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Transcription

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BIOGRAPHIE
«Le Jeu des 7 Erreurs»
Ecrit par Gilles VERLANT
Ceci n’est pas un communiqué de presse. C’est une déclaration d’amour. Ou de coup de foudre, appelez ça comme vous voudrez.
D’Élodie Frégé, je ne connaissais que la rumeur. Je savais vaguement qu’elle avait remporté un télé-crochet, l’une de ces émissions
que je ne regarde jamais, que je n’ai jamais regardée, d’abord parce que je n’ai pas que ça à faire, ensuite parce que je préserve ma
réputation de fan de rock (et le snobisme qui va avec). Il paraît même qu’Élodie aurait remporté un machin appelé World Best, un
super-télé-crochet international. So what ? Je sais bien ce qui leur plaît : une jolie voix, puissante de préférence, un joli visage, de la
variété au mètre, des arrangements formatés, des paroles tellement creuses qu’elle ferait passer un carnet de poésie de CM1 pour
du Rimbaud. On consomme, on jette, on passe à autre chose.
Bon, d’accord, j’avais jeté une oreille sur son premier album. À cause des photos. Pas celles de la pochette, trop fades, qui la
montraient façon blondasse-rêveuse-au-regard-plein-d’espoir (décidément, je déteste les champions du marketing, ceux qui veulent
à tout prix faire entrer une personnalité dans le moule d’un cliché, aussi éculé soit-il). Plutôt les photos aperçues dans la presse, qui
la montraient rieuse, pimpante, coquine. J’avais aussi été intrigué par la chanson Je te dis non, signée par l’interprète, et par son clip
réalisé par Catherine Breillat. Que la réalisatrice de Romance et d’Anatomie de l’enfer se soit mise au service de cette jeune femme
ne manquait pas de surprendre.
J’avais aussi été sensible à sa voix. Avec le regret de la voir desservie par une production sans relief et des chansons calibrées,
mais aussi avec l’intuition qu’elle pouvait se risquer à chanter des choses plus audacieuses. Pour les accents soul perçus ça et là,
je l’imaginais adaptant Joss Stone ; pour les acrobaties, j’avais pensé à Joni Mitchell – pourquoi ne lui avait-on pas proposé de
reprendre Help Me, de l’album Court And Spark, ce titre où Joni appelle à l’aide parce qu’elle tombe amoureuse ?
Heureusement, ce premier album ne s’est pas vendu à un million d’exemplaires. Heureusement, parce que l’artiste aurait été piégée.
D’y penser, elle cauchemarde : le public et la maison de disques auraient exigé qu’elle refasse le même. Élodie aurait été malheureuse
et frustrée. Elle a d’autres choses à dire, d’autres univers à explorer ; il suffisait d’un déclic pour que ses envies se concrétisent.
Celui-ci eut lieu au gré d’une rencontre, lors d’un concert de Florent Marchet. Sur scène, l’auteur du sensationnel Gargilesse avait
été rejoint ce soir-là par Benjamin Biolay, dont Élodie avait aimé le non moins fameux Rose Kennedy. N’écoutant que son culot,
elle l’aborda, pour se rassurer. Eh oui : pas très sûre d’elle, la belle Élodie : c’est ce manque de confiance en elle, cette profonde et
émouvante fragilité qui l’avait poussée, autrefois, encouragée par ses proches, à se lancer le défi de participer au télé-crochet que
l’on sait, qui la motive et la fait avancer : elle voulait seulement lui faire écouter ses compositions. Il a suffi d’une chanson, Je sais
jamais, pour le convaincre. Lui aussi a été séduit par la voix, qui lui a rappelé Carly Simon... et Joni Mitchell.
Et voici comment le plus gainsbourien de nos auteurs-compositeurs a décidé de se lancer dans les arrangements et la production du
deuxième album, judicieusement intitulé Le Jeu des 7 erreurs ; nous avons en effet quelques idées reçues à corriger avant d’aborder
les quatorze chansons qu’il contient. D’abord, il s’agit d’oublier d’où elle vient. Elle cachait bien son jeu, comme elle dissimule son
visage, sous sa crinière blonde, sur la pochette de La Ceinture, premier extrait envoyé aux médias. Élodie est une chanteuse folk,
profondément mélancolique, qui aurait voulu connaître la magie des sixties, d’où la photo d’inspiration Françoise Hardy qui illustre
son nouvel album. Lorsqu’elle compose, elle ne peut se défaire – c’est sa richesse – des années de guitare classique qui ont forgé
son style : qui d’autre, en France ou ailleurs, peut revendiquer l’influence du guitariste argentin Jorge Cardoso ?
