Peut-on faire des affaires en Iran

Transcription

Peut-on faire des affaires en Iran
Mes Aventures dans les Pays Emergents
Articles de Mark Mobius
http://mobius.blog.franklintempleton.com/fr
Peut-on faire des affaires en Iran ?
Date : août 17, 2015
Après des années de négociations, des avancées ont récemment été réalisées entre l'Iran, les
États-Unis et d'autres puissances mondiales sur la question du programme nucléaire iranien. Bien
que sujet à controverse et toujours débattu aux États-Unis, en termes d'investissement, l'accord
constitue une évolution prometteuse, non seulement pour l'Iran, mais aussi pour la région MoyenOrient et Afrique du Nord (MENA). De nombreux investisseurs de la région attendent avec
impatience que le potentiel de ce nouveau marché se manifeste pleinement. Le développement du
marché financier iranien et son ouverture éventuelle aux investisseurs du monde entier devraient
contribuer à l'expansion économique en Iran, mais aussi dans la région, et pourrait apaiser les
tensions politiques.
En juillet, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis,
Russie, Chine, France et Royaume-Uni), ainsi que l'Allemagne (le « P5+1 »), ont annoncé un
accord historique avec l'Iran qui ouvre la voie à la levée des sanctions économiques imposées en
réponse à son programme nucléaire. Ces sanctions avaient pour objectif d'isoler le pays et de
freiner son potentiel économique jusqu'à la résolution de la question du nucléaire. Même si les
sanctions n'ont pas encore été officiellement levées, nous espérons que leur retrait nous apportera
des opportunités d'investissement qui n'existaient pas auparavant.
L'Iran est déjà doté d'un marché boursier vaste et florissant, avec plus de 400 entreprises cotées et
une capitalisation boursière supérieure à 100 milliards de dollars.[1] Nous y trouvons de
nombreuses entreprises intéressantes, qui nous semblent bien gérées et qui représentent un
ensemble varié de secteurs et d'industries. Les investissements en Iran ne tournent pas seulement
autour du pétrole ; l'agriculture, la production manufacturière et les mines sont aussi d'importants
moteurs de croissance.
Nous nous intéressons tout particulièrement aux opportunités d'investissement dans les valeurs de
la consommation, notamment les entreprises de la distribution, de l'alimentation, des
télécommunications, de la finance et de la banque. Cela pourrait particulièrement bénéficier au
secteur bancaire iranien, puisque le besoin en capitaux deviendra plus pressant. Ce secteur (sous
l'impulsion de la croissance démographique et de la hausse du revenu disponible) devrait selon
nous être l'un des premiers à bénéficier d'un éventuel retrait des sanctions. Nous pensons aussi
que les richesses dégagées par le pétrole seront réinvesties dans les économies de l'Iran et de ses
voisins, principalement sous la forme d'investissements salutaires dans les infrastructures et de
projets de diversification destinés à diminuer la dépendance économique au pétrole.
En outre, nous estimons que le marché boursier iranien présente aujourd'hui certains des
indicateurs de valorisation les plus intéressants des marchés émergents. De plus, plusieurs
multinationales de produits de consommation pourraient selon nous vouloir se développer en Iran,
1/5
Mes Aventures dans les Pays Emergents
Articles de Mark Mobius
http://mobius.blog.franklintempleton.com/fr
si bien que les investisseurs devraient aussi envisager ce secteur.
Pressentant des changements à l'horizon, l'Iran se prépare à un afflux potentiel de nouveaux
investisseurs sur son marché. La Bourse iranienne a amélioré ses infrastructures et les dirigeants
tentent de se conformer aux normes internationales dans des domaines tels que la surveillance et
la protection des investisseurs.
C'est encourageant, mais nous pensons qu'il reste encore beaucoup à faire pour attirer les
investisseurs internationaux. La corruption reste problématique, tout comme dans de nombreux
pays à travers le monde, et nous aimerions voir une évolution plus massive vers des privatisations,
car la majorité des entreprises cotées en Iran sont d'une façon ou d'une autre affiliées à l'État.
