P3a¦Ç9et13a¦Ç15 - Amis des Musées de Chambéry

Transcription

P3a¦Ç9et13a¦Ç15 - Amis des Musées de Chambéry
Grandes conférences
Lundi 26 septembre 19h30
Centre de Congrès Le Manège
Soirée
d’ouverture
Entrée libre
présentée par
Rémy KERTÉNIAN
Le faux dans l’art
Oeuvres créées dans une intention frauduleuse, à l’inverse de la copie, les faux existent
depuis l’Antiquité. Les marchands grecs en inondaient Rome…
A l’époque médiévale le trafic de reliques ou de faux documents se multiplie… A la
Renaissance le développement du marché de l’art ne fera qu’accroitre la tendance.
Pensons au divin, mais très cupide Michel-Ange, qui vendit de faux antiques au cardinal
Riaro…
Historien de l’art
Dès lors certains faussaires deviendront célèbres comme Wolfgang Küffner ou Giovanni
Bastiani… Au XXe siècle le mouvement s’accélèrera et les scandales seront nombreux…
On pense aux faux Van Gogh d’Émile Schuffenecker ou au génial David Stein, à Han Van
Meegeren, Wolfgang Beltracchi, Mark A. Landis, Elmyr de Hory, Guy Ribes…
Tout récemment encore, les soupçons planant sur une œuvre de Cranach et appartenant
à la prestigieuse collection des princes de Liechtenstein ont fait la Une de la presse
spécialisée… L’histoire du faux est donc bien l’une des composantes, certes marginale,
de l’Histoire de l’art.
Emma Cornélie Wyatt de Vivefay,
Sainte Anne et la Vierge de Léonard de Vinci, en 1855, détail,
©Collection musée des Beaux-arts de Chambéry,
Cliché : Anne Buttin.
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Grandes conférences
La peinture anglaise
Lundi 10 octobre 19h30
Lundi 17 octobre 19h30
Lundi 7 novembre 19h30
Théâtre Charles Dullin
Théâtre Charles Dullin
Théâtre Charles Dullin
Christine BOUSQUET
Serge LEGAT
Serge LEGAT
Maître de conférences
à l’université François Rabelais de Tours
Conférencier des Musées nationaux.
Professeur à l’école d’architecture
de Paris Val-de-Seine
Conférencier des Musées nationaux.
Professeur à l’école d’architecture
de Paris Val-de-Seine
Les Tudors,
William Hogarth,
une famille bien turbulente !
et les prémices de la peinture
en Grande Bretagne
Richesse et diversité
de l’art du portrait
anglais
Henry VIII et Elisabeth Ière sont deux noms
immédiatement liés à la dynastie Tudor qui
occupe le pouvoir en Angleterre entre 1485
et 1603.
Il faut en convenir, la production picturale
du Moyen Âge anglais est maigre. Mais
au XVIème siècle, l’aristocratie britannique
prisait fort la peinture mythologique et
la peinture d’histoire en général. Quel
peintre trouver en Angleterre qui pût alors
satisfaire ce goût ?
Marie la sanglante, Anne Boleyn furent aussi
les héroïnes de ce grand siècle fascinant de
la Renaissance anglaise.
La guerre et les conflits familiaux et religieux accompagnent le formidable essor
de l ‘Angleterre dans le domaine culturel
et diplomatique ; Holbein, Joos van Cleve,
Shakespeare, l’aventure océane, la chapelle
de King’s College de Cambridge sont
quelques-uns des fleurons de l’époque Tudor
que nous allons parcourir ensemble.
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Lucas de Heere, 1570-1575,
La famille d’Henri VIII ou Allégorie de la dynastie des Tudors
Sous Henry VIII, Hans Holbein le Jeune
sera le peintre de la cour et de la monarchie, et sous Charles Ier, après Rubens,
ce sera Van Dyck qui donnera au portrait,
le domaine le plus apprécié du public anglais, ses premières traditions de grâce et
de distinction.
Peintre officiel de Cromwell, Peter Lely
réussira à garder sa place et son prestige
lors du règne de Charles II.
