Montlosier - Amoureux d`Art en Auvergne

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Montlosier - Amoureux d`Art en Auvergne
Le comte de Montlosier
1755‐1838
Association Amoureux d’Art en Auvergne Centre Municipal Jean‐Richepin 21 rue Jean‐Richepin 63000 Clermont‐Ferrand
06 86 70 68 61 www.quatrea.com Le 11 décembre 1838, un convoi funéraire traverse la place de Jaude à Clermont‐Ferrand, il passe devant l’église Saint Pierre les Minimes mais le convoi ne s’arrête pas. L’évêque de Clermont, monseigneur Féron, a refusé que les obsèques religieuses soient accordées à François Dominique Reynaud, comte de Montlosier. Montlosier est né le 16 avril 1755 à Clermont‐Ferrand, au n°17 de rue Sainte‐Claire. En 1789, il est représentant de la noblesse d’Auvergne d’abord aux Etats généraux puis à l’assemblée constituante. Il rejoint les rangs de ceux qu’on nomme les monarchiens, c'est‐à‐dire les partisans d’une monarchie constitutionnelle avec deux chambres sur le modèle anglais. Dés 1790, il rédige son premier ouvrage politique, L’art de constituer les peuples, dans lequel il critique autant la monarchie absolue que la constitution que la France vient d’adopter et dont il pressent les abus qu’elle risque d’engendrer : « Il était inévitable, écrit‐il, que la faiblesse et l'aveuglement d'un seul ne fussent remplacés par la fureur et l'aveuglement de tous ». Le 7 janvier 1791, lors de la discussion à l’assemblée sur les biens du clergé, Montlosier monte à la tribune pour défendre les religieux : « Je ne crois pas, s’exclame‐t‐il, quoi qu'on puisse faire, qu'on parvienne à forcer les évêques à quitter leur siège. Si on les chasse de leur palais, ils se retireront dans la cabane du pauvre qu'ils ont nourri. Si on leur ôte leur croix d'or, ils prendront une croix de bois; c'est une croix de bois qui a sauvé le monde. » Il quitte la France à la fin de l’année 1791 et séjourne d’abord en Allemagne où il est bien mal accueilli par les émigrés qui ne lui pardonnent pas ses prises de positions en faveur d’une monarchie constitutionnelle. Il s’établit ensuite en Angleterre à partir de septembre 1794 où il dirige un journal. Il y fait la connaissance de Chateaubriand avec qui il se lit Buste de Montlosier par Honoré Daumier d’amitié. Dans ses Mémoires d’outre‐tombe, l’écrivain brossera de Montlosier un portrait qui mêle indulgence et sévérité : « Féodalement libéral, écrit‐il, aristocrate et démocrate, esprit bigarré, fait de pièces et de morceaux, Montlosier accouche avec difficulté d'idées disparates ; mais s'il parvient à les dégager de leur délivre, elles sont quelquefois belles, surtout énergiques ». Il rentre en France en 1802 après 11 ans d’exil. De son retour en France jusqu’à la chute de l’empire, Montlosier soutiendra Napoléon. Celui‐ci lui confiera même plusieurs missions dont l’une consistait à rédiger une série de rapports visant à faire connaitre à l'empereur « l'opinion du jour sur la marche de son administration et sur ses propres actes ». Ainsi de 1810 à 1813, Montlosier s’emploiera‐t‐il à sonder régulièrement l’opinion de ses contemporains. Sous la Restauration, Montlosier retourne en Auvergne. Il avait hérité de son père une propriété située au pied des volcans à Randanne. C’est à l’époque un véritable désert. Il n’y a ni bâtiment, ni chemins, pas même un arbre. Au bout de huit années d’un travail acharné, la terre de Randanne est métamorphosée en un domaine fertile et boisée. En 1825, Montlosier se lance dans une dernière polémique. Il vient de fêter ses 70 ans lorsqu’il publie un vigoureux pamphlet mettant en cause ce qu’il appelle « le parti prêtre ». Il entend par là s’opposer à la prétention des religieux de vouloir jouer un rôle dans les affaires publiques. Montlosier soutient au contraire que l’église et l’Etat doivent restés strictement séparés. Louis Philippe le nomme pair de France en 1832. A 77 ans, on le verra régulièrement siéger et intervenir dans la haute assemblée. Mais à l’automne 1838, son état de santé se détériore brutalement. Il reste en Auvergne, rédige son testament et s’enquière auprès de l’abbé Frédet, le curé de la paroisse des Minimes, de l’organisation de ses obsèques. Mais l’évêque de Clermont qui n’a pas oublié la polémique lancé par Montlosier contre les jésuites, impose au mourant cet étonnant marchandage : Montlosier pourra être enterré religieusement mais à la condition expresse qu’il renie ses écrits passés. Il fallait bien mal connaître celui que son ami le baron de Barante avait affectueusement surnommé « le dernier volcan d’Auvergne encore en activité » pour imaginer que Montlosier cédât à un semblable chantage. Son convoi funèbre passera donc devant l’église close et montera jusqu’à Randanne où derrière son château, dans les bois, Montlosier avait fait construire son tombeau. La famille fera inscrire au dessus de son buste la phrase par laquelle il avait jadis défendu l’église : « C’est une croix de pierre qui a sauvé le monde ». Jean‐Pierre Bellon Le tombeau de Montlosier dans les bois de Randanne Bibliographie Ouvrages de Montlosier : La fin de mes voyages ou Histoire d'Edmond écrite par lui‐même, manuscrit non publié. Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne, 1789. Observations sur les assignats, 1790. Essai sur l'art de constituer les peuples, 1791. De la nécessité d'une Contre‐Révolution en France pour rétablir les finances, la religion, les mœurs, la monarchie et la liberté, 1791. Des moyens d'opérer la Contre‐Révolution, 1791. Vue sommaire sur les moyens de paix pour la France, pour l'Europe, pour les émigrés, 1796. Des Effets de la violence et de la modération dans les affaires de France, 1796. De la Monarchie française, 1814‐1824. Des désordres actuels de la France et des moyens d'y remédier, 1815. Quelques vues sur l'objet de la guerre, et sur les moyens de terminer la révolution, 1815. Mémoire à consulter sur un système religieux et politique, tendant à renverser la religion, la société et le trône, 1826. Dénonciations aux cours royales relativement au système religieux et politique signalé dans le Mémoire à consulter, 1826. Les Jésuites, les congrégations et le parti prêtre, 1827. Mémoires sur la Révolution française, le Consulat, l'Empire, la Restauration et les principaux événements qui l'ont suivie, 1829. Des mystères de la vie humaine, 1829, De l'origine, de la nature et des progrès de la puissance ecclésiastique en France, 1829 De la crise présente et de celle qui se prépare, 1830. Randanne et Paris, 1833. Notice sur l'établissement de Randanne, Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne, 1842. Souvenirs d'un émigré, publié par son arrière petit fils le comte de Larouzière‐Montlosier et E. d'Hauterive, 1950, Ouvrages sur Montlosier : Agénor Bardoux, Études sociales et politiques : le comte de Montlosier et le gallicanisme, Calmann‐Lévy, 1881. Joseph Brugerette, Le comte de Montlosier et son temps, Éditions U.S.H.A., 1931. Robert Casanova, Montlosier et le parti prêtre, Robert Laffont, 1970. 

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