Première lecture, première réponse : montrer l
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Première lecture, première réponse : montrer l
Première lecture, première réponse : montrer l’inculture ! Dans un article paru dans le Dauphiné Libéré du 30 septembre 2015, M. F. Thiers, propagandiste attitré, répète que l’image de Tunnel Euralpin Lyon Turin, avec la création de son logo, est mise entre les mains des jeunes de Rhône-Alpes et du Piémont. Il rapporte les propos tenus par M. Virano directeur de TELT et M. Bruyas, écrivain et président de l’association des écrivains francophones. Avec ce concours, leur façon d’appréhender la culture en dit long du dédain, du mépris et de la suffisance des dirigeants de TELT vis à vis des opposants et résistants à ce projet. Selon l’article, « M. Bruyas a eu des mots définitifs à l’égard de l’écrivain Erri de Luca, conscience autoproclamée de l’opposition violente au Lyon Turin ». Jacques Bruyas et Mario Virano, bouffis d’orgueil et de certitude, ont-ils seulement lu une seule ligne d’Erri de Luca ? Il semble que ces messieurs ont une certaine idée de la justice en se souciant peu de la présomption d’innocence. Condamnent-ils avant de connaître ? Ils laissent leur aversion éructer des ignorances et ignominies : pour eux, critiquer le Lyon-Turin « c’est comme critiquer l’oeuf parce qu’il peut devenir poule ; c’est l’absurde, et l’absurde on ne le combat pas on le méprise. » Les mots d’Erri de Luca et des No Tav ébranleraient-ils les mensonges de M. Virano ? Avec cet arrogant mépris, M Virano est « un parano inculte », c’est à dire l’anagramme d’« une nanoparticule » dans le monde de la culture. Ce concours bidon, digne d’une vieille école primaire, est de la mauvaise et caricaturale communication, faite avec l’argent des contribuables. TELT veut-il concurrencer « Masterchef » ou « La superstar » ou « The voice » ?! Comment peut-on prétendre offrir de la culture à la jeunesse, quand cette entreprise porte plainte contre un écrivain, qui ose s’opposer à ce projet et contrecarrer de puissants intérêts privés par le poids de ses seuls mots contraires ? Quels intérêts ont ces personnes choisies pour ce jury ? Combien sont payés ces membres « prestigieux »? Tout citoyen est en droit de savoir ce que l’État fait du moindre centime qu’il dépense. Cette idée de concours est une mascarade ! Vouloir parler à l’imaginaire de cette manière, c’est avoir bien peu d’imagination. Face à cette inculture, les mots de Victor Hugo, d’Edmond Rostand, et d’Erri de Luca, doivent nous éclairer, laissons TELT dans l’ombre et la boue qu’ils semblent apprécier. « Le poète n’a pas de compte à rendre. L'art n'a que faire des lisières, des menottes, des bâillons ; il vous dit : va ! et vous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n'y a pas de fruit défendu. L’espace et le temps sont au poète. Que le poète aille donc où il veut en faisant ce qu’il lui plaît. C’est la loi, le poète est libre. » Victor Hugo, "Les orientales" (préface) De Guiche : - Un poète est un luxe aujourd’hui qu’on se donne - Voulez-vous être à moi ? Cyrano : - non Monsieur, à personne. (…) De Guiche : - ... Avez-vous lu le don Quichotte ? Cyrano : - Je l’ai lu, - et me découvre au nom de cet hurluberlu. De Guiche : - Veuillez donc méditer alors (...) - Sur le chapitre des moulins ! Cyrano : - Chapitre treize De Guiche : - Car, lorsqu’on les attaque, il arrive souvent… Cyrano : - J’attaque donc des gens qui tournent à tout vent ? De Guiche : - Qu’un moulinet de leurs grands bras chargés de toile - Vous lance dans la boue, Cyrano : - Ou bien dans les étoiles… Edmond Rostand, "Cyrano de Bergerac" Acte II scène 7 « J’attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche. J’attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles. J’attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s’est pas épargné, à deux vieux qui s’aiment. J’attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd’hui vaut encore peu de chose. J’attache de la valeur à toutes les blessures. J’attache de la valeur à économiser l’eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s’asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi. J’attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive. J’attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelque soit sa faute. J’attache de la valeur à l’usage du verbe aimer et à l’hypothèse qu’il existe un créateur. Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues. » Erri de Luca, Poèmes, Œuvre sur l'eau, Seghers, 2002,