GIPREB 8 PAGES mod IV

Transcription

GIPREB 8 PAGES mod IV
VISIONS
D’ETANG
L E
J O U R N A L
D U
G I P R E B
•
N ° 1
J U I N
2 0 0 5
Pollution de l’étang de Berre
Pourtour de l’étang
Sports nautiques
la France négocie
avec l'Europe
Les stations
d’épuration se
mettent aux normes
Sortez
les voiles!
Initiatives
J
Plongée dans l’étang
Quelle sorte de vie reste-t-il dans l’étang ? Telle était la question de départ pour les plongeurs de la section plongée de l’AS Berre.
Et ils étaient une quinzaine, le 8 mai dernier, à décider d’aller voir véritablement ce qui se passe au fond de l’étang de Berre…
De cette plongée, l’association a réalisé un film disponible à l’association de sauvegarde de l’étang de Berre.
Berton a réalisé un film, qui a énormément surpris”.
Ce que tous ont vu : des gobies, des vives, des poissons
plats (soles ou limandes), des syngnathes (cousins des
hippocampes), des crabes, des crevettes des cténophores
en grand nombre au large. Ils ont vu aussi des algues, ulves
et polysiphonia, mais pas de plantes aquatiques ! "Mais
attention, soulignent-ils, si nous avons de bonnes
connaissances en biologie marine, nous ne sommes pas
des scientifiques. Nos constatations n'ont aucune valeur en
dehors d'un témoignage visuel. D'autant plus que ce n'est
pas en une plongée et sur une zone restreinte que l'on peut
dresser un bilan..."
Ils se sont tous promis d’y retourner, convaincus que
“le sacrifice de l’étang ne s’impose plus” et qu’il existe “une
forte volonté de redécouvrir l’étang comme un site naturel”.
Tout savoir sur les plantes
aquatiques de l’étang :
www.etangdeberre.org
rubrique pourquoi l’étang
est-il malade, suivi du milieu 2004,
macrophytes.
© P. Bonhomme
Tout le monde parle de l’étang, mais peu le regardent au
fond des eaux… 15 plongeurs ont bravé le 8 mai dernier les
80 km/h de mistral, les 18 degrés de l’eau et l’incertitude de
l’intérêt d’une telle plongée… Ils en sont revenus heureux
et plus sûrs que jamais du combat pour la réhabilitation de
l’étang.
Tout a commencé près de Mauran, en face de la centrale
EDF de Saint-Chamas : tout un symbole…
“Dans le fond, l’étang est bien vivant, mais seulement sur
une mini bande côtière de moins de 80 mètres. Après, c’est
le désert…” souligne René Coste, président de la section
plongée. “Nous avons photographié ces fonds et Claude
La “blennie paon” est un poisson courant dans les petits fonds de l’étang.
J
Nage
pour l’étang
Gérald Fuxa s’est une nouvelle fois jeté à
l’eau pour illustrer son combat en faveur
de la réhabilitation de l’étang. Cette année,
il entend rejoindre Sète et l’étang de Thau
pour un périple qui devrait durer trois
semaines, intitulé “Retour vers le futur”.
“Ce qui a été fait à Thau pourrait être fait sur l’étang de
Berre” explique Gérald Fuxa, avant de s’élancer pour 120
kilomètres à la nage pour défendre la cause de l’étang
de Berre. Ce Vitrollais de 49 ans veut en effet mobiliser
les citoyens et les pouvoirs publics pour la sauvegarde
de l’étang. Et pourquoi l’étang de Thau ? “Cet été, je me
suis rendu sur les rives de cet étang. J’ai vu les gens s’y
baigner et manger des huîtres… Je rêverais de voir ce
genre de scène au bord de l’étang de Berre” explique ce
nageur solitaire…
2
LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005
VISIONS D’ETANG
J
Fête
de l’étang
Organisée par la Coordination
de l'étang marin
Tous les défenseurs de l’étang de Berre
se retrouveront le 17 juillet pour la
traditionnelle Fête de l’étang à la plage
de Champigny à Berre l’étang.
Au programme :
10 h 00 : Dépôt de gerbes à la centrale EDF
de Saint-Chamas
12 h 00 : Grand repas convivial
15 h 30 : animations nautiques,
concours de boules
Réservations : 04 42 74 93 44
J
Tour de l’étang
à la voile
L’équipage de “l’Escapade”, composé
de Jean-Christophe Calicchio et de Pierre
Escalona, a bouclé la régate de “5 jours
à la voile pour la réhabilitation de
l’étang de Berre” en battant le temps
de référence établi l’an dernier
de 20 milles nautiques.
340 milles, ce sera le nouveau record à battre l’an
prochain à l’occasion de la Fête de l’étang. Pour cette
deuxième édition des “cinq jours à la voile”, les conditions météorologiques n’ont absolument pas été favorables, avec un mistral de force 8 - force 9. Amoureux du
plus grand étang marin d’Europe, Jean-Christophe
Calicchio ne peut accepter comme une fatalité de le voir
se dégrader.
Edito
Un nouveau journal
Je suis heureux de vous présenter le premier numéro de “Visions d’étang”, le nouveau journal du GIPREB. Vous êtes de plus en plus
nombreux à vouloir recevoir des informations régulières sur l’activité du GIPREB et sur le devenir de l’étang de Berre.
