GIPREB 8 PAGES mod IV
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VISIONS D’ETANG L E J O U R N A L D U G I P R E B • N ° 1 J U I N 2 0 0 5 Pollution de l’étang de Berre Pourtour de l’étang Sports nautiques la France négocie avec l'Europe Les stations d’épuration se mettent aux normes Sortez les voiles! Initiatives J Plongée dans l’étang Quelle sorte de vie reste-t-il dans l’étang ? Telle était la question de départ pour les plongeurs de la section plongée de l’AS Berre. Et ils étaient une quinzaine, le 8 mai dernier, à décider d’aller voir véritablement ce qui se passe au fond de l’étang de Berre… De cette plongée, l’association a réalisé un film disponible à l’association de sauvegarde de l’étang de Berre. Berton a réalisé un film, qui a énormément surpris”. Ce que tous ont vu : des gobies, des vives, des poissons plats (soles ou limandes), des syngnathes (cousins des hippocampes), des crabes, des crevettes des cténophores en grand nombre au large. Ils ont vu aussi des algues, ulves et polysiphonia, mais pas de plantes aquatiques ! "Mais attention, soulignent-ils, si nous avons de bonnes connaissances en biologie marine, nous ne sommes pas des scientifiques. Nos constatations n'ont aucune valeur en dehors d'un témoignage visuel. D'autant plus que ce n'est pas en une plongée et sur une zone restreinte que l'on peut dresser un bilan..." Ils se sont tous promis d’y retourner, convaincus que “le sacrifice de l’étang ne s’impose plus” et qu’il existe “une forte volonté de redécouvrir l’étang comme un site naturel”. Tout savoir sur les plantes aquatiques de l’étang : www.etangdeberre.org rubrique pourquoi l’étang est-il malade, suivi du milieu 2004, macrophytes. © P. Bonhomme Tout le monde parle de l’étang, mais peu le regardent au fond des eaux… 15 plongeurs ont bravé le 8 mai dernier les 80 km/h de mistral, les 18 degrés de l’eau et l’incertitude de l’intérêt d’une telle plongée… Ils en sont revenus heureux et plus sûrs que jamais du combat pour la réhabilitation de l’étang. Tout a commencé près de Mauran, en face de la centrale EDF de Saint-Chamas : tout un symbole… “Dans le fond, l’étang est bien vivant, mais seulement sur une mini bande côtière de moins de 80 mètres. Après, c’est le désert…” souligne René Coste, président de la section plongée. “Nous avons photographié ces fonds et Claude La “blennie paon” est un poisson courant dans les petits fonds de l’étang. J Nage pour l’étang Gérald Fuxa s’est une nouvelle fois jeté à l’eau pour illustrer son combat en faveur de la réhabilitation de l’étang. Cette année, il entend rejoindre Sète et l’étang de Thau pour un périple qui devrait durer trois semaines, intitulé “Retour vers le futur”. “Ce qui a été fait à Thau pourrait être fait sur l’étang de Berre” explique Gérald Fuxa, avant de s’élancer pour 120 kilomètres à la nage pour défendre la cause de l’étang de Berre. Ce Vitrollais de 49 ans veut en effet mobiliser les citoyens et les pouvoirs publics pour la sauvegarde de l’étang. Et pourquoi l’étang de Thau ? “Cet été, je me suis rendu sur les rives de cet étang. J’ai vu les gens s’y baigner et manger des huîtres… Je rêverais de voir ce genre de scène au bord de l’étang de Berre” explique ce nageur solitaire… 2 LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005 VISIONS D’ETANG J Fête de l’étang Organisée par la Coordination de l'étang marin Tous les défenseurs de l’étang de Berre se retrouveront le 17 juillet pour la traditionnelle Fête de l’étang à la plage de Champigny à Berre l’étang. Au programme : 10 h 00 : Dépôt de gerbes à la centrale EDF de Saint-Chamas 12 h 00 : Grand repas convivial 15 h 30 : animations nautiques, concours de boules Réservations : 04 42 74 93 44 J Tour de l’étang à la voile L’équipage de “l’Escapade”, composé de Jean-Christophe Calicchio et de Pierre Escalona, a bouclé la régate de “5 jours à la voile pour la réhabilitation de l’étang de Berre” en battant le temps de référence établi l’an dernier de 20 milles nautiques. 340 milles, ce sera le nouveau record à battre l’an prochain à l’occasion de la Fête de l’étang. Pour cette deuxième édition des “cinq jours à la voile”, les conditions météorologiques n’ont absolument pas été favorables, avec un mistral de force 8 - force 9. Amoureux du plus grand étang marin d’Europe, Jean-Christophe Calicchio ne peut accepter comme une fatalité de le voir se dégrader. Edito Un nouveau journal Je suis heureux de vous présenter le premier numéro de “Visions d’étang”, le nouveau journal du GIPREB. Vous êtes de plus en plus nombreux à vouloir recevoir des informations régulières sur l’activité du GIPREB et sur le devenir de l’étang de Berre. Ce nouveau journal permettra notamment de donner plus de place à l’actualité et aux enjeux du GIPREB mais aussi à tous ceux qui vivent au quotidien l’étang de Berre qu’ils soient pêcheurs, membres d’associations de l’Etang marin, responsables de clubs de voile ou de camping, habitant d’une commune du pourtour de l’étang, amoureux de la nature… et pour qui, la réhabilitation