique mérite un traitement chirurgical, si l’état du patient le permet, en première intention. Une anticoagulation orale à long terme avec INR cible de 2,5 (2,0-3,0) est recommandée par l'ACCP dans la maladie rhumatismale mitrale en cas d'antécédent d'embolie systémique ou de FA associée, paroxystique ou chronique, ainsi que chez les patients en rythme sinusal mais dont le diamètre de l'oreillette gauche est supérieur à 5,5 cm. La valeur cible de l'INR pourra être augmentée à 3,0 chez les sujets ayant présenté un accident thromboembolique malgré ce traitement, ou encore maintenue à 2,5 mais en associant une faible dose d'aspirine (80 à 100 mg/jour). En cas d'intolérance à l'aspirine, le dipyridamole (400 mg/jour), la ticlopidine (250 mg 2 fois/jour) ou le clopidogrel (75 mg/jour) pourront être associés à l'antivitamine K. 53 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Références bibliographiques doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 18 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC 22 - Cryer B, Feldman M. 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Arch Intern Med 1997 ; 157 (11) : 1237-40. 56 - The Boston Area Anticoagulation Trial for Atrial Fibrillation (BAATAF) Investigators. The effect of low-dose warfarin on the risk of stroke in patients with nonrheumatic atrial fibrillation. N Engl J Med 1990 ; 323 (22) : 1505-11. 57 - The Dutch TIA Trial Study Group. A comparison of two doses of aspirin (30 mg vs 283 mg a day) in patients after a transient ischemic attack or minor ischemic stroke. N Engl J Med 1991 ; 325 : 1261-6. 54 doc05 - avc 03 20/03/02 17:52 Page 19 Prévention des AIC 61 - Turpie AG, Gent M, Laupacis A, Latour Y, Gunstensen J, Basile F, Klimek M, Hirsh J. A comparison of aspirin with placebo in patients treated with warfarin after heart-valve replacement. N Engl J Med 1993 ; 329 (8) : 524-9. 62 - Vahedi K, Amarenco P. Cardiac Causes of Stroke. Curr Treat Options Neurol 2000 ; 2 (4) : 305-318 63 - Woimant F. Accidents vasculaires cérébraux. Rev Prat 2000 ; 50 : 2019-26. 64 - Wolf PA, Abbott RD, Kannel WB. Atrial fibrillation is an independent risk factor for stroke. The Framingham study. Stroke 1991 ; 22 : 983-88. Annexe : définitions des déficits neurologiques observés dans les AIC (Garnier-Delamarre) 1. Moteurs et intellectuels (du grec agnôsia : ignorance, arthron: articulation, lexis : mot, phasis : parole, praxis : action, taxis : ordre, plêssein : frapper, pathê : souffrance, paresis : faiblesse). - Agnosie : trouble de la reconnaissance des objets. - Alexie : cécité verbale, avec impossibilité de comprendre les idées exprimées par l'écriture. - Aphasie : définie initialement par Trousseau comme l'impossibilité de traduire la pensée par des mots, il s'agit plus largement d'un défaut d'adaptation du mot à l'idée, qu'il s'agisse d'une idée à transmettre (aphasie motrice) ou d'une idée à recevoir (aphasie sensorielle) ; dans l'aphasie de Wernicke , ou aphasie de conductibilité, due à une lésion temporo-pariétale gauche, le malade parle mais parle mal, les troubles de la parole étant secondaires aux troubles de la compréhension du langage. - Aphasie de Wernicke : variété d’aphasie caractérisée essentiellement par des troubles sensoriels u de compréhension du langage entraînant secondairement des troubles de la parole. - Apraxie : perte de la compréhension de l’usage des objets usuels qui se traduit par des actes plus ou moins absurde. - Apragmatisme : absence d'activité efficace. - Apraxie : actes absurdes dus à la perte de la compréhension de l'usage des objets usuels, ou impossibilité de conformer les mouvements au but proposé ; l'apraxie est toujours due à des lésions du lobe pariétal ; apraxie idéatoire : incapacité d'établir un plan adéquat au but à poursuivre ; apraxie idéomotrice : incapacité de se figurer ou d'exécuter le geste à accomplir; apraxie constructive : incapacité, tout en reconnaissant la forme des objets, de les reproduire ou de faire un assemblage. - Ataxie : incoordination des mouvements volontaires avec conservation de la force musculaire. - Dysarthrie : difficulté de la parole due à une paralysie ou à un spasme des organes de la phonation " et (l’origine du mot en grec). - Hémi-anopsie :affaiblissement ou perte de la vue dans une moitié du champ visuel. - Hémihypo-esthésie : diminution de la sensibilité étendue à toute une moitié du corps. - Hémiparésie : paralysie légère d’une moitié du corps. - Hémiplégie : paralysie complète ou incomplète frappant une moitié du corps. - Hyperpathie : perception d'excitations sensitives ou affectives avec douleur anormalement intense et angoissante ; c'est un élément du syndrome thalamique. - Parésie : paralysie légère. 2. Sensitifs (du grec aïsthêsis : sensibilité) Paresthésie : anomalie de la perception des sensations (retard, persistance, ou erreur de localisation, excitations tactiles, douloureuses, thermiques ou vibratoires) ou sensations pénibles telles que fourmillement, engourdissement, picotement, chaleur ou froid, ruissellement de liquide...). 