PRINTEMPS DE LA NOUVELLE

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PRINTEMPS DE LA NOUVELLE
PRINTEMPS DE LA NOUVELLE
Edition 2007
RECUEIL DE TEXTES
Piqué à vif
Voyage à Stockholm
L’Eldorado
Virtual Love
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux »
Zaira l’exploitée
20 mars 2092
Notre condition humaine
Trahison du passé, souvenirs revécus
Amour paternel
Pris de panique
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Piqué à vif
Céline PLANTAIN – Terminale ES
Papa me faisait souvent voyager. J'étais comme une valise qu'il transportait au gré de ses
envies. Nous ne restions jamais au même endroit. D'ailleurs, je ne me rappelle même pas avoir eu
une «vraie» maison, avec un jardin, une chambre rien qu'à moi, des armoires pleines de frian
dises...Une maison où j'aurais fait la sieste, où Papa m'aurait préparé de bons goûters, où il m'aurait
raconté une histoire avant de m'endormir...J'aurais tant aimé avoir cette vie! Mais je ne la vivais que
dans mes rêves...
Je croyais que Papa trouvait tout cela excitant, que c'était ça une vie «normale». Maman
était partie déjà quelques années auparavant. Enfin, c'est ce que Papa m'avait dit. Je me rappelle du
dernier jour où je l'ai vue. Ils se disputaient. Maman lui criait dessus et ils s'arrachaient mon petit
sac-à-dos bleu. Je pensais que c'était un jeu, et j'applaudissais derrière la vitre de la voiture! Papa,
furieux, est monté dans la voiture et a démarré en trombe. Maman courait derrière la voiture en
hurlant. Je ne comprenais pas, et je lui ai fait un dernier signe de la main. Au revoir Maman! Au
revoir maison! Au revoir ma vie! Au revoir pays!
Je ne compris que par la suite que cet «au revoir» avait des allures d'«Adieu». Même si nous
ne restions jamais au même endroit, quelques visages me devenaient familiers : des hommes, des
amis de mon père qui me faisaient peur, du haut de mes six ans.
Lorsque Papa était avec eux, je me sentais comme un étranger. Il se mettait à parler
autrement, une langue que je ne comprenais pas, mais qui me faisait beaucoup rire! «Si, si. Gracias
Hasta luego!» J'aimais la prononciation des mots, la résonance des claquements de langue, le rou
lement des «r». Je ne comprenais pas pourquoi ces hommes lui donnaient un sac de sport, et
pourquoi lui leur donnait sa valise. Papa voulait peut-être faire un match de football! Oh, Papa,
laisse-moi jouer! Moi aussi je veux jouer! Je VEUX jouer! Criais-je derrière cette vitre de voiture.
Comme on peut être naïf à six ans!
Papa remonta dans la voiture, et me dit de ne pas faire de bruit, d'être «sage comme une
image», et c'est ce que je fis. Et le périple continua. Nous roulions parfois des jours entiers sans
nous arrêter; et arrivés à destination, papa échangeait souvent des sacs de sport. Pour passer le
temps, il m'avait acheté un livre «spécial CP», mais je l'avais déjà lu des dizaines de fois...Alors je
regardais, à travers cette fameuse vitre de voiture, ces gens qui marchaient avec leurs énormes chap
eaux sur la tête et leurs vêtements «étranges» (Papa appelait ça des «ponchos»); et qui dialoguaient
dans leur drôle de langue et avec leur drôle d'accent. J'avais l'impression de ne pas faire partie du
même monde qu'eux.
Je passais tellement de temps dans cette vieille voiture, qu'il m'était parfois arrivé de me
demander si ce n'était pas ça, ma maison. Un coup de frein interrompit mon amusement «Viens
François! Nous nous arrêtons ici!», Papa prit son sac de sport, et nous entrâmes dans un grand bâti
ment. Oh! Que c'était grand! Qu'il y avait de monde! Que c'était beau! Papa, on s'arrête ici, j'ai
trouvé une grande maison pour nous deux, et nous pourrions inviter tous tes amis! J'étais excité,
mes yeux s'étaient emplis de joie! Mais papa ne devinait pas mes pensées, et il achetait deux billets
d'avion pour les Etats-Unis! Mais moi je m'en fichais des Etats-Unis! Je voulais vivre ICI! Aujourd'hui, je sais qu'un aéroport ne peut pas être une maison!
Notre avion décollait dans moins d'une heure. Je crois que Papa avait peur des avions : il
transpirait, ne parlait pas, regardait partout autour de lui, serrait son sac de sport très fort contre lui,
comme les câlins qu'il faisait à Maman, il y a bien longtemps...
Papa me réveilla : c'était l'heure. C'était le moment de quitter ce sublime endroit, ce petit pa
radis. J'étais bien ici, j'étais sur un petit nuage...
Et j'en descendis très vite. Tout bascula en un instant. Des hommes vêtus de bleu
interpellèrent Papa. Mais au lieu de leur répondre, il se mit à courir. Je voulais le rattraper, je
voulais jouer avec lui! Mais un homme bleu me retenait, j'étouffais, je voulais aller avec Papa!
Trois hommes en bleu le plaquèrent au sol. Ils lui mirent des trucs en acier aux poignets (je sais
désormais que ce sont des menottes) et lui prirent son sac. Eux aussi voulaient jouer au football? Ils
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l'ouvrirent. Il y avait plein de «farine» à l'intérieur! Papa ne voulait pas jouer au football, il voulait
cuisiner!
Ces mêmes hommes m'emmenèrent. J'attendis des heures dans une pièce minuscule. Je voul
ais voir MON PAPA! Je me mis à hurler, à taper des pieds et à pleurer! J'étais seul, fatigué, et je ne
comprenais pas la situation dans laquelle j'étais.
La porte s'ouvrit. C'était maman! C'était MA maman! Comme elle avait changé! Elle était
encore plus jolie que dans mes souvenirs! Sans que je comprenne pourquoi, elle se mit à pleurer en
me serrant dans ses bras, «Cela fait si longtemps, il ne pouvait pas t'enlever comme ça, il ne pouvait
pas t'enlever à moi!» Je compris à cet instant que Papa avait fait quelque chose de mal qui avait
anéanti Maman. Je dis : «Papa?», le cherchant désespérement du regard. Elle me fit «non» de la
tête. Cela voulait tout dire. Je me mis à pleurer : «Au revoir sac-de-sport! Au revoir le foot! Au
revoir la «farine»! Au revoir Papa!»
Depuis ce jour, je me suis promis de ne plus laisser cette «farine» détruire des vies. Je fais
aujourd'hui partie de la Brigade anti-drogues de Paris! J'en vois tous les jours de la «farine», cette
merde que l'on appelle «héroïne», celle qui a détruit ma vie, anéanti ma mère, celle à cause de qui je
ne veux plus jouer au football, celle à cause de qui je n'ai plus vu mon père, celle à cause de qui je
n'ai jamais eu la maison ni la vie de mes rêves!
Je fais désormais tout ce que je peux pour éradiquer ce fléau, car après tout, comment réagir
iez-vous si vous appreniez que votre père est un dealer?
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Voyage à Stockholm
Lucille SAJOUS – Terminale L
Les grilles de l'école primaire s'ouvrent, il est midi, et une ribambelle de gosses courent
rejoindre leurs parents. Madame Tournay sourit à son fils qui l'enlace tendrement. Elle continue
alors de discuter avec Madame Garcia de ses derniers achats très tendance:
«Je vais jouer avec Thomas !» lance le petit Alexandre à sa mère.
«Ne t'éloigne pas Alex !» lui répond-t-elle en le suivant du regard, tout en continuant sa
passionnante discussion. Alexandre vient de finir sa première semaine à «l'école des grands». Sa
mère le regarde jouer d'un air bienveillant. C'est une superbe journée de septembre et Alexandre
s'est déjà bien adapté à sa nouvelle classe. Madame Tournay appréhendait cette rentrée depuis
longtemps et est à présent soulagée et heureuse de voir son fils épanoui. Elle sort de ses pensées,
elle ne voit plus Alexandre. Elle le cherche du regard.
«Madame Tournay vous m'écoutez ?» dit Madame Garcia embarrassée.
«Je ne vois plus Alexandre.
-Alors, il joue avec Thomas.»
La mère du petit Alexandre se met alors à marcher de plus en plus rapidement, à droite, puis à
gauche, derrière le muret, au coin de la rue...Alex n'est plus là ! Elle se met alors à crier son nom et
à interroger violemment toutes les personnes qui l'entourent. «Il n'a pas pu aller bien loin!» dit un
homme qui entend ses cris de détresse. Son coeur bat à toute vitesse. Une minute d'inattention, son
petit Alex a disparu.
-Il regarde par la vitre de la voiture, il a peur, il pleure, il ne reconnaît pas cette personne.
«Allons, Allons, ne pleure pas. Comment t'appelles–tu ?
-Alex-andre, hoquète-t-il.
-Tu aimes les voitures ?» L'homme le regarde dans le rétroviseur, ses yeux le fixent puis il sourit.
Alexandre ne répond pas. Il ne comprend pas pourquoi cet inconnu lui parle. L'homme lui donne un
jouet encore emballé qui se trouvait sur le siège passager. Alexandre l'accepte sans un mot, plus par
crainte que par envie. Son ventre se noue, il est terrifié. En prenant une grande inspiration,
Alexandre demande:
-Où est ma maman ?
