Le gradient géothermique profond du Maroc
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Le gradient géothermique profond du Maroc
Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, section Sciences de la Terre, 2004, n°26, p. 11-25. Le gradient géothermique profond du Maroc : détermination et cartographie Yassine ZARHLOULE Université Mohammed I, Faculté des Sciences, Département de Géologie, Laboratoire d’Hydrogéologie & Environnement, B.P. 524, Oujda, Maroc. e-mail : [email protected] Résumé. Le but de cette étude est l’estimation du gradient géothermique et l’établissement de la carte du gradient géothermique profond du Maroc à partir des données de température des forages pétroliers. Les 410 forages retenus présentent au moins deux mesures de températures BHT à différentes profondeurs. Ils ont permis la collecte de 1204 valeurs de température (1126 BHT et 78 DST), qui ont permis le calcul du gradient géothermique pour chaque puits. Elles intéressent six bassins géologiquement et hydrogéologiquement distincts : le bassin du Maroc nord-oriental, le bassin du Maroc nord-occidental, le bassin du Sud-Ouest marocain, le bassin de Tarfaya– Laayoune–Sahara marocain et le bassin d’Errachidia–Ouarzazate–Boudnib. Les températures de fond du puits (BHT) ont été corrigées des effets de circulation de la boue précédant la mesure, soit par la méthode de Horner, soit par la comparaison de toutes les données BHT avec les températures obtenues au cours des tests de production (DST). Après correction des BHT brutes, basée sur les DST comme référence, les données de températures DST et BHT corrigées ont permis d’obtenir un gradient régional moyen qui varie entre 19°C/km et 36°C/km. Pour l’ensemble du Maroc, le gradient géothermique moyen est de 23°C/km. Le gradient géothermique ponctuel varie entre 19°C/km et 41°C/km. Les différentes valeurs du gradient géothermique calculées dans chaque forage ont servi à l’établissement de la carte du gradient géothermique moyen de chaque bassin. La compilation de l’ensemble des cartes a permis de dresser la carte du gradient géothermique du Maroc. Les anomalies géothermiques de subsurface, repérées sur les cartes régionales ont été observées dans la carte générale ; elles sont principalement liées à l’effet de l’hydrodynamisme profond et à des facteurs tectoniques comme les failles profondes affectant le socle, la néotectonique accompagnée d’une activité volcanique ou l’élévation du Moho. Mots clés : Maroc, gradient géothermique, forage pétrolier, BHT, DST, anomalie thermique, hydrodynamisme. The deep geothermal gradient of Morocco : determination and cartography. Abstract. The aim of this study is to establish a geothermal gradient map of Morocco, by using thermal data obtained from petroleum exploration wells. Both the corrected bottom-hole temperatures (BHT) and the drill-stem test temperatures (DST) were used to elaborate the geothermal gradient map. An amount of 410 wells provided 1204 temperature values (1126 BHT and 78 DST). BHT were systematically corrected for mud circulation cooling effects either by Horner technique, when several temperature records were available at a given depth, or by comparison of all BHT with test temperatures (DST) that are representative of the actual formation temperatures. In order to establish the geothermal gradient of Morocco, the area was subdivided into five hydrogeothermal basins: north-eastern Moroccan basin, northwestern Moroccan basin, Errachidia–Boudnib basin, south-western Moroccan basin and the Tarfaya–Laayoune–Sahara basin. Each basin displays the same geological evolution and is characterised by its specific reservoirs and hydrodynamism. For each basin the petroleum well data were processed. The objective was to set a regional geothermal gradient map, and then to compilate a geothermal gradient map of Morocco. The regional geothermal gradient ranges from 19°C/km to 36°C/km. For the the whole of Morocco the geothermal gradient is 23°C/km. The punctual geothermal gradient ranges from 16°C/km to 41°C/km. The geothermal anomalies are related to deep hydrodynamics, recent tectonics, volcanism or to elevation of the Moho. Keywords: Morocco, geothermal gradient, petroleum wells, BHT, DST, thermal anomalies, hydrodynamics. INTRODUCTION Les recherches géothermiques au Maroc ont connu un intérêt accru depuis 1968 avec des études menées par des équipes universitaires et industrielles (Facca 1968, Alsac et al. 1969, Bahi et al. 1983, Rimi & Lucazeau 1987, Rimi et al. 1998, Rimi 1990, 1999, 2001, Ben Aabidate 1994, Lahrach 1994, Zarhloule 1994, 1999, 2003, Boukdir 1994, Ziyadi 1993, Bellouti 1997, Lahlou Mimi et al. 1999, El Morabiti 2000, Benmakhlouf 2000, Cidu & Bahaj 2000). Selon que l’origine de la valeur de température soit mesurée directement ou estimée, ces auteurs se sont attachés à en tirer le meilleur profit afin d’approcher la température de formation recherchée. Dans tous les cas, des corrections ont été effectuées à partir de valeurs soit mesurées, soit déduites de l’adaptation d’outils géochimiques. Ces travaux ont doté le pays d’une masse importante d’informations sur la répartition spatiale du gradient géothermique ainsi que sur la température souterraine. Le but de ce travail est l’établissement de la carte du gradient géothermique profond du Maroc à partir des données de température issues des forages pétroliers onshore et offshore. Ces forages fournissent différentes valeurs de température sous forme soit de BHT (bottom hole temperature) mesurées lors des opérations de diagraphies, soit, plus rarement, de DST (drill stem test) mesurées lors du test de formation. Malheureusement, les