Ce nouveau journal permettra notamment de donner plus de place à l’actualité et aux enjeux du GIPREB mais aussi à tous ceux qui
vivent au quotidien l’étang de Berre qu’ils soient pêcheurs, membres d’associations de l’Etang marin, responsables de clubs de voile ou de
camping, habitant d’une commune du pourtour de l’étang, amoureux de la nature… et pour qui, la réhabilitation de l’étang de Berre a un
sens. Une nouvelle publication, une diffusion élargie, pour mieux faire partager nos convictions quant à la réhabilitation de l’étang,
aujourd’hui de plus en plus d’actualité.
D’actualité, nous en parlerons dans ce numéro, à l’heure où des négociations ont lieu entre la Commission européenne et l’Etat
français quant à l’avenir de l’étang de Berre. Ainsi, devrait-il se mettre en place, dès septembre, une nouvelle gestion des rejets du canal
usinier. Nous avons souhaité que le Conseil scientifique du GIPREB soit associé aux experts internationaux mandatés par l’Europe pour
suivre cette expérimentation prévue sur quatre ans. Les élus du GIPREB, les pêcheurs et les représentants des associations ne sont pas
persuadés que la modulation des rejets proposée par l'Etat puisse être la solution définitive en soi. L'expérimentation prévue sur
quatre ans en apportera peut-être la preuve. Il est cependant indispensable que cette expérimentation soit réalisée, même si, pour eux,
seule la dérivation des rejets EDF permettra le retour à une lagune méditerranéenne profonde, le retour à un écosystème équilibré.
L’actualité, ce sont aussi les efforts consentis par les collectivités locales pour améliorer leur système d’assainissement : Istres, Miramas,
Saint-Chamas et Vitrolles sont les dernières villes du pourtour de l’étang à devoir réaliser des travaux de mises aux normes de leurs
stations d’épuration.
Enfin, l’actualité, c’est bientôt l’arrivée de l’été et des activités nautiques. Les résultats du suivi de la qualité bactériologique réalisés par le GIPREB
montrent que l’étang de Berre est un formidable plan d’eau pour la baignade et pour la voile. Pour les populations riveraines, l’étang demeure
en effet le cadre de nombreuses activités récréatives et de loisirs.
Vous apporter une information sur des secteurs méconnus, vous rendre compte de tout ce qui se passe au GIPREB, vous donner la
parole, tels sont les objectifs de ce journal.
J’espère en tout cas que ce premier numéro vous permettra de faire mieux connaître autour de vous le combat que nous menons
ensemble pour l’étang de Berre.
Serge Andréoni
Président du GIPREB
J
GIPREB : Groupement d'Intérêt Public
pour la Réhabilitation de l'Etang de Berre
Cours Mirabeau • 13130 Berre-l'étang
Tél. : 04 42 74 15 51
E-mail : [email protected]
Directeur de la Publication : Philippe Picon
Rédaction : Elisabeth Le Corre
Maquette : zen-studio.com
sommaire
pages
2
I N I T I AT I V E S
Plongée
dans l’étang...
7
5
4
ENJEUX
Les stations
d’épuration
se mettent
aux normes
6
EVENEMENT
la France
négocie
avec l'Europe
8
O N PA R L E D ’ E U X
Bertrand Manechez,
directeur du Club
de Voile de Martigues
Enjeux
J Travaux
subventionnés
Les travaux d’amélioration
des systèmes d’assainissement
permettent à Ouest-Provence
de recevoir des subventions
de l’Agence de l’eau,
du Département et de la Région.
Ainsi, par exemple, la mise
aux normes européennes
de la station d’épuration
de Miramas-Saint-Chamas
est financée à hauteur d’1,75 M€
par l’Agence de l’eau, 840 K€
par le Conseil général et 31,5 K€
par le Conseil régional, (Europe
en cours).
La réalisation de réseaux
d’assainissement et d’eau potable
au Ranquet : 708 K€, Agence
de l’eau ; 426 K€, Conseil général.
Suppression de la station
d’épuration de la Romaniquette :
1,05 M€, Agence de l’eau ; 270 K€,
Conseil régional, (Conseil général
et Europe en cours).
Les stations
d’épuration
se mettent aux normes
J Du côté d’Ouest-Provence
Suppression de la station de la Romaniquette, raccordement du quartier du
Ranquet à Istres aux réseaux d’assainissement et d’eau potable, mise aux
normes européennes de la station d’épuration de Miramas-Saint-Chamas
et mise en séparatif du réseau d’eaux pluviales et d’eaux usées de Miramas,
2005 est une année lourde en investissements pour Ouest-Provence
On l’avait tellement montrée du doigt, coupable de
toutes les pollutions de l’ouest de l’étang, qu’elle a fini par
s’évanouir du paysage. A la place de la station d’épuration
de la Romaniquette reste aujourd’hui un beau terre-plein
en terre végétale. D’ici quelques mois, la nature reprendra
ses droits pour offrir aux Istréens un magnifique lieu de
promenade le long de l’étang de Berre à quelques minutes
du centre-ville. Effet immédiat de la suppression de la
station d'épuration, la plage de la Romaniquette peut à
nouveau être ouverte à la baignade.
3,7 millions d’euros, c’est l’investissement consenti par
le SAN Ouest-Provence pour raccorder les effluents de la
Romaniquette à la station de Rassuen.
