Rapport de mission n°1
Transcription
Rapport de mission n°1
Philomène Responsable de programmes de formation Date : Novembre 2014 91 boulevard Auguste Blanqui 75013 Paris - France Tél.: +33 (0)1 58 10 74 80 Courriel : [email protected] www.fidesco.fr Rapport de mission n°1 : Novembre 2014 Chers famille, amis et connaissances, Je suis arrivée depuis le 20 août { Cotonou, au Bénin, pour une mission d'un an pour les sœurs Salésiennes de Don Bosco. Après deux mois et demi ici, je trouve petit à petit mes marques. J'ai été formidablement accueillie par ma binôme et colocataire Solen, grâce à qui mon intégration a pu se faire en douceur. Je suis très heureuse de partager avec vous dans ce rapport ma mission et ma nouvelle vie! Cotonou Cotonou est la capitale économique du Bénin, elle est située tout à fait au sud du pays sur la Côte Atlantique. La capitale politique, Porto-Novo, se trouve { une quarantaine de kilomètres { l’Est de Cotonou. Le nombre d’habitants à Cotonou est inconnu et se situe a priori entre 800 000 et 3 000 000… Car, ici, les gens ne sont ni recensés, ni numérotés comme en France. Tout ce que je peux dire, c’est que la population est dense. Du matin au soir, et même la nuit, les rues sont remplies d’hommes, de femmes et d’enfants qui vont à pieds (le plus souvent), en zem comme moi (taxis motos), en Femme en bomba sur une moto moto ou en voiture. Ce qui surprend, c’est la circulation incessante et anarchique. Aux heures de pointe (heure de départ pour le travail et heure de sortie de l’administration) la circulation est très chargée sur les grandes artères. En plus du chassé-croisé des voitures et surtout des motos, le brouillard de fumée des pots d’échappement et le concert de klaxons rendent la circulation particulièrement dense et bruyante. Ça roule dans tous les sens, et souvent { toute vitesse. Ici, personne n’a vraiment la priorité, ou plutôt tout le monde l’a, pour peu qu’on ait un peu plus de cran que les autres. Cela m'a surprise au début de voir le Kékéno (conducteur de zem) qui me conduit doubler à droite ou même éviter d'attendre dans les embouteillages en roulant tout simplement sur le trottoir… Les piétons ne sont reconnus prioritaires que quand il y a une signalisation qui le précise clairement, c'est-à-dire très rarement. Seules les artères principales de Cotonou sont goudronnées, les autres sont des routes de sable (des vons) { l’intérieur des quartiers qui mènent vers l’authenticité de la vie locale. Pour les ronds-points, imaginez la Place de l’Etoile { Paris en 10 fois pire !!! J'ai découvert les différents quartiers de la ville : il existe de beaux quartiers résidentiels (où vivent les blancs) assez propres et entretenus, et il y a des quartiers comme celui où j'habite, Zogbo, où il faut regarder où l’on met les pieds, où tous les gens nous observent curieusement en nous appelant "yovo!" (blanc). La langue officielle du Bénin est le français, et localement c'est le fongbe qui est utilisé. Mais Cotonou est, comme toute grande ville, une terre d'immigration où beaucoup d'ethnies et donc de langues différentes se côtoient ici. En effet, le Bénin compte plus d'une quarantaine de dialectes, ce qui peut paraître étonnant quand on sait que la population totale du pays ne dépasse pas les 10 millions d'habitants… Néanmoins l'ethnie fon est majoritaire dans le pays puisque ses membres représentent à eux seuls 39% de la population au Bénin. Dans les vons (rues), les buvettes (bars) mettent à fond la musique locale ou africaine à mon plus grand plaisir. Les vendeurs et vendeuses ambulants vantant à tue-tête leurs articles participent aussi à la bonne ambiance et à la bonne humeur des Cotonois. Les locaux tiennent des échoppes sur le bord de la route. Pas un mètre de rue n’est disponible, c’est une brocante en continue. Des denrées alimentaires aux produits de premières nécessités, on trouve de tout au bord de la voie, sans même devoir descendre de sa moto. Les inégalités sociales sont assez frappantes : alors que certains Béninois (des bébés aux plus anciens) sont pieds nus dans la