Une nouvelle méthode d`identification des femmes à risque de
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Une nouvelle méthode d`identification des femmes à risque de
Une nouvelle méthode d’identification des femmes à risque de fractures ostéoporotiques Plusieurs traitements ont démontré leur efficacité dans la prévention des fractures ostéoporotiques. C’est la valeur de la densité minérale osseuse qui permet de prescrire actuellement ces traitements alors que le dépistage systématique utilisant l’ostéodensitométrie n’est pas recommandé. Cet examen est donc demandé pour des femmes déjà sélectionnées en raison de leurs antécédents personnels et familiaux de fracture, de leur faible indice de masse corporelle ou d’une corticothérapie. Mais l’on considère de plus en plus que seule une évaluation au coup par coup, patient par patient, des facteurs de risques personnels de fracture est le meilleur outil de décision. Une densité minérale osseuse basse n’est plus actuellement le seul facteur de risque et le seuil choisi dépend des autres facteurs de risque associés. Les données de l’étude EPIDOS ont été utilisées dans ce travail afin de mettre en place une stratégie d’identification des femmes à risque de fracture ostéoporotique. Les auteurs ont établi un score associant facteurs de risque de fracture et/ou densité minérale osseuse basse, et ont comparé sa capacité à identifier les femmes à haut risque de fracture du col (plus de 20 fractures pour 1000 femme-années) d’une part à la mesure systématique de la densité minérale osseuse et d’autre part aux recommandations européennes actuelles. L’étude EPIDOS est une étude multi-centrique portant sur 7512 femmes françaises de plus de 75 ans. Les femmes aux antécédents de fracture du col ou d’arthroplasties totales bilatérales en étaient exclues. Un questionnaire initial était associé à la mesure DXA de la densité minérale osseuse. Les femmes étaient suivies tous les quatre mois pendant quatre ans pour enregistrer les fractures incidentes. Pour construire le score de risque de fracture, plusieurs facteurs ont été analysés : antécédents personnels et maternels de fracture du col, précocité de la ménopause (< 40 ans), chutes durant les 6 derniers mois, tabagisme, alcoolisme, apports alimentaires en calcium, corticothérapie prolongée, antécédent d’accident vasculaire cérébral, dysthyroïdie, diabète, dépression et autres pathologies chroniques, prise d’hypnotiques, d’anxiolytiques, d’antidépresseurs ou d’antihypertenseurs, utilisation d’une canne, IADL, capacités motrices, équilibre, mobilité, force musculaire et acuité visuelle. Les facteurs associés à la fois à un risque de fracture et à une densité minérale osseuse basse ont été sélectionnés après ajustement sur l’âge. Trois catégories de femmes ont été ainsi constituées : celles dont le risque de fracture était supérieur à 20 pour 1000 femme-années (risque élevé) ; celles dont le risque était inférieur à 10 pour 1000 femmeannées (risque faible) et un groupe intermédiaire, chez qui une mesure de densité minérale osseuse était faite et si le T score était inférieur à -2,5, la patiente était alors considérée à haut risque. La méthode de tri « clinique » générée dans ce travail a été comparée à la méthode de mesure systématique de la densité minérale osseuse ou celle recommandée actuellement dans la prise en charge de l’ostéoporose, à savoir la recherche des facteurs de risque d’ostéoporose puis, si nécessaire, la mesure de la densité minérale osseuse. Les facteurs de risque retenus après analyse bivariée étaient : les antécédents de fracture après 40 ans, l’indice de masse corporelle, le nombre d’activités des IADL pour lesquelles une aide était nécessaire, la force musculaire, l’acuité visuelle, le score d’activité physique et l’âge. Les coefficients de la régression multiple ont été utilisés pour calculer le score individuel de chaque patiente. Les patientes dont le score était supérieur au 85ème percentile avaient un risque élevé de fracture et celles dont le score était inférieur au 75ème percentile avaient un risque faible. Selon la stratégie adoptée, 10% des femmes entre le 75ème et le 85ème percentile ont eu une mesure de densité minérale osseuse. Les performances des méthodes de criblage sont présentées dans le tableau. La stratégie présentée ici a une meilleure sensibilité que celle des recommandations actuelles (facteurs de risque puis ostéodensitométrie) ou celle de la méthode utilisant la mesure systématique de la densité minérale osseuse. Elle permet d’isoler un nombre intermédiaire de femmes dont le risque de fracture est réellement plus élevé. Par cette méthode, le nombre de femmes à traiter pour éviter une fracture est plus bas. Enfin, cette approche permet une moindre utilisation de la mesure de la densité minérale osseuse. Cet outil est donc d’un intérêt majeur dans le screening de populations de femmes âgées à risque de fracture ostéoporotique à traiter ou devant passer une ostéodensitométrie. D. Haguenauer Hôpital Sainte Périne, Paris Score clinique utilisé pour le criblage Score >85ème perc ou >75ème perc et T score ≤-2,5 Densitométrie systématique Sensibilité de la méthode (%) 51 35 49 Nombre de femmes à haut risque (%) 20 15 28 30 27 20 29 31 41 Nombre de mesures de densité osseuse (%) 10 100 53 Nombre de femmes ostéoporotiques dans le groupe à haut risque (%) 73 100 100 Définition du groupe à risque Risque de fracture dans le groupe à haut risque (pour 1000 femme-années) Nombre de femmes à traiter pour éviter une fracture T score <-3,3 Recommandations actuelles Facteurs de risque clinique et T score ≤-2,5 Comparaison des différentes stratégies de criblage. Dargent-Molina P, Piault S, Bréart G. A triage strategy based on clinical risk factors for selecting elderly women for treatment or bone densitometry : the EPIDOS prospective study. Osteoporosis Int. 2005; 16: 898-906. ©2005 Successful Aging SA Af 388-2005