Jouot Natacha - Ecole supérieure d`art d`Aix-en
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Jouot Natacha - Ecole supérieure d`art d`Aix-en
Jouot Natacha Ecole supérieur d’Art d’Aix - en - Provence Première année(2012 - 2013) Le grand chantier du voyage (15.10 AU 26.10) J’ai choisi comme point de départ les amas d’objets rencontrés durant la randonnée. J’en ai sélectionné 5 (parpaing, pneu, cage, cuve, clou). L’utilisation de calque m’a permis de représenter chacun de ces objets de différentes façons, en ne sélectionnant que quelques lignes qui les composent. C’est ainsi qu’un amas de trois cages est devenu à mes yeux un schéma de construction, puis une structure construite en papier plus ou moins rigide, colorée ou blanche, en laine, avec des plans ou simplement des lignes, une feuille remplie de mots comme médium. A l’aide d’un logiciel de construction (Google Sketch Up) ; j’ai essayé de la faire évoluer. J’étais dans une dynamique de recherche qui me plaisait. Comment trouver d’autres moyens de créer, faire évoluer ma structure? La faire à différentes échelles? Utiliser les calques que j’ai fait pour leur propriété graphique et non comme simple étape de ma recherche? La contrainte temps ne m’a pas permis d’explorer (pour le moment) ces différentes pistes. Qu’est ce que j’expose? On m’a fait remarquer que ces recherches avaient un côté «scientifique», pourquoi ne pas en jouer? Chaque élément me semble imbriqué, c’est ensemble qu’ils font sens. Je reconstitue donc un bureau ; des recherches accrochées au mur, comme ce fut le cas cette semaine dans l’atelier + des outils dont je me suis servi. Naissance de ma première installation. Je ne l’ai pas sentie arriver, elle s’est imposée d’elle même. J’ai pris du plaisir à composer ce plan de travail qui est à la fois une réalité et une mise en scène. La mise en place des pièces fut un réel moment d’échanges. Avec celles de Lola et Antoine nous avons créé une installation. Elles sont différentes, ont des tenants et des aboutissants différents et pourtant elles semblent sympathiser, mieux, se valoriser. L’atmosphère créée convient à la fois aux pièces et à leur auteur. La préparation de l’expo et l’expo elle même sont les moments qui m’ont le plus appris. Mon travail a pris une autre tournure (bien que je n’abandonne pas les idées de départ). L’attitude des gens face à lui m’intrigue, m’amuse. C’est un travail artistique mais un bureau reste tout de même un lieu familier. Comment agir face à cette installation? Faut il considérer le bureau ou le travail? Certains y posent tasse à café, papier, vestes sur la chaise, chose qu’ils n’auraient sans doute pas fait sur un socle de sculpture. Cette ambiguïté me plait. J’ai l’impression que ça enrichit cette pièce. Elle gagne une trace de café laissée par la tasse, une restructuration grâce aux objets qui changent de place. Ça n’est pas une pièce figée, les gens la touche, la bouge, se l’approprie. La poubelle à côté du bureau se remplit. Quelqu’un a posé une cigarette et un briquet sur la table pendant que j’installais. Personne n’est venu les reprendre, personne ne les a touché. Maintenant ils font parti de la pièce. Pendant l’exposition les gens lisaient le carnet de recherche, touchaient les calques superposés comme s’ils cherchaient des formes connues,. Il y avait une recherche de leur côté aussi. J’aime cette interactivité. Un artiste à votre table: Jérémy Damien Comment s’approprier un espace, le réinventer, en parler sans forcement le dessiner, détourner les éléments qui le composent afin d’en créer un autre ? Telles sont les questions que je me suis posée durant ces trois jours. (du 29.10 au 31.10) Point de départ : un croquis d’une partie de notre atelier. 