la maison montcalm à québec - Inventaire des lieux de mémoire de

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la maison montcalm à québec - Inventaire des lieux de mémoire de
LA MAISON MONTCALM À QUÉBEC
Samantha ROMPILLON
Face au fleuve Saint-Laurent, non loin de la Basse-ville, s’élève un corps de logis composé de
trois maisons distinctes, mais uniformes dans la couleur et la façade. Situé aux 45-51 rue des
Remparts, cet ensemble se nomme la maison Montcalm. Derrière son uniformité, se cache une
longue histoire où règnent différents acteurs, connus ou oubliés de tous.
(Québec) Vue d’ensemble de la Maison Montcalm,45-51 rue des Remparts.
Photo S. Rompillon, février 2003
Tout commence en juillet 1724. Le Séminaire de Québec, seigneur du fief du Sault-au-Matelot,
concède un terrain à François Hérault, sieur de Courcy et de Saint-Michel de Courville. Au mois
d’août, le maître maçon Jacques Deguise dit Flamand1 lui construit une maison. S’inspirant d’un
plan fourni par Gaspard Chaussegros de Léry2, important ingénieur militaire arrivé en NouvelleFrance en 1716, il conçoit une maison en pierre comportant un rez-de-chaussée. En 1725, de
nouveaux travaux sont effectués, dont la construction d’un plafond en lattes enduites de mortier.
Lieutenant d’une compagnie des troupes de la marine, François Hérault a dû emprunter de
l’argent pour faire bâtir sa maison. Incapable de rembourser sa dette auprès de Nicolas Lanouiller
1
Fils de Guillaume, maître-maçon et entrepreneur, et de Marie-Anne Morin, il voit le jour le 5 mars 1697 à Québec.
Il épouse le 10 septembre 1725 Marie-Thèrèse Rinfret dit Malouin, fille de Jean et de Jeanne Tellier. Le couple a
trois enfants.
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Fils de Gaspard, ingénieur du roi et d’Anne de Vidal, il est baptisé le 13 octobre 1682 dans la ville de Toulon
(France). Il épouse le 13 octobre 1717, à Québec, Marie-Renée Legardeur, fille de René et de Marie-Barbe de
Saint-Ours. De cette union, naissent huit enfants. Gaspard arrive dans la colonie en 1716 avec le mandat d'inspecter
les fortifications et de faire des recommandations. À la fin de sa mission, il obtient une nomination permanente dans
la colonie avec le poste d’ingénieur en chef. À son actif, des ouvrages militaires, comme les fortifications de Québec
et de Montréal ; des constructions civiles et religieuses comme la réfection du Palais de l’Intendant en 1726 et la
Cathédrale de Québec en 1749. Il décède en 1756.
1
de Boisclerc3, membre du Conseil Supérieur de la Nouvelle-France, il lui cède sa demeure en
1726. Cette dernière porte aujourd’hui le numéro 47 de la rue des Remparts.
(Québec) Numéro 47 de la Maison Montcalm,45-51 rue des Remparts.
Photo S. Rompillon, février 2003
Le nouveau propriétaire acquiert en 1727 et 1728 les terrains entourant la demeure. Il y fait ériger
de chaque côté une maison. L’ensemble prend la forme d’un pavillon. Endetté à son tour, sa
maison et ses dépendances sont saisies et vendues le 28 novembre 1752 à Joseph Brassard
Deschenaux. Un document du 24 septembre 1752 nous indique que la maison possède alors 16
pièces, 27 croisées et dix cheminées. Secrétaire de l’intendant Bigot, Joseph Brassard
Deschenaux, propose de louer sa demeure à Montcalm4, le temps de son séjour à Québec.
Montcalm quitte Montréal le 22 décembre 1758 pour venir à Québec, où il s’installe rue des
Remparts. Son séjour y est bref : environ 6 mois. Pour faire face à la menace anglaise, Montcalm
prend ses quartiers sur les hauteurs de Beauport, fin juin 1759. Sa maison des remparts n’est
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Fils de Jean, bourgeois et de Marie Tollet, Nicolas Lanouiller (dit aussi Lanouillier) naît à Paris. Il arrive dans la
colonie en 1712-1719 comme agent de la Compagnie du Castor. Avocat au parlement de Paris, marchand, il est
trésorier de la marine de 1720 à 1730 ; conseiller au Conseil supérieur en 1722 et procureur intérimaire au Conseil
Supérieur de 1727 à 1728. Il achète la seigneurie du Lac Mitis en 1725. À Québec, le 4 janvier 1721, il épouse
Andrée de Leigne, fille de Pierre et de Claudine Fredin. Le couple a un enfant. En 1726, Nicolas Lanouiller épouse
en secondes noces Marie-Jeanne Bocquet, de Paris.
