Gary Fisher
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Gary Fisher
Gary Fisher v0.1 Donner un traitement à l'intraitable Gary Fisher est né un 2 Juin 1931 à Winnipeg dans la région de Manitoba au Canada et est diplomé de l'Université de Manitoba dont il est sorti avec un doctorat dans le domaine de la recherche en psychologie. Il a occupé des postes universitaires dans le département des relations internationales à l'Université d'Hawaï et dans le département de l'éducation et de la santé mondiale à l'Université de Californie à l'école de médecine de Los Angeles. A la fin des années 1950 et au début des années 60, Fisher a conduit des recherches d'avant-garde sur l'utilisation des psychédéliques dans le traitement des enfants autistes et schizophrènes. Par la suite, il a exploré le rôle des psychédéliques chez les adultes ayant de graves maladies et chez des patients cancéreux au stade terminal. Au niveau de la recherche, il a contribué à des articles centraux sur l'utilisation des psychédéliques chez des sujets variés avec des troubles sévères. Fisher a aussi collaboré avec Timothy Leary au Mexique, dans les Caraïbes et à Millbrook à New York. Il a écrit plusieurs articles importants incluant les "Commentaires sur les niveaux de dosage des composés psychédéliques pour les expériences psychothérapeutiques" publié dans le numéro de 1963 de Psychedelic Review et aussi le "Traitement psycholytique d'une petite fille schizophène" publié dans un numéro de 1970 de International Journal of Social Psychiatry (Londres). Si vous aimez ce que vous avez lu, achetez le livre! LIEN 1 J'ai entendu parlé des psychédéliques pour la première fois par l'intermédiaire du frère de ma femme, Nick, un psychiatre qui a eu comme mentor Al Hubbard et qui a travaillé pour Humphry Osmond et Abram Hoffer à Saskatchewan. Il est venu nous rendre visite et m'a parlé du travail qu'ils faisaient. Je suis donc allé là-bas et j'ai eu ma première expérience psychédélique au Canada en 1959. A cette époque j'était vraiment un psychologue coincé, une personne psychologiquement et émotionellement inhibée. J'ai fait un doctorat en psychologie clinique et dans le domaine de la recherche et j'avais une formation de psychologue analyste. Mais je n'aimais pas la psychologie et je n'aimais pas la formation que j'ai eu et je ne me sentais pas à ma place dans le programme où j'étais placé. La seule façon dont j'ai survécu a été d'être exceptionnel au niveau académique. Quelles étaient vos attentes lors de votre première expérience psychédélique et comment a été la véritable expérience? Je n'espérais rien de particulier. En fait je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait. Nick a essayé de m'expliquer de quoi il s'agissait mais je n'ai clairement pas compris un mot de ce qu'il a dit! (rires) Ce qui s'est passé est que cette expérience m'a permis de voir Dieu et ensuite j'ai été transporté dans un nouveau monde. Ce qui était si intéressant est que les effets de cette première session ont duré entre 6 et 8 mois. Je n'ai pas commencé à revenir sur terre avant environ 7 mois. 2 Est-ce que vous avez pris un congé? Non. En ce temps là j'étais employé dans un hôpital du Sud de la Californie et je travaillais avec des enfants psychotiques. Je ne veux pas nommer l'hôpital car lorsqu'ils ont finalement découvert ce que j'étais en train de faire ils ont juste paniqué. Ils se sont débarassé de tous les fichiers sur nos travaux. L'administration de l'hôpital ne savait pas ce que le LSD était. Personne ne savait à cette époque. Donc j'ai eu la possibilité de travailler avec les enfants les plus violents de l'hôpital. Nous avons été bénis d'avoir un psychiatre spécial en charge du personnel; c'était un homme charmant. Il n'a jamais pris de LSD car il en avait peur. Cependant il était intéressé par ses potentiels et il me faisait confiance. Quand nous avons débuté le travail avec les enfants, il a regardé les résultats et a été fasciné. On m'a donc laissé tranquille avec mes travaux. A cette époque il n'y avait pas de comité d'évaluation des recherches.J'avais seulement 29 ans et n'était pas assez subtil pour avoir peur de l'inconnu. Vous pouviez faire des recherches sans trop de restrictions et de contrôl, mais l'administration connaissait vos travaux et vous aviez publié des articles n'est-ce pas ? Comme j'étais si bas dans la hiérarchie, je n'ai même pas connu l'administration. Je suppose que le docteur en charge du pavillon a considéré que c'était "un test d'un nouveau médicament". Les publications ne sont survenues que longtemps après mon départ. 