Les 4 derniers bateaux brad és à Alg ésiras

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Les 4 derniers bateaux brad és à Alg ésiras
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Les 4 derniers bateaux bradés à Algésiras
Administrateur, 'D'+FJF 01 JHFJH 2015 - 09:15:52
Le 01-06-2015 à 09:15:52
La compagnie marocaine de transport maritime « Comarit-Comanav
» a reçu le coup de grâce, mardi
mai courant au port espagnol d Algésiras où ses quatre derniers bateaux ont été bradés à des prix dérisoires.
***
Comme annoncé en avril dernier, les autorités portuaires d Algésiras en
Espagne ont mis en application l acte de vente aux enchères, mardi, de quatre
navires appartenant à la compagnie marocaine de transport maritime «
Comarit-Comanav-ferry appartenant à la famille Abdelmoula de Tanger.
Il s agit des ferrys
Ibn Batouta, Al Mansour, Banasa et El Boughaz, qui étaient bloqués sur les quais du port
espagnol depuis près de trois années à la suite de la saisie conservatoire qui a été lancée en
2011.
Auparavant, les autorités espagnoles auraient envoyé en 2014, un avis aux responsables marocains pour trouver une alternative
à cette vente.
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Le produit de cette vente devait servir principalement à rembourser les dettes de la compagnie défaillante envers le port
d Algésiras qui retiendrait l équivalent de ses créances auprès de la Comarit et les frais portuaires liés à la mise à
quai de ces navires durant les quatre dernières années, dont les frais d amarrage et d entretien, auxquels il faudrait
rajouter les frais de procédure de vente aux enchères. L enveloppe globale de l Administration portuaire devrait se chiffrer
en plusieurs centaines de milliers d euros. Le reste du produit de la vente sera ensuit versé au Trésor public espagnol.
Quoique l on estimait que l état actuel de ces navires devait négativement peser sur leurs prix, et qu une vente
normale au poids devait, en principe, tourner entre 200 et 210 dollars la tonne, on n aurait jamais imaginé que ces bateaux
seraient bradés à des prix dérisoires, notamment quand on sait que la compagnie mère avait déboursé, juste avant sa
défaillance, la rondelette somme de 55 millions de dollars pour remettre à neuf sa flotte.
En effet, l offre de prix pour le Ferry Ibn Batouta aurait été arrêtée à 1,27 million d euros ; celle du bateau Banasa à
765 000 euros ; , celle du Mansour à 702 000 euros et celle d El Boughaz n a atteint que 450 000 euros. La recette totale
dépasserait donc à peine les 3 millions d euros. Même pas de quoi payer rembourser une infime partie des dettes de
Comarit-Comanav ferry.
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D ailleurs, précédemment, le Berkane, un bateau qui a connu le même sort en septembre dernier, a été vendu à 1,8
million d euros seulement, alors que la mise à prix initiale aux enchères était de 5,8 millions d euros. Bien avant, en 2011,
le Biladi et le Marrakech avaient été à l origine des malaises de la Comarit après que le port de Sète avait lancé une
saisie conservatoire les concernant. La compagnie marocaine avait accumulé les dettes envers différentes autorités portuaires.
Sans compter le gros problème du personnel marin qui avait été débarqué de ces bateaux et jamais indemnisé jusqu à
présent.
Que sont devenus les marins
de la Comarit ?
Sit in des marins devant le siège de Comarit
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Les marins de la Comarit ont, à leur manière, fait l actualité au Maroc, mais aussi en France et en Espagne pendant plusieurs
mois, voire des années, jusqu au retour au Maroc de ceux qui étaient restés à quai en France, notamment après la saisie
des bateaux. Trois ans après le déclenchement de la crise de la compagnie marocaine, que sont devenus ces hommes de la mer
qui ont consacré des décennies de leur vie au transport des Marocains d Europe ?
Selon une enquête du site Yabiladi, Saïd Lorini passe ses journées à réfléchir. Ce marin de 46 ans n a plus travaillé
depuis trois ans, suite à la grosse crise qui a conduit à la liquidation de la Comarit. Pour lui c était le choc. « J avais pris
mes congés annuels (2 mois). A mon retour en décembre 2011, il y avait déjà des problèmes. En janvier 2012, nous avons
arrêté de travailler », raconte-t-il, soulignant que pendant les mois qui ont suivi, l équipage gardait toujours l espoir que
la situation se rétablisse. Mais ces espérances sont finalement tombées à l eau avec la faillite officielle de la Comarit.
Même pas 5 dirhams en poche
« Je suis dans une situation terrible. Je ne sais pas comment vous expliquer. J ai 2 enfants, le plus grand a 20 ans et passe son
baccalauréat cette année. Je n ai pas les moyens de m occuper d eux. Ils sont partis vivre avec ma femme chez mon
beau-père», raconte l homme de 49 ans qui cherche en vain un emploi depuis 3 ans. L un des problèmes de Saïd,
c est qu il ne maitrise que les métiers de la mer. « Je ne sais rien faire à terre. J ai obtenu mon CAP en 1986 et le 15
février 1989, j ai été embauché à la Comanav. J avais 20 ans, j ai carrément grandi dans cette société »,
confie-t-il d un air complétement abattu. « J ai travaillé pendant 26 ans (depuis 1986, ndlr) et je me retrouve
aujourd hui avec rien », dit-il mettant la main dans la poche. « Regardez, je n ai même pas 5 dirhams sur moi, pourtant
j ai travaillé pendant 26 ans », répète-t-il. Pour gérer son quotidien, Saïd se fait assister par des membres de sa famille.
