1900 11 avril Création de l`évêché de Manizales. 20 mai Création

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1900 11 avril Création de l`évêché de Manizales. 20 mai Création
1900
11 avril
Création de l’évêché de Manizales.
20 mai
Création de l’évêché d’Ibagué, qui dépend de Bogota.
20 juin
Premier évêché de Colombie (fondé en 1534), Carthagène est érigé en archevêché ; même
chose pour Popayán, évêché fondé en 1546.
en juillet
Coup d’Etat : le président Sanclemente est « écarté pour raisons de santé » par son viceprésident, José Manuel Marroquin, soixante-treize ans.
7 août
José Manuel Marroquín prend le pouvoir.
1901
9 août
Des troupes de l’armée colombienne envahissent le Venezuela.
dans l’année
Une armée libérale envahit Panama.
1902
24 février
Créé en 1868, l’évêché de Medellin est érigé en archevêché.
28 juin
Le Congrès américain a adopté la loi sur le canal de l’isthme qui autorise le président à
négocier avec la France pour obtenir le droit de construire un canal à travers la Colombie.
en novembre
Le traité mettant fin la « guerre des 1 000 jours » est paraphé à bord d’un navire de guerre
américain, le Wisconsin. Les libéraux, battus, renoncent à la lutte armée, en échange ils
obtiennent une amnistie et leurs journaux peuvent recommencer à paraître. La guerre a fait
100 000 morts en trois ans.
dans l’année
Fondation de la revue La Gruta Simbolica.
1903
22 janvier
Le traité Hay-Herran sur le canal de Panama, présenté aux sénateurs américains par le
président Roosevelt, comporte les dispositions suivantes : contre le paiement de dix millions
de dollars-or et un loyer annuel de 250 000 dollars, la Colombie cède aux Etats-Unis une
bande de six miles de large. Les Etats-Unis exerceront désormais la souveraineté sur le
canal, et il leur est octroyé une concession de cent ans renouvelable. Le canal ainsi que ses
accès sont déclarés zone neutre. La Société du canal a l’autorisation de vendre ses
concessions aux Etats-Unis, lesquels en contrepartie, s’engagent à apporter leur soutien à la
Colombie en cas d’agression manifeste. Le Parlement colombien doit encore ratifier le traité.
14 mars
Avec la ratification par les sénateurs américains de l’accord Hay-Herran concernant la zone
du canal de Panama, une longue période d’incertitude prend fin. Il reste toutefois à savoir si
la Colombie pourra se satisfaire de cet arrangement. Elle n’a pas encore ratifié cet accord [le
Congrès de Bogota refusera de ratifier le traité].
22 mars
Une explosion volcanique près de Galera de Zamba provoque d’importantes destructions.
29 avril
Ismael Perdomo Borrero, trente et un ans, est nommé évêque d’Ibagué.
23 juin
Création de la « prélature territoriale des intendances orientales » (aujourd’hui archevêché
de Villavicencio).
11 ou 12 août
Le Sénat colombien a repoussé la ratification du traité Hay-Herran sur le canal de Panama,
dont les travaux sont en panne depuis 1899. Les sénateurs américains ont ratifié le traité en
mars dernier.
2 novembre
Le président américain Roosevelt donne l’ordre au croiseur Nashville de jeter l’ancre devant
le port de Colon (Panama), afin de protéger ostensiblement « le passage gratuit et sans
entrave de l’isthme ».
3 novembre
Suite au refus du gouvernement colombien de reconnaître le traité Hay-Pauncefote
accordant aux Etats-Unis tous les droits sur la construction du canal, Panama, encouragé
par les Etats-Unis, se révolte et proclame son indépendance vis-à-vis de la Colombie. Le
mouvement est dirigé par Philippe Bunau Varilla à la tête d’officiers de la Compagnie du
Canal.
6 novembre
Les Etats-Unis reconnaissent le nouvel Etat de Panama et dissuadent l’armée colombienne
de toute réaction en envoyant des marines. John Hay justifie cette mesure au nom de
l’intérêt du canal pour le commerce mondial.
dans l’année
Dévaluation de 18 900 % du peso par rapport au dollar nord-américain.
1904
4 janvier
Le président Roosevelt a déclaré au Congrès que les Etats-Unis ne sont pas à l’origine de la
sécession du Panama avec la Colombie et que les insinuations malveillantes sur une
hypothétique complicité ne reposent sur rien. Il suggère au Congrès de ratifier rapidement le
traité de Panama. Pour Roosevelt, la question déterminante est maintenant de faire percer le
canal.
?