Willima Hogarth, la marchande de crevettes, vers 1740,
©Londres, National Gallery
Si William Hogarth est le prophète de l’ Ancienne Loi, Joshua Reynolds (1723-1792)
imprime à la peinture anglaise une profonde et radicale réformation. Reynolds est
le maître du grand style alliant le portrait à
la peinture d’histoire. D’où les honneurs : en
1768, lorsqu’est créée la Royal Academy, il
est naturel et logique qu’on lui en offre la
présidence. Héritier de la magie picturale
de Van Dyck, il peint ses modèles sur fond
paysager associant la figure humaine à la
nature.
A sa suite, George Romney, Henry Raeburn
ou Thomas Lawrence, du XVIIIe et XIXe siècles,
feront évoluer l’école du portrait anglais. L’Angleterre deviendra alors la référence d’un art
où élégance, distinction, nonchalance et naturel sont les clefs d’une nouvelle approche de la
représentation de l’homme, de la femme et de
l’enfant, souvent associés dans les « tableaux
de conversation ». Thomas Gainsborough
(1727-1788) peint la nature et les hommes
sans souci des règles formelles. Son talent
de portraitiste est exceptionnel et dénote un
riche et réel tempérament romantique. Par
ailleurs, sa sensibilité au paysage fait de lui
un des fondateurs de l’école britannique de
cet art dont les anglais seront les maîtres au
début du XIXe siècle.
Thomas Gainsborough, (1727-1788), The Blue Boy,
Huile sur toile (détail), vers 1770.
© Bibliothèque Huntington, San Marino (États-Unis).
Lundi 14 novembre 19h30
Lundi 21 novembre 19h30
Lundi 28 novembre 19h30
Centre de Congrès Le Manège
Théâtre Charles Dullin
Théâtre Charles Dullin
Christian LOUBET
Ulrike KASPER
Catherine de BUZON
Historien d’art
Docteur en histoire de l’art
Historienne de l’art
Turner et Constable :
Les Préraphaélites
La métamorphose
du corps chez Francis Bacon ou... quand la nostalgie devient
l’attraction de l’infini
William Turner (1775-1851) se fit attacher
au mât d’un navire dans la tempête pour
éprouver les sensations qui allaient nourrir
sa peinture. Au-delà de l’influence du Lorrain
et de l’analyse subtile de son contemporain
Constable, Turner développe une liberté de
facture impressionniste avant la lettre.
Se projetant dans le motif fluide, il inscrit sa
« marque » dans les éléments d’un cosmos
en fusion. Il projette en outre son obsession
dans un trouble miroir. Fasciné par le mirage
d’une mer que le soleil embrase, Turner
cherche peut-être à rejoindre sa mère folle,
à travers un monde aquatique et matriciel.
et Lucian Freud
MODERNITÉ
Par leurs techniques expressionnistes,
Francis Bacon et Lucian Freud dévoilent
le corps comme un terrain de bataille.
C’est au sein du mouvement littéraire et
architectural, le Gothic Revival, que les
peintres préraphaélites vont au début se
reconnaître.
La violence du geste et la texture picturale
intense exposent le corps non seulement
dans sa nudité physique, mais aussi
psychique.
Le nu transformé en matière-chair devient
sacrifice. Ces deux grands artistes ne
s’inscrivent-ils pas dans une longue tradition picturale qui va du Moyen Âge tardif d’un
Matthias Grünewald via le symbolisme d’un
Edvard Munch annonçant l’expressionisme ?
En traduisant le flux du temps dans l’explosion des atomes colorés, il perturbe alors
notre perception : pris dans l’œil du cyclone,
le spectateur plonge à son tour dans le
maelström.
Cette prise de position des peintres
contre les conventions de la peinture
académique anglaise mais aussi contre
les apports de la Renaissance se dotera
ainsi de sujets et d’un style en accord
avec ce passé « d‘avant Raphaël ».