BHT sont généralement inférieures aux températures de formation, à cause de l’effet de refroidissement de la boue de circulation durant les mesures. En revanche, les DST sont directement mesurées sur le fluide testé et sont, de ce fait, considérées comme étant les plus proches de la température réelle de la formation. Pour rendre les BHT brutes fiables afin d’estimer avec le plus de précision possible le gradient géothermique, plusieurs méthodes d’estimation ont été élaborées (Schoeppel & Gillaranz 1966, Timko & Fertl 1972, Gable 1978, Maget 1978, Ben Dhia 1983, 1988, Lam & Jones 1984, Chapman et al. 1984, Jones et al. 1985, Laschenbruch et al. 1985, Deming 1989, Zarhloule et al. 1999, Zarhloule 1999, 2003). METHODOLOGIE ET ACQUISITION DES DONNEES DE TEMPERATURE L’étude des températures de subsurface d’un bassin passe obligatoirement par l’inventaire systématique de toutes les données acquises à partir des travaux de reconnaissance des Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc forages pétroliers. La méthodologie suivie pour le traitement des données de températures est résumée dans l’organigramme de la figure 1. Forages pétroliers Données de température BHT, Th DST T Tb Le dépouillement des rapports de sondage a permis d’inventorier 523 forages dont 410 ont été retenus (Fig. 2, Tabl. I). Ces forages présentent au moins deux mesures de température à différentes profondeurs. Ainsi, 1204 valeurs de température ont été récoltées (1126 BHT et 78 DST) dont 555 pour le bassin du Maroc nord-occidental, 53 pour le Maroc nord-oriental, 346 pour le bassin du Sud-Ouest marocain, 171 pour le bassin de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain, 63 pour le bassin d'Errachidia–Ourzazate– Boudnib et 16 pour le bassin de Tadla. Pour ce dernier, le dépouillement des rapports de fin de sondage a montré que seuls quatre forages contiennent deux mesures de température ou plus (DRZ1, KAT1, KMS1, KAT2). Ces puits, trop proches les uns des autres, ne permettent pas la construction d’une carte de gradient géothermique régional. Tt Tt = f (P) Tb = f (P) Gradient géothermique de la boue Gradient géothermique calculé à partir des tests de formation ∆T= (Tbht-Tdst) =f (P) Abaque de correction des Tb T = f (P) gradient géothermique moyen régional Gradient géothermique ponctuel Les BHT sont les valeurs de température les plus répandues ; elles sont mesurées à différentes profondeurs dans chaque forage. Cependant, elles ne reflètent pas la température réelle de la formation, et l’écart observé est de 10 à 15°C (Deming 1989) ; cette différence dépend de la profondeur de la mesure, de la diffusivité thermique du milieu et du temps écoulé entre la fin de la circulation de la boue et le début de l’enregistrement. - Etablissement de la carte du gradient géothermique de chaque bassin - Etablissement de la carte du gradient géothermique du Maroc - Identification des anomalies géothermiques profondes BHT, Th et Tb: températures mesurées dans la boue, DST ou Tt: températures de test P: profondeur. Figure 1. Organigramme de la méthode d’étude des températures obtenues des forages pétroliers. 16° 14° 12° 10° N 8° 6° Tanger ANS1 Sebta 4° 2° Mer Méditerranée Melilla LARA1 DHT1 IZA1 Oujda ATM1 MAO1 Rabat 10 km Fès Casablanca Taza DIR ESS1 RR1 NDK KAT1 BHL1 Tadla Errachidia Essaouira TAT1 34° Colomb Bechar RH1 à 9 32° AF4 10 km RJK1 Agadir Océan Atlantique OZ101 Ouarzazate TGA1 30° IFNI1 Iles canaries AZ1 MO4 ZL1 MO8 100 km Tarfaya E1 Laayoune Corc1 Boujdour Smara Boukraa Smara2-17 28° TW7-1 EAN1 Bir Lahlou 26° TW521 Guelta Zemmour TW561 Bir Enzaran 24° Figure 2. Carte de situation des forages pétroliers utilisés pour la détermination du gradient géothermique. 12 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc pour l’ensemble du Maroc. La recherche d’un modèle théorique a permis d’opter pour un modèle linéaire de la forme y = ax + b ; où b représente la température BHT à la profondeur zéro et a le gradient géothermique régional dans la boue. a P (m) b c d Pd Ta Tb Tc Td T (°C) Figure 3. Représentation schématique de la méthode de calcul du gradient géothermique (Barker 1982, in Riad et al. 1989). Explications dans le texte. Les DST, plutôt rares, sont directement mesurées sur le fluide testé par un thermomètre à maxima lors du test de formation. Les températures ainsi mesurées reflètent le mieux la température du niveau d’échantillonnage, et peuvent être considérées comme les plus représentatives sur le plan pratique. Les BHT ne peuvent être utilisées pour estimer et /ou dresser une carte de gradient géothermique que si elles sont corrigées de l’effet de circulation de la boue. La méthode de correction basée sur les DST comme référence est la suivante: – utilisaton des DST des tests représentatifs comme des températures de référence ; – estimation des écarts de température (∆T) entre les DST et les BHT situées à la même profondeur ; – établissement de la courbe des ∆T en fonction de la profondeur et son utilisation comme abaque de correction pour les valeurs de BHT ; – utilisation des BHT corrigées et des DST de chaque forage étudié pour calculer son gradient géothermique. Les gradients géothermiques moyens ponctuels déterminés soit par le calcul de la pente de la tendance linéaire des valeurs de BHT corrigées et de DST de chaque forage, soit par la relation utilisée par Riad et al. (1989) (Fig. 3), ont servi à l'établissement des cartes d'isogradients de chaque bassin et par la suite de la carte du gradient géothermique du Maroc. Les courbes sont tracées par interpolation linéaire selon les méthodes classiques de triangulation. Le gradient élémentaire pour