Le général conservateur Rafael Reyes, cinquante-cinq ans, un des vainqueurs de la guerre
civile de 1895, est élu président pour succéder à José Manuel Marroquin, avec huit voix
d’avance devant un autre candidat conservateur (pour un total de 1 976 grands électeurs).
Proclamant que le développement économique doit passer avec les intérêts partisans, il
appelle au gouvernement deux libéraux (sur un total de six ministres), Uribe Uribe et
Herrera.
16 novembre
La Colombie a ratifié le traité Hay-Bunau-Varilla, qui accorde aux Etats-Unis tous les droits
sur la construction, la gestion et la protection du canal de Panama. Bogota touche une
indemnité de dix millions de dollars et recevra une annuité de 250 000 dollars neuf ans après
cette date.
en décembre
Le gouvernement se trouvant paralysé par les querelles entre conservateurs, le président
Reyes suspend inconstitutionnellement les activités du Congrès. La plupart des libéraux
appuient ce coup de force, car ils y voient une occasion de revenir aux affaires.
1905
en mars
Le président Reyes convoque une Assemblée à sa botte, composée de trois représentants
de chaque département (choisis par lui-même), et chargée en principe d’amender la
Constitution de 1886.
dans l’année
La Banque Nationale, mise en liquidation en 1894, cède la place à une Banque centrale, qui
fonctionne grâce à des capitaux privés.
Création du département de Caldas, qui formait jusqu’alors une partie des états fédéraux
d'Antioquia, Cauca et du Tolima.
1906
31 janvier
Tremblement de terre (8,6 à l'échelle de Richter).
dans l’année
Une série de conspirations et un attentat manqué provoquent une vague de répression et
d’arbitraire.
1907
Relèvement brutal de 70 % des tarifs douaniers.
Les exportations de café, de tabac et de caoutchouc, ainsi que la production de coton, sont
subventionnés durant quelques mois.
Fondation d’une nouvelle Ecole militaire.
1908
16 mars
Créé en 1903, la « prélature territoriale des intendances orientales » devient le vicariat
apostolique des Llanos de San Martin (aujourd’hui archevêché de Villavicencio).
dans l’année
Décès de l’ancien président (1900-1904) José Manuel Marroquin, 81 ans.
1909
5 janvier
Signature d’une convention par laquelle la Colombie reconnaît l’indépendance de Panama.
?
Par un accord, les Etats-Unis consentent à indemniser la Colombie pour la perte de Panama
en 1903, et la Colombie accorde aux bateaux américains le droit de « se réfugier » dans les
ports colombiens en temps de Guerre. Mais la signature de ce premier traité, six ans à peine
après « l’agression », fait scandale à Bogota.
en mars
Le président Reyes tombe pour avoir osé négocier avec les Etats-Unis. Désavoué par
l’Assemblée qu’il avait lui-même forgée, le dictateur préfère démissionner plutôt que de
provoquer une nouvelle guerre civile.
dans l’année
Formation d’un Parti républicain, censé rassembler les moins sectaires des conservateurs et
des libéraux dans le but de promouvoir enfin une politique équilibrée.
La Banque centrale perd le privilège d’émettre des billets (de toute façon, personne
n’accepte plus la monnaie de papier).
Dernière exécution d’un condamné à mort.
Le premier syndicat officiellement autorisé naît à Sonson, près de Medellin ; le clergé local
joue un rôle déterminant dans naissance.
1910
7 juin
Création de l’évêché de Cali, qui dépend de Popayán.
25 juillet
Création du département de Norte de Santander (capitale : Cúcuta).
dans l’année
Révision de la Constitution de 1886 : le mandat du président est ramené à quatre ans ; le
président ne peut plus être réélu immédiatement. Le poste de vice-président, supprimé par
Reyes, n’est pas rétabli : en cas d’empêchement, le président sera remplacé par un
designado (ou encargado) élu par les députés ou les sénateurs.
Abolition de la peine de mort.
Une loi oblige la majorité à accorder à l’opposition (ou plus exactement au parti arrivé en
second aux élections) un certain nombre de postes dans l’administration et les services
publics, en proportion des voix qu’elle avait obtenues aux dernières élections. Désormais,
même les enseignants ou les policiers, sont nommés selon des critères politiciens. Cette loi
consacre définitivement le système bipartite libéraux-conservateurs.
Interdiction définitive des émissions de billets à cours forcé.
Bogota est reliée par chemin de fer au port de Girardot sur le Magdalena.
1911
Lancement à Bogota du quotidien libéral El Tiempo.
1912
1914
25 août
La Colombie devient membre de l’Union internationale des télégraphes [aujourd’hui Union
internationale des télécommunications], créée en 1866.
dans l’année
Les conservateurs remportent les élections et forment un gouvernement monopartisan. Les
libéraux sont de nouveau exclus du gouvernement.