rue et dorment dehors sur les trottoirs, d’autres se payent de luxueux 4x4. Les constructions de la ville sont elles aussi anarchiques et hétéroclites. On trouve des cabanes montées en tôle et en bambous, des immeubles { l’européenne, de luxueuses villas à côtés de terrains vagues… Il n’y a pas d’ordre, rien n'est construit sur le même modèle. Les nombreux artisans font également partie du décor des vons. Le vulcanisateur, le mécano, le garagiste, le tailleur, le soudeur, le coiffeur, la coiffeuse, sont dans la presque totalité des rues. Cette immersion est dépaysante mais pour ma part, je loge dans un appartement { l’européenne ; il est très spacieux, dispose d’une cuisine, un séjour, 3 chambres, 2 salles de bain et WC… Il est meublé, propre et agréable. Je remplis Soudeur devant la maison de l'Espérance les murs blancs de vos cartes, photos et lettres (il reste beaucoup de place alors n'hésitez pas à m'écrire!). Les coupures d'électricité sont fréquentes, l'eau de la douche est rafraîchissante, et le coq qui vit en dessous de la fenêtre de ma chambre me réveille tous les matins. Ces petits désagréments sont devenus tout à fait normaux pour moi, et je me sens tout à fait chez moi dans cet appartement. Le climat est chaud et très humide mais Cotonou étant une ville côtière, beaucoup d’air circule, ce qui est agréable. Je suis arrivée pour la fin de la saison des pluies qui, à Cotonou, est assez difficile à braver puisque les rues complètement inondées rendent la circulation compliquée. Le ciel était très souvent gris, mais maintenant il fait beaucoup plus beau (et chaud!), et nous pouvons parfois profiter de la plage le week-end. Ici, le soleil se couche assez tôt, toujours vers 19 heures. Nous habitons à deux rues du foyer et de l'école de Sœurs, où travaille Solen comme professeur de physique et chimie. Pour ma part, je prends un zem tous les matin pour me rendre à Hindé, un autre quartier de Cotonou, qui borde le marché Dantokpa: il s'agit du plus grand marché d'Afrique de l'Ouest. Les sœurs salésiennes Devant la maison de l'Espérance avec Anne Marie Les filles de Marie Auxiliatrice (FMA), connues dans les milieux francophones comme « Soeurs Salésiennes de Don Bosco », ont été fondées en Italie par Saint Jean Bosco et Sainte Marie Dominique Mazzarello en 1872. Les FMA sont des femmes consacrées { Dieu dans l’éducation intégrale des jeunes et des enfants, avec une attention particulière à la condition féminine et aux femmes plus défavorisées. Elles vivent en communauté, et avec les jeunes la spiritualité et la pédagogie de Saint jean Bosco et de Sainte Marie Dominique Mazzarello. La communauté salésienne de Cotonou est composée de 10 soeurs et d’une quinzaine d’aspirantes sous la responsabilité de la soeur Maria-Antonietta. Elles embauchent des dizaines de personnes et de nombreux volontaires. Les Soeurs Salésiennes de Don Bosco sont actives dans le domaine de la protection des enfants au Bénin depuis 1992. Le programme d’aide social qui vient en aide au Vidomégon (enfants placés) et autres enfants défavorisés a débuté en 2001. Depuis ce moment, les Soeurs n’ont pas cessé de créer des projets pour la protection des mineurs au Bénin. Les Soeurs Salésiennes s’occupent de l’accueil des filles victimes d’exploitation, de traite d’enfants et d’autres sortes d’abus (petit et grand foyer { Zogbo, Maison du Soleil { Hindé). Dans le cadre de l’éducation, les Soeurs offrent aux enfants et aux jeunes des cours d’éducation préscolaire, des cours d’alphabétisation, une école accélérée (école alternative), une école secondaire (Centre Laura Vicuῆa) et un institut de formation supérieure pour éducateurs spécialisés (ISFES). Dans la tradition de Don Bosco, une attention particulière est donnée à la formation professionnelle des jeunes défavorisés dans le but de renforcer leurs capacités professionnelles et humaines (Maison de l’Espérance { Hindé, Atelier de couture et cuisine à Zogbo). Il y a aussi la Boutique Rose, où se fait la vente des produits des diverses ateliers (couture, savonnerie), la ferme « La Valponasca » où est dispensée une formation agropastorale avec des cours d’alphabétisation pour filles et femmes avec une sensibilisation dans les villages limitrophes sur les droits de l’enfant et la promotion socio-économique des femmes. Enfin, le « Mamma mia » est le restaurant d’application où les jeunes les plus brillants formés en cuisine à la maison de l'Espérance effectuent leur stage de fin de formation. Un travail important est fait dans toutes ces structures à travers des enquêtes sociales et de la médiation familiale pour que les jeunes égarés se réconcilient avec leur famille. Car les Sœurs considèrent, malgré toutes les difficultés, que le milieu naturel d'un enfant, c’est sa famille ! Les Soeurs organisent aussi de nombreuses activités de sensibilisation grand public ou en petit groupe sur différents sujets tels que l’exploitation des mineurs, les violences sexuelles faites aux filles et aux femmes, la traite des enfants, la santé et l’hygiène. Ces sensibilisations passent aussi par la diffusion de films en langue Fon sur le sujet dans des lieux clés de la ville, par exemple au marché, suivie de débats avec la population: ce sont les "ciné-villages". Vidomegons, les enfants esclaves du Bénin C’est une dérive de la pratique traditionnelle de « confiage » de l’enfant par sa famille, en vue de recevoir formation, éducation et subsistance dans une famille plus aisée. Les rapports autrefois basés sur la solidarité se sont mercantilisés et le rêve se transforme la plupart du temps en cauchemar: les enfants sont exploités dés le plus jeune âge pour travailler dans la maison de ses tuteurs, pour vendre sur le marché ou pour réaliser toutes sortes de travaux les plus durs physiquement. Le plus souvent, ce sont des filles âgées d'à peine une dizaine d'années qui ont à peine de quoi manger, et sont souvent maltraitées. La réalité saute aux yeux à chaque coin de rue de Cotonou: le travail des enfants prend des proportions inquiétantes au Bénin: il n'est pas impossible de se faire réparer sa moto à 2 heures du matin par un très jeune garçon et dans les boutiques on sera très fréquemment servi par un tout petit enfant plutôt que par un adulte. Le Bénin est une plaque tournante de ce phénomène, et la police intercepte souvent des enfants qui ont été vendus par leurs parents parfois à de grands exploitants au Nigéria, en Côte d'Ivoire, au Gabon ou au Togo. La Maison de l'Espérance La Maison de l’Espérance a été inaugurée le 14 mars 2008, un projet en grande partie financé par l’Union Européenne mais porté et organisé par les soeurs salésiennes. Cette maison porte deux projets distincts: elle est tout d'abord (depuis 2001) un dortoir sécurisé pour les filles vendeuses dans le marché de Dantokpa. Celles-ci n’ont aucun lieu pour passer la nuit et deviennent, dans le marché, des proies à toutes sortes de violences et abus, sans compter les problèmes d'hygiène et les maladies auxquelles elles sont exposées. Dans le marché, tout se vend et tout se fait. C’est un monde { part, une ville dans la ville. J’ai compris qu’il y a à l'intérieur d’autres codes, d’autres manières de penser et de vivre. Mais { l’intérieur de ce réservoir culturel énorme, il y a aussi une misère qu’on ne soupçonne pas au premier abord. Les jeunes ici ont tendance à être complètement happés par cet univers très particulier où ils tentent de "trouver l'argent". Tout en respectant l’idée du marché, les sœurs salésiennes ont donc organisé { l’intérieur un lieu qui permet { des jeunes de se construire ou de se reconstruire. La maison de l'Espérance est également dans cet objectif un centre de formation professionnelle pendant la journée. Elle accueille les jeunes, filles ou garçons, de 14 à 18 ans et leur propose une formation en pâtisserie, cuisine, savonnerie ou boulangerie. La durée de ces formations est de 6 mois, auxquels s'ajoute un stage de 3 mois que la maison leur trouve, pour la validation des acquis. Face aux multiples filles mères qui se présentaient à la Maison de l'Espérance, l'équipe a eu l’idée d’ouvrir une maison qui accueille ces mineures, le