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Santé Cavalier - Questions de souffle_Layout 2 12/03/12 11:29 Page1 Par Daniel Koroloff © Fotolia.com D’autres sports que l’équitation sont-ils nécessaires à la performance physique du cavalier ? QUESTIONS DE SOUFFLE ! L’éternelle question du cavalier sportif ou non a la vie dure. Pourtant, deux récentes études* viennent démontrer que le manque de souffle chez un cavalier peut être un facteur limitant dans ses objectifs de performance. Si vous visez le haut niveau, travaillez donc votre capacité respiratoire! P résentées lors de la trente-huitième Journée de la recherche équine à l’initiative de l’IFCE, les études menées sur des cavaliers de saut d’obstacles et de dressage révèlent combien le souffle est important dans la pratique de l’équitation à un niveau autre que celui du simple loisir. En CSO, le parcours d’obstacles plus énergivore La consommation d’oxygène (VO2), la ventilation (VE) et la fréquence cardiaque (FC) ont été étudiées chez des cavaliers lors d’une session d’entraînement à l’obstacle. Ces cavaliers montent en moyenne sept heures par semaine, participent aux compétitions régionales et n’exercent aucune autre activité à haute demande énergétique. Chaque cavalier montait deux chevaux, l’un qu’il connaissait, Sans surprise, c’est sur un parcours que le cavalier d’obstacles est le plus limité par le souffle. © Scoopdyga SANTÉ CAVALIER Santé Cavalier - Questions de souffle_Layout 2 12/03/12 11:29 Page052 SANTÉ CAVALIER QUESTIONS DE SOUFFLE ! l’autre pas, de façon à devoir ajuster sa technique au cheval. Les paramètres ont été mesurés pendant l’échauffement au galop en suspension, lors de sauts au trot et au galop, sur un obstacle isolé. La session se terminait par un parcours de douze obstacles. Pendant cet entrainement, la VO2 des cavaliers atteignait en moyenne 2 litres par minute et la fréquence cardiaque 155 battements par minute (bpm) lors du galop en suspension et de l’obstacle au trot et au galop. En revanche, le parcours d’obstacles augmentait de façon significative la VO2 (2,4 litres par minute) et la fréquence cardiaque (176 bpm). Les données obtenues lors de cet entrainement correspondent, pour la parcours d’obstacles, à une moyenne de 75% de la VO2 max des cavaliers, 75% donc de leur capacité aérobie, et 92% de la FC max. Autant dire que pour progresser, le facteur « souffle » a son importance et peut être limitant. La pratique régulière de l’équitation est-elle suffisante ? Un entrainement physique parallèle est-il recommandé pour augmenter les capacités physiques des cavaliers de compétition ? L’efficacité dans la répétition © Scoopdyga Des études de 1973, depuis confirmées, ont montré qu’un exercice physique continu à 60-70% de VO2 max pendant trente minutes, réalisé plusieurs fois par semaine, augmentait la capacité aérobie. Lors d’un entrainement de saut d’obstacles, ces valeurs sont atteintes lors du galop et du parcours. Or, une séance d’entraînement ne se déroule pas exclusivement au galop ou sur un parcours : il semble ainsi nécessaire de pratiquer de nombreuses heures d’équitation pour obtenir un effet sur les capacités aérobies, qui peuvent être considérées comme un facteur de la performance pour les cavaliers de compétition. Un programme d’entraînement complémentaire en aérobie chez les cavaliers de haut niveau peut présenter un intérêt certain (sports d’endurance par exemple). TROIS QUESTIONS À DELIA BRÜGMANN, co-auteur de l’étude sur les dépenses énergétiques chez le cavalier de dressage Du côté du dressage En dressage pur, on remarque une augmentation des valeurs de VO2 et de FC du pas jusqu’au galop. Au pas, le cœur des cavaliers bat à une fréquence moyenne de 54% de sa fréquence maximale, 76% au trot, 80% au galop ; la moyenne de la VO2 au pas est de 31,2% de la VO2 max, 67% au trot et 73,2% au galop. En comparaison