de l’étang de Berre a un sens. Une nouvelle publication, une diffusion élargie, pour mieux faire partager nos convictions quant à la réhabilitation de l’étang, aujourd’hui de plus en plus d’actualité. D’actualité, nous en parlerons dans ce numéro, à l’heure où des négociations ont lieu entre la Commission européenne et l’Etat français quant à l’avenir de l’étang de Berre. Ainsi, devrait-il se mettre en place, dès septembre, une nouvelle gestion des rejets du canal usinier. Nous avons souhaité que le Conseil scientifique du GIPREB soit associé aux experts internationaux mandatés par l’Europe pour suivre cette expérimentation prévue sur quatre ans. Les élus du GIPREB, les pêcheurs et les représentants des associations ne sont pas persuadés que la modulation des rejets proposée par l'Etat puisse être la solution définitive en soi. L'expérimentation prévue sur quatre ans en apportera peut-être la preuve. Il est cependant indispensable que cette expérimentation soit réalisée, même si, pour eux, seule la dérivation des rejets EDF permettra le retour à une lagune méditerranéenne profonde, le retour à un écosystème équilibré. L’actualité, ce sont aussi les efforts consentis par les collectivités locales pour améliorer leur système d’assainissement : Istres, Miramas, Saint-Chamas et Vitrolles sont les dernières villes du pourtour de l’étang à devoir réaliser des travaux de mises aux normes de leurs stations d’épuration. Enfin, l’actualité, c’est bientôt l’arrivée de l’été et des activités nautiques. Les résultats du suivi de la qualité bactériologique réalisés par le GIPREB montrent que l’étang de Berre est un formidable plan d’eau pour la baignade et pour la voile. Pour les populations riveraines, l’étang demeure en effet le cadre de nombreuses activités récréatives et de loisirs. Vous apporter une information sur des secteurs méconnus, vous rendre compte de tout ce qui se passe au GIPREB, vous donner la parole, tels sont les objectifs de ce journal. J’espère en tout cas que ce premier numéro vous permettra de faire mieux connaître autour de vous le combat que nous menons ensemble pour l’étang de Berre. Serge Andréoni Président du GIPREB J GIPREB : Groupement d'Intérêt Public pour la Réhabilitation de l'Etang de Berre Cours Mirabeau • 13130 Berre-l'étang Tél. : 04 42 74 15 51 E-mail : [email protected] Directeur de la Publication : Philippe Picon Rédaction : Elisabeth Le Corre Maquette : zen-studio.com sommaire pages 2 I N I T I AT I V E S Plongée dans l’étang... 7 5 4 ENJEUX Les stations d’épuration se mettent aux normes 6 EVENEMENT la France négocie avec l'Europe 8 O N PA R L E D ’ E U X Bertrand Manechez, directeur du Club de Voile de Martigues Enjeux J Travaux subventionnés Les travaux d’amélioration des systèmes d’assainissement permettent à Ouest-Provence de recevoir des subventions de l’Agence de l’eau, du Département et de la Région. Ainsi, par exemple, la mise aux normes européennes de la station d’épuration de Miramas-Saint-Chamas est financée à hauteur d’1,75 M€ par l’Agence de l’eau, 840 K€ par le Conseil général et 31,5 K€ par le Conseil régional, (Europe en cours). La réalisation de réseaux d’assainissement et d’eau potable au Ranquet : 708 K€, Agence de l’eau ; 426 K€, Conseil général. Suppression de la station d’épuration de la Romaniquette : 1,05 M€, Agence de l’eau ; 270 K€, Conseil régional, (Conseil général et Europe en cours). Les stations d’épuration se mettent aux normes J Du côté d’Ouest-Provence Suppression de la station de la Romaniquette, raccordement du quartier du Ranquet à Istres aux réseaux d’assainissement et d’eau potable, mise aux normes européennes de la station d’épuration de Miramas-Saint-Chamas et mise en séparatif du réseau d’eaux pluviales et d’eaux usées de Miramas, 2005 est une année lourde en investissements pour Ouest-Provence On l’avait tellement montrée du doigt, coupable de toutes les pollutions de l’ouest de l’étang, qu’elle a fini par s’évanouir du paysage. A la place de la station d’épuration de la Romaniquette reste aujourd’hui un beau terre-plein en terre végétale. D’ici quelques mois, la nature reprendra ses droits pour offrir aux Istréens un magnifique lieu de promenade le long de l’étang de Berre à quelques minutes du centre-ville. Effet immédiat de la suppression de la station d'épuration, la plage de la Romaniquette peut à nouveau être ouverte à la baignade. 3,7 millions d’euros, c’est l’investissement consenti par le SAN Ouest-Provence pour raccorder les effluents de la Romaniquette à la station de Rassuen. Le dimanche au bord de l’eau Au quartier du Ranquet, on en était encore au temps où les maisons s’appelaient “cabanons” et où on y venait pour passer le dimanche au bord de l’eau… sauf que les “cabanons” étaient devenus des maisons principales dont les propriétaires avaient cessé d’aller chercher de l’eau potable au seau, comme cela était prévu, et s’étaient directement raccordés au réseau… En 2005, on est bien loin du fonctionnement prévu lors de la création de la ZAC du Ranquet ! J En bref Futur contrat d’étang Dans le cadre du Contrat d’étang, le GIPREB avec l’appui des communes souhaite lancer un travail d’identification des zones critiques sur les réseaux. 