3 Mais ce n'était pas un secret. Vous en discutiez avec quiconque vous intérrogeait sur le sujet, n'est-ce pas ? Quand j'ai dit à un compère que nous testions le LSD avec des enfants psychotiques, il a écarquillé les yeux, a sourcillé et a dit : "Vous essayez de convertir les enfants psychotiques au Mormonisme ?". Les mormons se réfèrent eux-mêmes aux Saints des Derniers Jours (L.D.S en anglais). Non, les études sur les psychédéliques n'étaient pas cachées. A cette époque nous n'avions aucune raison de penser que cela devait être le cas. Les laboratoires Sandoz envoyaient du LSD par courrier directement aux médecins et la molécule n'était pas illégale ou régulée. Pouvez vous décrire vos travaux initiaux sur les enfants avec les psychédéliques ? La première patiente que nous avons traitée fut une petite fille de 11 ans qui était en train de mourir de quelque chose de semblable à l'anémie (ou marasmus). Le marasmus est un état de déperdition du corps dans lequel les nutriments ne sont pas assimilés. Il se produit chez des enfants qui n'ont aucun contact humain. Ils sont dans un tel état d'isolation mental que même l'injection de nutriment est inefficace. La fille était activement suicidaire et aurait profité de chaque occasion pour se détruire. Elle était retenue 24 heures sur 24. Quand elle était libre de ses mouvements, elle se battait elle-même, écrasait ses yeux ou se cognait la tête contre les garde-fous. Elle ressemblait à une dame agée toute desséchée, rien que de la peau, des os et des bleus. Et le psychiatre m'a ainsi demandé: "pourquoi tu ne commencerais pas avec cette fille ? Elle va mourir de toute façon. Donc il n'y a rien à perdre". Pour ma première patiente, c'était véritablement un défi d'avoir une personne dans un 4 état aussi terrible. J'avais peur qu'elle ait put mourir pendant la session. Mais je n'avais pas d'autre choix parce que ce fut elle que l'on m'avait donné. Quelle dose lui avez-vous donnée ? Une petite ou une forte dose ? Nous n'utilisions pas de faible dose pour nos patients. Je suppose qu'elle a eu entre 300 et 400 µg et elle ne pesait peut-être qu'une trentaine de kilos. Elle n'était que de peau et d'os et était totalement incohérente. Elle criait, bredouillait et crachait quand l'on s'approchait d'elle. Elle n'avait de contact avec personne, ceci avant et après son hospitalisation. Pendant la session elle a commencé à hurler comme un animal blessé; c'était un son à vous faire froid dans le dos. Puis elle a crié avec une tonalité qui ne cessait de monter et de monter. Nous avons tout essayé pour rentrer en contact avec elle mais sans succès. Après 7 ou 8 heures j'étais épuisé et tellement frustré que je lui ai juste crié : "Nancy! quand est-ce que tu vas t'arrêter de crier! j'en peux plus!" (rires) Elle s'est arrêtée et m'a regardé. C'était la première fois qu'elle entrait en contact visuel avec quelqu'un et elle a dit: "J'ai une longue route à faire alors hors de mon chemin". C'était la première chose qu'elle n'ait jamais dite à quelqu'un. Puis elle a continué à crier. Ce fut notre première session. Comment s'était elle comportée après ça ? Je suppose que vous avez eu d'autres sessions. Son histoire est extraordinaire et nous l'avons publiée par la suite. Dès qu'elle a débuté à parler, il fut possible de travailler avec elle plus efficacement. C'était une fille très intelligente, sans doute une âme ancienne. Elle était un véritable défi, calculatrice et manipulatrice et elle nous en a donné pour notre argent. Son objectif 5 final était toujours qu'elle devait détenir le contrôle pour se faire mal, c'était devenu sa carte maîtresse. A mesure que sa condition s'améliorait, elle a juste fini par porter un Kleenex sur sa main. Elle disait que le Kleenex l'empêchait de se frapper. Ainsi lorsque nous prenions le Kleenex et le cachions, elle disait: "Bordel! bordel! rendez-moi ce mouchoir!". Il y avait là toute une lutte de pouvoir qui a durée pendant des mois. Evidemment à cette époque elle n'était plus confinée et elle pouvait parcourir le pavillon. Elle a développé une camaraderie avec l'une des autres filles du programme et elle était en constant contact avec l'équipe. Elle a dû faire 18 ou 19 sessions, chacune espacée de 2 ou 3 semaines et chaque session était productive. Entre ces sessions, nous avons dû mettre en place tout un programme de traitement pour la gérer car elle était extrêmement brillante et incroyablement manipulatrice. Un jour elle m'a dit: "Bien, je ne peux pas abuser de l'équipe du matin mais je peux encore tromper l'équipe du soir". Et dès qu'elle avait dit ces mots, je pouvais sentir qu'elle pensait: "Oh mon dieu, je me suis vendue!". Je l'ai regardé et lui ai dit: "ça ne va pas durer longtemps, n'est-ce pas ?" et elle répondit: "Soyez maudit!". Vous parlez d'une patiente! Mais elle ne se faisait plus de mal et bien qu'elle restât à l'hôpital, son état était devenu assez bon pour qu'elle puisse aller à l'école. Combien d'enfants avez vous finis par traiter avec les psychédéliques? Nous avons commencé avec 12 et après une certaine période de temps, nous avons réduit le nombre à seulement 6 des plus réactifs et nous avons continué avec eux. Il n'y avait aucun moyen de continuer avec 12 parce que nous avions simplement pas assez de temps. Nous avons effectué 87 sessions en tout. Une fille a fait 3 traitements et 6 n'a pas eu besoin de plus. Le jour, elle est allé normalement à une école, hors de l'hôpital où elle demeurait le soir. Mais elle était complètement fonctionnelle et elle attendait juste un placement social. Quelle était votre raison pour faire tout ça? Ma raison était que si le LSD pouvait produire un miracle comme dans mon cas alors il pouvait marcher pour n'importe qui, même pour les enfants schizophrènes. Etait-ce la première expérimentation des psychédéliques