Le président est désormais élu au suffrage universel. le système des grands électeurs n’est
conservé que pour les élections des sénateurs.
Négociation d’un nouveau traité entre les Etats-Unis et la Colombie (ratifiée en 1922). La
Colombie se voit accordé une indemnité de vingt-cinq millions de dollars, dix fois la somme
prévue par l’accord de 1909.
Assassinat du leader libéral Rafael Uribe Uribe, cinquante-cinq ans.
1915
Le chemin de fer reliant Cali à Buenaventura, sur le Pacifique, est achevé.
vers 1915
Résurgence de la dispute sur le caractère laïc de l’Etat.
1916
15 janvier
Lancement à Bogota de l’hebdomadaire Cromos.
de 1916 à 1917
Un jeune aventurier, Humberto Gomez, proclame brièvement l’indépendance de l’Arauca, à
la frontière du Venezuela.
1917
5 février
Créé en 1804, l’évêché d’Antioquia est rebaptisé évêché d’Antioquia-Jerico.
1918
de janvier à février
Premières grèves notables en Colombie, dans les ports de la côte caraïbe.
dans l’année
Marco Fidel Suarez, soixante-trois ans, est élu président.
Création de l’impôt sur le revenu.
Une loi fait de la Vierge la patronne de la Colombie.
1919
5 décembre
Fondation par cinq Colombiens et trois Allemands de la SCADTA (Société ColomboAllemande de Transports Aériens ; ancêtre de l’Avianca colombienne).
dans l’année
Reconnaissance du droit de grève, dans d’étroites limites.
Naissance d’un premier Parti socialiste, qui se rapprochera très vite du Parti libéral.
Une manifestation des tailleurs de Bogota est réprimée dans le sang.
La première liaison aérienne commerciale du monde fonctionne par hydravion entre la côte
atlantique et Girardot, un port sur la Magdalena et débouché du chemin de fer de Bogota).
La SCADTA est l’auteur de cet exploit.
1920
10 janvier
La Colombie est l’un des pays fondateurs de la Société des Nations.
1921
Démission du président Marco Fidel Suarez, le Parlement ayant refusé de ratifier le traité
colombo-étasunien sur Panama.
La Colombie reconnaît l'indépendance de Panama, contre le versement d'une indemnité de
vingt-cinq millions de dollars.
La Standard Oil remporte le marché pétrolier colombien face aux compagnies anglaises
grâce à de fortes pressions exercées par le gouvernement nord-américain. La compagnie
ouvre une petite raffinerie à Barracabermeja, sur le moyen Magdalena, par l’intermédiaire de
sa filiale Tropical Oil.
1922
2 septembre
Pionnier de l’aviation colombienne, Camilo Daza survole Cúcuta.
dans l’année
Elections présidentielles : le candidat libéral Benjamin Herrera arrive en tête dans tous les
chefs-lieux de département, sauf trois. Les conservateurs, avec Pedro Nel Ospina, soixantequatre ans, se maintiennent au pouvoir grâce aux voies douteuses des ouvriers agricoles et
des aparceros des campagnes.
Ratification du traité américano-colombien de 1914.
1923
5 février
Evêque d’Ibagué depuis 1903, Mgr Ismael Perdomo Borrero, 51 ans, est nommé coadjuteur
de l’archevêque de Bogota.
dans l’année
Le gouvernement parvient à réorganiser durablement le système monétaire et financier. Une
équipe d’économistes nord-américains, dirigée par le professeur Edwin W. Kemmerer, met
en place une nouvelle banque centrale, la Banque de la République. C’est une banque à
capitaux mixtes, relativement indépendante de l’Etat et donc protégée en principe des aléas
politiques ; elle se consacre uniquement aux fonctions essentielles d’une banque centrale :
contrôle des réserves, émission de la monnaie nationale, réescompte, prêts aux banques,
contrôle du crédit et des changes. La mission Kemmerer crée aussi la Surintendance
Bancaire, une institution chargée de contrôler le système financier, y compris la Banque de
la République. Enfin, elle organise une Cour des comptes (Contraloria General de la
Republica) chargée de contrôler les dépenses de l’Etat.
Faillite de la banque Lopez, une maison paisa qui contrôlait la commercialisation de près de
la moitié du café colombien.
1924
10 avril
José Ignacio Lopez Umaña, quarante ans, est nommé évêque de Garzón.
8 juin
Un avion Junkers F-13 de la compagnie SCADTA s’écrase à Barranquilla. Le pilote et les
deux passagers sont tués.
dans l’année
Création d’un premier établissement de crédit agricole, le Banco Agricola Hipotecario.
