1900 11 avril Création de l`évêché de Manizales. 20 mai Création
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1900 11 avril Création de l`évêché de Manizales. 20 mai Création
1900 11 avril Création de l’évêché de Manizales. 20 mai Création de l’évêché d’Ibagué, qui dépend de Bogota. 20 juin Premier évêché de Colombie (fondé en 1534), Carthagène est érigé en archevêché ; même chose pour Popayán, évêché fondé en 1546. en juillet Coup d’Etat : le président Sanclemente est « écarté pour raisons de santé » par son viceprésident, José Manuel Marroquin, soixante-treize ans. 7 août José Manuel Marroquín prend le pouvoir. 1901 9 août Des troupes de l’armée colombienne envahissent le Venezuela. dans l’année Une armée libérale envahit Panama. 1902 24 février Créé en 1868, l’évêché de Medellin est érigé en archevêché. 28 juin Le Congrès américain a adopté la loi sur le canal de l’isthme qui autorise le président à négocier avec la France pour obtenir le droit de construire un canal à travers la Colombie. en novembre Le traité mettant fin la « guerre des 1 000 jours » est paraphé à bord d’un navire de guerre américain, le Wisconsin. Les libéraux, battus, renoncent à la lutte armée, en échange ils obtiennent une amnistie et leurs journaux peuvent recommencer à paraître. La guerre a fait 100 000 morts en trois ans. dans l’année Fondation de la revue La Gruta Simbolica. 1903 22 janvier Le traité Hay-Herran sur le canal de Panama, présenté aux sénateurs américains par le président Roosevelt, comporte les dispositions suivantes : contre le paiement de dix millions de dollars-or et un loyer annuel de 250 000 dollars, la Colombie cède aux Etats-Unis une bande de six miles de large. Les Etats-Unis exerceront désormais la souveraineté sur le canal, et il leur est octroyé une concession de cent ans renouvelable. Le canal ainsi que ses accès sont déclarés zone neutre. La Société du canal a l’autorisation de vendre ses concessions aux Etats-Unis, lesquels en contrepartie, s’engagent à apporter leur soutien à la Colombie en cas d’agression manifeste. Le Parlement colombien doit encore ratifier le traité. 14 mars Avec la ratification par les sénateurs américains de l’accord Hay-Herran concernant la zone du canal de Panama, une longue période d’incertitude prend fin. Il reste toutefois à savoir si la Colombie pourra se satisfaire de cet arrangement. Elle n’a pas encore ratifié cet accord [le Congrès de Bogota refusera de ratifier le traité]. 22 mars Une explosion volcanique près de Galera de Zamba provoque d’importantes destructions. 29 avril Ismael Perdomo Borrero, trente et un ans, est nommé évêque d’Ibagué. 23 juin Création de la « prélature territoriale des intendances orientales » (aujourd’hui archevêché de Villavicencio). 11 ou 12 août Le Sénat colombien a repoussé la ratification du traité Hay-Herran sur le canal de Panama, dont les travaux sont en panne depuis 1899. Les sénateurs américains ont ratifié le traité en mars dernier. 2 novembre Le président américain Roosevelt donne l’ordre au croiseur Nashville de jeter l’ancre devant le port de Colon (Panama), afin de protéger ostensiblement « le passage gratuit et sans entrave de l’isthme ». 3 novembre Suite au refus du gouvernement colombien de reconnaître le traité Hay-Pauncefote accordant aux Etats-Unis tous les droits sur la construction du canal, Panama, encouragé par les Etats-Unis, se révolte et proclame son indépendance vis-à-vis de la Colombie. Le mouvement est dirigé par Philippe Bunau Varilla à la tête d’officiers de la Compagnie du Canal. 6 novembre Les Etats-Unis reconnaissent le nouvel Etat de Panama et dissuadent l’armée colombienne de toute réaction en envoyant des marines. John Hay justifie cette mesure au nom de l’intérêt du canal pour le commerce mondial. dans l’année Dévaluation de 18 900 % du peso par rapport au dollar nord-américain. 1904 4 janvier Le président Roosevelt a déclaré au Congrès que les Etats-Unis ne sont pas à l’origine de la sécession du Panama avec la Colombie et que les insinuations malveillantes sur une hypothétique complicité ne reposent sur rien. Il suggère au Congrès de ratifier rapidement le traité de Panama. Pour Roosevelt, la question déterminante est maintenant de faire percer le canal. ? Le général conservateur Rafael Reyes, cinquante-cinq ans, un des vainqueurs de la guerre civile de 1895, est élu président pour succéder à José Manuel Marroquin, avec huit voix d’avance devant un autre candidat conservateur (pour un total de 1 976 grands électeurs). Proclamant que le développement économique doit passer avec les intérêts partisans, il appelle au gouvernement deux libéraux (sur un total de six ministres), Uribe Uribe et Herrera. 