Vélos en libre-service une première française en

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Vélos en libre-service une première française en
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ | MARDI 15 SEPTEMBRE 2015 | 3
IMEGÈVEI
Troisième édition de l’Université
des Alpes du 16 au 18 septembre
ICHAMONIXI
3,5 tonnes de déchets retirées
de la Mer de glace
IHAUTE-SAVOIEI
L’association des paralysés
de France en quête de bénévoles
» À deux mois de la Cop 21, “Les Alpes sources d’énergies
» Le temps de peser les six “bigbags” redescendus par
hélicoptère et la société Lafuma, organisatrice du nettoyage
de la Mer de glace, vendredi dernier, annonçait hier le poids
de 3,5 tonnes de déchets (câbles, ferrailles, bois…) retirés
de la surface du glacier. Un beau résultat pour les bénévoles
mobilisés : des salariés, des membres de Moutains riders, du
Club alpin français, de l’UCPA de Chamonix mais aussi une
délégation du consulat britannique.
» L’antenne Haute-Savoie de l’association des paralysés de
France (APF) est à la recherche de bénévoles avec des
compétences particulières pour rejoindre ses rangs. Chauffeurs,
bricoleurs ou jardiniers, les missions sont nombreuses. À raison
de quelques heures par semaine ou par mois, de manière
régulière ou ponctuelle, vous pourrez contribuer à l’action de
l’APF en faveur des personnes en situation de handicap.
Contact : 04 50 46 53 53 ou [email protected]
positives” seront au cœur des discussions de cette 3e édition de
l’Université des Alpes à Megève, du 16 au 18 septembre, au palais
des sports et des congrès. Parmi les temps forts, la 3e édition du
prix “Jeunes chercheurs alpins”, des conférences comme
“Controverses sur l’énergie des montagnes et des montagnards”
ou encore “Transition énergétique du transport routier ?Une
expérimentation bien réelle”. Infos : www.universitedesalpes.com
VOTRE RÉGION
LES GETS | Des bicyclettes à assistance électrique équipent la station de ski depuis le mois de juillet et la formule connaît un gros succès
Vélos en libre-service :
une première française en montagne
L’INFO EN +
COMMENT ÇA MARCHE ?
nwww.lesgets.com/getslib
: c’est le lien qui permet
d’accéder au sevice. Soit à
partir de chez soi, soit à
l’aide de la tablette
disponible à l’intérieur de
l’office de tourisme.
nUn formulaire : il suffit de
le remplir pour s’inscrire.Ne
pas oublier de donne le
numéro de sa carte
bancaire ou de son Paypal.
nUn badge : c’est l’office
de tourisme qui le délivre. Il
est possible d’ajouter
plusieurs personnes sur la
même inscription. Les
vélos étant accrochés à
des bornes, ce badge
permet de les libérer. Pour
les touristes, ce badge est
donné pour la durée du
séjour.
nCompteur : dès que le
deux roues est libéré, le
compteur tourne. Les trente
premières minutes sont
gratuites.
nStation pour les vélos :
devant la mairie, sur le
parking du Marais et aux
Perrières à proximité de la
fruitière.
Il suffit de passer le badge devant la borne pour libérer le vélo à assistance électrique. Photo Le DL/J.-J.B.
e pari était audacieux
d’équiper la station de
ski des Gets d’un libreservice de location de vélos
à assistance électrique. Pari
tenu puisque depuis le mois
de juillet, Getslib’s’adresse
aux touristes, mais aussi
aux habitants. La formule a
convaincu les élus gétois de
poursuivre dans cette voie :
celle de la mobilité douce
dans le cadre du développement durable et d’une
démarche environnementale de la station. Du coup,
ce domaine skiable familial,
bien coté à l’étranger, est
propulsé en haut de l’affiche en réalisant une première en France, voire en
L
Europe…
Son créneau ? Les courts
trajets et une utilisation des
vélos au quotidien, qui allient le plaisir et l’aspect
pratique, sachant que la niche sportive VTT connaît
aussi un gros succès.
Une première expérience
en 2014
Conseiller municipal siégeant dans la commission
mobilité, Simon Bergoënd
est à l’origine de ce projet :
« Nous avons lancé une
première expérience en
2014 avec six vélos sur un
seul emplacement. Les résultats ont été très encoura-
geants. » D’où la décision
de conserver l’idée de base,
mais en l’améliorant… « Il
nous fallait simplifier le
fonctionnement, car le principe de la location traditionnelle était trop lourd à supporter », relève l’élu.
Aujourd’hui, l’office de
tourisme, qui en assure la
gestion par le biais d’une
Délégation de service public (DSP), n’est plus confronté à une charge de travail supplémentaire. Car les
inscriptions se font directement en ligne sur internet,
si l’on dispose d’un compte
Paypal ou d’une carte bancaire, les trente premières
minutes étant gratuites.
De six, le parc est donc
passé à 15 vélos à assistance
électrique et trois stations
ont été ouvertes. Le logiciel
a été conçu par Clean Energy Planet, une société française basée dans le sud de la
France.
Coût de l’opération :
moins de 100 000 € avec
une subvention de la Région à hauteur de 30 000 €.
Pour Simon Bergoënd, un
tel succès n’était pas acquis
d’avance. « Franchement,
je ne m’attendais pas du
tout à un tel engouement »,
avoue-t-il.
Ainsi, en juillet, 126 usagers ont utilisé Getslib’pour
un total de 546 trajets. En-
L’idée d’installer une version annécienne du Vélib’
ne séduit pas les élus de la communauté d’agglomération
A
lors que la station des Gets
a été capable d’installer ce
dispositif de transport, l’agglomérationannécienne,detaille
pourtant supérieure, s’y refuse.