plus souvent déjà mères dans des circonstances tragiques. Il s'agit de la maison du soleil, qui existe depuis 2011, et qui est située à deux rues de la Maison de l'Espérance. Les jeunes mamans suivent une formation à la ME le jour et Emilienne, 15 ans, récemment diplômée de retrouvent leurs bébés le soir. Durant le temps d’absence, savonnerie, et son enfant Emmanuel les 10 bébés vivent en communauté dans une crèche à domicile. Ici, on ne lésine pas sur les choses à mettre en place pour que ces projets marchent, les sœurs réalisent un travail incroyable et s'entourent de personnes compétentes et dévouées pour réaliser leurs projets. Le personnel de la Maison de l'Espérance est entièrement béninois à part moi, et est sous la responsabilité de Fanny, qui dirige la Maison. Il y a Gilberte, qui est comme moi responsable des ateliers de formation et aussi responsable des achats, Grégoire et Nina les deux assistants sociaux, Emile le gardien de jour, Maurice le psychologue, Clarisse l'infirmière, Cédric le caissier, et les formateurs: Marlène à la cuisine, Juliette et ses deux assistantes Charlotte et Brigitte à la savonnerie, Denise à la pâtisserie, Richard à la boulangerie, Constantine aux arts ménagers, Augustine pour l'alphabétisation et la gestion. Il y a aussi des "tatas de nuit" et le gardien de nuit, qui sont responsables des filles du marché, qu'ils appellent les "tofins" de 19 heures à 7 heures du matin. Ma mission Responsable des ateliers de formation à la maison de l'Espérance, ma mission consiste à faire un suivi de l'élève de son inscription jusqu'à la remise de son diplôme, qui a lieu après le stage. Ce travail est rendu possible grâce à la coordination entre tout le personnel de la maison qui a pour but non seulement de dispenser une formation aux jeunes, mais aussi de participer à leur éducation. Ce sont souvent des jeunes qui ont déjà vécus des choses très difficiles, ont peu de repères familiaux, et pour certains n'ont jamais eu à suivre de règles puisqu'ils étaient livrés à euxmêmes: l'apprentissage de la vie en communauté est donc déjà un défi en soi. De plus, la plupart des jeunes sont peu allés à l'école: certains ne parlent pas du tout le français et beaucoup ne savent pas lire. Les adultes aussi ont tendance à parler le fon entre eux, il reste difficile d'imposer le français comme la langue de l'école. J'étais donc assez surprise de constater qu'il y a une petite barrière de la langue entre eux et moi. Du coup, tout le monde essaye de m'apprendre à parler le fon, et mes faibles tentatives les amusent beaucoup ! Les élèves qui sont actuellement au nombre de 60 ont tous un tablier et un foulard blanc pendant les ateliers. Il y a un code couleur pour les ateliers (très pratique au début pour retenir les prénoms rapidement!) : rouge pour la savonnerie, vert pour la boulangerie, violet pour la cuisine, jaune pour la pâtisserie et orange pour les arts ménagers. Les élèves concernés par les arts ménagers sont ceux de la cuisine et de la pâtisserie: ils apprennent à se servir de produits d'entretien qu'ils ne connaissent pas forcément, à utiliser une machine { laver… et ils pratiquent en nettoyant les locaux de la ME tous les matins. Je suis responsable de la gestion des ateliers: gestion du matériel et des matières premières dont les formateurs ont Filles de la cuisine besoin, contrôle de la propreté des lieux et des élèves (l'état de leur tablier et de leur foulard est une bataille permanente entre eux et moi!). Je fais aussi la gestion administrative pour ce qui concerne les supports de formation, les bulletins, les fiches de présence, les divers courriers, et tout ce qui peut aider les professeurs à mieux faire leur travail. Les formateurs n'ont en effet pas ou peu de formation pédagogique, mais sont seulement spécialisés dans leur enseignement (le formateur en boulangerie est un ancien boulanger par exemple). Il y a donc souvent un travail à réaliser pour qu'ils améliorent le suivi des élèves et leur progression. Un de mes projets à long terme est d'améliorer la pédagogie des enseignements, en