Accompagnés par le théoricien Ruskin, les
« frères préraphaélites » inventeront une
peinture à la fois archaïque, naturaliste,
symboliste, poétique, littéraire ; paradoxe
surprenant d’une modernité qui emprunte
les chemins de la nostalgie pour être.
Lucian Freud, (1922-2011), Francis Bacon, 1952
© Tate Gallery
John Everett Millais, (1829-1896), Ophelia, 1851
©Tate Britain (Londres)
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Joseph Mallord William Turner, (1775-1851), L’Incendie de la
Chambre des Lords et des Communes, Huile sur toile (détail), 1835.
© Philadelphia Museum of Art, (États-Unis)
Dans cette Angleterre du XIXe siècle où la
photographie, l’industrialisation, les révélations de Darwin troublent les consciences,
voilà que le monde médiéval apparaît, dans
une rêverie désordonnée sur le passé, une
référence idéale. L’on construit, décore et
peint comme au Moyen Âge.
Grandes conférences
La peinture anglaise
Lundi 5 décembre 19h30
Lundi 12 décembre 19h30
Centre de Congrès Le Manège
Centre de Congrès Le Manège
Michael JAKOB
Catherine de BUZON
professeur de théorie et histoire du paysage
à l’Hepia, Genève et chargé de cours à
l’EPFL, Lausanne
Historienne de l’art
De paysage en paysage, Andy Goldsworthy
ou l’éducation du regard
ou... l’obstination éphémère
des éléments
Le XVIIIème siècle est caractérisé en Angleterre notamment par le succès du sublime
et du pittoresque.
Plasticien et photographe britannique, Andy
Goldsworthy a grandi à la campagne et restera marqué par la beauté de la nature et
l’influence de l’homme sur l’environnement.
Aujourd’hui, il est incontestablement l’un
des plus grands artistes du Land Art, créant
ses œuvres en plein air avec les matériaux
trouvés sur place. Il considère ses compositions comme éphémères, le temps de leur
dégradation pouvant varier de quelques secondes (cercles de plumes) à plusieurs années (constructions de pierres). Le temps
manifeste l‘âme de la nature : mouvement,
changements de lumière, saisons, années…
Compositions subtiles dans leur fragilité et la
beauté de la palette colorée donnée par les
feuilles, les pétales, les plumes, la laine, le
bois…. mais aussi des œuvres plus stables,
racontant d’autres histoires (les cairns...) ou
certaines exigeant un matériel technique
important (pierres à extraire de falaises…).
Pour ses apparitions dans les galeries ou
musées, il rivalise d’ingéniosité pour combiner ses œuvres naturelles avec l’architecture des lieux d’exposition, réponse difficile
aux exigences de l’œuvre faite, a priori, pour
“résonner” avec la nature. Question aussi, ici
posée, de la place des oeuvres du Land-Art
dans le monde de l’art : musée, fondations,
galeries …
Alors que le second terme renvoie même
étymologiquement au rôle de la peinture,
le sublime se base également en partie
sur des exempla tirés de tableaux.
L’époque se définit donc, à l’enseigne de
la correspondance des arts, par le dialogue incessant entre la peinture, l’art des
jardins, la théorie des jardins et la théorie
esthétique.
La conférence tracera l’histoire de ce vaet-vient, y compris dans ses répercussions
actuelles.
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Thomas Gainsborough, (1727-1788), M. and Mme Andrews, 1749
© National Gallery (Londres)
Andy Goldsworthy, Spirale de glace
Grandes conférences
La peinture facétieuse
Lundi 9 janvier 19h30
Lundi 16 janvier 19h30
Théâtre Charles Dullin
Théâtre Charles Dullin
Francesca ALBERTI
Francesca ALBERTI
Docteur de l’Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne,
Fulbright Visiting Scholar
Docteur de l’Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne,
Fulbright Visiting Scholar
La joie de rire
au Paradis
Rire des dieux :
les fables burlesques
de Tintoret
Les plaisirs du rire ne sont pas uniquement
réservés au contexte des images profanes,
ils débordent également dans la sphère du
sacré.
Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, les
transformations, le rabaissement, les
travestissements et les détournements
subis par l’univers mythologique au sein
de la tradition littéraire ont donné lieu à
des formes d’amusements figuratifs très
hétérogènes.
Au-delà des dieux de la tradition païenne qui
rient volontiers, et à l’opposé de sa dégradation symbolique, le rire finit contre toute
attente par s’infiltrer dans certains rituels
religieux, comme le rire pascal, et dans la
peinture de dévotion.
La conférence redimensionnera la condamnation
du rire que l’on considère propre à la peinture de
la pensée chrétienne à travers une analyse des
tableaux religieux d’Andrea del Sarto, Corrège,
Lorenzo Lotto, Pontormo, etc..
Chez Tintoret, en particulier, la réactualisation de la fable antique sous un mode
burlesque se fait porteuse d’une nouvelle
conception du monde, libre et critique, qui
ne peut s’exprimer que par le rire.
Elle envisagera les rires et les sourires
des habitants de l’empyrée, ainsi que certains
détails cocasses, capables parfois de révéler
des vérités théologiques.
Lorenzo Lotto, Pala di Santo Spirito (détail), 1521,
huile sur bois, 287x268cm, Bergame, église de Santo Spirito
Tintoret, Vénus, Mars et Vulcain (détail), vers 1548,
huile sur toile, 134x190 cm, Munich, Alte Pinakotheke
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Grandes conférences
Les artistes au service de la nature
Lundi 23 janvier 19h30
Lundi 30 janvier 19h30
Théâtre Charles Dullin
Centre de Congrès Le Manège
Thomas SCHLESSER
Thomas SCHLESSER
Directeur de la Fondation
Hartung-Bergman
Directeur de la Fondation
Hartung-Bergman
Art et écologie :
Quand l’art devient
je t’aime, moi non plus aventure en pleine
nature
L’art est aujourd’hui communément perçu
comme symbole, voire comme accélérateur de la conscience écologique à la faveur
d’œuvres engagées pour le vivant et le respect de l’environnement.
Mais, depuis le XIXe siècle, quelle place la
création a-t-elle véritablement donné à la
promotion de la nature et que reste-t-il de
l’être humain dans cette nouvelle donne ?
On tentera de répondre à cette question en
repartant de la peinture de paysage chère
aux générations réaliste et impressionniste et en remontant jusqu’aux visions
actuelles – l’arte povera, les installations
utopistes, le cinéma militant...
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Théodore Rousseau, (1812-1867), Groupe de chênes, Apremont-Forêt de
Fontainebleau , Huile sur toile, 1852. © Musée du Louvre - RMN
Depuis les années 1960, un nouveau type
de relation dynamique entre la création
et la nature s’est développé : celui de la
performance sous forme d’aventure.
Des plasticiens ont ainsi décrété que
des marches en plein désert (Richard
Long, Hamish Fulton…), des expéditions
parmi les océans (Bas Jan Ader, Pierre
Huyghe…) voire des plongées dans les
profondeurs de la terre (Abraham Poincheval
et Laurent Tixador) étaient des œuvres en soi.
Que disent ces « œuvres-aventures », leurs
« artistes-aventuriers » et les risques
encourus de notre rapport au monde ?
On s’aventurera à répondre…
Richard Long, Sahara Circle, 1988
Journée
L’art rencontre
le sacré
Le sacré ne recouvre pas tout à fait le même champ que la
religion. Le sacré est d’abord ce qui se manifeste à l’homme
comme un mystère. C’est la manifestation sensible d’un
signe nous indiquant que quelque chose dépasse le sensible. Ce qui se donne à voir renvoie à quelque chose qui
demeure invisible. Ce paradoxe inhérent à la notion de
sacré permet-il de comprendre l’expérience esthétique ?
Notre rapport aux oeuvres d’art a-t-il quoi que ce soit de
sacré ? Il semble au contraire que depuis quelque temps
nous assistions à une désacralisation de l’art. Les oeuvres
d’art ressemblent de plus en plus à des objets ordinaires.