La Tropical Oil nord-américaine doit faire face à une grève longue et violente à
Barrancamerja, organisée sous l’influence du militant socialiste Raul Mahecha. Elle se solde
par des licenciements massifs.
Le marxisme fait une timide apparition dans des cercles très réduits de Bogota, grâce
semble-t-il à l’action d’un émigré russe du nom de Savitsky.
Fondation de la Fédération colombienne de football.
1925
Congrès ouvrier dont le vice-président est le leader indigène Manuel Quintin Lame.
de 1925 à 1926
Une série d’incendie détruit le centre de Manizales.
1926
Election présidentielle : Pedro Nel Ospina n’est plus président. Instruits par les expériences
précédentes, les libéraux n’ont pas pris la peine de présenter un candidat.
Reprise de l’inflation.
Fixation définitive des frontières entre la Colombie et l’Equateur.
Naissance d’un nouveau Parti Socialiste International.
La Cour suprême provoque un beau scandale en exigeant un titre authentique de propriété
au possesseur de toute terre en litige. Or beaucoup de grands propriétaires sont incapables
de fournir de tels titres, tout simplement parce que les terres qu’ils défendaient étaient
d’anciens baldios usurpés au XIXe siècle…
1927
18 novembre
Le gouvernement colombien nationalise l’industrie pétrolière.
dans l’année
Le prix des produits alimentaires s’étant emballés, le gouvernement doit abaisser en
catastrophe les droits de douane sur ces produits.
La Tropical Oil nord-américaine doit faire face à une grève longue et violente à
Barrancamerja, organisée sous l’influence du militant socialiste Raul Mahecha. Elle se solde
par des licenciements massifs.
Bogota se dote d’un Bureau d’urbanisme.
Fondation de la fédération des caféiculteurs (Fedecafe).
1928
2 janvier
Décès de l’archevêque de Bogota Bernardo Herrero Restrepo. Agé de 83 ans, il était à la
tête du diocèse de la capitale colombienne depuis 1891. Il est aussitôt remplacé par son
coadjuteur, Mgr Ismael Perdomo Borrero, cinquante-cinq ans.
en novembre
Une grève des travailleurs des bananeraies de la United Fruit se prolonge dans la région de
Santa Marta.
6 décembre
Après que le gouvernement ait proclamé l’état de siège et après plusieurs jours d’émeutes,
l’armée tire sur la foule sur la place centrale de la petite ville de Ciénaga, puis se livre à une
répression sans pitié dans toute la région de Santa Marta. Bilan : quarante morts (d’après les
policiers) ou 1 500 (selon les organisateurs de la grève). La sanglante répression provoque
une tempête de protestations, où s’illustre un jeune orateur libéral plein d’avenir, du nom de
Jorge Eliécer Gaitan.
fin d’année
Les investissements étrangers en Colombie se tarissent brutalement, conséquence directe
d’une série de mesures financières restrictives que le gouvernement des Etats-Unis vient de
prendre pour tenter d’enrayer la spéculation boursière.
dans l’année
Toutes les organisations tenues pour « bolcheviques » sont interdites.
1929
en juin
Le maire de Bogota et trois ministres doivent démissionner pour fraude électorale et
concussion, après des émeutes étudiantes qui ont fait un mort.
fin d’année
Les cours du café s’effondrent.
dans l’année
Institution de cartes d’électeurs.
1930
Election présidentielle. Dans une ambiance devenue lourde du fait des premières atteintes
de la grande crise économique, les conservateurs se divisent (entre autre parce que leurs
chefs se disputent l’attribution de nouvelles concessions pétrolières) et présentent deux
candidats : le clergé se divise aussi, et donne des consignes de vote contradictoires.
Profitant de cette aubaine, les libéraux présentent un candidat, Enrique Olaya Herrera,
cinquante ans, qui remporte la victoire (sans toutefois obtenir la majorité absolue). Le
nouveau président met en place un cabinet bipartite de « concentration nationale ».
Le Parti socialiste international, créé en 1926 mais très lié aux libéraux, s’efface et est
remplacé par un Parti communiste colombien, plus orthodoxe.
1931
Abandon de l’étalon-or.
La compagnie américaine Pan Am devient majoritaire dans la compagnie aérienne germanocolombienne SCADTA.
1932
7 juillet
Erection de l’évêché de Barranquilla, qui dépend de l’archevêché de Carthagène.
dans l’année
Le gouvernement parvient à négocier un moratoire sur une partie de sa dette extérieure.
Le problème de l’accès à l’Amazone provoque un bref conflit armé entre le Pérou et la
Colombie : quelques escarmouches dans la région de Leticia qui font un mort du côté
colombien.