améliorant les supports de formation et en encourageant les formateurs à les respecter plus, pour que chaque élève reçoive la même formation. De plus, pour la boulangerie et la savonnerie, les élèves arrivent au compte goutte et pas en promotion entière, ce qui ne facilite pas le travail de l'enseignant ! C'est pourquoi je souhaite réaliser une grille d'apprentissage en boulangerie pour améliorer la pédagogie de l'enseignement, car les choses ne sont pas toujours claires et les élèves progressent assez lentement dans cet atelier: ils ont généralement besoin de plus de six mois avant de Jonas, Caciel et Oswald (boulangerie) partir en stage. Dans cette optique, je suis actuellement en train de revisiter le support de formation de la pâtisserie, puisque nous avons une nouvelle formatrice, qui apporte ses propres recettes et un autre savoir faire que la précédente. Tout cela pour améliorer les enseignements de façon durable. Chaque mois, je participe aux évaluations en atelier, c'est-à-dire que j'aide le formateur à les préparer (une épreuve théorique et une épreuve pratique), à les corriger et à les noter. Pour la cuisine, la pâtisserie et la boulangerie, je dois donc goûter les productions des élèves, ce qui n'est pas pour me déplaire ! En cuisine, il y a à la fois des plats typiquement béninois, et d'autres plus européens: le programme est adapté à ce qui se sert dans les "maquis", c'est-àdire les restaurant locaux. Ensuite, je saisis les bulletins de note avec un classement des meilleurs élèves du mois. Leur travail est ainsi récompensé par un petit cadeau, et par la même occasion on encourage les autres élèves à suivre leur exemple. J'essaie de cibler les difficultés des élèves pour pouvoir les aider ensuite, même si je n'ai pas toujours le temps d'en faire autant que je le voudrais. Au quotidien je passe beaucoup de temps dans les ateliers pour vérifier que tout se passe bien, et j'écoute beaucoup les formateurs et leurs demandes. Je contrôle la façon dont ils utilisent le matériel que nous achetons. Celui-ci est entreposé dans le "magasin" dont j'ai la clé, ils doivent donc passer par moi pour toute demande, et s'il manque quelque chose je fais remonter l'information pour qu'on leur achète ce dont ils ont besoin. Je fais aussi de l'alphabétisation tous les jours pour deux élèves et du soutien scolaire pour un certain nombre, ce qui n'est pas vraiment mon domaine de compétence. C'est très nouveau pour mois et c'était difficile au début mais j'apprends tous les jours ! Et c'est incroyablement satisfaisant de sentir son élève progresser ! J’anime les réunions mensuelles avec les formateurs et l’assistante sociale où on fait le point sur l’évolution des jeunes en atelier, mais aussi sur les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des cours. C’est un temps où les formateurs et moi-même peuvent suggérer des idées. Ensuite je dois faire un rapport mensuel des activités des ateliers reprenant tous les points que l’on discute en réunion, la situation dans les ateliers, incluant les inscriptions, abandons, départs en stage etc. J'organise aussi les réunions avec les parents une fois tous les deux mois. Ce n'est pas toujours facile de les impliquer dans la formation et l'éducation de leur enfant. La grande pauvreté dans laquelle vivent les familles et le manque de moyens financiers peuvent expliquer cela. Très jeune, l’enfant aide aux tâches domestiques de la famille, et en vendant au marché il ramène de l’argent à la maison. Les rencontres régulières avec les parents, les sensibilisations sur les droits et devoirs des enfants et les entretiens avec le psychologue sont autant d’occasions pour faire évoluer leur façon de voir les choses. Chaque journée commence par le rassemblement des jeunes pour le « mot du jour », à 9 heures. C’est un moment de partage où se retrouvent tous les jeunes et l’équipe d’encadrement, avec un temps de prière suivi ensuite d’un échange sur un thème: la charité, les droits de l'enfant, la prévention du paludisme, ou l'hygiène dans les ateliers en sont quelques