avec le saut d’obstacles, on remarque en dressage des intensités modérées pour des durées entre quarante et cinquante minutes de travail au trot et au galop, tandis qu’à l’obstacle, les contraintes peuvent être maximales lors d’une période courte pendant le saut. Ainsi, le dressage pur, et plus particulièrement le trot et le galop, contribue à l’activité physique recommandée si on veut améliorer sa condition physique, à condition bien sûr que l’exercice soit répété plusieurs fois par semaine (les actuelles recommandations françaises sont de six ou sept fois par semaine d’efforts modérés, qui correspondent à une moyenne comprise entre 55 et 69% de la FC max, en continu ou en fractionné). Pour les dresseurs amateurs, un volume d’entraînement d’au moins quatre séances par semaine peut avoir des bénéfices sur la santé, et même des effets d’entraînement concluants s’ils s’entraînent pendant au moins trente minutes au trot et au galop. L’équitation, donc, présente bel et bien des bénéfices pour la santé, à condition de s’y adonner avec rigueur. ■ Le dressage pur, et en particulier les sessions au galop, contribuent à améliorer sa capacité respiratoire. * Dépense énergétique des cavaliers de CSO. Par MF Jaunet et CY Guezennec. UFR SESS-STAPS, Créteil. Laboratoire Performance santé altitude, Domitia Font Romeu. Les dépenses énergétiques chez le cavalier de dressage. Par D. Brügmann, CY. Guezennec et H. Portier. Université d’Orléans, UFR Staps, Orléans. CNR, Marcoussis. GRAND PRIX : Le souffle semble dans votre étude absolument primordial. DELIA BRÜGMANN : Le facteur oxygène peut en effet être un peu limitant, même pour le dressage, ce qu’on imagine peu souvent. Mais nous pouvons améliorer cette consommation d’oxygène, par le dressage lui-même. Des expériences ont été menées sur des professionnels, qui montaient de nombreux chevaux tous les jours : ces cavaliers-là présentent un volume d’oxygène maximal très supérieur à celui des amateurs. L’endurance spécifique au dressage était bien entrainée par la pratique du dressage. G.P. : Des exercices à pied peuvent-ils être recommandés au cavalier ? D.B.: D’autres études se sont penchées sur la forme générale du cavalier. Nous avons élaboré quelques exercices complémentaires pour que le cavalier de dressage soit plus en forme. Parmi ces exercices, il y a au minimum un petit jogging, de vingt minutes, trois fois par semaine, ou encore la musculation isométrique (exercices d’équilibre et de gainage) et le stretching. Le petit jogging fait partie des recommandations officielles du ministère de la Santé français dans le cadre du programme « Manger bouger ». En Allemagne, le dressage et l’équitation sont officiellement reconnus depuis 2008 parmi les sports bénéfiques à la santé, au même titre que le petit jogging et la marche. A ce titre, les associations et clubs équestres allemands touchent une subvention de près de 80 euros par pratiquants. G.P. : Dans votre étude, vous différenciez clairement la forme physique générale de monsieur tout le monde et la performance du sportif de bon niveau. Pourquoi ? D.B. : Pour les améliorations de la performance, il faut d’autres stimuli que la pratique seule du dressage. En revanche, pour la forme générale, trois séances par semaine de dressage pur et sportif sont déjà très intéressantes. Ces trois séances, qui doivent être longues et répétées, permettent aussi, c’est une évidence, d’améliorer sa façon de monter. La science rejoint ici le sport : une forme entretenue permet d’envisager, occasionnellement, des séances d’une heure et demie plutôt que des sessions de trois quarts d’heure. Il faut également garder à l’esprit que la préparation du cheval, avant le travail, contribue à cette bonne forme : le pansage actif, avec les exercices dans les bras, le dos, les flexions pour poser les guêtres, etc., fait déjà partie de l’entraînement.