16 novembre La Colombie a ratifié le traité Hay-Bunau-Varilla, qui accorde aux Etats-Unis tous les droits sur la construction, la gestion et la protection du canal de Panama. Bogota touche une indemnité de dix millions de dollars et recevra une annuité de 250 000 dollars neuf ans après cette date. en décembre Le gouvernement se trouvant paralysé par les querelles entre conservateurs, le président Reyes suspend inconstitutionnellement les activités du Congrès. La plupart des libéraux appuient ce coup de force, car ils y voient une occasion de revenir aux affaires. 1905 en mars Le président Reyes convoque une Assemblée à sa botte, composée de trois représentants de chaque département (choisis par lui-même), et chargée en principe d’amender la Constitution de 1886. dans l’année La Banque Nationale, mise en liquidation en 1894, cède la place à une Banque centrale, qui fonctionne grâce à des capitaux privés. Création du département de Caldas, qui formait jusqu’alors une partie des états fédéraux d'Antioquia, Cauca et du Tolima. 1906 31 janvier Tremblement de terre (8,6 à l'échelle de Richter). dans l’année Une série de conspirations et un attentat manqué provoquent une vague de répression et d’arbitraire. 1907 Relèvement brutal de 70 % des tarifs douaniers. Les exportations de café, de tabac et de caoutchouc, ainsi que la production de coton, sont subventionnés durant quelques mois. Fondation d’une nouvelle Ecole militaire. 1908 16 mars Créé en 1903, la « prélature territoriale des intendances orientales » devient le vicariat apostolique des Llanos de San Martin (aujourd’hui archevêché de Villavicencio). dans l’année Décès de l’ancien président (1900-1904) José Manuel Marroquin, 81 ans. 1909 5 janvier Signature d’une convention par laquelle la Colombie reconnaît l’indépendance de Panama. ? Par un accord, les Etats-Unis consentent à indemniser la Colombie pour la perte de Panama en 1903, et la Colombie accorde aux bateaux américains le droit de « se réfugier » dans les ports colombiens en temps de Guerre. Mais la signature de ce premier traité, six ans à peine après « l’agression », fait scandale à Bogota. en mars Le président Reyes tombe pour avoir osé négocier avec les Etats-Unis. Désavoué par l’Assemblée qu’il avait lui-même forgée, le dictateur préfère démissionner plutôt que de provoquer une nouvelle guerre civile. dans l’année Formation d’un Parti républicain, censé rassembler les moins sectaires des conservateurs et des libéraux dans le but de promouvoir enfin une politique équilibrée. La Banque centrale perd le privilège d’émettre des billets (de toute façon, personne n’accepte plus la monnaie de papier). Dernière exécution d’un condamné à mort. Le premier syndicat officiellement autorisé naît à Sonson, près de Medellin ; le clergé local joue un rôle déterminant dans naissance. 1910 7 juin Création de l’évêché de Cali, qui dépend de Popayán. 25 juillet Création du département de Norte de Santander (capitale : Cúcuta). dans l’année Révision de la Constitution de 1886 : le mandat du président est ramené à quatre ans ; le président ne peut plus être réélu immédiatement. Le poste de vice-président, supprimé par Reyes, n’est pas rétabli : en cas d’empêchement, le président sera remplacé par un designado (ou encargado) élu par les députés ou les sénateurs. Abolition de la peine de mort. Une loi oblige la majorité à accorder à l’opposition (ou plus exactement au parti arrivé en second aux élections) un certain nombre de postes dans l’administration et les services publics, en proportion des voix qu’elle avait obtenues aux dernières élections. Désormais, même les enseignants ou les policiers, sont nommés selon des critères politiciens. Cette loi consacre définitivement le système bipartite libéraux-conservateurs. Interdiction définitive des émissions de billets à cours forcé. Bogota est reliée par chemin de fer au port de Girardot sur le Magdalena. 1911 Lancement à Bogota du quotidien libéral El Tiempo. 