3. Visuels (du grec Opsis: vue, nustazô : je m'incline). - Hémi-anopsie : affaiblissement ou perte de la vue dans une moitié du champ visuel de l'un ou plus souvent des deux yeux; elle peut être notamment latérale lorsque la limite entre les zones voyante et aveugle est verticale, homonyme si elle frappe les deux côtés du même nom (droit ou gauche) de chaque rétine entraînant la perte du côté droit ou du côté gauche du champ visuel (par exemple côté nasal d'un oeil et côté temporal de l'autre), en quadrant si elle atteint un quart du champ visuel (dite aussi quadranopsie) ... - Nystagmus : mouvements oscillatoires et quelquefois rotatoires du globe oculaire, involontaires, saccadés, horizontaux, verticaux, ou quelquefois de circumduction. 55 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique 58 - The Medical Research Council's General Practice Research Framework. Thrombosis prevention trial: randomised trial of low-intensity oral anticoagulation with warfarin and low-dose aspirin in the primary prevention of ischaemic heart disease in men at increased risk. Lancet 1998 ; 351 (9098) : 233-41. 59 - The SALT Collaborative Group. Swedish Aspirin LowDose Trial (SALT) of 75 mg aspirin as secondary prophylaxis after cerebrovascular ischaemic events. Lancet 1991 ; 338 (8779) : 1345-9. 60 - Théfin G. Toxicité digestive de l’aspirine à faible dose : un problème sous estimé et non résolu. Gastroenterol Clin Biol 2001 ; 25 : 2329-32. doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 1 Prévention des AIC Évaluation thérapeutique Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants Évaluation pharmaco-économique Edgar Tissot1, Marie-Christine Woronoff-Lemsi1 et la participation du comité de rédaction 1. Service Pharmacie - CHU Besançon - Bld Fleming, 25 030 Besançon cedex Sept études ont été recensées, toutes de type coûtefficacité : les analyses coût-utilité étant considérées comme des cas particuliers d'analyse coût-efficacité (ACE). Pour faciliter la lecture, les études ont été classées selon les stratégies thérapeutiques comparées : 1. Introduction Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) représentent, au sein des pays industrialisés, la 3ème cause de décès après la maladie cancéreuse et les maladies cardio-vasculaires. Ils sont en outre associés à une morbidité importante. Malgré une diminution de la mortalité ajustée sur l'âge observée depuis 10 ans, l'incidence globale des AVC est constante (16), si bien que les dépenses générées ne cessent de croître. Elles sont estimées en Angleterre à 4 % des dépenses totales de santé et 6 % des coûts hospitaliers (9). - aspirine versus placebo, - aspirine versus aspirine + dipyridamole, - aspirine versus clopidogrel, - aspirine versus ticlopidine. Le risque de récidive après un premier AVC est élevé, estimé à 13 % la 1ère année, puis 4 % par an les années suivantes (3), justifiant pleinement des interventions médicales de prévention secondaire. Parmi les mesures ayant fait la preuve de leur efficacité (diminution de la pression artérielle, arrêt du tabagisme, traitement hypolipémiant, anticoagulation par les antivitaminiques K, endartéri-ectomie carotidienne), l'instauration d'un traitement antiagrégant plaquettaire occupe une place de choix (7). 2. Aspirine versus placebo Deux études, évaluant spécifiquement et uniquement le rapport coût-efficacité de l'aspirine versus placebo, sont présentées. L'une est basée sur des données économiques néo-zélandaises, l'autre sur des données françaises. 2.1. Étude de Scott (14) De nombreuses études ont démontré l'efficacité de l'aspirine : diminution du risque de récidive de 13 % en cas d'antécédents d'AVC ischémique ou d'accident ischémique transitoire (AIT) (1) et de 22 % en cas d'antécédents de maladies cérébro-vasculaires (infarctus du myocarde, angor, AVC, AIT, artériopathie des membres inférieurs) (2). Une première analyse coût-efficacité (ACE) - étude de Scott - est basée sur les résultats de l'étude ESPS-2 (European Stroke Prevention Study). Cet essai clinique a inclu 6 602 patients avec antécédents d'AVC ou d'AIT et a démontré que l'aspirine est associée à une diminution significative du risque relatif de récidive de 18 % (p = 0,013) par rapport au placebo (14). La parution de larges études randomisées démontrant une efficacité équivalente ou supérieure, par rapport à l'aspirine, de nouveaux antiagrégants plaquettaires (ticlopidine, association aspirine - dipyridamole, clopidogrel) engendre les deux questions suivantes : 2.1.1. Méthodologie La perspective adoptée est celle de la société néozélandaise (date de point de l'analyse : 1996). - l'utilisation d'un antiagrégant plaquettaire en prévention secondaire des AVC est-elle justifiée sur le plan médico-économique ? Les coûts pris en compte sont : - les coûts directs : médicament antiagrégant, consultation médicale, hospitalisation, rééducation et transport, - quel médicament présente le meilleur rapport coût / efficacité ? - les coûts indirects : perte de productivité. Toutes les études pharmaco-économiques publiées et évaluant la place des antiagrégants plaquettaires en prévention secondaire des AVC ont été retenues. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Excepté pour les médicaments, l'origine des données du coût unitaire de ces ressources n'est pas présentée. 56 doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 2 Prévention des AIC 2.1.2. Résultats 2.3. Conclusion Les auteurs mettent en évidence que l'aspirine est une stratégie dominante : moins coûteuse et plus efficace. La prise en charge thérapeutique d'une cohorte de 1 000 patients, pendant deux ans, génère un bénéfice pour la société (diminution des coûts direct et indirect) de 672 669 dollars US, soit 673 dollars US par patient. 3. Aspirine versus aspirine + dipyridamole 2.2. Étude de Marissal (11) L’étude ESPS-2, en plus de démonter l'efficacité de l'aspirine (cf paragraphe précédent), met en évidence que l'association aspirine à faible dose (50 mg/j) + dipyridamole (400 mg/j) engendre une diminution supplémentaire significative du risque relatif de récidive d'AVC de 23 % et du risque relatif de décès ou de récidive de 13 %, par rapport l'aspirine (6). Une équipe française (Marissal) a évalué le rapport coût-efficacité de l'acétylsalicylate de lysine par rapport à un placebo, d'après les résultats de la métaanalyse de l'Antiplatelet Trialists' Collaboration (2). 2.1.1. Méthodologie Les auteurs ont appliqué leur modèle aux 73 900 patients susceptibles de présenter annuellement en France un premier AVC et chez qui un traitement antiagrégant est prescrit pendant 3 ans. Ces résultats favorables à la coformulation aspirinedipyridamole ont servi de base à quatre ACE, réalisées selon, soit le point de vue du payeur (assurancemaladie), soit celui de la société. Deux points de vue sont envisagés, celui de l’assurance-maladie et celui de la société. 3.1. Étude de Shah (15) Les coûts suivants sont inclus (date de point : 1996) : 3.1.1. Méthodologie - le coût direct (prix de vente) d'une prophylaxie par KARDEGIC® à la posologie de 75, 160 et 300 mg/j, plus le coût médical direct hospitalier des effets indésirables gastro-intestinaux de cette prophylaxie, L’étude de Shah est une ACE, de méthodologie simple, réalisée selon le point de vue du payeur américain (MEDICARE). - et les coûts direct et indirect d'un AVC ou d'un IDM. Elle recense les coûts médicaux directs associés à la prise en charge d'une cohorte hypothétique de 1000 patients pendant deux ans en post-AVC et inclue le coût d'acquisition des antiagrégants, le coût de la prise en charge (hospitalisation, rééducation, soins ambulatoires) d'un AVC (date de point : 1999). Ainsi, quelque soit le dosage, un traitement par acétylsalicylate de lysine est une stratégie dominante par rapport à un placebo. 2.1.2. Résultats Le critère d'efficacité retenu est le nombre de récidives évitées, d'après les résultats de l'étude ESPS-2. Le bénéfice net pour l'assurance-maladie varie entre : - 610 et 2 082 dollars US par IDM évité, - et 176 et 599 dollars US par AVC évité. 3.1.2. Résultats Le bénéfice sociétal est supérieur, respectivement entre 3 428 et 4 900 dollars US par IDM et 987 et 1 410 dollars US par AVC. En prenant l'hypothèse qu'une récidive ne peut survenir qu'une seule fois pendant les 2 ans, le ratio coûtefficacité de l'association aspirine-dipyridamole comparée à l'aspirine seule est égal à 28 472 dollars US par AVC évité. L'analyse de sensibilité fait varier l'incidence des effets indésirables et l'efficacité du traitement antiagrégant. D'une part, elle montre, que si l'incidence des effets indésirables augmente, la prophylaxie devient plus coûteuse que le placebo, mais que le coût par IDM ou AVC évité est acceptable, entre 1 031 et 6 400 dollars US. L'analyse de sensibilité (variation de ± 20 % du coût d'un AVC, ± 20% du risque de récidive sous placebo, ± 10 % de la diminution du risque relatif en faveur de l'association) confirme la robustesse des résultats, de 20 216 à 40 854 dollars US par accident évité. D'autre part, de manière identique, si l'efficacité du traitement antiagrégant diminue, la prophylaxie par aspirine n'est plus dominante, mais demeure coût efficace : 5 393 à 9 827 dollars US par récidive évitée. Les principales limites de cette étude sont, d'une part, la prise en compte uniquement de la première récidive d'AVC et, d'autre part, l'absence des coûts associés aux effets indésirables. 