-Tu la verras bientôt» lui repond une voix calme et posée. Alex sèche ses larmes. La fatigue
l'envahit, mais il n'ose pas s'endormir. Il a trop peur. Il ne quitte pas des yeux cet homme qu'il ne
connaît pas et qui de temps en temps lui sourit par le biais du rétroviseur. Ses yeux se ferment, puis
s'ouvrent. Il s'assoupit. Un vacarme réveille Alexandre qui se redresse d'un seul coup. Il voit un
avion passer juste au-dessus de la voiture, il n'en n'avait jamais vu un d'aussi près et il le regarde
bouche bée.
«Ca fait du bien de s'reposer, pas vrai Alex ?» Alexandre sursaute, il se souvient et demande avec
plus de confiance:
-Je veux voir ma maman
-Nous sommes bientôt arrivés, elle veut te faire une surprise.»
La voiture s'arrête et l'étranger fait dessendre Alexandre de la voiture:
«Es-tu déjà monté dans un véritable avion ?
-Non, répond Alexandre fermement.
-Tu vas adorer.»
Alex devine alors la surprise de sa mère. Il adore les avions et les voitures et elle lui avait dit qu'il
aurait un cadeau si il était sage à l'école des grands. Alexandre, rassuré, demande:
«C'est ça la surprise de maman ?
-Oui, dit l'homme en caressant énergiquement les cheveux d'Alex. L'inconnu prend la main d'Alex
et tous deux marchent en direction de l'aéroport. Alex sourit et lance des regards émerveillés vers
les avions qui décollent, puis interroge l'homme:
«Comment tu t'appelles ?
-Frédéric, mais tu peux m'appeller Fred»
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Alex pense que c'est un ami de maman qui doit bien s'y connaître en avion.
«L'avion à destination de Stockholm partira dans six minutes, veuillez vous dirigez vers le terminal
C, dit une voix féminine.
-C'est le notre celui-là, Alex. Tu es prêt ?»
Alex hoche la tête en guise de réponse. Il est impatient. Aprés avoir traversé la passerelle, l'enfant
découvre l'interieur de l'avion.
«Je suis à coté d'une fenêtre moi ?
-Bien sür», répond Fred en souriant.
L'avion va décoller et Alex et surexcité. Il a hâte de voler. Il sent alors que l'avion se déplace et que
les sièges se mettent à trembler. La sensation qu'il éprouve au décollage est fantastique mais il
pense à sa mère. Il aimerait qu'elle soit à ses côtés pour vivre ce moment inoubliable. Ils prennent
de l'altitude et Alexandre pose sa main crispée sur celle de Fred qui le rassure doucement.
Alexandre observe par le hublot le monde qui lui paraît si petit, si lointain. Il ne pense plus, il
s'endort sur l'épaule de Fred qui le prend dans ses bras et le berce doucement.
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L’Eldorado
Diamo TAMBADOU – Terminale L
Là où l'amour et la fraternité sont la base de la survie
Là où les gens restent solidaires malgré la faim et la maladie
Là où tout se meurt car les rebelles veulent triompher
Enlevant à un peuple tout entier son droit de s'exprimer.
Dans ce pays où les diamants sont la cause de la guerre
Où le mal règne, où le sang a teint en rouge la terre
Le Sierra Léone est à jamais dans notre coeur et notre corps
Le Sierra Léone nous a vu naître, veux-tu qu'il nous voie mort ?
Pour ça notre départ est indispensable
On ne peut pas laisser notre famille dans ce désespoir
Djakoumba mon frère partons, il paraît que l'Europe regorge de richesses
Nous pourrions aider la famille, leur bâtir une forteresse
Et toi on pourra te soigner, t'aider
Car si tu restes ici c'est la mort assurée
Je connais un passeur qui nous prendra pas trop cher
Djakoumba, viens, suis-moi, fuyons notre terre
Pour notre survie et celle de tous nos frères
Djakoumba et Sérigné
Seront prêts à mourir pour L'Eldorado
Djakoumba et Sérigné
Seront prêts à souffrir pour L'Eldorado
Eldorado, cette terre qui en fait tant rêver
Eldorado, ce rêve qui en a tant tué
Le grand départ est imminent, la famille est en larmes
Priant les cieux pour qu'il n'arrive aucun drame
Nous avons marché durant plusieurs jours
Passant du désert aux montagnes, de nuit comme de jour
Sérigné nous sommes arrivés au point de départ
Ne penses-tu pas qu'on devrait remettre ça à plus tard ?
J'ai peur tu sais, que l'on ne revienne pas
Que l'on ne réussisse pas, que l'on ne survive pas
La nuit est là, entassés à quinze dans un bateau
Nous voilà partis à la conquète de L'Eldorado
Le voyage est long et nous avons tous froid
Prions pour que bientôt nous soyons loin de là
ça y est ! Au loin j'aperçois une lueur
Sérigné nous sommes sauvés adieu les malheurs
Adieu la famine, la guerre et la misère
Merci, à toi, tu nous a sauvé mon frère
Djakoumba et Sérigné
Seront prêts à mourir pour l'Elodorado
Djakoumba et Sérigné
Seront prêts à souffrir pour l'Eldorado
Eldorado, cette terre qui en fait tant rêver
Eldorado, ce rêve qui en a tant tué
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Es-tu sûr Djakoumba ? Cette lueur paraît forte
Oh mon Dieu les garde-côtes !
C'est la panique tout le monde saute dans l'eau glacée
Certains se débattent d'autres se laissent couler
Mon frère où es-tu? Je ne te vois pas !
Crie mon nom, je suivrai le son de ta voix !
Rien, que des cris de peur !
Je n'entends pas ta voix, que des cris de peur!
Sérigné va , laisse-moi !
Mon coeur va cesser de battre, sauve ta vie laisse-moi !
Aide notre famille à s'en sortir,
Je t'aime mon frère, je me sens mourir
La souffrance envahit mon coeur et mon corps,
Agrippée à une valise, mon âme à tout jamais s'endort...
Non Djakoumba ! Attends moi,
Reste avec moi, pitié ne t'en va pas !
La tristesse m'envahit, mes poumons se gorgent d'eau
Voici deux ados partis pour L'Eldorado
Djakoumba et Sérigné
Seront prêt à mourir pour L'Eldorado
Djakoumba et Sérigné
Seront prêts à souffrir pour L'Eldorado
Eldorado, cette terre qui en fait tant rêver
Eldorado, ce rêve qui en a tant tué.
Allongé sur le sable je me réveillai
Peu à peu me reviennent les souvenirs de la veille
Un enfant est près de moi tremblant de froid
Avec peine je me lève et il vient avec moi
Nous nous retrouvons devant une gare
Marseille notre ville, notre nouveau départ
Le début de l'enfer, de l'Eldorado
Du rêve au cauchemar pour l'Eldorado
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Virtual Love
Bryan RIOU − Seconde
Un message reçu. Assis devant l'ordinateur, Michael scrute ces mots, tenant la souris
doucement dans sa main. Un craquement se fait entendre juste derrière la porte. Pris de panique, il
éteint l'écran et se lève mais RIEN. Personne n'entre et c'est tant mieux. Il ne fallait pas que Mr
River le voit. Oh non! Surtout pas ! Il le punirait sinon. Michael reprend sa place et clique, ouvre le
message. En venant sur le chat, il n'aurait jamais cru que quelqu'un viendrait lui parler, un malade
mental. Oh ! Pas grand chose mais assez pour rester sur ses gardes.
C'était mercredi aprés-midi, le meilleur moment de la semainecar Mr River n'était pas là et il
était le seul dans le maison. Il était interdit de tout mais il faisait ce qu'il voulait, même s'il craignait
de se faire surprendre. Mr River, c'était son maître, enfin son oncle mais son maître aussi. A l'âge
de huit ans, aprés la mort de ses parents, le petit Michael trop déséquillibré avait été confié à son
oncle Brad River pour son grand malheur. Le maître lui avait donné de suite comme chambre une
petite pièce avec un matelas par terre. Il avait tout de suite vu en lui l'opportunité d'avoir un esclave
qui ferait tout à sa place. Ce qui d'ailleurs arriva. Depuis lors il faisait tout : ménage, lessive...Mais
pas les courses. Il n'avait pas le droit de sortir. Ah non ! Jamais! Lorsqu'il n'avait rien à faire, il
devait rester silencieux dans sa chambre. Des fois pour le récompenser, Mr River lui donnait un
bonbon. Il les aimait ces bonbons. De toute manière, il n'avait pas à s'inquiéter, avant de rentrer Mr
River irait voir la voisine Mme Dubois pour l'inviter à dîner et tenter de la séduire, ce qui lui laissait
le temps d'éteindre et de filer.
Le message venait d'une femme de 20 ans, elle se présentait et disait qu'elle aimerait le
connaître «Bonjour je m'appelle Samantha, j'ai 20 ans et je suis de Cambrai. J'aime beaucoup les
séries comme Prison Break et toi?»
Prison Break ? C'était drôle, il aimait beaucoup aussi car il l'avait vu à travers la serrure et il
entendait ce qui se passait aussi. D'ailleurs, il était content de s'appeler Michael. «Oui, j'aime
beaucoup aussi, d'ailleurs je m'appelle Michael, je suis de Maubeuge et j'ai 17 ans»
Ca, il n'en était pas très sûr, il ne savait plus son âge. Peut-être plus, peut-être moins.
«C'est cool ça, tu m'as l'air gentil, mon évadé»
Ce compliment le fit rougir complètement et cette petite marque de complicité l'émut beaucoup.
