VOGUE - Yvonne Léon, héritière créative (pdf - 780.27 Ko)

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VOGUE - Yvonne Léon, héritière créative (pdf - 780.27 Ko)
Périodicité : Mensuel
OJD : 119505
Date : MAI 16
Page de l'article : p.106-108
Journaliste : Elvire von
Bardeleben
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BIJOUX
CHARLOTTE CHESNAIS :
rapproche organique.
Jeunesse
^r
/
dorée
Au même titre que des
it-ba®, les BIJOUX sont
devenus les nouveaux
accessoires saisonniers en
vue, réels objets de désir
dont les marques de luxe se
sont emparés, déclinant
non-§top des modèles stars.
A l'origine de cette petite
révolution : une poignée de
créatrices qui secouent
l'univers corseté de la
joaillerie. Portraits de cinq
Parisiennes emblématiques
de ce RENOUVEAU.
«Je me sers de la matière comme de la pâte à
modeler», dit Charlotte Chesnais, dont les bijoux
k ressemblent à des herbes folles, en vermeil ou en
r argent : des torsades irrégulières qui s'enroulent
autour du poignet et du pouce, traversent les oreilles ou relient
les phalanges, si souples qu'on les croirait en mouvement.
Depuis qu'elle a fondé sa marque, il y a un an, Charlotte
agite la sphère mode. On ne peut pas, dans son cas, parler de
destin : fille d'un pharmacien et d'une opticienne, elle est née
dans la Sarthe, «une région où il y a beaucoup d'agriculture et
peu de mode». Elle a quitté Le Mans pour étudier à Paris, au
studio Berçot, «où l'on apprend à être autonome, mais pas très
minutieux sur la coupe ou le dessin». Peu importe, la meilleure
formation, elle l'a eue juste après, en travaillant chez Balenciaga
au côté de Nicolas Ghesquière, «rigoureux et visionnaire». Elle
a commencé par y dessiner des vêtements, mais a aussi pris en
charge les bijoux. Quand son mentor est parti, elle est devenue
styliste free-lance pour des maisons comme Paco Rabanne,
Maiyet ou Kenzo, puis a lancé sa marque dans la foulée. Pour
elle, ses bijoux sont «nouveaux et classiques ou des nouveaux
classiques», en tout cas des objets assez déconnectés de la mode.
«Une théière des années 20 m'inspire plus que la silhouette
d'une femme», affirme Charlotte. Prochaine étape : le lancement
de sa ligne de joaillerie, qui devrait l'occuper un moment...
Par ELVIRE VON BARDELEBEN.
Tous droits réservés à l'éditeur
ESMOD 9115967400501
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YVONNE LÉON:
héritière crëative.
Dire que la joaillerie est une histoire
de famille chez les Leon est un
euphémisme Le grand-père, le pere
et es
' deux freres d'Yvonne ont
embrasse la profession, travaillant
des piei.es uniques, parfois d'occasion, en tout cas
toujours très classiques Yvonne, elle, a d abord
tente de s'extraire du milieu Apres le bac, elle a
intègre Esmod en pensant un jour etre designer.
Elle a fait des stages pour etre styliste (notamment
au Vogue Pans), a eu un enfant et un leger moment
de flottement «J'ai toujours fait des petits bijoux
pour moi, maîs je namvais pas ame lancer», se
souvient la Parisienne de 32 ans Et puis, le vent a
tourne elle a cree d'irrésistibles dessous d'oreilles
que le monde s est arrache (v, compris Rihanna,
c'est dire) La machine était en marche «Je ne
m'j attendais pas du tout, d ailleurs je n étais pas
vraiment prête», avoue Yvonne, amusée, qui a pu
honorer ses commandes, maîs n'a encore jamais
eu le temps de lancer un (.-shop Quand on lui
demande de décrire son travail, elle dit creer ce
qu elle a envie de porter Deux tendances s'affirment
chez elle d'un cote, de tres belks pieces a l'esprit
classique imitant par exemple la forme d un
feuillage ou d'une tiare, de l'autre des pieces drôles
(une arête de poisson en guise de boucle d'oreille),
inattendues (un hippocampe en diamants et saphirs)
et luxuriantes (un hibou dodu en diamants)
Aujourd'hui, son pere l'aide, la guide, lui «dit ce qui
est réalisable» Et que pense-t-il de son travail 9 «II le
fait sourire On n'est pas
j
tres démonstratifs dans
la famille, maîs je pense
'
eSl treS C0ntent
«Je n'aime pas trop les accumulations Ni les bracelets,
m les colliers», admet Lara Melchior Si si, la Parisienne
de 30 ans est bien créatrice de bijoux (même si elle
préfère se définir comme un «artisan»), et son talent ne
fait aucun doute quand on regarde ses bagues massives
qui ressemblent a des nids d abeilles aux alvéoles
ultra fines, parfois serties de pierres precieuses La
plupart de ses créations pourraient appartenir a des
