Programme de la LCR - Candidat : Olivier Besancenot

Transcription

Programme de la LCR - Candidat : Olivier Besancenot
Programme de la LCR ­ Candidat : Olivier Besancenot
Introduction Au printemps dernier, le mouvement massif de la jeunesse pour le retrait du CPE a marqué une nouvelle crise sociale et politique en France. Après la victoire du référendum, le 29 mai 2005, et la révolte des banlieues à l’automne 2005, ce mouvement a montré une nouvelle fois que la politique menée par M. Galouzeau de Villepin est illégitime et qu’il est désavoué. Comme seule réponse à ces désaveux, le gouvernement s’est entêté et a voulu passer en force pour imposer un véritable permis de licencier pour les moins de 26 ans. La mobilisation l’a mis en échec. Les effets des politiques menées par les gouvernements de gauche comme de droite sont désastreux pour un très grand nombre d’entre nous : précarité, chômage de masse, pauvreté, démantèlement des services publics, crise du logement…
C’est cette politique que nous combattons depuis de nombreuses années.
Le succès du 29 mai et de la mobilisation exceptionnelle contre le CPE nous montrent qu’unis nous pouvons être assez forts pour faire reculer le gouvernement. Mais pour mettre un véritable coup d’arrêt à ces attaques libérales, il ne suffit pas d’organiser des journées d’actions nationales ou même d’obtenir des succès partiels. Nous devons construire un mouvement d’ensemble capable d’affronter directement le patronat et de remettre en cause l’ensemble des politiques libérales. Ce mouvement d’ensemble ne pourra aboutir que s’il se fonde sur des exigences précises et radicales, faisant écho aux luttes sociales. Nous devons, pour cela, tracer la voie d’une rupture, d’une autre politique fondée sur la satisfaction de nos besoins sociaux fondamentaux.
Cette voie n’est évidemment pas celle prise par la droite, ni celle des gouvernements de gauche qui se sont succédés en France et en Europe et ce n’est pas celle proposée aujourd’hui par la direction du parti socialiste et ses différents candidats à la présidentielle de 2007. L’emploi, le pouvoir d’achat, le logement, les services publics, les mesures frappant la jeunesse sont des questions brûlantes pour lesquelles nous avançons des propositions. Celles­ci s’inscrivent dans une politique globale qui doit assurer le droit à la santé, à la retraite, à un environnement qui respecte notre cadre de vie, une réelle égalité des droits des femmes et les populations issues de l’immigration.
Sur l’ensemble des ces questions, nous avançons des revendications, des propositions sous forme d’un plan d’urgence pour répondre aux besoins immédiats. Ces mesures nécessitent de changer le rapport de force pour aller chercher l’argent où il se trouve : dans les poches des patrons et des actionnaires !
C’est autour de telles exigences que devraient pouvoir se réunir dans une même force politique toutes et tous les militants qui se battent chaque jour dans les entreprises, les quartiers, les syndicats et les associations pour transformer la société, résister à l’injustice. Cette force anticapitaliste permettrait enfin de disposer d’un outil politique fidèle aux intérêts des salariés et de la jeunesse.
Remettre en cause les règles du capitalisme, le pouvoir de la bourgeoisie à contrôler le monde est la condition essentielle pour imposer une politique réellement à gauche et répondant aux aspirations du plus grand nombre.
Ce qui fait le quotidien de chacun de nous sont des choses simples : Nos conditions de logement, de travail lorsque nous en avons un, de transport ; Ce que notre salaire nous permet de nous procurer comme nourriture, comme biens et services indispensables ; Notre santé, celle de nos proches et les moyens de la préserver ou de la recouvrer par l’accès à des services de soin ; La scolarité, si nous avons des enfants en âge de l’être ; La sécurité de nos conditions de vie, le respect par l’Etat, les institutions et ceux qui nous entourent de notre dignité et de nos droits, quel que soit notre sexe, notre origine, notre orientation sexuelle et nos choix de vie. Enfin notre place dans la société, le droit que nous avons de nous exprimer, de ne pas nous voir imposer, souvent en notre nom, des choix contraires à notre volonté, dans l’entreprise, le quartier, la ville ou le pays. Le temps, le temps dont nous voulons disposer pour nous épanouir, pour que la vie ne soit pas que la succession répétitive d’une litanie cruellement résumée il y a déjà longtemps « transport, boulot, dodo ».