sur des enfants psychotiques ou autistes ou il y avait-il des travaux antérieurs dont vous avez eu des échos ? Non, entre 1959 et 1960 je n'ai entendu parlé de rien à ce sujet. Ensuite vers la fin de 1962, nous ne pouvions plus obtenir légalement du LSD et tous les projets furent arrêtés. J'ai écrit un long article sur le traitement d'une fille en particulier et cet article a était lu à l'Association Internationale pour la Psychiatrie Sociale à Londres par mon amie le Dr. Joyce Martin. Joyce était une psychologue analyste et l'une des premières personnes a avoir utilisé le LSD à faible dose sur des patients à consultation externe. L'éditeur de l'International Journal of Social Psychiatry était dans l'audience et a voulu publier l'article et ce fut ainsi ma première publication. L'article avait pour sujet une fille nommée Patty. Quand je lui ai dit que nous ne pouvions plus continuer le traitement elle a demandé: "Pourquoi ?" et je lui ai dit: "Eh bien, nous ne pouvons plus obtenir de LSD". Elle a demandé: "Ne saurais tu pas où c'est?", je lui ai répondu: "Sandoz en a encore mais ils ne nous en donnerons pas parce que nous ne sommes plus autorisés à 7 l'utiliser" . Elle a dit: "Quel est le nom de la personne qui l'a?", je lui ai donc donné le nom du représentant de Sandoz et elle a pris ma main et a dit: "Gary, voilà ce que tu devrais faire. Tu vas jusqu'à San Francisco et tu trouves cet homme et tu lui dis que Patty Simpson t'a envoyé pour le rencontrer. Et tu lui fait savoir que Patty Simpson a dit, 'S'il vous plait, donnez du LSD à Gary car Patty Simpson en a réellement besoin'". Nous avons pleuré pendant des jours. C'était là la fille qui, quand nous avons débuté, était complétement psychotique, totalement hors de tout contact, destructrice, violente et entièrement ingérable. Donc vos résultats sur des gosses qui ne répondaient pas à aucun traitement conventionnel, étaient excellents. La plupart de ces gosses sont retournés à la vie, c'est exact? Oui. Nous avons eu les réponses les plus positives avec les enfants schizophrènes les plus âgés qui avaient entre 7 et 9 ans. Les enfant les moins réactifs furent les plus jeunes et avaient un autisme initial. Cependant une fille qui avait 3 ans a montré une réaction positive. Nous n'étions pas réellement attachés aux diagnostics puisque ces gosses étaient totalement disfonctionnels, incroyablement perturbés, violents et ne communiquaient pas. Néanmoins, leur comportement a en quelque sorte changé et ceci même chez les enfants qui ne communiquaient pas et qui n'avaient que peu de réponse. Il y avait une fille de 3 ans qui initialement ne laissait personne la toucher et n'était ouverte à aucune intéraction. Après des traitements au LSD, il était possible qu'elle vienne vers vous, vous touche, reste avec vous, s'asseye sur vos genoux et vous tapote. Totalement à l'opposé de ce qu'elle était avant, c'est à dire une fille qui aurait poussé des grincements si vous vous approchiez d'elle. 8 Ainsi leur comportement a changé, même chez les enfants sans capacité verbale et dépourvus d'intéraction ce qui est stupéfiant. Il faut mentionner le fait que le pavillon était un véritable tohu-bohu, 40 ou 50 gosses qui avaient un comportement destructeur eux-mêmes et les autres ou recroquevillés dans un lit ou un coin. Il y avait des déchets, des excréments, de la vomissure, de l'urine partout: rien que le ménage était une tâche odieuse. Après l'indisponibilité du LSD, est-ce que ce genre de travail fut stoppé? Il y a-t-il une façon pour vous de continuer ou d'utiliser les bases pour faire d'autres travaux? Eh bien, Timothy Leary avait mis en place une organisation, la Fédération Internationale pour la Liberté Intérieur. Après être retourné de son expérience au Mexique, Tim m'a rendu visite et a pris part à une session et fut époustouflé. Quand nos travaux furent arrêtés à l'hôpital, il me demanda si je pouvais former son personnel. Je m'était donc rendu au Mexique et nous avons tenté de mettre en place un centre de recherche là-bas. Mais pas nécessairement pour des gens véritablement malades ? Non, les personnes qui venaient étaient habituellement des contacts que les gens d'Harvard avaient. Selon mes souvenirs, le gouvernement mexicain voulait en profiter et Timothy refusa et nous fûmes donc expulsés. Nous sommes alors allés à Antigua et nous avons tenté d'y construire quelque chose. Mais ça n'a pas marché et nous sommes alors allés dans les Caraïbes [Guadelupe dans le texte]. Peggy Hitchcock avait acheté une île des Grenadines et les gens de New York 9 décidèrent d'envoyer des stocks là-bas. J'étais avec ma femme et 3 petits enfants et l'une des autres femmes était enceinte. Nous étions supposés jouer les Robinson-Crusoés et bâtir notre propre communauté sur l'île. Au final après avoir été virés des Caraïbes nous avons atterri à Millbrook dans New York. Il était devenu évident que nous n'allions pas faire de la recherche avec le LSD. Nous avons donc décidé d'établir un âshram et d'apprendre ce qui était nécessaire pour faire sans psychédélique. Il semble que vous ayez passé pas mal d'années à voyager avec Timothy. Ce n'était pas si long. Tout ça s'est fait par morceaux car nous