Le dimanche au bord de l’eau
Au quartier du Ranquet, on en était encore au temps où les
maisons s’appelaient “cabanons” et où on y venait pour
passer le dimanche au bord de l’eau… sauf que les
“cabanons” étaient devenus des maisons principales dont
les propriétaires avaient cessé d’aller chercher de l’eau
potable au seau, comme cela était prévu, et s’étaient
directement raccordés au réseau… En 2005, on est bien
loin du fonctionnement prévu lors de la création de la ZAC
du Ranquet !
J
En bref
Futur contrat d’étang
Dans le cadre du Contrat d’étang,
le GIPREB avec l’appui des
communes souhaite lancer
un travail d’identification
des zones critiques sur
les réseaux.
4
LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005
VISIONS D’ETANG
Déjà, à la fin des années 90, le SAN avait investi pour
réaliser des fosses septiques, soit individuelles, soit collectives. Mais avant même la fin des travaux, force fut de
constater que la majorité des fosses fonctionnaient mal.
Elles avaient été dimensionnées pour un usage temporaire
(été), pour des habitations censées ne pas être raccordées
à l’eau courante… C’était sans compter sur le “système
D” ! Après expertise, il fut décidé de mettre en place un
système d’assainissement des eaux usées et de raccorder
chaque habitation au réseau d’eau courante.
Si l’eau va bientôt être payante, elle transitera par un véritable réseau et sera évacuée à la station de Rassuen. Les 2/3
des habitations sont aujourd’hui déjà raccordées, seul le haut
du Ranquet reste à faire. Les fosses existantes seront toutes
l’une après l’autre condamnées. La fin des travaux est prévue pour décembre. Coût de l’investissement : 4 millions
d’euros.
Nouvelle station à Saint-Chamas
Ouest-Provence investit 5,2 millions d’euros pour la
création de la nouvelle station d’épuration de MiramasSaint-Chamas à côté de la station existante, qui permettra
le traitement de l’azote et du phosphore. Sa mise en œuvre
sera effective dès juin. Des travaux seront alors réalisés
sur la station existante. “On met en service en juin pour
être opérationnel en début d’année prochaine” souligne
Yamine Kehiha, responsable de la division aménagement
du territoire. Il compte en effet sur une montée en régime
de trois ou quatre mois, pendant laquelle des analyses
seront régulièrement faites. Cette nouvelle station, outre un
meilleur rendement, entraînera une amélioration au niveau
de la qualité des rejets dans l’étang de Berre. Le prolongement de l’émissaire de rejets au niveau de la digue EDF
avait dès 2002 permis à Saint-Chamas de retrouver
l’usage baignade sur sa plage, réouverte l’an dernier.
La mise en séparatif des eaux usées et des eaux pluviales
sur Miramas (20 kms de réseau) est le nouveau chantier
qu’engage le SAN pour un montant de 15 millions
d’euros. Cela permettra d’améliorer le rendement de la
station d’épuration qui ne recevra plus les rejets d’eaux
pluviales, ceux-ci étant directement rejetés dans l’étang.
Bien-sûr, cela fait des années que l’Agence de l’eau et le
service maritime 13 n’ont cessé d’alerter les communes sur
les investissements qu’elles se devaient de prévoir, eu égard
à la réglementation européenne (qui aurait dû s’appliquer en
1998 !) et à la prise en compte de l’environnement. Reste
néanmoins que la note est salée pour Ouest-Provence ! “On
aurait du prendre le temps de faire les choses” constate
Yamine Kehiha, “aujourd’hui, effectivement, on le fait parce
qu’on y est obligé, on le fait au dernier moment, dans la
douleur… car financièrement, c’est lourd !”.
J
Paroles
d’experts
Mary-Christine Bertrandy
travaille au Service maritime des Bouchesdu-Rhône, subdivision eau-environnement
marin. Pour ce dossier, elle était la
spécialiste à interroger…
Peut-on lier l’amélioration de la qualité des eaux à
la suppression d’un rejet d’eaux usées ou d’une
mise aux normes des systèmes d’assainissement ?
J Du côté de Vitrolles
Responsable de l’essentiel de la dégradation du milieu pour la Cadière et le
Bolmon, la station d’épuration de Vitrolles est depuis longtemps mise en
accusation. Dès son arrivée, la nouvelle municipalité s’est donnée comme
priorité la construction rapide d’une station d’épuration répondant aux normes
européennes. Malgré le recours engagé par l’ancien maire, les travaux
continuent. Ils doivent s’achever en juin 2007. Pour un coût de près de
30 millions d’euros.
