Lyric 24h/24: une solution pour ceux qui souffrent d
Transcription
Lyric 24h/24: une solution pour ceux qui souffrent d
Lyric 24h/24: une solution pour ceux qui souffrent d’acouphène? Jacob Johnson, Directeur médical, Lyric, Phonak Silicone Valley; Professeur clinique adjoint, département d’oto-laryngologie, chirurgie de la tête et du cou, Université de Californie, San Francisco; Président de San Francisco Audiology; Médecin partenaire (oto-laryngologiste), Groupe médical d’oto-laryngologie de San Francisco. Correspondance E: Jacob.Johnson@ phonak.com Déclaration de conflits d’intérêts JJ est consultant pour Phonak. Cet article a été publié pour la premiere fois dans ENT and Audiology News Vol 23 Issue No 5 Novembre/Décembre 2014 À propos de l’appareil auditif Lyric Le dilemme de l’acouphène SDepuis son lancement en 2008, Lyric est le seul et unique représentant d’une toute nouvelle catégorie de solutions auditives : le port prolongé 24h/24. Lyric se place à quelques millimètres de profondeur dans le conduit auditif, près de la membrane du tympan. Il est donc 100% invisible et peut être porté 24 heures sur 24 pendant plusieurs mois de suite. Lyric peut être porté pendant toutes les activités quotidiennes, y compris sous la douche, pendant la nuit et pendant le sport. Le porteur se trouve ainsi libéré des contraintes habituellement associées aux aides auditives traditionnelles, notamment l’insertion et le retrait de l’appareil plusieurs fois par jour, le changement des piles et le nettoyage. De plus, le positionnement de l’appareil à proximité de la membrane du tympan permet à l’anatomie de l’oreille de transformer naturellement le son avant qu’il ne parvienne au micro de Lyric pour y être amplifié (Figure 1). Non seulement Lyric apporte des avantages acoustiques, pratiques et esthétiques considérables au porteur, mais il offre également des améliorations pratiques lors du choix d’un appareil destiné au port quotidien. Les patients indiquent une grande facilité d’utilisation au téléphone et dans le vent ; ils entendent les sons importants au cours de la nuit et ne perdent plus leurs appareils. Lyric offre également une nouvelle opportunité de comprendre quel impact la stimulation auditive continue peut avoir sur les patients souffrant d’une perte auditive légère à moyenne et, plus spécifiquement, sur les patients atteint d’acouphène. L’acouphène subjectif, qui est la perception d’un son sans source sonore identifiable, réduit considérablement la qualité de vie d’un individu [1]. Le patient atteint d’acouphène vit avec une constellation complexe de symptômes : difficultés d’endormissement, de concentration et de cognition qui, au fil du temps, peuvent s’étendre à de l’anxiété, de l’irritabilité, de la dépression et une perte de contrôle [2]. De plus, ces patients montrent des altérations bien caractérisées de l’activité neuronale au niveau des parcours auditifs et non auditifs [3]. Pour le praticien, l’évaluation et le traitement de l’acouphène sont rendus complexes par la diversité des présentations cliniques, l’absence de cause sous-jacente unique (Tableau 1), les comorbidités des patients, la promotion à grande échelle de traitements non prouvés, la variabilité des réponses aux traitements et le degré de besoin des patients. Le traitement nécessite de plus différents types d’interventions qu’un praticien seul ne peut pas aisément délivrer. Toutefois, 80% des patients souffrant d’acouphène partagent une même pathophysiologie : ils sont atteints d’un déficit d’audition concomitant dont ils ne sont pas conscients [4]. L’acouphène subjectif a une prévalence de 10 à 14% dans le monde [5], et les patients qui en souffrent franchissent de plus en plus souvent la porte du cabinet car, contrairement aux 10% de personnes qui signalent une perte auditive neuro-sensorielle, ils