décryptage Le métier de barbier reprend du poil de la bête
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décryptage Le métier de barbier reprend du poil de la bête
Date : 18 SEPT 16 Journaliste : Sylvaine Hausseguy Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 20540 Page 1/2 décryptage Le métier de barbier reprend du poil de la bête Savamment sculptée, heureusement plus fournie que fleurie chez les Hipsters, la barbe est de retour depuis des années déjà. Et avec elle... les barbiers. S igne de maturité et de sagesse jusqu'au début du siècle dernier, la barbe longue a, peu à peu, laissé la place à la moustache. Fine à la ville ou plus fournie à la campagne, elle aussi a disparu après le second conflit mondial. Un sursaut pendant les années hippies et s'en fut fini, terminé de la pilosité sur le visage... Après trente ans de rasage à blanc, c'est au beau George (Clooney) qu'on doit son retour à l'aulne du troisième millénaire. Une barbe de trois à cinq jours savamment sculptée, pour affirmer un style « décontracté soigné ». Emboîtant le pas du beau gars, nombreux sont ceux qui ont adopté la barbe « chic » et l'ont gardée, version barbe courte, surtout les quadras et les quinquas, pour le look mais pas que. Certains en ont ras le bol du rasage quotidien ou encore ont une peau fragile. Mais le poil n'est pas l'apanage des classes Tous droits réservés à l'éditeur Sébastien, 25 ans, rêvait depuis son adolescence d'avoir la barbe. Depuis le 1er janvier, il a cessé de se raser. Depuis, il arbore son second visage explique-t-il qu'il confie à Nicolas Chauveau. Photo : Patrick Lavaud. BARBIERE 5341509400508 Date : 18 SEPT 16 Journaliste : Sylvaine Hausseguy Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 20540 Page 2/2 60 et 70, les jeunes s'y sont mis aussi et... à fond. Entretenir sa barbe, un véritable soin Les moins de trente ans plébiscitent la Hipster, une barbe longue et fourme, marque de fabrique du courant du même nom débarqué d'Outre-Atlantique, il y a plus de cinq ans. Mais ce qui est pour certains un accessoire de mode se doit d'être parfaitement entretenu. Entre colliers, poils sculptes, courts ou longs, à peigner, à brusher (et oui, le brushing ça existe aussi pour la barbe), les barbiers ont repris du service ou plutôt pi is. Cal avec la dispantion de la barbe, de la moustache, l'avènement du rasoir mécanique puis du jetable, Ic métier avait disparu Depuis le début de la décennie, c'est d'abord à Paris qu'il fut, à nouveau, enseigne et développé. Dans la Vienne, les coiffeurs l'ont redécouvert un peu plus tard, offrant un nouveau service à leur clientèle masculine. C'est le cas chez Différence, un salon poitevin. Nicolas Chauveau, 28 ans, est coiffeur maîs aussi barbier. Ce métier dans le métier représente actuellement 30 % de son activité. C'est à sa demande qu'il s'est formé a Paris, il y a trois ans. Eric Soulard, directeur du salon, l'a encouragé. « On s'est lancé dans l'aventure sans véritablement savoir où on allait. On ne savait pas si on allait raser à blanc ou tailler des barbes. Actuellement, je pense que nous sommes à un pic mais c'est très difficile d'évaluer la future demande. » Depuis 2014, dans un espace dédié il joue donc du coupe-choux à lames évidemment chan- geables, répondant à la demande d'une clientèle souvent à la recherche d'un nouveau look. Le jeune homme ainsi qu'une de ces collègues proposent différents p r o t o c o l e s à leurs 150 clients qui fréquentent le salon chaque mois. « Le barbier ne se contente pas de raser ou de tailler, il fait un véritable soin, utilisant serviettes chaudes, pierre d'alun pour stopper le feu du rasoir, talc, crème hydratante, huile afin d'adoucir le poil et même teinture a barbe pour estomper un reflet.. » Sylvame Hausseguy Audrey Taveau, barbière et coiffeuse C'est hier samedi qu'Audrey Taveau, 30 ans, a accueilli seb premiers clients au « Fauteuil 54 », un barber shop et salon de coiffure pour hommes, situé 23, avenue Jacques-Cœur à Poitiers. La jeune femme est barbière et coiffeuse, dans cet ordre-là. « Après avoir obtenu mon CAP et mes deux brevets professionnels, je suis partie à Londres où j'ai suivi une formation de barbier. Je voulais travailler sur des bateaux de croisiere. » ht c'est ce qu'elle a fait pendant deux ans à bord de navires de la Royal Carribean Cruises. Un accident de voi- Tous droits réservés à l'éditeur ture la contraint à renoncer pour un temps seulement à ses deux métiers. « Je suis devenue commercial chez un grossiste en produits de beauté. Je travaillais sur cinq départements. Et c'est parce que la route me pesait et aussi parce que mes clients me demandaient souvent des produits pour les barbes : preuve qu'il existait une forte demande donc un marché que j'ai développé mon projet. » Avant de se lancer, Audrey Taveau décide de se perfectionner auprès de l'équipe de la Darbière de Paris, une réfé- rence dans la profession. Aujourd'hui dans un univers chic et sobre, élégamment inspire d'un loft new-yorkais, la jeune femme compte réussir son pari. Elle sait que l'activité de barbier ne suffira pas à la faire vivre. « A Pans, c'est très développé, en province beaucoup moins mais en ouvrant un salon de coiffure exclusivement dédié aux hommes et en comblant ainsi un vide, j'espère y parvenir. La clientèle sera peutêtre curieuse de découvrir ce service. » Audrey Taveau. S. H. BARBIERE 5341509400508