“Il existe à Vitrolles une véritable volonté politique de participer à la reconquête de l’étang de Berre. Même si la station
d’épuration n’a pas un rejet direct dans l’étang de Berre, sa
mise aux normes participera à l’amélioration de l’étang de
Bolmon. On aurait dû être en conformité depuis le 31
décembre 1998, on est en 2005 !” nous confie Olivier
Lacaze, directeur de la voirie et de l’assainissement. “La station actuelle représente une source polluante importante,
dont les rejets aboutissent à l’étang du Bolmon, qui n’apprécie que très moyennement…” souligne-il. “Par rapport à la
réglementation, qui classe l’étang de Berre en zone sensible,
la station d’épuration actuelle est obsolète dans la mesure où
on n’atteint pas les niveaux de traitement requis et surtout,
on ne traite pas l’azote et le phosphore qui sont les paramètres principaux. La future station aura un rendement
d’épuration franchement meilleur et traitera l’azote et le
phosphore. Ce sera un équipement très moderne”. Le
nouvel équipement est dimensionné pour traiter 120 000
équivalents habitants. Le chantier est compliqué : il s’agit de
construire une station deux fois plus grande que l’actuelle
sur un terrain exigu. De plus, pendant le chantier, il est
impossible d’interrompre la station actuelle. Dans une
première phase, une demie station sera mise en service
avant l’été 2006. Cette demie station est en construction
actuellement à côté de l’existante. Au niveau de la qualité de
l’eau l’amélioration sera certaine. Mais ce sera surtout
positif pour les riverains : la nouvelle station est couverte et
désodorisée. Les effluents seront donc basculés sur cette
station qui aura la capacité équivalente à l’actuelle. Dans une
deuxième phase, la station actuelle sera démolie et la
deuxième moitié de la station sera construite. Celle-ci
comprendra un ouvrage pour le traitement de l’azote et du
phosphore. La moitié des effluents des Pennes-Mirabeau
sera également traitée par la station de Vitrolles. Des essais
de basculement des effluents auront lieu dès 2006, mais la
suppression de la station des Pennes-Mirabeau n’interviendra qu’à partir de l’ouverture de la totalité de la station de
Vitrolles en juin 2007.
Restera alors à Vitrolles un nouveau chantier : raccorder au
réseau collectif le quartier des Vignettes proche de l’étang
qui fonctionne pour la moitié avec des fosses septiques. “Un
dossier techniquement et financièrement très ambitieux”
remarque notre interlocuteur, “mais il apparaîtrait logique
que ce soit une zone d’assainissement collectif”.
La suppression d’un rejet d’eaux usées ou d’un rejet de
station d’épuration entraîne une amélioration quasi immédiate de la qualité bactériologique des eaux réceptrices
dans la mesure où on supprime une source de pollution
bactérienne ; de même, cela participe fortement à l’amélioration de la qualité générale du milieu par suppression
d’apports de matières organiques, de matières nutritives
et de matières en suspension dont on connaît les effets
sur le milieu (enrichissement, eutrophisation...)
La mise en conformité d’une STEP (traitement biologique,
traitement des matières nutritives) ne contribue que
faiblement à l’amélioration de la qualité bactérienne, ces
paramètres n’étant que très peu réduits par le traitement.
En revanche, cela participe aussi à la réduction des
matières organiques, matières en suspension, matières
nutritives et contaminants associés.
Dans ce cas, que deviennent les bactéries dans le
milieu ?
Les bactéries sont diluées lors du rejet avec la masse
d’eau. Ne se trouvant pas dans leur habitat naturel
(intestins de l’homme), elles subissent une mortalité qui
est d’autant plus accrue qu’elles sont exposées aux U.V.
Les modalités de rejets (position de l’émissaire et de son
exutoire, diffuseur...) font l’objet d’une étude d’impact qui
privilégie une meilleure dilution dans le milieu récepteur.
Peut-on attendre de la mise aux normes de la Step
de Miramas, couplée avec la mise en séparatif des
eaux usées et des eaux pluviales, une nouvelle amélioration en ce qui concerne la qualité des eaux ?
Oui, du fait de la diminution importante de la charge en
matières organiques et en matières nutritives pour le rejet
de la step et de la suppression des by-pass d’eau brute
du fait de la mise en conformité du réseau et de la mise
en place d’un collecteur séparatif (le réseau ne collectera
plus les eaux de pluies et les eaux de surverses
d’irrigation).
Le traitement des rejets directs du pluvial dans l’étang de
Vaine ou en Cadière est un objectif, mais il n’existe pas
encore de projets… Chaque chose en son temps !
J Le financement de la STEP
Pour un coût total de 30 M€, les financements sont apportés à hauteur de
30 % par l’Agence de l’eau, 20% par le Conseil général, 15 % par le Conseil
régional, 15 % par la Communauté du Pays d’Aix, 20 % restant à la charge
de la commune.
5
LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005
VISIONS D’ETANG
l’évènement
La France négocie
avec l’Europe
J Les mesures prises
en faveur de l’étang
par l’Etat
1971 : Mise en place d’un plan de réduction des pollutions
industrielles, concrétisé par la création du Secrétariat
permanent pour les problèmes de pollutions
industrielles. Parallèlement était mis en place
un plan de réduction des pollutions domestiques
1980 : Mise en service d’un bassin de délimonage des eaux
duranciennes à Cadarache, limitant d’environ 50 %
les apports en sédiment par le canal EDF
(de 700 000 tonnes à 400 000 tonnes).
1992 : Plan de reconquête, dit “Plan Lalonde” pour l’étang
de Berre. Décision de ramener la turbidité des eaux
rejetées de 5 g/l à 3 g/l, le plafond pour les limons
étant fixé à 300 000 tonnes annuelles et le rejet
d’eau douce plafonné à 3,6 milliards de m3.
1993 : Plan Barnier. Limitation des rejets de limons
à 200 000 tonnes avec un seuil de matières
en suspension de 2 g/l.
1994 : Mise en place du suivi écologique du milieu.