Dans chacun de ces domaines, on pourrait penser que nous vivons dans une société à même de nous apporter bien être et sécurité.
Force est de constater que c’est l’inverse. La situation s’aggrave pour l’immense majorité d’entre nous, non pas par fatalité, mais par une suite de choix économiques, sociaux, politiques qui méprisent nos besoins pour correspondre aux intérêts d’une minorité…
Comment changer ? Droit de décider et de contrôler
La démocratie est bafouée tous les jours. L’immense majorité de la population n’a aucun pouvoir de décision dans tout ce qui concerne sa vie quotidienne, les grands choix économiques et sociaux. Les gouvernements peuvent démanteler les services publics, la protection sociale sans que la population soit consultée sur ces choix fondamentaux. Il en est de même pour les interventions militaires françaises, en Afrique notamment, ou le choix du tout nucléaire imposé sans débat depuis 40 ans. Des millions de grévistes et de manifestants contre la réforme des retraites n’ont pas empêché Raffarin de répéter : « ce n’est pas la rue qui gouverne. » Mais lorsque les urnes prennent une claire position, comme lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen, il n’est plus question de tenir compte de la décision majoritaire et de répercuter le choix populaire.
Il n’y aura pas de réelle démocratie politique tant que les capitalistes et les banquiers continueront à détenir le réel pouvoir économique et social, dans les entreprises – en soumettant tous les jours les salariés à la dictature patronale­, mais aussi dans toutes les grandes décisions concernant la société. La démocratie impose la remise en cause de la détention des leviers de commandes par une petite minorité, minorité à laquelle se soumettent les gouvernements et les grandes institutions. Mais nous pouvons nous battre dès aujourd’hui pour remettre en cause des institutions antidémocratiques qui accentuent encore plus cette coupure entre les aspirations du plus grand nombre et les choix des gouvernants. La lutte du CPE nous a montré que la démocratie pouvait s’imposer par la lutte et la grève.
Nous pouvons aussi nous battre pied à pied contre les institutions antidémocratiques de la Ve République :
En exigeant la proportionnelle intégrale pour les élections municipales, régionales, législatives, de même que la parité, le non­cumul et la limitation du nombre de mandats
La suppression du Sénat et de la fonction monarchique de président de la République.
Toute une série de choix démocratiques se heurtent à la réalité d’un système de classe dans lequel, de fait, les capitalistes possèdent un pouvoir largement supérieur à celui d’une assemblée élue.
La démocratie sociale dans l’entreprise implique une remise en cause du pouvoir patronal. Celle­ci ne peut se produire sans que la mobilisation populaire ne s’attaque à l’ordre existant, sans incursion dans la propriété privée des moyens de production, sinon cette démocratie reste virtuelle et sans aucune prise sur la réalité.
C’est donc bien seul un processus de mobilisation populaire qui pourrait aujourd’hui déboucher sur une Constituante, remettre en cause l’ordre économique, social et politique existant et redéfinir une nouvelle architecture.
Cette voie est à prendre en France, mais aussi au niveau de l’Union européenne qui reproduit, en les aggravant, tous les travers des institutions nationales.
En finir avec une France impérialiste et militariste
Avec une dette déjà remboursée plusieurs fois, la France, comme les autres pays occidentaux, fait crouler des millions de personnes sous la pauvreté.
Les salariés de ce pays, l’immense majorité de la population n’a aucun intérêt au maintien de cette situation qui ne sert qu’à enrichir les banques et les marchés financiers, permet d’imposer des plans d’ajustement structurels prônés par le FMI.