57 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Les deux ACE analysées ci-dessus convergent et suggèrent qu'un traitement par aspirine en prévention secondaire des AVC est une stratégie moins coûteuse et plus efficace qu'une abstention thérapeutique. doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 3 Prévention des AIC Tableau 1 : Prévention des AIC - Études pharmaco-économiques (suite page 62) Auteur (Référence) Point de vue Type d’étude Stratégies comparées Origine des données Coûts pris en compte Évaluation thérapeutique Coûts directs Scott (14) Société Analyse coûtefficacité aspirine versus placebo Etude ESPS-2 - médicament hospitalisation réhabilitation institutionalisation transport Coûts indirects perte de productivité Coûts directs Marissal (11) Assurance maladie Société Analyse coûtefficacité aaspirine* versus placebo Méta-anlyse de l'ATC - médicament - hospitalisation liée aux effets indésirables - hospitalisation - consultation Coûts indirects - indemnités journalières de l'assurance-maladie - perte de productivité (perspective sociétale) Shah (15) Sarasin (13) Assurance maladie Société Analyse coûtefficacité Analyse coûtefficacité Modèle 1 : aspirine versus aspirine + dipyridamole Modèle 2 : aspirine versus clopidogrel Modèle 1 : aspirine versus aspirine + dipyridamole Modèle 2 : aspirine versus clopidogrel Études ESPS-2 et CAPRIE Coûts médicaux directs - médicament - hospitalisation - soins ambulatoires Coûts médicaux directs Études ESPS-2 et CAPRIE - médicament - AVC ou IDM (hospitalisation et soins ambulatoires) - effets indésirables (hospitalisation) Coûts médicaux directs Chambers (5) Assurance maladie Analyse coûtefficacité aspirine versus aspirine + dipyridamole * : acétylsalicylate de lysine Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 58 Étude ESPS-2 - médicament - AVC ou IDM (hospitalisation et soins ambulatoires) - effets indésirables (hospitalisation) doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 4 Prévention des AIC Analyse de sensibilité Résultats Bénéfice net de 673 dollars US par patient traité pendant 2 ans pour la co-formulation Non réalisé AVC évité Ratio coût-efficacité du clopidogrel : 161 316 dollars US / AVC évité AVC évité Évaluation du coût unitaire des ressources consommées non présentée Espace temporel limité à 2 ans Bénéfice net pour l'assurance-maladie : 610 à 2 082 dollars US / IDM évité IDM évité Conclusion CNHIM Incidence des effets indésirables et 176 à 599 dollars US / AVC évité Efficacité thérapeutique Bénéfice net pour la société : 3 428 à 4 900 dollars US / IDM évité ACE basée sur des données économiques françaises Prise en compte des coûts indirects Espace temporel limité à 3 ans et 987 à 1 410 dollars US / AVC évité Association 28 472 dollars US / AVC évité AVC évité Années de vie sauvée ajustées sur la qualité de vie Coût d'un AVC Probabilité de récidive clopidogrel 161 316 dollars US / AVC évité Efficacité de la co-formulation Bénéfice net en faveur de l’association par rapport à aspirine : 9 903 dollars US / QALY Ratio coût-efficacité du clopidogrel : 26 580 dollars US / QALY Incidence des effets indésirables Risque d'AVC Mortalité Espace temporel limité à 2 ans Coûts des effets indésirables non pris en compte Critère final d'efficacité : QALY Espace temporel illimité (jusqu'au décès du patient) Efficacité incrémental Coût des médicaments Coût d'un AVC Les coefficients d'utilité des états de santé ne sont pas présentés Coût médicament Coût AVC AVC évité sur 2 ans 1 600 livres sterling / AVC évité Efficacité Risque de récidive Espace temporel long : 30 ans après un 1er AVC Mortalité Morbidité 59 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Critères d’efficacité doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 5 Prévention des AIC Évaluation thérapeutique 3.2. Étude de Sarasin (13) 3.3. Étude de Chambers (5) 3.2.1. Méthodologie 3.3.1. Méthodologie Une autre ACE - l’étude de Sarasin - utilise comme outil de modélisation un modèle de Markov, appliqué à une cohorte de patients (âge ≥ 65 ans) suivis jusqu'à leur décès (état absorbant). L’étude de Chambers fait appel à un modèle de Markov, dans lequel 1 000 patients (âge moyen 70 ans), survivants 30 jours après un 1er AVC, sont inclus. Ils se répartissent entre 7 états de santé différents, incluant les paramètres suivants : Les probabilités de transition appliquées à ce modèle sont issues des études ESPS-2 (14) et CAPRIE (4) pour l'efficacité clinique et d'une revue de la littérature pour les autres données. À leur entrée dans le modèle, les patients reçoivent l'un des trois traitements antiagrégants suivants : - présence ou non de prophylaxie antiagrégante, - présence ou non des facteurs de comorbidité secondaire à une récidive, - présence ou non d’une récidive d'AVC, - aspirine = 325 mg/j, - décès. - aspirine = 50 mg/j + dipyridamole = 400 mg/j, - clopidogrel = 75 mg/j. Les probabilités de transition appliquées à ce modèle sont issues de l'étude ESPS-2 pour ce qui est : Après chaque cycle d'un mois, les patients se retrouvent dans l'un des huit états de santé suivants : - des critères d'efficacité clinique et la fréquence des effets indésirables, - bonne santé/traitement antiagrégant en cours sans récidive d'AVC, - des résultats du suivi à 5 ans d'une cohorte de 675 patients en post-AVC (Oxfordshire