La rédaction 2005 - La classe de Mme Dechamps
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La rédaction 2005 - La classe de Mme Dechamps
CAF Centre d’autoformation et de formation continuée La Neuville,1 4500 Tihange Tél : 085/271360 Certification semi-externe de juin 2005 pour les classes de troisième (Humanités générales et technologiques) 1 Evaluation de français de juin 2005 pour les classes de troisième (Humanités générales et technologiques) Etablissement : .................................................................. Nom : .................................................................................... Prénom : ............................................................................... Classe : ................................................................................. Professeur : ........................................................................ 2 Un récit de fiction Prends connaissance du récit suivant. Après ta lecture, tu devras, entre autres, te prononcer sur la vraisemblance de ce récit. Dans les années 70, de nombreux pays d’Amérique du Sud subissent un régime de dictature. Le Chili, alors gouverné par le président Allende, est renversé lors d’un coup d’état en 1973 par son général d’armée, Augusto Pinochet. Celui-ci est nommé Président de la République jusqu’en 1990. Durant ces 17 années, il fera régner un état de terreur sur la population et sur tous les opposants au régime : séquestrations, meurtres, tortures… La rédaction 5 10 15 20 Le jour de son anniversaire, on offrit à Pedro un ballon. Pedro protesta parce qu’il en voulait un en cuir blanc, avec des parements noirs, comme ceux dans lesquels tapaient les footballeurs professionnels. Par contre, celui-ci, en plastique jaune, lui paraissait trop léger. - On veut mettre un but de la tête et il s’envole. On dirait un oiseau tellement c’est une plume. - C’est mieux, lui dit son père, comme ça, tu ne t’assommeras pas. Et il lui fait de la main le geste de se taire parce qu’il voulait écouter la radio. Au cours des derniers mois, les rues de Santiago s’étaient remplies de militaires. Pedro avait remarqué que tous les soirs son papa s’asseyait dans son fauteuil favori, sortait l’antenne de l’appareil vert et écoutait attentivement des nouvelles qui arrivaient de très loin. Parfois venaient des amis de son père qui fumaient comme des cheminées et qui, après, s’étendaient sur le sol et approchaient leur oreille du récepteur comme si on allait leur distribuer des friandises par les trous. Pedro demanda à sa mère : - Pourquoi écoutent-ils toujours cette radio pleine de bruits ? - Parce que ce qu’elle dit est intéressant. - Qu’est-ce qu’elle dit ? - Des choses sur nous, sur notre pays. - Quelles choses ? - Ce qui se passe. 3 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 - Et pourquoi on l’entend si mal ? - Parce que la voix vient de très loin. Et Pedro pointait un œil ensommeillé, pour essayer de deviner à travers quel versant de la Cordillère découpée par sa fenêtre pouvait se faufiler la voix de la radio. En octobre, Pedro participa à de grands matchs de football dans le quartier. Il jouait dans une rue avec beaucoup d’arbres, et courir sous leur ombrage au printemps était presque aussi agréable que de nager dans le fleuve en été. Pedro avait l’impression que les feuilles murmurantes étaient l’énorme tribune d’un stade couvert qui l’ovationnait quand il recevait une passe précise de Daniel, le fils de l’épicier, et qu’il s’infiltrait comme Simonsen au milieu des échalas de la défense pour marquer le but. Un jour, Pedro descendit à toute allure sur l’aile droite, là où aurait dû se trouver le poteau de corner si on avait été sur un terrain réglementaire et non pas dans la rue en terre battue du quartier. Quand il arriva devant Daniel, il fit semblant d’avancer avec une feinte de corps, il garda le ballon dans ses pieds, le fit passer par-dessus Daniel, affalé dans la boue, et il le poussa doucement entre les pierres qui délimitaient le but. « But », cria Pedro, et il courut vers le centre du terrain pour y attendre les félicitations de ses équipiers. Mais cette fois, personne ne bougea. Ils restaient tous cloués à regarder vers l’épicerie. Quelques fenêtres s’ouvrirent et des yeux apparurent dans l’encoignure comme si un magicien célèbre ou le Cirque des aigles humains avec ses éléphants danseurs était arrivé. Des portes, en revanche, s’étaient refermées, claquées par une rafale de vent soudaine. Alors, Pedro vit que deux hommes entraînaient le père de Daniel, tandis qu’un groupe de soldats pointaient leurs mitraillettes sur lui. Quand Daniel voulut s’approcher, un des hommes le retint en lui mettant la main sur la poitrine. « Du calme », lui cria-t-il. L’épicier regarda son fils et lui parla doucement. « Occupe-toi bien de la boutique. » Alors que les hommes le poussaient vers la