Abolition de la dette.
Nous devons aussi rompre avec la politique africaine de la France, sinistrement symbolisée par la complicité dans le génocide au Rwanda, qui sert les intérêts des grands groupes : Total, Bolloré, Bouygues, Vivendi,…
Retrait des 10 000 soldats français stationnés en Afrique
Indépendance monétaire des pays africains vis à vis de l’euro.
La France maintient des rapports de domination et d’exploitation avec ses dernières colonies. Les peuples de DOM et des TOM doivent avoir leur propre pouvoir de décision.
En Kanaky et à la Réunion, aux Antilles, en Guyane, et plus près de nous en Corse, les populations doivent obtenir le droit à s’autodéterminer, choisir librement leur statut et leur régime politique.
La course aux armements fait peser sur l’humanité le risque de sa propre destruction, pour le seul bénéfice de l’industrie d’armement et de ceux qu’elle enrichit et corrompt.
Suppression immédiate des armes de destruction massive, nucléaire, chimique ou biologique
Réduction drastique du budget militaire
Sortie du pacte militaire impérialiste de l’OTAN
Où prendre l’argent pour toutes ces mesures
? Le patronat et le gouvernement voudraient nous faire croire qu’il est normal que la vie soit plus difficile, l’emploi plus rare, les systèmes de protection sociale moins avantageux… à cause de la faible croissance, de la mondialisation.
Ils se moquent de nous, les richesses produites ne cessent de croître, mais elles sont de plus en plus accaparées par les capitalistes. De 1980 à 1995, la répartition des richesses produites (le Produit intérieur brut, correspondant à toutes les valeurs ajoutées produites par les entreprises) s’est largement détériorée au détriment des salariés : 10 % de moins pour les salariés, 10% de plus pour le capital. Ce transfert n’a pas accru les investissements, mais renforcé les profits financiers. 10 % cela représente 160 milliards d’euros par an.
Prendre sur les profits pour augmenter les salaires et les moyens pour la protection sociale
Chaque année le budget de l’Etat supporte 40 milliards de remboursement de la dette publique au profit de ceux qui ont souscrit des obligations, parmi lesquels évidemment les plus riches clients des principales banques, ceux­là mêmes qui profitent des allégements de l’impôt sur la fortune, les sociétés et le revenu.
Annuler le remboursement de la dette publique
De cadeaux aux détenteurs de capitaux en largesses pour les plus riches, les politiques fiscales des gouvernements successifs ont abouti à des inégalités fantastiques.
Taxer les richesses
­ Etablissement d’une très forte progressivité de l’impôt sur le revenu
­ Suppression des exonérations qui ne profitent qu’aux revenus les plus hauts
­ Taxation lourde du capital et de ses revenus : 1 % de la population détient 20 % du patrimoine national ­ Suppression des impôts indirects, comme la TVA, qui constituent plus de la moitié des recettes fiscales et sont les plus injustes socialement car leur taux est le même pour tous, quel que soit le revenu.
On peut avoir une idée des richesses accumulées par quelques privilégiés quand on voit que, alors que, la croissance n’a été que de 1.6 % en 2005, les bénéfices des sociétés cotées au CAC 40 ont augmenté de 27 %. Ces richesses volées aux salariés, on en trouve aussi la trace dans les « golden parachutes », ces primes de départs indécentes dont bénéficient les patrons des grands groupes, représentant plusieurs années de Smic !
Il faut faire d’autres choix sociaux, réquisitionner les richesses au profit du plus grand nombre en récupérant ces milliards accaparés par les patrons.
Comment imposer ces mesures
? La vraie question n’est pas de savoir si l’argent existe pour satisfaire les besoins sociaux, c’est le cas à l’évidence. La vraie question est de savoir comment imposer de tels choix sociaux qui remettent en cause le pouvoir patronal, la propriété privée des moyens de production.