Lorsque Élodie écrit, elle se cache derrière des mystères, profonds comme les lagons fantasmes évoqués dans Les Rideaux : ses
paupières dont coulent les larmes du désespoir amoureux. Ces énigmatiques nuits de journée (Je sais jamais), oblique référence à
cet homme qu’elle ne pouvait voir, en se cachant, qu’à la nuit tombée... Son cœur a trinqué, mais elle s’amuse, dans ses propres
textes, à citer des classiques du répertoire : dans Fous de rien, elle dit combien elle hait les dimanches ; dans Douce vie, elle évoque
la douce transe / cher pays de mes errances – autant de références / clins d’œil qui montrent combien Élodie s’inscrit dans une vraie
histoire, une belle tradition.
Benjamin Biolay a trouvé son Élodie Nelson : avant de lui écrire six des chansons de ce Jeu des 7 erreurs, il l’a confessée, au
point de la connaître par cœur. Il s’est mis au service de ses blessures : la jeune femme, dont la beauté et la féminité renversantes
laisseraient imaginer une vie amoureuse comblée et passionnée, a connu trop de déboires. Naturellement attirée par les bad boys,
elle a eu sa dose de déceptions et de mauvais coups. Fleur bleue, mais lucide ; glamour et perdue à la fois... D’où sa recherche
du Prince Charmant, celui qui n’est Pas là souvent... D’où cette Ceinture au-dessus de laquelle rien ne dure... D’où sa peur de
l’amour, exprimée par les mots de Jacques Lanzmann dans La Fidélité, vertu à laquelle elle ne croit pas encore... D’où cette reprise
inattendue du Velours des vierges, écrit par Gainsbourg, créé par Jane Birkin en 1978, dont Élodie s’approprie le bouleversant et
cinglant désarroi, face à la cruauté des hommes, prêts à tout pour avilir l’innocence. D’où ce duo qui donne son titre à l’album et
qui ne manquera pas de rappeler Bonnie And Clyde : Tu n’es qu’un animal, rien qu’un homme, balance la chanteuse navrée par
la prévisibilité des mâles qui lui font du mal. D’où, encore, les orchestrations sublimes : Benjamin s’est surpassé. Parce qu’Élodie le
mérite. Une artiste est née. Loin du marketing, il est ici question d’élégance, de subtilité, de pure émotion. D’une fille qui, au bord
du précipice, n’hésite pas à sauter, parce qu’elle devine qu’au lieu de tomber, elle va s’envoler.
Je vous avais prévenus : une déclaration d’amour. Le coup de foudre est total. Vous aussi, vous succomberez.
PRESSE
Les membres de l’académie de l’UNAC
(Union Nationale des Auteurs Compositeurs)
ont attribué le Grand Prix de l’UNAC 2007 à Élodie FRÉGÉ & Benjamin BIOLAY
pour l’œuvre
«La Ceinture»
PRESSE
PRESSE
PRESSE
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LE NOUVEL OBSERVATEUR
Article du 28/04/2007 auteur : Jean-Claude Perrier
Elodie Frégé
Concert. “Trabendo Session”
De belles chansons, à l’aise sur scène. Une révélation.
La « Star Ac », c’est bien connu, mène à tout, à condition d’en sortir. Et surtout d’avoir du talent. Cela
dit, c’est navrant qu’une Elodie Frégé, qui a étudié la musique, la danse et le chant, qui a la tête aussi
bien faite que bien pleine, ait dû passer par cette sinistre épreuve pour intéresser le petit monde affolé
des maisons de disques, qui n’ont d’yeux que pour le Top Ten et la rentabilité immédiate. Passons.
Or Elodie Frégé, elle, auteur-compositeur-interprète, est en train, à 25 ans, de se construire
une carrière. Son deuxième album, « le Jeu des 7 erreurs », coécrit avec Benjamin Biolay
(il y a pire !), renferme un certain nombre de petits bijoux : comme « la Ceinture »,
« le Jeu des 7 erreurs », si gainsbourien(« Tu n’es qu’un animal / Tu n’es rien qu’un
homme »),« Si je reste (un peu) », ou encore une reprise du « Velours des vierges », poème
symboliste délirant et œuvre peu connue d’un certain Serge Gainsbourg, justement.
De belles et fortes chansons qui animent la caverne du Trabendo, où Elodie en sous-sol, qui a la
grâce, les interprète avec intelligence et sensibilité, servie par des musiciens de qualité, dont un
ensemble à cordes. Ça nous change. Et, cerise sur le gâteau, BB lui-même rejoint notre amie en
guest-star sur deux titres.« Quel que soit le garçon / Je l’aime à ma façon »,chante-t-elle. On la
comprend. Cette fille-là, elle est terrible, elle ira loin.