Pour Khalid Targhi, la vie est tout aussi difficile, « mais grâce à Dieu on tient le coup », lance-t-il levant les yeux vers le ciel. A
côté de lui, sa dernière fille malade. « Je n ai pas les moyens de l emmener à l hôpital. Je suis obligé
d essayer de la soigner avec des remèdes traditionnels en priant Dieu qu elle se rétablisse », confie-t-il. Ce
quinquagénaire n a pas trouvé d emploi depuis trois ans et vit grâce au soutien de ses frères à l étranger : « ils
m envoient de l argent de temps en temps ». L homme fait également partie de ceux qui ont acquis des biens en
s endettant, comptant sur la stabilité de leur emploi pour rembourser leurs crédits. Mais là, « ça fait trois ans que je
n ai rien payé sur mon crédit auto », affirme-t-il soulignant qu il reçoit des pressions régulières de la part de ses
créanciers.
Pour cet homme qui a passé 25 années de sa vie au service de la Comanav, dont la branche transport de personnes est devenue
Comanav-Ferries, filiale de la Comarit, en 2009, « Abdelmoula a fait du mal au Maroc et au peuple marocain. Il n aurait jamais
dû acheter Comanav-Ferries. Les Français étaient corrects avec nous (CMA-CGM qui avait racheté à l Etat marocain la
COMANAV en 2007, ndlr) », explique Khalid, estimant que sans le rachat des activités passagers par la Comarit, il ne se serait
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peut-être « jamais » retrouvé dans cette situation.
« Chômage, chômage, chômage »
« C est un drame. Le sort est le même pour tous, chômage, chômage, et encore chômage », martèle un commandant et
ancien directeur à la Comarit qui a requis l anonymat. « C est grâce à Dieu que je vis », regrettant qu à la veille de
la haute saison, les hommes de la mer ne puisse pas trouver de travail alors que des compagnies de droit marocain viennent
d obtenir des autorisations. Il estime « triste » qu après des décennies au service de la compagnie nationale, ces
hommes se retrouvent tous à un âge avancé, sans aucun héritage à léguer à leurs enfants. « Notre problème, c est
que nous étions trop loyal envers la compagnie et l Etat. Jusqu au dernier moment, on était avec la compagnie »,
déclare le quinquagénaire qui compte plus de 25 ans au sein de la compagnie dirigée par le clan Abdelmoula. « Ce sont les
cadres qui ont bâtis cette société. Samir (le fils, qui a fini DG, ndlr) n était qu un enfant. Et un jour, on vous dit bye bye
», dit-il en demandant comment il peut trouver un nouvel emploi à son âge.
Le commandant rappelle qu en bon citoyen, tous les employés de la Comarit ont payé leurs impôts à la source, mais
aujourd hui ils n ont « plus de CNSS, plus de mutuelle », alors qu ils sont pour la plupart lourdement endettés. «
Tout le monde est sortie de cette affaire avec une maladie incurable », affirme-t-il.
Les marins racontent également le cas d un couple qui faisait partie de l équipage de la Comarit. Quelques temps après
l éclatement de la crise, le monsieur est mort « de crise cardiaque », laissant la jeune fille à l époque âgée de
moins de 20 ans, enceinte. « Aujourd hui, elle se retrouve avec une petite fille à sa charge, sans mari, sans emploi, sans
sécurité sociale, rien », regrette l un des anciens de la compagnie soulignant que les cas dramatiques sont innombrables.
Certains évoquent même un cas de suicide. Il y'en a, en outre, quelques-uns qui sont restés en France et Espagne après avoir
fuit les bateaux bloqués en 2012 dans les ports de ces pays.
Déception
Voilà en gros la situation dans laquelle se trouvent les centaines de marins de la Comarit à quelques différences près. A noter
que ceux d IMTC connaissent le même sort. Alors que le retour des compagnies marocaines sur le détroit était perçu
comme un signe d espoir, l Association marocaine des officiers et marins de la Marine marchande (AMOMM) se dit déçue.
« A quoi sert-il de donner des autorisations aux compagnies quand aucune d elle n a un bateau battant pavillon marocain ?
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Les marins vont rester au chômage », déplore le président Abdelkhalek Ben Maachou dans un entretien avec Yabiladi. Il assure
avoir eu « plusieurs rencontres » avec le ministère du Transport après la nomination du gouvernement Benkirane en 2012,
faisant des propositions. « Nous nous sommes rendus compte qu ils n en ont pas tenu compte », dit-il.
Actuellement, les équipes du ministère « ont déjà commencé » la préparation de l opération Marhaba « avec les
compagnies autorisées », comme nous le signale la responsable communication. Mais aucun ancien marin de la Comarit et
d IMTC ne fera partie des équipages.
Le Journal De Tanger