N’ayons aucune illusion. Nous l’avons vu ces dernières années, le Medef hurle dès qu’il n’a pas tout ce qu’il veut et les gouvernants, même de gauche, disent ne rien pouvoir faire contre les actionnaires, au nom de la liberté d’entreprendre, de la liberté du marché. Dominique Strauss Kahn, comme Ségolène Royal n’entendent pas remettre en cause le pouvoir et les privilèges patronaux.
Des mesures favorables aux salariés, la remise en cause du capitalisme, la rupture avec les exigences patronales ne pourront être le fait que de la mobilisation populaire, du rapport de force imposé par les travailleurs. On le voit bien en Europe, aujourd’hui. Tous les gouvernements libéraux sont régulièrement désavoués lors des élections générales, mais les gouvernements de droite et de gauche qui se succèdent continuent les mêmes politiques. Les salariés, hommes, femmes, jeunes et anciens attendent d’autres choix sociaux. Nous n’imposerons de telles solutions politiques qu’en changeant le rapport de force à gauche, qu’en créant une force anticapitaliste qui s’impose face aux forces résignées à la gestion du système.
C’est le but que poursuit la LCR, en s’adressant à ceux et celles avec qui nous menons tous les combats sociaux, qui se sont engagés, notamment ces derniers mois, dans la bataille contre le Traité constitutionnel, celle contre le CPE et la précarité. Assez de reculs et de défaites, assez de compromissions et de reniements. Notre mobilisation et notre détermination peuvent imposer des mesures d’urgence qui changent notre vie et nous débarrassent de la dictature capitaliste.
Un vrai emploi, un vrai salaire La baisse du chômage dont se prévaut le gouvernement est un tour de passe­passe statistique puisque les chiffres officiels du chômage diminuent alors que le nombre de salariés disposant d’un emploi n’augmente pas. Le chômage reste un chômage de masse qui touche encore près de 3 millions de personnes.
Droit à un emploi stable
Même si le CDI stable (hors CNE !) reste encore largement prédominant, tous les processus à l’œuvre concourent à renforcer la précarité et le maintien d’un chômage de haut niveau. Les emplois sont clairement devenus des variables d’ajustement pour les profits et aucun gouvernement récent ne s’est réellement opposé au droit régalien de l’employeur de licenciement.
L’intérim concernait 250 000 travailleurs en 1990, 650 000 aujourd’hui. On estime le nombre de chômeurs et de précaires entre 8 et 12 millions. Les luttes des dernières années et les réflexions des syndicats ont mis au cœur l’exigence du droit à l’emploi, la remise en cause du droit de licenciement, particulièrement scandaleux lorsqu’il concerne des entreprises largement profitables qui recourent à des licenciements pour convenance boursière.
Nous pensons qu’il faut clairement inverser la logique, en ne posant pas l’emploi comme une possibilité économique, mais comme un droit social. Cela impose de mettre la précarité hors la loi, mettre hors la loi tous ces emplois qui ne permettent pas de vivre de son salaire.
Le CDI stable et à temps plein comme unique contrat de travail. Le temps partiel ne peut être choisi que s’il n’est pas imposé à l’embauche et si le retour à temps plein peut être un choix automatique du salarié ( de la salariée, dans l’essentiel des cas). Re­qualification systématique des contrats précaires et des temps partiels
Interdire tous les licenciements
Tout licenciement abusif doit être déclaré nul de plein droit et se traduire par la réintégration immédiate du salarié concerné. Evidemment, le contrat CNE doit être abrogé.
Plus fondamentalement, il faut remettre en cause la logique même du licenciement, qui ramène, dans la pure logique libérale, le salarié à une variable d’ajustement.
