THE STAN BRAKHAGE LECTURES

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THE STAN BRAKHAGE LECTURES
THE STAN BRAKHAGE LECTURES
-Premiére Analyse-
1
Clément COLLANGE
L2 Ecole d'Art Aix
2
///BIO
Stan Brakhage est né Robert Sanders dans un orphelinat de Kansas City, Missouri. Trois
semaines après sa naissance, il est adopté par Ludwig et Clara Brakhage, et rebaptisé James
Stanley Brakhage. Dès l’âge de quatre ans, il entame une carrière de pianiste et chanteur
soprano à la radio, ce jusqu’en 1946. Peu après avoir terminé son enseignement secondaire
à Denver dans le Colorado, il entame des études supérieures au Dartmouth College en 1951.
Sa carrière de cinéaste débute après avoir quitté le Dartmouth College, en 1952, avec le
court-métrage Interim réalisé chez lui, à Denver. Influencé par Sergei Eisenstein et les films
de Jean Cocteau, ce premier film embrasse le style néo-réaliste sur une trame sonore de
James Tenney.
En 1953, Brakhage s’inscrit à l'Institute of Fine Arts de San Francisco. Son séjour là-bas lui
permettra de faire connaissance avec les poètes avant-gardistes Robert Duncan et Kenneth
Rexroth desquels il tirera une forte influence. Le manque de ressources financières sera la
principale raison du retour de Brakhage au Colorado. Il y dirige une petite troupe de théâtre
à Central city; on y joue les œuvres de Wedekind, Strindberg et Tchekhov1.
Toutefois, Brakhage, toujours tourné vers le cinéma, finance son nouveau projet ; Unglassed
Windows Cast a Terrible Reflection, qu’il réalise avant de retourner à San Francisco, pour
ensuite revenir au Colorado, où son père lui offre de financer son nouveau projet Desistfilm
en décembre 1953. Après son film, il travaille dans une plantation d’eucalyptus à Nyles en
Californie. Il réalise son premier film en couleurs, puis Reflections on Black qui reçoit un prix
de la Creative Film Foundation .[3]. Il s'établit à San Francisco où il crée un atelier de
production cinématographique et obtient des contrats de publicité2.
À la fin de 1954, il part pour New York et fait la connaissance de plusieurs artistes
expérimentaux, parmi lesquels les compositeurs John Cage, Edgard Varèse et les cinéastes
de l’avant-garde Maya Deren, Marie Menken et Joseph Cornell.
Au cours de l'année 1955, Brakhage travaille sur de nombreux projet de films dont Centuries
of June, en collaboration avec le cinéaste Joseph Cornell, The Wonder ring, son premier film
en couleur et Reflections on Black qui reçoit un prix de la Creative Film Foundation .[3].
Contrairement à ses premières œuvres qui ont un caractère narratif, il sombre de plus en
plus, avec ses nouveaux réalisations, dans l'abstraction expérimentale, inspiré notamment
par le film français Traité de bave et d'éternité d'Isidore Isou (1951). L'année suivante, il est
engagé pour faire des conférences sur le cinéma, au théâtre du collectionneur et
3
distributeur Raymond Rohauer de Los Angeles en plus de réaliser Flesh of Morning et
Nightcats. C'est également à partir de 1956 qu'il reçoit des contrats de film corporatifs et de
publicité pour la télévision.
En 1957, le cinéaste, quitte le milieu artistique underground New-yorkais, s'installe à Denver
et se marie avec Jane Collum qui devient non seulement sa femme, mais également sa
source d'inspiration durant les prochaines années. Sa vie de famille devient à cette époque
un sujet de prédilection pour Brakhage. La même année, il travaille sur le court-métrage en
deux temps Daybreak et Whiteye, ainsi que sur Loving.
Le film suivant, Anticipation of the Night (1958), est un point tournant pour le cinéaste et
pour les formes du cinéma expérimental, puisque l'œuvre suggère que le propos devient luimême subjectif3. Peu de temps après, il se rend au festival du film de Bruxelles, où il assiste
aux films de réalisateurs comme Peter Kubelka and Robert Breer.
En 1959, Brakhage filme la naissance de son premier enfant. Les images, une fois montées,
donnent Window Water Baby Moving, une des œuvres les plus célèbres de l'artiste. Il
tourne également la même année Sirius Remembered, qui illustre la décomposition du
chien décédé de la famille. Il commence également à présenter ses œuvres en public et fait
des conférences sur ces dernières et celles d'autres réalisateurs. La venue de son deuxième
enfant, en 1961, est l'occasion de réaliser le film Thigh Line lyre Triangular.