En devenant banal et ordinaire, l’art n’a-t-il pas en même
temps perdu quelque chose d’essentiel ? Que reste-t-il de
sacré dans l’art ?
Samedi 19 novembre 2016
Cité des Arts de Chambéry
(Ascenseur disponible)
9h - 9h15 : Café d’accueil
Andreï Tarkovski, Le Sacrifice, © Swedish Film Institute
L’expérience de la transgression : faut-il désacraliser l’art ?
par Laurent BACHLER, professeur de philosophie au lycée Vaugelas de Chambéry
9h15 - 10h30
Dans son ouvrage Le Sacré et le profane (1957), Mircéa Eliade définissait le sacré selon deux modalités : selon l’espace et selon
le temps. Selon l’espace, c’est une conception du monde qui se forme. Selon le temps, c’est une conception de la vie qui se joue.
Nous partirons à la recherche du sacré dans l’art selon ces deux dimensions. Que reste-t-il du sacré dans les arts de l’espace ?
C’est la notion d’esthétique relationnelle qui donne peut-être la meilleure idée de ce que peut être un art désacralisé. Que restet-il du sacré dans les arts du temps ? Dans cette dimension temporelle, c’est le cinéma qui déploie de nouvelles formes de sacré.
En explorant l’oeuvre du cinéaste Andréï Tarkovski, et notamment son film Le Sacrifice (1984), nous tenterons de renouer avec une
certaine forme de sacré dans l’art. Arts de l’espace et arts du temps, ce sont là deux rapports différents de l’art au sacré, deux
expériences esthétiques radicales et opposées.
Entre perte, subversion et reprise : comment penser l’aura de l’œuvre d’art
à l’époque contemporaine ?
par Céline BONICCO-DONATO, maître-assistante en philosophie à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
— Université Grenoble-Alpes
10h45 - 12h
L’extension des techniques de reproduction qui rendent les œuvres d’art immédiatement disponibles, le parti pris de plus en
plus ludique de nombre de muséographies contemporaines et le caractère déconcertant d’une partie de la production artistique actuelle invitent à prendre au sérieux le constat désabusé que faisait Walter Benjamin dès 1937. En effet, dans L’Oeuvre
d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, le philosophe allemand considère que la modernité se caractérise, sur le plan
esthétique, par une perte d’aura des œuvres d’art, de ce mystérieux halo sacré qui les nimbe. D’objet de culte, l’œuvre d’art
devient un simple bien de consommation possédant une valeur d’échange. Son analyse permet d’éclairer à la fois la crise
actuelle de l’art et la nécessité dans laquelle il se trouve d’inventer de nouvelles modalités d’ « auratisation ». Si ces dernières
relèvent le plus souvent de la fétichisation, ne peut-on cependant envisager que certaines d’entre elles possèdent malgré tout
une dimension authentique ?
Lecture de textes par Marie-Paule LAGEIX
Un débat suivra les conférences. Rafraichissements offerts à la sortie pour prolonger les échanges.
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Journée de l’art :
Naples,
fascinante, volcanique et sublime
Samedi 28 janvier 2017, centre de congrèS le manège
par Fabrice conan, administrateur de la Compagnie Baroque et historien de l’art
de 9h15 à 10h45
Naples Antique, Pompéi et Herculanum
Née de l’échouage d’une sirène mythique, Naples fut prisée dès l’Antiquité pour son site et son climat, et devint le lieu
de villégiature favori des nobles romains. De belles réalisations subsistent dans la ville. Au pied du volcan, Pompéi
nous fait entrer dans l’intimité du quotidien romain en 79 de notre ère.
de 10h45 à 12h15
Naples Baroque, une ville insurgée
Encore dominée par un vice-roi espagnol, la ville imagine un art « proprio » avec des œuvres où force, audace et
contrastes attirent l’attention d’une façon incroyable. Violence et séduction dans une ville où la révolte gronde et
menace tout autant que le Vésuve.
de 13h45 à 15h45
Le temps de la splendeur
Devenue royaume indépendant, la ville prend enfin son destin en main et s’étourdit de somptueuses réalisations, palais
en ville ou à la campagne comme à Caserte. Un étourdissement de beautés avant que les armées napoléoniennes ne
fassent entrer la ville dans une autre époque et ne brisent ce temps de splendeur.