La levée des sanctions pourrait stimuler la croissance
Au cours de la dernière décennie, l'Iran a subi plusieurs chocs économiques et politiques, y
compris des sanctions, des manifestations et une chute des cours pétroliers. Par conséquent,
l'économie iranienne, d'environ 400 milliards de dollars (la deuxième de la région MENA[2] après
l'Arabie Saoudite), tourne nettement en-dessous de ce que nous estimons être son plein potentiel.
Cela pourrait selon nous bientôt changer. L'Iran a souffert des niveaux élevés d'inflation et de
chômage, surtout parmi les jeunes. La levée des sanctions économiques pourrait accélérer le taux
de croissance de l'Iran en levant les barrières aux exportations de pétrole du pays, en apportant
davantage de capitaux étrangers et en mettant un terme à l'isolement de ses banques par rapport
au système financier mondial. Un retrait temporaire et partiel des sanctions en 2014 a permis à
l'économie de rebondir et d'enregistrer un taux de croissance de 3 %, après une récession en
2012-2013.[3]
Avec plus de 80 millions d'habitants, l'Iran est le deuxième pays du Moyen-Orient le plus peuplé
après l'Égypte.[4] Sa population est également jeune (l'âge moyen est de 28 ans),[5] ce qui génère
selon nous un contexte très favorable à l'embellie de la croissance économique. La population
iranienne est très éduquée, avec plus de 4 millions d'étudiants universitaires, dont plus de la moitié
sont des femmes.[6]
Selon nous, la levée potentielle des sanctions et les nouveaux investissements anticipés pourraient
avoir des répercussions importantes sur le chômage et la consommation intérieure, car les
nouveaux investissements nécessiteront de la main-d'œuvre, qui aura probablement davantage de
revenus à dépenser. Les pays voisins étroitement liés à l'Iran sur le plan commercial pourront
aussi en bénéficier, notamment le Pakistan, les Émirats arabes unis et Oman. Les échanges sont
déjà florissants entre Dubaï et l'Iran, poursuivant une relation commerciale très ancienne. Près de
deux heures en avion suffisent pour se rendre de Dubaï à Téhéran. On trouve à Dubaï des écoles
et des campus d'universités iraniennes ouvertes aux étudiants iraniens. Un annuaire d'entreprises
iraniennes publié à Dubaï en répertorie plus de 7 000 sur le sol dubaïote dans de nombreux
secteurs, notamment la banque, l'immobilier et le négoce entre autres. Des capitaux affluent donc
2/5
Mes Aventures dans les Pays Emergents
Articles de Mark Mobius
http://mobius.blog.franklintempleton.com/fr
depuis l'Iran jusqu'à Dubaï.
Bien évidemment, des événements d'ordre politique entraînent généralement des incertitudes et
des risques potentiels, mais nous pensons que notre présence sur le terrain nous donne une
longueur d'avance pour identifier et analyser ces opportunités.
Cela va-t-il changer la donne pour le marché de l'énergie ?
Je ne pense pas qu'un isolement moins strict de l'Iran aura un impact important sur les cours
pétroliers. Même si la nouvelle baisse des prix du pétrole en juillet à 50 dollars le baril a en partie
été attribuée à l'accord sur le nucléaire, il est important de rappeler que l'Iran ne détient que près
de 10 % de l'offre mondiale de pétrole[7] et que le pays n'est pas vraiment un nouveau-venu sur le
marché. Le pays exporte déjà du pétrole. En effet, des raffineries en Turquie achètent du pétrole
iranien. Compte tenu des sanctions, l'Iran a été contraint d'abaisser le prix de son pétrole
davantage qu'il ne l'aurait souhaité. Par conséquent, la possibilité d'exporter plus de pétrole à des
prix plus élevés semble logiquement séduire les autorités iraniennes. Nul ne peut affirmer que plus
de pétrole exporté depuis l'Iran fera automatiquement chuter les cours pétroliers. La composante
spéculative est la plus déterminante pour les cours pétroliers, car le marché peut parfois fortement
fluctuer à court terme, sans que cela ne soit lié aux fondamentaux de l'offre et de la demande de
pétrole.
Nous pensons que le prix du pétrole est plus susceptible d'augmenter que de reculer à long terme,
car la régularité de la demande de pétrole devrait se maintenir à travers le monde. Depuis que le
prix de l'or noir a commencé à se replier après son pic de 2014 à plus de 100 dollars le baril, le
nombre de plateformes a chuté aux États-Unis ; le pétrole de schiste américain pourrait selon nous
diminuer à terme et ainsi contrebalancer l'augmentation des exportations de pétrole iranien.