Community Stroke Project) et des taux de mortalité ajustés sur l'âge observé dans la population générale de l'Oxfordshire (Office of Population Censures and Surves). - bonne santé/arrêt du traitement et absence de récidive, - bonne santé/traitement en cours avec récidive, - bonne santé/absence de traitement avec récidive, Le modèle "a tourné" pendant 8 cycles de 4 mois (2 ans), 20 cycles (5 ans) et 100 cycles (25 ans). - morbidité à long terme après récidive et traitement en cours, - morbidité à court terme avec hémorragies gastrointestinales (effets secondaires), La perspective employée est celle de l'assurance maladie anglo-saxonne. Les coûts médicaux directs des antiagrégants, de la prise en charge d'un AVC (soins aigus, rééducation ambulatoire à moyen et long terme) et du traitement des effets indésirables ont été pris en compte (date de point : 1996). - morbidité à long terme après récidive/arrêt du traitement, - décès. La perspective adoptée est celle de la société, mais seuls les coûts médicaux directs (données américaines MEDICARE) sont introduits dans le modèle (date de point : 1998). 3.3.2. Résultats Contrairement à l'étude de Sarasin (13), l'association aspirine - dipyridamole n'apparaît pas comme une stratégie dominante : elle est plus efficace et plus coûteuse que l'aspirine seule. Ainsi, le rapport coût-efficacité incrémental de la coformulation varie entre 1 600 livres sterling (cycles sur 2 ans) à 2 500 livres sterling (cycles sur 20 ans) par AVC évité. Il faut souligner que ce rapport incrémental, exprimé en livres sterling par année de vie gagnée sans récidive (stroke-free life-years gained), diminue avec le temps : 1 200 livres sterling à 2 ans, 600 livres sterling à 5 ans et 300 livres sterling par année de vie gagnée sans récidive à 25 ans. 3.2.2. Résultats Les résultats sont exprimés en années de vie sauvées ajustées sur la qualité de vie (QALY : Quality-Adjusted Life-Year), mais les coefficients d'utilité associés à chaque état de santé et leur méthode de mesure ne sont pas présentés. L'association aspirine et dipyridamole apparaît comme une stratégie dominante par rapport à l'aspirine seule. Les coûts générés par la l’association sont de 41 425 dollars US par patient pour 11,1 QALY gagnées, et par l'aspirine de 44 396 dollars US pour 10,8 QALY gagnées. En d'autres termes, l'association génère un bénéfice pour la société de 9 903 dollars US par QALY supplémentaire. Selon l'analyse de sensibilité appliquée à toutes les variables incertaines, la bithérapie demeure dominante, sauf dans le cas où son supplément d'efficacité par rapport à l'aspirine diminue de 24 % à 8 % pour la prévention des AVC et de 10 à 3 % pour la prévention des IDM. Dans ce cas, l’association est plus onéreuse et moins efficace, mais son ratio coûtefficacité marginal demeure faible : 15 804 dollars US par QALY gagnées. Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Selon l'analyse de sensibilité univariée, le rapport coût - efficacité varie entre un bénéfice de 1 300 livres sterling par année de vie gagnée sans récidive et un coût incrémental de 17 800 livres sterling par année de vie gagnée sans récidive. Ces résultats suggèrent que le modèle est particulièrement sensible aux variations du risque de récidive (la coformulation devient moins coûteuse que l'aspirine si le risque de récidive de base augmente de 20 %) et aux variations de la durée de l'efficacité d'un traitement antiagrégant. 60 doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 6 Prévention des AIC Néanmoins, dans le sous-groupe avec antécédents d'AVC, la réduction du RR n'est pas significative (- 7,3 % ; p = 0,26). Ces résultats sont à la base de deux ACE aspirine versus clopidogrel : étude de Shah et de Sarasin. 3.4. Étude de Kurz (10) 3.4.1. Méthodologie L’étude de Kurz est une ACE basée sur un modèle de Markov. Elle est réalisée selon le point de vue de l'assurance maladie belge, intégrant uniquement : - les coûts médicaux directs (date de point non précisée), En utilisant le modèle de l'étude CAPRIE, l’étude Shah a estimé le rapport coût-efficacité incrémental clopidogrel versus aspirine à 161 316 dollars US par AVC évité. L'analyse de sensibilité confirme le caractère défavorable de ce rapport. - l'hospitalisation (prise en charge de l'accident aigu, rééducation et prise en charge des effets indésirables), - les consultations médicales ambulatoires et la rééducation ambulatoire (kinésithérapie et ergothérapie). Mille patients sont entrés dans le modèle, qui a subi 20 cycles de 3 mois (5 ans). Huit états de santé suivants ont été définis : 4.3. Étude de Sarasin - absence de récidive d'AVC, - développement d'un handicap après un premier AVC, Les auteurs de l’étude Sarasin ont appliqué un modèle de Markov à la cohorte de patients de l'étude CAPRIE. Selon l'analyse de base, le rapport coût / efficacité du clopidogrel est égal à 26 580 dollars US par QALY. Ce ratio est particulièrement sensible : - absence de handicap après un premier AVC, - récidive d'AVC sans handicap, - récidive d'AVC avec handicap, - développement d'un IDM, - développement d'une embolie pulmonaire, - au coût d'acquisition du médicament : coût divisé par 2 (3 200 dollars US par QALY), coût multiplié 2 : 63 924 dollars US par QALY), - développement d'une thrombose veineuse profonde. Les probabilités de transition introduites dans le modèle sont issues de l'étude ESPS-2, du suivi prospectif de la cohorte Oxfordshire Community Stroke Project et d'avis d'experts. - à l'efficacité relative par rapport à l'aspirine (16 068 à 69 888 dollars US par QALY). Selon les auteurs, ce nouvel antiagrégant est coût efficace, sauf dans certaines conditions "extrêmes". 