Au début des années 1960, en plus de tourner The Dead, au cimetière du Père-Lachaise à
Paris, le cinéaste articule sa conception du cinéma et de la perception avec l'écriture de
Metaphors on Vision, paru en 1963. Sur le plan technique, ce dernier innove, la même
année, avec Mothlight, une série d'insectes et de végétaux collés directement sur pellicule
16 mm. Jusqu'en 1964, il réalise Dog Star Man, son magnum opus de 53 minutes en quatre
segments. Ce film voit sa durée portée à 250 minutes en 1965 et est rebaptisé The Art of
Vision. Suite au vol de son équipement 16 mm cette même année, Brakhage se tourne vers
le 8 mm jusqu'en 1969.
Les réflexions politiques, et plus particulièrement sur la guerre, sont un nouveau thème que
l'artiste explore avec 23rd Psalm Branch en 1966 ou dans certains des trente films Song
(1964-1969).
La fin des années 1960 marque une nouvelle phase dans l'œuvre de Brakhage. Les films
Scenes from under childhood (1967-1970), The wair falcon saga, The machine of Eden et
The animals of Eden and after traitent tous du retour à l'enfance et des premiers stades de
la vie et du corps. En 1971, avec Eyes, Deus Ex (1971) et The Act of seeing with one's own
Eyes, il filme les trois institutions du contrôle des corps : la police, l'hôpital et la morgue.
4
Georges Méliès,
né Marie Georges Jean Méliès le 8 décembre 1861 et mort le 21 janvier 1938, est un
réalisateur de films français. Il est connu pour les développements qu'il apporta aux
techniques du cinéma, essentiellement des scénarios et des trucages. Il est considéré
comme le père des effets spéciaux, le premier réalisateur, le créateur du premier studio de
cinéma en France ainsi que l'un des premiers initiateurs du cinéma de divertissement.
Georges Méliès est né à Paris au no 45 boulevard Saint-Martin, dans le 3e arrondissement
(acte de naissance no 2517 du 09/12/1861), dans une famille de fabricants de chaussures de
luxe. Il fait ses études au lycée Impérial de Vanves, puis au lycée Louis-le-Grand en
compagnie de Maurice Donnay. En 1881, il fait son service militaire à Blois, la patrie du
prestidigitateur Robert-Houdin1. Certains auteurs parlent de ses visites à Saint-Gervais-laForêt près de Blois, dans la propriété « Le Prieuré » de Robert-Houdin, sans que ces visites
soient attestées2. Alors qu’il veut devenir peintre, il travaille un temps dans l'entreprise de
son père Jean Louis Stanisla Méliès (il y apprend notamment le métier de mécanicien qui lui
est très utile ensuite dans sa carrière), qui l'envoie à Londres en Angleterre en 1883 pour y
perfectionner son anglais chez un de ses amis, propriétaire d'un grand magasin londonien
de confection : il y est vendeur au rayon des fournitures pour corsets et en profite pour y
apprendre la prestidigitation, notamment à l’Egyptian Hall dirigé par John Nevil Maskelyne
(en) où se produit le célèbre illusionniste David Devant (en) qui l'initie à son art, Méliès lui
réalisant des décors en échange.
Afin de renouveler l'intérêt du public, Méliès a l'idée non plus de tourner des scènes de la
vie quotidienne mais de monter des fictions. Cette idée, née par sérendipité, lui vient
lorsqu'il visionne avec un technicien une scène de rue tournée sur les grands boulevards :
alors qu'il filmait un omnibus, la manivelle s'est bloquée pendant une minute si bien que
lors du visionnage, l'omnibus se transforme en corbillard. Alors que son technicien est prêt à
jeter la pellicule, Méliès comprend le ressort comique de l'incident et choisit d'exploiter le «
cinéma dans sa voie théâtrale spectaculaire », parodiant notamment les films des frères
Lumière en « vues5 fantastiques »1.
En 1897, il crée dans sa propriété de Montreuil le premier studio de cinéma en France, un
studio de 17 mètres sur 66, sa toiture vitrée à 6 mètres du sol dominant la scène, la fosse et
la machinerie théâtrale6. Il y filme ses acteurs (amateurs recrutés dans la rue, artistes de
music-hall, danseuses du Châtelet et souvent des proches ou lui-même) devant des décors
peints, inspirés par les spectacles de magie de son théâtre, ce qui lui vaut le surnom de «
mage de Montreuil ». Il filme également, faute de pouvoir être sur place, des actualités
reconstituées en studio (son chef-d'œuvre étant Le Couronnement (ou sacre) du roi
Édouard VII présenté à la cour du Royaume-Uni en 1902). Il développe aussi un atelier de
coloriage manuel de ses films, procédé largement inspiré de ce qui se fait pour la
5
colorisation de photos en noir et blanc. Il se fait ainsi tour à tour producteur, réalisateur,
scénariste, décorateur, machiniste et acteur.