Même si certains exportateurs pétroliers et gaziers sont à court terme mis à mal par la baisse des
cours pétroliers, en termes d'investissements nous nous concentrons sur les entreprises
diversifiées du secteur de l'énergie (pas seulement sur celles impliquées dans l'exploration et la
production, mais également dans la distribution et le raffinage). Nous pensons que globalement les
matières premières continueront à être plébiscitées sur le long terme ; il faut choisir les bonnes
actions, c'est-à-dire les producteurs les plus efficaces.
Les perspectives de l'Iran nous semblent aujourd'hui plus favorables que par le passé, et nous
identifions davantage d'opportunités potentielles à terme. Bien sûr, l'avenir de l'Iran repose sur le
processus politique, qui peut être incertain et long à mettre en œuvre. En fait, le processus
d'intégration de l'Iran dans la communauté internationale et de retrait complet des sanctions
pourrait prendre plusieurs années, mais en tant qu'investisseurs axés sur le long terme, nous
sommes optimistes quant aux opportunités qu'il pourrait générer pour la région dans les années à
venir.
3/5
Mes Aventures dans les Pays Emergents
Articles de Mark Mobius
http://mobius.blog.franklintempleton.com/fr
Les commentaires, les opinions et les analyses de Mark Mobius sont personnels et fournis à titre
d'information uniquement dans l'intérêt général et ne sauraient constituer un conseil
d'investissement individuel, une recommandation ou une incitation à acheter, vendre ou détenir un
titre ou à adopter une stratégie d'investissement particulière. Ils ne constituent pas un conseil
d'ordre juridique ou fiscal. Les informations contenues dans ce document sont valables à leur date
de publication et peuvent changer sans préavis, et ne constituent pas une analyse complète des
évènements survenant dans les divers pays, régions ou marchés.
Les données de tierces parties peuvent avoir été utilisées dans la préparation de ce document et
Franklin Templeton Investments (« FTI ») n'a pas vérifié, validé ni audité de manière indépendante
ces données. FTI décline toute responsabilité quant aux éventuelles pertes résultant de l'utilisation
de ces informations et la pertinence des commentaires, analyses et opinions présents dans cet
article est laissée à la seule appréciation du lecteur. Les produits, services et informations peuvent
ne pas être disponibles dans toutes les juridictions et sont fournies par les sociétés affiliées de FTI
et/ou leurs distributeurs, dans la mesure où la réglementation/législation locale l'autorise. Veuillez
consulter votre conseiller financier pour toute information supplémentaire sur la disponibilité des
produits et services dans votre juridiction.
Quels sont les risques ?
Tout investissement comporte un risque, notamment celui de ne pas récupérer le capital
investi. Les investissements dans des titres étrangers comportent des risques spécifiques :
fluctuations de change, instabilité économique et évolution de la situation politique, par exemple.
Investir dans les marchés émergents, y compris dans la sous-catégorie des marchés frontières,
implique des risques accrus concernant ces mêmes facteurs, lesquels s’ajoutent aux risques liés à
leur plus petite taille, à leur liquidité inférieure et à l’absence d’un cadre juridique, politique,
commercial et social établi pour soutenir les marchés boursiers. Les risques liés à l’investissement
dans les marchés frontières sont encore supérieurs à ceux associés aux marchés émergents en
raison du développement moins avancé des structures précitées, ainsi que du potentiel de forte
volatilité des prix, de la liquidité insuffisante, des barrières commerciales et des contrôles sur les
taux de change.
[1] Source : Bourse de Téhéran, juillet 2015.
[2] Source : Banque mondiale, 2014.
[3] Base de données du FMI, Perspectives de l'économie mondiale, avril 2015
[4] Source : CIA World FactBook, juillet 2015
4/5
Mes Aventures dans les Pays Emergents
Articles de Mark Mobius
http://mobius.blog.franklintempleton.com/fr
[5] Ibid.
[6] Sources : UNESCO, 2013 ; New York Times, « Single Women Gaining Limited Acceptance in
Iran », juin 2012.
[7] Source : Agence américaine d'information sur l'énergie, 2014.
5/5
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)