1995 : Réduction du plafond annuel des apports
d’eau douce à 2,1 milliards de m3.
1998 : Le gouvernement propose la constitution d’un
groupement d’intérêt public.
1999 : Limitation des rejets de limons à 100 000 tonnes en
moyenne annuelle en portant le seuil de matières en
suspension à 1 g/l en moyenne journalière. Afin de
respecter ces limitations, un ouvrage spécifique a
été aménagé au niveau de Mallemort où une partie
des débits (eau et limons) retournent en Durance.
2000 : En concertation avec l’ensemble des acteurs locaux,
mise en place du Groupement d’intérêt public pour
la réhabilitation de l’étang de Berre. Lancement des
études pour la dérivation des rejets du canal usinier
EDF et pour la réouverture du tunnel du Rove.
2003 : Démarche d’élaboration d’un Schéma d’orientation,
déterminant tout le programme de réhabilitation
2005 : Elaboration d’un Contrat d’étang, réunissant
l’ensemble des maîtres d’ouvrages pouvant
agir pour l’amélioration de l’étang.
La France a entamé des négociations avec la Commission européenne, suite à
l’arrêt de la Cour de justice des communautés européennes du 7 octobre 2004,
qui retient deux griefs constitutifs d’un manquement aux obligations du
protocole d’Athènes : l’absence d’une autorisation de rejet conforme et
l’insuffisance des mesures prises pour combattre et réduire la pollution de
l’étang de Berre. Principale annonce du nouveau dispositif proposé par l’Etat,
une optimisation des rejets de la centrale EDF de Saint-Chamas à échelle
hebdomadaire qui devrait permettre d’éviter des variations brutales de la salinité.
Selon la Cour de justice des communautés européennes,
la France n’applique pas deux textes relatifs à la
protection de la Méditerranée, qu‘elle a pourtant signés :
la convention de Barcelone de 1976 et le protocole
d’Athènes de 1980. Ce dernier stipule notamment que les
Etats signataires doivent préserver la Méditerranée ainsi
que les étangs salés communiquant avec elle, des substances polluantes déversées “par les fleuves, les établissements côtiers ou les émissaires”. Parmi ces substances,
le protocole identifie celles “exerçant une influence
défavorable sur la teneur en oxygène du milieu marin” et
les substances “qui, bien que non toxiques par nature,
peuvent devenir nocives pour le milieu marin ou peuvent
gêner toute utilisation légitime de la mer en raison des
quantités rejetées”.
Quand l’eau douce modifie
l’écosystème
C’est ce qui se passe sur l’étang de Berre. Les quantités
d’eau douce déversées par le canal usinier EDF sont telles
qu‘elles ont modifié radicalement les conditions écologiques du biotope1. Les variations de salinité peuvent être
brutales dans certaines zones de l’étang, chutant de 25 à
moins de 10g/l et donc fortement contraignantes pour les
biocénoses2, conditionnant sans aucun doute la disparition
de nombreuses espèces d’organismes sédentaires. Le
phénomène est visible, par exemple, avec les moules qui
viennent s’échouer dès la reprise des turbinages de la
centrale EDF en septembre. Philippe Picon, directeur du
GIPREB, souligne ainsi que “les pics de consommation
d’énergie provoquent des fluctuations de salinité qui
empêchent les espèces marines d’arriver à maturité”. Il
explique aussi que le déficit en oxygène est dû à une
différence de densité entre l’eau douce dérivée de la
Durance et rejetée par la centrale et l’eau salée de l’étang
Arrêt de la Cour de justice
La Cour de justice européenne (deuxième chambre), lors de son arrêt du 7 octobre
2004 déclare et arrête :
1) - En ne prenant pas toutes les mesures appropriées pour prévenir, réduire et combattre
la pollution massive et prolongée de l'étang de Berre, et
- en omettant de tenir dûment compte des prescriptions de l'annexe III du protocole relatif à la protection de la mer Méditerranée contre la pollution d'origine tellurique, signé à
Athènes le 17 mai 1980, approuvé au nom de la Communauté économique européenne
par la décision 83/101/CEE du Conseil, du 28 février 1983, par une modification de
de Berre. Cela a pour effet, dans la partie centrale et
profonde de l’étang, de produire une stratification haline,
c’est-à-dire une différence de salinité fortement marquée
entre les eaux de surface et les eaux de fond, parfois sur
de longues périodes dans l’année. “L’eau douce, moins
dense, reste en surface, tandis que l’eau salée stagne au
fond de l’étang et ne se renouvelle pas suffisamment. Du
coup, le fond manque d’oxygène et la macrofaune ne peut
pas s’y installer”.
La réponse de la France
Pour éviter une une vraie condamnation de la France
qui pourrait déboucher sur des astreintes3 financières
importantes, l’Etat a fait en février, des propositions à la
Commission européenne de nature à la convaincre de sa
volonté de se mettre en conformité avec l’arrêt de la Cour
de justice.
Ainsi, la France s’engage à modifier le cahier des charges
de la concession par décret, et ce, dans les meilleurs
délais. Ce décret, après avis du Conseil d’Etat (sollicité en
urgence), approuvera l’avenant correspondant et
constituera l’autorisation requise. Un calendrier a été
élaboré pour respecter un objectif de l’ordre d’une année,
enquête publique comprise, entre mai 2005 et juin 2006.
