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ÉVÈNEMENT Pr. Tahar Rayane*, à Santé Mag: "La contamination par le virus de l’hépatite se fait, surtout, par manu-portage, lors des soins" Interview réalisée par Chahra Ramzy Santé mag: L’hépatite C continue d’être à l’origine de la grande majorité des hépatites aiguës, ou chroniques, chez les polytransfusés et les hémodialysés. A quoi sont dues ces contaminations ? Pr. T. Rayane: Le VHC est l’agent étiologique principal des hépatites aigues, ou chroniques, chez les patients hémodialysés. Ainsi, d’après les recommandations des KDIGO, l’infection à VHC doit être recherchée chez les patients atteints de maladie rénale chronique, de stade 5 (IRC terminale), les patients traités par hémodialyse, les receveurs de dérivés de produits sanguins et les greffés d’organe. Chez les patients hémodialysés, la contamination est, essentiellement, nosocomiale, comme cela a été démontré dans plusieurs études épidémiologiques. La cause la plus vraisemblable de la transmission du VHC, chez des patients traités dans la même unité de dialyse, est une contamination croisée (surface, matériels, gants…) entre pa18 Santé-MAG N°26 - Janvier 2014 tients. Ceci est dû au non-respect des normes d’hygiène, par le personnel soignant. C’est ce que nous avons constaté, au cours d’une enquête nationale, effectuée en 2006, sous l’égide du ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière. La transmission, par le générateur de dialyse, est exceptionnelle. Elle est due, dans ce cas, au non- respect des procédures de stérilisation entre deux branchements, et parfois, au reflux de sang dans le capteur de pression veineuse. Y a-t-il une cause unique spécifique, ou plusieurs facteurs, favorisant la transmission de patient à patient ? Il n’y a pas une seule cause spécifique, favorisant la transmission de patient à patient. Le non-respect des mesures d’hygiène semble être la cause principale. D’autres modes de contamination sont possibles, comme les contacts directs entre les patients, ou par une transfusion sanguine, provenant d’un donneur infecté (situation exception- nelle, actuellement). Le circuit interne du générateur de dialyse est, très rarement, en cause; sauf en cas de rupture de la membrane de dialyse, avec contamination du dialysat et absence de stérilisation du générateur. Il faut souligner que les particules du VHC, ne traversent pas la membrane du filtre de dialyse. La contamination, par le virus de l’hépatite, se fait, surtout, par manu-portage, lors des soins et exceptionnellement, par l’intermédiaire de la machine de dialyse. Et c’est pour toutes ces raisons qu’il faudrait insister sur l’application des précautions universelles d’hygiène et le respect des recommandations, rapportées dans l’instruction ministérielle numéro 573 du 13-12-2000 (Recommandations de protocoles d’hygiène hospitalière, pour la prévention des maladies virales, dans les centres d’hémodialyse). L’histoire naturelle de l’infection, par le virus de l’hépatite C, chez l’hémodialysé chronique, est caractérisée par une ÉVÈNEMENT évolution silencieuse. Cette maladie, en Algérie, est-elle détectée à temps, dans les centres d’hémodialyse? L’histoire naturelle de l’hépatite virale C, chez l’hémodialysé est, en effet, très silencieuse. Le taux des transaminases est, généralement, bas, chez les patients insuffisants rénaux chroniques et leur augmentation peut passer inaperçue, sans symptomatologie spécifique, chez les hémodialysés. Comme l’asthénie est un symptôme fréquent, chez ces patients, l’ictère est, généralement, absent et la découverte de la contamination est, souvent, révélée, grâce à une sérologie systématique, qui objective la présence d’anticorps anti-VHC. La recherche des anticorps anti-VHC doit être effectués chez tout patient, qui débute ses séances d’hémodialyse, grâce aux tests indirects (tests immuno-enzymatiques de 3ème génération) complétée, si possible, par un test direct, mettant en évidence l’ARN-VHC. La recherche des AC anti-VHC doit être renouvelée tous les 6 mois, pour l’ensemble des patients dialysés. Que faut-il faire, pour améliorer les conditions d’hygiène, dans les centres et services d’hémodialyse et limiter les risques de contamination ? Pour limiter les risques de contamination, par le virus de l’Hépatite C, il faudrait respecter les recommandations édictées par la fondation KDIGO (Kidney Disease Improving Global Outcomes), concernant la prévention, le diagnostic, l’évaluation et le traitement de l’hépatite virale C. Ainsi, les patients, en hémodialyse chronique, doivent être testés, pour le VHC, à l’initiation de l’hémodialyse, ou lors du transfert vers une autre unité d’hémodialyse. Pour