1) Le calque est un support que j’ai découvert lors de mes récentes recherches. Sentant que je n’en avais pas fini avec lui j’ai décide de le remettre à profit. Comment jouer avec sa transparence ? J’ai commencé par décomposer mon croquis. En superposant trois calques on retrouve le dessin d’origine mais séparés on ne distingue que des lignes mais aucune forme reconnaissable. Je me suis servie de ces trois calques pour créer un nouvel espace (en effectuant diverses rotations des calques et en les superposant). J’ai opéré trois fois cette expérimentation. Sur la dernière j’y ai ajouté de la couleur, une pour chaque élément ; table, fenêtre, poutres/plafond. Les éléments sont disloqués mais la couleur permet d’allier les formes appartenant à chacun d’eux. Un des calques supporte distinctement les lignes verticales, horizontales et les courbes de cet espace. 2) Ne sachant plus vers ou me tourner j’ai pris mon croquis, coloré « les vides » en violet et laissé les pleins( structure du bâtiment+ table) en blanc. J’ai découpé le tout et en ai fait deux tas distincts. Pour faire évoluer ma réflexion j’ai décide d’inscrire ces superpositions dans l’espace en découpant les pleins et laissant les vides. On devine l’espace grace à son négatif. Il n’est lisible qu’à un certain point de vue. Je me suis rendue compte que les pleins et les vides revenaient. C’est pourquoi j’ai présenté ces deux étapes de ma recherche ensemble. 1) 2) 3) Que voit on si je change de point de vue par rapport à cette maquette ? Que vont dessinés les vides si ce n’est l’espace de départ ? J’ai fait l’expérience. J’ai pris une photo vue de gauche, de droite et d’en bas. Les formes créées par les vides m’ont servis de point de départ pour la création d’autre chose. Ou plus justement j’ai cherché à traduire ces formes suivant différentes contraintes que je me suis imposée: – à chaque direction correspond une couleur haut, bas, gauche, droite – la forme en devenir doit être construite en suivant l’ordre suivant : haut, droite, bas, gauche Ex : le premier trait de la structure noire va en bas à gauche sa traduction sera un trait vert et bordeau (première contrainte) allant vers le haut (je suis l’ordre établi). J’avais déjà fait une maquette semblable à celle ci pour un travail précédent (l’an passé) mais qui servait une toute autre démarche (découpe de l’espace avec travail d’ombre et de lumière). En faisant cette nouvelle maquette dans une optique différente j’ai eu l’impression de redécouvrir une facette de mon travail. Cette préoccupation des vides, des pleins, de la façon dont ils s’allient pour organiser un espace m’intéresse. C’est la première fois que je crée un « système » de toute pièce pour m’approprier quelque chose et cette façon de procéder me plaît. J’ai envie d’explorer à nouveau cette voie. 3) Pim Pam Poum (du 08.11 au 30.11) Qu’est ce qu’Aix peut bien m’évoquer outre ses pavés et ses fontaines ? Maintenant je suis une de ses habitantes je ne peux pas me contenter d’avoir un regard si banal sur cette ville. Je foule son sol, arpente ses rues, j’y ai mon école, mon appartement... Cette ville est mon quotidien. Elle est également celui de Lola et Fanny. C’est un de nos point de départ. Nous avons commencé notre travail par la recherche de mots clefs. A quoi nous fait penser Aix, sur quoi aimerions nous travailler ? Ce qu’il en a résulté ; l’idée de cartographie, de trajet, la simultanéité, le quotidien, la proximité. Certaines contraintes nous ont été imposées: utiliser le téléphone portable, retranscrire notre vision d’Aix en Provence. Pour se les approprier la mise au point d’un protocole nous est apparue évidente. Pendant plus d’une semaine (du 09.11.12 au 17.11.12) nous avons suivi le processus suivant: une de nous a « le pouvoir » c’est à dire qu’elle peut appeler un des deux autres membres du groupe quand elle le souhaite. La réceptrice de cet appel doit prendre une photo de ce qu’elle est en train de faire, capter 5sec du son qui l’environne et noter l’heure exacte de l’appel, la date et le lieu où elle se trouve. C’est ainsi que le pouvoir se transmet. Cela nous permet de construire quelque chose toutes les