Cet avenant comportera les mesures permettant de réduire
la pollution de l’étang de Berre et prévoira également une
expérimentation de ces mesures durant quatre ans. A
l’issue de cette première étape, et après exploitation des
résultats, des évolutions pourront être proposées. Cette
expérimentation fera en effet l’objet d’une évaluation
régulière par un comité international d’experts scientifiques
en collaboration avec la commission européenne.
Quant aux réductions des pollutions de l’étang, la France
s’engage à limiter les effets des rejets d’eaux douces en
évitant les chocs halins grâce à de nouvelles modalités de
rejets par l’application de quotas à échelle hebdomadaire.
l'autorisation de rejets de substances relevant de l'annexe II du protocole à la suite de la
conclusion de celui-ci. La République française a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu des articles 4, paragraphe 1, et 8 de la convention pour la protection de la
mer Méditerranée contre la pollution, signée à Barcelone le 16 février 1976, approuvée
au nom de la Communauté économique européenne par la décision 77/585/CEE du
Conseil, du 25 juillet 1977, et de l'article 6, paragraphes 1 et 3, du protocole, relatif à la
protection de la mer Méditerranée contre la pollution d'origine tellurique, signé à Athènes
le 17 mai 1980, approuvé au nom de la Communauté économique européenne par la
décision 83/101/CEE du Conseil, du 28 février 1983, ainsi que de l'article 300, paragraphe 7, CE.
2) La République française est condamnée aux dépens.
J
Le retour des
moules dans l’étang
et la réapparition
d’herbiers
de zostères
sont proposés
par la France
comme indicateurs
de l’amélioration
du milieu
Une énergie
propre
qui pollue...
Il est bien ici question d’énergie renouvelable qui
perturbe un milieu naturel.
Le seuil minimal de salinité devra être de 15 g/l sans
modification du plafond du volume actuel d’eau douce
rejetée annuellement. L’objectif est la réintroduction de la
moule de méditerranée dans l’étang qui devrait aller de
pair avec la réapparition d’herbiers de zostères jusqu’à
moins de six mètres c’est-à-dire 85 % des fonds de
l’étang. L’expérimentation permettra d’apprécier la
pertinence de ce seuil de salinité et du maintien des
2,1 milliards de mètres cubes d’eau douce rejetés dans
l’étang. D’autre part, la France s’engage à réduire les
volumes de limons déversés en dehors des crues, à 60 000
tonnes contre 100 000 tonnes admises actuellement.
Enfin, la France s’engage sur la maîtrise des rejets d’autres
substances toxiques ou non toxiques (respect du protocole
d’Athènes, qui définit 19 catégories de substances, sources de pollution. “Ces propositions ne remettent pas en cause
la recherche d’une solution à long terme et notamment l’étude
de dérivation,” souligne-t-on à EDF. “Il s’agit de dispositions
relatives et transitoires, susceptibles d’apporter à court terme
des améliorations perceptibles du point de vue des
différents usages (pêche, baignade, nautisme, milieux
naturels). Il ne peut pas être question d’atteindre, par ce
moyen, des objectifs relevant d’un milieu marin.”.
J
Du côté de la Prud’homie de Martigues, on affiche un
certain scepticisme. William Tillet, premier prud’homme,
s’interroge sur la raison pour laquelle EDF “sort tout d’un
coup de son chapeau” cette nouvelle modulation des
rejets. Sa connaissance des instances européennes,
acquise au titre de la défense des pêcheurs de
Méditerranée lui font craindre qu’EDF gagne ainsi quatre
années…
Pour Serge Andréoni, président du GIPREB, “il s’agit d’une
étape transitoire en attendant une solution définitive avec
l’arrêt total des rejets grâce à une dérivation vers le
Rhône. Le GIPREB suivra avec attention les résultats du
suivi du milieu et les analyses des chercheurs de son
Conseil scientifique”.
1
Biotope : espace caractérisé par des facteurs climatiques,
géographiques, chimiques, physiques, morphologiques,
géologiques… où vivent les biocénoses. C’est la composante
non vivante (abiotique) de l’écosystème
2
Biocénose : association d’animaux et de végétaux qui vivent en
équilibre dans un milieu donné
3
Les astreintes pourraient être de l’ordre de 200 000 €/jour
Et c’est toute la complexité de l’affaire. S’il suffisait de
fermer la centrale EDF de Saint-Chamas pour résoudre le
problème de l’étang de Berre, cela aurait été fait depuis
longtemps. Mais la centrale de Saint-Chamas est l’ultime
maillon de la chaîne hydroélectrique Durance-Verdon qui
produit 10 % de la production hydroélectrique nationale.
Mobilisable en quelques minutes, elle permet de
satisfaire aux besoins de pointe et de faire face aux
aléas du réseau.
De plus, cette fermeture conduirait à diminuer le quota
d’énergie renouvelable de la France et celle-ci ne
respecterait alors pas d’autres engagements internationaux, notamment sur les émissions de gaz à effet de serre
et sur le développement des énergies renouvelables.
Reste qu’à côté des avantages attendus (électricité,
irrigation des terres agricoles, apports d’eau potable),
les aménagements de la chaîne Durance-Verdon ont eu
des impacts importants sur les milieux naturels : l’étang
de Berre bien-sûr, mais aussi la Durance (abaissement
du lit de la rivière à certains endroits, accumulation de
limons dans d’autres secteurs préoccupante au regard
du risque inondation et aussi une perturbation des
différents écosystèmes duranciens.