sont très déterminés à rechercher de l’information et à trouver un traitement. Récepteur Amplificateur de traitement du son Pile Corolle médiale Microphone Protective Cap Lateral Seal Figure 1 : Aide auditive Lyric. Le Lyric est conçu pour se placer derrière la deuxième courbure du conduit auditif, à une distance maximale de 4 mm du tympan. La technologie Lyric lève un obstacle majeur : nous disposons désormais d’un appareil auditif capable de fonctionner pendant une période prolongée dans l’environnement chaud, humide, acide, gras et mobile du conduit auditif tout en préservant la santé de ce dernier. Trois technologies fondamentales ont rendu cela possible : des matériaux et une conception biocompatibles, une batterie longue durée et un circuit basse consommation. 84 ENT & audiology news | NOVEMBER/DECEMBER 2014 | VOL 23 NO 5 feature Facteurs de risques connus pour le développement de l’acouphène et d’états associés aux symptômes de l’acouphène. Tableau adapté de Baguley D, McFerran D, Hall D. Tinnitus. Lancet 2013;9:382(9904):1600-7. Otologiques, infections Otite moyenne, labyrinthite, mastoïdite Otologiques, néoplastiques Schwannomes, méningiomes Otologiques, labyrinthine Perte auditive neuro-sensorielle, maladie de Ménière, vertige vestibulaire Otologiques, autres Cerumen impacté, otosclérose, presbyacousie, exposition au bruit Neurologiques Méningite, migraine, scléroses multiples, épilepsie Traumatiques Blessure au cou ou à la tête, perte de conscience Orofacial Trouble de l’articulation temporomandibulaire Cardiovasculaires Hypertension Rhumatologique Arthrite rhumatoïde À médiation immunitaire Lupus érythémateux systémique, sclérose systémique Endocriniens et métaboliques Diabète sucré, hyperinsulinémie, hypothyroïdie, changements hormonaux dus à la grossesse Psychologiques Anxiété, dépression, trauma émotionnel Médicaments ototoxiques Analgésiques, antibiotiques, traitements antinéoplasiques, corticostéroïdes, diurétiques, immuno-suppresseurs, anti-inflammatoires non-stéroïdiens Étude pilote du Lyric sur l’acouphène La recherche suggère que les patients souffrant d’acouphènes chroniques peuvent ressentir un soulagement lorsque le signal délivré au conduit auditif est augmenté par une aide auditive [6, 7]. Toutefois, certaines caractéristiques inhérentes aux aides auditives traditionnelles peuvent en limiter les avantages potentiels. Tout d’abord, ces appareils nécessitent souvent d’être portés plusieurs mois pour que le patient s’adapte à l’amplification. Ensuite, les aides auditives traditionnelles présentent une adhésion plus faible chez de nombreux patients et doivent être retirées plusieurs fois par jour pour diverses activités (douche, exercice physique, et sommeil surtout) [8]. Par conséquent, l’augmentation du signal auditif fournie par l’appareil n’est pas constante, et son absence se fait particulièrement sentir pendant les heures silencieuses de la nuit. Critères de choix des patients, indicateurs de l’étude et conception de l’étude L’étude a sélectionné des patients rapportant un acouphène continu pendant au moins une année. Les critères d’exclusion étaient : une perte auditive dépassant la plage d’application du Lyric, une expérience précédente avec le Lyric, l’utilisation d’une aide auditive au cours de l’année écoulée, tout traitement de l’acouphène au cours du mois écoulé, l’utilisation de médicaments induisant des acouphènes, la consommation abusive de drogues ou d’alcool, la consommation de tabac, toute contre-indication au port de Lyric, des problèmes de santé significatif, un score TFI (indice fonctionnel de l’acouphène) inférieur à 25, et une dépression modérée à sévère ou un stress extrême tels que mesurés respectivement par le PHQ-9 (Questionnaire de santé du patient 9) et le PSS (Échelle de stress perçu). Le TFI fournit un outil validé qui