C’est une incursion franche dans la propriété capitaliste à laquelle il faut procéder en mettant hors la loi le licenciement, en instituant la pérennité du contrat de travail, au­delà des changements de poste ou de qualification ; contrat de travail de la responsabilité totale de l’employeur, de la branche professionnelle ou du patronat local, au­delà des aléas de telle ou telle activité. A l’instar de ce qui concerne les personnels titulaires de la Fonction publique, le salarié doit avoir la garantie du maintien de son contrat de travail, de son salaire et de son évolution de carrière. Evolution technologique, formation, reconversion doivent se faire dans une stricte continuité de ce contrat de travail.
De tels choix ne peuvent être qu’imposés au patronat. Toute idée de seulement prolonger l’étude de solutions alternatives à des licenciements ne concerne que les licenciements collectifs faisant l’objet d’un « Plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE :moins de 5% de l’ensemble des licenciements) et laisse finalement le patron seul juge et décideur.
C’est donc bien l’interdiction de tous les licenciements que nous revendiquons, la mise hors la loi du licenciement en imposant le maintien du contrat de travail.
Pour financer d’éventuelles défaillances à ces règles, un fonds de sécurité sociale professionnelle pourra être mis sur pied, financé par des cotisations patronales assises sur les salaires, et géré (comme devrait l’être l’ensemble de la Sécurité sociale) par des représentants des salariés. En finir avec la pauvreté
Avec le chômage de masse s’est développée une pauvreté de masse. 7 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (selon les critères européens) soit un revenu inférieur à 890 euros par mois et par personne. 60 % d’entre elles sont des salariés.
1,2 million de personnes n’ont que le RMI pour vivre : 425 euros par mois. Le nombre de travailleurs pauvres ne cesse de croître. Le nombre d’emplois à bas salaires (moins de 980 euros par mois) aussi, 41 % en 1992, 50 % en 2001 .
De même l’emploi à temps partiel, 13, 1% en 1992, 16,5 % en 2003, avec le plus souvent des salaires bien inférieurs au Smic. La crise du logement frappe au premier plan les plus défavorisés. 29 % des SDF travaillent.
Reconnaissance que quiconque ne peut vivre en dessous du seuil du SMIC. Il n’y a pas pour nous de « minima sociaux » acceptables sous forme de charité, cantonnant une partie de la population active dans une situation d’assistés. L’absence d’emploi est la responsabilité pleine et entière du patronat.
Maintien, en cas d’absence d’emploi, d’une rémunération égale au salaire antérieur. Cela doit être la règle, ce qui implique que personne n’ait une rémunération inférieure au SMIC.
Augmenter les salaires
Mais au­delà, pour quelle raison accepterions­nous que le montant des salaires soit toujours calculé au plus juste alors que les profits explosent et que des dizaines de milliards d’euros valsent chaque jour dans les échanges d’action, dans des monopolys financiers d’achat et de revente d’entreprises, d’OPA qui sont toujours inamicales pour les salariés ? De 1980 à 1995, les patrons ont réussi à transférer 10 points de PIB ( autour de 160 milliards d’euros chaque année) de la poche des salariés à celles des patrons et des actionnaires. Evolution silencieuse, mais redoutable car elle s’est traduite par des profits colossaux pour quelques­uns et par une détresse quotidienne pour des millions d’entre nous.
Le SMIC doit être relevé à 1 500 euros net mensuels, soumis à l’ensemble des cotisations sociales sur les salaires.
Les salaires, dont le pouvoir d’achat a été érodé depuis de longues années, doivent être réévalués de 300 euros nets.
Ces deux mesures sont minimales pour que chacun puisse vivre décemment.