4 LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005 VISIONS D’ETANG Déjà, à la fin des années 90, le SAN avait investi pour réaliser des fosses septiques, soit individuelles, soit collectives. Mais avant même la fin des travaux, force fut de constater que la majorité des fosses fonctionnaient mal. Elles avaient été dimensionnées pour un usage temporaire (été), pour des habitations censées ne pas être raccordées à l’eau courante… C’était sans compter sur le “système D” ! Après expertise, il fut décidé de mettre en place un système d’assainissement des eaux usées et de raccorder chaque habitation au réseau d’eau courante. Si l’eau va bientôt être payante, elle transitera par un véritable réseau et sera évacuée à la station de Rassuen. Les 2/3 des habitations sont aujourd’hui déjà raccordées, seul le haut du Ranquet reste à faire. Les fosses existantes seront toutes l’une après l’autre condamnées. La fin des travaux est prévue pour décembre. Coût de l’investissement : 4 millions d’euros. Nouvelle station à Saint-Chamas Ouest-Provence investit 5,2 millions d’euros pour la création de la nouvelle station d’épuration de MiramasSaint-Chamas à côté de la station existante, qui permettra le traitement de l’azote et du phosphore. Sa mise en œuvre sera effective dès juin. Des travaux seront alors réalisés sur la station existante. “On met en service en juin pour être opérationnel en début d’année prochaine” souligne Yamine Kehiha, responsable de la division aménagement du territoire. Il compte en effet sur une montée en régime de trois ou quatre mois, pendant laquelle des analyses seront régulièrement faites. Cette nouvelle station, outre un meilleur rendement, entraînera une amélioration au niveau de la qualité des rejets dans l’étang de Berre. Le prolongement de l’émissaire de rejets au niveau de la digue EDF avait dès 2002 permis à Saint-Chamas de retrouver l’usage baignade sur sa plage, réouverte l’an dernier. La mise en séparatif des eaux usées et des eaux pluviales sur Miramas (20 kms de réseau) est le nouveau chantier qu’engage le SAN pour un montant de 15 millions d’euros. Cela permettra d’améliorer le rendement de la station d’épuration qui ne recevra plus les rejets d’eaux pluviales, ceux-ci étant directement rejetés dans l’étang. Bien-sûr, cela fait des années que l’Agence de l’eau et le service maritime 13 n’ont cessé d’alerter les communes sur les investissements qu’elles se devaient de prévoir, eu égard à la réglementation européenne (qui aurait dû s’appliquer en 1998 !) et à la prise en compte de l’environnement. Reste néanmoins que la note est salée pour Ouest-Provence ! “On aurait du prendre le temps de faire les choses” constate Yamine Kehiha, “aujourd’hui, effectivement, on le fait parce qu’on y est obligé, on le fait au dernier moment, dans la douleur… car financièrement, c’est lourd !”. J Paroles d’experts Mary-Christine Bertrandy travaille au Service maritime des Bouchesdu-Rhône, subdivision eau-environnement marin. Pour ce dossier, elle était la spécialiste à interroger… Peut-on lier l’amélioration de la qualité des eaux à la suppression d’un rejet d’eaux usées ou d’une mise aux normes des systèmes d’assainissement ? J Du côté de Vitrolles Responsable de l’essentiel de la dégradation du milieu pour la Cadière et le Bolmon, la station d’épuration de Vitrolles est depuis longtemps mise en accusation. Dès son arrivée, la nouvelle municipalité s’est donnée comme priorité la construction rapide d’une station d’épuration répondant aux normes européennes. Malgré le recours engagé par l’ancien maire, les travaux continuent. Ils doivent s’achever en juin 2007. Pour un coût de près de 30 millions d’euros. “Il existe à Vitrolles une véritable volonté politique de participer à la reconquête de l’étang de Berre. Même si la station d’épuration n’a pas un rejet direct dans l’étang de Berre, sa mise aux normes participera à l’amélioration de l’étang de Bolmon. On aurait dû être en conformité depuis le 31 décembre 1998, on est en 2005 !” nous confie Olivier Lacaze, directeur de la voirie et de l’assainissement. “La station actuelle représente une source polluante importante, dont les rejets aboutissent à l’étang du Bolmon, qui n’apprécie que très moyennement…” souligne-il. “Par rapport à la réglementation, qui classe l’étang de Berre en zone sensible, la station d’épuration actuelle est obsolète dans la mesure où on n’atteint pas les niveaux de traitement requis et surtout, on ne traite pas l’azote et le phosphore qui sont les paramètres principaux. La future station aura un rendement d’épuration franchement meilleur et traitera l’azote et le phosphore. Ce sera un équipement très moderne”. Le nouvel équipement est dimensionné pour traiter 120 000 équivalents habitants. Le chantier est compliqué : il s’agit de construire une station deux fois plus