3.4.2. Résultats Les résultats sont exprimés en année de vie supplémentaire sans récidive d'AVC. L'association aspirine - dipyridamole présente un ratio coût - efficacité de 176 963 francs belges par année de vie supplémentaire sans AVC. Selon l'analyse de sensibilité (variation de ± 30 % du coût du traitement en phase aiguë de l'AVC, variation de l'efficacité de la coformulation par rapport à l'aspirine), ce rapport varie entre 119 000 et 292 000 francs belges et est considéré comme acceptable selon les auteurs. 5. Aspirine versus ticlopidine Une seule ACE a évalué l'intérêt médico-économique de la ticlopidine par rapport à l'aspirine (12). Elle est fondée sur les résultats de l'étude clinique randomisée TASS (Ticlopidine Aspirin Stroke Study) (8), démontrant que la ticlopidine (500 mg/j) diminue le RR de récidive d'AVC de 21 %, comparée à l'aspirine (1300 mg/j), chez les patients avec antécédents de AIT, déficit neurologique réversible ou AVC mineur. 5.1. Méthodologie 4. Aspirine versus clopidogrel Les auteurs ont construit un arbre de décision, appliqué à une cohorte hypothétique de 100 patients (âge ≥ 65 ans), traités pendant 5 ans et suivis jusqu'au décès ou l'âge de 100 ans. 4.1. Étude Caprie (Clopidogrel versus Aspirin in Patients at Risk of Ischaemic Events) La perspective adoptée est celle de la société américaine. L’étude CAPRIE a comparé le traitement par aspirine et clopidogrel (suivi pendant 2 ans d’une cohorte hypothétique de 1000 patients). Le clopidogrel (75 mg/j) est associé à une réduction significative (p = 0,043) du risque relatif (RR) de récidive d'accidents cérébro-vasculaires (critère de jugement composite : AVC - IDM - décès) par rapport à l'aspirine, chez les patients avec antécédents d'IDM, d'AVC ou d'artériopathie périphérique (4). Seuls les coûts médicaux directs ont été pris en compte (date de point : 1991) : - coût d'acquisition des médicaments, - coût d'une numération formule sanguine (deux par semaine pendant les 3 premiers mois de traitement) pour la ticlopidine, 61 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique 4.2. Étude de Shah (15) doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 7 Prévention des AIC Tableau 1 : Prévention des AIC - Études pharmaco-économiques (suite de la page 58) Évaluation thérapeutique Auteur (Référence) Kurz (10) Point de vue Type d’étude Stratégies comparées Analyse coûtefficacité aspirine versus aspirine + dipyridamole Assurance maladie Société Origine des données Coûts pris en compte Coûts directs Étude ESPS-2 - médicaments hospitalisation soins ambulatoires rééducation Coûts directs Oster (12) Société Analyse coûtefficacité aspirine versus ticlopidine - médicaments - surveillance biologique - effets indésirables - hospitalisation (phase aiguë et rééeducation) Si cette homogénéité est une source de validité interne des évaluations médico-économiques, elle pose le problème de la représentativité de leurs résultats par rapport à la pratique médicale quotidienne (validité externe) en situation pragmatique. Néanmoins, ces différentes ACE, certes limitées à la valorisation des biens médicaux directs - exceptée l'étude de Marissal (11) - ont l'avantage d'être menées dans des systèmes de santé différents (France, USA, Angleterre, Belgique et Nouvelle Zélande), évitant les pièges de l'extrapolation de résultats. - coûts de effets indésirables (hémorragie gastrointestinale, sepsis secondaire à une neutropénie), - coût de la prise en charge hospitalière et ambulatoire d'un AVC (phase aiguë et rééducation). L'analyse est pondérée par a qualité de vie en fonction de l'état de santé : - bonne santé : utilité = 1, décès = 0, récidive d'AVC = 0,75 à 0,95, - hospitalisation pour récidive d'AVC ou effets indésirables : 0,5 pendant la durée de l'hospitalisation. Les modèles (arbre de décision, modèle de Markov) et les espaces temporels appliqués diffèrent largement entre les études. Seules trois analyses - Sarasin (13), Chambers (5), Oster (12) - se placent selon un espace temporel long (suivi du patient jusqu'à son décès, ou pendant 30 ans ou jusqu'à l'âge de 100 ans). Un traitement antiagrégant étant une thérapeutique instaurée à vie, cette méthode est beaucoup plus réaliste qu'un suivi limité à 2, 3 ou 5 ans, mais nécessitent la formulation de nombreuses hypothèses, en l'absence de données épidémiologiques longitudinales. La méthode d'évaluation de ces coefficients n'est pas précisée. 