Certains experts et politiciens qui ne craignent pas les fins de mois difficiles diront que de telles mesures seraient mortelles pour la compétitivité des entreprises et accroîtraient le chômage. A cela nous répondrons que récupérer les sommes réservées aujourd’hui aux dividendes et à la spéculation n’a aucun effet sur la compétitivité…Par ailleurs, l’essentiel de nos échanges ont lieu au sein de l’Union européenne ou avec les USA, les différences très importantes de niveau de rémunération entre les différents pays de l’Union ou avec les USA n’a pas jusqu’à ce jour provoqué la mise au chômage des millions de Danois ou de Néerlandais, pourtant largement mieux rémunérés que les salariés français. Dans tous les cas, bien sûr, nous nous prononçons pour un SMIC européen correspondant dans chaque pays à un pouvoir d’achat similaire à celui de 1500 euros net en France…
Les inégalités de genre sont extrêmement profondes. Cette oppression des femmes (46 % de la population active) a pour conséquence de diviser les salariés et de parcelliser la classe ouvrière. C’est une arme du patronat pour dégrader la condition salariale dans son ensemble.
Pour parvenir à l’égalité salariale, il faut une réévaluation obligatoire des salaires et des carrières des femmes salariées pour les mettre au niveau de salariés hommes du même niveau de qualification, ce qui impose de reconnaître les qualifications des métiers « féminins » ( notamment santé et éducation).
Travailler moins longtemps, moins durement, pour travailler toutes et tous Pour le patronat, nous ne travaillons pas assez, il faut revenir sur les 35 heures, autoriser davantage d’heures supplémentaires et même « travailler plus pour gagner plus » !
Dans la réalité, certains et certaines travaillent trop, trop longtemps, trop durement, ils et elles s’usent au travail ; d’autres, ou les mêmes à un autre moment de leur vie, souffrent d’être privés d’emplois, ou de subir, comme c’est souvent le cas pour les femmes, un temps partiel imposé ne permettant pas d’en vivre.
Abolir le chômage par la réduction massive et constante du temps de travail
Malheureusement, à cause de la façon dont elle a été mise en œuvre concrètement, la réduction du temps de travail ne s’impose plus comme réponse évidente, ni au chômage, ni à l’usure au travail.
La flexibilité n’a cessé de se développer et elle a fait un bond en avant spectaculaire à la faveur de l’application de la loi Aubry 2 : horaires variables sans prévisibilité parfois d’un jour sur l’autre, augmentation du travail de nuit, du soir, du week­end.
Les gains de productivité ne doivent pas servir à augmenter les dividendes des actionnaires à une extrémité de la société et à faire augmenter le chômage et la précarité à l’autre extrémité, mais à travailler toutes et tous moins longtemps, moins durement.
Réduction du temps de travail sans perte de salaire, sans flexibilité et avec les embauches correspondantes à 32 heures hebdo tout de suite pour toutes les entreprises et à 30 heures très rapidement ;
Mise en place un dispositif de réduction du temps de travail automatique en fonction du nombre de chômeurs pour partager le temps de travail.
Défendre le droit de toutes et tous au temps libre et personnel
La flexibilité dégrade les conditions de travail et déstabilise les conditions de vie, plus encore pour les femmes qui sont astreintes à une double journée de travail, et qui sont souvent en charge totale des enfants dans les familles monoparentales. Les facteurs de flexibilité s’ajoutent : 64 % des femmes travaillant la nuit sont assujetties à des horaires variables contre 31,7 % pour celles qui ne travaillent que de jour.
Les conditions d’emplois des salariés en temps partiel, sont rendues particulièrement difficiles : modification incessante d’horaires, fractionnement de la journée en plusieurs plages de travail, impossibilité de fait d’occuper un second emploi.
Le travail de nuit habituel concerne 7 % des hommes et 2.4 % des femmes en 2002 contre 4.7 % et 1.9 % en 1991.
Réduire le travail de nuit aux postes indispensables pour la santé et la sécurité, et dans tous les cas le compenser par une durée du travail très inférieure et un départ en retraite anticipé ; Interdire les horaires flexibles et les heures supplémentaires ; Supprimer le temps partiel imposé par le passage à temps plein automatique sur simple demande des salarié­e­s ; Combattre l’allongement incessant du temps de transport domicile­travail ;
Combattre la double journée pour les femmes
La répartition des tâches domestiques entre hommes et femmes reste identique, depuis plus de vingt ans. Les femmes sont toujours chargées de l’entretien du foyer, des soins aux enfants et aux personnes dépendantes. Leur place dans le monde du travail reste déterminée par cette charge domestique.