«Merci, toi aussi mon infirmière»
Leur conversation dura à peu près une heure. Il ne pouvait s'empêcher de lui parler et elle
aussi d'ailleurs. Ils étaient comme attirés. C'est alors que Michaël entendit le traditionnel «Bonjour
Mme Dubois» résonner derrière la porte. Tentant de garder son calme, il lui envoie un dernier
message : «Je ne peux pas rester, rendez-vous mercredi prochain, même heure. Je t'aime», Et voilà,
il se sauva aprés avoir tout éteint. Il ne revenait pas de ce qu'il avait dit alors que pourtant c'était
vrai, il l'aimait. Le coup de foudre quoi. Il n'en pouvait déjà plus de ne pas lui parler. Il serra ses
mains contre son coeur et sourit en pensant à Samantha, lorsque la porte d'entrée s'ouvrit.
«C'est Melle Dubois, Monsieur !»criait-elle
Mr River claqua la porte en grognant:
«Melle ! Madame ! C'est pareil»
Elle venait certainement de refuser son invitation une fois de plus.
«Ou t'se toi?» cria t-il
Michael se releva et accourut vers son oncle pour le servir. Il se retrouva alors devant cet homme
gros, gras, sans lunettes mais avec une grosse moustache. Plus grand que lui et saoul une fois de
plus.
«Va me faire à manger! Et vite!»
Michaël n'eut même pas le temps de se retourner que son oncle lui envoya dans le dos un coup de
pieds qui le fit chuter.
«Non, aha, laisse tomber, va dans ta chambre et restes-y !»
Michaël retourna donc dans sa chambre à quatre pattes mais avant qu'il parte, Mr River lui envoya
un bonbon. «Merci beaucoup» dit Michael en s'enfermant.
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Il pensait toujours à Samantha. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire en ce moment, est-ce qu'il
lui plaisait ? Oui, peut-être, après tout, elle lui avait donné un surnom et envoyé des bisous aussi. Il
avala le bonbon et s'assit. Comment peut-on tomber amoureux si vite ? Il ne comprenait pas mais il
y croyait en tout cas. Il croyait en Samantha, il... Sa tête devient lourde tout à coup, il retombe sur le
matelas et s'endort.
Le mercredi suivant Michael n'avait presque pas mangé et il ne se sentait pas très bien,
pourtant son coeur brûla lorsque Mr River s'en alla en claquant la porte. Il bondit alors de sa
chambre et se précipita sur l'ordinateur. Allait-elle être la ? L'aimait-elle assez pour ça ? Elle était
bien là. Ce fut même elle qui envoya le premier message. «Bonjour, mon évadé, comment vas-tu
aujourd'hui ? (je t'aime aussi)»
Il restait perplexe, elle aussi! Il voulait la voir maintenant, il fallait qu'il la voie mais comment ?
«Pas très bien , j'ai pas beaucoup mangé»
«Pourquoi ?»
Se sentant en sécurité, il lui raconta sa vie avec son oncle. Les coups qu'il recevait, tout ce qu'il
devait faire, le fait qu'il fût prisonnier de cet oncle. Il ne pouvait pas vivre tout seul.
«Mais c'est terrible ! Il faut faire quelque chose. Tu as des droits en tant qu'homme, on a plus le
droit de te traiter en esclave comme ça !»
Il le savait,ça, mais qu'est ce qu'il pouvait y faire? Il était bien trop faible pour attaquer son
oncle. Ils continuèrent à en parler un petit moment tout en se disant qu'ils s'aimaient. Qu'ils ne
savaient pas pourquoi mais que c'était comme ça. Ils étaient unis par un amour virtuel et elle
aimerait l'aider. Mais lui était à Maubeuge et elle à Cambrai;
«Je te sauverai mon coeur. Je te sauverai !»
BAOUM ! La porte d'entrée s'ouvrit et claqua contre le mur. Michael eut tout juste le temps
d'éteindre. Son oncle se dirigea vers lui et l'attrapa. Cette fois-ci, il avait beaucoup trop bu; il frappa
Michael plusieurs fois au hasard et lui donna un coup de pied qui le fit rouler jusqu'au bout du
couloir. Prenant son courage à deux mains, il pensa fort à Samantha et dit : «Arrêtez ! Vous n'avez
pas le droit! J'ai des droits moi aussi !», mais rien n'y fit, son oncle l'attrapa et le frappa une dernière
fois avant de dire : «Tu n'es qu'un chien, tu n'as droit à rien, tu es à moi ! Pour toujours !»
Il claqua la porte de sa chambre. Michael pleurait et n'en pouvait plus. Il attrapa un bout de verre et
l'appuya contre sa gorge. Mais en pensant à Samantha qui l'attendrait mercredi prochain, il s'arrêta.
Un mois passa. Les mercredi, Michael et Samantha discutèrent des mêmes choses et l'oncle de
Michael devint plus brutal avec lui mais il faisait toujours tout dans la maison. Il n'avait pas le
choix, la porte d'entrée restait verrouillée tout comme les fenêtres. Il était une marchandise, un
objet, prisonnier de cet appartement. Il n'avait aucun droit; il devait surement être un chien. Et les
bonbons, pourquoi lui donnaient-il mal à la tête ? Et Samantha, l'aimait-elle encore ? Combien de
temps va-t-elle le supporter ? Mais cet après-midi-là, les choses changèrent. Elle n'était pas là. Mais
que se passait-il ? Mr River revint sitôt parti mais cette fois-ci il n'était plus seul. Mlle Dubois était
avec lui. Michaël l'aimait bien. Quand il la voyait, elle lui disait toujours bonjour et elle devait avoir
à peu près son âge. Un peu plus peut-être. Mais pourquoi Samantha n'était-elle pas là? Il était triste.
En arrivant, son oncle lui fit signe de la tête de rester dans sa chambre.
A travers le trou de la serrure, Michael vit toute la scene. Melle Dubois et son oncle
s'asseyèrent à la table. Comme pour l'impressionner, il lui servit un verre de champagne et retourna
dans la cuisine; Michaël retourna sur son matelas et pensa à ce qui se passait. Et à sa Samantha
aussi. Il était malheureux. Une semaine à attendre pour lui reparler. Mais il y avait à nouveau de
l'action dans la salle à manger. L'oncle était revenu. Melle Dubois tendit alors son verre à Mr River,
celui-ci en but une gorgée
«Et sinon, vous faites quoi dans... disait l'oncle qui devenait somnolant -dans la vie ?»
Boum. Il n'eut pas le temps de finir, il tomba par terre.
«Je suis infirmière !» Elle se leva et courut vers la chambre de Michael. Ouvrit la porte de sa
chambre, Michaël se redressa.
«Prends ma main ! Allez !»
Il n'avait pas trop le choix alors il suivit Melle Dubois dans l'entrée mais quelque chose attrapa son
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pied. C'était son oncle, il n'était pas encore endormi.
«Reste ici ! Tu ne veux pas un bonbon ? Ah ah !»
Michal comprit soudain. C'était ces bonbons qui le mettait dans cet état là, qui le rendait malade. Il
sentit remonter en lui des années de colère et d'un magnifique coup de pied en pleine tête, il envoya
son oncle au tapis. Il prit quand même quelques affaires à lui en passant devant l'ordinateur, il
embrassa l'écran, espérant pouvoir reparler à Samantha un jour. Il s'enfuit alors avec Melle Dubois;
c'était inespéré, surtout que ça soit elle qui vienne le sortir de cette prison; ils montèrent dans sa
voiture et roulèrent,
«Tu verras, ça ira, ne t'en fais pas» disait elle
«Comment saviez-vous ? Pourquoi avez vous fait ça ?»
«Tutoie-moi déjà çà sera pas la première fois. Ou voudrais tu refaire ta vie ?»
Son choix ne se fit pas attendre. Il n'en re vanait toujours pas
«A Cambrai. J'ai une amie là-bas. Elle doit être belle, j'ai jamais vu sa photo !» Melle Dubois sourit
avant de dire:
«Je ne suis pas sûr qu'elle soit encore là-bas. Elle n'y a jamais été peut-être.
-Pourquoi ? Je ne comprends pas ! disait Michael, perplexe
-Désolé de ne pas être venu sur le chat. Allons mon évadé, ne me dis pas que tu n'as pas encore
compris que je m'appelle Samantha Dubois!
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« Les hommes naissent et demeurent
demeurent libres et égaux »
Aïcha KADDOUR – Première ES
Cette phrase, cette affirmation d'un droit universel résonnait dans ma tête comme le tumulte
d'une mer déchaînée s'effondre sur les rochers. Ces mots étaient si beaux, si profonds, qu'ils me
faisaient souffrir. L'absence de lien entre paroles et faits, entre mots et actes me violentait l'esprit. Je
m'aperçois ici que mes premières paroles n'ont aucun sens pour vous lecteurs qui ne connaissez pas
mon histoire.
Je vais donc vous la raconter. J'aime une femme, une femme plus belle que le jour, une fem
me plus subtile que les grands philosophes, d'une beauté et d'une finesse incomparables. Mon
amour est partagé si j'en crois les lettres d'amour qu'elle m'envoie.Oh! les lettres qui me font frémir.