n'arrêtions pas de nous faire expulser assez rapidement. Bref, Timothy fut d'accord pour que nous établissions un âshram. Mais il n'a jamais honoré cette promesse. Il allait toujours à New York pour quelque chose et ensuite il était à la télévision disant des choses outrageuses au sujet du gouvernement, de la politique, du LSD et de tout ce trip révolutionnaire qu'il voulait conduire. Et puis il revenait à Millbrook et nous le critiquions tous pour ces apparitions à la télé. Pour un moment il devenait contrit et bon et alors l'ennui le rattrapait et il quittait Millbrook à nouveau et répétait tout le schéma. Timothy et moi étions sur des pages totalement différentes. Je voulais aider les gens à réussir leur propre révolution intérieure tandi que Tim voulait conduire les jeunes à abattre l'ordre établi. Je pense vraiment qu'il n'a jamais compris de quoi les psychédéliques traitaient. Un jour que Tim était allé à un énorme rassemblement à l'Auditorium Citoyen de Santa Monica, il se demanda ce qu'il fallait mettre sur la banderole d'entrée et Alan Watts a dit: "Oh Tim, dis les choses telles qu'elles sont - Timothy Leary: Le Retour du Christ". 10 Vous saviez à l'époque qu'il allait causer des problèmes au LSD? Oh oui, je le savais! J'étais le premier à quitter les lieus. Je pouvais voir qu'il y aurait le chaos car il n'était pas sur la même longueure d'onde que le restre d'entre nous. Il aurait dû être dans le show-business. Où êtes-vous allés après Millbrook? Je suis allé voir le Dr. Joyce Martin, mon amie à Londres. Comme je l'ai mentionné elle était l'une des premières thérapistes en Europe à utiliser le LSD. Elle utilisait une méthode qui a été qualifiée de "psycholitique", de faible doses entre 50 et 75 ug. Ella avait acheté un endroit à Malte pour y établir un centre de recherche sur le LSD. Le gouvernement maltais fut d'accord pour autoriser la recherche sur le LSD dans sa clinique pourvu qu'il n'y eu aucun citoyen maltais dans les sessions! (rires) Cela a été facile à satisfaire car la plupart de nos clients venaient d'Angleterre et d'Amérique. Elle a donc construit une clinique à Malte avec des chambres pour les sessions sous LSD et aussi des habitations pour nous et notre équipe. J'étais en chemin vers Londres pour l'accompagner à Malte quand elle décéda dans son sommeil. Elle avait le cancer et nous n'étions pas au courant. Elle était dans ses 70 ans quand elle nous quitta. Après l'échec du travail à Malte, où êtes vous allé ensuite? Je suis allé à Hawaï en recherchant l'aventure et un maximum de nature. Quand j'étais à l'Université d'Hawaï, j'ai effectué des travaux pour le développement collectif du Peace Corps et l'Agence pour le Développement Mondial et même de la formation pour 11 les gradés militaires dans le cadre du développement collectif dans l'Asie du Sud-Est. C'était une expérience formidable. Quand je suis retourné sur le continent j'ai enseigné à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et j'ai été aussi parmis l'équipe de psychiatre du Centre Médical de Cedars-Sinai. Il y avait de nombreux patients cancéreux à Cedars qui avaient des douleurs insolubles. Le chef du dépatement de psychiatrie me demanda si je voulais conduire des sessions avec LSD pour voir si cela aurait eu un effet sur la gestion de la douleur. Et bien sûr j'ai accepté. Je ne leur ai pas révélé mais raisons parce que cela n'aurait pas fait sens pour les spécialistes du cancer. Je suppose qu'ils ont pensé que le LSD réduirait simplement la douleur. Mais je pensais que si les patients avaient un aperçu de la signification de leur cancer et étaient en paix avec eux-mêmes et le monde alors l'habit de la douleur - qui est une douleur psychique - serait allégé et qu'ils auraient eu une mort plus facile. Et c'est exactement ce qui s'est produit. Combien de personnes avez-vous traitées dans ce contexte? Pas beaucoup car le chef du service pour les cancéreux a été très perturbé par les résultats. Pour vous donner un exemple, parmis les premières personnes traitées il y avait une neurotique avec un cancer qui s'étendait et qui demandait beaucoup d'attention. Elle a eu une expérience formidable sous LSD. Elle fut en face de tous ses conflits internes et de sa relation disfonctionnelle avec sa famille. Quand nous la revîmes le lendemain, elle refusa ses analgésiques. Le chef du service est venu voir pourquoi et elle a dit: "Voilà, je ne ressens aucune douleur". Il commença à s'agiter et répondit: "Eh bien, vous devez avoir des douleurs. Je peux vous montrer vos radiographies montrant votre cancer et cela doit causer des douleurs. Vous êtes en 12 train de me mentir". Elle répondit: "Je n'ai pas besoin de médicaments maintenant. Peut-être que plutard j'en aurais besoin mais ce n'est pas le cas dans l'immédiat, et je ne veux pas les prendre à cause des effets secondaires. Pourquoi devrais-je en prendre si j'en ai pas besoin? Je gère parfaitement la situation". Le chef répondit: "Soit vous prenez ces médicaments soit je vous fait partir". Elle n'a pas voulu les prendre et il l'a fit évacuer. Le médecins ont pensé que nous rendions ces gens psychotiques ces derniers ne croyaient pas avoir des douleurs (rires). C'était une réelle pagaille. J'ai