Partage des tâches domestiques entre hommes et femmes Services publics gratuits, de qualité, avec personnel mixte : défense des maternelles, crèches gratuites, amélioration en nombre et en qualité des maisons de retraite, de l’hôpital public…
Pour ne pas perdre sa vie à la gagner, Droit à la santé dans et hors des entreprises, pour une écologie sociale
La probabilité de décéder entre 35 et 65 ans est deux fois plus élevée pour un ouvrier que pour un cadre.
Non seulement, le travail capitaliste use mais il tue prématurément. En dépit du progrès médical technologique et scientifique et de l’augmentation globale de l’espérance de vie, les chiffres ne s’améliorent plus depuis 20 ans.
A bas salaire, mauvaises conditions de travail, mauvaises conditions de logement et d’alimentation, long temps de trajet domicile­travail.
Les enquêtes récentes du Ministère du travail mettent en évidence la dégradation des conditions de travail et l’augmentation des facteurs de risques : soumission du rythme du travail à une demande extérieure obligeant à une réponse immédiate, exposition au bruit, manutention de charges.
Entre 1999 et 2003, le nombre d’accidents du travail avec arrêt est passé de 711 035 à 721 227, le nombre d’accidents du travail graves de 46 085 à 48 774.
Le nombre de maladies professionnelles reconnues est passé de 15 554 en 1997 à 41 673 en 2002, le nombre de décès reconnus comme causés par des maladies professionnelles de 95 en 1997 à 410 en 2002. Ce dernier chiffre est pourtant totalement sous­évalué.
Le scandale de l’amiante est révélateur : plus de 100 000 morts sont attendus sur les vingt prochaines années !
La bataille pour un environnement sain commence à l’intérieur des entreprises. Le patronat et le gouvernement français se sont opposés farouchement à toute version contraignante du règlement communautaire REACH visant à évaluer et contrôler les produits et substances chimiques alors que 99 % des substances aujourd’hui mises sur le marché n’ont pas été évaluées.
Une bonne part de la dégradation des conditions de travail, du « harcèlement moral », provient des bouleversements entraînés par la réorganisation du travail lui­même, de la pression constante pour maintenir et accroître le niveau d’exploitation et des mutations d’un processus de travail qui combine individualisation de la gestion des salariés et mise en place d’un management agressif, ceci dans un contexte de dégradation des rapports de forces sociaux et de faiblesse du syndicalisme.
Face à tous ces risques du travail, les salariés précaires, intérimaires, sous­traitants sont les plus exposés.
Les risques au travail vécus par les femmes se cumulent. à la violence physique, psychologique et au harcèlement sexuel, il faut ajouter la violence par le travail : surcharge, cadences rapides, pression des supérieurs et de la clientèle, accroissement de l’emploi précaire peu rémunéré et à faible statut, cumul entre vie professionnelle et vie familiale… A cause de sa vulnérabilité sur le marché du travail et par peur que ce ne soit interprété comme un manque de compétence et de professionnalisme, la femme au travail ne dénonce pas ces agressions qui détruisent sa santé physique (troubles musculo squelettiques (TMS), problèmes respiratoires, problèmes de menstruation, cancers professionnels) et mentale (syndrome de stress post­traumatique : nausée, insomnie, honte, culpabilité, anxiété… dépressions et suicides).