jeep, le père voulut porter une main à sa poche et aussitôt un soldat leva sa mitraillette : - Attention ! - Je voulais donner la clé à mon fils, dit l’épicier. - C’est moi qui le ferai », dit un des hommes en lui prenant le coude. Il palpa le pantalon du détenu et, là où se produisait un bruit métallique, il plongea la main et en ressortit les clés. Daniel les attrapa au vol. La jeep démarra et les mères se précipitèrent dans les allées, prirent leurs enfants par la peau du cou et les rentrèrent dans les maisons. Pedro resta près de Daniel au milieu de la poussière soulevée par le départ de la jeep. « Pourquoi ils l’ont emmené ?, demanda-t-il. - Mon papa est de gauche, dit Daniel en enfonçant les mains dans ses poches et en serrant les clés dans son poing. - Qu’est-ce que ça veut dire ? - Qu’il est antifasciste. » Pedro avait entendu ce mot-là les soirs où son père avait l’oreille collée à la radio verte, mais il ne savait pas encore ce qu’il signifiait et, en plus, il 4 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 avait du mal à le prononcer. Le « f » et le « s » lui dansaient sur la langue et en les prononçant un son plein d’air et de salive lui sortait de la bouche. Pedro rentra chez lui en tapant dans son ballon, et comme il n’y avait personne avec qui jouer dans la rue, il courut jusqu’au coin opposé pour attendre son père qui rentrait en autobus du travail. Quand il arriva, Pedro passa ses bras autour de la taille de son père, car il ne pouvait pas aller plus haut, et son père se pencha pour l’embrasser. Il sentit que la main de son père lui prenait la tête et la pressait tendrement contre son pantalon. « Des soldats sont venus et ils ont arrêté le papa de Daniel. - Oui, je le sais, dit le père. - Comment tu le sais ? - On m’a prévenu par téléphone. - Daniel s’est retrouvé à la tête du magasin. Il se pourrait bien que maintenant il ne fasse plus payer les bonbons. - Ca m’étonnerait. - On l’a emmené en jeep, comme celles qu’on voit dans les films. Tu crois qu’on va le voir à la télé ? - Qui ? dit le père. - Don Daniel. - Non. » Le soir, ils finirent tous les trois de dîner en silence et Pedro alla mettre son pyjama qui était orange avec des tas de dessins d’oiseaux et de lapins. Quand il revint, son père et sa mère étaient enlacés sur le canapé, l’oreille collée à la radio, qui émettait des sons bizarres, encore plus confus aujourd’hui que le volume était réduit. Avant même que son père n’ait eu le temps de porter un doigt à la bouche pour lui indiquer de se taire, Pedro demanda rapidement : « Papa, tu es de gauche ? » Le père regarda son fils, puis sa femme, et tous les deux tournèrent leur regard vers lui. Ensuite, il abaissa et leva lentement la tête pour acquiescer. « Toi aussi, on va t’arrêter ? - Non, dit le père. - Comment tu le sais ? - C’est toi qui me portes bonheur », sourit le père. Pedro s’appuya contre la porte, tout heureux qu’on ne l’envoie pas se coucher directement comme d’autres fois. Il prêta attention à la radio et il essaya de comprendre ce qui pouvait bien attirer ses parents et leurs amis tous les soirs. Lorsque la radio dit : « La junte fasciste », Pedro sentit que toutes les choses qui se baladaient dans sa tête se réunissaient comme dans ce jeu de puzzle où, morceau par morceau, on assemblait la figure d’un voilier. Le lendemain, Pedro avala deux tartines avec de la confiture, risqua un doigt dans le lavabo, enleva ce qu’il avait au coin des yeux et partit ventre à terre vers le collège pour éviter qu’on lui marque encore un retard. La cloche n’avait pas encore, ding dong, fini de sonner que la maîtresse entra toute raide, accompagnée par un monsieur en uniforme, avec une médaille sur la poitrine longue comme une carotte, des moustaches grises et des lunettes plus noires que la crasse aux genoux. 5 125 130 135 140 145 150 155 160 165 170 « Debout les enfants, et tenez-vous bien droits », dit la maîtresse. Les enfants se levèrent et attendirent le discours du militaire qui souriait avec ses moustaches en brosse à dents sous les lunettes noires. « Bonjour, petits amis, dit-il. Je suis le capitaine Romo, et je viens de la part du gouvernement, c’est-à-dire du général Pinochet, de l’amiral Merino, du général Leigh et de Cesar Mendoza, pour inviter les enfants de toutes les classes de ce collège à écrire une rédaction. Celui qui écrira la plus jolie de toutes recevra, de la propre main du général Pinochet, une médaille en or et un ruban comme celui-ci aux couleurs du drapeau chilien. » Il mit les mains derrière son dos, écarta les jambes en sautant et redressa le cou en levant un peu le menton. « Attention ! Assis ! » Les enfants obéirent par frottement, comme s’ils n’avaient pas de mains. « Bien, dit le militaire, présentez cahiers…Cahiers prêts ? Bien ! Présentez crayons…Crayons prêts ? Notez ! Titre de la rédaction : « Ce que fait ma famille le