grande que l’actuelle sur un terrain exigu. De plus, pendant le chantier, il est impossible d’interrompre la station actuelle. Dans une première phase, une demie station sera mise en service avant l’été 2006. Cette demie station est en construction actuellement à côté de l’existante. Au niveau de la qualité de l’eau l’amélioration sera certaine. Mais ce sera surtout positif pour les riverains : la nouvelle station est couverte et désodorisée. Les effluents seront donc basculés sur cette station qui aura la capacité équivalente à l’actuelle. Dans une deuxième phase, la station actuelle sera démolie et la deuxième moitié de la station sera construite. Celle-ci comprendra un ouvrage pour le traitement de l’azote et du phosphore. La moitié des effluents des Pennes-Mirabeau sera également traitée par la station de Vitrolles. Des essais de basculement des effluents auront lieu dès 2006, mais la suppression de la station des Pennes-Mirabeau n’interviendra qu’à partir de l’ouverture de la totalité de la station de Vitrolles en juin 2007. Restera alors à Vitrolles un nouveau chantier : raccorder au réseau collectif le quartier des Vignettes proche de l’étang qui fonctionne pour la moitié avec des fosses septiques. “Un dossier techniquement et financièrement très ambitieux” remarque notre interlocuteur, “mais il apparaîtrait logique que ce soit une zone d’assainissement collectif”. La suppression d’un rejet d’eaux usées ou d’un rejet de station d’épuration entraîne une amélioration quasi immédiate de la qualité bactériologique des eaux réceptrices dans la mesure où on supprime une source de pollution bactérienne ; de même, cela participe fortement à l’amélioration de la qualité générale du milieu par suppression d’apports de matières organiques, de matières nutritives et de matières en suspension dont on connaît les effets sur le milieu (enrichissement, eutrophisation...) La mise en conformité d’une STEP (traitement biologique, traitement des matières nutritives) ne contribue que faiblement à l’amélioration de la qualité bactérienne, ces paramètres n’étant que très peu réduits par le traitement. En revanche, cela participe aussi à la réduction des matières organiques, matières en suspension, matières nutritives et contaminants associés. Dans ce cas, que deviennent les bactéries dans le milieu ? Les bactéries sont diluées lors du rejet avec la masse d’eau. Ne se trouvant pas dans leur habitat naturel (intestins de l’homme), elles subissent une mortalité qui est d’autant plus accrue qu’elles sont exposées aux U.V. Les modalités de rejets (position de l’émissaire et de son exutoire, diffuseur...) font l’objet d’une étude d’impact qui privilégie une meilleure dilution dans le milieu récepteur. Peut-on attendre de la mise aux normes de la Step de Miramas, couplée avec la mise en séparatif des eaux usées et des eaux pluviales, une nouvelle amélioration en ce qui concerne la qualité des eaux ? Oui, du fait de la diminution importante de la charge en matières organiques et en matières nutritives pour le rejet de la step et de la suppression des by-pass d’eau brute du fait de la mise en conformité du réseau et de la mise en place d’un collecteur séparatif (le réseau ne collectera plus les eaux de pluies et les eaux de surverses d’irrigation). Le traitement des rejets directs du pluvial dans l’étang de Vaine ou en Cadière est un objectif, mais il n’existe pas encore de projets… Chaque chose en son temps ! J Le financement de la STEP Pour un coût total de 30 M€, les financements sont apportés à hauteur de 30 % par l’Agence de l’eau, 20% par le Conseil général, 15 % par le Conseil régional, 15 % par la Communauté du Pays d’Aix, 20 % restant à la charge de la commune. 5 LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005 VISIONS D’ETANG l’évènement La France négocie avec l’Europe J Les mesures prises en faveur de l’étang par l’Etat 1971 : Mise en place d’un plan de réduction des pollutions industrielles, concrétisé par la création du Secrétariat permanent pour les problèmes de pollutions industrielles. Parallèlement était mis en place un plan de réduction des pollutions domestiques 1980 : Mise en service d’un bassin de délimonage des eaux duranciennes à Cadarache, limitant d’environ 50 % les apports en sédiment par le canal EDF (de 700 000 tonnes à 400 000 tonnes). 1992 : Plan de reconquête, dit “Plan Lalonde” pour l’étang de Berre. Décision de ramener la turbidité des eaux rejetées de 5 g/l à 3 g/l, le plafond pour les limons étant fixé à 300 000 tonnes annuelles et le rejet d’eau douce plafonné à 3,6 milliards de m3. 1993 : Plan Barnier. Limitation des rejets de limons à 200 000 tonnes avec un seuil de matières en suspension de 2 g/l. 1994 : Mise en place du suivi écologique du milieu. 1995 : Réduction du plafond annuel des apports d’eau douce à 2,1 milliards de m3. 1998 : Le gouvernement propose la constitution d’un groupement d’intérêt public. 