détermine le degré de gravité globale de l’acouphène et l’impact négatif de l’acouphène sur huit sous-domaines de chaque patient, ainsi que la réactivité au traitement. Spécifiquement le TFI évalue huit domaines d’impact de l’acouphène sur une échelle de 0 à 10 : intrusion, sentiment de contrôle, cognition, sommeil, audition, relaxation, qualité et vie et émotion [9]. Ces scores sont additionnés pour obtenir un total sur 100 ; un score supérieur à 18 indique un problème mineur, supérieur à 31 un problème modéré, et supérieur à 51 un problème important. Les mesures secondaires incluaient le PSS et le PHQ-9. Le PSS mesure le stress perçu non spécifique et indique dans quelle mesure les patients perçoivent que leurs demandes dépassent leur capacité à les gérer. Le PHQ-9 est un questionnaire d’auto-évaluation de la dépression. Après une première évaluation par le TFI, chaque patient a été évalué afin de déterminer s’il était un candidat approprié pour le Lyric selon les directives actuelles du fabricant. Les critères sont notamment un conduit auditif et un tympan sains, une bonne santé générale, un profil audiologique adapté de perte auditive faible à moyenne et une géométrie de conduit adéquate. L’appareil est ensuite placé et programmé par un audioprothésiste Lyric formé et certifié, et le patient revient environ tous les deux à trois mois pour un remplacement, qui prend une dizaine de minutes. Suite à l’évaluation, les participants ont été équipés de Lyric dans les deux oreilles afin qu’ils les portent pendant trois mois. Le TFI a été mesuré au départ, puis au bout de deux semaines, un mois et trois mois de port de Lyric. Les audioprothésistes de l’étude ont reçu pour instruction de ne donner aucun autre conseil ni aucune autre assistance concernant l’acouphène, ceci afin d’isoler le bénéfice d’une augmentation continue du signal auditif par Lyric. Résultats de l’étude Les 15 participants à l’étude présentaient une moyenne d’âge de 62 ans (42 à 74) ; le groupe comptait neuf hommes et six femmes. Selon la stratification des scores TFI initiaux, 33% des participants présentaient un problème mineur d’acouphène, 50% un problème modéré et 17% un problème sévère. Il n’existe pas de corrélation entre la gravité de l’acouphène et la perte auditive du patient, mais plutôt une relation linéaire avec ses scores PSS et PHQ-9, ce qui démontre l’influence des indicateurs de stress et de santé mentale sur l’expérience de l’acouphène. La plupart des études portant sur l’acouphène mesurent l’impact du traitement au bout de deux à quatre mois de traitement mais, étant donnée la nature continue de la stimulation auditive due au port prolongé de l’appareil auditif, il était intéressant d’évaluer à quelle vitesse un quelconque effet pouvait être enregistré. Fait encourageant, tous les patients de l’échantillon ont été subjectivement conscients d’une réduction immédiate de leur acouphène lors du rendez-vous de pose du Lyric. ENT & audiology news | NOVEMBER/DECEMBER 2014 | VOL 23 NO 5 85 feature Figure 2: Changes in TFI outcomes over time in the ‘moderate problem’ group. Bars show average difference from initial TFI score at two weeks, one month, and three months of treatment for the moderate problem group. Bars that meet the red dotted line (-13) show clinically meaningful reduction of tinnitus. Lors de l’évaluation à deux semaines, le groupe ayant un « problème modéré » a obtenu une réduction significative globale qui s’est maintenue lors de l’évaluation à trois mois (Figure 2). En moyenne, les patients ont vécu une réduction de l’impact de l’acouphène dans les huit domaines à tous les stades d’évaluation, à l’exception de celui de la cognition lors de l’évaluation à deux semaines. Les plus grandes améliorations ont été observées dans les domaines de l’audition, de l’intrusion, du sommeil