soir. »… Compris ? C’est-à-dire ce que vous faites vous et vos parents quand vous rentrez du collège et du travail. Les amis qui viennent. De quoi ils parlent. Leurs commentaires lorsqu’ils regardent la télé. Tout ce qui vous passe librement par la tête en toute liberté. D’accord ? Un, deux, trois, on commence ! » Les enfants s’enfoncèrent le crayon dans la bouche et commencèrent à fixer le plafond pour voir si, par un trou, le petit oiseau de l’inspiration venait se poser sur eux. Pedro suça et resuça son crayon, mais il n’en tira pas un seul mot. Il se gratta le nez et colla sous la table ce qu’il en avait extrait par hasard. Leiva, son camarade de banc, se rongeait les ongles un à un. Le capitaine s’approcha dans l’allée et Pedro put voir, à quelques centimètres, la dure boucle dorée de son ceinturon. « Et vous, vous ne travaillez pas ? - Si, monsieur », répondit Leiva, et à toute vitesse il fronça les sourcils, pointa la langue entre les dents et traça un grand « A » pour commencer la rédaction. Quand le capitaine regagna le tableau et s’installa pour bavarder tout doucement avec la maîtresse, Pedro lorgna vers la feuille de Leiva : « Qu’est-ce que tu vas mettre ? - N’importe quoi. Et toi ? - Je n’en sais rien. - Qu’est-ce qu’ils ont fait tes parents hier ? - Comme d’habitude. Ils sont arrivés, ils ont mangé, ils ont écouté la radio et ils se sont couchés. - Ma maman aussi. - La mienne s’est mise à pleurer d’un seul coup. - Les femmes, ça pleure tout le temps. T’as remarqué ? - Moi j’essaie de ne jamais pleurer. Il y a presque un an que je n’ai pas pleuré. - Et si je te casse la gueule ? - Pour quoi faire, puisque tu es mon copain ? - Ça, c’est vrai. » 6 175 180 185 190 195 200 205 210 215 Pedro mouilla la mine de son crayon avec un peu de salive, soupira profondément et écrivit d’un seul jet le texte suivant : Quand mon papa revient du travail, je vais l’attendre au bus. Parfois ma maman est à la maison et quand mon papa arrive, elle lui dit salut mon petit, comment ça a marché aujourd’hui ? Bien, lui dit mon papa, et toi comment ça a marché ? On fait pour le mieux, lui dit maman. Ensuite, je sors jouer au football et j’aime jouer à marquer des buts de la tête. Daniel aime jouer goal et moi je le rends dingue parce qu’il ne peut pas bloquer quand je shoote. Ensuite, ma mère vient et elle me dit viens manger Pedro, et moi je mange de tout sauf les haricots, car je ne peux pas les avaler. Ensuite, mon papa et ma maman s’asseyent sur le canapé du living et ils jouent aux échecs, et moi je fais mes devoirs. Plus tard, nous allons tous au lit et moi je m’amuse à leur faire des chatouilles aux pieds. Et après, après, après, je peux rien raconter car je m’endors. Une semaine passa, pendant laquelle un arbre s’écroula de vieillesse dans le quartier, un gamin eut sa bicyclette volée, l’éboueur resta cinq jours sans passer et les mouches se cognaient dans les yeux des gens et leur rentraient même dans le nez. Gustavo Martinez, de la maison d’en face, se maria et l’on distribua des parts de tarte comme ça aux voisins, la jeep revint et on emmena le professeur Manuel Pedraza, le curé ne voulut pas dire la messe du dimanche, le Colo Colo gagna un match international par une avalanche de buts, en travers du mur blanc de l’école apparut une inscription en rouge : « Résistance ». Daniel se remit à jouer au foot, le prix des glaces augmenta et, quand Mathilde Schepp eut huit ans, elle demanda à Pedro de l’embrasser sur la bouche : « T’es pas un peu dingue », lui dit ce dernier. Après cette semaine-là, une autre passa et, un jour, le militaire revint dans la classe avec les bras chargés de papiers, un paquet de bonbons et un calendrier avec la photo d’un général. « Chers petits amis, dit-il à la classe. Vous avez tous fait de très jolies rédactions, qui nous ont beaucoup amusés, nous, les militaires, et, au nom de mes collègues et du général Pinochet, je dois vous féliciter très sincèrement . Ce n’est pas votre classe mais certainement une autre qui a gagné la médaille. Mais, pour vous récompenser de vos sympathiques efforts, je vais vous remettre à chacun un bonbon, la rédaction notée et ce calendrier avec la photo du héros. » Pedro mangea le bonbon dans le bus qui le ramenait chez lui. Il attendit au coin de la rue le retour de son père et, plus tard, il posa la rédaction sur la table du dîner. En bas, le capitaine avait écrit à l’encre verte : « Bravo ! Je te félicite ! » Avalant les cuillerées de soupe d’une main et, de l’autre, se grattant le nombril, Pedro attendit que son père eût fini de la lire. L’homme passa la rédaction à la mère et la regarda sans rien dire. Il attaqua son assiette jusqu’à ce qu’il l’eût nettoyée du dernier vermicelle, mais sans quitter sa femme des yeux. Alors, elle leva le regard de la feuille et sur son visage apparut un sourire rayonnant comme un fruit. Sourire qui se communiqua immédiatement au père : « Bon, dit-il. Il va falloir acheter un échiquier. » Antonio SKARMETA, traduit de l’espagnol par Claude Fell 7 Questionnaire /30 1) Le récit que tu viens de lire te paraît-il vraisemblable ? Justifie ta réponse. ...................................................................................................................................... /2 ...................................................................................................................................... 