en janvier 2009, Écho des savanes n° 276 - christian

Transcription

en janvier 2009, Écho des savanes n° 276 - christian
y&
Sexeeta,mour
genre de Français
Que!
êtes*vCIug
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SerTartBusindss,
mensonges
et vidëo
La confessior
moderne
Lespechés
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Imnostwe
Venézcomme
vous êtes...
Apoil au McDo
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secondes chrono, je retire
tous mes vêtements. 13 h02.
Je pousse la porte du fastfood. Je ne porte rien d'autre
qu'une paire de tongs, un sac
Image sublimilqlg qui ne m'a Pas
qui contient mon
trente-six fois de look et se retrouver
à poil I'espace d'une milliseconde...
de i'agence
échappé. Le communiqué
de com dit, au milieu du baratin habituel: "On n'a pas besoin de changer
ses contraintes, [...] on peut simple-
ment venir comme on est. [...] Une
invitation à tous ses consommateurs,
quel que soit leur moment de vie."
C'est clair et sans équivoque, l'ami
Ronald McDonald insiste pour que je vienne
chez lui comme je suis. Et en ce moment précis,
je suis chez moi, tranquille, à la flaîche, en train
de me préparer un petit café... à poil.
Dont acte.
porte-
teuille, eI une pancarte qui
reprend le slogan: "Venez
comme vous êtes." Entre le
trac qui me taquine et le froid
de décembre, je ne suis pas
très... à mon avantage... fair
surchauffé du McDo me
réconforte un peu -relativement, hein, on risque pas de me confondre avec
Rocco Siffredi. Il y a une petite queue (décidément, c'est 1e jour) à la caisse de gauche. Je me
plante directement devant I'autre caisse.
J'aurai tout imaginé, sauf ce qui se passe à ce
moment-là: 1es clients font comme si j'étais
l'homme invisible, comme s'i1 y avait juste une
Y a une couille dans le Ma,cPotage
Vendredi 5 décembre, 13 h, 4"C à I'ombre. Je paire de tongs qui marchent... Rien ne semble
gare ma voiture à 10 mètres du McDo. En dix perturber leur regard éteint, la scène est surréaL'ECHO DES SAVANES JANVIER 2OO9
:-:
i
L'ECHO DES SAVANES JANVIER 2OO9
les clients ne brancjrcnt pas. les emplovfs, en revanchc, sont plics en cuatrc.
Hurtoui en cuisine. ie les voTs sfl r'amqr"rtoi les uns les autres porfr ne ûas'rate r
Jattl'acl,ion" certains me lcnt rneme des gcsies c{encoul'agenlnrt" potice leve.t
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L'ECHO DES SAVANES JANVIER 2OO9
.çle viens à oeine
de noser me$ fêsses
sutrle nlastioue f roid
de'nor
dioge
le
clil'ecteur
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1iste. Ça en dit long sur le comportement social
de I'Homo sapiens en ce début de troisième
ËfJiiËt$ilifi,',T3;u
mi1lénaire.
Mais si les clients ne bronchent pas, les
0a V e$t. (a va êtrë
le clastr ic me dis.
Eh biën r]0lr:
le mec Aarde
tout son calme"
il me demande
doucement de finir
mon reDas en dehors
du-/estaurant.
employés, en revanche, sont pliés en quatre.
Surtout en cuisine, je les vois se rameuter les
uns les autres pour ne pas rater I'attraction,
certains me font même des gestes d'encouragement, pouce levé. En caisse, les filles hésitent
entre fou rire et perplexité. Je passe ma commande, ma caissière hésite, cherche envain son
chefdu regard, avant de me demander: "Cocafrites ?"
Le manager, qui vient de rappliquer, est en
train de passer un coup de fil tout en me matant
du coin de I'ceil. Il appelle les flics ? Mystère,
u trarf
urlai
pouvez pas venlr comme ça, tout nu.
- Ah bon ? Ben alors, pourquoi vous monû'ez
mec à poil dans vos pubs télé
tr-*
?
Je lui montre I'image en question, que i a
imprimée au verso de ma pancarte.
- C'est pas <mes> pubs...
- Attendez, vous n'êtes pas un petit restaura
teur ! Vous travaillez sous I'enseigne du plu
gros géant mondial de la restauration, c'est li
moindre des choses pour vous d'être solidai:i
des campagnes de communicatlon de r-orri
groupe, non?
si ça tenait qu'à moi, j'aurais pas fa
cette campagne, je trouve ça idiot. Maintenanl
si vous voulez faire part de vos remarques. :
faut vous adresser au siège. Et là, je vais r-ou
- Non, moi,
Del'Dtexe.
je lui clis cfueJq r re. his
f
àfl' "
suspense. En tout cas, coup de
pas I'ombre d'un vigile.
chance, i
j'ai ma commande. Je paye, je
traverse la salle avec mon plateau, à la
recherche d'une place libre. Ah, quand
même, je vois un client effaré, il est en
train de me filmer avec son portable tout
en faisant le commentaire en direct,
façon PPDA du dimanche: "Un mec à poil
au McDo..." Je sens que je vais finir sur
Dailgnotion avant la fin de mon Coca.
Ça y est,
demander de quitte
-4:i:!!Ê+ -'-
le restaurant, mor
"'+
sieur,ilyade
enfants dans la sa-lle
je ne peux pas vol:
laisser comme ça... Ou sinon, je serai dan
I'obligation d'appeler la police.
J'obtempère, me souvenant au passage qu
mon rédac-chef m'a recommandé d'éviter 1e
gardes à r,rre et les frais de justice. Le manage
me tend un sachet dans lequel il a rangé mo
Publicitémensongère!
Je viens à peine de poser mes fesses sur
repas. Avant de claquer la porte,je suis toujoui
plastique froid de mon siège que le
directeur rapplique vers moi, fianqué
-
dans mon rôle de consommateur floué:
Eh bien, moi, je serai dans l'obligation de r-ou
1e
d'un employe. Ça y est, ça va être le clash,
je me dis. Eh bien non: 1e mec garde tout
son calme, il me demande doucement de
finir mon repas en dehors du restaurant.
Je prends un air perplexe, je lui dis que
je ne fais que répondre à I'invitation de
McDo, lui exhibant au passage ma pancarte:
;ËF
@qs9
attaquer pour publicité mensongère... Vou
nous dites de venir comme on est, et quand o
arrive, vous nous dites de repartir... C'est pa
honnête !Vous n'avez pas fini d'entendre parle
!"
FnÉoÉnrc Nuronenor
de moi
PhotosTakaho Sugiyama
Moi, je suis chez moi, tranquille, à poil...
Je vois une pub McDo, "Venez comme vous
êtes", je me dis, c'est sympa, tiens... Allez, hop,
je viens comme je suis. Où est le problème ?
- Oui mais, 1à, vous ne pouvez pas. . . Vous ne
-
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