Certes, la Communauté
d’agglomération d’Annecy
(C2A) a mis en place le système “Vélonecy”, adossé au
transport urbain de la Sibra,
mais le fonctionnement est
différent. Par exemple, il n’y a
pas de stations disséminées
aux quatre coins de l’agglo : le
véhicule loué doit être reposé
à l’unique consigne située à la
gare ou être gardé chez soi
pour la durée de location.
«Ce n’est pas que l’on ne
peut pas, c’est que ce n’est pas
le choix politique de la Ville»,
arguë Jean-Luc Rigaut, président de la C2A et maire d’Annecy. « Nous sommes dans
une logique d’optimisation
budgétaire. Certes, sur un
plan politique c’est très efficace, mais sur le plan économique ce n’est pas stratégique »,
renchérit-il. Il faut savoir
qu’aujourd’hui, l’implantation
d’un tel dispositif coûte en
moyenne 1500€ par véhicule
et par an, auxquels il faut rajouterleschargesd’investissement.
Une politique
d’accompagnement
Le relief de l’agglomération
annécienne inquiète également l’édile. « La population
qui descend d’Annecy-levieuxoudeSeynodnereprendraitsûrementpaslevélopour
remonter, nous obligeant ainsi
à mettre en place des camionnettes pour rééquilibrer les
flux. »
En revanche, la C2A a décidé de mettre l’accent sur les
infrastructures. Pour l’heure,
ce ne sont pas moins de 110
Il n’existe qu’une seule station “Vélonecy”, obligeant à louer sur la
longue durée ou à rapporter le véhicule à la gare. Photo archives Le DL/I.D.
kilomètres de pistes cyclables
que compte l’agglomération.Et 110 autres sont prévus
à l’horizon 2030.
Desurcroît,lespolitiquespubliquesincitentàlapossession
d’un vélo particulier. Depuis
plusieurs années, les parkings
et prises électriques destinés
aux bicyclettes sont obligatoires pour tout nouveau bâtiment. Des mesures visant
donc quand même à réduire
l’utilisation de la voiture sur le
territoire annécien.
MatthieuDESMOULINS
core mieux au mois d’août
où 149 personnes, soit 848
trajets, ont emprunté les vélos à assistance électrique.
Cette initiative vient ainsi
en complément des différentes formules proposées
telles les navettes gratuites.
Après avoir réaménagé son
centre village pour réduire
le nombre de voitures, la
station classée Famille
+ Montagne joue à fond la
carte de l’écotourisme.
D’ailleurs, l’office de tourisme déjà certifié Iso 1 401
(normes environnementales) vient d’être crédité tout
récemment du label “Qualité tourisme”.
Jean-Jacques BERCHEMIN
TROIS
QUESTIONS À...
Albert Asséraf
Directeur général stratégies,
études et marketing chez
JCDecaux
« Les petites et moyennes agglos
doivent réfléchir un minimum »
Ü Quelle est aujourd’hui la stratégie adoptée sur les
systèmes de vélos en libre-service exploités par JCDecaux ?
« Que ce soit en France ou dans le reste du monde, nous
avons un modèle économique unique, puisque l’intégralité
des programmes de vélos en libre-service est financée par
la publicité sur le mobilier urbain. Ce financement permet de
couvrir l’installation et l’entretien du dispositif. Dans un
certain nombre de cas, comme à Paris, l’ensemble des
recettes générées par les abonnements revient à la Ville. Il
peut aussi y avoir, si le programme publicitaire ne suffit pas,
un partage des recettes entre l’exploitant et la municipalité. »
Ü Quelles peuvent-être les barrières à l’implantation d’un tel
dispositif dans les petites et moyennes agglomérations ?
« La ville doit lancer un marché public et donc avoir étudié s’il
y a bien une cohérence entre la pratique du vélo, la taille et
l’infrastructure de la ville. Il y a des règles intangibles. La
première est qu’il faut un maillage de stations de l’ordre de
une tous les 300 mètres, sinon la pratique se fait assez peu
car les gens se reporteront sur un autre moyen de transport.
Ensuite, il faut évidemment un minimum de surface couverte. Si il n’y a que dix stations dans une ville, elles ne
desservent pas assez de points pour être utilisées. Encore
faut-il aussi que toutes les stations soient dans des zones
fréquentées. S’il n’y a pas de bureaux, commerces ou lieux
importants à proximité, la station devient presque inutile.
C’est pour cela que les petites et moyennes agglomérations
doivent réfléchir au minimum à installer. Chez JCDecaux, on
recommande 250 vélos à minima, soit 20 à 25 stations sur
une zone précise, pour un programme de départ. »
Ü Le fait de présenter une diversité de vélos en location
(électriques, pliables, etc.) est-il un réel avantage pour la
ville ?
« Dans un programme de vélos en libre-service, ce n’est pas
réaliste. Toutes nos études ont montré qu’il fallait un véhicule
standardisé. Si un client commence à avoir des requêtes
particulières - même si c’est simplement un siège bébé cela signifie qu’il faut tomber statistiquement sur le bon vélo
au moment souhaité. Cela a un coût très important et
demande un travail d’agencement beaucoup plus conséquent. Le libre-service est adapté aux courtes durées, pour
des vélos adaptés et pour un usage plus long, il vaut mieux
laisser ce travail aux loueurs privés. »
Propos recuillis par M.D.

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