la Meuse/Le Soir 7 juin 2012

Transcription

la Meuse/Le Soir 7 juin 2012
Pour koter heureux, kotons âgé !
La rentrée académique approche. Pour beaucoup d’étudiants, l’heure est à la recherche d’un kot… ou d’une
alternative. Si certains expérimentent le logement chez l’habitant ou la colocation, d’autres optent pour une
formule originale : l’habitat kangourou. Comprenez : un jeune qui, contre un loyer modique, s’installe chez un
senior. Un concept qui prend de l’ampleur. Reportage à Bruxelles, chez un « binôme intergénérationnel ».
Rédaction en ligne
Publié le Jeudi 7 Juin 2012 à 10h08
Tout a commencé par une publicité glissée dans la boîte aux lettres de Léa. Par curiosité, elle
appelle le numéro qui y est indiqué. Celui de « 1 toit, 2 âges », une ASBL créée afin de
promouvoir l’habitat kangourou. Plutôt que de vivre dans un kot traditionnel, un étudiant
s’installe chez un senior. Au-delà du simple moyen d’hébergement, l’objectif est surtout de
bâtir une relation intergénérationnelle entre les deux colocataires. Ça tombe bien : Léa vit
seule, dans un appartement situé à Ixelles, à deux pas de l’ULB. Possédant, qui plus est, une
chambre libre. C’était en 2009. À l’époque, l’ASBL venait tout juste d’être créée. Claire de
Kerautem, directrice, a importé ce concept de France, son pays d’origine, où la formule est
largement répandue. Vu le manque criant de logements pour étudiants dans la capitale, elle
reçoit rapidement le soutien des autorités communales et de l’université. Claire de Kerautem
et Léa se rencontrent. La première convainc la deuxième qui, dit-elle aujourd’hui, s’est laissé
« prendre au jeu. » Une jeune fille débarque en septembre. Une autre, une Française, lui
succède en septembre 2010. Et, depuis septembre 2011, la chambre libre est occupée par
Lara.
Avantage
social
et
financier
Cette Montoise de 19 ans est venue à Bruxelles étudier l’archéologie. « J’étais assez angoissée
à l’idée de m’installer seule pour ma première année. J’ai lu un article sur l’habitat kangourou
et j’ai trouvé que cela me conviendrait tout à fait. D’autant que je suis quelqu’un de très
calme. » Un premier rendez-vous est organisé entre elles. Le courant passe immédiatement.
« Il arrive que l’étudiant et le senior n’accrochent pas. Dans ce cas, on organise d’autres
rencontres, jusqu’à ce que chacun trouve la « paire » qui lui convient », explique Claire de
Kerautem. Pour Lara, l’avantage est notamment financier. L’association propose deux
formules : l’une « économique », pour laquelle le jeune ne paiera que 100 € par mois, en
échange de quelques services préalablement définis (sortir les poubelles, faire les courses,
prodiguer des cours d’initiation à l’informatique, cuisiner…). L’autre est « sans
engagement » : un loyer de 300 € maximum (charges comprises), permettant à chacun d’être
complètement indépendant. Pour Léa, l’avantage est plutôt social. Une présence, des liens qui
se tissent. Mais aussi un petit complément financier. « Elle est encore très jeune, sourit la
directrice. Mais pour certains seniors, l’enjeu est aussi de pouvoir rester plus longtemps chez
eux. » Le règlement interne le précise : pas question pour l’étudiant de se transformer en aidesoignant. Mais pas question non plus d’agir à sa guise. Il devra respecter certaines règles,
comme ne pas ramener un copain à dormir sans accord, ne pas rentrer aux petites heures sans
avoir prévenu, ne pas réaliser de double des clés, assumer l’entretien courant de l’habitation…
Le « prix à payer » pour pouvoir bénéficier d’un logement souvent plus grand, mieux équipé,
plus confortable.
Règles
de
bon
sens
« Ce sont avant tout des règles de bon sens, estime Lara. J’agis comme si je vivais à la
maison ! » Toutes deux ont opté pour la seconde formule, sans engagement. « On voulait
conserver chacune notre indépendance. » Cela ne les empêche pas de passer des moments
ensemble. Des soirées devant la télé, même si chacune possède son propre écran. « Pas de
dispute pour le programme, on a les mêmes goûts. » Des repas préparés par Léa si sa « coloc »
termine les cours trop tard. Même une séance de cinéma, à la découverte du film
Intouchables. « C’était chouette de faire une activité ensemble, dans un autre contexte que
l’appartement. » Tant et si bien que les deux complices ont décidé de signer pour un bail
d’une année supplémentaire. Depuis trois ans, le concept développé par « 1 toit, 2 âges »
prend de l’ampleur. À Bruxelles, 90 binômes cohabitent depuis le début de cette année
scolaire. La formule s’est entre-temps installée à Namur, Louvain-la-Neuve et Charleroi. À
partir de la prochaine rentrée académique, Liège et Mons s’ajouteront à la liste. Petit à petit, le
kangourou
fait
son
nid…
Mélanie
Geelkens
Jamais
dans
un
kot ?
Des
alternatives
existent
Habitat kangourou : À moins de rechercher soi-même un senior chez qui loger, l’ASBL « 1
toit, 2 âges » est l’unique organisme en Belgique francophone à servir d’intermédiaire en
matière
de
« kots
intergénérationnels ».
Rens. :
www.1toit2ages.be
Kot chez l’habitant : Si l’idée de vous retrouver dans un immeuble regorgeant d’étudiants ne
vous plaît guère (vous préférez le calme) et que celle de partager une maison avec une
personne âgée vous met mal à l’aise, la solution est peut-être de dénicher un kot chez
l’habitant. Certaines familles, disposant d’une chambre libre, décident de louer celle-ci à un
jeune, histoire de mettre du beurre dans les épinards. En échange, l’étudiant bénéficiera
souvent d’un plus grand confort. Pour trouver son bonheur, rien de tel que les petites
annonces.
Quelques
pistes :
www.brukot.be,
www.kots.be,
www.kotplanet.be
Colocation : Évidemment, il faut pouvoir trouver les partenaires idéaux. Mais vivre dans une
maison ou un grand appart’, c’est tout de même plus confortable que dans une minuscule
chambre. Ici aussi, un passage par les petites annonces s’impose.
Kot à projet : Ok, sur la forme, il s’agit d’un kot traditionnel. La différence se marque plutôt
sur le fond : dans un kot à projet (KAP en abrégé), les étudiants ne font pas que cohabiter, ils
mènent ensemble une mission qui leur tient à cœur (culturelle, humanitaire, sportive…)
www.organe.be/les-kots-a-projet M.Gs.