Taliesin 3 - Orchestre symphonique de Bretagne

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Taliesin 3 - Orchestre symphonique de Bretagne
Eireann go brach !
Quand musiques traditionnelles et musiques classiques se rencontrent.
« Quel est le point commun entre ces compositeurs ? » s’interroge le chef
d’orchestre Derek Gleeson. « Ce serait assurément le fait qu’ils soient imprégnés de
la culture irlandaise et que leur écriture soit clairement identifiée comme Celte.
L’harmonie des pièces que nous entendons repose sur les bases du romantisme
tardif hérité de la fin du XIXe siècle. Pour autant, les langages de ces musiciens se
révèlent souvent plus modernes qu’on ne le croit, d’une modernité qui n’a toutefois
jamais renoncé aux influences traditionnelles des ensembles et groupes musicaux
de la nation irlandaise. Cela explique leur étonnante singularité ».
« Chez Paedar Townsend (né 1974), on note des influences multiples dont celles
de la musique américaine associée à une orchestration très traditionnelle, issue
du romantisme de Gustav Holst et de Rimski-Korsakov » remarque Derek Gleeson.
Le thème de The Legend of Finn MacCumhaill, si présent dans les légendes
irlandaises évoque les épopées d’un guerrier de la mythologie celtique, mais aussi
des histoires de druides, des amours contrariés, des batailles entre des clans et
des sorts jetés comme la transformation d’humains en animaux ! Ossian, Walter
Scott, Goethe ont été fasciné par ce Finn qui a donné son nom à la Grotte de
Fingal, en Ecosse. Cette même grotte qui fascina tant Mendelssohn lorsqu’il la vit
depuis le bateau et qu’il décida de mettre en musique. L’œuvre est plus connue
encore sous le nom d’Ouverture des Hébrides.
The Legend of Finn MacCumhail s’ouvre par une grande fanfare de cuivres. Puis la
mélodie se teinte d’une réminiscence de l’hymne national irlandais. La seconde
partie de l’œuvre est plus dansante.
Compositeur d’un nombre important de pièces notamment pour jazz-band,
Vincent Kennedy est né à Dublin, en 1962. Trompettiste de formation, il assure la
direction musicale de deux formations : The Rathfarnham Concert Band Society et
The Donegal Youth Orchestra.
Where the North Wind Blows (2011) emprunte son titre au North Wind Blows
Project, qui associe des écoles irlandaises ainsi que des ensembles instrumentaux
populaires des deux confessions. Il s’agit d’un projet de paix et de réconciliation
entre les communautés et autour des traditions musicales. L’œuvre pour Pipe Band,
Brass Band et ensemble de vents d’orchestre symphonique a été créée le 15 avril
2011 à Donegal sous la direction du compositeur. Vincent Kennedy en a eu
l’inspiration « en contemplant la splendeur et la magnificence des vagues de
l’Atlantique qui se brisent sous un ciel bleu, le long des côtes de North Donegal ».
Dreams de Vincent Kennedy, dont nous entendons des extraits, a été créé le 14
février 2009 par l’Orchestre philharmonique de Dublin sous la direction de Colman
Pearce et avec la violoniste Cora Venus Lunny en soliste. Cette musique ne renie
pas son essence romantique et son caractère narratif dans le prolongement de
l’écriture de Samuel Barber, par exemple. « C’est une sorte de mini-concerto,
caractéristique d’une approche multiculturelle » précise Derek Gleeson.
Mna na hEireann signifie « Femmes d’Irlande ». Gregory Magee (1972) a repris
cette chanson composée dans les années soixante par Sean O Riada sur des
paroles d’un poète irlandais du XVIIIe siècle. Une chanson de femmes rebelles et
révoltées, qui a connu plusieurs arrangements, notamment de Mike Oldfield, Kate
Busch et Nolwenn Leroy.
Compositeur de musiques de films, de films d’animation et de pièces classiques,
Gregory Magee a reçu de nombreuses récompenses. Formé à Dublin, à la Royal
Academy of Music, puis au Trinity College, le compositeur a parfait ses études à
Los Angeles. Il offre une nouvelle lecture personnelle de ce morceau à succès.
Compositeur lui aussi de musiques de films et pour la télévision, Michael Fleming
reconnaît les influences d’Alexandre Desplat, Danny Elfman, Igor Stravinski, Arvo
Pärt, Radiohead, entre autres. Medley of Reels fait appel au violon traditionnel et
au violon classique.
Athena Tergis, Cora Venus Lunny se sont jointes à l’Orchestre philharmonique de
Dublin lors de la création de l’œuvre dirigée par Derek Gleeson. Les riches
percussions dialoguent avec les deux solistes. On perçoit les échos de la musique
répétitive américaine jusqu’à ce que le solo du violon folklorique referme une
partition aux sonorités irisées.
Compositeur de chansons, chanteur lui-même, pianiste et guitariste, réputé aussi
pour ses musiques destinées à la télévision américaine, Jonathan Casey utilise
toutes les formes et techniques actuelles, du classique au rock, de l’orchestre
symphonique à l’électronique.
The Steeplechase offre la particularité de présenter une mélodie et des danses
traditionnelles soutenues par un accompagnement orchestral élaboré. A la
sécheresse des rythmes répond une pâte sonore dense et lyrique.
Bill Whelan (né en 1950) a composé de nombreuses musiques pour le théâtre, la
danse, le cinéma. Son répertoire classique est également impressionnant.