et de la qualité de la vie, mais seule l’amélioration de l’échelle de l’audition a approché le seuil de signification statistique (Figure 3). Ceci reflète le fait que, quelle que soit leur sensibilité à leur perte auditive au début de l’étude, les patients ont observé une amélioration significative de la perte auditive associée à l’acouphène. Étape suivante Les résultats de cette étude pilote ont catalysé une étude de traitement de l’acouphène à trois volets et mieux armée, comparant les aides auditives traditionnelles, les aides auditives avec traitement de l’acouphène, et Lyric. Jusqu’à ce que les résultats d’autres études soient connus, plusieurs recommandations peuvent être adoptées immédiatement au bénéfice non seulement des patients souffrant d’acouphènes, mais également des pratiques permettant de les traiter. Tout d’abord, il est important de reconnaître que les patients atteints d’acouphène se caractérisent par une grande motivation dans la recherche d’un traitement, contrairement aux patients souffrant d’une perte auditive normale ; de plus, lorsque leurs symptômes sont effectivement réduits, les patients tendent à rester fidèles à leur praticien. Ensuite, les patients atteints d’acouphène doivent être objectivement évalués au moment de l’intégration à l’aide d’indicateurs auditifs, médicaux et psychologiques pour procéder à une évaluation correcte permettant un diagnostic et un traitement de meilleure qualité. La création d’une équipe multidisciplinaire capable de traiter les aspects auditifs, médicaux et psychologiques de l’acouphène réduit le fardeau du soin portant sur chaque praticien, tout en apportant le soin complet requis par les patients atteints d’acouphène [10]. Enfin, si le port continu d’aides auditives semble, à lui seul, prometteur dans le traitement de l’acouphène, les recherches montrent que des conseils, en plus de l’amplification, peuvent faire encore plus pour améliorer la qualité de vie des patients souffrant d’acouphène [6]. Comme aucun accompagnement de conseil n’a été intégré à cette étude pilote, nous pouvons imaginer une autre étude portant sur le degré de soulagement de l’acouphène rendu possible par l’utilisation de Lyric en conjonction avec un plan de traitement complet et structuré prenant en charge tous les aspects du problème. References 1. Jastreboff PJ. Phantom auditory perception (tinnitus): mechanisms of generation and perception. Neurosci Res 1990;8:221-54. 2. Tyler RS, Baker LJ. Difficulties experienced by tinnitus patients. J Speech Hear Disord 1983;55:150-4. 3. Roberts LE, Eggermont JJ, Caspary DM, et al. Ringing ears: the neuroscience of tinnitus. J Neurosci 2010;30:14972-9. 4. Davis A, El Refaie A. Epidemiology of tinnitus. In: Tyler RS (Ed.). Tinnitus Handbook. Singular, San Diego. 2000. 5. Shargorodsky J, Curhan GC, Farwell WR. Prevalence and characteristics of tinnitus among US adults. Am J Med 2010;123:711-8. 6. Searchfield GD, Kaur M, Martin WH. Hearing aids as an adjunct to counseling: tinnitus patients who choose amplification do better than those that don’t. Int J Audiol 2010;49(8):574-9. 7. Sweetow RW, Sabes JH. Effects of acoustical stimuli delivered through hearing aids on tinnitus. J Am Acad Audiol 2010;21(7):461-73. 8. McCormack A, Fortnum H. Why do people fitted with hearing aids not wear them? Int J Audiol 2013;52(5):360-8. 9. Meikle MB, Henry JA, Griest SE, et al. The tinnitus functional index: development of a new clinical measure for chronic, intrusive tinnitus. Ear Hear 2012;33(2):153-76. 10.Henry JA, Dennis KC, Schechter MA. General review of tinnitus: prevalence, mechanisms, effects and management. J Speech Lang Hear Res 2005;48:1204-35. Figure 3. Évolution des sous-domaines du TFI au fil du temps au sein du groupe « problème modéré ». 86 ENT & audiology news | NOVEMBER/DECEMBER 2014 | VOL 23 NO 5