le suivi, il est conseillé de tester à nouveau, tous les 6 à 12 mois, par un test immuno-enzymatique, les patients qui sont négatifs pour le VHC et par un test moléculaire, pour le VHC, chez les patients hémodialysés, qui ont une élévation, inexpliquée, des transaminases plasmatiques. En cas d’apparition d’un nouveau cas, dans une unité de dialyse, tous les patients, qui pourraient avoir été exposés au VHC, doivent être soumis à un test moléculaire. Un deuxième test moléculaire est suggéré, 2 à 12 semaines après un premier test négatif. Le Comité médical national de néphrologie et le Comité national de lutte contre les infections nosocomiales ont rédigé des recommandations natio- nales, qui ont été adressées à tous les directeurs des structures de santé, pour prévenir les infections nosocomiales, dans les centres d’hémodialyse (arrêté ministériel numéro 573 du 13-12-2000): Les mesures universelles de stérilité et d’hygiène doivent être respectées; Les malades doivent être vaccinés, contre l’hépatite B, avant leur prise en charge par dialyse; Tous les malades en dialyse doivent être vaccinés, contre l’hépatite B, avec des rappels tous les 5 ans; Les sérologies de l’hépatite B, C et HIV doivent être faites tous les 6 mois; Idéalement, les malades HBS positifs et HCV (+) doivent être dialysés séparément, avec un personnel spécifique; Il n’est pas nécessaire de réserver des générateurs spécifiques, pour l’hépatite C, mais la désinfection doit être rigoureuse; Les mêmes précautions que pour l’hépatite C, doivent être appliquées aux malades HIV (+); Le personnel doit être vacciné contre l’hépatite B; Les cathéters centraux doivent être désinfectés, avant et après branchement, par de la Bétadine 2%. I. Recommandations pour la prévention des risques d’accident exposant au sang (AES): Précautions standards: Prévention des AES et protection du personnel; Vaccination obligatoire contre l’hépatite B et vérification de l’immunisation des personnels; Formation des professionnels aux précautions standard; Utilisation de conteneur pour objets piquants, coupants tranchants (OPCT) de volume adapté, imperméables, imperforables pour éliminer les circuits de circulation extracorporelle (CEC), conforme aux exigences, à proximité du soin; Gants adaptés à chaque tâche et de taille adaptée. Les gants doivent être changés entre deux patients, et entre deux activités; Protections oculaires (masques à visière); Port de sur-blouse II. Recommandations pour la prise en charge de patients infectés: Patients porteurs du VHB ou du VHC ou du VIH: Respect des précautions standard et des règles de nettoyage et désinfection des générateurs; Protection des patients susceptibles Pas de machine, séance ou personnels dédiés; III. Recommandations pour la désinfection des générateurs: Il est nécessaire de procéder à une désinfection du générateur; entre chaque malade; Le choix des produits est guidé par les instructions du fabricant du générateur, par les résultats de la surveillance bactériologique, et par l’organisation du centre de dialyse; Il est recommandé de réaliser un détartrage, selon les indications du fabricant; En cas de générateur non utilisé pendant plusieurs jours, le protocole doit préciser la nature du liquide à laisser dans le circuit; sachant que le produit désinfectant est la meilleure solution. IV. Désinfection: a/ Désinfection chimique: il est indispensable de suivre les indications du fabricant; pour les produits et méthodes utilisées. Les produits désinfectant doivent être utilisés dans des conditions permettant une action bactéricide, fongicide et idéalement virucide. b/ Désinfection thermique: désinfection par la chaleur (90°C; ou 130°C; pendant 25 minutes). c/ Rinçage: après une désinfection chimique, le rinçage s’effectue à l’eau osmosée et doit éliminer toute trace de désinfectant. Le protocole de désinfection doit préciser les consignes de sécurité à respecter, pour la manipulation des produits désinfectant. Il doit préciser, également, les méthodes de nettoyage et de désinfection de l’environnement proche des patients (surface et tableau de commande du générateur, tablettes, tables, montants des lits ou fauteuils), entre deux séances de dialyse et en cas de souillures, par du sang, ou liquides biologiques. V. Les recommandations d’hygiène et de prévention des maladies virales doivent être conformes à l’instruction ministérielle n°573 du 13/12/2000: Protocole d’hygiène hospitalière, pour la prévention des maladies virales, dans les centres d’hémodialyse * Professeur Tahar Rayane, - Professeur des Universités, - Chef de Projet de l’Institut Algérien du Rein et des Greffes d’Organes. N°26 - Janvier 2014 Santé-MAG 19