exemples. Cet échange dure un quart d'heure et nous permet de commencer la journée tous ensemble, et de susciter la réflexion des jeunes sur un sujet qui les accompagnera toute la journée. Mot du jour à la ME Une autre partie de ma mission est le suivi des commandes faites à la Maison de l'Espérance. L'objectif à long terme est en effet que la Maison soit une structure indépendante financièrement et pour cela nous nous appuyons sur des ventes de ce qui est produit en atelier. Chaque après-midi, deux jeunes vont vendre le pain qui a été cuit le matin, ce qui leur permet de gagner un peu d'argent et fait aussi quelques rentrées financières pour la maison. Des commandes de gâteaux, biscuits et autres croissants arrivent très souvent pour la pâtisserie, que ce soit à titre privé, pour des traiteurs ou pour des évènements. Beaucoup de produits (pâtisseries et savons) sont vendus { la Boutique Rose, boutique tenue par les sœurs dans un quartier riche de Cotonou. Et nous avons aussi de plus en plus de commandes de savons, qui sont reconnus pour leur très bonne qualité. Plusieurs boutiques et supermarchés de Cotonou nous en achètent régulièrement. En outre, notre plus gros client est un revendeur italien qui, plusieurs fois par an, Décoration de savons pour l'Italie nous commande ce qui est pour nous une énorme quantité de savons. L'activité de la savonnerie est donc rythmée par les commandes, ce qui permet aux élèves d'apprendre à travailler de manière très professionnelle dés le début. La savonnerie est en effet le seul atelier de la maison dans lequel les jeunes ne feront pas de stage à la fin des six mois. Ces partenariats étaient déjà en place avant mon arrivée, mais j'ai pour objectif de les renforcer. Je dois veiller au bon déroulement de la préparation de la commande, aider la savonnerie pour l'emballage, préparer les factures, faire le lien entre la savonnerie et le client, et je suis responsable de l'expédition. J'ai vécu ces dernières semaines ma première "commande Italie", ce qui a été beaucoup de travail, mais tout le monde a mis la main à la pâte pour que ces 4000 savons soient préparés, emballés en bonne et due forme et finalement expédiés. Je vous tiendrai au courant des avancées vers l'auto financement de la maison ! Actuellement, un autre projet est la préparation de la fête de Noël ici, qui est toujours un évènement exceptionnel à la Maison de l'Espérance et ne s'improvise donc pas. J'y travaille en ce moment beaucoup et ça devrait être réussi, avec de beaux cadeaux pour tous les enfants, une messe, des spectacles et un très bon repas. N'oubliez pas… En ce moment, à travers le monde, 150 volontaires Fidesco travaillent au développement des populations défavorisées : accueil de personnes handicapées, création de centres de formation, gestion d’entreprise et d’œuvres sociales, orthophonie, médecine, consulting, ingénierie pour la construction ou l’adduction d’eau en brousse, refonte des systèmes de gouvernance d’ONG, etc. Pour mener tous ces projets, former les volontaires avant leur départ, assurer le coût de leur mission (vol, assurances, mutuelles,…), Fidesco s’appuie { 80% sur la générosité de donateurs. Je vous propose donc de partager ma mission en me parrainant ! Ce peut être soit par un don ponctuel, soit par un parrainage, c’est-à-dire un don de 15 euros (ou plus) par mois le temps de notre mission (ou l’équivalent de manière ponctuelle) ; et tout est déductible des impôts ! Je m’engage { envoyer { mes parrains mon rapport de mission tous les trois mois pour partager avec vous mon quotidien et l’avancée de mes projets. De nouveau, un grand MERCI pour votre soutien, et pour mess parrains : rendez-vous dans 3 mois pour mon prochain rapport ! Je tiens à vous remercier de me permettre de vivre pleinement cette mission. C’est un nouvel univers professionnel très intéressant et enrichissant que je découvre. J’ai la possibilité de faire beaucoup d’activités différentes qui me plaisent énormément et de magnifiques rencontres. Sans vous et votre soutien rien n’aurait été possible ! A bientôt, Philomène