chaque intervalle est Gi = (Tb–Ta)/(b–a) en °C/100 m ; où a, b, c... sont les profondeurs en m, et Ta, Tb, Tc... les températures corrigées correspondantes. Le gradient géothermique moyen Gm dans chaque forage sera calculé en utilisant la relation Gm= Ga (b–a)/B + Gb (c–b)/B +…..Ge (B–e)/B, avec B la profondeur maximale dans le forage, correspondant à la dernière valeur de température enregistrée. Pour un ajustement suivant une droite (régression linéaire), on obtient les équations du tableau I, avec de bonnes corrélations pour l’ensemble des bassins ; l’ajustement est acceptable compte tenu de tous les facteurs de biais intervenant dans les mesures de température. Le gradient géothermique régional moyen dans les différents bassins varie de 16°C/km (bassin de Doukkala) à 32°C/km (bassin de Guercif). Pour le Maroc, le gradient obtenu est de 20°C/km. Cette même démarche a été adoptée pour les DST (Fig. 5) enregistrées dans les bassins d'Essaouira, de Tarfaya– Laayoune–Sahara marocain et d'Errachadia–Ouarazazate– Boudnib. Ces graphiques montrent une moindre dispersion des valeurs que celle des BHT brutes. Un ajustement linéaire de la forme y = ax + b, permet d’obtenir les équations du tableau I, où y=Tdst est la température moyenne de test, x=P est la profondeur de l'essai de formation, a est la pente ou le gradient géothermique moyen calculé à partir des tests, b est la température à la surface du sol, correspondant à la température moyenne annuelle de la région. Le gradient géothermique régional moyen calculé à partir des tests dans les 3 bassins marocains varie de 23°C/km (bassin d'Essaouira) à 26°C/km (Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain). Il est de 24°C/km pour l'ensemble des ces bassins. Correction des BHT brutes Parmi les méthodes de correction des BHT, on distingue celle qui se base sur les DST et celle dite «Horner Plot». Selon les données disponibles, et pour respecter l’homogénéité géologique verticale et horizontale, la méthode Horner Plot a été appliquée dans le bassin du Maroc nord–oriental pour la correction des Tbht ; en revanche, la méthode de correction basée sur les DST comme référence de correction, a été appliquée dans les bassins d'Essaouira, Tarfaya–Laâyoune–Sahara marocain et Errachidia–Ouarzazate–Boudnib. Correction des Tbht par la méthode Horner Plot L'application de cette méthode de correction nécessite la connaissance du temps de circulation de la boue et du temps écoulé entre la fin de la circulation et le début d'enregistrement. Evolution des BHT brutes et des DST Dans le Maroc oriental, seuls 7 forages ont permis d’appliquer cette méthode. Les températures corrigées (Tc) et les profondeurs correspondantes (Fig. 6a, Tabl. I) ont permis d’obtenir un ajustement selon une droite de régression linéaire d’équation y = 0,035 x + 4 ; avec r (= 0,9) comme coefficient de corrélation. La figure 4 montre l’évolution des BHT brutes en fonction de la profondeur pour chaque bassin sédimentaire ainsi que Pour les mêmes puits, le graphique de la figure 6a montre les données de température enregistrées (Te) en fonction de TRAITEMENT DES DONNEES DE TEMPERATURE 13 14 Bassin de Guercif Maroc oriental 0 0 0 BHT (°C) 2000 5000 4000 Profondeur (m) Tbht = 18P + 27 r = 0.95 N = 143 4000 Profondeur (m) Bassin d'Essaouira 2000 4000 0 1000 20 60 100 20 60 100 0 0 BHT (°C) BHT (°C) 3000 4000 2000 4000 Profondeur (m) Tbht = 18P + 29 r = 0.91 N = 298 c 5000 Profondeur (m) Sud Ouest Marocain 2000 4000 Tbht = 20P + 32 r = 0.93 N = 55 Bassin de Souss 2000 Profondeur (m) 0 0 20 60 100 140 30 50 70 90 20 40 40 20 60 60 Sud Ouest marocain 3000 Bassin de Doukkala 2000 Tbht = 16P + 30 r = 0.91 N = 100 BHT (°C) 1000 Tbht= 17P + 24 r = 0.95 N = 13 Profondeur (m) 100 120 140 160 80 Tbht = 23P + 23 r = 0.79 N = 53 BHT (°C) 20 40 60 80 100 120 80 100 120 140 160 Maroc Oriental a 500 0 2500 1500 d 4000 5000 2000 Tbht = 19P + 29 r = 0.92 N= 155 f 4000 Profondeur (m) 2500 Profondeur (m) Tbht = 19P + 32 r = 0.95 N = 16 3000 Profondeur (m) Tadla 2000 3500 Tbht = 27P + 24 r = 0.97 N = 40 bassin de Saiss 1500 Tarfaya-Laayoune-Sahara BHT (°C) 0 BHT (°C) 1000 BHT (°C) 500 Profondeur (m) 0 2000 20 0 60 0 5000 3000 4000 5000 Profondeur (m) 4000 b 500 2500 2000 3500 g 4000 Profondeur (m) Maroc 1500 Profondeur (m) Tbht = 25P + 17 r = 0.97 N= 49 e Errachidia-Boudnib-Ouarzazate 1000 3000 Maroc occidental 2000 Tbht = 23P + 29 r = 0.92 N= 555 BHT (°C) 1000 BHT (°C) Tbht = 20P + 29 r = 0.90 100 N = 1126 140 20 60 100 0 0 BHT (°C) 20 40 60 80 100 120 140 160 20 40 60 80 100 Tbht = 24P + 27 r = 0.91 N = 362 Profondeur (m) Bassin des Rides prérifaines 120 BHT (°C) 140 Maroc occidental Tbht = 20P + 34 r = 0.94 N = 153 Bassin du Rharb BHT (°C) Figure 4. Relation BHT brute – profondeur pour les unités hydrogéothermiques. a, Maroc oriental ; b, Maroc occidental ; c, bassin du Sud-Ouest marocain ; d, bassin de Tadla ; e, Errachidia–Boudnib–Ouarzazate ; f, Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain ; g, ensemble du Maroc. 