Déçu par la modération du président Olaya Herrera, le libéral Jorge Eliécer Gaitan fonde son
propre parti, l’UNIR (Union nationale révolutionnaire de gauche).
1933
Création de la compagnie Servicio Aereo Colombiano.
1934
24 mai
Protocole de Rio de Janeiro entre la Colombie, le Brésil et le Pérou réglant le litige
concernant la ville de Leticia. C’est là que les frontières des trois pays se touchent en
Amazonie.
dans l’année
Election présidentielle : le libéral Alfonso Lopez Pumarejo, quarante-huit ans, est élu. Les
communistes recueillent moins de 2 000 voix. La domination des libéraux est définitivement
établie. Ils mettent fin à la « concentration nationale » et les conservateurs, qui avaient
boycotté les élections, sont brutalement écartés des postes officiels, à tous les niveaux.
Début des réformes libérales : la « Révolution en marche ».
Le ministre de la Guerre intervient personnellement dans une grève des employés des
bananeraies.
Après l’échec de l’UNIR aux élections, son fondateur Jorger Eliécer Gaitan retourne au Parti
libéral.
La SDN résout le conflit de territoires opposant la Colombie au Pérou.
1935
24 juin
Deux avions Ford Tri-Motor de la compagnie Servicio Aereo Columbiano entrent en collision
au-dessus de l’aéroport de Medellin : dix-sept personnes sont tuées, dont l'Argentin Carlos
Gardel, dit Carlito, le roi du tango, et le chanteur lyrique Alfredo Le Pera.
dans l’année
Elections législatives : l’UNIR (gauche) de Jorge Eliécer Gaitan rallie le Parti libéral.
Une réforme fiscale met fin à la quasi-exemption d’impôts dont les industriels avaient joui
jusqu’alors. L’impôt sur le revenu est sensiblement augmenté et devient un peu plus
progressif.
Le gouvernement cesse tout remboursement de sa dette extérieure.
Le gouvernement nomme une commission d’enquête sur les conditions de vie des ouvriers
de la Tropical Oil.
1936
1er mai
Cérémonies du 1er Mai où les leaders de la gauche apparaissent en public aux côtés du
président Lopez et lui apportent leur soutien.
en décembre
Le président Lopez annonce une « pause » dans les réformes.
dans l’année
Loi n° 200 sur la réforme agraire : pour la premièr e fois, elle égratigne le sacro-saint principe
de la propriété privée. L’Etat reconnaît aux colons établis sur des baldios la propriété des
terres qu’ils ont mis en culture. La loi protège les aparceros contre les propriétaires,
notamment en leur reconnaissant le droit de planter ce qu’ils souhaitent (c’est-à-dire du café)
sur leurs parcelles personnelles. Toutes les prestations en nature et en travail sont abolies.
Enfin, les hacenderos ont dix ans pour mettre en culture les terres non défrichées : après ce
délai, les terrains inexploités seront expropriés (cette dernière disposition va encourager
l’élevage extensif).
Réforme constitutionnelle : disparition des dernières restrictions au suffrage universel
masculin ; la liberté de conscience et de culte est garantie, et non plus seulement tolérée ;
les ecclésiastiques perdent leurs privilèges fiscaux et juridiques. La Constitution modifiée
garantit la liberté de l’enseignement, ainsi que le droit de grève, sauf pour les fonctionnaires.
L’Etat se voit reconnaître le droit d’intervenir dans l’économie : des propriétés privées
peuvent être aliénées pour des raisons d’ « intérêt social » et non plus seulement d’ « utilité
publique ».
Le libéral Jorge Eliécer Gaitan est élu maire de Bogota (il devra démissionner au bout de
quelques mois pour avoir voulu imposer le port d’un uniforme aux chauffeurs de taxis).
Congrès syndical de Medellin ; la centrale issue de ce Congrès est dominée par les libéraux.
Apparition de la première chaire d’architecture.
Créée en 1924, la Fédération colombienne de football est affiliée à la FIFA.
1937
Fin des réformes libérales.
Le gérant de la société américaine United Fruit est emprisonné pour infractions à la
législation sociale, ce qui provoque quelques tensions avec Washington.
Décès de l’ancien président libéral Enrique Olaya Herrera, cinquante-sept ans.
1938
10 février
Premier match international de football pour l’équipe colombienne : à Panama City, le
Mexique bat la Colombie trois buts à un.
