Festival du film amazigh à Azeffoun

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Festival du film amazigh à Azeffoun
Festival du film amazigh à Azeffoun
Tamazight va crever l’écran
Pari réussi pour les organisateurs. On peut le dire, du moins pour la grandiose cérémonie
d’ouverture qui a eu lieu à la salle omnisports d’Azeffoun samedi dernier.
Cette dernière était archicomble. Des familles, des jeunes, des personnes âgées, une
ambiance familiale a dominé la cérémonie qui a eu lieu avec la participation de plusieurs invités
de marque dont les plus attendus étaient incontestablement le maître de la chanson châabi et
digne héritier de l’icône El Hadj Mhamed El Anka, à savoir Boudjemaâ El Ankis. Il y avait
pourtant, de grandes célébrités dans la salle, mais Boudjemâa El Ankis, du haut de ses 84 ans,
a ravi la vedette à tout le monde. Il s’agit, en effet, d’un artiste de la région qui a su porter la
voix de la chanson chaâbi aux quatre coins d’Algérie grâce à un talent indéniable mais aussi à
une humilité sans commune mesure.
Le Festival du film amazigh le lui a si bien rendu en l’ayant invité à honorer de sa présence cet
événement qui est en voie de devenir l’activité culturelle la plus importante à l’échelle de la
wilaya de Tizi Ouzou mais aussi au plan national. En tout cas, l’ambiance qui a prévalu, samedi
soir, dans la salle omnisports, de la ville d’Azeffoun montre si besoin est que le Festival du
cinéma amazigh n’est plus circonscrit au 7e art mais qu’il va au-delà puisqu’il a réussi à réunir
plusieurs facettes de la culture nationale en général et amazighe en particulier. D’aucuns auront
regretté qu’une petite pensée ne soit pas dédiée à la mémoire de Mouloud Mammeri et de
Matoub Lounès qui ont sacrifié plusieurs années de leur vie, voire sa vie pour le Rebelle, en ces
moments de réappropriation d’un pan entier de l’identité algérienne dans sa dimension
amazighe.
Un Festival du film amazigh organisé par l’Etat était une utopie il y a à peine quelques années.
C’est une vraie révolution culturelle qui s’effectue à travers ce festival du film amazigh. Il y a
aussi cette symbiose qui a régné entre les acteurs de la culture qui n’hésitaient pas à passer
d’une langue à l’autre et vice versa pour illustrer la diversité culturelle de l’Algérie. C’est
d’ailleurs, sur ce point qu’a insisté Khalida Toumi, ministre de la Culture dans sa lettre aux
festivaliers: «En mettant en image l’identité, la culture et l’histoire de notre pays, il (le festival)
témoigne de la diversité culturelle de l’Algérie. Grâce à son dynamisme et son originalité, il a
créé l’événement de cette dernière décennie et participe à l’enrichissement du champ
cinématographique national.» La ministre en veut pour preuve tous les films à succès
d’expression amazighe réalisés dans le cadre d’«Alger, capitale de la culture arabe 2007» et
fortement soutenus par le ministère de la Culture «qui est fièr d’avoir permis l’existence de
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Mimezran, Hnifa, La Maison jaune, Ayrouen, Arezki, l’indigène, D’un conte à l’autre, etc. qui ont
connu de grands succès au-delà de nos frontières». Khalida Toumi ajoute que la politique de
relance du cinéma mise en oeuvre par le ministère de la Culture depuis 2003 est en train de
porter ses fruits: «En institutionnalisant des festivals de cinéma, nous avons créé des espaces
d’expression et d’émulation pour les professionnels.
La réorganisation de l’Institut supérieur des métiers du spectacle et de l’audiovisuel participe
également de la volonté d’enrichissement de l’encadrement cinématographique et la
récupération des salles de cinéma, longue et difficile, doit être soutenue par tous les amoureux
et les professionnels du 7e art. C’est Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches
préhistoriques anthropologiques et historiques (Cnrpah), qui a été chargé par la ministre de la
Culture de faire une intervention en son nom lors de la cérémonie d’ouverture. Le soutien du
ministère de la Culture à cette manifestation a aussi été mis en exergue par Assad Si El
Hachemi, commissaire du festival depuis son institutionnalisation. Quant à El Hadi Ould Ali,
directeur de la culture et représentant du wali de Tizi Ouzou, il a lu une intervention du premier
magistrat de la wilaya. Le wali de Tizi Ouzou a indiqué que le succès de ce festival est une
preuve que l’action inscrite dans la durée est la seule qui paie: «La pertinence d’une action
réside dans la capacité de ses initiateurs à lui imprimer un rythme soutenu et la projeter dans
une perspective durable. Ce pari est réussi». Le wali a ajouté que les hommes et les femmes
du cinéma doivent être au centre de nos préoccupations, c’est avec eux et à travers eux que le
7e art d’expression amazighe vit: «Avec le dynamisme de nos cinéastes et nos artistes, je suis
confiant quant à l’avenir du cinéma amazigh qui, je l’espère comme vous tous, atteindra une
dimension de prestige international.» Le wali conclut que «ces moments nous donnent une
double joie, celle de voir le film amazigh grandir et ses réalisations s’intensifier dans un
accomplissement rêvé par bien des générations de militants et d’acteurs du cinéma
d’expression amazighe».
Les interventions des trois responsables représentants de l’Etat confirment que désormais l’Etat
a levé tous les verrous concernant la promotion de la langue et culture amazighes, bien plus, il
s’implique financièrement et logistiquement pour la tenue et la réussite d’événements liés à ce
processus enclenché en 1995 avec l’introduction de tamazight dans le système éducatif et
renforcé par la constitutionnalisation de tamazight en tant que langue nationale en 2003 et enfin
la création d’une chaîne de télévision en tamazight.
Lors de la cérémonie d’ouverture, l’orchestre professionnel polyphonique des Aurès a
agrémenté la soirée avec de belles partitions universelles. Un clip a été projeté. C’est une
chanson sur une musique de Mohammed Iguerbouchen et un texte de Kamal Hamadi où les
noms des artistes d’Azeffoun sont égrenés et loués. La soirée s’est poursuivie avec la
projection d’un documentaire hors compétition de Abderezak Larbi Chérif, intitulé: Un poète
peut-il mourir? et consacré à Tahar Djaout. C’est hier à partir de dix heures qu’ont commencé
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les projections des films et documentaires en compétition pour l’Olivier d’Or. Les projections se
poursuivront jusqu’à mercredi prochain.
Sous l'aimable autorisation de Aomar MOHELLEBI
Source L'Expression du 21 Mars 2011
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