2) Cite deux éléments qui te permettent de classer ce récit dans la catégorie des romans réalistes : ................................................................................................................................ /3 ................................................................................................................................ 3) Qu’a compris Pedro après l’arrestation du père de Daniel ? Souligne deux bonnes réponses. a. Le père de Daniel va devenir très important et passera à la télévision. b. Pedro ne jouera plus au football avec son ami. c. Son père peut subir le même sort que celui de Daniel. /2 d. La radio a une importance capitale pour ses parents et leurs amis. e. Les bonbons seront gratuits. f. Ses parents et le père de Daniel ont les mêmes opinions. 4) Malgré les événements dramatiques, Pedro reste néanmoins un enfant. Montre-le par une de ses remarques. Réponds par une phrase complète et correcte. .................................................................................................................................. …………………………………………………………………………………………………………………………….. /2 5) Le passage 185-195 nous montre que (souligne les deux bonnes réponses) : Malgré la situation dramatique que vit le pays, la vie continue. Les gens ne s’inquiètent pas pour leur avenir. Il y a beaucoup de violence dans le quartier. Les arrestations arbitraires font partie du quotidien des gens. 6) Qu’espère le capitaine Romo en demandant un travail de rédaction à la classe de Pedro ? Réponds par une ou plusieurs phrases correctement /2 construites. 8 ...................................................................................................................................... ...................................................................................................................................... ...................................................................................................................................... 7) Le capitaine Romo aurait-il pu agir de la même façon si Pedro et ses /5 camarades avaient eu ton âge. Justifie ta réponse. ................................................................................................................................ .................................................................................................................................. 8) Les parents de Pedro arborent un « sourire rayonnant » lorsqu’ils ont connaissance de la rédaction de leur fils et ils décident d’acheter un échiquier. Pourquoi ? Développe les deux éléments de ta réponse. /4 ...................................................................................................................................... ...................................................................................................................................... ...................................................................................................................................... …………………………………………………………………………………………………………………………………… 9) Cite deux éléments du récit qui te laissent penser que le régime du général Pinochet est bien une dictature. /7 .................................................................................................................................. .................................................................................................................................. /3 9 Textes informatifs/persuasifs Prends connaissance des textes suivants. Ils sont extraits de Visages du Monde 2002, une publication d’Amnesty International soutenue par la cellule « Démocratie ou Barbarie » et la Communauté française. Document 1 Philippines : une femme de 22 ans, responsable d’une ONG et d’un journal étudiant, abattue par des soldats à bout portant, en compagnie de trois habitants. Benjaline Hernandez et deux de ses amis ont été abattus à bout portant par des membres des forces armées des Philippines et de la milice, alors qu’ils étaient, d’après des témoins, allongés sur le sol, implorant pour leur vie. Un troisième homme, qui cherchait à s’enfuir, a été également tué. Un cliché montre la victime les bras levés, comme pour se protéger. Benjaline Hernandez et ses trois amis ont été abattus dans un village de la vallée d’Arakan alors qu’elle enquêtait sur les effets du processus de