24 juillet
Inauguration du terrain de Campo de Marte, près de Bogota : au cours d’une démonstration
d’acrobaties aériennes devant 50 000 personnes, un Curtiss-Wright Hawk de l’escadrille
militaire colombienne s’écrase sur les gradins des spectateurs : le pilote et de trente-trois à
cinquante et une personnes à terre sont tués (près de cent cinquante blessés).
dans l’année
Elections présidentielles : le libéral Eduardo Santos, cinquante ans, est élu sans concurrent,
les conservateurs persistant à boycotter les élections. Il succède à Alfonso Lopez Pumarejo.
La centrale syndicale colombienne prend le nom de CTC (Confédération es travailleurs de
Colombie), dominée par les libéraux.
Recensement : le pays compte 8 700 000 habitants ; 31 % de Citadins. Bogota compte 144
000 habitants. 41,2 % d’alphabétisation.
1940
en juin
Après fusion avec la petite compagnie Servicio Aereo Colombiano, la compagnie aérienne
germano-américano-colombienne SCADTA devient l’actuelle Avianca. Le gouvernement
colombien s’attribue 40 % du capital de la nouvelle compagnie ; une part équivalente
demeure aux mains de la Pan Am, déjà majoritaire dans le capital de la SCADTA depuis
1931.
1941
3 juillet
L’évêché d’Antioquia-Jerico reprend son ancien nom d’évêché d’Antioquia (dépendant de
Medellin).
1942
15 mars
Evêque de Garzón depuis 1924, Mgr José Ignacio Lopez Umaña, cinquante-huit ans, est
nommé coadjuteur de l’archevêque de Carthagène.
dans l’année
Le libéral Alfonso Lopez Pumarejo redevient président de la République, en succédant à
Eduardo Santos. Le nouveau président reprend les réformes interrompues en 1937.
La très arrogante United Fruit arrête sa production sur le sol colombien, lorsqu’une maladie,
la « sigatoka », commence à dévaster les bananeraies.
1943
13 novembre
Décès de l’archevêque de Carthagène Mgr Pietro-Adamo Brieschi. Agé de 83 ans, il était à
la tête de ce diocèse depuis 1898. Il est aussitôt remplacé par son coadjuteur, Mgr José
Ignacio Lopez Umaña, cinquante-neuf ans.
27 novembre
Un sous-marin allemand coule un navire colombien.
28 novembre
La Colombie déclare la guerre à l’Allemagne.
dans l’année
Le président Lopez Mumarejo doit laisser le pouvoir pour plusieurs mois à un président
intérimaire (encargado), le libéral Dario Echandia, quarante-six ans.
1944
en juillet
Le président Lopez est brièvement séquestré par une poignée de militaires rebelles à Pasto.
dans l’année
Le Parti communiste colombien change de nom (pour trois ans), abandonnant l’appellation
de « communiste » pour celle de « social-démocrate ».
Les industriels colombiens se regroupent dans la très dynamique ANDi, dont le siège est à
Medellin.
1945
7 février
A Santiago du Chili, l’équipe nationale de football d’Argentine bat la Colombie cinq buts à un.
en septembre
Le libéral Jorge Eliécer Gaitan réunit 40 000 partisans à Bogota.
5 novembre
La Colombie adhère à l’Organisation des Nations unies (ONU), créée quinze jours plus tôt.
27 décembre
Adoptées lors de la Conférence de Bretton Woods (22 juillet 1944), les articles du pacte
créant le Fonds monétaire international deviennent effectifs. Vingt-trois pays en sont les
premiers membres, dont la Colombie.
dans l’année
Alfonso Lopez Pumarejo jette l’éponge et n’est plus président de la République. Il laisse à un
nouvel encargado, Alberto Lleras Camargo, le soin de terminer son mandat et d’organiser
les élections de 1946.
Adoption d’un Code du travail : entre autres mesures inédites, il limite la durée du travail,
institue les congés payés, les retraites ouvrières, et protège les syndicats. Mais l’Etat se
révélera incapable d’appliquer cette législation.
Les commerçants colombiens forment la FENALCO.
1946
11 janvier
Les cendres de Porfirio Barba-Jacob rentrent en Colombie.
24 décembre
La Colombie adhère à la Banque mondiale, créée un an plus tôt.
dans l’année
Election présidentielles : grâce à la division des libéraux (l’appareil du parti soutient Gabriel
Turbay Abunadar contre le dissident Jorge Eliécer Gaitan), les conservateurs remportent le
scrutin et Mariano Ospina Pérez, cinquante-cinq ans, est élu président. Gaitan a obtenu 44
% des voix libérales et la majorité dans toutes les grandes villes, sauf à Medellin, fief des
conservateurs. Ospina, qui ne dispose de majorité au Parlement, forme un gouvernement
d’union nationale, où les conservateurs cohabitent difficilement avec les libéraux qui avaient
soutenu Turbay.