trois tout en gardant notre singularité à travers nos photos notamment (choix du cadrage par exemple). Notre désir était d’utiliser le téléphone non comme un moyen de transmettre ou de recevoir des informations mais simplement comme un outil capable de déclencher un processus. De plus notre protocole s’inscrit dans notre quotidien. Il nous permet de saisir des instants de notre vie aux moments les plus inattendus. Je l’ai réellement pris comme un jeu, comme quelque chose qui venait à me surprendre chaque jour, en plein repas ou en plein travail, au lever comme au coucher. C’est toujours avec plaisir que je m’entendais dire « Aller Nat, au travail ! ». Volontairement nous avons gardé « secrètes » nos récoltes. Nous étions vraiment dans la captation, non l’échange d’informations. Dans un premier temps nous avons accumulé de la matière, sa mise en forme est une préoccupation qui n’est qu’arrivée qu’après. Beaucoup de données chiffrées ont été récoltées (date / heures des appels, y compris les appels en absences.) Assez vite nous avons pense à Opalka. La façon dont il présente ses chiffres nous a interpellé. Le fait de les présenter à la suite, sans discontinu ni ponctuation nous permet de constituer un recueil des instants que nous avons saisis. Cette liste a été répétée de façon à recouvrir les trois panneaux extérieurs (en all over) de notre rendu plastique. Nous tenions à ce qu’ils occupent tout l’extérieur afin de tirer profit d’une des contraintes de mise en page ; un carré de 18 sur 18 pouvant comporter des pliages. De cette façon en pliant, l’extérieur peut entrer en contact avec l’intérieur. Les chiffres rouges représentent les appels en absence. Nous avons choisi cette couleur car c’est souvent ainsi qu’ils s’affichent sur nos téléphones, et cela nous a permis de rappeler des couleurs de l’intérieur tout en dynamisant l’extérieur en créant une trame. Par choix la typographie est simple pour que le style ne prime pas sur la lisibilité des chiffres et l’’interlignage est serré pour accentuer l’aspect graphique et l’apparition de la trame. Notre piste audio se présente sous la forme d’un « sonorama » (inspiré par l’artiste promeneur (Mathias Poisson). Les sons sont disposés les uns à la suite des autres avec de court temps de silence entre chaque (environ 1seconde). Nous désirions rendre son indépendance à chaque instant, les faire exister pour ce qu’ils sont. Les photos n’ont été ni travaillées ni retouchées. Là aussi nous avons affaire à des instants bruts. A travers cette mosaïque s’exprime l’envie de créer une harmonie, une unité, en opposition à la façon dont nous avons traité les sons. Inspirées de Bernd et Hilla Besher c’est une sorte de répertoire que nous avons reconstitué. On utilise l’idée de pixellisation, comme si ces photos n’étaient que détails d’un ensemble. La carte reprend notre idée de départ. Après avoir relater notre rapport au temps nous nous positionnons dans l’espace. Le trajet visible tient compte de notre relais. Nous avons marqué les lieux où nous nous trouvions à chaque réception d’appel. Exemple : premier appel reçu par Lola ; elle se trouve chez elle. Plus tard elle appelle Fanny qui elle se trouve à l’école. Le premier trait reliera donc l’appartement de Lola à l’école. Ce trajet relate brièvement les lieux que nous avons occupés, les endroits où nous sommes passés pendant cette semaine. Ce relais, passé par le biais d’un appel (quelque chose d’impalpable, d’immatériel) est ici exprimé de façon fictive. Le fond de carte est clair afin qu’il ne domine pas. Le trajet prime sur la carte. J’aime cette idée de rendre visible quelque chose d’insaisissable. Cette idée rejoint mon travail personnel et j’aimerai prochainement en tirer profit. Pour l’utilisation de la carte nous nous sommes inspirées du travail de Mathias Poisson et de Dan Bélasko Rogers. « LE PASSAGE » : il suggère à la fois la transition entre les deux volets du dépliant et fait