Les mots qu'elle écrits et que j'imagine prononcés par cette figure angélique me transportent. Cela
fait plusieurs mois que dure notre idylle et nous étions enfin prêts à la concrétiser. Ma belle parla à
sa famille et nous fixions une date pour le rendez-vous (j'épargne au lecteur le récit ennuyeux des
préparatifs). Le jour tant attendu arriva, je m'occupai tout d'abord à choisir quelques présents pour
ma future famille. Après mes achats, je me dirigeai sans perdre de temps vers mon rendez-vous.
Devant la maison, une légère appréhension s'empara de moi, mais loin d'être désagréable, elle ne
me donna que plus envie d'entrer, de voir ma belle et les lieux qui l'avait créée. Pauvre naïf...
Au bruit de la sonnerie se mêla celui de pas précipités qui se dirigeaient vers moi. Deux
personnes m'ouvrirent la porte, le père et la mère.
En une fraction de seconde, je vis leur sourire se transformer en un rictus chez la mère, qui
apparemment voulait conserver quelques convenances malgré l'abjection de ce noir qui osait se pré
senter devant sa porte. Ce noir tellement bête avec son sourire et ses fleurs. Le père quant à lui ne
daigna même pas faire bonne figure, il fronça tout de suite les sourcils à ma vue. C'est fou comme
parfois les mots peuvent être inutiles!
Je dis toutefois : «Bonjour, enchanté de vous rencontrer enfin, je suis je pense celui que vous
attendiez» Je crus entendre une réponse négative de la part du père mais ceci venait sûrement
de mon imagination, du trouble causé par l'attitude parentale. Ou était-ce seulement le rouge de sa
peau qui me donnait cette impression.
Tiens! Je viens moi aussi de juger quelqu'un simplement en voyant sa couleur de peau, me
voilà faire ce que j'ai toujours violemment dénoncé, me voilà faire ce que je subis chaque jour dep
uis ma naissance, me voilà capable du crime dont je suis victime! Voyons ne tombons pas si bas!
Ne soyons pas à notre tour aussi réducteur! Mettons cette rougeur sur le compte de l'émotion, il n'a
peut-être qu'un peu trop chaud...
Je décidai d'entrer dans la maison, poussé par cet accueil chaleureux. A la simple vue de ma
belle, toutes mes idées négatives s'envolèrent. Elle était exquise ce soir-là, dans sa robe de flanelle
noire. Elle vint s'asseoir près de moi et dès que ses yeux croisèrent ceux de son père, elle comprit et
des larmes firent briler ses yeux. Elle s'enfuit en pleurant, j'essayai de la retenir par le bras mais à la
simple vue de ce contact le père s'interposa violemment. Il arracha mon bras pour ne pas se souiller
à ce contact pour lui choquant du noir et du blanc, éléments hétérogènes. Mais ce n'était en fait que
l'alliance entre deux êtres, que l'appel douloureux de l'amour dans de pareilles circonstances. Cette
haine qu'avait de plus en plus de mal à contenir cet homme n'était en fait l'effet que d'une seule
cause : la honte. Honte qu'un noir touche sa fille, qu'il puisse la voir, la caresser. Honte qu'elle l'ait
choisi, lui. Honte devant autrui. Honte d'imaginer leurs ébats. Honte de cet amour. Je ne connais pas
cet homme et déjà il a honte de moi. «Honte de moi». Ce mot redevient horrible. Comment puis-je
faire ressentir ce sentiment de ...
Je sortais cependant la tête haute de cette maison où je n'étais apparemment pas le bienvenu.
Cette rencontre qui devait annoncer le commencement d'une nouvelle vie, heureuse et passionnée,
symbolise désormais le commencement de la fin. Ainsi s'achève donc ma vie cher lecteur, car si je
ne puis vivre aux côtés de ma belle, pourquoi vivre? Comment vivre sans elle? Je pouvais bien sûr
rêver de fuite et d'aventure passionnée avec elle comme Solal et Adriane...
Solal qui a rêvé d'amour comme moi, qui a été victime comme moi...et qui a fini d'une façon
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qui j'espère ne sera pas la mienne. Je ne ferais pas la même chose. Je ne peux ni ne veux obliger ma
belle à quitter sa famille pour les beaux yeux d'un noir qui sera rejeté par la société. Je ne veux pas
la priver de vie sociale, car l'amour ne peut survivre seul, il doit se nourrir du contact social, de ce
contact qui m'échappe...
Cet homme qui devait être mon père n'a regardé que ce que ses yeux pouvaient lui montrer.
Il n'a pas cherché à voir mon âme, à apprécier mes qualités, à rire de mes défauts. Il s'est juste arrêté
devant cette barrière corporelle, un peu trop foncée à son goût...
Quelle réduction! Comment un homme digne de ce nom peut-il être capable d'une telle
ignominie, à savoir me réduire à une simple couleur? Me résumer à un seul mot : noir.
Si j'étais blanc? Mon âme aurait-elle été plus pure? Si j'étais bleu, rouge, vert, jaune, mon
coeur aurait-il été plus tendre?
Voilà comment cet homme a ruiné ma vie et pire celle de sa fille? celle de ma belle...
Cet homme vient de montrer toute l'ignominie de l'espèce humaine.
«Les hommes naissent et demeurent libres et égaux» Cette phrase magnifique est d'un tel
comique, si l'on considère l'opposition entre l'idéal et les faits réels. Qu'elle pourrait être un vers
dans une célè bre comédie. Je vois déjà la scène. L'acteur prononce la réplique, le public s'esclaffe.
Cet idéal reste un rêve, une utopie pour moi et les miens.
1789 : Déclaration de cette phrase
Aujourd'hui, celle-ci s'avère inapplicable au quotidien. Ce n'est qu'une injuste rêverie.
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Zaï
Zaïra l’
l’exploitée
Océane RAUX, collège de Feignies
Ce jour-là, la petite Zaïra se réveilla comme d'habitude dans cette effrayante et étroite pièce,
sans lumière, qui ne comportait qu'une petite lucarne affublée de barreaux.
Zaïra était assez petite avec de longs cheveux bruns et de grands yeux verts.
Elle était arrivée là à cause de ses parents, car beaucoup trop pauvres pour la nourrir
correctement, ils l'avait vendue pour quelques dollars, pensant qu'elle serait plus heureuse dans un
autre foyer. Zaïra aussi le pensait au début.
Ca faisait maintenant plus de deux ans qu'elle passait tout son temps libre dans cette pièce.
Sur la porte on avait marqué au pinceau rouge une phrase en espagnol qu'elle ne comprenait pas.
Elle ne savait ni lire ni écrire. Ensuite, la fille se leva, alla dans un coin et fit sa toilette quotidienne
avec un vieux tissu et pour faire couler de l'eau, elle devait desserrer avec force un vieux lavabo
vétuste. Zaïra aperçut l'Homme, cet homme qu'elle ne connaissait pas mais qui la faisait travailler
d'arrache-pied, et ainsi, en échange, il lui donnait un peu d'eau et de nourriture.
C'est à lui que Zaïra a été vendue pour une poignée de dollars il y a maintenant deux ans, Elle finit
de se préparer et l'Homme comme à son habitude, ouvrit la porte et la fit sortir, puis l'emmena
jusqu'au corridor.
Le travail de Zaïna consistait à ramasser des morceaux de fer rouillé et casser des pierres
pour déblayer un terrain. Zaïna avait ses mains écorchées par le travail et elle en avait plus
qu'assez. Elle trouva un jour le moyen de piquer une grosse cuillère dans la cuisine et la cacha dans
sa petite pièce sous son matelas. Il y a 5 mois maintenant qu'elle creusait son trou, caché sous son
matelas.
Chaque jour après sa dure journée de labeur, elle creusait jusqu'à pas d'heures, Zaïna savait
qu'elle avait une chance de passer un jour au-delà de ces murs. La fillette avait presque fini de
creuser le tunnel qui la mènerait de l'autre côté du mur, elle pensait qu'il faudrait encore maixmum
une semaine pour finir le « chemin de la vie » comme elle l'appelait, Ce qui la gênait, c'est qu'elle
ne savait pas où elle était exactement, On lui avait parlé du Mexique, c'est sans doute pourquoi il y
avait des inscriptions en espagnol partout, Comment fera-t-elle pour s'en sortir? Ne sxe fera-t-elle
pas prendre? Toutes ces questions la perturbaient,
Sa journée faite, elle continua de creuser son trou, et se reposa toujours les mêmes questions, avant
de sombrer dans un tumultueux sommeil. Les deux jours suivants se passèrent comme d'habitude.
Se réveiller, travailler, creuser, Zaïna n'était vraiment pas heureuse. Elle avait beaucoup maigri
depuis son arrivée et sa santé était au plus bas,
A l'aube du 3e jour, elle se réveilla en sursaut, quelqu'un frappait à la porte avec force,
C'était l'homme, il criait à Zaïna de se dépêcher car il fallait qu'il parte tout de suite, Zaïna finit de
se préparer et sortit; alors l'homme l'empoigna, la fit monter dans une voiture, et démarra au quart
de tour, Elle vit sur la plage arrière de la voiture, plusieurs paquets blancs et une malette, Les
paquets portaient un symbole, une sorte de feuille verte avec 5 branches. Elle savait ce que cela
signifiait. Drogue. L'homme était un dealer, et le terrain que Zaïna déblayait chaque jour aurait servi
à être champ de drogue, l'Homme se retourna et cria à Zaïna de ne pas toucher à ça sinon il la
tuerait, Elle s'éxécuta, se demandant où il l'emmenait. Plusieurs heures après, après avoir roulé des
kilomètres, il s'arrêta au détour d'iun chemin. L'homme fit descendre Zaïna. Il hésita, puis décida de
lui laisser la vie sauve.