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Fils de Louis Daniel, lieutenant-colonel dans le régiment de Hainaut-Infanterie, Louis-Joseph naît le 28 février
1712, à Candiac en France. Il devient soldat à son tour et commandé par Maurice de Saxe, il combat au fort Koehl
puis à Phillipsburg. En 1736, il épouse Angélique Talon du Boulay, petite-nièce de l'intendant Talon. Il participe par
la suite à la guerre de succession d'Autriche au cours de laquelle il fait la connaissance du chevalier de Lévis ; à la
célèbre bataille de Plaisance (en Italie). Il arrive à Québec le 13 mai 1756, avec pour ordre d'obéir à Vaudreuil, le
gouverneur général de la Nouvelle-France. Il s’empare des forts de Chouaguen, de William Henry (août 1757),
Carillon (juillet 1758) pour contrôler l’accès aux Grands Lacs. En 1758, il est promu au grade de lieutenant général.
En 1759, les Anglais attaquent sur tous les fronts. Montcalm se rend à Québec pour défendre la ville. Dans la nuit du
12 au 13 septembre 1759, les troupes anglaises débarquent sur les plaines d'Abraham où la bataille décisive se
déroule. Au cours de l'attaque, Montcalm est blessé. Il meurt le lendemain. Sa dépouille est inhumée dans la chapelle
des Ursulines de Québec.
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cependant pas totalement fermée et il y retourne quelques jours du 18 au 26 juillet 1759, le temps
de prendre du repos et de surveiller les moyens de défense de la ville et les fortifications.
De ce passage, il reste une plaque installée le 1er janvier 1976, rappelant le séjour de Montcalm
dans la maison des Remparts.
"Maison Montcalm
Dans cette maison vécut Louis-Joseph de St-Veran
marquis de Montcalm de 1758 à la capitulation de
Québec en 1759.
Les deux voûtes existantes furent construites en
1727.
Né le 28 février 1712 au château de Candiac
Mort le 13 septembre 1759 à Québec.
Mon innocence est ma forteresse."
(Québec), Plaque Maison Montcalm, 45-51 rue des Remparts.
Photo S. Rompillon, février 2003
(Québec) Partie ouest de la maison Montcalm, vers porte 51(en vert). À gauche, se situe la plaque.
Photos S. Rompillon, février 2003
Après la reddition de Québec en 1759, la maison est occupée par son propriétaire et des officiers
anglais. D’automne 1775 à mai 1777, elle devient une caserne pour matelots et soldats.
Différents travaux sont effectués dans les années qui suivent :
- En 1779 et 1780, pour réparer les dommages causés par l’occupation militaire ;
- En 1810, la partie centrale de la maison est surélevée;
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-
Dans les années 1830, tout le bâtiment présente une façade uniforme avec un étage audessus du rez-de-chaussée, trois portes et 26 croisées;
En 1851, la petite maison du coin, située aujourd’hui au numéro 51 rue des Remparts, est
construite.
(Québec) Partie ouest de la maison Montcalm, maison du coin, 51 rue Remparts.
Photos S. Rompillon, février 2003
En 1852, les trois maisons sont vendues séparément et sont occupées de nos jours par des
particuliers. Il nous reste en souvenir : l’architecture extérieure, la plaque commémorative et les
touristes venant prendre des photos de la maison… Avant Montcalm, cette demeure eut
également une autre histoire liée à des gens dont notre mémoire n’a pas gardé les noms, mais
dont l’existence méritait d’être rappelée, car ils ont participé, à leur manière, à l’histoire de la
Nouvelle-France.
(Québec), Vues de la maison Montcalm. Photos : S. Rompillon, Février 2003
[25 février 2003]
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Sources :
CASGRAIN, Philippe-Baby, « La maison Montcalm sur les remparts à Québec », Bulletin des
recherches historiques, 8, août 1902, p. 225-237 ; 8, septembre 1902, p. 257-267.
CASGRAIN, Philippe-Baby, « La maison Montcalm sur les remparts à Québec », Canadian
Antiquarian and Numismatic Journal, 3ème série, 4, mai 1902, p. 1-26.
GAUMOND, Michel, « Maison Montcalm », Les chemins de la mémoire, Monuments et sites
historiques du Québec, tome I, Québec, Les Publications du Québec, 1990, p.154-155
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