La maison de bois massif
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La maison de bois massif
La maison de bois massif Notre belle forêt est par terre, elle mettra du temps à cicatriser ses blessures. Respect donc pour ces gisants déchiquetés, contorsionnés, bien plus difficiles à valoriser qu’avant la tempête. Bois de chauffage, bois de pâte à papier, bois d’ameublement, bois d’ébénisterie, bois de charpente ou bois de construction ? Les finalités sont plus ou moins glorieuses et d’autant plus délicates à mettre en oeuvre que les conditions d’exploitation doivent aujourd’hui intégrer une contrainte majeure. Les arbres sont couchés et entremêlés. Occasion pour s’intéresser à une filière bois très opérationnelle et qui elle nous vient du froid Finlandais exploitant des pins polaires bien dressés sur leurs racines. COUP DE COEUR ! Avec plus de 50 000 constructions à travers le monde, la société HONKA se place au premier rang mondial des constructeurs en bois massif. 50 000 constructions et une de plus sur le plateau de Brie à Saint Denis les Rebais précisément ! Sortie de terre il y a bientôt deux ans, cette construction en bois "ni rustique, ni spectaculaire" s’affranchit adroitement des éternels clichés "chalet Suisse ou cabane au Canada" qui accompagnent généralement l’habitat en bois massif. Tour à tour, siège social, lieu de travail, maison à visiter, la petite maison dans la prairie a dû certainement montrer patte blanche pour passer au travers du Plan d’Occupation des Sols (POS). Maison en bois massif - approche lointaine au hameau Les Aljards Cachez ce bois que ne je saurais voir ! Pudibonderie déplacée ou honnêteté intellectuelle forgée par trois décennies(1) de règlementation à la limite de l’intoxication ? Le bois n’est pas plus étranger au contexte briard que ne l’est le système constructif métallique des maisons Phénix par exemple. Force est de reconnaître qu’à la grande période du "Phénix-boom" l’autorité compétente en matière de règlementation urbaine n’est pas venue habiller toutes les façades qui donnaient à lire le système constructif en damier. Bouger avec le POS Intégration oblige, la maison a été peinte en ton pierre Ile de France. Petite hérésie certes sur le plan même du concept mais il s’agit là sûrement du prix à payer pour que la construction en bois massif soit acceptée dans un contexte péri-urbain. En d’autres lieux, tels des sites urbains constitués certaines rédactions de l’article 11 des POS traitant de l’aspect extérieur des constructions conduiraient à refuser ce type de construction ou tout du moins à s’interroger sur son acceptation. "L’emploi à nu de matériaux destinés à être recouverts (carreaux de platre, brique creuse, parpaing de ciment, etc...) est interdit" ceci ne devrait pas être opposé, puisque le matériau bois massif n’est pas destiné à être recouvert ! Paradoxalement le bois semble déranger davantage, sinon déranger du moins interpeller ! La construction bois et qui plus est, en bois massif a pour elle, de devoir se justifier aux yeux de l’édile municipal, de son service instructeur et de ses administrés. Le bois massif ne laisse jamais indifférent et provoque le débat. Attitude saine, qui vise à faire évoluer les mentalités pour une plus grande acceptation de ce matériau. Comme il s’agit d’évolution des mentalités, il faut s’attendre à ce que ce soit un peu long. D’ores et déjà certaines dispositions envisagées nous y préparent. Reste que la phrase "tout pastiche d’une architecture archaïque ou étrangère à la région est interdit" peut elle par contre donner lieu à des débats interminables. De même, certaines exigences concernant les couleurs des matériaux de parements et des peintures extérieures devant s’harmoniser entre elles et ne pas porter atteintes aux caractères des lieux peuvent s’opposer à l’acceptation du bois naturel en façade : contrainte lourde lorsque précisément la cohérence du système constructif repose sur l’utilisation du bois massif présent à l’intérieur comme à l’extérieur. (1) 1967 loi d’orientation foncière à l’origine notamment des outils de planification, schéma directeur et POS CAUE 77 - En 2 mots - mars 2000 - n°85 9 Détail ouverture Coup de pouce au bois La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie vient au secours du bois. En vue de réduire la consommation d’énergie et de limiter les sources d’émission de substances polluantes nocives pour la santé humaine et l’environnement, l’extrait du Moniteur ci-contre (1) nous rappelle qu’un décret en Conseil d’Etat viendra imposer la présence minimale du bois sous certaines conditions et dans certaines constructions... ! à suivre donc ! Si pour le coup les mentalités sont appelées à évoluer et avec elles la façon de rédiger les règles du POS, rien n’enpêcherait d’ores et déjà les partisans du bois massif de chercher à moduler leur positionnement sur le marché. L’adaptabilité de la filière sèche du bois massif gagnerait à témoigner de sa souplesse et de ses capacités d’intégration en s’intéressant au marché de l’extension-réhabilitation : un bâti ancien quelque peu austère et son extension plus riante empruntant au bois sa vibration de matière et ses coloris inégalables permettent de s’émouvoir et de s’étonner bien plus efficacement qu’un bâtiment neuf ex-nihilo à effet coup de poing ! Habituer en douceur pour mieux apprivoiser, relève d’un comportement maintes fois développé et valable pour le matériau bois dans la construction. Quoi qu’il en soit, le bois est présent dans l’architecture ancienne comme dans l’architecture contemporaine. Les tendances s’expriment soit en renouant avec la tradition soit en innovant. Les quelques