20 40 60 80 100 120 20 60 100 20 42.5 65 Bassin des Hauts Plateaux 110 BHT (°C) 87.5 110 BHT (°C) Bassin de Missour BHT (°C) 100 Tbht = 21P + 22 140 r = 0.78 90 120 N = 24 80 70 100 Tbht = 32P + 23 60 r = 0.98 80 N = 16 50 60 40 Profondeur (m) Profondeur (m) 30 40 0 500 1500 2500 3500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 160 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc Agadir Essaouira Doukkala 4 410 523 10 41 77 13 265 16 15 46 113 13 320 78 14 16 48 1126 16 49 155 55 143 100 13 24 16 40 362 153 BHT Nombre de valeurs de température consultés retenus DST Nombre de forages r N Tbht = 20 P + 29 Tbht = 19P + 32 0.90 1126 0.95 16 Tbht = 25 P + 17 0.97 49 Tbht = 19 P + 29 0.92 155 Tbht = 20 P + 30 0.93 55 Tbht = 18 P + 27 0.95 143 Tbht = 16 P + 30 0.91 100 Tbht = 17 P + 24 0.95 13 Tbht = 21 P + 22 0.78 24 Tbht = 32 P + 23 0.98 16 Tbht = 27 P + 24 0.97 40 Tbht = 24 P + 27 0.91 362 Tbht = 20 P + 34 0.94 153 Equations r N Tdst = 24 P + 23 0.92 93 Tdst = 25 P + 22.50.98 14 Tdst = 26 P + 21 0.93 16 Tdst =23 P + 21 0.97 48 Equations r N ∆ (T) = Tdst-Tbht ∆ (T) = 0.002 P + 0.062 0.85 60 9 0.93 18 ∆ (T) = Tdst-Tbht 0.95 ∆ (T) = 8.6 log P - 23 ∆ (T) = Tdst-Tbht ∆ (T) = 13.5 log P - 8.5 ∆ (T) = 0.003 P - 0.86 0.98 33 ∆ (T) = Tdst-Tbht ∆ (T)= (Tex-Ten) = 0.005 P - 4.6 Equations 0.99 17 0.87 25 0.98 14 0.93 100 T = 36 P + 16 T = 25 P + 18 T = 22 P + 20 T = 19 P + 30 T = 23 P + 28 T = 22 P + 31 T = 28 P + 16 T = 21 P + 28 T = 23 P + 31 0.92 1193 0.96 16 0.98 63 0.93 171 0.95 55 0.96 191 0.98 40 T = 21 P + 20 T =22 P + 24 0.94 362 T = 28.5 P + 23 N 0.95 153 r T = 23 P + 33 Equations Equations obtenues à partir du traitement des Tbht corrigées et des Tdst des différents bassins marocains Tdst ou DST: températures de tests de formation, Tbht ou BHT : température moyenne mesurée dans la boue du forage , Tex: température extrapolée, Ten: température enregistrée , T : température du forage après correction, r : coefficient de corrélation, N : nombre de températures mesurées, P : profondeur de la mesure ; Maroc Tadla Errachidia Ouarzazate Boudnib Missour Guercif Saïss Hauts Plateaux Tarfaya-Laâyoune Sahara marocain Bassin du sud-ouest marocain Maroc nord oriental Maroc nord occidental Rides prérifaines Rharb Unités et sous-unités hydrogéothermiques du Maroc Données récoltés des archives de Equations obtenues à partir Equations obtenues à partir Equations des abaques de correction l'Office National de Recherche et du traitement des BHT bruts du traitement des DST des des Tbht. d'Exploration Pétrolière (ONAREP) des différents bassins marocains différents bassins marocains Tbht=23P + 29 Tbht=23P + 23 Tbht=18P + 29 Horner Plot Méthode basée sur les DST T = 27P + 25 T = 28P + 19 T = 21P + 28 Tableau I: Données des températures d’après les forages pétroliers, et gradients obtenus. Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc 15 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc DST (°C) 120 Bassin d'Essaouira a 100 Tdst = 23P + 21 r = 0.97 N = 48 40 20 Profondeur (m) 0 500 1500 2500 Tdst = 25P + 22.5 r = 0.98 N = 14 60 40 Profondeur (m) 0 3500 1000 Bassin deTarfaya-Laayoun e-Sahara c 120 DST (°C) 100 160 140 DST (°C) 2000 3000 Maroc 4000 d 120 100 80 Tdst=26P + 21 r = 0.93 N = 16 60 40 20 120 80 60 140 DST (°C) 100 80 0 Bassin d'Errachidia-BoudnibOuarzazate b 140 Profondeur (m) 0 1000 2000 3000 4000 5000 80 Tdst = 24P + 23 r = 0.92 N = 78 60 40 20 Profondeur (m) 0 1000 2000 3000 4000 5000 Figure 5. Relation DST–profondeur pour les unités hydrogéothermiques dont les températures Tdst ont été mesurées. a, bassin d’Essaouira ; b, Errachidia–Boudnib–Ourzazate ; c, Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain ; d, ensemble du Maroc. la profondeur. L'équation ainsi obtenue est de la forme y = a' x + b' ; avec a' = 0,03 et b' = 8,6 et r = 0,86. La loi de variation ∆T = (Tc–Te) est calculée en fonction de la profondeur. ∆(T) = (Tc–Te) = (a – a') x + (b –b') = (0,035 – 0,03) P + (4 – 8,6) = 0,005 P – 4,6 Cette équation permet de corriger les valeurs de Tbht du Maroc oriental. Correction des Tbht par la méthode basée sur les DST L'estimation des Tbht à la profondeur voulue, revient à sélectionner les puits ayant des valeurs de Tbht et de Tdst à la même profondeur, et dont la différence est donc ∆Τ= (Tdst–Tbht). Cette étude ne concerne que les bassins d'Essaouira, de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain et d’Errachidia– Ouarzazate–Boudnib, en raison de la présence à la fois des valeurs de Tdst et de Tbht situées à la même côte pour les mêmes forages. Pour le bassin d'Essaouira, quelques valeurs de ∆(T) ont été estimées à partir des Tdst de Meskala et des Tbht de Toukimt. Les valeurs ∆Τ = (Tdst–Tbht) sont reportées sur un graphique en fonction de la profondeur pour les trois bassins (Fig. 6b et Tabl. I) . L'examen du graphique du bassin d'Essaouira (Fig. 6b, Tabl. I) montre un nuage de points dont l’ajustement linéaire est ∆(T) = 0,003 P–0,86, avec un coefficient de corrélation r = 16 0,98 ; cette équation correspond à l'abaque de correction des Tbht en fonction de la profondeur. Ce graphique montre deux parties remarquables : dans la tranche de profondeur 0 à 250 m l'écart est négatif, ce qui confirme l'idée du surchauffement de la boue par rapport aux terrains environnants ; au delà de 250 m, l'écart est positif et augmente régulièrement avec la profondeur. Ces graphiques (Fig. 6b) montrent un nuage de points dont l'ajustement sur un modèle de type logarithmique, donne les équations de la forme ∆(T) = 8,6 log P – 23 pour le bassin d'Errachidia–Boudnib–Ouarzazate (r = 0,95) et ∆(T) = 3,5 log P – 8,5 (r = 0,93) pour le bassin de Tarfaya–Laayoune– Sahara marocain. La loi ainsi définie permet de faire correspondre à chaque valeur de Tbht, située à une profondeur donnée une valeur corrigée considérée comme Tdst. Pour l'ensemble du Maroc, les données ∆T ont été reportées sur un graphique en fonction de la profondeur (Fig. 6b, Tabl. I). L'équation ainsi obtenue est ∆(T) = 0,002 P + 0,062. Cette équation a servi comme abaque de correction de certaines valeurs de Tbht des zones très peu couvertes par les forages pétroliers. Une fois établie la courbe moyenne de variation de l'écart ∆Τ=(Tdst–Tbht) en fonction de la profondeur pour chaque bassin, la courbe théorique moyenne a servi d'abaque de correction des autres valeurs de Tbht. Dans les bassins de Souss, de Doukkala et de Tadla, les valeurs de Tbht ont été corrigées par l'abaque de correction du bassin d'Essaouira, et celles du bassin du Maroc occidental par l'abaque du bassin du Maroc oriental. Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc Maroc oriental 160 Valeurs des températures enregistrées BHT (°C) 160 y = 0.03x + 8.6 r = 0.86 N = 15 120 120 80 80 40 40 0 Profondeur (m) 0 14 12 500 ∆t (°C) 1500 2500 3500 Bassin d'Essaouira 8 0 3 2 Profondeur (m) 2000 1500 2500 3500 Bassin d'Errachidia-BoudnibOuarzazate b 5 4 1000 500 6 4 0 0 7 ∆(t) 6 0 y = 0.035x + 4 r = 0.9 N = 15 Profondeur (m) 8 Y= 0.003 P - 0.86 r = 0.98 N= 33 10 a Valeurs des températures extrapolées BHTc (°C) 3000 4000 y = 8.6*logx - 23 r = 0.95 N= 9 2 Profondeur (m) 1000 5000 2000 3000 4000 Tarfaya-Laayoune -Sahara ∆(t) (°C) 4 14 ∆(t) (°C) 12 3 y = 0.002x + 0.062 r = 0.85 N = 60 10 y = 3.5logx-8.5 r = 0.93 N = 18 2 1 Profondeur (m) 0 0 1000 3000 5000 Maroc 8 6 4 2 0 Profondeur (m) 0 1000 2000 3000 4000 5000 Figure 6. Abaques de correction des BHT brutes. a, méthode Horner Plot ; b, méthode basée sur les DST comme référence de correction. Gradients géothermiques régionaux Le report des valeurs Tbht corrigées et des DST de chaque bassin en fonction de la profondeur (Fig. 7, Tabl. I) montre un nuage de points qu’on peut ajuster linéairement sous la forme : y = ax + b ; où a représente le gradient géothermique moyen pour la région, et b l'ordonnée à l'origine. Le gradient géothermique régional moyen dans les différents bassins varie entre 19°C/km (bassin de Doukkala) et 36°C/km (bassin de Guercif). Le gradient géothermique régional moyen est de 28°C/km pour le bassins du Maroc nord-oriental et d’Errachidia– Ouarzazate–Boudnib, 27°C/km pour le Maroc nordoccidental, 22°C/km pour le bassin de Tadla et 21°C/km pour les bassins du Sud-Ouest marocain et Tarfaya– Laayoune–Sahara marocain. Le gradient géothermique moyen pour le Maroc est 23°C/km. CARTOGRAPHIE DU GRADIENT GEOTHERMIQUE ET INTERPRETATION Les gradients géothermiques moyens ponctuels déterminés par le calcul de la tendance linéaire des valeurs de BHT corrigées et de DST de chaque forage ont servi à l'établissement de la carte du gradient géothermique de chaque bassin et par la suite de la carte du gradient géothermique du Maroc. Bassin du Maroc oriental Dans le bassin du Maroc oriental (Fig. 8), la carte montre que le gradient géothermique varie entre 17 et 41°C/km, avec une élévation du sud vers le nord où il dépasse 38°C/km. Cette anomalie correspond géographiquement à la zone d'activité volcanique néogène et quaternaire (Fig. 9). D'autre part, la superposition de la carte des failles actives ou récentes observées sur le terrain à la carte des épicentres des séismes confirme l'existence d'une corrélation entre 17 18 20 0 1000 2000 3000 4000 5000 Profondeur (m) 0 50 1000 BHTc(°C) BHTc (°C) 2000 3000 4000 5000 T = 27P + 25 r = 0.94 N = 556 Profondeur (m) 2000 4000 Maroc occidental Profondeur (m) T = 28.5P + 23 r = 0.94 N = 362 4000 Profondeur (m) Rides prérifaines 2000 T = 28P + 19 r = 0.85 N = 54 BHTc (°C) 2000 4000 Maroc oriental Profondeur (m) T = 22P + 20 r = 0.98 N= 14 b a 0 20 60 100 0 0 0 140 30 50 70 90 20 60 100 0 140 0 20 60 100 140 2000 3000 BHTc (°C) DST (°C) 2000 f 0 BHTc (°C) DST (°C) 4000 0 50 100 1000 T = 23P + 28 r = 0.92 N = 1205 Profondeur (m) 3000 5000 g 4000 T= 28P + 16 r = 0.98 N = 63 Profondeur (m) e Profondeur (m) T = 21P + 28 r = 0.95 N = 346 Errachidia-BoudnibOuarzazate 2000 c 4000 T = 19P + 30 r = 0.93 N = 100 Profondeur (m) Bassin de Doukkala 2000 3000 Sud-Ouest marocain BHTc (°C) DST(°C) 1000 BHTc (°C) 0 1000 2000 3000 Maroc 200 BHTc et DST (°C) 150 0 20 60 100 140 20 0 60 100 3000 T = 21P + 28 r = 0.93 N = 171 Profondeur (m) 4000 2000 Tarfaya-Laayoune-Sahara Profondeur (m) T = 22P + 31 r = 0.96 N = 16 d 60 20 0 140 4000 Profondeur (m) T = 23P + 31 r = 0.95 N= 55 Bassin de Tadla 1000 BHTc (°C) 1000 BHTc (°C) 2000 4000 Bassin de Souss Profondeur (m) T = 22P + 24 r = 0.96 N = 191 100 140 Bassin du Sud-Ouest marocain Bassin d'Essaouira BHTc (°C) DST (°C) Figure 7. Température en fonction de la profondeur après correction des BHT pour les unités hydrogéothermiques. a, Maroc oriental ; b, Maroc occidental ; c, bassin du SudOuest marocain ; d, bassin de Tadla ; e, bassin d’Errachidia–Boudnib–Ouarzazate ; f, bassin de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain ; g, ensemble du Maroc. 0 50 T = 31P + 20 r = 0.98 N = 40 0 0 200 0 40 80 120 160 100 3500 Profondeur (m) T = 23P + 33 r = 0.95 N= 153 1500 2500 Bassin de Saiss 0 0 Maroc occidental 3500 0 80 160 0 20 60 100 BHTc (°C) 500 2500 bassin du Rharb 1500 T = 25P + 18 r = 0.87 N = 25 Profondeur (m) 1500 2500 3500 Bassin de Missour Profondeur (m) T = 36P + 16 r = 0.99 N= 17 100 Bassin desHauts Plateaux BHTc (°C) Maroc oriental 150 0 BHTc (°C) 500 BHTc (°C) 500 BHTc (°C) Bassin de Guercif 150 200 0 0 60 100 0 20 60 100 140 0 50 100 150 200 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc N 4° 3° El Hoceima néralement à l'origine du volcanisme néogène à quaternaire, induisant ainsi l'augmentation du gradient géothermique dans cette zone. N Mer Méditerranée Melilla Bassin du Maroc occidental 35° Dans le bassin du Maroc occidental (Fig. 10), le gradient géothermique fluctue entre 19°C/km et 34°C/ km. Trois zones bien distinctes apparaissent, où le gradient géothermique profond est élevé : – à l'ouest, le gradient géothermique dépasse 30°C/km ; cette augmentation est principalement liée à l'effet de l'hydrodynamisme profond (Lahrach et al. 1993, Ben Aabidate 1994, Zarhloule et