Messe radio depuis la Collégiale Saint-Vincent à Soignies

Messe radio depuis la Collégiale Saint-Vincent
à Soignies
(Diocèse de Tournai)
Le 18 décembre 2016
4e dimanche de l’Avent
Lectures: Is 7, 10-16 – Ps 23 – Rm 1, 1-7 – Mt 1, 18-24
Frères et Sœurs,
Saint Matthieu, dont nous venons d'entendre l'annonce à Joseph, s'adressait plus particulièrement
à des juifs devenus chrétiens. Il était donc primordial pour lui de faire comprendre que Jésus était
bien celui que les Ecritures avaient annoncé: en Jésus allait s’accomplir la promesse d’un sauveur
faite par les prophètes. Matthieu voulait aussi mettre en évidence que Jésus était bien le
descendant tant attendu de la lignée du roi David.
On comprend mieux alors pourquoi saint Matthieu a donné une telle importance à Joseph, luimême descendant de David. Joseph, l'humble charpentier de Nazareth, n'aurait certes jamais pu
deviner que Dieu voulait compter sur lui pour réaliser son plan de salut, son intention de sauver
l'humanité tout entière. Découvrant que Marie, qui lui était promise en mariage, était enceinte, il
avait décidé de s’effacer, puisqu’il n’était pas le père de l’enfant qu’elle attendait. Car Joseph était
un homme juste; désirant toujours s'ajuster à la volonté de Dieu, il n’aurait voulu en aucune
manière porter ombrage au projet de Dieu sur Marie.
Mais l'ange du Seigneur lui a fait comprendre que Dieu comptait sur lui; il voulait faire de lui un
père pour Jésus, afin de le relier à la descendance de David. C’est Joseph qui lui donnera son
nom, celui de "Jésus". Ce nom que Joseph, à l'invitation de l'ange, donnera à son fils qui va naître,
signifie "Dieu sauve" et il indique déjà ce que sera toute la vie et la mission du Christ: apporter le
salut au monde.
A l’époque, bien d'autres personnes portaient déjà ce nom, mais c’est en Jésus que ce nom va
trouver son plein accomplissement. Tirée de la prophétie, une autre appellation du Christ, celle
qui le désigne comme "l’Emmanuel", exprime l’identité profonde de Jésus: il sera vraiment "Dieu
avec nous". Car jamais Dieu ne sera aussi présent dans l'humanité, jamais il ne sera aussi proche
des hommes qu'en Jésus, le Verbe de Dieu fait chair.
Joseph, aujourd'hui encore, nous donne un bel exemple d'humilité et d'ouverture à la volonté de
Dieu, lui qui n'a pas refusé de modifier radicalement ses projets pour se mettre tout entier au
service du Seigneur. Au moment où ils ont répondu généreusement à l’appel du Seigneur, Joseph
pas plus que Marie ne savaient d'avance à quoi concrètement cela les conduirait, mais ils ont
toujours fait confiance à Dieu.
Rappelons-nous l’épisode de Jésus, âgé de douze ans, que ses parents retrouvent au Temple de
Jérusalem après une disparition de trois jours. L’évangéliste Luc nous relate les paroles de Marie:
"Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois comme nous avons souffert, ton père et moi." Jésus répondit:
"Comment se fait-il que vous m'ayez cherché? Ne le saviez-vous pas? C'est chez mon Père que je dois être" et
saint Luc d'ajouter: "Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait."
Si Marie et Joseph avaient une très grande foi et une volonté profonde d'adhérer au projet de
Dieu, ils ne comprenaient pas tout. En cela, ils nous ressemblent ou plutôt nous leur
ressemblons; car pour nous aussi, bien des questions, bien des interrogations demeurent pour le
moment sans réponse: pourquoi Dieu agit-il de telle manière? Pourquoi semble-t-Il absent lors de
tel ou tel événement?
Aujourd’hui encore, Marie et Joseph peuvent toujours nous aider à vivre notre foi lors de
situations imprévues ou difficiles. Et se préparer à fêter Noël, c'est justement accepter l'inattendu
de Dieu, c'est s'étonner de la manière avec laquelle Dieu est venu et viendra toujours habiter
parmi nous. Une vie de foi dans laquelle on croit tout connaître et tout comprendre, au point que
l'Evangile ne semble plus nous parler, ne peut conduire qu’à la lassitude et au désintérêt!
Mais s'étonner chaque jour de l'Evangile, s'étonner de la façon dont le Verbe de Dieu vient nous
rejoindre, c'est laisser Dieu nous parler comme Il l’entend, c'est permettre à Jésus de naître ou
renaître dans nos cœurs comme bon lui semble. Amen.
Abbé Philippe Castermant
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