musees tant elles ressemblent a des bijoux antiques, usés
par le temps «Je veux qu'on voie le cote fait mam, les
imperfections, I or ne doit pas etre tres poli», explique
lajeune femme, qui a la particularité de realiser
elle-même ses bijoux (plutôt que de fournir un croquis a
un joaillier) «Le dessin, je ne sais pas faire, et de toute
façon, c'est quand je travaille le metal que l'inspiration
vient » Nee et élevée a Pans, Lara Melchior n'était
pourtant pas partie pour devenir une manuelle Elle a
étudie l'histoire de l'art et fait une ecole de photo
En même temps, elle fabriquait des bijoux pour ses
copines, «maîs a ce stade, e était plutôt de I enfilage de
perles ' >, se souvient elle Lassée, elle voulait «faire
quelque chose de plus stimulant, creer une forme a partir
de la matiere» et a pris des cours particuliers auprès
d une bijoutière pour apprendre la base technique avant
de lancer sa marque en 2009 Depuis, elle s est fait un
nom et une place, le geant suédois & Other Stories (adosse
à H & M) lui a même propose une collaboration
Step suivant, une boutique 9 «Non, un bebe 1 », repond
Lara, enceinte de huit mois au moment dc l'interview
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Annelise Michelson n'a pas concrétisé ses rêves d'enfant, mais
ce n'est pas plus mal. Inspirée par son parrain tailleur, elle
s'était mis en tête d'intégrer l'univers feutré de la haute couture
et a fait les études afférentes. Mais faute de travail dans le
secteur, elle a dû se replier sur le prêt-à-porter, qui ne l'amusait
guère, car «dessiner des pulls et des chemises qui se vendent,
ce n'est pas f'oufou». Aujourd'hui, l'heure est à la fantaisie. Elle
conçoit des bijoux XXL qui, en répondant au doux nom
de «Carnivore» ou «Wire», parviennent à être à la fois
amusants et élégants. «Je crée des bijoux comme une styliste
devenue joailliers estime la jeune femme de 32 ans. Pour moi,
ils habillent. Mon style vestimentaire étant assez minimal,
comme la plupart des Parisiennes, j'aime faire des pièces qui
se voient, lourdes, imposantes.» Quand elle a commencé,
on lui a conseillé de faire du bijou précieux, mais «je n'ai pas
de coffre-fort, je n'ai pas envie de cette vie-là», affirme-t-elle.
En outre, le prix de la matière première l'aurait limitée dans sa
création - elle y a donc renoncé et travaille le bronze. À terme,
elle se verrait bien passer à la sculpture car «ça doit être
grisant de remplir l'espace avec les objets que l'on crée». En
attendant, elle se concentre sur les bijoux et espère trouver
sans tarder «son Pierre Bergé», l'alter ego qui développerait
la partie business dans son entreprise pour quelle devienne
«une maison».
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I f PRISTINE
LF PARLAUREN
/^
RUBINSKI:
rn punk fastueux.
^m ^Ê
"Lors de Ta prise de contact,
Y ^f ^^ Lauren Rubinski, 30 ans,
^-^ ^^ prévient : «Je suis un peu
bordélique, je dis beaucoup de choses à la
fois.» Elle insiste donc pour préparer les
réponses aux questions à l'avance, ce qui
ne l'empêche pas d'être franche lors de
l'interview. Elle raconte son enfance à Neuilly
dans un «bel environnement», s'amuse de
son côté ascolaire («J'ai raté mon bac deux
fois haut la main, je suis un âne !»), admet
avoir été un peu perdue. Et puis, le salut est
arrivé sur le marché aux puces de Beverly
Hills, où sa mère résidait alors : elle découvre
deux piercings en bois, un cône et une corne,
qu'elle adopte immédiatement. Son entourage
lui fait remarquer que ça fait «sale», alors,
pragmatique, elle décide de les cloner en
diamant. Ainsi donc naît sa marque Pristine
(«immaculé» en Anglais). Depuis six ans,
elle transpose sa fascination pour les piercings
punk et tribaux en bijoux ultra luxe, qu'on
achète par pièce et non par paire. «Autrefois, le
bijou avait une connotation sociale : des perles
aux oreilles, ça faisait forcément bourgeois.
Aujourd'hui, il est plus libre, on peut porter
une perle à côté d'un cône punk, ça l'adoucit»,
explique Lauren, qui se félicite de la diversité
de sa clientèle et évoque avec fierté une femme
qui, pour ses 75 ans, s'est offert des boucles
d'oreilles chez elle. Il n'y a pas que l'époque
qui a change, Lauren aussi : elle qui était
incapable de travailler à l'école se révèle zélée.
Si on la cherche, en ce moment, on la trouve à
la bibliothèque, en train de consulter «des livres
sur les bijoux anciens, l'Inde, les Arts Déco...». T
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