1912 1914 25 août La Colombie devient membre de l’Union internationale des télégraphes [aujourd’hui Union internationale des télécommunications], créée en 1866. dans l’année Les conservateurs remportent les élections et forment un gouvernement monopartisan. Les libéraux sont de nouveau exclus du gouvernement. Le président est désormais élu au suffrage universel. le système des grands électeurs n’est conservé que pour les élections des sénateurs. Négociation d’un nouveau traité entre les Etats-Unis et la Colombie (ratifiée en 1922). La Colombie se voit accordé une indemnité de vingt-cinq millions de dollars, dix fois la somme prévue par l’accord de 1909. Assassinat du leader libéral Rafael Uribe Uribe, cinquante-cinq ans. 1915 Le chemin de fer reliant Cali à Buenaventura, sur le Pacifique, est achevé. vers 1915 Résurgence de la dispute sur le caractère laïc de l’Etat. 1916 15 janvier Lancement à Bogota de l’hebdomadaire Cromos. de 1916 à 1917 Un jeune aventurier, Humberto Gomez, proclame brièvement l’indépendance de l’Arauca, à la frontière du Venezuela. 1917 5 février Créé en 1804, l’évêché d’Antioquia est rebaptisé évêché d’Antioquia-Jerico. 1918 de janvier à février Premières grèves notables en Colombie, dans les ports de la côte caraïbe. dans l’année Marco Fidel Suarez, soixante-trois ans, est élu président. Création de l’impôt sur le revenu. Une loi fait de la Vierge la patronne de la Colombie. 1919 5 décembre Fondation par cinq Colombiens et trois Allemands de la SCADTA (Société ColomboAllemande de Transports Aériens ; ancêtre de l’Avianca colombienne). dans l’année Reconnaissance du droit de grève, dans d’étroites limites. Naissance d’un premier Parti socialiste, qui se rapprochera très vite du Parti libéral. Une manifestation des tailleurs de Bogota est réprimée dans le sang. La première liaison aérienne commerciale du monde fonctionne par hydravion entre la côte atlantique et Girardot, un port sur la Magdalena et débouché du chemin de fer de Bogota). La SCADTA est l’auteur de cet exploit. 1920 10 janvier La Colombie est l’un des pays fondateurs de la Société des Nations. 1921 Démission du président Marco Fidel Suarez, le Parlement ayant refusé de ratifier le traité colombo-étasunien sur Panama. La Colombie reconnaît l'indépendance de Panama, contre le versement d'une indemnité de vingt-cinq millions de dollars. La Standard Oil remporte le marché pétrolier colombien face aux compagnies anglaises grâce à de fortes pressions exercées par le gouvernement nord-américain. La compagnie ouvre une petite raffinerie à Barracabermeja, sur le moyen Magdalena, par l’intermédiaire de sa filiale Tropical Oil. 1922 2 septembre Pionnier de l’aviation colombienne, Camilo Daza survole Cúcuta. dans l’année Elections présidentielles : le candidat libéral Benjamin Herrera arrive en tête dans tous les chefs-lieux de département, sauf trois. Les conservateurs, avec Pedro Nel Ospina, soixantequatre ans, se maintiennent au pouvoir grâce aux voies douteuses des ouvriers agricoles et des aparceros des campagnes. Ratification du traité américano-colombien de 1914. 1923 5 février Evêque d’Ibagué depuis 1903, Mgr Ismael Perdomo Borrero, 51 ans, est nommé coadjuteur de l’archevêque de Bogota. dans l’année Le gouvernement parvient à réorganiser durablement le système monétaire et financier. Une équipe d’économistes nord-américains, dirigée par le professeur Edwin W. Kemmerer, met en place une nouvelle banque centrale, la Banque de la République. C’est une banque à capitaux mixtes, relativement indépendante de l’Etat et donc protégée en principe des aléas politiques ; elle se consacre uniquement aux fonctions essentielles d’une banque centrale : contrôle des réserves, émission de la monnaie nationale, réescompte, prêts aux banques, contrôle du crédit et des changes. La mission Kemmerer crée aussi la Surintendance Bancaire, une institution chargée de contrôler le système financier, y compris la Banque de la République. Enfin, elle organise une Cour des comptes (Contraloria General de la Republica) chargée de contrôler les dépenses de l’Etat. Faillite de la banque Lopez, une maison paisa qui contrôlait la commercialisation de près de la moitié du café colombien. 1924 10 avril José Ignacio Lopez Umaña, quarante ans, est nommé évêque de Garzón. 