1999 : Limitation des rejets de limons à 100 000 tonnes en moyenne annuelle en portant le seuil de matières en suspension à 1 g/l en moyenne journalière. Afin de respecter ces limitations, un ouvrage spécifique a été aménagé au niveau de Mallemort où une partie des débits (eau et limons) retournent en Durance. 2000 : En concertation avec l’ensemble des acteurs locaux, mise en place du Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre. Lancement des études pour la dérivation des rejets du canal usinier EDF et pour la réouverture du tunnel du Rove. 2003 : Démarche d’élaboration d’un Schéma d’orientation, déterminant tout le programme de réhabilitation 2005 : Elaboration d’un Contrat d’étang, réunissant l’ensemble des maîtres d’ouvrages pouvant agir pour l’amélioration de l’étang. La France a entamé des négociations avec la Commission européenne, suite à l’arrêt de la Cour de justice des communautés européennes du 7 octobre 2004, qui retient deux griefs constitutifs d’un manquement aux obligations du protocole d’Athènes : l’absence d’une autorisation de rejet conforme et l’insuffisance des mesures prises pour combattre et réduire la pollution de l’étang de Berre. Principale annonce du nouveau dispositif proposé par l’Etat, une optimisation des rejets de la centrale EDF de Saint-Chamas à échelle hebdomadaire qui devrait permettre d’éviter des variations brutales de la salinité. Selon la Cour de justice des communautés européennes, la France n’applique pas deux textes relatifs à la protection de la Méditerranée, qu‘elle a pourtant signés : la convention de Barcelone de 1976 et le protocole d’Athènes de 1980. Ce dernier stipule notamment que les Etats signataires doivent préserver la Méditerranée ainsi que les étangs salés communiquant avec elle, des substances polluantes déversées “par les fleuves, les établissements côtiers ou les émissaires”. Parmi ces substances, le protocole identifie celles “exerçant une influence défavorable sur la teneur en oxygène du milieu marin” et les substances “qui, bien que non toxiques par nature, peuvent devenir nocives pour le milieu marin ou peuvent gêner toute utilisation légitime de la mer en raison des quantités rejetées”. Quand l’eau douce modifie l’écosystème C’est ce qui se passe sur l’étang de Berre. Les quantités d’eau douce déversées par le canal usinier EDF sont telles qu‘elles ont modifié radicalement les conditions écologiques du biotope1. Les variations de salinité peuvent être brutales dans certaines zones de l’étang, chutant de 25 à moins de 10g/l et donc fortement contraignantes pour les biocénoses2, conditionnant sans aucun doute la disparition de nombreuses espèces d’organismes sédentaires. Le phénomène est visible, par exemple, avec les moules qui viennent s’échouer dès la reprise des turbinages de la centrale EDF en septembre. Philippe Picon, directeur du GIPREB, souligne ainsi que “les pics de consommation d’énergie provoquent des fluctuations de salinité qui empêchent les espèces marines d’arriver à maturité”. Il explique aussi que le déficit en oxygène est dû à une différence de densité entre l’eau douce dérivée de la Durance et rejetée par la centrale et l’eau salée de l’étang Arrêt de la Cour de justice La Cour de justice européenne (deuxième chambre), lors de son arrêt du 7 octobre 2004 déclare et arrête : 1) - En ne prenant pas toutes les mesures appropriées pour prévenir, réduire et combattre la pollution massive et prolongée de l'étang de Berre, et - en omettant de tenir dûment compte des prescriptions de l'annexe III du protocole relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution d'origine tellurique, signé à Athènes le 17 mai 1980, approuvé au nom de la Communauté économique européenne par la décision 83/101/CEE du Conseil, du 28 février 1983, par une modification de de Berre. Cela a pour effet, dans la partie centrale et profonde de l’étang, de produire une stratification haline, c’est-à-dire une différence de salinité fortement marquée entre les eaux de surface et les eaux de fond, parfois sur de longues périodes dans l’année. “L’eau douce, moins dense, reste en surface, tandis que l’eau salée stagne au fond de l’étang et ne se renouvelle pas suffisamment. Du coup, le fond manque d’oxygène et la macrofaune ne peut pas s’y installer”. La réponse de la France Pour éviter une une vraie condamnation de la France qui pourrait déboucher sur des astreintes3 financières importantes, l’Etat a fait en février, des propositions à la Commission européenne de nature à la convaincre de sa volonté de se mettre en conformité avec l’arrêt de la Cour de justice. Ainsi, la France s’engage à modifier le cahier des charges de la concession par décret, et ce, dans les meilleurs délais. Ce décret, après avis du Conseil d’Etat (sollicité en urgence), approuvera l’avenant correspondant et constituera l’autorisation requise. Un calendrier a été élaboré pour respecter un objectif de l’ordre d’une année, enquête publique comprise, entre mai 2005 et juin 2006. Cet avenant comportera les mesures permettant de réduire la pollution de l’étang de Berre et prévoira également une