Paroles d’experts
Michel Drain,
Président du
Conseil scientifique
- Quelles sont vos premières impressions face au
nouveau dispositif de gestion des rejets proposés
par EDF ?
“L’originalité du nouveau dispositif mis au point par les ingénieurs d’EDF (on se demande pourquoi ne pas y avoir pensé
plus tôt !) consiste essentiellement à modifier les modalités
de rejet qui sont celles, irrégulières et brutales, qui font de
l’étang un bassin de démodulation. En lissant les rejets à
l’échelle hebdomadaire durant les mois de fonctionnement
on émet l’hypothèse d’une atténuation des contrastes de
salinité mesurés dans l’étang. Si une modélisation a permis
de confirmer cette hypothèse de façon globale, il reste à en
connaître les modalités dans l’ensemble de la masse d’eau
et, surtout, à apprécier dans quelle mesure seront atténués
les effets nocifs exercés sur la flore et la faune de l’étang.
Actuellement, deux questions se posent donc : l’une de
nature juridique pour savoir si la Commission acceptera
d’expérimenter ce dispositif, l’autre de nature scientifique
pour savoir si ce dispositif est susceptible de donner des
résultats et dans quelle mesure ils pourraient être
considérés comme satisfaisants…
A la première question, une réponse interviendra dans les
prochains mois. Remarquons que, s’il est prévu par la France
une réduction des matières en suspension dont le quota passerait ainsi à 60 000 tonnes par an, il n’est envisagé aucune
réduction du volume annuel des eaux rejetées dans l’étang.
Ce nouveau dispositif a donc pour effet d’accroître le problème délicat des rejets de limons en Durance, sans répondre pour autant au principal grief de la Commission qui vise
d’abord le volume considérable des rejets d'eau duranciens.
Si la France ne se résoud pas à les diminuer c’est que l’eau
indésirable pour la santé de l’étang est de l’eau turbinée dont
la réduction équivaudrait à une perte d’énergie hydroélectrique que son caractère renouvelable rend d’autant plus
précieuse. Même l’Europe qui encourage la production de ce
type d’énergie ne pourrait accepter cette solution. Aussi, dès
1991, EDF avait-elle envisagé de soustraire les eaux déversées dans l’étang pour les conduire vers le Rhône ou vers la
mer par un prolongement du canal usinier. Cette solution,
dite de dérivation, reste d’ailleurs l’objectif majeur du
GIPREB. Les modalités nombreuses de cette option font toujours l’objet d’études et d’âpres débats, voire de propositions
hasardeuses. Elle ne devrait surtout pas s’avérer pire que le
mal qu’elle prétend combattre et conduire, par exemple à
perdre définitivement une eau douce dont la valeur ne peut
que croître compte tenu de l’évolution probable du climat.
Le coût financier d’une telle opération, sans doute des plus
élevés, se trouve désormais relativisé au regard des lourdes
astreintes auxquelles la France se trouve exposée.
L’éventualité d’une dérivation n’a pourtant pas été
retenue par la France dans
sa réponse, probablement
afin de proposer une solution dans le court terme et
aussi de gagner du temps.
Incontestablement, ce nouveau dispositif va dans le
bon sens et, s’ajoutant aux
améliorations attendues
dans d’autres domaines
comme ceux qui concernent les stations d’épuration
2,1 milliards de m3 d'eau
par exemple, permet
douce sont rejetés dans
d’espérer quelques avanl'étang de Berre par
cées. Pour le moment, nul
la centrale EDF
ne peut démontrer scientifide Saint-Chamas.
quement son efficacité et
pas davantage son inanité. Reste donc à savoir s’il aboutira à
une situation satisfaisante. On peut en douter il est vrai et
comprendre dès lors l’impatience et l’incrédulité des associations de riverains et de pêcheurs, convaincus que la seule
issue est à chercher dans la dérivation sur laquelle les études
se succèdent depuis bientôt quinze ans.
7
LE JOURNAL DU GIPREB • JUIN 2005
VISIONS D’ETANG
On parle d’eux
Sortez les voiles !
Bertrand Manechez
Suivi nautisme
Depuis mai 2004, le GIPREB assure un suivi
patrimonial de l’étang. Ce suivi porte sur les
10 stations du suivi hydrologique de l’étang de
Berre ainsi que sur les 11 stations du rivage
situées au niveau des zones de mise à l’eau
des clubs nautiques de l’étang de Berre.
Les résultats des prélèvements sur une année
montrent une bonne qualité bactériologique
de l’eau. Un seul mauvais résultat a été
relevé à la base de Tholon à Martigues mais
pourrait s’expliquer par un épisode
pluvieux survenu la nuit précédent le prélèvement. Il existe en effet un rejet d’eau pluviale
à Tholon.
>
Consultez en direct les résultats du suivi
de la qualité bactériologique des eaux :
www.etangdeberre.org
Bertrand Manechez, directeur du Cercle de Voile de
Martigues, a de quoi être satisfait : une fois de plus, la
fédération française de voile lui fait confiance, ainsi
qu’à la ville de Martigues, pour organiser le championnat de France espoirs dériveurs au mois d’août sur
l’étang de Berre. Lui qui a commencé à travailler à
Martigues en 1989 comme simple moniteur de voile, a
su grimper les échelons et partager sa passion et son
amour de l’étang de Berre jusqu’aux plus hautes instances internationales de sports nautiques.