paix au niveau local ainsi que sur les rumeurs faisant état d’homicides de civils. Benjaline Hernandez, 22 ans, était secrétaire générale adjointe du bureau de l’organisation de défense des droits humains Karapatan. Elle était également rédactrice en chef d’un journal étudiant. Document 2 Allemagne : mort d’un détenu après des tortures en garde à vue MAI 2002 Stephan Neisius serait mort après avoir été très violemment frappé par plusieurs policiers du premier service d’inspection de Cologne, le 11 mai 2002. Il avait été emmené au poste de police du quartier d’Eigelstein après une dispute avec sa mère. Le même jour, il a été ensuite admis à l’hôpital, où il a sombré dans un coma profond dont il n’est jamais ressorti. Il est mort au matin du 24 mai, après avoir été maintenu en vie par une machine durant treize jours. Deux agents du poste d'Eigelstein ont informé leur hiérarchie qu'ils avaient été témoins du passage à tabac de Stephan Neisius par plusieurs de leurs collègues. Ils ont affirmé avoir vu cinq ou six d’entre eux l'entourer et le frapper à coups de pied, à de nombreuses reprises, à la tête ainsi qu’aux bras, aux jambes et sur le reste du corps tandis qu'il gisait sur le sol, menotté. Soupçonnés de violences physiques sur la personne de Stephan Nesius, six policiers ont été mis à pied peu de temps après que le scandale eut éclaté. Une commission spéciale d'enquête placée sous l'autorité du bureau du procureur de Cologne a été chargée d'établir les circonstances de la mort. 10 Document 3 Un professeur mis en prison pour avoir critiqué le gouvernement Taye Wolde-Semayat est le président du plus important syndicat d’enseignants d’Ethiopie. Il a été arrêté le 29 mai 1999 et condamné le 10 juin 1999 à 15 ans de prison, après avoir critiqué la politique d’éducation du gouvernement. Taye a été accusé et condamné pour « conspiration armée » sur les dires de témoins qui se sont par la suite rétractés, affirmant que leurs déclarations avaient été extorquées sous la torture. Pendant près de deux ans, Taye a été forcé de garder les menottes. En 1998, il a reçu le Prix des droits de l’homme de l’Internationale de l’Education. Bonne nouvelle : Taye Wolde-Semayat a été libéré de prison le 14 mai 2002. Il avait déjà passé six ans en prison. Il a remercié Amnesty International et les syndicats internationaux d’enseignants pour leurs efforts en faveur de sa libération. Document 4 Egypte : un garçon de 14 ans victime de torture « Je n’avais jamais été battu auparavant et je n’avais rien connu de semblable. C’était la première fois que je subissais ce genre de chose. Je souffrais énormément et je les suppliais de ne plus me torturer mais ils étaient décidés à m’arracher des aveux. » Le 26 mars 2000, Ahmad Mahmud Mohammad Hamed, 14 ans, et son frère Mustafa, âgé de 26 ans, ont été arrêtés chez eux, à 21 heures environ par des policiers. Après avoir subi un bref interrogatoire, ils auraient été conduits dans une chambre froide désignée sous le nom de « al-Tallaga » (le réfrigérateur), où ils auraient été laissés pendant environ une demi-heure. De là, Ahmad aurait été emmené pour être interrogé. Ahmad a déclaré à un délégué d’Amnesty qu’on lui a bandé les yeux, attaché les jambes et les bras et qu’on l’a suspendu par les genoux à une barre horizontale. Dans cette position, il a reçu des coups de fouet et des décharges électriques pendant 30 minutes environ jusqu’à ce qu’il perde conscience. On a forcé Ahmad à signer des aveux concernant plusieurs cas de vol. Il a été condamné à six mois de prison et libéré le 28 septembre 2000. 11 Questionnaire /30 Veille à répondre en rédigeant des phrases correctes et complètes. /2 1. Quel est le point commun entre les situations vécues par ces personnes ? ...................................................................................................................................................... ...................................................................................................................................................... 2. A l’aide des informations données dans les textes, complète le tableau ci-dessous. Lorsque tu ne peux pas répondre, mets un point d’interrogation ( ?) dans la case correspondante. Nom de la victime Âge Pays Date Fait(s) reproché(s) à la (année) victime /5 Dénouement Benjaline Hernandez Stephan Neisius Taye WoldeSemayat Ahmad Mahmud Mohammad Hamed 3. Info ou intox ? 1. D’où proviennent ces informations ? Sois précis dans ta réponse. /2 ............................................................................................................................................................. 2. Ces informations sont-elles crédibles ? (Peux-tu les croire ?) Justifie ta réponse. ............................................................................................................................................................. ............................................................................................................................................................. 