L'homme redémarra en trombe en la laissant seule sur le bas-côté. Zaïna, forcée par le destin,
marcha pendant de lolngues et interminables heures sans arrêter, sans la moindre goutte d'eau.
Le soir venu, toujours sur sa route, elle vit au loin des petites lumières, qui lui redonnèrent
espoir. Zaïna marcha ainsi toute la nuit, guidée par les lumières. La courageuse Zaïna arriva au petit
matin dans une petite ville frontalière du Mexique.
Quelques mètres après, c'était l'Amérique, les Etats-Unis. Elle se fit discrète pour passer la frontière,
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Zaïna s'avança, traversa la ville à grands pas et à la frontière, vit une grosse ligne jaune qui séparait
le pays qui la sauverait. Elle traversa, et se retrouva de l'autre côté de ses problèmes. Une ville face
à elle.
L'enfant marcha en se disant : « Plus que 50 mètres, plus que 10 mètres ». Soudain, fatiguée, en
mauvaise santé et criant famine, elle s'effondra à quelques mètres de l'entrée de la ville, et juste ava
nt que ses yeux se ferment, elle aperçut une jeune femme courir vers elle et crier à l'aide.
Zaïna, allongée sur le bitume, était entre la vie et la mort. Elle se réveilla 3 jours plus tard dans un
hôpital, il y avait des médecins tout autour d'elle, qui lui parlait et qiu s'interrogait sur sa santé et
comment en était-elle arrivée là. Zaïna ne comprenait pas ce qui lui était arrivé mais le plus étrange,
c'est quand un des médecins lui demanda son prénom, elle comprenait sa langue et répondit avec un
grand sourire : « Zaïna, je m'appelle Zaïna », Zaïna savait parfaitement que maintenant elle serait
heureuse, qu'on s'occuperait d'elle et que sa vie d'avant, les journées de travail intensif, les pleurs,
les cris, ses angoisses, son départ à 12 ans de son foyer, ses blessures, tout ça était derrière elle,
Zaïna a eu beaucoup de chance, mais ce n'est pas le cas pour d'autres enfants dans le monde
aujourd'hui.
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20 mars 1992
FACHE/PHILIPPE
Julia sortit promptement de son petit appartement en direction du centre commercial. Ce
jour-là, le jour de son anniversaire, il faisait une chaleur accablante, plus de 37°.
Pourquoi un climat si infernal au troisième mois de l'année, allez-vous me demander? C'est
bien simple, le bouleversement climatique s'est accru ces dernières années. Suite à l'immobilisme
général concernant cette question brûlante, nous en payons les frais des années plius tard. Les
échecs des ratifications gouvernementales se sont succédées et aujourd'hui, voilà le résultat. Le
protocole de Kyoto n'a pas eu de lendemain, les Etats-Unis se sont toujours refusés à prendre
quelques mesures alertes pour faire face au géant naturel. L'Asie, en pleineexpansion n'a pas
arrangé les choses. Aujourd'hui, la moitié du monde est dévastée par la sécheresse, les pôles ont
disparus, les catastrophes naturelles se sont multipliées par cent et ne parlons pas de la biodiversité
en pleine extinction. Quelle terre avons-nous léguée à nos enfants? Mais j'oubliais, il n'y a plus
d'enfants...
Julia se rendit donc à la pharmacie afin d'acheter son précieux cadeau, elle avait dû économi
ser durement toute l'année afin de s'offrir ce luxe : l'élixir 3000. Aujourd'hui l'espérance de vie des
femmes atteint 125 ans environ. Mais pour atteindre ce paroxysme de la vie, il faut très tôt se
procurer et s'injecter l'élixir de vie, venant d'une plante très rare qui garantit forme et santé. Le
centre commercial était comme une grande fourmilière géante, endroit toujours plein à craquer.
Julia voyait là un échantillon représentatif de la population : des blondes, des brunes, des rousses,
des minces, des rondes, des grandes, des petites,...toutes âgées de 8 à 120 ans.
Mais les hommes dans tout ça? Disparus...Comment ça vous ne le savez pas? Tous le savent,
l'homme est en voie de disparition. En fait, le monde d'aujourd'hui est un monde féminin. Les
quelques assez robustes qui survivent à la «maladie » sont enfermés dans des centres de procréation,
esclaves du despotisme féminin. De quel mal souffrent-ils? D'un simple petit insecte... La chaleur si
forte a accouché d'un misérable fléau, une nouvelle espèce de moustique transportant avec lui une
maladie éradiquant la population masculine : une véritable hécatombe.
Julia comme toutes les autres se sentait seule, sans homme, sans enfant. Aujourd'hui être
mère était un luxe.Des dizaines d'immenses affiches publicitaires n'étaient pas sans rappeler la possi
bilité de se procurer la semence masculine, à condition d'y mettre une somme colossale, des
millions de world pands. La procédure à adopter? Se rendre dans un centre de procréation et choisir
son mâle, comme si on achetait un hamster dans une animalerie. Il faut prendre le code-barre de
référence puis remplir une quantité impressionnante de formulaires. Là-bas, les hommes sont
entraînés intensivement toute la journée, physiquement et moralement afin d'obtenir du sperme de
qualité. Ils n'ont plus vraiment de droits, sont assujettis, doivent juste aider à remplir une cause
universelle : la procréation. La sexualité humaine qui n'avait déjà rien de naturel auparavant, est à
l'heure d'aujourd'hui, robotisée, industrialisée. Faire un enfant est réservé aux femmes riches, toutes
les autres sont condamnées à la solitude. Quelle misère humaine compte tenu du fait que l'on vit
bien plus longtemps!
Il faut ajouter que si une femme met au monde un garçon, dès l'âge de douze ans, celui-ci est
envoyé au centre pour commencer à exploiter ses facultés reproductrices.
Julia reprit la direction de son petit logement. Agée d'une centaine d'années, ses modestes
revenus ne lui permettaient pas de devenir propriétaire d'une maison individuelle. Enfermée dans sa
salle de bains, elle prépara la piqûre, prit un élastique afin de serrer son bras et d'en, faire apparaître
les veines. L'aiguille perça sa peau et à ce moment elle ne put s'empêcher de repenser au temps où
elle était adolescente, où elle était au lycée avec ses amis et partageait avec eux des cours parfois
ennuyeux, parfois attractifs, les joies de sexe, les loisirs et l'insouciance de l'avenir. A ce temps-là,
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elle n'avait aucune idée de ce que le monde allait devenir, et si elle l'avait su...
A ce souvenir, elle pensait qu'il était temps d'arrêter de préserver sa vie, qu'elle voulait
quitter ce monde devenu infâme. Elle décida donc que ce serait la dernière fois qu'elle prendrait
l'élixir, et qu'elle laisserait la vie suivre son cours.
Le 12 décembre 2093, elle s'endormit dans une sieste éternelle, en quête de plénitude, loin
de ces miasmes morbides. Elle avait regretté toute sa vie d'avoir mis au monde un enfant des
dizaines d'années plus tôt, avant l'apparition de la maladie. Elle se sentait coupable, à la vue de la
machine à reproduire qu'il était devenu. Elle aurait encore mieux préféré qu'il fût tombé malade.
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Notre condition humaine
Caroline LEMAY et Orlane HIANNE
Le 13 Avril 2000
Cher journal,
Aujourd'hui j'ai 13 ans. Dans mon village d'Afrique, maman a fété ça, la maison était toute colorée.
Tout le monde était là. Je riais avec mes amis, Tambouda et Kirikou. Tambouda a 12 ans, elle est
petite par rapport à moi. Avec Kirikou, ils m'ont offert une pousse de Baobab. Ils savent à quel
point j'aime cet arbre. Aprés avoir ouvert tous mes cadeaux, nous avons décidé d'aller planter l'arbre
à notre endroit. Cet endroit où l'on se retrouve chaque soir, prés d'un point d'eau. La fête finie,
Maman et Papa m'ont offert leur cadeau. Toi, mon journal intime, le seul à qui j'oserais tout confier.
De taille moyenne, avec une couverture en cuir noir. Je sis qu'ils ont dû le payer cher. « Nous
savons à quel point tu aimes écrire mon fils ! Et peu de garçons de mon âge en sont capables »
m'ont-ils dit
je vais te laisser. je suis fatigué et demain je dois me rendre à l'école.
Au revoir. Youko
Le 15 Avril 2000
Cher journal,
je reviens de l'école, je suis allé voir mon arbre. Il n'a toujours pas grandi. En deux jours, c'est un
peu normal, mais je ne sais pas pourquoi. J'espérais qu'il soit déjà grand, pour pouvoir faire une
cabane dedans; ou encore m'asseoir dans son ombre et écrire, te raconter tout ce que je vis.
Aujourd'hui, devant l'école, des hommes bizarres sont venus nous parler. Ils voulaient savoir quel
âge on avait. Kirikou, toujours surexcité à la sortie de l'école, a crié « 13 ans ! »
mais à ce moment la, le professeur nous a appellé car j'avais oublié mon cahier. Ces hommes sont
alors remontés dans leur camionette et sont partis.
Bon ! Il faut que j'aille faire mes devoirs. A très bientôt !