référence à ce relais que nous nous sommes transmis. Les lettres sont en majuscule pour qu’elles aient la même hauteur et fassent la continuité avec les cases de la mosaïque L’interlettrage a été resserré pour qu’on ressente cette idée de passage, de continuité. Notre titre est le suivant : 091112-171112 Les dates de début et de fin de l’expérience sont reliées par un tiret. C’est lui qui a le plus d’importance car il englobe chaque instants entre ces deux dates, notre travail s’inscrit dans ce tiret. Boltansky est notre référent direct pour ce titre. «Plateau John Cage» : Méta- Atelier (du 06.12 au 07.12) 3 objets (une boite de thé, une calepin à élastique, un crayon gris), 3 vêtements ( un T- shirt, une chemise, une chaussette), trois gestes du quotidien, un son, un texte. Le premier jour, les exercices se sont enchaînés pour utiliser tour à tour tous ces éléments. C’est de façon instinctive que nous nous en sommes servis, bien loin de leur fonction première. J’apprécie ce détournement ainsi que le fait de ne pas avoir à justifier chaque choix, chaque acte. On me reproche souvent de ne pas assez lâcher prise, je me suis dit que ce genre d’exercice pouvait peut être m’aider. En nous exécutant nous avons produit de la matière pour alimenter notre performance à venir. A cette occasion j’ai changé les objets et vêtements choisis. Trois écharpes étaient attachées à moi avec chacune des objets accrochés pour produire des sons (des stylos qui s’entrechoquaient, des grelots, une sonnette de vélo). J’ai aimé l’idée de considérer un être vivant comme un instrument de musique. J’étais muni de trois « cordes », ses leurs mouvements et le mien qui provoquaient les sons. Le but était que je reste immobile et que je laisse Lola et Fanny jouer aux musiciennes. C’est ensuite à trois que nous avons élaboré une performance filmée. Je n’avais encore jamais expérimenté ce modèle d’expression. Le fait de donner du sens à une série d’actes, de transmettre quelque chose par le simple fait d’agir sous le regard d’autrui m’attire. C’est effrayant mais excitant à la fois. Perception et Imagination de la Couleur (du 10.01 au 01.02) Une couleur. Des graphismes. Je m’arrête, j’observe, j’omets Google Earth. On me dévoile cette réalité du bout du monde. Je n’en ai que l’image servie par ce logiciel, un bien pauvre aperçu. Alors je l’imagine. Mais moi, comment puis je vous parler de cette mer là, vous permettre de la voir telle que je la ressens. Un bleu profond. Ce bleu ne s’observe pas, il se vit. Face à cette étendue on ne peut pas rester simple contemplateur. Elle nous enveloppe. Sa couleur déteint sur l’atmosphère. Son mouvement est doux, ses vagues vous bercent plus que ce qu’elles ne vous bousculent. Un reflet se dessine sur la surface. C’est ainsi que je l’imagine. J’aime l’idée d’une toile porteuse d’un univers mental. A tâtons je peux essayer de le façonner sur elle, de le partager. Elle recueille mon geste, me met face à ma propre pensée. J’accouche mais je ne sais pas bien de quoi. De choix chromatiques maladroits, de formes hésitantes. C’est surtout la naissance d’un dialogue. Elle me donne la chance de pouvoir revenir sur mes erreurs autant que je le souhaite. Elle a quelque chose de rassurant. Elle est comme cette mer qui me berce. Je commence par expérimenter en me servant des images choisies comme point de départ; j’isole des graphismes, je prélève des formes que je travaille en noir et blanc puis à l’aquarelle. Je glisse doucement vers la couleur, tâtonne vers la peinture toujours avec les mêmes procédés. J’adopte assez vite cette image marine. Mais tout ça ne me convient pas. Un paysage, c’est pour moi quelque chose de mouvant, toujours différent, qui dépend du temps, de la lumière. Je ne voulais pas l’enfermer, le figer. Ce serait le dénaturer. Ce reflet que peuvent émettre les couleurs m’a toujours fasciné, mais je n’ai jamais su comment l’exploiter. L’idée de paysage m’a semblé être un