Viva Napoli ! Fêtes et musique à Naples au XVIIIe siècle
Devenue incontournable lors d’un « Grand Tour », Naples est appréciée des visiteurs pour ses cavalcades, ses fêtes
populaires, et surtout sa musique qui est partout. Des grandes messes aux opéras séria ou opéra-bouffe, on se
précipite pour écouter les castrats napolitains au charme ambigu. Royaume de cocagne au temps de Farinelli, du
San Carlo !
Diffusion d’extraits musicaux
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mémoire de l’art
Les routes de la soie : tisser le luxe
Toutes ces conférences ont lieu à l’amphithéâtre de l’Université, rue Marcoz
lundi 6 février
lundi 13 février
lundi 6 mars
maximilien durand
aurélie Samuel
maximilien durand
Directeur du Musée des tissus et
du Musée des arts décoratifs de Lyon
Conservateur, responsable des
collections textiles, Musée Guimet
Directeur du Musée des tissus et
du Musée des arts décoratifs de Lyon
De la Chine à
Les soieries
l’Occident : les « Routes de chinoises
Les soieries de
l’Empire byzantin :
L’expression « Routes de la soie » fut
inventée au XIX e siècle par le géographe
allemand Ferdinand von Richthofen
pour décrire les régions d’Asie centrale
que traversaient les caravanes acheminant
les denrées les plus précieuses depuis la
Chine vers l’Occident.
Depuis l’Antiquité, la soie fascine, notamment les Grecs et les Romains, qui avaient
baptisés les Chinois du nom de Sères (du
latin sericus, soie), « ceux qui font la soie ».
Les ateliers de tissage de la soie dans
l’Empire romain d’Orient ont seuls fourni
le Bassin méditerranéen et l’Europe entre
le IVe et le XIIe siècle.
Selon la légende chinoise, la soie aurait été
découverte par l’impératrice Leizu, épouse
du légendaire Empereur Jaune Huangdi
(2698-2598 av. J.- C.). Un cocon serait tombé dans sa tasse de thé, se déroulant alors
qu’elle tentait de l’en extraire, lui inspirant
ainsi l’idée d’ébouillanter les larves pour
dérouler le fil de soie sans le briser.
Contrôlés par l’administration impériale, ils
produisaient des étoffes réservées à l’usage
religieux (vêtements liturgiques, ornements
de l’église, enveloppes de reliques), de la
cour (costumes et ameublement) ou aux
relations diplomatiques que les empereurs
entretenaient avec les souverains alliés.
la soie », un mythe moderne pour
une réalité multiple
Son succès s’explique certainement par
son efficacité : de manière poétique, elle
évoque que la soie a toujours été un matériau
de luxe, nécessitant des compétences très
particulières pour le tissage et faisant l’objet,
en fil ou en pièce, d’échanges commerciaux
et culturels majeurs.
Mais cette expression ne peut, à elle
seule, embrasser toute la réalité de ces
échanges, que les textiles eux-mêmes
nous révèlent.
Le travail des archéologues a permis de
mettre au jour du matériel qui apporte un
enseignement précieux sur l’histoire de l’art
du tissage en Chine. Des fouilles ont révélé l’existence de fragments de soie et de
cocons datant du 3e millénaire av. JC.
le luxe au service de Dieu, de
l’empereur et de la diplomatie
L’iconographie de ces étoffes, inspirées
par l’art de Rome, de la Perse sassanide
et des voisins orientaux de l’Empire,
exalte l’empereur lui-même ou rappelle
la culture gréco-romaine de l’Empire.
Le secret de la sériciculture a été jalousement gardé par les Chinois jusqu’à
la dynastie Tang (618-907), au cours de
laquelle un bombyx mori a été amené
clandestinement à Byzance.