Youko
Le 19 Avril 2000
Aujourd'hui, Kirikou n'est pas encore venu à l'école çà fait déjà trois jours. Sa maman est venu à la
maison hier soir, mais on m'a envoyé dans ma chambre. J'avais l'impression quelle plaurait. Je l'ai
entendu crier « Mais pourquoi lui ? » Je n'ai pas trop compris. Cela me fait un peu peur. Papa ne
veut plus que je passe voir mon baobab aprés l'école, je ne vais plus me promener avec Tambouda.
J'espère que Kirikou va bien. Le professeur ne veut pas trop en parler. J'espère qu'il reviendra
bientôt à l'école.
Youko
Le 1er Mai 2000
En classe, le professeur a commencé à nous parler de trucs bizarres. On nous a demandé de faire
très attention dans la rue. Qu'il ne fallait pas parler à n'importe qui, le conseil que l'on nous donne
en primaire. Il a ensuite parler d'enfants enlevés et vendus « une chose courante ». C'est horrible de
penser que l'on peut vendre des enfants.
Quelqu'un est intervenu en cours pour nous parler de deux enfants disparu il y a quelques
jours: « une petite fille de 11 ans dans un collège voisin et un garçon de 13 ans dans le notre... » Un
garçon de 13 ans ... Dans
notre collège « mais pourquoi lui ? » Cela a fait un déclic dans ma tête: kirikou ! Se pourrait-il que
Kirikou ait été enlevé ? Kirikou aurait été vendu ?
Je n'ai pas écouté le professeur ! Je n'ai pas écouté papa ! J'ai couru dans notre endroit! J'ai couru
voir mon baobab que j'ai planté avec Kirikou.
Pourquoi mon ami ? Aujourd'hui, je comprend pourquoi pleurer la mère de kirikou ! C'est inhumain
! La peine qu'elle devait ressentir ! Incompréhensible. Mon meilleur ami, je ne le reverrais jamais. Il
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n'avait rien fait, rien demandé.
J'ai l'impression que mon coeur est écrasé, mes yeux me brûlent...
youko
Le 4 Mai 2000
En rentrant à la maison, deux hommes sont venus me parler. Ils paraissaient inquietants. Je ne leur
ai pas répondu. Juste un regard. Je ne voulais pas leur montrer que j'avais peur. Non, je n'acceptais
pas cela. Pourtant, une boule se formait au niveau de mon estomac, m'empêchant d'avaler quoique
ce soit, ou même de parler.
Je me suis alors rendu prés de mon baobab. Tambouda était là. Recroquevillée sur elle même. Elle
m'a alors dit de faire attention à moi. Ces hommes étaient là, chaque jour à la même heure. Elle
pensait que c'était eux qui avaient enlevé kirikou. Je ne sais pas. Mais je n'ai pas peur d'eux.
Youko
le 4 Avril fut la dernière fois où mon fils écrivit dans son journal. Il a disparu le lendemain. Depuis,
ces hommes ont eux aussi disparus. La police s'y est mélé trop tard ! Quatre enfants du village !
Quatre ont disparu ! Quatre ! Tous du même âge, presque. Pourquoi les avoir enlevés ? On ne sait
pas trop. Vont-ils être vendu ? Embrigadés dans une armée pour être formé comme des machines de
guerre ? Dans une guerilla ? Voilà l'humanité aujourd'hui. Voilà où nous en sommes. Des enfants
sont enlevés; le plus souvent retrouvés morts, parfois vider de leurs organes. Nous vivons dans un
monde où les faibles ne peuvent s'en sortir. La souffrance subsiste. L'espérance de le revoir est
toujours présente. Ces individus qui ne sont pas capable d'accepter une évolution de nos sociétés;
ces individus qui jouissent de la souffrance des autres. Qui brisent ces familles.
Des enfants doivent payer pour avoir le droit de vivre. Trouvez-vous ça normal ? Ils ont le droit de
vivre. Plus que quiconque. Et pourtant... on les vend, on les tue, onles viole ou on leur enlève leurs
organes. Pourquoi ?
J'appelle cela la connerie humaine.
Nous sommes le 5 Avril 2001. cela fait un an. Un an qu'il a disparut de notre vie. Et chaque jours
des enfants disparaissent.
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Trahison du passé, souvenirs
souvenirs revécus
DESTRAIT MARCHAND
Kévin, petit garçond'environ huit ans, était sur ses genoux, accroupi derrière son lit, le
téléphone dans les mains, comme à son habitude. Bien qu'il n'osait jamais composer le numéro de
son frère. Il contenplait le mobile en se remuant le cerveau dans toutes directions, le menant dans
une hésitation longue de reflexion. D'un coup sec, des assiettes, des verres, des vases, des vitrines se
mêlèrent dans une ambiance de cris et de bruits infernaux, qui retentissaient, dans toute la maison.
Kévin se retrouva muet dans ce vacarme retentissant. Sa mère, une fois de plus sous les effets
violents de l'alcool, balançait des brouettes d'objets cassant dans tous les angles et recoins de leur
habitation. Pris sous une impulsion de terreur et de frayeur, kévin composa sec, pour la première
fois, le numéro de son frère, lucas, qu'il avait mémorisé lors du départ de celui-ci.
De l'autre côté de l'appareil, une sonnerie longue et pesante demeura dans une voiture d'un noir
métalisé, qui menait Lucas à son entreprise de design pour des baskets.
En retard au travail, Lucas hésita longuement à décrocher, laissant Kévin espérer entendre la voix
de son frère. Le « bip » du portable persistèrent, ce qui conduisit Lucas à décrocher. Mais, au bout
du fil, un silence régnait. A peine cinq secondes plus tard, des souffles, des soupirs mélangés à des
larmes coulantes de tristesse s'évadèrent du corps de Kévin.
« -...
-Kévin ?, suggéra dans le doute la voix de Lucas »
un tout petit « oui » se dégagea de Kévin
-Kévin ? Kévin ! Dis-le moi si elle recommence ! Dis-le moi !, lâcha d'un ton paniqué Lucas.
-J'ai peur, Lucas ! J'ai peur ! D'habitude elle ne crit pas comme ça et ne casse pas autant de choses !,
des larmes coulèrent plus fort sous ses sanglots appeurés. J'ai peur qu'elle détruise notre maison !
-Vas chez la voisine; explique-lui le problème et ne panique pas !
-Non ! Je ne peux pas quitter la chambre !
-Alors, reste là où tu es ! Ça va aller, ferme la porte à clef, kévin Je vais trouver une solution.
Raccroche le téléphone et garde-le dans tes mains pour que je puisse te joindre à n'importe quel
moment »
Lucas s'empressa de faire demi-tour pour rejoindre son appartement, où Caroline, sa fiancée,
préparait ses bagages pour une virée de trois jours en Chine. Arrivé à destination, il s'éffondra raide
dans les bras de caroline et l'embrassa.
« - Il faut que j'aille le chercher, caro, il faut que j'aille chercher Kévin ! C'était horrible ! J'entendais
tous les bruits ! »
Caroline, d'un air complètement surpris et appeuré, fixa Lucas. Elle connaissait la dureté de son
enfance puisqu'il se connaissaient depuis l'âge de onze ans. Ils étaient l'un l'autre confidents. Il y a
une dizaine d'années, le père de Lucas fut arrété sous les accusats de la famille proche, qui avait des
soupsons vis à vis du père, pour attouchements sexuels sur son fils de huit ans, ainsi que pour coups
et blessures. Son père, qui avait toujours nié les accusats, fut emprisonné à quinze années de prison
ferme. Chaque jour aprés cette arrestation devient un enfer pour Lucas. Kévin, qui n'était pas encore
né lors de cet évenement, allait assister à la chute de sa mère dans l'alcool. A l'âge indécis de dixsept ans, Lucas quitta la maison, laissant son petit frère avec sa mère. Il s'en voulait de l'abandonner
ainsi, mais il devait construire son avenir et celui de son frère, auquel il avait promis de venir le
chercher. Caroline savait parfaitement qu'il était nécessaire, absolument, pour Lucas que son frère le
rejoingne. Elle s'empressa donc de faire le sac de Lucas et l'emmena d'un pas alerte et décisif
jusqu'à la voiture. Lucas fonça et dépassait sans cesse les limites autorisées. Il s'envola vers
l'aeroport. Il gara sa voiture, courra manquant de se faire des croches-pieds, jusqu'à l'accueil.
Il y acheta un aller simple de DoubaÏ vers Berlin.
L'avion décolla. Il était assis. Il fixa son téléphone. Il devait rappeler Kévin mais il fut pris
de panique. Il compose le numéro une première fois. Ça sonna mais ne repondit pas, il recommença
et cette fois, Kévin répondit. D'une voix plus calme que la première fois, Kévin rassura son frère en
lui disant qu'il n'entendait plus aucun bruit émanant d'en bas. Mais il n'osait toujours pas descendre.
