Dino Buzzati Dino Buzzati est né le 16 octobre

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Dino Buzzati Dino Buzzati est né le 16 octobre
Dino Buzzati
Dino Buzzati est né le 16 octobre 1906 à San
Pellegrino près de Belluno dans le nord de la province italienne de
Vénétie et décédé le 28 janvier 1972 à Milan. Journaliste et écrivain dont
l'œuvre la plus importante est le roman intitulé Le désert des Tartares.
Buzzati construit ses histoires de façon à brouiller les pistes et surprendre
le lecteur. Il répand la peur et l'angoisse, y joint l'humour, joue avec les
sentiments et manie l'effet de surprise. Dans certaines de ses nouvelles,
Buzzati est lui-même le personnage principal, ce qui lui permet d'ouvrir
un dialogue avec son lecteur.
Le message que l'on peut retirer de ses textes est simple et obsédant: il
traite de l'inquiétude existentielle, la peur du gouffre, la mort et ses
mystères.
On retrouve souvent dans ces nouvelles des images de verticalité, sous
forme d'ascension ou de chute.
Telle qu'elle est décrite, l'ascension est un art de vivre, peut-être une fuite,
car les sommets à conquérir sont moins effrayants que les abîmes qui
s'ouvrent devant nous. La descente, qui parfois peut tourner en chute
libre, se succède à l'ascension, car le sommet est hors d'atteinte. Qu'il
s'agisse d'une ascension séduisante ou d'une chute vertigineuse, ces
mouvements n'ont qu'un seul but, qui n'est jamais défini et cette quête ne
trouvera son terme qu'avec le temps, lorsque la mort lui donnera son
véritable nom. On ne sait jamais très bien ce que l'on poursuit, ou ce qui
nous poursuit ou se dérobe à nous : les rôles peuvent s'inverser ou être
éternellement mal distribués. Malheureusement lorsque les malentendus
sont éclaircis il est trop tard, la vie touche à son terme.
En variant le ton, le décor et le style, Buzzati décrit un temps absolument
vide, une attente qui sera forcément déçue, un face-à-face angoissant
avec la mort. Cette verticalité est l'aspect le plus frappant de la mesure du
temps.
La mort prendra une autre dimension lors des derniers mois de la vie de
Buzzati: dans ses ultimes récits (Le régiment part à l'aube), la mort n'a
plus qu'un seul symbole, celui du régiment en partance. La concordance
entre la vie militaire et la mort est peut-être un désir de passivité: on a de
la discipline et on obéit, on ne fait pas de choix car la mort n'est qu'un
acte auquel nul ne peut se soustraire. Pour Buzzati, la mort est un thème
fondamental: non seulement la prise de conscience de la mort, mais aussi
l'arrivée de sa notification au cerveau.
Les nouvelles de Buzzati font également ressortir les illusions et les
espoirs dont l'homme est la proie. Elles proposent des réflexions sur
notre société et sur l'âme humaine. A tout moment on peut disparaître
dans les profondeurs que l'on a soi-même creusées par faiblesse, céder au
vertige et tomber dans l'injustice et la violence.
Buzzati se sert de l'ironie et de l'humour pour exorciser le vertige et le
vide. Il transforme les faits divers et les problèmes de société en les
faisant dériver vers l'absurde ou le surréel, de façon à ce qu'ils livrent leur
message. L'ironie permet de mieux connaître l'histoire de son temps, de
faire ressortir ce que l'on ne voit pas encore par manque de recul.
Ainsi, ses récits suivent souvent une distorsion du temps ou un état dans
lequel la frontière entre la réalité quotidienne et le pseudo-réel qui hante
le sommeil devient très étroite. Les angoisses, les désirs, les illusions,
tout se confond entre réalité et fiction, et lorsque l'humour s'ajoute au
récit, le lecteur perd pied avec sa propre réalité et redécouvre le monde
qui l'entoure.