Pour lire la suite, téléchargez le PDF
Transcription
Pour lire la suite, téléchargez le PDF
0123 décryptages DIALOGUES Samedi 25 février 2012 Presse de campagne Médiateur E Pascal Galinier n parler ou pas ? Trop ou trop peu ? Avec ou sans commentaires? Une campagne électorale est toujours un moment crucial pour un journal politique. Un moment qui interroge les journalistes et fait s’interroger les lecteurs. Ceux du Monde sont très critiques sur sa couverture de l’élection présidentielle 2012. «Depuis que je n’achète plus mon quotidien les jours où le titre comporte le nom “Sarkozy”, je fais de substantielles économies! Merci Le Monde !… », nous nargue Claude Weisz, de Bobigny (Seine-SaintDenis). «Je suis dégoûtée par votre partialité, lance Tania Bustos (Fontaine, Isère). Le Monde n’est plus un journal de référence mais un équivalent sournois du Figaro. » Notre concurrent appréciera ce parallèle que fait aussi Jean-Paul Nozière (Dienay, Côte-d’Or): « Vous n’allez quand même pas devenir LeFigaro (en plus hypocrite, Courrier Argent Emigration fiscale En 1789, nos aristocrates ont, en majorité, quitté la France où ils risquaient de perdre leur tête. Ce mouvement de masse dicté par l’instinct de conservation pouvait se comprendre. Aujourd’hui, nos contemporains les plus riches menacent de quitter l’Hexagone chaque fois que la fiscalité risque d’augmenter, quelle que soit d’ailleurs la couleur du gouvernement. Il s’agit dans ce cas d’une tentation moins glorieuse et même quelque peu ignoble – compte tenu de la progression des revenus des plus aisés – d’échapper à la solidarité nationale. Est-il besoin de rappeler à ces gens coupables d’incivilité que l’impôt est le moyen de diminuer les inégalités lorsqu’il est proportionnel aux revenus et de financer les services publics et la protection sociale? L’amour de l’argent n’excuse pas la lâcheté. Pierre Feiss, Limoges (Haute-Vienne) Iran La paix en question On ne peut manquer de se rappeler les déclarations sur la détention d’armes de destruction massive par l’Irak qui ont précédé le déclenchement de la guerre par les Etats-Unis pour mesurer le risque insensé d’une attaque de l’Iran qui serait préparée par Israël. Malheu- car vous vous arrangez pour donner une impression apparente d’objectivité) ? » Le Monde sarkozyste. Voilà une critique inattendue. La plupart nous soupçonnent plutôt de rouler pour François Hollande. « Un personnage certes intelligent mais à la morale pour le moins non irréprochable», estime Patrick Poissonnier (Amiens). Ce lecteur ne cache pas qu’il a « toujours voté à droite ou au centre ». Actionnaire de la Société des lecteurs du Monde – « C’est dire que je ne suis pas un spéculateur de haut vol ! » –, il s’inquiète, « depuis l’arrivée du trio BNP » (Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse), de voir son journal devenir « un journal militant au profit d’une seule partie de l’échiquier politique français qui n’est pas celle vers qui va mon cœur». Les partisans de Jean-Luc Mélenchon nous ont fait savoir haut et fort combien ils ont été choqués par le rapprochement que fit Le Monde de leur champion avec Marine Le Pen, dans l’édition du 8 février, évoquant « Le match des populismes» en « une ». Loin d’apaiser le débat, la dernière chronique du médiateur (en ligne), ne fit que l’amplifier. « Le Monde cherche-t-il à minimiser un réel mouvement de l’opinion (comme lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen) ? Ou perd-il tout contact avec la réalité vécue par les citoyens ? A ce jeu, il risque sa réputation et la pérennité de son lectorat ! », nous prévient Lucien Chich, de Francheville (Rhône). Quant aux autres candidats… « Faut-il que Bayrou, Joly, Mélenchon montent sur scène en tutu rose pour que vous vous intéressiez à eux? », raille Isabelle Jaubert (Courbevoie, Hauts-de-Seine). « Les lecteurs du Monde savent bien, depuis l’élection présidentielle de 2007, que la rédaction du journal n’a pas de sympathie pour François Bayrou; on se souvient de l’éditorial invitant les lecteurs à voter pour Ségolène Royal au premier tour », commente Jean Sébérac (Plaisir, Yvelines), qui voit revenir « la tendance anti-Bayrou». Autant de messages transmis à qui de droit, chers lecteurs. Le Monde, « quotidien pluraliste», comme le rappelle sa charte, ne peut que se réjouir de voir que vos opinions, fussent-elles vachardes, sont aussi diverses et variées que celles des citoyens que vous êtes… Lecteurs, électeurs, même combat. Nos journalistes ont, eux aussi, leurs opinions. Parfois tranchées. Mais elles ne doivent interférer en aucune façon dans l’exercice de leur métier. A défaut d’opinion, Le Monde a des valeurs, celles «de liberté, d’égalité et de fraternité qu’affiche la devise de la République française» (la charte encore). Notre directeur, Erik Izraelewicz, les rappellera à la veille du premier tour, dans un éditorial. Mission difficile, on le voit, sous le regard des lecteurs, celui des journalistes – beau sujet de débats en comité de rédaction, avant le fatidique 22avril –, mais pas sous celui des actionnaires, signataires de nos chartes d’éthique et d’indépendance. La Société des rédacteurs y veille. A lors, peut-on parler de « 70% de surfaces rédactionnelles consacrées au duel en trompe-l’œil entre Sarkozy et le candidat “normal” », comme nous l’écrit Gérard Mayen (Montpellier)? Bonne question. En guise de sondage, le médiateur a plongé sa sonde dans les archives du journal. En quête du nombre d’«occurrences» des noms des six principaux candidats potentiels au