Droit à un environnement sain pour chaque salarié et toute la population
Obligation d’évaluation systématique, interdiction et substitution des produits dangereux, mise en application effective du principe de précaution pour mettre fin à l’impunité des capitalistes qui portent atteinte à la santé tant de leur personnel que des consommateurs
Arrêt des productions les plus polluantes ou les plus nuisibles avec un plan de reconversion des salariés sans perte de qualification ni de revenu : arrêt du nucléaire, réduction de la production de pesticides, arrêt de la production de nombreuses substances chimiques cancérogènes
Reconnaissance comme maladies professionnelles des conséquences des effets psychosociaux du travail
Véritable responsabilité financière et pénale des employeurs pour les maladies professionnelles et les accidents du travail
Interdiction de la sous­traitance et de la précarité dans les sites à risques, embauche par le donneur d’ordre
Droit de veto des salariés sur l’organisation du travail
Tolérance zéro contre toutes formes de violences, avec mise en cause et sanctions contre les vrais agresseurs : le patronat et le système capitaliste.
Droit à un environnement sain, nos vies pas leurs profits Le capitalisme n’exploite pas seulement les hommes et les femmes, il détruit aussi leur environnement en saccageant la planète provocant une crise écologique globale qui menace la survie même de l’humanité. Cette crise a de multiples dimensions et se déploie à une échelle planétaire : crise climatique, impasse énergétique, réduction de la biodiversité, raréfaction relative de ressources essentielles à la vie comme l’eau ou certains végétaux.
Sur chacun de ces points, la lutte résolue pour inverser la tendance à l’œuvre se heurte rapidement au fonctionnement même du système. La hausse continue de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraîne un réchauffement climatique menaçant de produire des bouleversements écologiques catastrophiques. Le protocole de Kyoto n’est absolument pas à la hauteur des enjeux, la situation continuerait seulement à empirer … un peu moins vite.
L’indispensable et urgente stabilisation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère implique dans les pays industrialisés une réduction drastique des émissions, c’est à dire un bouleversement de grande ampleur du système de production industriel et agricole, du système de transports, du système énergétique, de la gestion et la répartition des ressources naturelles. Ce bouleversement ne saurait être conduit par le jeu du marché : au contraire il suppose que les populations arrachent à la minorité privilégiée qui le détient son pouvoir de décision sur ces pans entiers de la vie commune.
Dans l’agriculture
Il faut en finir avec le pouvoir de l’agrobusiness source de pollutions, d’érosions, de destruction de petites exploitations, de gaspillage d’eau, de catastrophes sanitaires, et générant des produits peu diversifiés et potentiellement dangereux.
Interdiction des OGM
Une politique publique visant au développement et non à la réduction de l’emploi agricole, au soutien à la petite paysannerie,
Des normes drastiques en terme d’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, de consommation d’eau et de diversification des productions.
La suppression des subventions à l’exportation.
Les transports
Le fonctionnement du capitalisme tend à accroître démesurément l’usage des transports de marchandises et à privilégier les modes les moins coûteux mais aussi les plus polluants. Le transport routier avec son bas prix du carburant et ses conditions sociales calamiteuses favorise le développement de la sous­traitance, la politique de stock zéro et de flux tendu.
Développement du transport de marchandises par chemin de fer, voie d’eau ou mer
Interdiction du transport routier de marchandises longue distance
Développement et gratuité des transports en commun, en priorité les moins polluants, permettant une réduction importante du recours à l’automobile, et réorganisation urbaine en conséquence.
L’énergie
La dilapidation de ressources fossiles ou minières (à consommation actuelle, quelques décennies pour l’uranium, le pétrole ou le gaz, deux siècles pour le charbon) privera les générations futures de ces ressources non renouvelables. On pollue à grande échelle, on accumule des déchets nucléaires hautement dangereux que l’on ne sait pas traiter.
Arrêt du nucléaire le plus rapidement possible, avec :
La mise au point d’un plan de réorganisation de la production énergétique qui place en son cœur les énergies renouvelables de manière à sortir progressivement du pétrole et à ne pas retomber dans le charbon
Un plan d’économies d’énergie de grande ampleur
Un plan d’équipement massif en éolien, solaire, et hydrolien
Priorité à la recherche dans ces secteurs, développement de capacités de production à base d’énergies fossiles avec les techniques les moins polluantes et les plus efficaces comme la co­
génération pendant la phase transitoire.