8 juin Un avion Junkers F-13 de la compagnie SCADTA s’écrase à Barranquilla. Le pilote et les deux passagers sont tués. dans l’année Création d’un premier établissement de crédit agricole, le Banco Agricola Hipotecario. La Tropical Oil nord-américaine doit faire face à une grève longue et violente à Barrancamerja, organisée sous l’influence du militant socialiste Raul Mahecha. Elle se solde par des licenciements massifs. Le marxisme fait une timide apparition dans des cercles très réduits de Bogota, grâce semble-t-il à l’action d’un émigré russe du nom de Savitsky. Fondation de la Fédération colombienne de football. 1925 Congrès ouvrier dont le vice-président est le leader indigène Manuel Quintin Lame. de 1925 à 1926 Une série d’incendie détruit le centre de Manizales. 1926 Election présidentielle : Pedro Nel Ospina n’est plus président. Instruits par les expériences précédentes, les libéraux n’ont pas pris la peine de présenter un candidat. Reprise de l’inflation. Fixation définitive des frontières entre la Colombie et l’Equateur. Naissance d’un nouveau Parti Socialiste International. La Cour suprême provoque un beau scandale en exigeant un titre authentique de propriété au possesseur de toute terre en litige. Or beaucoup de grands propriétaires sont incapables de fournir de tels titres, tout simplement parce que les terres qu’ils défendaient étaient d’anciens baldios usurpés au XIXe siècle… 1927 18 novembre Le gouvernement colombien nationalise l’industrie pétrolière. dans l’année Le prix des produits alimentaires s’étant emballés, le gouvernement doit abaisser en catastrophe les droits de douane sur ces produits. La Tropical Oil nord-américaine doit faire face à une grève longue et violente à Barrancamerja, organisée sous l’influence du militant socialiste Raul Mahecha. Elle se solde par des licenciements massifs. Bogota se dote d’un Bureau d’urbanisme. Fondation de la fédération des caféiculteurs (Fedecafe). 1928 2 janvier Décès de l’archevêque de Bogota Bernardo Herrero Restrepo. Agé de 83 ans, il était à la tête du diocèse de la capitale colombienne depuis 1891. Il est aussitôt remplacé par son coadjuteur, Mgr Ismael Perdomo Borrero, cinquante-cinq ans. en novembre Une grève des travailleurs des bananeraies de la United Fruit se prolonge dans la région de Santa Marta. 6 décembre Après que le gouvernement ait proclamé l’état de siège et après plusieurs jours d’émeutes, l’armée tire sur la foule sur la place centrale de la petite ville de Ciénaga, puis se livre à une répression sans pitié dans toute la région de Santa Marta. Bilan : quarante morts (d’après les policiers) ou 1 500 (selon les organisateurs de la grève). La sanglante répression provoque une tempête de protestations, où s’illustre un jeune orateur libéral plein d’avenir, du nom de Jorge Eliécer Gaitan. fin d’année Les investissements étrangers en Colombie se tarissent brutalement, conséquence directe d’une série de mesures financières restrictives que le gouvernement des Etats-Unis vient de prendre pour tenter d’enrayer la spéculation boursière. dans l’année Toutes les organisations tenues pour « bolcheviques » sont interdites. 1929 en juin Le maire de Bogota et trois ministres doivent démissionner pour fraude électorale et concussion, après des émeutes étudiantes qui ont fait un mort. fin d’année Les cours du café s’effondrent. dans l’année Institution de cartes d’électeurs. 1930 Election présidentielle. Dans une ambiance devenue lourde du fait des premières atteintes de la grande crise économique, les conservateurs se divisent (entre autre parce que leurs chefs se disputent l’attribution de nouvelles concessions pétrolières) et présentent deux candidats : le clergé se divise aussi, et donne des consignes de vote contradictoires. Profitant de cette aubaine, les libéraux présentent un candidat, Enrique Olaya Herrera, cinquante ans, qui remporte la victoire (sans toutefois obtenir la majorité absolue). Le nouveau président met en place un cabinet bipartite de « concentration nationale ». Le Parti socialiste international, créé en 1926 mais très lié aux libéraux, s’efface et est remplacé par un Parti communiste colombien, plus orthodoxe. 1931 Abandon de l’étalon-or. La compagnie américaine Pan Am devient majoritaire dans la compagnie aérienne germanocolombienne SCADTA. 