5.2. Résultats Le rapport coût - efficacité de la ticlopidine par rapport à l'aspirine est égal à 39 900 dollars US par QALY. L'analyse de sensibilité univariée comprend 5 variables : - efficacité relative de la ticlopidine, - risque de neutropénie, Dans toutes les études, les critères d'efficacité utilisés sont des critères finaux (AVC évités, années de vie sans récidive ou QALY), permettant une comparaison entre stratégies de nature différente. On peut regretter que les 2 analyses ajustées sur la qualité de vie (12, 13) ne présentent pas la méthode utilisée (time trade off, standard gamble) pour déterminer la valeur des coefficients d'utilité associés à chaque état de santé. - posologie de l'aspirine, - taux d'actualisation, - durée du traitement antiagrégant. L'analyse de sensibilité suggère que le rapport coût efficacité de la ticlopidine est sensible à la variation de l'efficacité relative de la ticlopidine : 306 000 dollars US par QALY en cas d'utilisation de la limite inférieure de l'intervalle de confiance à 95 %. Deux études mettent en évidence que l'aspirine est une stratégie dominante (plus efficace et moins coûteuse que l'abstention thérapeutique), au sein de systèmes de santé différents (11, 14). Il est regrettable qu'une seule de ces ACE présente une analyse de sensibilité, suggérant que les résultats sont sensibles à l'incidence des effets indésirables et à l'efficacité de l'aspirine (11). 6. Discussion - conclusion La composante commune aux sept études présentées est qu'elles sont toutes fondées sur les résultats d'études cliniques randomisées (ESPS-2, CAPRIE, TASS, ATC). Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Étude TASS 62 doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 8 Critères d’efficacité Années de vie sans récidive Années de vie sauvée ajustées sur la qualité de vie Résultats Aspirine : stratégie dominante Association : 176 963 francs belges / année de vie supplémentaire sans AVC Analyse de sensibilité Conclusion CNHIM Pour l'ACR aspirine versus aspirine + dipyridamole : Espace temporel limité à 5 ans - variation des coûts Date de point de l'étude non précisée - critère d'efficacité Efficacité Risque neutropénie Posologie Taux d'actualisation Durée du traitement 39 900 dollars US / QALY Le choix de tel ou tel antiagrégant (association aspirine - dipyridamole, clopidogrel, ticlopidine) est étayé par cinq ACE (5, 10, 12, 13, 15), dont deux de type coût-utilité (12, 13). Espace temporel illimité (patient suivi jusqu'au décès ou âge = 100 ans Méthode d'évaluation des coefficients d'utilité non précisée 4 - CAPRIE steering committee. A randomised, blinded, trial of clopidogrel versus aspirin in patients at risk of ischaemic events (CAPRIE). Lancet 1996 ; 348 : 1329-1339. 5 - Chambers M, Hutton J, Gladman J. Cost-effectiveness analysis of antiplatelet therapy in the prevention of recurrent stroke in the UK. Pharmacoeconomics 1999 ; 16 : 577-93. 6 - Diener HC, Cunha L, Forbes C Sivenius J, Smets P, Lowenthal A. European Stroke Prevention Study 2: dipyridamole and acetylsalicylic acid in the secondary prevention of stroke. J Neurol Sci 1996 ; 143 : 1-13. 7 - Hankey GJ, Warlow CP. Treatment and secondary prevention of stroke: evidence, costs, and effects on individuals and populations. Lancet 1999 ; 354 : 1457-63. 8 - Hass WK, Easton JD, Adams HP, Pryse-Phillips W, Molony BA, Anderson S, Kamm B. A randomized trial comparing ticlopidine hydrochloride with aspirin for the prevention of stroke in high-risk patients. Ticlopidine Aspirin Stroke Study group. N Engl J Med 1989 ; 321 : 501-507. 9 - Isard PA, Forbes JF. The cost of stroke to the National Health service in Scotland. Cerebrovasc Dis 1992 ; 2 : 47-50. 10 - Kurz X, Annemans L, Dresse A. Association AAS-dipyridamole (Asasantine“) dans la prévention des récidives d'AVC (analyse coût-efficacité). Rev Med Liege 1998 : 53 : 265-9. 11 - Marissal JP, Selke B, Lebrun T. Economic assessment of the secondary prevention of ischaemic events with lysine acetylsalicylate. Pharmacoeconomics 2000 ; 18 : 185-200. 12 - Oster G, Huse DM, Lacey MJ, Epstein AM. Cost-effectiveness of ticlopidine in preventing stroke in high-risk patients. Stroke 1994 ; 25 : 1149-56. 13 - Sarasin FP, Gaspoz JM, Bounameaux H. Cost-effectiveness of new antiplatelet regimens used as secondary prevention of stroke or transient ischemic attack. Arch Intern Med 2000 ; 160 : 2773-8. 14 - Scott G, Scott HM. Application of the findings of the European Stroke Prevention Study 2 (ESPS-2) to a new zealand ischaemic stroke cost analysis. Pharmacoeconomics 1997 ; 12 : 667-74. 15 - Shah H, Gondek K. Aspirin plus extended-release dipyridamole or clopidogrel compared with aspirin monotherapy for the prevention of recurrent ischemic stroke: a cost-effectiveness analysis. Clin Ther 2000 ; 22 : 362-70. 