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« -Reste dans la chambre surtout; ne descends en aucun cas ! Mon avion sera là dans quelques
heures, occupe-toi un laps de temps avec le cadeau que je t'ai offert à ton anniversaire. J'arrive ! »
A l'aube Lucas arrive à Berlin. Il appella un taxi qui l'arrête devant la maison de Kévin. Rapidement
, il descendit de la voiture. Il ouvra agressivement la porte de l'habitat, entra et s'enpressa d'aller
chercher son frère dans sa chambre. Il aperçut délicatement sa mère allongée sur le fauteuil. Elle
était teinte de marques sur son visage, suite aux évènements de la nuit. Il courra très vite, à toute
allure, jusqu'à la chambre de Kévin. Il s'arrêta net lorsqu'il l'aperçut et le regarda. Kévin s'était
endormi sur le sol froid contre son lit, le téléphone dans les mains. Lucas prit son sac et y glissa
quelques unes de ses affaires. Il le porta dans ses bras, le sac accroché à sa main. Il descendit les
escaliers afin de quitter cette demeure, devenue un enfer sur terre. Le taxi les attendait devant. Mais,
soudain, quelques mètres avant de franchir le seuil vers l'exterieur, leur mère se réveilla et se jetta
sur lui en le suppliant de lui laisser son fils. Pour Lucas, ce que sa mère venait de lui demander
n'était même pas imaginable en pensée, et n'eut le courage de lui dire qu'une seule phrase: « Tu sais
très bien ce que tu as à te reprocher, autant pour Kévin que pour moi, laisse nous partir ! »
Seulement, leur mère ne voulait pas qu'ils partent et tenta instinctivement d'arracher des bras Kévin,
toujours endormi. Lucas le réveilla et le posa à même le sol, qu'il puisse monter dans le taxi. Ils
décollèrent en direction de l'aéroport. Kévin tint la main de Lucas, un sac à la main. Ils achetèrent
leurs billets d'avion, synonyme pour eux d'un nouveau départ. Ils se dirigèrent, soulagés, vers les
sièges en attendant leur vol. Kévin, hésitant, observe cet environement inconnu pour lui, la peine
d'avoir laisser sa mère seule se crayonna sur son visage. Assis tous les deux, ils discutèrent de
choses et d'autres, ce qu'ils n'avaient plus fait depuis des décénnies. Kévin aiamit lui parler de ses
maths, de foot qu'il faisait en club. Mais sa mère ne venait jamais le voir. Soudain, une main se posa
sur l'épaule de Lucas.
« - Vous êtes Lucas Sholl ? »
hésitant de sa réponse mais sachant la raison pour laquelle il était là, il répondit « oui, c'est moi »
- « Vous êtes prié de nous suivre s'il vous plaît »
Lucas est emmené par le FBI, ainsi que Kévin prit en charge par un des agents. Kévin, Lucas et
leurs mères, sont tout trois réunis dans les bureaux des agents, mais sont séparés. Lucas et sa mère
subissent un interrogatoire avec les agents et Kévin est avec la psychologue pour enafnts qui
l'interroge également. Aprés plusieurs heures, les agents eurent finis et se rejoignent dans un autre
bureau et l'un d'entre eux semblait attéré et choqué... il vient d'apprendre l'innocence d'un homme
qui fut en prison depuis presque dix ans. La mère des deux garçons avait avouée: les coups et
blessures ainsi que les attouchements ne venaient pas de leur père mais d'elle même. Elle avoua
qu'elle avait su manipuler son fils Lucas pour qu'il accuse son père. Mais aprés l'arrestation de ce
dernier, se fut la descente en enfer pour elle. Elle recommença et se mit à frapper Kévin et plongea
dans l'alcool Lucas et Kévin se tenaient la main, debout dans les couloirs des bureaux regardant leur
mère se faire arrêter et leur père se faisait enlever les menottes, il se dirigea vers ses deux fils.
20
Amour paternel
GUAQUIER ET ORANGE-LEVET
Elle ne voulait rien dire de son projet. Elle se préparait fièvreusement pour cette échéance.
Mais elle ignorait que la semaine suivante un événement imprévu boulverserait complètement sa
vie...
lara se regarda dans le miroir de sa salle de baim et remit en place ses mèches blondes rebelles. Elle
était un peu anxieuse; C'était aujourd'hui qu'elle devait dire à son père qu'elle allait se marier...la
semaine prochaine. Elle aurait énormement aimé le lui annoncer bien plus tôt, malheureusement,
lara savait que son père réagirait très mal à cette grande nouvelle, et elle avait docn décidé de ne lui
dire qu'au moment où tous les préparatifs du mariage seraient presque achevés... Et ce moment
arriva. Elle comptait le lui dire ce midi en présence de son fiancé, Bill. Un rayon de soleil se refleta
dans le miroir, cette clarté soudaine le sortit de ses pensées. Lara se retourna, et marcha, pied nus,
vers la seule fenêtre de la salle de baim. Elle l'ouvrit avec difficulté. Celle-ci à peine ouverte, une
fraîche brise matinale pénétra dans la salle de baim et fit frissoner agrèablement Lara; qui resta ainsi
quelques instants à observer les sommets enneigés de Bourg-saint-Maurice. Puis elle sursauta à
cause du bruit perçant de la sonnette d'entrée.
C'était certainement son fiancé; le moment tant redouté d'annoncer le mariage à son père était
arrivé. Lara referma vivement la fenêtre, mit ses chaussons et dévala les secaliers avec grand bruit.
Elle freina sa fougue une fpois arrivée sur le palier. Il était là, juste derrière la porte, avec un
bouquet de roses rouges, les préférées de la jeune fille. Son père, Lucien, se déplace du mieux qu'il
put pour acceuillir le visiteur. Lara le fit rentrée, le sourire jusqu'aux oreilles et le coeur battant la
chamade. Bill rentra, posa son sac et sa veste, serra la main de son futur beau-père et embrassa Lara.
Aussitôt le père sursauta en voyant la scène. Il dit à sa fille: « Qu'est se que c'est que ces nouvelles
manières Lara ? »
Voilà que tu embrasses ce garçon, on m'avait dit, et tu me l'avais promis, que tu te contenterais de
Bill comme ami.
-Mais papa, arrête, tu sais j'ai passé l'âge de rester à la maison!
-Quoi !, en plus tu envisages de m'abandonner, moi ton pauvre père, mais je n'ai plus que toi Lara !
-Euh, je suis désolée, mais nous allons nous marier dans une semaine, c'est la raison de sa venue,
dit-elle faiblement
-C'est rien, tu continueras à vivre sous mon toit avec ton mari , ce n'est pas un problème.
-Papa... je veux vivre avec lui, chez lui, ça fait maintenant quatre ans que je vis seule avec toi,
depuis que maman nous a quitté...
-Mais Lara, qui va s'occuper de moi, prendre soin de moi, me faire à manger ? Et c'est seulement
maintenant que je suis au courant ?
-Ecoute, je ne serai jamais loin de toi ! »
Se sentant géné, Bill demanda à partir, mais fut retenu par le vieil homme, qui parut réfléchir, et
l'invita à boire quelque chose. Le jeune homme accepta avec joie.
« Avec ou sans glaçons, le martini ? Demanda Lucien
–
Avec s'il vous plait, j'aime beaucoup les glaçons et pour tout dire, j'ai même pris l'habitude de
les manger s'ils n'ont pas fondu quand j'ai fini mon verre.
–
Pas pour moi Papa, dit la fille, tu sais très bien que j'ai horreur de ça .
–
D'accord... à propos, qui sera la demoiselle d'honneur ?
–
Ce sera Rose Bidarpin, ma collègue de travail. C'est une fille bien, gentille et honnête
–
Honnête, elle ne va peut-être pas le rester très longtemps...marmonna le père.
–
Qu'est-ce que tu as dit? Je n'ai pas très bien compris.
–
Rien..Rien..
Une semaine plus tard, le mariage eut lieu en présence de tous les amis et de la famille des
deux amoureux, y compris le père; Avant la noce, tout le monde se rendit à la salle des fêtes de
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Bourg-Saint-Maurice, où les amis de Lara lui avait préparé une petite surpise : ils avaient loué les
services d'une petite troupe de théâtre qui allait leur jouer une petite pièce pour célébrer le mariage
qui aurait lieu juste après. Lara était folle de joie. Elle s'assit sur une rangée de sièges avec Rose,
Bill et Lucien. Toutes les lumières s'éteignirent et le spectacle commença. Dix minutes après, le
père proposa d'aller chercher des boissons pour tout le monde. Etonnée par la soudaine gentillesse
de son père, Lara accepta avec joie. Il revint avec les boissons un petit bout de temps après, et
s'excusa d'avoir mis si longtemps : son grand âge l'empêchait de marcher normalement. Rose
proposa à tous des petits biscuits aux amandes qu'elle avait fait elle-même, mais Lara refusa d'en
manger. « Ta mère est morte après avoir mangé ce genre de biscuit, alors mainten ant j'en ai un peu
peur » dit-elle à son amie. Cependant, celle-ci n'eut pas le temps de lui répondre, car Bill se mit
subitement à hurler, et il s'effondra par terre, mort sur le coup.
Aussitôt après que Bill soit tombé, Lara se précipita sur lui, et essaya vainement de le ranimer.
Après avoir compris qu'il était vraiment mort, elle éclata en sanglots et son père tenta de la
réconforter, mais il n'y parvint pas du tout,
La police arriva rapidement sur les lieux. Trois enquêteurs commencèrent alors à examiner
le corps et le lieu du crime. Il fut très vite révélé que Bill avait été empoisonné avec du cyanure de
potassium, un poison très violent. Tout de suite après, le commissaire Semlot interrogea les quatre
personnes les plus susceptibles d'avoir assassiné le fiancé. Sa future femme, le père de celle-ci, et la
demoiselle d'honneur.
« Vous étiez tous les quatre sur la même rangée lors du spectac le, leur dit-il d'un ton sévère. Vous
êtes les plus suspects, Racontez-moi précisément ce qui s'est passé avant la mort de M Landrin.
D'abord vous, Mlle Trom, je sais que c'est difficile pour vous, mais votre témoignage est capital.