1932 7 juillet Erection de l’évêché de Barranquilla, qui dépend de l’archevêché de Carthagène. dans l’année Le gouvernement parvient à négocier un moratoire sur une partie de sa dette extérieure. Le problème de l’accès à l’Amazone provoque un bref conflit armé entre le Pérou et la Colombie : quelques escarmouches dans la région de Leticia qui font un mort du côté colombien. Déçu par la modération du président Olaya Herrera, le libéral Jorge Eliécer Gaitan fonde son propre parti, l’UNIR (Union nationale révolutionnaire de gauche). 1933 Création de la compagnie Servicio Aereo Colombiano. 1934 24 mai Protocole de Rio de Janeiro entre la Colombie, le Brésil et le Pérou réglant le litige concernant la ville de Leticia. C’est là que les frontières des trois pays se touchent en Amazonie. dans l’année Election présidentielle : le libéral Alfonso Lopez Pumarejo, quarante-huit ans, est élu. Les communistes recueillent moins de 2 000 voix. La domination des libéraux est définitivement établie. Ils mettent fin à la « concentration nationale » et les conservateurs, qui avaient boycotté les élections, sont brutalement écartés des postes officiels, à tous les niveaux. Début des réformes libérales : la « Révolution en marche ». Le ministre de la Guerre intervient personnellement dans une grève des employés des bananeraies. Après l’échec de l’UNIR aux élections, son fondateur Jorger Eliécer Gaitan retourne au Parti libéral. La SDN résout le conflit de territoires opposant la Colombie au Pérou. 1935 24 juin Deux avions Ford Tri-Motor de la compagnie Servicio Aereo Columbiano entrent en collision au-dessus de l’aéroport de Medellin : dix-sept personnes sont tuées, dont l'Argentin Carlos Gardel, dit Carlito, le roi du tango, et le chanteur lyrique Alfredo Le Pera. dans l’année Elections législatives : l’UNIR (gauche) de Jorge Eliécer Gaitan rallie le Parti libéral. Une réforme fiscale met fin à la quasi-exemption d’impôts dont les industriels avaient joui jusqu’alors. L’impôt sur le revenu est sensiblement augmenté et devient un peu plus progressif. Le gouvernement cesse tout remboursement de sa dette extérieure. Le gouvernement nomme une commission d’enquête sur les conditions de vie des ouvriers de la Tropical Oil. 1936 1er mai Cérémonies du 1er Mai où les leaders de la gauche apparaissent en public aux côtés du président Lopez et lui apportent leur soutien. en décembre Le président Lopez annonce une « pause » dans les réformes. dans l’année Loi n° 200 sur la réforme agraire : pour la premièr e fois, elle égratigne le sacro-saint principe de la propriété privée. L’Etat reconnaît aux colons établis sur des baldios la propriété des terres qu’ils ont mis en culture. La loi protège les aparceros contre les propriétaires, notamment en leur reconnaissant le droit de planter ce qu’ils souhaitent (c’est-à-dire du café) sur leurs parcelles personnelles. Toutes les prestations en nature et en travail sont abolies. Enfin, les hacenderos ont dix ans pour mettre en culture les terres non défrichées : après ce délai, les terrains inexploités seront expropriés (cette dernière disposition va encourager l’élevage extensif). Réforme constitutionnelle : disparition des dernières restrictions au suffrage universel masculin ; la liberté de conscience et de culte est garantie, et non plus seulement tolérée ; les ecclésiastiques perdent leurs privilèges fiscaux et juridiques. La Constitution modifiée garantit la liberté de l’enseignement, ainsi que le droit de grève, sauf pour les fonctionnaires. L’Etat se voit reconnaître le droit d’intervenir dans l’économie : des propriétés privées peuvent être aliénées pour des raisons d’ « intérêt social » et non plus seulement d’ « utilité publique ». Le libéral Jorge Eliécer Gaitan est élu maire de Bogota (il devra démissionner au bout de quelques mois pour avoir voulu imposer le port d’un uniforme aux chauffeurs de taxis). Congrès syndical de Medellin ; la centrale issue de ce Congrès est dominée par les libéraux. Apparition de la première chaire d’architecture. Créée en 1924, la Fédération colombienne de football est affiliée à la FIFA. 1937 Fin des réformes libérales. Le gérant de la société américaine United Fruit est emprisonné pour infractions à la législation sociale, ce qui provoque quelques tensions avec Washington. Décès de l’ancien président libéral Enrique Olaya Herrera, cinquante-sept ans. 1938 10 février Premier match international de football pour l’équipe colombienne : à Panama City, le Mexique bat la Colombie trois buts à un. 24 juillet Inauguration du terrain de Campo de Marte, près de Bogota : au cours d’une démonstration