16 - Wolf PA, D'Agostino RB, O'Neal MA, Sytkowski P, Kase CS, Belanger AJ, Kannel WB. Secular trends in stroke incidence and mortality. The Framingham Study. Stroke 1992 ; 23 : 1551-5. Si toutes les études rapportées présentent des limites, trois conclusions de réponse peuvent être avancées : - l'association aspirine faible dose + dipyridamole par rapport à l'aspirine seule, apparaît soit dominante, soit avec un rapport coût-efficacité acceptable, - les résultats rapportés pour le clopidogrel, comparé à l'aspirine, varient significativement entre les deux études (Sarasin ; Shah), suggérant une forte sensibilité des résultats, notamment au modèle appliqué et aux coûts d'acquisition de ce médicament. - la ticlopidine, malgré un profil de tolérance moins bon que les autres médicaments, apparaît comme une alternative acceptable par rapport à l'aspirine. En conclusion, les futures évaluations pharmaco-économiques des antiagrégants plaquettaires en prévention secondaire de la maladie cérébro-vasculaire devront préciser plus finement la place des différentes stratégies et se baser sur des données observées en situation pragmatique. Références bibliographiques 1 - Algra A. Aspirin at any dose above 30 mg offers only modest protection after cerebral ischaemia. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1996 ; 60 : 197-9. 2 - Antiplatelet Trialists Collaboration: collaborative overview of randomised trials of antiplatelet therapy I: prevention of death, myocardial infarction, and stroke by prolonged antiplatelet therapy in various categories of patients. BMJ 1994 ; 308 : 81-106. 3 - Burn J, Dennis M, Bamford J, Sandercock P, Wade D, Warlow C. Long-term risk of recurrent stroke after a firstever stroke. The Oxfordshire Community Stroke Project. Stroke 1994 ; 25 : 333-7. 63 Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 Évaluation thérapeutique Prévention des AIC doc06 - avc 04 20/03/02 18:00 Page 9 Prévention des AIC Abstract Évaluation thérapeutique Cerebral ischemic stroke preventive treatment with antiplatelets and anticoagulants Cerebral ischemic strokes (CIS) are the third cause of mortality in France. Transient ischemic stroke could be at the origin of a completed ischemic stroke 5 years after. It could reveal a deep cerebral micro-infarction (cerebral lacune). The completed ischemic stroke results from a focal and definitive destruction of an arterial area. The CIS could have various etiologies but it is always due to an arterial occlusion. Cerebral hypoperfusion is a risk of ischemia. The main causes of a completed ischemic stroke are atherosclerosis in older patients and cardiopathy embolism i.e. atrial fibrillation or cerebral lacune in young and old patients. The non cardiogenic strokes include arteriopathies such as atherosclerosis, lipohyalinosis, dissections. Some pathologies have a high risk for example atrial fibrillation, mitral stenosis, mechanical biological prosthesis, anterior acute myocardial infarction, dilated cardio-myopathy, cardiac myxoma, patent foramen ovale combined with interatrial septum of heart aneurysm. Others have a smaller risk for example aortic stenosis, strands, patent foramen ovale, interatrial septum of heart aneurysm. The greater risk is when several pathologies are combined, for example mitral valve prolapse or calcifications of mitral ring. Antiplatelets are the main drugs used in primary and secondary prevention of completed ischemic stroke due to atherosclerosis and to cerebral lacunes. Aspirin inhibits cyclooxygenase and thromboxane A2 formation. A dose between 100 and 300 mg/j seems to be recommended even digestive side effects occur with this dose. Ticlopidine 500 mg/j could cause a polynuclear decrease, an agranulocytosis, a thrombocytopenia and an aplasia. A complete blood count monitoring every 15 days during 3 monthes is therefore recommended. This monitoring is not necessary with clopidogrel even thrombocytopenia have been very rarely observed. Dipyridamole inhibits phosphodiesterase in platelets and increases the adenosin plasmatic level. It could cause severe headaches. Oral anticoagulants and unfractionated or fractionated heparins have also be used. International guidelines exist in the preventive treatment of cardiogenic or not cerebral ischemic strokes. They define the place of each drug — aspirin, dipyridamole–aspirin combination, clopidogrel and oral anticoagulants — in primary and in secondary prevention. Pharmacoeconomical evaluation : Seven cost efficacy studies have been conducted but all of them are based on randomised clinical trials. Therefore the next pharmacoeconomical studies will have to precise the place of each therapeutic strategy. Key words : antiplatelet, aspirine, cerebral ischemic stroke, clopidogrel, dipyridamole, heparin, oral anticoagulant, pharmaco-economy, review, ticlopidine. www.theriaque.org www.cnhim.org Dossier du CNHIM 2002, XXIII, 2 64