bon prétexte pour me lancer. En tournant certaines feuilles de test je me rends compte que l’amas de peinture côté face a formé diverses formes côté pile. Je choisis le côté pile. Je mets la couleur face au mur et je montre la forme. J’apprécie le fait de dissocier les deux. Je m’attaque à un support rigide pour commencer mes pochades. D’un côté je colore des carrés dans une même gamme de couleurs (deux pochades bleues, et une rouge). Pour ce que je souhaite faire je me dis que le graphisme importe peu. Ce qui m’intéresse se sont les couleurs ; la recherche chromatique et les reflets de celles ci. Je me constitue plusieurs palettes associées à des types de paysages différents (mer, montagne, paysages volcaniques). Elles sont principalement constituées de gris colorés. Ces couleurs m’intéressent de par la richesse de leur composition. Cette action fut motivée par le nuancier en début d’atelier où on nous a montré comment créer, entre autre, un noir plus ou moins chaud. Une « même » couleur dispose d’une quantité de nuances possibles sur lesquelles il me semble intéressant de se pencher. D’un côté de mon support je dépose la couleur, de l’autre je tente de travailler la matière et le graphisme avec de l’acrylique blanche. Je prends du plaisir à travailler le graphisme tant que la couleur. Je me lance dans un format plus grand et tente d’allier ces intérêts sur une même face. Bien que pour ce travail de reflet je pensais qu’un monochrome était plus approprié, le graphisme n’ayant pas d’incidence sur le reflet. Mais quel bleu choisir ? La question se révèle bien plus complexe qu’elle n’y paraît et mériterait peut être plus de réflexion. Comment exploiter le reflet de la couleur ? Le rendu: Le grand format est posé à proximité du mur sur du papier aluminium. Lors du rendu le reflet se voit peu, la lumière n’est pas au rendez vous mais ça fait partie du jeu. Le paysage sera différent un jour de beau temps, le bleu rayonnera plus. Première pochade bleue face au mur sur lequel est collé un miroir plus petit que la toile. Un paysage étant changeant je voulais retrouver cette idée de mouvement. Le regardeur, par curiosité, est amené à bouger pour regarder dans le miroir et découvrir l’intégralité de la face colorée. La seconde se penche sur un bac rempli d’eau et sous lequel se trouve une feuille d’aluminium. En fonction de la place du visiteur, le reflet dans l’eau est différent. Je veux encore affiner ce travail et le pousser au delà de ce sujet. Quel pourrait être l’intérêt pour la Peinture que je ne révèle que son reflet ? Elle se retrouve elle même face à ce qu’elle émane. Ce qu’elle dégage m’intéresse plus que ce qui est peint sur elle. Volume, installation, sculpture (du 07.03 au 29.03) «Mémoire de forme et forme de mémoire» «Collection» Comment lier ces deux contraintes? Le sujet m’a paru tant complexe qu’intéressant. En regardant le travail des artistes qu’il nous a été conseillé de découvrir, je suis tombée sur une œuvre de Bruce Nauman; space under chair. C’est le moulage d’un vide en dessous d’un chaise. Fortement attirée par cette approche du vide, j’ai voulu me pencher sur la question. J’ai récupéré un bout de polystyrène dont j’ai moulé le vide central (la forme ressemblait approximativement à un pied de colonne). Une chose me gênait dans cette démarche: pour conserver la forme d’un vide j’ai dû le sacrifier et le transformer en plein. J’étais plus intéressée par l’idée d’évoquer quelque chose, une forme connue, grâce à un vide, une absence. C’est comme ça que je me suis dirigée vers l’objet échelle. Ce qui m’intéresse dans cette échelle c’est justement le fait qu’elle n’en soit pas une. Elle est en plâtre et ses barreaux sont absents. Mais malgré tout, en disposant deux montants à la verticale, parallèles l’un à l’autre, on arrive à deviner l’objet. J’ai pensé que cela était sûrement dû à notre mémoire visuelle qui a retenu l’image de l’échelle, mémorisé sa forme et