d’acrobaties aériennes devant 50 000 personnes, un Curtiss-Wright Hawk de l’escadrille militaire colombienne s’écrase sur les gradins des spectateurs : le pilote et de trente-trois à cinquante et une personnes à terre sont tués (près de cent cinquante blessés). dans l’année Elections présidentielles : le libéral Eduardo Santos, cinquante ans, est élu sans concurrent, les conservateurs persistant à boycotter les élections. Il succède à Alfonso Lopez Pumarejo. La centrale syndicale colombienne prend le nom de CTC (Confédération es travailleurs de Colombie), dominée par les libéraux. Recensement : le pays compte 8 700 000 habitants ; 31 % de Citadins. Bogota compte 144 000 habitants. 41,2 % d’alphabétisation. 1940 en juin Après fusion avec la petite compagnie Servicio Aereo Colombiano, la compagnie aérienne germano-américano-colombienne SCADTA devient l’actuelle Avianca. Le gouvernement colombien s’attribue 40 % du capital de la nouvelle compagnie ; une part équivalente demeure aux mains de la Pan Am, déjà majoritaire dans le capital de la SCADTA depuis 1931. 1941 3 juillet L’évêché d’Antioquia-Jerico reprend son ancien nom d’évêché d’Antioquia (dépendant de Medellin). 1942 15 mars Evêque de Garzón depuis 1924, Mgr José Ignacio Lopez Umaña, cinquante-huit ans, est nommé coadjuteur de l’archevêque de Carthagène. dans l’année Le libéral Alfonso Lopez Pumarejo redevient président de la République, en succédant à Eduardo Santos. Le nouveau président reprend les réformes interrompues en 1937. La très arrogante United Fruit arrête sa production sur le sol colombien, lorsqu’une maladie, la « sigatoka », commence à dévaster les bananeraies. 1943 13 novembre Décès de l’archevêque de Carthagène Mgr Pietro-Adamo Brieschi. Agé de 83 ans, il était à la tête de ce diocèse depuis 1898. Il est aussitôt remplacé par son coadjuteur, Mgr José Ignacio Lopez Umaña, cinquante-neuf ans. 27 novembre Un sous-marin allemand coule un navire colombien. 28 novembre La Colombie déclare la guerre à l’Allemagne. dans l’année Le président Lopez Mumarejo doit laisser le pouvoir pour plusieurs mois à un président intérimaire (encargado), le libéral Dario Echandia, quarante-six ans. 1944 en juillet Le président Lopez est brièvement séquestré par une poignée de militaires rebelles à Pasto. dans l’année Le Parti communiste colombien change de nom (pour trois ans), abandonnant l’appellation de « communiste » pour celle de « social-démocrate ». Les industriels colombiens se regroupent dans la très dynamique ANDi, dont le siège est à Medellin. 1945 7 février A Santiago du Chili, l’équipe nationale de football d’Argentine bat la Colombie cinq buts à un. en septembre Le libéral Jorge Eliécer Gaitan réunit 40 000 partisans à Bogota. 5 novembre La Colombie adhère à l’Organisation des Nations unies (ONU), créée quinze jours plus tôt. 27 décembre Adoptées lors de la Conférence de Bretton Woods (22 juillet 1944), les articles du pacte créant le Fonds monétaire international deviennent effectifs. Vingt-trois pays en sont les premiers membres, dont la Colombie. dans l’année Alfonso Lopez Pumarejo jette l’éponge et n’est plus président de la République. Il laisse à un nouvel encargado, Alberto Lleras Camargo, le soin de terminer son mandat et d’organiser les élections de 1946. Adoption d’un Code du travail : entre autres mesures inédites, il limite la durée du travail, institue les congés payés, les retraites ouvrières, et protège les syndicats. Mais l’Etat se révélera incapable d’appliquer cette législation. Les commerçants colombiens forment la FENALCO. 1946 11 janvier Les cendres de Porfirio Barba-Jacob rentrent en Colombie. 24 décembre La Colombie adhère à la Banque mondiale, créée un an plus tôt. dans l’année Election présidentielles : grâce à la division des libéraux (l’appareil du parti soutient Gabriel Turbay Abunadar contre le dissident Jorge Eliécer Gaitan), les conservateurs remportent le scrutin et Mariano Ospina Pérez, cinquante-cinq ans, est élu président. Gaitan a obtenu 44 % des voix libérales et la majorité dans toutes les grandes villes, sauf à Medellin, fief des conservateurs. Ospina, qui ne dispose de majorité au Parlement, forme un gouvernement d’union nationale, où les conservateurs cohabitent difficilement avec les libéraux qui avaient soutenu Turbay. Sous la pression des hacenderos, le gouvernement revient sur la réforme agraire de 1936, la modifiant dans un sens très restrictif. Apparition de la première revue d’architecture, Proa. 1947 22 janvier Se rendant de Bogota à Barrancabermeja, un Douglas DC-3 de la compagnie Avianca s’écrase à Puesto Arauja : les quatre membres d’équipage et treize passagers sont tués. 15 février Venant de Barranquilla, un Douglas DC-4 de la compagnie Avianca s’écrase sur le mont Tabalazo, près de Bogota : cinquante-trois morts. 