continué à voir et traiter d'autres patients mais le chef du service faisait du chahut à ce sujet. Il ne pouvait pas comprendre ce qui se passait mais il ne voulait en connaître la raison. Quand les gens sont confrontés à quelque chose qui ne rentre pas dans leur modèle de la réalité (par exemple une patiente n'ayant pas de douleur quand elle est supposée en avoir) pour leur propre santé mentale, ils doivent trouver une explication. L'explication la plus simple dans notre société est celle de la démence. Si vous disséquez cette explication, elle se réduit toujours par "je ne comprends pas ce phénomène car il ne rentre pas dans mon modèle de la réalité". Etait-ce inhabituel pour un autre professionel d'être hostile à l'utilisation des psychédéliques dans les thérapies? Vous devez vous rappeler qu'après que le LSD ait été disponible dans les rues et que les gens aient commencé à en abuser sans discrimination beaucoup de personnes devinrent très dérangées et psychotiques. En conséquence , de nombreux psychiatres reprirent l'idée intiale que le LSD était psychotomimétique. C'est là que tout a débuté; quand le LSD fut en premier lieu introduit, ils ont pensé qu'il mimait la psychose. 13 A la fin des années 60 avez-vous ressenti que l'environnement n'était pas réceptif pour ce type de travail? C'était probablement à cette époque que nous travaillions avec les patients cancéreux. L'article "Psychothérapie pour les mourants: Principes et Illustrations avec une référence spéciale à l'utilisation du LSD" fut publié dans le journal Omega en 1970. Nous avons aussi travaillé avec d'autres catégories de personnes vers la fin des années 50 et le début des 60. Par exemple mon beau-frère est venu du Canada et nous traitions les alcooliques à domicile. J'ai aussi donné du LSD à un certain nombre de psychiatres pour essayer de les former à son utilisation. Il y avait environ 5 personnes dans le noyau de notre propre groupe à l'hôpital et chacun de nous avait l'habitude de faire l'accompagnateur pour les autres. Nous avons aussi fait des sessions pour les gens de la communauté artistique. Il existait à cette époque un réseau de personnes faisant ce type de travail avec les psychédéliques. J'ai donné du LSD à quelques moines bouddhistes de Thaïlande. C'était fascinant! Un soir un type s'est présenté à ma porte. Il avait entendu parlé de mon travail à l'hôpital quand il vivait dans un monastère en Thaïlande et il était venu spécialement pour me voir. Comme il était intéressé par les enfants il a fini par travailler avec les gosses à l'hôpital. Et un de ses amis est venu de Thaïlande et je lui ai aussi donné une session sous LSD. Quel comparatif en ont-ils fait avec la méditation bouddhiste? Un homme qui a été dans un monastère pour environ 16 ans est venu pour une 14 session et je lui ai donné 20 ou 25 mg de psilocybine. Pendant environ 2 heures il demeura complètement silencieux et alors avec un sourire de béatitude il dit tranquillement: "Ah! c'est ça que mon maître a tenté de me dire pendant ces 16 dernières années". L'expérience avec l'autre moine a aussi été incroyable. Le type s'appelait Carl et quand il est arrivé à ma maison il n'avait qu'une pair de pantalon, 2 chemises et son vélo et c'est tout. Il avait une jambe en bois car elle a été perdue pendant la guerre. Adolescent, il a été sur le front Russe dans l'armée nazi mais a déserté. Il est ensuite allé au Sri Lanka et il a fini en Thaïlande où il a passé de nombreuses années dans un monastère. Et donc je ne cessais pas de demander à Carl: "Tu ne veux pas une session un de ces jours?" et il répondait: "Oh oui, ça serait bien". Mais ensuite j'attendais toujours qu'il m'en fit la demande mais cela ne se produisait jamais. Finalement je lui ai dit: "Carl, tu ne veux vraiment pas en prendre?". Il me demanda: "Veux tu que j'en prenne?". et je lui ai dit: "Eh bien, ouais, j'aimerais vraiment que tu en prennes". Ainsi, il en a pris et j'ai attendu, attendu et attendu. On avait fait le rituel habituel, musique, rose rouge et photos et je continuais à demander: "Est-ce que quelque chose a enfin changé Carl? Quelque chose change?". Toujours il me répondait: "Non". Enfin de compte je me suis allongé par terre et j'ai fais un voyage lointain. J'ai eu la plus incroyable des expériences dans laquelle il m'a emmené au commencement de sa vie jusqu'au moment où il était dans ma salle de séjour. Il m'a emmené dans l'aventure de toute sa vie, de l'armée nazi en Russie à la traversée de l'Arabie Saoudite, terminant dans ma salle de séjour. C'était un homme remarquable et j'ai expérimenté sa vie. 15 De manière non verbale? De manière non verbale. J'ai véritablement vécu sa vie. Il m'y a emmené. Après de nombreuses heures je me suis relevé et je me suis exclamé. "Mon Dieu, Carl!". Il a juste souri. Cela ne l'a jamais affecté d'un iota; ça ne l'a pas touché. Cela me bouleversa et j'ai expérimenté l'union avec la conscience de Carl et c'était "la paix qui dépasse toute compréhension". Les voies vers le Nirvana nous sont si méconnues et toujours tellement si surprenantes et inattendues. Vous ne pouvez jamais préparer une personne totalement pour une expérience sous LSD; cela ne peut simplement