qui nous permet donc de la visualiser avec ces indices. Pour mettre au monde mes deux montants, j’ai fait un coffrage en bois pour y couler du plâtre avec de la filasse et du fil de fer pour les consolider. En faisant des recherches sur le travail de Dominique Ghesquiere (Marius m’a rappelé qu’elle avait fait un escabeau en faïence), je suis tombée sur une phrase qui a retenu mon attention «Ils [les objets] sont libérés de leur fonction et investis d’une nouvelle mission : ils sont en représentation.» Utiliser un objet pour son image, ce qu’il évoque et non pour ce qu’il est; c’était tout à fait ça. La collection me manquait. A mon échelle il manquait des barreaux. Pendant une semaine j’ai collecté des objets dont la forme pouvait s’apparenter à celle d’un barreau. Je n’avais aucune exigence de couleur ni de matière, seule la forme m’importait. Tuyaux, tubes métalliques , PVC, manches à balais, furent le fruit de ma récolte. J’en ai coupé certains, j’ai fait des rajouts à d’autres pour qu’ils aient tous la même longueur. J’ai apprécié le fait d’être dans la recherche permanente, de ne pas savoir, jusqu’au dernier moment, à quoi allait ressembler ma collection. L’esthétique final m’importait peu. Je n’ai pas choisi mes matériaux, je les ai rencontré. Je n’ai pas tout contrôlé, et ce fut plaisant. La mise en espace a été également une partie délicate. Je me suis rendue compte à quel point l’accrochage avait son importance. Il peut totalement changer la perception qu’on a d’un travail. Finalement j’ai disposé les montants à l’intérieur, à proximité d’une fenêtre et les barreaux à l’extérieur. L’idée que chacune de ces deux parties du travail puisse avoir une existence autonome me paraissait importante. J’ai disposé les barreaux de telle façon que selon un point de vue, à l’intérieur, on puisse voir chaque barreau partir d’un des montants avant de disparaître derrière le mur. J’ai abordé ce point de rassemblement comme un moyen de réunir les deux visuellement, comme pour confirmer l’image qu’on a pu se faire de ces deux montants. Un artiste à votre table : Thierry Lagalla (du 11.04 au 12.04) J’ai envie de faire une performance avec le premier montant que j’ai fait (travail de volume), celui qui est réduit en morceaux. Actuellement il n’est que résidu de pièce, bon qu’à mettre à la poubelle. Ce qui m’intéresserait serait de changer son statut par le biais de la performance. La performance (telle que je l’imagine) : En face de moi, sur le mur opposé, les deux montants, le cartel correspondant ; une pièce autonome. Moi, ici et maintenant, en train de râper le résidu de cette pièce, sous ses yeux. Je lui fais retrouver l’état de poudre, comme le plâtre avant son utilisation. Il est désormais inutilisable et à la fois porteur de potentialités. Il n’est plus rien physiquement mais laisse une liberté mentale absolue. Ce tas de poussière sera nommé, il gagne son autonomie. Libre au regardeur de décider la façon dont il veut les mettre en relation (ou pas). Résidu de pièce ; il n’est rien. Résidu de performance ; il est pièce. L’idée de pouvoir transformer « le statut artistique » d’un objet par une simple translation (qui s’opère ici par un acte performatif) m’intéresse. Il reste résidu mais plus de la même chose, et cela change tout. En ce qui concerne les titres : Montant : -Qui monte , se meut de bas en haut. - Chacune des deux pièces dans lesquelles sont fixés les échelons d’une échelle. Descendant : - Qui descend, qui est incliné. -Personne issue de quelqu’un, d’un ancêtre. Ces deux mots peuvent être compris de deux façons (en tant que nom ou adjectif), j’aimerais qu’il faut utiliser ce double sens. J’aimerais les nommer respectivement « Montants » et « Descendant ». Tout en gardant leur indépendance ils se répondent ; tant par le nom que par leur emplacement (face à face, mais tout de même bien espacés). Ça ne se passera sûrement pas comme je l’imagine, et cela aussi m’intéresse.