Inislacken est un concerto pour violon et violon folklorique, qui s’inscrit avec les
œuvres Carna et Errisberg, dans une trilogie symphonique. Ce “double concerto”
nous est décrit par Derek Gleeson : « Le violon folklorique a pour fonction
d’embellir la notation du violon classique. Il improvise en partie des couleurs, des
accents, des rythmes qui ne sont pas spécifiés dans la partition. Les deux
techniques du violon doivent parfaitement s’accorder. Cela provoque
d’étonnantes idées musicales avec un côté spectaculaire très réjouissant. La
première partie de l’œuvre est composée dans un esprit néoclassique, un peu à
la manière de certaines pièces de Stravinski. On peut aussi y déceler un
hommage indirect à la musique de Bach. La seconde partie est davantage
chambriste. Le finale s’ouvre dans un tempo très lent, ce qui est inhabituel, pour
s’achever en une danse débridée ».
Le spectacle Riverdance de Bill Whelan a valu au compositeur, un Grammy Award
en 1997.
Composée à l’origine pour le Concours de l’Eurovision de la chanson en 1994, la
pièce a connu un tel succès qu’un spectacle entier a été imaginé par la suite.
Plus de 10 000 représentations de Riverdance ont ainsi été programmées dans le
monde entier !
Des quinze tableaux musicaux, Bill Whelan a tiré une suite symphonique qui
mélange les influences ethniques les plus variées, aussi bien irlandaises,
qu’espagnoles et russes. Le compositeur explique de quelle manière il a relevé le
défi. « Pour la suite symphonique, la difficulté a été de recréer l’esprit des
instruments traditionnels au sein de formations classiques qui ne disposent presque
jamais de ces instruments. Il m’a fallu arranger les pièces de telle sorte que les
couleurs et les dynamiques donnent l’illusion de leur présence ».
« Gerard Victory (1921-1995) n’est pas le plus classique de tous les compositeurs
dont nous interprétons la musique. Son écriture est la fois populaire et elle
emprunte à l’harmonie du XIXe siècle » affirme Derek Gleeson. Pour autant, Gerard
Victory a composé dans les styles plus divers, incluant par exemple, l’électronique
et l’écriture aléatoire. Il fut l’un des compositeurs irlandais les plus prolifiques. Son
catalogue comprend plus de 200 opus dont huit opéras, quatre symphonies…
Directeur de la Radio nationale Irlandaise, ce musicien francophile a composé, en
1970, l’Ouverture Cyrano de Bergerac, une pièce colorée, créée le 4 mars 1972
par l’Orchestre symphonique de la Radio d’Irlande, dirigé par Albert Rosen.
Figure incontournable de l’histoire musicale du XXe siècle, Sir Hamilton Harty
(1879-1941) fut un remarquable pianiste avant de poursuivre une double
carrière de chef d’orchestre et de compositeur. Anglais d’origine irlandaise, il
accompagna, en effet, des solistes aussi célèbres que Joseph Szigeti et Fritz
Kreisler. Dans les années vingt, à la tête de l’Orchestre Hallé de Manchester, puis
durant la décennie suivante, à l’Orchestre symphonique de Londres, il créa un
nombre important de partitions.
Son œuvre musicale brille avant tout dans le répertoire symphonique. On note
plusieurs concertos, les Variations sur un Air de Dublin et la célèbre Irish Symphony
dont la révision s’acheva en 1904. Dans son écriture postromantique, Hamilton
Harty rend hommage à son Irlande natale. Il stylise les influences du folklore comme
dans le second des quatre mouvements de l’Irish Symphony, sous-titré The Fair Day.
La pièce s’ouvre par les violons qui donnent l’impression de s’accorder. Les
pépiements des bois et la douce pulsation de l’orchestre restituent la clarté
dansante de cette musique bâtie sur un quadrille irlandais, The Blackberry
Blossom. D’autres airs connus comme The Girl ! Left behind me sont joués dans des
tonalités différentes, ce qui a pour effet d’accroître l’expression humoristique de la
partition.
Sir Charles Villiers Stanford (1852-1924) représente lui aussi l’une des grandes
figures de la musique anglaise, emblématique de la période victorienne. Après
avoir étudié à Londres, puis en Allemagne dans les années 1870 et avoir reçu le
soutien du violoniste Joseph Joachim et du chef d’orchestre Hans von Bülow, il fut
en poste à Cambridge et professeur de composition au Royal College of Music
de Londres. Directeur du festival de Leeds, il eut pour élèves Arthur Bliss, John
Ireland, Gustav Holst, Rebecca Clarke…
Stanford laisse à la postérité une œuvre imposante : sept symphonies, plusieurs
opéras, une œuvre chorale pléthorique et six Rhapsodies irlandaises.
L’Irish Rhapsody n°1 op.78 évoquerait la légende des amours de Cuchullin et
Emer. Ce véritable poème symphonique, qui prend modèle sur ceux de Franz Liszt
et rappelle tout autant les écritures de Johannes Brahms et Arnold Bax, met en
valeur la beauté des pupitres de l’orchestre et notamment les solos de la petite
harmonie. Au milieu de la Rhapsodie Irlandaise, on découvre un épisode lent et
pastoral avant le retour d’une véritable chevauchée.
Dédiée à Hans Richter, la partition fut créée au festival de Norwich, en 1902. Le
succès fut tel, que Stanford en regretta la composition !
Composé en 1991, Introspect de Padraig O’Connor (né 1942) est une pièce
d’une profonde nostalgie. Le climat méditatif, la délicatesse des couleurs font
songer à la fois à une sarabande, mais aussi à un adagio romantique.

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