pas se faire. Votre travail à Cedars avec les psychédéliques s'est arrêté vers le début des années 70. Avez vous eu des expériences personnelles depuis lors? Non. Il s'est passé plusieurs mois après ma première session avant que je n'approche la conscience de la réalité "ordinaire". Heureusement, après une expérience psychédélique réussie vous ne revenez jamais à votre ancien état de conscience. C'est là toute la raison de prendre des psychédéliques. Si vous n'intégrez pas les niveaux plus élevés de la conscience dans votre vie quotidienne alors le voyage n'a pas été pertinent. En statistique la maxime est "une différence pour qu'elle soit une différence doit faire la différence". Si une expérience psychédélique n'aboutit pas à vous transformer en un être qui soit 16 plus humain alors les psychédéliques n'ont aucun sens et ne font pas la différence. Je n'ai jamais connu personne qui n'ait eu une expérience transcendantale et qui ne soit pas significativement changée pas cette expérience dans sa vie quotidienne. Après ma première session, j'ai réalisé que je devais apprendre à aller dans les états modifiés de conscience sans l'aide de molécules chimiques. Cela est ainsi devenu mon agenda. Il ne m'a pas semblé raisonnable d'assumer que l'on devait dépendre d'une molécule pour ces types d'état de conscience. J'ai donc commencé à étudier l'Agni Yoga puis le Zen et le Bouddhisme. J'ai lu les livres de divers écoles de pensée concernant les états modifiés de conscience. Les livres de Casteneda sont sortis et évidemment je les ai lus et ensuite les livres de Jane Roberts le canal de Seth (the Seth material). Parmis tout ce que j'ai lu, le livre de Seth "La Nature de la Réalité Personnelle" par Roberts est le plus proche de ce que je commençais à comprendre au sujet de la création du "réel". C'est incroyable: Roberts a simplement écrit ce que Seth, dont elle était un canal, lui dictait. Je ne sais pas si je peux découvrir des choses avec les psychédéliques que ne pourrais pas découvrir sans eux. Je pense que si j'arrivais à un point où j'ai le sentiment que ne peux plus rien apprendre sans eux alors je les reprendrais. Mais jusqu'à présent je continue à en apprendre quotidiennement et donc je n'ai pas atteind le point où je n'aurais plus rien à apprendre. Arrêter les psychédéliques a été un choix très conscient de ma part. Quand je faisais de la thérapie avec le LSD un jour sur deux, j'étais dans un état de fort contact. Je n'ai pas eu besoin de drogue. A un certain moment nous étions en train d'expérimenter avec les niveaux de dosage et j'ai décidé que j'allais prendre la plus petite quantité de psilocybine qui pouvait être 17 titrée pour voir si je pouvais avoir un quelconque résultat. Mes collègues ont râlé: "Oh mon Dieu, voilà à nouveau le scientifique! maintenant il veut faire ça!". Ils ont tenté de me dissuader de le faire mais j'ai dit: "Non, je veux voir quelle est la quantité minimale qui me donnerait un trip complet". La plus petite quantité que l'on pouvait donner était de 2 mg et donc j'ai dit: "Je vais faire une session avec 2 mg". Ils répondirent, "Ok, si c'est ça que tu veux". J'ai fait l'une des expériences les plus profondes que je n'ai jamais eu avec des psychédéliques avec seulement 2 mg de psilocybine et cela a duré pendant 2 jours. Après cela j'ai estimé que je n'avais probablement même pas besoin de 2 mg. Dans un article que vous avez écrit au sujet du dosage dans Psychedelic Review, vous dites que commenceriez avec la psilocybine et peut-être quelques heures après vous donneriez du LSD, est-ce exact? Si je devais travailler aujourd'hui avec des gens qui seraient réellement bloqués et véritablement perturbés, j'utiliserais entre 600 et 800 µg de LSD parce que je pense qu'il en faut autant pour démolir ce type d'ego rigide. Si je devais le faire avec des gens qui ont fait beaucoup de travail interne, mon psychédélique de choix serait la psilocybine. Mais nous utilisions de lourdes quantités de psilocybine. Bien entendu, pour être en sûreté, utiliser 400 µg de LSD après la psilocybine fournit plus d'assurance que le "boost" nécessaire est là. Si vous n'aviez jamais rencontré les psychédéliques quelle tournure aurait prise votre vie? J'aurais été mort de nombreuses années avant. Je n'avais même pas atteind le point d'être malheureux car je n'étais même pas suffisamment conscient pour cela. Vous devez avoir une certaine intelligence pour savoir que vous êtes malheureux. Je n'avais même 18 pas ça. A quoi attribuez vous la résistance aux psychédéliques dans notre culture? Pourquoi sont ils devenus un tel anathème pour le courant dominant? C'est une question énorme qui est liée au pouvoir, à l'argent et à la politique. C'est la politique de la répression. Avec les psychédéliques si vous êtes chanceux et faites des avancées, vous vous rendez compte de ce qui a une véritable valeur dans la vie. Les biens matériels, la puissance, la domination et les territoires n'ont aucune valeur. Les gens ne se battraient plus dans des guerres et tout le système actuel s'effondrerait. Les gens deviendraient pacifiques, des citoyens aimants et pas des robots qui marchent dans l'obscurité avec tout les feux éteints. Comment comprenez vous l'évolution de la conscience dnas notre société; êtes vous optimiste? L'humanité a progressé depuis de nombreuses centaines d'années et je m'attends à ce qu'elle progresse avec ou sans LSD. Il existe des milliers de substances psychédéliques sur la planète et l'humanité les a de tout temps utilisées. La condition humaine est de nature divine. Nous sommes des esprits sous forme humaine ayant une expérience humaine. Je pense que le processus d'apprentissage consistant à devenir "un être humain complet" est la raison de la réincarnation. J'ai eu quelques milliers de vies sous forme humaine et je trouve que je suis encore quelque part au stade avant la maternelle. 