expérimentation de ces mesures durant quatre ans. A l’issue de cette première étape, et après exploitation des résultats, des évolutions pourront être proposées. Cette expérimentation fera en effet l’objet d’une évaluation régulière par un comité international d’experts scientifiques en collaboration avec la commission européenne. Quant aux réductions des pollutions de l’étang, la France s’engage à limiter les effets des rejets d’eaux douces en évitant les chocs halins grâce à de nouvelles modalités de rejets par l’application de quotas à échelle hebdomadaire. l'autorisation de rejets de substances relevant de l'annexe II du protocole à la suite de la conclusion de celui-ci. La République française a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu des articles 4, paragraphe 1, et 8 de la convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution, signée à Barcelone le 16 février 1976, approuvée au nom de la Communauté économique européenne par la décision 77/585/CEE du Conseil, du 25 juillet 1977, et de l'article 6, paragraphes 1 et 3, du protocole, relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution d'origine tellurique, signé à Athènes le 17 mai 1980, approuvé au nom de la Communauté économique européenne par la décision 83/101/CEE du Conseil, du 28 février 1983, ainsi que de l'article 300, paragraphe 7, CE. 2) La République française est condamnée aux dépens. J Le retour des moules dans l’étang et la réapparition d’herbiers de zostères sont proposés par la France comme indicateurs de l’amélioration du milieu Une énergie propre qui pollue... Il est bien ici question d’énergie renouvelable qui perturbe un milieu naturel. Le seuil minimal de salinité devra être de 15 g/l sans modification du plafond du volume actuel d’eau douce rejetée annuellement. L’objectif est la réintroduction de la moule de méditerranée dans l’étang qui devrait aller de pair avec la réapparition d’herbiers de zostères jusqu’à moins de six mètres c’est-à-dire 85 % des fonds de l’étang. L’expérimentation permettra d’apprécier la pertinence de ce seuil de salinité et du maintien des 2,1 milliards de mètres cubes d’eau douce rejetés dans l’étang. D’autre part, la France s’engage à réduire les volumes de limons déversés en dehors des crues, à 60 000 tonnes contre 100 000 tonnes admises actuellement. Enfin, la France s’engage sur la maîtrise des rejets d’autres substances toxiques ou non toxiques (respect du protocole d’Athènes, qui définit 19 catégories de substances, sources de pollution. “Ces propositions ne remettent pas en cause la recherche d’une solution à long terme et notamment l’étude de dérivation,” souligne-t-on à EDF. “Il s’agit de dispositions relatives et transitoires, susceptibles d’apporter à court terme des améliorations perceptibles du point de vue des différents usages (pêche, baignade, nautisme, milieux naturels). Il ne peut pas être question d’atteindre, par ce moyen, des objectifs relevant d’un milieu marin.”. J Du côté de la Prud’homie de Martigues, on affiche un certain scepticisme. William Tillet, premier prud’homme, s’interroge sur la raison pour laquelle EDF “sort tout d’un coup de son chapeau” cette nouvelle modulation des rejets. Sa connaissance des instances européennes, acquise au titre de la défense des pêcheurs de Méditerranée lui font craindre qu’EDF gagne ainsi quatre années… Pour Serge Andréoni, président du GIPREB, “il s’agit d’une étape transitoire en attendant une solution définitive avec l’arrêt total des rejets grâce à une dérivation vers le Rhône. Le GIPREB suivra avec attention les résultats du suivi du milieu et les analyses des chercheurs de son Conseil scientifique”. 1 Biotope : espace caractérisé par des facteurs climatiques, géographiques, chimiques, physiques, morphologiques, géologiques… où vivent les biocénoses. C’est la composante non vivante (abiotique) de l’écosystème 2 Biocénose : association d’animaux et de végétaux qui vivent en équilibre dans un milieu donné 3 Les astreintes pourraient être de l’ordre de 200 000 €/jour Et c’est toute la complexité de l’affaire. S’il suffisait de fermer la centrale EDF de Saint-Chamas pour résoudre le problème de l’étang de Berre, cela aurait été fait depuis longtemps. Mais la centrale de Saint-Chamas est l’ultime maillon de la chaîne hydroélectrique Durance-Verdon qui produit 10 % de la production hydroélectrique nationale. Mobilisable en quelques minutes, elle permet de satisfaire aux besoins de pointe et de faire face aux aléas du réseau. De plus, cette fermeture conduirait à diminuer le quota d’énergie renouvelable de la France et celle-ci ne respecterait alors pas d’autres engagements internationaux, notamment sur les émissions de gaz à effet de serre et sur le développement des énergies renouvelables. Reste qu’à côté des avantages attendus (électricité, irrigation des terres agricoles, apports d’eau potable), les aménagements de la chaîne Durance-Verdon ont eu des impacts importants sur les milieux naturels : l’étang de Berre bien-sûr, mais aussi la Durance (abaissement du lit de la rivière à certains endroits, accumulation de limons dans d’autres secteurs préoccupante au regard du risque inondation et aussi une perturbation des différents écosystèmes duranciens. Paroles d’experts Michel Drain, Président du Conseil scientifique - Quelles sont vos premières impressions face au nouveau dispositif de gestion des rejets proposés par EDF ? “L’originalité du nouveau dispositif mis au point par les ingénieurs d’EDF (on se demande pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt !) consiste essentiellement à modifier les modalités de rejet qui sont celles, irrégulières et brutales, qui font de l’étang un bassin de démodulation. En lissant les rejets à l’échelle hebdomadaire durant les mois de fonctionnement on émet l’hypothèse d’une atténuation des contrastes de salinité mesurés dans l’étang. Si une modélisation a permis de confirmer cette hypothèse de façon globale, il reste à en connaître les modalités dans l’ensemble de la masse d’eau et, surtout, à apprécier dans quelle mesure seront atténués les effets nocifs exercés sur la flore et la faune de l’étang. Actuellement, deux questions se posent donc : l’une de nature juridique pour savoir si la Commission acceptera d’expérimenter ce dispositif, l’autre de nature scientifique pour savoir si ce dispositif est susceptible de donner des résultats et dans quelle mesure ils pourraient être considérés comme satisfaisants… A la première question, une réponse interviendra dans les prochains mois. Remarquons que, s’il est prévu par la France une réduction des matières en suspension dont le quota passerait ainsi à 60 000 tonnes par an, il n’est envisagé aucune réduction du volume annuel des eaux rejetées dans l’étang. Ce nouveau dispositif a donc pour effet d’accroître le problème délicat des rejets de limons en Durance, sans répondre pour autant au principal grief de la Commission qui vise d’abord le volume considérable des rejets d'eau duranciens. Si la France ne se résoud pas à les diminuer c’est que l’eau indésirable pour la santé de l’étang est de l’eau turbinée dont la réduction équivaudrait à une perte d’énergie hydroélectrique que son caractère renouvelable rend d’autant plus précieuse. Même l’Europe qui encourage la production de ce type d’énergie ne pourrait accepter cette solution. Aussi, dès 1991, EDF avait-elle envisagé de soustraire les eaux déversées dans l’étang pour les conduire vers le Rhône ou vers la mer par un prolongement du canal usinier. Cette solution, dite de dérivation, reste d’ailleurs l’objectif majeur du GIPREB. Les modalités nombreuses de cette option font toujours l’objet d’études et d’âpres débats, voire de propositions hasardeuses. Elle ne devrait surtout pas s’avérer pire que le mal qu’elle prétend combattre et conduire, par exemple à perdre définitivement une eau douce dont la valeur ne peut que croître compte tenu de l’évolution probable du climat. Le coût financier d’une telle opération, sans doute des plus élevés, se trouve désormais relativisé au regard des lourdes astreintes auxquelles la France se trouve exposée. L’éventualité d’une dérivation n’a pourtant pas été retenue par la France dans sa réponse, probablement afin de proposer une solution dans le court terme et aussi de gagner du temps. Incontestablement, ce nouveau dispositif va dans le bon sens et, s’ajoutant aux améliorations attendues dans d’autres domaines comme ceux qui concernent les stations d’épuration 2,1 milliards de m3 d'eau par exemple, permet douce sont rejetés dans d’espérer quelques avanl'étang de Berre par cées. Pour le moment, nul la centrale EDF ne peut démontrer scientifide Saint-Chamas. quement son efficacité et pas davantage son inanité. Reste donc à savoir s’il aboutira à une situation satisfaisante. On peut en douter il est vrai et comprendre dès lors l’impatience et l’incrédulité des associations de riverains et de pêcheurs, convaincus que la seule issue est à chercher dans la dérivation sur laquelle les études se succèdent depuis bientôt quinze ans. 7 LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005 VISIONS D’ETANG On parle d’eux Sortez les voiles ! Bertrand Manechez Suivi nautisme Depuis mai 2004, le GIPREB assure un suivi patrimonial de l’étang. Ce suivi porte sur les 10 stations du suivi hydrologique de l’étang de Berre ainsi que sur les 11 stations du rivage situées au niveau des zones de mise à l’eau des clubs nautiques de l’étang de Berre. Les résultats des prélèvements sur une année montrent une bonne qualité bactériologique de l’eau. Un seul mauvais résultat a été relevé à la base de Tholon à Martigues mais pourrait s’expliquer par un épisode pluvieux survenu la nuit précédent le prélèvement. Il existe en effet un rejet d’eau pluviale à Tholon. > Consultez en direct les résultats du suivi de la qualité bactériologique des eaux : www.etangdeberre.org Bertrand Manechez, directeur du Cercle de Voile de Martigues, a de quoi être satisfait : une fois de plus, la fédération française de voile lui fait