Quelles sont les activités du Cercle de voile de
Martigues ?
Bertrand Manechez : On y pratique, la voile de compétition,
la voile de loisirs et l’apprentissage de la voile pour les scolaires. Le Centre est également agréé par le ministère de la
Jeunesse, des sports et de la vie associative pour organiser
les formations au brevet d’Etat et de moniteur. Nous organisons enfin depuis plusieurs années des compétitions de haut
niveau. Ainsi, nous avons accueilli ici des championnats de
France, des coupes d’Europe, des internationaux de lasers,
des championnats du monde. C’est un des lieux privilégiés
choisi par la fédération de voile et les instances internationales. La qualité de nos prestations est ainsi reconnue. On
reconduit cette année le championnat de France espoirs du
21 au 27 août, soit 1 200 compétiteurs, 800 bateaux. C’est
une grosse manifestation, avec une moyenne de 3 000 personnes par jour, en comptant les accompagnateurs et cela
pendant une dizaine de jours. C’est aussi 300 bénévoles,
sans qui rien ne pourrait se faire.
Beaucoup de personnes pratiquent la voile à
Martigues ?
Bertrand Manechez : Chez les scolaires, on compte 700
enfants. Il y a une réelle volonté politique pour permettre ces
apprentissages et des enseignants très volontaires… Cela
facilite les choses. Le club reçoit également des financements du Conseil général dans le cadre du plan voile, par le
biais du Comité départemental de voile. 50 jeunes participent
régulièrement à des compétitions et 300 adultes se retrouvent sur des régates ou des challenges. Le club compte 500
licenciés, 400 adhérents et 200 licenciés pour les stages
d’été. Pour notre président, Pierre Caste, l’objectif, un peu
ambitieux, est d’arriver à 1 000 licenciés. Notre point faible,
qui se retrouve au niveau national, et alors même que nous
avons une pratique scolaire très importante, est que nous
n’arrivons pas à communiquer aux enfants le goût de la
compétition…
Si l’étang de Berre est une
lagune favorable aux activités
de pêche, c’est aussi un
formidable endroit pour
pratiquer les sports nautiques.
Avec ses 155 km2, l’étang
permet la pratique de la voile
en toute sécurité. Bertrand
Manechez est le directeur du
Cercle de Voile de Martigues.
Rencontre…
Dire que l’étang de Berre est un endroit extraordinaire
pour pratiquer la voile, c’est une réalité, n’est-ce-pas ?
Bertrand Manechez : C’est vrai, l’étang de Berre est sécurisant et cela est un véritable atout dans la région. On peut
sortir dans toutes les conditions. On est abrité, il n’y a pas de
limite par rapport à la force du vent. Jusqu’à 30 nœuds, on
peut sortir. A Carro, dès force 3 ou 4, ce qui n’est pas
énorme, on a du mal à faire nos activités. C’est compliqué
pour les débutants, plus difficile, car on est vite sur les
digues. Sur toute la côte bleue, dès qu’il faut mettre à l’eau
et dès qu’il y a un peu de vent, ce n’est pas facile. Sur l’étang
de Berre, il n’y a pas de problème d’équilibre, pas de problème de sécurité. Et pour les passionnés que ce soit sur
l’étang ou sur la mer, ce sont les mêmes sensations.
L’inconvénient, c’est que l’étang bénéficie d’une mauvaise
image ! Les odeurs d’ulves l’été sont pénalisantes. Et pourtant de Figuerolles à Saint-Chamas, il y a des paysages
magnifiques…
Au niveau fédéral, il n’y a plus de crainte d’organiser
des championnats sur l’étang de Berre ?
Bertrand Manechez : Non, plus du tout. L’an dernier, nous
avons organisé le championnat de France de planche à voile,
cette année, le championnat de France de dériveurs, l’an
prochain, ce sera encore les dériveurs et l’année d’après les
planches à voile… nous avons un programme prévu sur
quatre années en terme de grosses manifestations. La fédération essaie d’alterner les épreuves entre le Nord et le Sud.
Mais trouver une structure qui soit capable d’accueillir autant
de bateaux et autant de personnes sur une plage sur la Côte
d’Azur ou même dans la région de Marseille ou dans
l’Hérault, ce n’est pas possible… Essayez de faire de la voile
à Marseille l’été, il y a tellement de bateaux… sur l’étang, il
n’y a que nous. Cet été, il y aura cinq zones de courses, on
va occuper tout l’étang, on nous verra de partout…
L’étang de Berre présente cette année une transparence
de l’eau assez remarquable. Vous devez apprécier ?
Bertrand Manechez : Oui, bien-sûr. J’ai commencé à
naviguer sur l’étang en 1985. L’eau n’était pas du tout de la
même couleur. Elle était rouge à l’époque. Cela m’avait
surpris. J’étais débutant, alors j’étais attentif à la qualité de
l’eau. Après, quand on pratique, on n’est moins attentif. Ce
que l’on veut, c’est se faire plaisir. On a aujourd’hui toujours
une eau claire.

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