19 Avez vous le sentiment que les psychédéliques disposent encore de quelque intérêt pour l'évolution humaine ou bien est-ce que leur temps est révolu? Je ne pense pas que ça été véritablement exploité. Ce n'est juste que le début. Seulement quelques personnes privilégiées ont eu l'opportunité de prendre ces substances dans un environnement approprié et avec de nobles intentions. Si les psychédéliques étaient reconnus par la société et que les gens disposaient d'un environnement optimal pour les utiliser, que pourraient ils accomplir? Je ne sais pas si l'on peut institutionaliser les psychédéliques dans la culture telle qu'elle existe actuellement. Je pense que cette idée est peut-être un oxymoron. La manière fonctionnelle de faire est celle qui est informelle, d'un humain à un autre; un peu comme lorsque quelqu'un lit un livre merveilleux et profond et veut le partager avec un ami, je pense que c'est la façon dont les expériences psychédéliques vont se répendre de façon optimale. Je ne pense pas que je commencerais par former des psychiatres et des psychologues à l'usage des psychédéliques. Je ne vois pas comment les introduire dans des écoles de médecine ou des départements de psychologie pourrait marcher. Je regarderais simplement autour de moi pour trouver des personnes qui soient naturellement bienveillantes. Vous ne pensez donc pas que les psychédéliques ont un potentiel unique comme outil de traitement ou pour des programmes en psychiatrie et en psychologie? 20 Ils pourraient être utilisés comme des outils de formation dans n'importe quel type de recherche sur la planète! Si vous êtes concentrés sur quelque chose, avez une intention et allez vers un état de conscience élargie, vous allez comprendre que vous travaillez à travers une perspective complètement nouvelle. Le domaine de votre recherche n'a pas d'importance. Les psychédélique peuvent être utiles pour n'importe quelle forme de questionnement. Comment les gens pourraient ils être formés à l'usage des psychédéliques? Pendant les années 50 nous avions tous de merveilleuses aspirations sur les développements qui allaient arriver. Après que quelqu'un ait eu une expérience psychédélique, un commentaire qui semble maintenant amusant, était que: "Bientôt il y aura plus de gens comme nous que comme eux, plus de gens convertis". Ayant été de la première heure dans la recherche sur les psychédéliques et ayant vécu tant d'années et vu ce qui s'est produit, je n'ai plus de certitude. C'est pourquoi dans un sens pratique, je pense que cela doit être diffusé à travers des réseaux de frères et de soeurs où les personnes en recherche y sont amenées et c'est ainsi que cela se développe. Quels sont les dangers des psychédéliques? Former des thérapistes à l'usage des psychédéliques peut être une activité dangereuse. Je vais vous donner un exemple. Il y avait un travailleur social à l'hôpital où je donnais mes sessions. C'était un grand gaillard de 2 mètres et 120 kilos, d'un type passif/agressif. Il était mécontent car il n'a pas été inclus dans notre programme de traitement avec LSD. J'avais jugé qu'il n'était 21 pas le bonne personne pour faire partie du groupe. Mais il continuait à me tourner autour: "Pourquoi ne puis-je pas être un accompagnateur?" je lui ai expliqué: "Comme tu le sais, tu dois en premier passer par l'expérience". Nous pratiquions une formation traditionelle sur le modèle de Saskatchewan où les gens font leur propre session puis font quelques sessions avec nous et deviennent au final des accompagnateurs eux-mêmes. En définitive le psychiatre vint me voir et me dit: "Le travailleur social dit que tu ne veux pas lui donner du LSD et il se sent vraiment mal. Il se sent exclu et il m'ennuie réellement. Pourquoi ne lui donnerais tu pas une session? Abandonne les critères d'autorisation". J'ai accepté avec réticence et j'ai dit au travailleur social: "Ok, pour une session". Je savais que ce gars n'était tout à fait bien en place et j'ai dit au groupe: "Tout le monde vient à cette session". Je voulais que chacun d'entre nous, 6 personnes, soit là. Parfois une personne sous psychédélique peut devenir combative à cause de la peur due à la paranoïa ou à une manie. Et donc le travailleur social est venu pour la session et a pris la substance. Après un moment il a dit: "Je pense que je vais m'allonger parce que j'ai un peu le vertige". Il a alors fermé les yeux et a écouté de la musique et semblait bien se débrouiller. L'un des assistants a décidé d'aller manger, un autre a reçu un appel