Sous la pression des hacenderos, le gouvernement revient sur la réforme agraire de 1936, la
modifiant dans un sens très restrictif.
Apparition de la première revue d’architecture, Proa.
1947
22 janvier
Se rendant de Bogota à Barrancabermeja, un Douglas DC-3 de la compagnie Avianca
s’écrase à Puesto Arauja : les quatre membres d’équipage et treize passagers sont tués.
15 février
Venant de Barranquilla, un Douglas DC-4 de la compagnie Avianca s’écrase sur le mont
Tabalazo, près de Bogota : cinquante-trois morts.
8 mars
Se rendant de Villavicencio à Bogota, un Douglas C-47-DL de la compagnie VIARCO
s’écrase dans la Cordillère avec quatre membres d’équipage et cinq passagers.
17 mars
Un Lockheed 18 Lodestar de la compagnie TACA s’écrase près de Medellin : huit morts.
27 mai
Le Colombien Albert Lleras Camargo succède au Mexicain Pedros de Alba comme directeur
général de l’Union pan-américaine (aujourd’hui Organisation des Etats américains).
en mai
Gaitan s’abstient de soutenir un appel à la grève générale lancé par ce qui restait de la CTC
(très affaiblie par les dissensions entre libéraux) et par certains de ses propres partisans.
31 octobre
La Colombie adhère à l’UNESCO, crée en novembre 1945.
3 novembre
Dans l’ouest du pays, création du département de Chocó, avec Quibdó pour chef-lieu.
dans l’année
L’ancien dissident Jorge Eliécer Gaitan devient le « chef unique » du Parti libéral.
Les libéraux remportent les élections municipales et législatives.
Le grand architecte Le Corbusier visite Bogota ; il laisse un projet de « plan régulateur » de
la ville.
1948
en février
Le libéral Jorge Eliécer Gaitan réunit 100 000 partisans à Bogota, lors d’une grande
« manifestation du silence » destinée à protester contre les violences des conservateurs : la
foule immense, vêtues de noir, portant des drapeaux noirs, défile pendant des heures, sans
bruit, sans un mot.
15 mars
Un avion Douglas DC-3 de l’Agencia Interamericana de Avidada s’écrase à Villa Pinzon :
quatorze morts sur quinze personnes à bord.
en mars
Pour protester contre la répression, les libéraux se retirent du gouvernement, mettant fin à
l’union nationale.
fin mars ou début avril
Ouverture de la neuvième Conférence internationale des Etats américains en Colombie, à
Bogota. Objectif : maintien de la paix et de la sécurité sur le continent américain, notamment
contre les mouvements communistes.
9 avril
Bogotazo (« Coup de Bogota ») : Jorge Eliecer Gaitan, soixante ans, leader de la gauche
libérale, est abattu en plein centre de Bogota, par un inconnu aux mobiles obscurs, car il est
lynché sur-le-champ. Le crime a eu lieu en public, pratiquement sous les yeux de la presse
internationale qui couvrait la conférence de Bogota. Dans les heures qui suivent l’assassinat,
la foule, prévenue et excitée par les radios, déferle sur le centre de Bogota, sans meneur et
sans organisation. La police, très gaitaniste, rallie la masse en révolte qui appelle au meurtre
des conservateurs. Deux des premiers immeubles à brûler sont le siège du Siglo, un journal
conservateur, et la maison du leader conservateur Gomez. Puis la foule s’attaque sans
discrimination à tous les symboles du pouvoir ; les ministères, la préfecture du
Cundinamarca (pourtant tenue par les gaitanistes), le Capitole… L’Eglise est une des cibles
favorites des émeutiers : l’archevêché et la nonciature apostolique sont incendiés ; la
cathédrale, certaines églises, les principaux couvents sont envahis, profanés, pillés.
Cependant, la prise du palais présidentiel, où le gouvernement s’est retranché, échoue faute
de coordination entre les attaquants : quelques troupes restées fidèles au régime suffisent à
faire refluer la foule. Les participants à la conférence panaméricaine se terrent dans les
grands hôtels. Dans la soirée, la révolte tourne au pillage généralisé : les magasins, les
marchés sont mis à sac et brûlés. Le vieux centre colonial de Bogota (autour de la septième
rue) disparaît en quelques heures. L’émeute a fait plus de 1 000 morts à Bogota. Le
Bogotazo connaît des répliques dans la plupart des villes de province : même révolte
aveugle, sans projet, sans plan, sans chefs.
9 ou 10 avril
Après un bref moment de panique, le président Ospina Pérez se ressaisit. Il refait l’union
nationale autour de lui (pour obtenir le ralliement des libéraux, il doit écarter Laureano
Gomez du gouvernement), tandis qu’on arrête à tout hasard l’ensemble des dirigeants du
Parti communiste.