8 mars Se rendant de Villavicencio à Bogota, un Douglas C-47-DL de la compagnie VIARCO s’écrase dans la Cordillère avec quatre membres d’équipage et cinq passagers. 17 mars Un Lockheed 18 Lodestar de la compagnie TACA s’écrase près de Medellin : huit morts. 27 mai Le Colombien Albert Lleras Camargo succède au Mexicain Pedros de Alba comme directeur général de l’Union pan-américaine (aujourd’hui Organisation des Etats américains). en mai Gaitan s’abstient de soutenir un appel à la grève générale lancé par ce qui restait de la CTC (très affaiblie par les dissensions entre libéraux) et par certains de ses propres partisans. 31 octobre La Colombie adhère à l’UNESCO, crée en novembre 1945. 3 novembre Dans l’ouest du pays, création du département de Chocó, avec Quibdó pour chef-lieu. dans l’année L’ancien dissident Jorge Eliécer Gaitan devient le « chef unique » du Parti libéral. Les libéraux remportent les élections municipales et législatives. Le grand architecte Le Corbusier visite Bogota ; il laisse un projet de « plan régulateur » de la ville. 1948 en février Le libéral Jorge Eliécer Gaitan réunit 100 000 partisans à Bogota, lors d’une grande « manifestation du silence » destinée à protester contre les violences des conservateurs : la foule immense, vêtues de noir, portant des drapeaux noirs, défile pendant des heures, sans bruit, sans un mot. 15 mars Un avion Douglas DC-3 de l’Agencia Interamericana de Avidada s’écrase à Villa Pinzon : quatorze morts sur quinze personnes à bord. en mars Pour protester contre la répression, les libéraux se retirent du gouvernement, mettant fin à l’union nationale. fin mars ou début avril Ouverture de la neuvième Conférence internationale des Etats américains en Colombie, à Bogota. Objectif : maintien de la paix et de la sécurité sur le continent américain, notamment contre les mouvements communistes. 9 avril Bogotazo (« Coup de Bogota ») : Jorge Eliecer Gaitan, soixante ans, leader de la gauche libérale, est abattu en plein centre de Bogota, par un inconnu aux mobiles obscurs, car il est lynché sur-le-champ. Le crime a eu lieu en public, pratiquement sous les yeux de la presse internationale qui couvrait la conférence de Bogota. Dans les heures qui suivent l’assassinat, la foule, prévenue et excitée par les radios, déferle sur le centre de Bogota, sans meneur et sans organisation. La police, très gaitaniste, rallie la masse en révolte qui appelle au meurtre des conservateurs. Deux des premiers immeubles à brûler sont le siège du Siglo, un journal conservateur, et la maison du leader conservateur Gomez. Puis la foule s’attaque sans discrimination à tous les symboles du pouvoir ; les ministères, la préfecture du Cundinamarca (pourtant tenue par les gaitanistes), le Capitole… L’Eglise est une des cibles favorites des émeutiers : l’archevêché et la nonciature apostolique sont incendiés ; la cathédrale, certaines églises, les principaux couvents sont envahis, profanés, pillés. Cependant, la prise du palais présidentiel, où le gouvernement s’est retranché, échoue faute de coordination entre les attaquants : quelques troupes restées fidèles au régime suffisent à faire refluer la foule. Les participants à la conférence panaméricaine se terrent dans les grands hôtels. Dans la soirée, la révolte tourne au pillage généralisé : les magasins, les marchés sont mis à sac et brûlés. Le vieux centre colonial de Bogota (autour de la septième rue) disparaît en quelques heures. L’émeute a fait plus de 1 000 morts à Bogota. Le Bogotazo connaît des répliques dans la plupart des villes de province : même révolte aveugle, sans projet, sans plan, sans chefs. 9 ou 10 avril Après un bref moment de panique, le président Ospina Pérez se ressaisit. Il refait l’union nationale autour de lui (pour obtenir le ralliement des libéraux, il doit écarter Laureano Gomez du gouvernement), tandis qu’on arrête à tout hasard l’ensemble des dirigeants du Parti communiste. 