témoignages (cf.p11) qui ne prétendent pas à l’exhaustivité apportent un éclairage sur la diversité des usages du matériau bois dans la construction ne relevant pas forcément du système bois massif. Enfin pour convaincre les derniers récalcitrants rien de tel que de pousser la porte d’une maison en bois massif pour ressentir cette indescriptible impression du vivre Dominique BONINI, architecte bien ! Règles d’utilisation du bois dans la construction Question : M. Jacques Godfrain attire l’attention de Monsieur le Ministre de l’Intérieur sur l’utilité d’alerter les communes en matière d’utilisation de matériaux de construction. En effet, selon une réponse ministérielle à une question du Sénat du 8 novembre 1984, il est précisé que ni les POS ni les permis de construire ne sont autorisés à imposer la nature du matériau ou sa composition. Aussi, devant l’attitude de certaines communes qui interdisent l’usage du bois dans une construction, il lui demande ce qu’il envisage pour rappeler à ces collectivités locales que ces décisions sont illégales et doivent être supprimées à l’occasion d’une modification ou d’une révision du POS par les communes ou leurs groupements. Réponse : L’article L.123.1 du Code de l’Urbanisme prévoit, notamment, que les plans d’occupation des sols (POS) peuvent déterminer des règles concernant l’aspect extérieur des constructions. Ils peuvent ainsi réglementer l’aspect des matériaux. Le permis de construire vérifie le respect des règles applicables à l’aspect des constructions mais ne peut être refusé en raison de la nature même des constructions, ou comporter des prescriptions concernant celle-ci. Dans ces conditions, les services de l’Etat, associés à l’élaboration ou à la révision des POS, conformément aux article R.123.4 et suivants du code de l’urbanisme, interviendront pour empêcher l’introduction dans le POS de dispositions relatives à la nature des matériaux. Par ailleurs, il convient de noter, que la loi n°96.1236 du 30/12/96 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie prévoit, en son article 21 V que "pour répondre aux objectifs de la présente loi, un décret en Conseil d’Etat fixe les conditions dans lesquelles certaines constructions nouvelles devront comporter une quantité minimale de matériaux en bois". Ce (1) Le Moniteur du 21/01/2000 n°5017 Au seuil de la maison société Honka Percements dans le pignon Le bois perçu en intérieur Détail système électrique Ambiance intérieure chaleureuse CAUE 77 - En 2 mots - mars 2000 - n°85 10 Simplicité du système constructif Le bois, un matériau "écologiquement correct" Le bois respire Contrairement à de nombreux matériaux inertes utilisés dans la construction, le bois a la propriété de garantir le conditionnement permanent des espaces intérieurs : le bois joue le rôle d’un filtre perméable à l’air. La source de confort est d’autant plus efficace que la construction en bois massif a résolu les problèmes d’étanchéité entre les troncs, empilés les uns sur les autres en strates horizontales. Le bois isole Son pouvoir isolant est supérieur à celui de la brique ou du béton pour des épaisseurs identiques. Le bois massif a cette capacité de restituer en temps voulu une chaleur ou une fraîcheur accumulée précédemment : moralité il se suffit à lui même toute isolation complémentaire devient superflue voire déconseillée. Le bois se recycle Non seulement la maison en bois massif nécessite 15% de moins d’énergie qu’une fabrication équivalente en béton mais surtout en fin de vie le matériau d’origine se recycle naturellement... Architecture contemporaine Subdivision DDE de Bray sur Seine O. Riotte A. Hérault Tel bois, Tel emploi La construction en bois massif utilise essentiellement les conifères, prisés pour leur portée rectiligne et leur capacité à bien filtrer l’air. Le sapin occupe la première place sur le marché mondial du bois de construction : certains spécimens pouvant atteindre 90 m. de hauteur. Le red cédar, très résistant, aux qualités d’isolation irréprochables est fortement employé par nos cousins du Canada. Attention sa couleur sombre et son odeur "agressive" ne sont pas appréciées de tous. Le melèze européen convient très bien à la construction des ponts par exemple. Il est donc aussi utilisé pour les constructions exposées ou en contact avec l’eau et la terre. Le pin douglas, originaire d’Amérique du Nord, il joue un rôle important dans son pays d’origine. A contrario le douglas européen aux qualités moindres reste un peu moins adapté à la construction en bois massif. Mais le champion des champions dans la construction en bois massif est sans conteste, le pin polaire venu du froid et notamment de Finlande. Ce pays aux 60000 lacs bordés de forêts a construit une partie de son économie sur le développement de la filière bois dans la construction en bois massif. Le pin polaire s’exporte bien, réputé pour ses caractéristiques dimensionnelles et mécaniques tirées des conditions extrêmes qui environnent sa croissance. Celle-ci est lente et lui confère un bel aspect d’anneaux serrés du coeur à l’écorce. Sa résistance est grande et le protège d’éventuelles déformations après la coupe. Enfin ses qualités hygroscopiques* et ses qualités thermiques en font un matériau Dominique BONINI, architecte performant. * qui absorbe l’humidité de l’air Bâtiment rural - pans de bois Complexe sportif à Coupvray Traces architectes - Empreinte paysagistes Menuiserie Labarre à Crécy-la-Chapelle Cabinet Bauve Architectes Architecture ancienne Tennis couverts à Lognes Millet/Renié Architectes Bâtiment agricole Fontenay-Trésigny Halle de chemin de fer - Maison Rouge CAUE 77 - En 2 mots - mars 2000 - n°85 11