4.« Stéphan Nesius serait mort après avoir été… » « Après avoir subi un bref interrogatoire, ils auraient été conduits dans une chambre froide, où ils auraient été laissés pendant environ une demi-heure. De là, Ahmad aurait été emmené pour être interrogé. » 12 /3 /2 Qu’expriment les passages soulignés ? Entoure la (les) bonne(s) réponse(s). a. b. c. d. e. L’auteur est certain des faits qu’il avance. Les faits ne se sont pas passés. Il s’agit d’une fiction. L’auteur prend du recul par rapport aux informations recueillies. L’auteur n’est pas certain des évènements relatés. 5. Quelle est l’intention dominante de ces textes ? Coche la réponse que tu juges correcte et justifie-la. T’informer sur le non-respect des droits de l’homme dans divers pays. Te distraire. Te donner envie de te rendre en vacances dans ces pays. T’inciter à te mobiliser pour une cause. Te faire prendre conscience de la chance que tu as de vivre dans un état démocratique. /4 ...................................................................................................................................................... ...................................................................................................................................................... 6. Vrai ou faux ? Justifie chaque fois ta réponse. /6 a. Les faits se déroulent dans des pays en guerre. ............................................................................................................................................................. b. Les droits de l’homme sont respectés dans le monde. ............................................................................................................................................................. c. Les actions d’Amnesty International ont un impact sur l’évolution des situations. ............................................................................................................................................................ d. Ces faits de violence ne se passent plus de nos jours. ............................................................................................................................................................. e. Les droits de l’homme sont toujours respectés dans les pays démocratiques. ............................................................................................................................................................. f. Nous pouvons tous un jour être confrontés à une telle situation. ............................................................................................................................................................. 13 7. Voici quelques extraits de la Déclaration des droits de l’homme. Choisis en deux qui ne sont manifestement pas respectés dans les témoignages que tu as pu lire et explique ton choix sous le texte. Article 2 Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique. Article 3 Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Article 4 Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. Article 5 Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Article 9 Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé. Article 16 Le mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux. Article 19 Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions. Article 23 Toute personne a droit au travail, à un salaire égal pour un travail égal. Article 24 Toute personne a droit au repos et aux loisirs. Article 26 Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. ....................................................................................................................................... ....................................................................................................................................... ....................................................................................................................................... 14 /6 Expression écrite Russie : disparition d’un jeune Tchétchène de 17 ans. Adam Aboubakarov, un Tchétchène de dix-sept ans n’a plus de contact avec sa famille depuis son arrestation en février 2000. Il a été appréhendé à un poste de contrôle de l’armée russe dans la ville d’Urus-Martan parce qu’on le soupçonnait d’être un combattant tchétchène. Amnesty International craint qu’il n’ait « disparu ». Ses parents ont été informés par des sources non officielles qu’il avait été détenu dans des « camps de filtration » où la torture et les mauvais traitements sont monnaie courante. En septembre 2000, le père d’Adam a, semble-t-il, été informé que son fils se trouvait dans une prison de Rostov-sur-leDon. Les autorités ont nié qu’une personne de ce