-Oui, oui...répondit faiblement Lara, encore toute secouée de sa nglots, Mes...mes amis ont voulu
nous faire une petite surprise pour notre mariage, ils ont donc organisé ce spectacle dans cette salle
qu'ils ont loué, car j'adore le théâtre...Au début du spectacle, les lumières se sont toutes éteintes, et
mon père s'est proposé pour aller nous chercher des boissons au buffet du fond de la salle malgré
l'obscurité...Il a pris trois cafés et un jus d'orange...
-Attendez une minute, l'interrompit Semloth. On a effectivem ent retrouvé quatre gobelets près de
vos sièges mais trois contiennent du coca-cola, et non du café!
-Je sais mon père s'est trompé... vous savez il est vieux, il faisait noir et le coca a la même couleur
que le café...Il ne s'est pas rendu compte de son erreur.
-Oui...je vois...continuez je vous prie.
-Eh bien, euh...Il n'y a rien d'autre à dire! Rose avait préparé des biscuits aux amandes, on les a
mangés en même temps qu'on a bu, et puis Bill s'est mis à crier soudainement, et tout de suite après,
il...aaah! »
Lara se remit à pleurer violemment, la tête dans les mains. Ce fut Rose qui continua pour
elle :
« Et il s'est effondré par terre. Il était mort. Ensuite nous avons demandé à tout le monde de se
calmer et avons appelé la police/
-Je comprends...quelqu'un a-t-il quelque chose à ajouter? »
Tout le monde répndit qu'il n'avait rien à ajouter. Le commissaire interrogea
individuellement tous les invités, chacun confirma la version des faits qu'avait donnée Lara.
Cependant, il apprit quelque chose d'important qui lui permit de résoudre l'en quête assez
facilement. Il demanda à ses enquêteurs de rassem bler Lara, Lucien et Rose dans la même pièce et
il leur dit d'un air fier et sûr de lui :
« J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai réussi à trouver l'iden tité de l'assassin, et c'est vous...Mlle
Bidarpin!
-Ouais?! s'exclama Rose, horrifiée par cette affirmation, mais je n'ai rien fait! Comment aurais-je pu
empoisonner le coca de Bill alors que je n'ai même pas touché à son gobelet!!
-Et qui vous dit que la boisson était empoisonnée? Nous avons fait des analyses, les gobelets ne
contenaient pas de poison. Mais par contre, Bill est le seul d'entre vous à avoir mangé un de vos
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biscuits aux amandes en entier. Le cyanure de potassium a un goût d'amande amère, vous en avez
mis dans son biscuit pour qu'il ne distingue pas le goût du poison et celui du biscuit! et comme il
avait mangé le biscuit en entier, il ne reste plus de trace. Vous saviez que Lara et son père ne
manqueraient pas de les manger donc pas de risque pour vous de les empoisonner. Vous avez fait ça
par jalousie, un invité nous a avoué que Bill était votre ancien petit ami! Vous n'avez pas supporté
qu'il se marie pas avec vous!
-Mais c'est faux, c'est Lucien qui m'a demandé de préparer ces biscuits, jamais je n'aurais pu faire
une chose pareille!
-Ne niez pas, nous avons la preuve, nous avons retrouvé du poison dans votre manteau. Je vous
emmène tout de suite en prison! »
La demoiselle d'honneur hurla que ce poison n'était pas à elle mais ce fut inutile. Deux
agents emmenèrent de force la jeune fille en pleurs désespérée, sous l'oeil horrifié de Lara qui ne
comprenait pas comment elle avait pu lui faire ça. Peu de temps après, elle rentra chez elle avec son
père. Ils avaient eu la permission de rentrer avant leur déposition au commissariat. Lara remarqua
un détail étrange. La poche de son père était humide, comme s'il y avait eu de l'eau dedans, alors
qu'il n'avait pas plu. Celui-ci prit son manteau et le jeta à la poubelle en faisant attention de ne pas
toucher la poche. Puis il dit à sa fille « Il est usé, je n'en veux plus. Je suis désolé pour toi, ma
chèrie...Bill était un gentil garçon... qui adorait manger les glaçons... » Puis il monta seul dans sa
chambre, prit une petite boîte dans son armoire, l'ouvrit et pensa : « C'est la deuxième fois que je
l'utilise... » et il la rangea en jetant un dernier coup d'oeil à l'étiquette « Cyanure de potassium ».
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Pris de
de panique
BIGOT MAHOUDEAUX
2000, Folsom, une prison de Californie
Située à Pélican Bay, une immense construction de béton se dressait au milieu d'une forêt de pins;
Comment un paysage aussi verdoyant peut-il cacher des criminels à l'esprit si tordu mais pourtant si
rusé? Je me pose toujours cette question-là, quand je rentre dans ce lieu, où la pitié n'existe pas, je
me demande même si j'en ressortirai le soir, vivant.
La veille de mon arrivée, un nouveau détenu avait été transféré dans l'attente de son procès.
J'ouvris la porte de la salle de contrôle et lançai :
-Salut, Bob, quoi de neuf?
-Bonjour Antonio. L'insertion du nouveau s'est déroulé comme prévu.
-Et alors, qu'est-ce que t'en penses?
-Oh, tu sais ce gars-là n'a pas parlé et je suis sûr qu'il va craquer. Il me semble pas trop costaud mais
pourtant mon petit doigt me dit qu'il faut se méfier de lui, fit Bob d'un air mystérieux.
Bob touchait la quarantaine et pourtant des cheveux blancs apparaissaient déjà. Peut-être la sagesse
de ces années passées à compter et à surveiller sans relâche ces centaines de détenus. Mais parfois,
j'aimais le taquiner.
Je répondis alors un sourire aux lèvres :
-Ton petit doigt, tu sais, il n'est pas très fiable vu ce que tu en fais toute la journée.
Bob resta bouche bée, surpris, puis grommela des choses incompréhensibles. J'éclatai de rire et le
saluai avant de refermer la porte et de laisser ma bonne humeur dans l'autre pièce.
Accompagné de deux autres gardiens, je me dirigeai vers la cellule n° 203 : il était arrivé depuis
seulement quelques heures et quelqu'un le demandait déjà au parloir. On lui passa les menottes à
travers la trappe de la porte et je lui ai demandé de sortir lentement sans mouvement brusque.
Lorsqu'il sortit de l'obscurité de sa cellule, la lumière l'éblouit. Il cligna plusieurs fois des yeux puis
me fixa d'un regard bleu d'acier. J'eus du mal à m'aracher de son regard, il détourna les yeux quand
un autre garçon lui parla. Je pus alors observer avec curiosité ce visage si jeune, si pur et si
innocent. Son front se crispait, ses sourcils noirs se fronçaient tout au long de l'explication de mon
collègue. Son menton tremblait d'une colère sourde. Une chemise bleue recouvrait ses épaules, elle
lui descendait jusqu'aux cuisses. De hautes chaussettes remontaient jusqu'à son grand short blanc.
Les lacets de ses vieilles baskets étaient à moitié défaits, ils traînaient sur le sol poussiéreux du coul
oir. Une fois que les gardiens se turent, je lui posai la question habituelle :
-Qu'as-tu fait pour te retrouver là?
Le jeune homme ne répondit pas. Je le fixai et lui demandai :
-Comment t'appelles-tu? Moi, c'est Antonio.
Silence... Je ne savais pas pourquoi je m'obstinais mais pourtant je continuai sur un ton plus sévère.
-Tu sais, de toute façon je le saurais. Si on t'a mis ici, tu vas certainement y moisir longtemps. »
Il releva la tête avec défi et lâcha :
-Mon nom est Joe.
-Oh. Et pourquoi es-tu là, Joe?
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-Violation universelle des droits de l'homme...j'ai tué quelqu'un.
-Ton histoire? Dis-je en l'observant.
Il soupira puis expliqua d'une voix triste, dépourvue de méchanceté :
-J'étais en train de marcher dans une avenue, c'était le soir, et j'ai entendu un cri de détresse. Je me
suis alors dirigé vers cette voix et j'ai aperçu une femme se débattant contre un inconnu cagoulé et
vêtu totalement de noir. Il lui ordonna de se taire. Tous les deux se trouvaient dans une rue très
sombre. J'ai couru vers lui mais il m'a entendu arriver. Il a alors sorti un couteau à cran d'arrêt et je
me suis arrêté net. J'ai sorti un pistolet automatique de mon jean.
Il nous a brièvement expliqué pourquoi il possédait cette arme. Pour lui c'était une simple précautio
n, un moyen de défense comme les autres.
-Il s'est avancé, continua-t-il, son couteau à la main puis s'est arrêté, je ne sais pour quelles raisons.
Il me parla alors doucement tout en levant ses mains au niveau de son cou, comme pour enlever sa
cagoule. Je n'ai pas compris ses mots et son geste m'a surpris...J'ai appuyé sur la détente. J'ai
paniqué et je me suis enfui sans savoir si il était mort ou blessé. La suite vous la connaissez.
Je hochais la tête anxieusement puis le conduisit dans une salle où les familles des détenus parlent
doucement et avec tristesse. Il s'installa face à un homme au regard désespéré qui lui dit:
-Bonjour Joe, comment ça va?
-Salut pa', tout va bien à la maison?
-Mon fils, je dois t'avouer quelque chose?
Un silence s'installa dans la pièce
-L'homme que tu as abattu....
-Oui
-était ton frère. »
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