10 avril Poursuite des émeutes à Bogota. 11 avril A Bogota, l’émeute est matée par les troupes venues du Boyaca. 3 000 morts sont à déplorer en trois jours. Le président s’adresse à la nation, dans un discours expiatoire : il évoque ce « jour de honte », de « barbarie », de « profanation et de lâcheté », où la Colombie s’est « humiliée aux yeux du monde civilisé ». Il flétrit « les éléments frénétiques et sauvages », « le vandalisme qui venait de réduire en cendres […] tout ce qui faisait la fierté de la culture colombienne ». Symboliquement, le gouvernement interdit la chicha, la bière de maïs traditionnelle des Indiens et des métis. 14 avril Les dernières juntes insurgées du pays se rendent. 30 avril Conférence panaméricaine de Bogota : naissance de l'Organisation des Etats américains (OEA), à partir de l’ancienne Union pan-américaine. Elle regroupe vingt pays : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, Etats-Unis, Guatemala, Haïti, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Salvador, Uruguay, Venezuela. Directeur-général de l’Union panaméricaine depuis 1947, le Colombien Albert Lleras Camargo devient secrétaire général de l’Organisation des Etats américains. en mai Clôture de la neuvième Conférence internationale des Etats américains, à Bogota. 15 décembre Se rendant de Bogota à Barranquilla, un Douglas C-47 de la compagnie LANSA s’écrase peu après son décollage : trente morts. fin d’année L’agitation a complètement cessé dans la plupart des villes à cause de la féroce répression qui avait frappé le gaitanisme et les autres mouvements populaires. dans l’année Début de la guerre civile (« La Violence ») : dans les villes, le Parti communiste et les syndicats, très liés au Parti libéral, sont à peu près anéantis par la rébellion conservatrice. Des jeunes gens sans emplois et des péons sont engagés par les conservateurs pour passer à tabac les gaitanistes, puis les libéraux qui leur tombent sous la main, brûler leurs maisons et saccager leur récolte. La police, épuré de ses éléments libéraux, reçoit du gouvernement l’ordre officiel d’anéantir la « subversion ». Déjà courants avant 1948, les assassinats deviennent quotidiens : des détenus sont fusillés sans jugement, « disparaissent » ou sont abattus au cours de fausses évasions (la « loi des fuites ») ; le Code Pénal colombien ne prévoit pas la peine de mort. Les familles sont massacrées au grand complet. Des hameaux entiers sont anéantis. Les mutilations post-mortem sont courantes et même codifiées. Acculés, les libéraux répliquent en s’attaquant aux forces de l’ordre et en multipliant les massacres de conservateurs ; ils engagent leurs propres tueurs à gage. L’Eglise appuie la répression, l’encourage et parfois la dirige (surtout les prêtres des campagnes, conservateurs fanatiques). En réponse, les libéraux assassinent les prêtres, profanent et incendient les églises. En parallèle, la criminalité civile augmente avec les conflits politiques. 1949 3 janvier L’opposant péruvien Victor Haya de la Torre, chef de l’APRA, est contraint de se réfugier à l’ambassade de Colombie, à Lima. 5 février Un Consolidated PBY-5A Catalina de la compagnie Avianca s’écrase lors de son atterrissage à Buenaventura Bay : trois morts sur les quatorze personnes présentes à bord. en mai Les ministres libéraux quittent définitivement le gouvernement. 9 juin Le vicariat apostolique des Llanos de San Martin devient le vicariat apostolique de Villavicencio (aujourd’hui archevêché). 13 août Se rendant à Ibague, un Douglas C-47 de la SAETA s’écrase peu après son décollage de Bogota : trente-deux morts. en septembre Un député libéral est assassiné dans l’enceinte du Congrès, par une bande d’agitateurs (turba) liée aux conservateurs extrémistes. en novembre Le président Ospina Pérez met fin aux activités du Congrès, où les libéraux étaient toujours majoritaires, et qui menaçaient de le destituer ; il instaure l’état de siège. Sans illusions sur le déroulement des élections prochaines, les libéraux, conduits par Alberto Lleras Camargo, décident de boycotter l’ensemble de la vie politique officielle. Le candidat conservateur Laureano Gomez Castro, soixante ans, le « Monstre », l’homme de la croisade contre les libéraux, l’admirateur de Franco et de Salazar, est élu président de la République, avec un an d’avance sur le calendrier électoral normal. Il entrera en fonction qu’en 1950.