nom avait été arrêtée et l’affaire ne fait l’objet d’aucune enquête. De nombreux Tchétchènes, enfants et adultes, qui sont arrêtés par les troupes russes sont détenus dans des lieux secrets et sont toujours susceptibles d’être victimes d’actes de torture ou de mauvais traitements. Dans le cadre d’Amnesty International, rédige une lettre au président tchétchène pour lui dire que tu t’inquiètes du sort d’Adam Aboubakarov. Ton texte se présentera sous la forme de quatre paragraphes bien distincts : §1 : Tu exposes le problème d’Adam en résumant sa situation. §2 : Tu exprimes tes sentiments par rapport à ce qu’il aurait vécu. §3 : Tu formules une demande personnelle argumentée pour qu’Adam soit retrouvé et libéré. §4 : Tu conclus de manière positive afin que ta lettre ne soit pas inutile. (N’oublie pas la formule de politesse.) 15 Grille de correction Critères I. Respect de l’intention (persuader) Le problème est clairement exposé. Tu t’impliques dans la lettre. Ta demande est argumentée. II. Respect du genre (lettre) La présentation de la lettre est respectée. Le niveau de langage est bien approprié à la situation de communication. Il y a une formule finale adéquate. III. Cohérence textuelle Les paragraphes sont judicieux. L’ emploi des temps est correct. Les anaphores sont utilisés à bon escient. Le texte est bien « connecté ». Barème 0-1-2-3 0-3 0-1-2-3 0-1 0-2 0-2 0-1 0-2 0-1 0-1 IV. Correction linguistique Orthographe Syntaxe : Constructions des phrases Ponctuation /2 0-1 Total /25 /3 16 Connaissance de la langue 1) Les mots liens /5 Complète le texte suivant par les mots liens adéquats. Tu choisiras dans la liste proposée sous le texte. Chaque mot ne peut être utilisé qu’une fois.(Travaille d’abord au crayon ou au brouillon.) Pinochet face à la justice. Président du Chili de 1973 à 1990, le général Augusto Pinochet est soupçonné d’avoir joué un rôle actif dans l’opération Condor. Celle-ci fut menée dans plusieurs dictatures d’Amérique du Sud pour éliminer physiquement des opposants de gauche. Bilan : plus de 3000 morts, 40000 torturés et 200000 exilés. (1) (2), Pinochet, âgé de 89 ans, n’a pu être jugé. (3) (4) il fut longtemps protégé par son statut d’ancien président du Chili, (5) parce que ses avocats clamaient qu’il était devenu trop sénile pour pouvoir se défendre lors d’un procès… Pinochet fut (6) capable d’assurer une interview sur une télévision américaine en novembre 2003 ! La Cour suprême du Chili a (7) déclaré que le vieux dictateur était (8) suffisamment sain d’esprit. (9), en ce début d’année 2005, elle vient de décider de son arrestation. Le juge Guzman peut (10) lancer son enquête pour déterminer les responsabilités de Pinochet dans l’opération Condor. Swarado, Le Soir, 2005 Mots proposés : finalement – et – parce qu’ (e) – mais – à présent – jusqu’ici – d’abord – puis – donc – pourtant (1) (6) (2) (7) (3) (8) (4) (9) (5) (10) 17 2) Les accords et l’orthographe de certains mots /5 Remplace les chiffres par les mots proposés à gauche du texte. N’oublie pas de faire les accords attendus par le texte. N’oublie pas non plus de conjuguer les verbes à l’infinitif aux modes et temps corrects. Chili : un peu de géographie… (1) (2) (3) privilégié parcourir frais (4) inséré (5) pronom relatif (6) réputer (7) adverbe formé à partir de complet (8) (9) (10) fertile ouvrir concentrer LA MER ET LA COTE Vu la configuration du Chili, la mer fut de tout temps une voie de communication(1). Elle est poissonneuse, riche en crustacés et en algues . Le courant de Humboldt qui la (2)à cet endroit la laisse (3) toute l’année et tempère la zone nord et centrale du Chili. De la baie d’Arica jusqu'à celle de Reloncavi, sur 2 500 km, le littoral est pratiquement rectiligne et bordé, dans le nord, de falaises élevées. Il offre peu de ports naturels. LA PLAINE CENTRALE (4) entre les deux cordillères se trouve une dépression qui prend des aspects différents selon la latitude. Au nord, d’Arica à Copiapo, c’est un haut plateau désertique (5) le sous-sol est riche en minéraux variés. Le désert d’Atacama, qui en forme la plus grande partie, est (6)être le plus absolu du monde. Il offre au regard un paysage lunaire, (7) minéral . De Copiapo à Santiago, la plaine centrale est fractionnée par des vallées transversales très (8) coupant le réseau très serré des montagnes arides, brûlées par le soleil. Au sud de l’Aconcagua s’ (9) enfin la vallée centrale, Santiago et Puerto Montt en étant ses deux extrémités. C’est là que se (10) la population et l’activité agricole. (1) (6) (2) (7) (3) (8) (4) (9) (5) (10) 18 3) La concordance des temps /5 En te servant du contexte, conjugue les verbes à l’infinitif aux modes et temps qui conviennent. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) pouvoir commencer bavarder demander supposer arriver réaliser venir souvenir parler « Lorsque j’étais en prison, la façon de me traiter (1) varier de bonne à mauvaise, selon les cas. Au début, je ne pouvais comprendre les raisons de ces différences, mais, plus tard, je me rendis compte que les pressions exercées par la communauté internationale et divers gouvernements avaient un rôle important. Cependant, parfois, la situation pouvait s’améliorer soudainement sans raison apparente. Durant l’une de ces périodes, un garde (2) une conversation. Nous (3) agréablement un moment, puis je lui (4) très nonchalamment : « Je (5) qu’il y a moins de lettres qui (6) pour moi ces derniers temps ? ». Le garde me regarda et me dit : « Moins de lettres ? Mon vieux Wei, vous recevez une masse de lettres ! ». En finissant de dire ces mots, il (7) ce qu’il (8) de me dire. Je me (9) alors en quels termes mon amie Marie m’ (10) en 1979 d’Amnesty International… » Propos de Wei Jingsheng, libéré en 1997 après plus de 17 années passées en prison. (1) (6) (2) (7) (3) (8) (4) (9) (5) (10) 19 Guide de correction Les réponses proposées dans ce guide ne prétendent pas être les seules correctes ! Le récit de fiction /30 : 1) Oui, parce que cela pourrait se passer dans la réalité ou parce que j’ai vu des actes de ce genre à la télévision, dans un journal… 2) Les éléments peuvent porter sur les personnages et leur histoire (personnage ordinaires à qui il arrive une histoire ordinaire dans cet endroit), leurs besoins sont ordinaires (besoin de liberté, besoin de jouer…), ou encore sur le cadre qui est familier. 3) Choisir les réponses c et f. On peut accepter la d. Toute mauvaise réponse entraîne le retrait d’un point. 4) Pedro espère avoir les bonbons gratuitement ou Pedro pense que le père de son copain va passer à la télévision. 5) Choisir les réponses 1 et 4. Toute mauvaise réponse entraîne le retrait d’un point. 6) Le capitaine Romo espère savoir ce qui se passe dans les foyers ou le capitaine Romo espère trouver les opposants au régime ou espère connaître les gens qui écoutent la radio en cachette… 7) Non, je me serais rendu compte qu’il voulait me manipuler ou non, je ne suis pas assez naïf pour dénoncer mes parents… 8) Les parents sourient parce qu’ils sont soulagés de connaître le contenu de la rédaction de leur fils et de voir qu’il les a protégés. Ils ont échappé à l’arrestation, ils sont fiers de leur fils. Ils vont acheter un échiquier car ils ont peur qu’on ne vienne vérifier ou parce qu’ils trouvent que c’est un bon alibi ou parce qu’ils craignent pour leur sécurité… 9) Les gens écoutent la radio clandestine, les militaires sont présents partout, même en classe (!), les militaires procèdent à des arrestations arbitraires, les gens sont obligés de cacher ce qu’ils font… 20 Les textes infos/persuasifs 1. Toutes ces personnes ont été victimes de violences de la part des autorités du pays (policières, militaires…). 2. Tableau : Victime Age Pays Benjaline Hernandez 22 Année Faits reprochés Dénouement Philippines ? Stephan ? Neisius Taye Wolde- ? Semayat Allemagne 2002 Ethiopie 1999 Ahmad Hamed Egypte 2000 14 Son enquête ou son appartenance (ONG, journal, droits hommes..) Dispute avec sa mère Président du syndicat ou conspiration ou critique du régime vol Abattue morte ou Mort après tabassage Condamné puis libéré Condamné puis libéré Le tableau correctement rempli vaut 4 points. Chaque réponse manquante ou fausse entraîne le retrait d’un demi point. 3. a. d’une publication d’Amnesty International. b. Oui car c’est un organisme reconnu ou toute réponse faisant appel aux connaissances des élèves. 4. réponses d et e (-1 pour une réponse fausse) 5. L’élève peut choisir la réponse 1 ou 4 (1pt). La justification vaut 3 points. 6. a. Faux, il n’y a pas la guerre en Allemagne. b. Faux, les documents le prouvent. c. Vrai, Semayat a été libéré. d. Faux, les faits racontés se passent de nos jours. e. Faux, l’histoire de Stephan se passe en Allemagne. f. Vrai, on pourrait tous être arrêtés un jour pour un accident, une dispute … Les points sont acquis s’il y a une justification. 7. L’élève peut choisir les articles 2, 3, 5, 9 ou 19. Les points sont acquis s’il y a une justification cohérente. 21 Connaissance de la langue (on ne tient pas compte des majuscules éventuelles) 1) Les mots liens (1) mais (6) pourtant (2) jusqu’ici (7) donc / finalement (3) d’abord (8) finalement / donc (4) parce qu’ (9) et (5) puis (10) à présent 2) Les accords (1) privilégiée (6) réputé (2) parcourt (7) complètement (3) fraîche ou fraiche (8) fertiles (4) insérée (9) s’ouvre (5) dont (10) concentrent 3) La concordance des temps (1) pouvait (6) arrivent (2) commença (7) réalisa (3) bavardâmes (8) venait (4) demandai (9) souvins (5) suppose (10) avait parlé 22 23 NOM (facultatif) Récit de fiction /30 Textes info/pers /30 Ecriture /25 Conn. langue résumé /15 Total /100 Examen de Noël /30 Points des périodes /… Total : Moyenne (en %) pour chaque colonne : 24 25