téléphonique, un autre a dû aller aux toilettes et un autre devais allé ailleurs. Tout le monde avait disparu et je demeurais seul avec lui. J'étais assis là me disant: "Mon gars, ça ressemble à un parfait plan pour jouer au chat et à la souris. Je suis là seul avec ce type et tous les autres assistants sont partis". J'étais en train d'écouter de la musique quand tout d'un coup: Boom! C'était comme se faire renverser par un camion! J'ai ouvert mes yeux et il était debout me fixant des yeux avec un regard de fou furieux. Il était simplement totalement psychotique. J'étais 22 dans la merde. Et il était terrifié. Il avait les cheveux roux et son visage était tout autant rouge. Il s'était levé et avait marché vers moi et il avait mis ses mains autour de mon cou. Il est maintenant en train de m'étrangler et il n'y a rien que je puisse faire. Aucun téléphone dans la salle ni personne qui pourrait être appelé au secours. La porte est fermée et je ne peux pas sortir. Je ne sais pas où sont ces foutues clés et il va me tuer. J'ai pensé: "ok, je vais partir en paix. Je ne vais pas me débattre. On apprend parfois les choses de la façon la plus difficile". Il était en train de m'affiner la gorge et je me souviens que mes mains étaient devenues bleues. Mais je m'en sortais plutôt bien; j'étais centré. Si je commençais à sentir un mouvement de vomissement, je pensais alors: "Non, n'agis pas". Je commençais alors à devenir inconscient quand soudainement j'ai senti qu'il s'était arrêté. Je l'ai senti me prendre et je revenais à moi. Il était en train de me tenir dans ses bras et de me réconforter. Dans les rencontres d'après-session je ne reviens pas sur les épisodes de la précédente session sans que la personne concernée ne le fasse elle-même. Les souvenirs remonte à la surface de la conscience quand ils sont prêts à être intégrés. Cela lui a pris environ un an avant de se souvenir de cette épisode. Quand il y arriva enfin, il m'a dit ceci: "Quand je suis revenu de là où j'étais, je t'ai vu en diable. Je devais tuer ce diable afin que je puisse vivre et que le monde survive. J'étais terrifié de devoir mourir et par conséquent j'étais en train de te tuer. Mais pendant que je te tuais, je t'ai regardé et tu as changé. Tu t'es transformé en l'enfant Jésus. Je t'ai pris et tenu dans mes bras". Est-ce que la session a eu un effet à long terme sur cet homme? 23 De la session il n'a pu se rappeler de rien pendant les 8 premiers mois. Ensuite, lorsqu'il se rappela des événements, il fut totalement changé. Donc en réponse à votre question sur l'entraînement que les gens devaient avoir pour faire ça; la réponse est: le tuteur doit vouloir mourir! (rires) Pensez-vous que vous auriez dû vous en tenir à votre intuition originale et ne pas lui donner une session? Absolument pas. Parce que le résultat final fut très positif. Mais plus que cela, j'ai appris à la dur une autre leçon. Je suis parti d'un état de peur et quand vous prenez des décisions sur la base de la peur, vous recueillez ce que vous craigniez. J'étais en train de tenter d'éviter de me faire frapper par un grand type et je me suis entouré de tous ces "gardes du corps" mais ils ont alors tous disparu. Ce type s'est alors comporté exactement comme je craigniais qu'il le fasse. Donc à nouveau, j'ai appris ce qui se passe quand l'on fait un choix basé sur la peur. Comment vos expériences avec les psychédéliques a influencé votre compréhension de la mort? La mort est un état transitoire. Il n'y a rien de magique dans le processus de la mort. On ne vous offre pas automatiquement un tour gratuit ou une bague en or juste parce que vous allez mourir. Des personnes pensent que lorsque l'on meurt alors d'une certaine façon on a la paix, des friandises ou un bonus particulier juste pour l'événement. Mais ce n'est pas mon expérience. Qu'est-ce que vous diriez à de jeunes personnes au sujet des psychédéliques? 24 Est-ce que c'est un enfant qui a été élevé avec amour, acceptation, de la compréhension et entouré par la Nature? ont ils été introduits à des points phares de leurs vies à d'autres niveaux de réalité à travers des rituels dans leur famille? si c'est le cas alors une introduction aux psychédéliques pourrait être une expérience incroyablement belle à n'importe quel âge si l'environnement est adéquat et la motivation noble. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous savez maintenant et que vous aurez voulu savoir lorsque vous travailliez avec les psychédéliques dans les années 50 et 60? Si vous étiez un étudiant de Zen et moi un maître de Zen, je sortirais mon bâton et vous en donnerais un coup. Ce n'est pas une question. Pensez y un instant. Je ne veux pas être sarcastique ni vous rabaisser. Mais ce n'est pas une question. Comprenez vous pourquoi ce n'est pas une question? Parce qu'on ne peut pas changer le passé et qui le voudrait après tout, si l'on embrasse ce passé et l'utilise significativement dans le présent. La Maya est une illusion. C'est juste une distraction pour ne pas être dans le présent. J'aurais aimé ne pas avoir d'égo (rires). J'aurais aimé ne pas en avoir un maintenant. Que voulez vous savoir de plus? Si vous aimez ce que vous avez lu, achetez le livre! LIEN 25