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Soierie de manchette, ©Musée des tissus et du Musée des
arts décoratifs de Lyon (inv. MT 26812.11)
Paire de bottes, Chine, dynastie Liao (907-1125), tapisserie de
soie (kesi) ©Musée Guimet, MA11679
Suaire de mozac, ©Musée des tissus et du Musée des arts
décoratifs de Lyon (inv. MT 27386)
entre Orient et Occident
lundi 13 mars
lundi 20 mars
lundi 27 mars
ariane dor
christine descatoire
maximilien durand
Conservateur du patrimoine, Conservation
régionale des monuments historiques
de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
Conservatrice en chef au musée de Cluny
Directeur du Musée des tissus et
du Musée des arts décoratifs de Lyon
Du tiraz au khizânat
al-kiswa : la production
D’Orient en Occident : La Grande Fabrique
soieries italiennes du XII au début d’étoffes d’or, d’argent
du XVI siècle
et de soie : commandes
de textiles en terres d’Islam
(VIIe-XVIIIe siècles)
Les étoffes ont joué un rôle économique déterminant en terres d’Islam. Les premiers
empires de l’Islam héritent de centres de
tissage déjà très productifs sur le pourtour
méditerranéen et au Proche et MoyenOrient. L’Egypte en particulier était réputée
pour sa culture du lin, tandis que la soie provenait majoritairement d’Iran, héritier d’une
tradition de sériculture depuis au moins le
IIIe siècle de notre ère.
Au Moyen Age, les différentes aires géographiques de la grande civilisation islamique
développent chacune leurs propres centres
et méthodes de production. L’Egypte porte
l’institution du tiraz à un niveau de production jusqu’alors inégalé, tandis que le
Proche-Orient et l’Espagne musulmane
développent également une production de
soieries raffinées.
e
e
royales et impériales à Lyon
L’Italie a joué un rôle majeur dans les
transferts artistiques de la soierie d’Orient
en Occident.
Lyon s’est imposée, depuis la Régence,
comme la capitale internationale, en Occident, de la production de soieries façonnées.
La production italienne, amorcée dès le
XIIe siècle, connut une large diffusion dans
toute l’Europe.
La conférence mettra en lumière la diversité des soieries italiennes, leurs principaux
centres de fabrication et leur rayonnement.
La ville a développé, en effet, la formation
des dessinateurs, mais aussi celle des ingénieurs et des tisseurs afin de produire des
étoffes de qualité mais aussi de répondre,
par les motifs ou l’innovation, aux exigences
des cours européennes pour l’habillement
et l’ameublement.
Elle s’attachera à en décrypter l’iconographie,
les influences, les évolutions stylistiques et
les liens avec les autres arts, en particulier la
peinture.
En 1771, Catherine II elle-même, impératrice de toutes les Russies, fait appel à la ville
de Lyon pour meubler ses appartements de
Saint-Pétersbourg.
Les commandes impériales de Napoléon
confirmeront l’incontestable suprématie
lyonnaise dans le domaine de la soie, encore
stimulée, entre 1843 et 1846, par la redécouverte de la Chine et de ses productions.
L’avènement des trois grands empires de
l’Islam, à l’aube du XVIe siècle, reste une période très favorable pour l’industrie textile.
Les manufactures royales instituées à Istanbul, Isfahan ou Kerman, produisent des
tapis ou des textiles de très grande qualité.
Soierie aux harpies, Espagne, probablement Almeria, début du
XIIe siècle ©MFA Boston
Bas pontifical, Italie (Luques?), XIIIe - premier tiers du XIVe siècle,
Lampas, soie et fils d’or, Paris, Musée de Cluny, C.8604,
© RMN n° : Num-Num/04-CL-8604-PROFIL-DROIT
Satin blanc, or et soie nuée, à couronnes de marguerites, bouquets de
roses, rosaces et fleurs impériales commandé pour la Chambre à coucher
de l’appartement de l’Impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles
©Musée des tissus et du Musée des arts décoratifs de Lyon (inv. MT 36456.1)
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