confiance, ainsi qu’à la ville de Martigues, pour organiser le championnat de France espoirs dériveurs au mois d’août sur l’étang de Berre. Lui qui a commencé à travailler à Martigues en 1989 comme simple moniteur de voile, a su grimper les échelons et partager sa passion et son amour de l’étang de Berre jusqu’aux plus hautes instances internationales de sports nautiques. Quelles sont les activités du Cercle de voile de Martigues ? Bertrand Manechez : On y pratique, la voile de compétition, la voile de loisirs et l’apprentissage de la voile pour les scolaires. Le Centre est également agréé par le ministère de la Jeunesse, des sports et de la vie associative pour organiser les formations au brevet d’Etat et de moniteur. Nous organisons enfin depuis plusieurs années des compétitions de haut niveau. Ainsi, nous avons accueilli ici des championnats de France, des coupes d’Europe, des internationaux de lasers, des championnats du monde. C’est un des lieux privilégiés choisi par la fédération de voile et les instances internationales. La qualité de nos prestations est ainsi reconnue. On reconduit cette année le championnat de France espoirs du 21 au 27 août, soit 1 200 compétiteurs, 800 bateaux. C’est une grosse manifestation, avec une moyenne de 3 000 personnes par jour, en comptant les accompagnateurs et cela pendant une dizaine de jours. C’est aussi 300 bénévoles, sans qui rien ne pourrait se faire. Beaucoup de personnes pratiquent la voile à Martigues ? Bertrand Manechez : Chez les scolaires, on compte 700 enfants. Il y a une réelle volonté politique pour permettre ces apprentissages et des enseignants très volontaires… Cela facilite les choses. Le club reçoit également des financements du Conseil général dans le cadre du plan voile, par le biais du Comité départemental de voile. 50 jeunes participent régulièrement à des compétitions et 300 adultes se retrouvent sur des régates ou des challenges. Le club compte 500 licenciés, 400 adhérents et 200 licenciés pour les stages d’été. Pour notre président, Pierre Caste, l’objectif, un peu ambitieux, est d’arriver à 1 000 licenciés. Notre point faible, qui se retrouve au niveau national, et alors même que nous avons une pratique scolaire très importante, est que nous n’arrivons pas à communiquer aux enfants le goût de la compétition… Si l’étang de Berre est une lagune favorable aux activités de pêche, c’est aussi un formidable endroit pour pratiquer les sports nautiques. Avec ses 155 km2, l’étang permet la pratique de la voile en toute sécurité. Bertrand Manechez est le directeur du Cercle de Voile de Martigues. Rencontre… Dire que l’étang de Berre est un endroit extraordinaire pour pratiquer la voile, c’est une réalité, n’est-ce-pas ? Bertrand Manechez : C’est vrai, l’étang de Berre est sécurisant et cela est un véritable atout dans la région. On peut sortir dans toutes les conditions. On est abrité, il n’y a pas de limite par rapport à la force du vent. Jusqu’à 30 nœuds, on peut sortir. A Carro, dès force 3 ou 4, ce qui n’est pas énorme, on a du mal à faire nos activités. C’est compliqué pour les débutants, plus difficile, car on est vite sur les digues. Sur toute la côte bleue, dès qu’il faut mettre à l’eau et dès qu’il y a un peu de vent, ce n’est pas facile. Sur l’étang de Berre, il n’y a pas de problème d’équilibre, pas de problème de sécurité. Et pour les passionnés que ce soit sur l’étang ou sur la mer, ce sont les mêmes sensations. L’inconvénient, c’est que l’étang bénéficie d’une mauvaise image ! Les odeurs d’ulves l’été sont pénalisantes. Et pourtant de Figuerolles à Saint-Chamas, il y a des paysages magnifiques… Au niveau fédéral, il n’y a plus de crainte d’organiser des championnats sur l’étang de Berre ? Bertrand Manechez : Non, plus du tout. L’an dernier, nous avons organisé le championnat de France de planche à voile, cette année, le championnat de France de dériveurs, l’an prochain, ce sera encore les dériveurs et l’année d’après les planches à voile… nous avons un programme prévu sur quatre années en terme de grosses manifestations. La fédération essaie d’alterner les épreuves entre le Nord et le Sud. Mais trouver une structure qui soit capable d’accueillir autant de bateaux et autant de personnes sur une plage sur la Côte d’Azur ou même dans la région de Marseille ou dans l’Hérault, ce n’est pas possible… Essayez de faire de la voile à Marseille l’été, il y a tellement de bateaux… sur l’étang, il n’y a que nous. Cet été, il y aura cinq zones de courses, on va occuper tout l’étang, on nous verra de partout… L’étang de Berre présente cette année une transparence de l’eau assez remarquable. Vous devez apprécier ? Bertrand Manechez : Oui, bien-sûr. J’ai commencé à naviguer sur l’étang en 1985. L’eau n’était pas du tout de la même couleur. Elle était rouge à l’époque. Cela m’avait surpris. J’étais débutant, alors j’étais attentif à la qualité de l’eau. Après, quand on pratique, on n’est moins attentif. Ce que l’on veut, c’est se faire plaisir. On a aujourd’hui toujours une eau claire.