al. 2001) ; cette région est caractérisée par des marnes miocènes renfermant des lentilles sableuses à des profondeurs élevées (forages ALG1 et KSR2), d'épaisseur allant jusqu'à 350 m ; ces lentilles sont caractérisées par un hydrodynamisme actif vers la zone la plus subsidente de cette région ; cette zone constitue également une zone de décharge pour les réservoirs profonds d’âge paléozoïque et crétacé (forages MAM1 , SE1 et SE2), ce qui peut être à l’origine de l’élévation du gradient ; Oujda 42 Bassin de Guercif Taza 38 34 30 34° 26 22 26 Bassin de Missour Bassin des Hauts Plateau 30 33° 18 100 km – au centre, l’augmentation du gradient géothermique est dûe en premier lieu à l'effet de l'hydrodynamisme profond en raison de l'existence de plusieurs sources chaudes qui émergent dans cette zone, et des réseaux de failles proches de l'accident de Sidi Fili (Ben Aabidate 1994, Lahrach et al. 1998, Zarhloule, 2003) ; 18 Courbe d'isogradient géothermique (°C/km),forage pétrolier Figure 8. Carte du gradient géothermique du Maroc oriental. sismicité et failles de direction N-S, NE-SW et quelques failles NW-SE (Aït Brahim et al. 1990). Ces failles sont gé- 3° Cap des Trois Fourches Al Hoceima 30' N 2° Formations de l'avant - pays Unités rifaines Néogène et Quaternaire Volcanisme néogène à quaternaire Forage artésien d'eau chaude Source thermale 30' MEDITERRANEE Melilla ar Ras Tarf Iles Chaffarines de n in du Ba ssi Ba ss Keb Gu err Ain Zohra e a in Ch r Ga du eb M dan 35° a ya Berkane lou ou i Ben Ahfir rie oua ou d gé Al Oue ssen Sna Oujda El Aioun ed Ou Taourirt Taza 25 Km Ke rt Ke rt Bo u di n Monts de Trougout 30' es e d Zon rsts Ho Bassin de Guercif Guercif Beni Mathar 34° Sens d'augmentation du gradient géothermique Figure 9. Relation entre les anomalies géothermiques, la répartition des principales failles et le volcanisme récent (schéma structural d’après Hernandez 1983 et Hervouët 1985). 19 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc 6° N 5° Turonien Jurassique 10 km Trias Permien Forage pétrolier Faille visible en surface Faille d'après électrique N Espagne 21 25 Courbe isogradient (°C/ km ) 19 Sebta 17 Tanger 34° 23 ATLA NTIQ UE OCE AN 35° Safi N OCEA Larache Bassin de Doukkala 21 32° 26 Bassin du Rharb Rabat N 30 32 28 30 32 26 N ATLA 28 Bassin des Rides 30 32 Jbel Hadid 28 Bassin d'Essaouira 21 Bassin de Saïss 34 Jbel Kourati E TIQU 23 Essaouira 25 21 25 Fes 27 25 27 28 29 29 27 27 25 forage pétrolier Jbel Ihchech Jbel Amsitene 31° 27 23 21 100 km 28 Courbe d'isogradient géothermique (°C/km), 23 21 23 25 Figure 10. Carte du gradient géothermique du Maroc occidental. 29 – à l’est, le gradient augmente du sud vers le nord de Fès ; cet accroissement (Zarhloule et al. 2001) suit l'enfouissement du réservoir liasique qui renferme de l'eau chaude ; ce dernier est à l'origine de plusieurs sources thermales dont la température dépasse 40°C et qui sont à proximité de Fès (Lahrach et al. 1998) ; cette zone constitue donc une aire de décharge des principaux réservoirs profonds (>1500 m), et par conséquent, l'augmentation du gradient géothermique est étroitement liée à l'hydrodynamisme des aquifères profonds. Bassin du Sud-Ouest marocain La carte du gradient géothermique moyen du bassin du SudOuest marocain (Fig. 11) révèle que le gradient varie entre 14°C/km et 35°C/km. Cette carte montre : – une augmentation progressive des zones nord, sud et est du bassin d'Essaouira vers le centre, au voisinage de la partie nord du diapir du Tidsi où la courbe d'isogradient dépasse 30°C/km ; – une zone située à l'ouest du diapir de Tidsi, vers l'offshore du bassin, où le gradient atteint 30°C/km. Cette augmentation est due, d'une part, à l'influence des eaux souterraines qui convergent depuis les zones nord et sud où les réservoirs jurassiques profonds affleurent vers le centre du bassin (Zarhloule & Ben Dhia 1992, Zarhloule 1994, Zarhloule et al. 1999), et d'autre part aux grandes épaisseurs des terrains salifères qui sont de bons conducteurs de chaleur, engendrant un apport thermique suffisant pour accroître les gradients dans les couches supérieures (Zarhloule et al. 1999) ; – une augmentation vers l'offshore du bassin d'Agadir où le gradient dépasse 30°C/km ; elle est due à des accidents du 20 21 31 Bassin d'Agadir Agadir 33 27 29 31 10° 25 9° Anti-Atlas Figure 11. Carte du gradient géothermique du bassin de Sud-Ouest marocain. socle qui constituent le prolongement en mer de ceux qui affectent le continent et qui font partie d'un faisceau d'accidents N50 et N70 (prolongement vers l'ouest de l'accident de Tizi n'Test) (Desligneris & El Morabet 1973). Bassin de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain Dans ce bassin (Fig. 12), la carte montre que le gradient géothermique oscille entre 17°C/km et 35°C/ km. Trois zones affichent un gradient supérieur à 32°C/km: – une zone en onshore, située au nord-est de Tarfaya, marquée par la présence d'une faille de socle de direction N65 à N70 révélée par la géophysique (Bellouti 1997) ; – une zone en offshore, située au nord-ouest de Tarfaya, où le gradient géothermique est élevé, en relation probable avec le volcanisme des îles Canaries (Rulkoïlles 1982) ; – une zone située au nord-est de Tindouf, où le gradient est supérieur à 32°C/km ; dans ce secteur nous ne disposons pas de données suffisantes pour proposer des explications de cette anomalie. Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc 16° 10° 32 30 2624 28 29° ÎLES CANARIES 28 26 26 34 24 32 24 Tarfaya OCEAN Laayoune Samara Boujdour 20 30 26 22 26 ATLANTIQUE N 22 24 25° Tindouf 24 32 Dakhla 100 km N forage pétrolier 20 Courbe d'isogradient géothermique (°C/km) MAURITANIE Figure 12. Carte du gradient géothermique du bassin de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain. N 3° 5° Haut-Atlas 26 28 N 22 20 Errachidia 31° 24 26 30° 28 30 Sénonien Paléozoïque Faille sud-atlasique Forage pétrolier Courbe d'isogradient 30 géothermique (°C /km) 30 km Figure 13. Carte du gradient géothermique du bassin d’Errachidia–Ouarzazate–Boudnib. Bassin d'Errachidia–Ouarzazate–Boudnib Dans cette zone, le gradient géothermique (Fig. 13) fluctue entre 16°C/km et 36°C/km avec une zone centrale où le gradient est inférieur à 20°C/km, et deux zones où le gradient a tendance à augmenter (partie septentrionale et partie méridionale d'Errachidia) : – la zone centrale est largement influencée par l'envahissement des eaux météoriques froides du HautAtlas, favorisant ainsi le refroidissement des eaux profondes ; – dans la partie septentrionale, l'augmentation du gradient pourrait être la conséquence du rapprochement du socle paléozoïque et des failles profondes qui l'affectent, et aussi à la subsidence récente du bassin (Bellouti 1997) ; – dans la partie méridionale, l'accroissement du gradient pourrait être lié à la faille sud-atlasique qui sépare le bassin d'Errachidia du Haut-Atlas (Bellouti 1997). CARTE DU GRADIENT GEOTHERMIQUE PROFOND DU MAROC Les différentes valeurs de gradient géothermique calculées ont servi à l'établissement de la carte du gradient géothermique moyen de chaque bassin et par la suite à la réalisation de la carte du gradient géothermique du Maroc (Fig. 14). La carte (Fig. 14) montre que le gradient géothermique au Maroc varie entre 16°C/km et 41°C/km. Il s'agit d'un territoire compartimenté en plusieurs zones principales 21 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc 14° 12° 10° 8° 6° 4° Sebta Tanger N 2° MEDITERRANEE Melilla LAR.A1 Oujda 35 30 30 Kénitra 30 34° Fès Azemmour Tadla 30 25 30 Azrou 25 20 25 25 Errachidia 32° Essaouira Marrakech 30 Océan Atlantique Agadir 30 25 20 Algerie 16° 30 Ouarzazat 20 30° 25 30 30 30 28° Tarfaya 25 Laayoune Boujdour 20 26° Guelta Zemmour Dakhla Bir Enzaran Gradient géothermique profond (°C/km) GG > 35 30 < GG < 35 25 < GG < 30 2 0 < GG < 25 0 100 km 2 0 < GG Zones à anomalie géothermique profonde Figure 14. Carte du gradient géothermique du Maroc. ayant des gradients géothermiques supérieurs à 30°C/km. Les principales anomalies mises en évidence dans les cartes régionales (Figs. 8 et 10 à 13) et qui s'affichent également sur la carte du Maroc (Fig. 14) peuvent trouver une explication, au moins partielle, dans certains facteurs géologiques, géophysiques et hydrogéologiques. i/ La carte des isobathes du Moho (Tadili et al. 1986) montre que la croûte présente des épaisseurs minimales de l'ordre de 25 km dans la partie nord le long de la côte Méditerranéenne, et moins de 25 km au nord d'Oujda. Les études réalisées par Vallejo Martin et al. (1996) dans les Cordillères bétiques montrent également la remontée du manteau dans ce secteur à une profondeur de 15 km. La 22 superposition de la carte du gradient géothermique du Maroc aux résultats obtenus par Tadili et al. (1986) et Vallejo Martin et al. (1996), suggère que les anomalies thermiques observées dans la partie nord de la carte sont principalement liées à l'amincissement crustal. ii/ La superposition de la carte du gradient géothermique à celle des principaux axes d'écoulement des réservoirs profonds et peu profonds à eau chaude au Maroc (Fig. 15) montre l'effet de l'hydrodynamisme sur l'élévation du gradient géothermique, observé dans les différents bassins. Dans le bassin d'Essaouira, les réservoirs profonds carbonatés d'âge jurassique, affleurant au nord et au sud du Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc Sebta Tanger N Mer Méditérranée Melilla B Océan Atlantique Kénitra + 3 + Fès 1 A + Algérie 1 3 2 + 2 Oujda Chaïnes des Horst Azemmour D 1 + 4 Tandrara Tadla + + Essaouira + 3 2 C Marrakech UD E S ILL A F TL -A E IQU AS Agadir + Colomb Bechar Errachidia 4 + E A: bassin du Maroc oriental 1: bassin d'Oujda 2: bassin des Hauts Plateaux 3: bassin de Guercif 4: bassin de Missour Affleurements schématique du réservoir liasique Sens globale d'écoulement des eaux B: bassin du Maroc occidental 1: bassin de saiss 2: bassin des rides prérifaines 3: bassin de Rharb Affleurement schématique du réservoir liasique Affleurement schématique du réservoir domérien et dogger Sens globale d'écoulement des eaux C: bassin du sud-Ouest marocain 1: bassin de Doukkala 2: bassin d'Essaouira 3: bassin du Haut-Atlas occidental 4: bassin du Souss Affleurement schématique du réservoir jurassique profond Affleurement schématique du Trias (diapir de Tidzi) Sens globale d'écoulement des eaux D: bassin de Tadla Affleurement schématique du réservoir turonien Sens globale d'écoulement des eaux E: bassin d'Errachidia + Anomalie de gradient Figure 15. Carte des principaux affleurements des réservoirs profonds et peu profonds d’eau chaude au Maroc et relation entre l’élévation du gradient et l’hydrodynamisme. bassin, constituent les principales zones d'alimentation en eaux météoriques. Vers le centre du bassin, les températures des eaux profondes augmentent suivant l'enfouissement des couches, ce qui favorise l’augmentation du gradient géothermique dans cette zone. Au Maroc, les causes de l’augmentation du gradient géothermique restent essentiellement liées à l'hydrodynamisme profond et à des facteurs tectoniques : failles profondes affectant le socle, néotectonique et activité volcanique néogène à quaternaire. Dans le bassin de Saïss, les affleurements du réservoir liasique sont limités au Moyen Atlas septentrional constituant