10 avril
Poursuite des émeutes à Bogota.
11 avril
A Bogota, l’émeute est matée par les troupes venues du Boyaca. 3 000 morts sont à
déplorer en trois jours. Le président s’adresse à la nation, dans un discours expiatoire : il
évoque ce « jour de honte », de « barbarie », de « profanation et de lâcheté », où la
Colombie s’est « humiliée aux yeux du monde civilisé ». Il flétrit « les éléments frénétiques et
sauvages », « le vandalisme qui venait de réduire en cendres […] tout ce qui faisait la fierté
de la culture colombienne ». Symboliquement, le gouvernement interdit la chicha, la bière de
maïs traditionnelle des Indiens et des métis.
14 avril
Les dernières juntes insurgées du pays se rendent.
30 avril
Conférence panaméricaine de Bogota : naissance de l'Organisation des Etats américains
(OEA), à partir de l’ancienne Union pan-américaine. Elle regroupe vingt pays : Argentine,
Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, Etats-Unis, Guatemala, Haïti,
Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine,
Salvador, Uruguay, Venezuela. Directeur-général de l’Union panaméricaine depuis 1947, le
Colombien Albert Lleras Camargo devient secrétaire général de l’Organisation des Etats
américains.
en mai
Clôture de la neuvième Conférence internationale des Etats américains, à Bogota.
15 décembre
Se rendant de Bogota à Barranquilla, un Douglas C-47 de la compagnie LANSA s’écrase
peu après son décollage : trente morts.
fin d’année
L’agitation a complètement cessé dans la plupart des villes à cause de la féroce répression
qui avait frappé le gaitanisme et les autres mouvements populaires.
dans l’année
Début de la guerre civile (« La Violence ») : dans les villes, le Parti communiste et les
syndicats, très liés au Parti libéral, sont à peu près anéantis par la rébellion conservatrice.
Des jeunes gens sans emplois et des péons sont engagés par les conservateurs pour
passer à tabac les gaitanistes, puis les libéraux qui leur tombent sous la main, brûler leurs
maisons et saccager leur récolte. La police, épuré de ses éléments libéraux, reçoit du
gouvernement l’ordre officiel d’anéantir la « subversion ». Déjà courants avant 1948, les
assassinats deviennent quotidiens : des détenus sont fusillés sans jugement,
« disparaissent » ou sont abattus au cours de fausses évasions (la « loi des fuites ») ; le
Code Pénal colombien ne prévoit pas la peine de mort. Les familles sont massacrées au
grand complet. Des hameaux entiers sont anéantis. Les mutilations post-mortem sont
courantes et même codifiées. Acculés, les libéraux répliquent en s’attaquant aux forces de
l’ordre et en multipliant les massacres de conservateurs ; ils engagent leurs propres tueurs à
gage. L’Eglise appuie la répression, l’encourage et parfois la dirige (surtout les prêtres des
campagnes, conservateurs fanatiques). En réponse, les libéraux assassinent les prêtres,
profanent et incendient les églises. En parallèle, la criminalité civile augmente avec les
conflits politiques.
1949
3 janvier
L’opposant péruvien Victor Haya de la Torre, chef de l’APRA, est contraint de se réfugier à
l’ambassade de Colombie, à Lima.
5 février
Un Consolidated PBY-5A Catalina de la compagnie Avianca s’écrase lors de son
atterrissage à Buenaventura Bay : trois morts sur les quatorze personnes présentes à bord.
en mai
Les ministres libéraux quittent définitivement le gouvernement.
9 juin
Le vicariat apostolique des Llanos de San Martin devient le vicariat apostolique de
Villavicencio (aujourd’hui archevêché).
13 août
Se rendant à Ibague, un Douglas C-47 de la SAETA s’écrase peu après son décollage de
Bogota : trente-deux morts.
en septembre
Un député libéral est assassiné dans l’enceinte du Congrès, par une bande d’agitateurs
(turba) liée aux conservateurs extrémistes.
en novembre
Le président Ospina Pérez met fin aux activités du Congrès, où les libéraux étaient toujours
majoritaires, et qui menaçaient de le destituer ; il instaure l’état de siège. Sans illusions sur le
déroulement des élections prochaines, les libéraux, conduits par Alberto Lleras Camargo,
décident de boycotter l’ensemble de la vie politique officielle.
Le candidat conservateur Laureano Gomez Castro, soixante ans, le « Monstre », l’homme
de la croisade contre les libéraux, l’admirateur de Franco et de Salazar, est élu président de
la République, avec un an d’avance sur le calendrier électoral normal. Il entrera en fonction
qu’en 1950.