premier tour de la présidentielle, pêchées dans les articles parus depuis le 15 février – jour de l’entrée officielle en campagne du président de la République, Nicolas Sarkozy. Sur 281 occurrences recensées (75 pour les seuls titres et sous-titres d’articles), sont décomptés 33,8 % de « François Hollande», 32,4 % de « Nicolas Sarkozy candidat », 11,7 % de « Bayrou », 11 % de « Marine Le Pen », 7,5 % de « Mélenchon », 3,55 % d’« Eva Joly ». A comparer aux intentions de vote accordées à chacun par les instituts de sondage… Quant aux arrière-pensées mercantiles dont nous suspectent tel ou tel lecteur pour qui les titres chocs de certaines « unes » visent surtout à « vendre du papier», ce n’est – hélas ou heureusement? – pas si simple… Et en tout cas démenti par les faits, sinon par les intentions réelles ou supposées de tel ou tel rédacteur en chef. Les deux manchettes les plus contestées et contestables de ces dernières semaines, celle sur le « Match des populismes» et celle sur « L’enfer des prépas», ont provoqué, c’est vrai, une ruée de nos lecteurs – vers le courrier mais pas vers les kiosques… Les chiffres d’Ile-de-France (où Le Monde écoule de 35000 à 40 000 exemplaires par jour) paraissent sans appel. Le journal du 8 février (populisme) accusait une baisse de ventes de 5,4 %, celui du 4 février (prépas), un recul de 9 %… « Ce qui fait vendre, c’est l’actu », rappelle Hervé Bonnaud, le directeur des ventes du Monde. Sur les vingt meilleures manchettes réalisées en 2011, quatorze ressortissaient à l’actualité internationale (révoltes arabes, Fukushima, WikiLeaks…), dix à la politique française, en précampagne électorale. Le Monde reste Le Monde. Il n’est pas encore un journal populiste. Il lui reste à redorer sa cote de popularité auprès de ses lecteurs. p La prochaine chronique du médiateur sera publiée dans Le Monde 10 mars. [email protected] Mediateur.blog.lemonde.fr reusement, le soutien toujours inconditionnel d’Israël par les Etats-Unis, comme le démontre encore leur appui dans la colonisation illégale de la Cisjordanie par Israël, qui se poursuit et s’accélère même, il y a lieu de craindre le pire. Il serait plus qu’urgent que les candidats à l’élection présidentielle se prononcent de la façon la plus ferme contre l’éventualité d’une telle intervention militaire contre l’Iran, susceptible d’entraîner des conséquences incalculables pour la paix dans cette région et dans le monde. Marcel Ramin, Paris Politique Paroles et actes Entendre Nicolas Sarkozy déclarer solennellement qu’il veut rendre la parole au peuple, en généralisant le référendum, ne manque pas de sel! Rappelons que notre président nous a confisqué notre « non» au référendum sur la Constitution européenne, qu’il a également supprimé de la Constitution le recours au référendum populaire préalable à toute nouvelle adhésion de l’UE. Quant à une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale, elle ne verra jamais le jour, pas plus que la rupture promise en 2007 et dont on n’a jamais vu la couleur. Jacques Guillemain, Versailles (Yvelines) Controverse du Net Syrie: la guerre des commentaires Après les attaques lancées par les robots spammeurs de l’« armée électronique syrienne», nos réseaux sociaux sont désormais la cible d’autres types de propos de lecteurs. L’objectif reste de verser dans la propagande, en semant la confusion quant à la réalité des faits et des enjeux dans la guerre larvée en cours depuis des mois, à Homs et dans tout le pays. De nombreuses réactions à nos articles affirment avec force que, quoi que nous disions sur le sujet, nous avons tout faux. Elles abondent notamment dans les théories du complot: la contestation en Syrie ne serait « qu’une manipulation occidentale pour faire tomber le régime », menée par « les services secrets américains» par exemple. Ils remettent également en cause le travail des journalistes, de « nouveaux mensonges » pour « manipuler l’opinion ». Face à ce flot de publications propagandistes, beaucoup d’autres lecteurs ne sont pas dupes et s’insurgent contre des arguments « n’ayant aucun sens ». Au Monde.fr, nous ne sommes pas dupes non plus. Les stratégies de communication du régime syrien sont élaborées au plus haut niveau et visent à discréditer l’opposition syrienne en la faisant passer pour des « bandes armées» terroristes. L’idée n’est pas de censurer à tout-va ce que nous estimons être faux : après tout, la critique des médias est salutaire lorsqu’elle se fonde sur des questions et un dialogue argumenté, permis notamment par le nouvel outil que sont les réseaux sociaux. Mais sur le cas de la Syrie, nous pouvons tout de même mettre en garde nos lecteurs face à cette profusion de contre-vérités. Notre ligne éditoriale, dégagée de toute idéologie, ne varie pas : la volonté de rendre compte de ce que les journalistes indépendants observent en Syrie, en se fondant sur des faits avérés. p Michaël Szadkowsi (@szadkowski_m) Version complète sur le blog Rezonances, http://rezonances.blog.lemonde.fr Cinquante ans après les accords d’Evian et le cessez-le-feu, la guerre d’Algérie reste une plaie ouverte. La réconciliation entre les deux pays paraît encore lointaine, tant le cloisonnement des mémoires et le ressentiment restent forts. Le Monde vous invite à découvrir la réalité de cette guerre au travers des travaux des historiens, des témoignages des protagonistes des deux pays, des portfolios et des documents inédits. UN HORS-SÉRIE DU MONDE - 7,50 € EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 17 En partenariat avec