sa zone de recharge sud. Vers le nord du bassin, plusieurs sources thermales ont été répertoriées dans la région de Fès, ce qui constitue la zone de décharge de la nappe liasique marquée par une anomalie positive du gradient géothermique. DISCUSSION Dans le bassin des Rides prérifaines, les réservoirs profonds (Paléozoïque, Domérien et Dogger) affleurent généralement dans la partie sud-ouest (zone de recharge probable) et subissent un enfouissement vers le nord-est. L'axe principal d'écoulement concorde avec l'augmentation du gradient dans ce secteur. Dans le bassin du Rharb, l'existence de lentilles sableuses emballées dans les marnes miocènes et à écoulement vers la zone subsidente du bassin pourrait être à l'origine de l'augmentation du gradient dans cette zone. Enfin, dans le bassin de Tadla, le principal aquifère à eau chaude est représenté par le Turonien carbonaté. Le sens d'écoulement des eaux du Turonien coïncide avec l'augmentation du gradient dans cette zone (Zarhloule et al. 2001) La démarche utilisée pour l’évaluation du gradient profond, basée essentiellement sur les températures issues des forages pétroliers peut être critiquable au moins sur les points suivants : – c’est une méthode statistique qui nécessite un grand nombre de valeurs ; le résultat final peut être influencé par les fortes concentrations de données régionales ; par ailleurs, l’existence d’un minimum d’homogénéité géologique verticale et horizontale est nécessaire pour la linéarité du gradient et la corrélation entre les sondages ; ceci est pratiquement réalisé pour le Maroc où les données ont été traitées séparément pour chaque bassin sédimentaire ; – les autres méthodes de correction des BHT sont assez exigeantes en données spécifiques (historique du forage, temps de circulation de la boue, temps depuis l’arrêt de la circulation) qui sont rarement indiquées dans les forages du Maroc ; – la méthode utilise la notion de gradient géothermique moyen pour un forage donnée (linéarité du gradient) ; ceci peut être mis à défaut dans le cas d’une série à grandes variations de conductivité thermique (lithologie, porosité…). 23 Y. Zarhloule – Gradient géothermique profond du Maroc Par ailleurs, la réalisation de la carte du gradient géothermique profond doit se baser uniquement sur les températures profondes (Chapman et al. 1984, Hitchon 1984, Jones et al. 1985, Ben Dhia 1987, 1988, 1991, Deming 1989, Deming et al. 1992, , Zarhloule 1994, 2003, Zarhloule et al. 1998) et le mélange de données de températures issues aussi bien des forages pétroliers (grande profondeur) que des forages hydrogéologiques (faible profondeur), influence largement l’estimation du gradient géothermique profond et par conséquent le flux de chaleur (Zielinski & Bruchhausen, 1983, Ben Dhia 1992, Zarhloule 1999). De ce fait, les résultats obtenus par Rimi & Lucazeau (1987), Rimi (1990) et Rimi (2001), par l’intégration des données de températures d’origines différentes sont discutables. En effet, les profils thermiques réalisés dans les puits de faible profondeur et intégrés dans la réalisation de la carte du gradient géothermique du Maroc par Rimi (2001) représentent un intérêt local est non régional a cause de l’interaction de plusieurs facteurs indépendamment du flux géothermique (Leshak & Lewis 1983, Ben Dhia et al. 1992, Zarhloule 1999). est de 28°C/ km dans le bassin du Maroc oriental, 27°C/km dans le bassin du Maroc occidental, 21°C/km dans le bassin du Sud-Ouest marocain, 21°C/km dans la bassin de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain, 28°C/km dans le bassin Errachidia–Ouarzazate–Boudnib et de 22°C/km pour le bassin de Tadla. Le gradient géothermique moyen pour le Maroc est de 23°C/km. Les différentes valeurs de gradient géothermique ponctuel calculées ont servi à l'établissement de la carte du gradient géothermique moyen du bassin du Maroc occidental, du Maroc oriental, du bassin du Sud-Ouest marocain, du bassin de Tarfaya–Laayoune–Sahara marocain, du bassin d'Errachidia–Ouarzazate–Boudnib et par la suite à la réalisation de la carte du gradient géothermique du Maroc. Plusieurs zones affichent des anomalies de gradient géothermique, liées à l'effet de l'hydrodynamsime profond et à des facteurs tectoniques: les failles profondes affectant le socle, néotectonique accompagnée d'activité volcanique néogène à quaternaire. Remerciements CONCLUSION Dans l’ensemble du Maroc, 1204 valeurs de températures (1126 BHT et 78 DST) ont été traitées pour l'estimation du gradient géothermique et l'établissement de la carte du gradient géothermique du Maroc. La méthode utilisée a permis d’aboutir à un gradient géothermique moyen régional variant entre 19°C/km dans le bassin de Doukkala à 36°C/km dans le bassin de Guercif. Il Je remercie Dr. F. Hamouda et Dr. A. Khalek (Ministère d’Energie et des Mines, Rabat), Dr. El Morabet (ONAREP, Rabat) et Pr. H. Ben Dhia (Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax, Tunisie) pour l’intérêt qu’ils ont toujours consacré à ce travail. Ce sujet à été financé de 1990 à 1994 par le Ministère d’Energie et des Mines, et de 1998 à 2000 par l’Action Intégrée n° 14/98. Références Aït Brahim L., Chotin P., Tadili B. & Ramdani M. 1990. Failles actives dans le Rif central et oriental (Maroc). C.R. Acad. Sci., 310, sér. II, 1123-1129. Alsac A., Cornet G., Destombes T.P., Hentinger R. & Lavigne J. 1969. Etude géothermique du Maroc oriental. Rapport inédit B.R.G.M, n°69, 90 p. Bahi L., El Yamine N. & Risler J.J. 1983. Linéaments géothermiques au Maroc. C.R. Acad. Sci. Paris, 296, sér. II, 10871092. Bellouti F. 1997. 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