De 1896 à 1914, il réalise près de six cents « voyages à travers l'impossible »7, autant de
petits films enchanteurs, mystérieux, naïfs, à la beauté poétique, aujourd'hui parfois
surannée. Courts métrages de quelques minutes projetés dans des foires et vus comme une
simple évolution de la lanterne magique. Son premier film important, l'Affaire Dreyfus
(1899), est une reconstitution de 10 minutes qui témoigne de son intérêt pour le réalisme
politique. Son Voyage dans la Lune (1902), chef-d'œuvre véritable d'illusions
photographiques et d'innovations techniques, premier « long métrage » de 16 minutes,
remporte un certain succès au point d'être exporté aux États-Unis8.
Principales inventions
trucages au cinéma
trompe-l’œil (utilisation d'artifices -au sens large- permettant de donner l'illusion
de la réalité);
arrêts de caméra (on change la position des objets ou des acteurs entre deux
images);
surimpressions (on rembobine la pellicule et on retourne des images par-dessus les
premières).
Mais il a également beaucoup innové sur le plan technique :
les pellicules de films percées de 4 trous par image ;
le développement de film sur tambour, pour éviter le développement image par
image
l'introduction du mouvement horloger « croix de Malte » dans le premier
projecteur (transformer un mouvement continu en mouvement à arrêts
instantanés) ;
premières projections au monde de publicité en 1896 « biberon Robert », etc. ;
il est le premier à travailler avec des films de plus de 17 mètres ;
premiers fondus enchaînés.
6
David Wark Griffith,
plus connu sous l'appellation D. W. Griffith, est un réalisateur américain, né le 22 janvier
1875 au Manoir de La Grange à Crestwood (Kentucky) et mort le 23 juillet 1948 d'une
hémorragie cérébrale à Hollywood (Californie).
Réalisateur prolifique, il a tourné environ quatre cents courts métrages en cinq ans, de 1908
à 1913 et réalisé, dès 1915, les premières super-productions américaines. Il a grandement
fait évoluer le montage cinématographique. Il est fondateur avec Charlie Chaplin, Douglas
Fairbanks et Mary Pickford de United Artists, premier studio de cinéma indépendant en
1919.
Griffith est né le 22 janvier 1875 à Floydsfork (appelé Crestwood dès 1910), Kentucky de
Jacob Griffith et Mary Perkins Oglesby1. Son père, surnommé « Roaring Jake », était un
colonel de l'Armée des États confédérés, un héros de la Guerre de Sécession et un
législateur du Kentucky. Sixième des sept enfants de la famille, il suit sa scolarité auprès de
sa grande sœur Mattie, institutrice. En 1885, Il a 10 ans à la mort de son père, qui vaut à sa
famille de sérieux ennuis financiers. Ils abandonnent la ferme pour vivre à Shelby County
Farm. En 1890, ils se rendent à Louisville où sa mère ouvre une pension de famille. Les
Griffith vivent toujours dans la pauvreté et David Wark, âgé de quinze ans, doit commencer
à travailler. Il est notamment vendeur de journaux, liftier, et employé dans une librairie. Il
fait alors sa première expérience de théâtre amateur lors d'une représentation dans une
école. Il a aussi l'occasion de voir Sarah Bernhardt alors en tournée aux Etats-Unis1.
Il devient ensuite acteur de théâtre et accompagne, sans grand succès, des troupes pendant
plusieurs années dans des villes des États-Unis tout en faisant plusieurs métiers pour vivre1.
Vers 1907, il tente de proposer des sujets de films aux maisons de production basées à
New-York, mais est d'abord engagé comme acteur. Il tient notamment le rôle titre dans
Rescued From Eagle's Nest d' Edwin S. Porter et J. Searle Dawley, produit début 1908 par la
Edison Manufacturing Company. Il travaille ensuite régulièrement avec l'American
Mutoscope and Biograph Company, d'abord en tant que comédien et scénariste. Il collabore
à la production de plusieurs films de la compagnie puis réalise, dès 1908, son premier courtmétrage, Les Aventures de Dollie, (The Adventures of Dollie). La même année, il est
embauché par cette maison de production comme réalisateur2.
Alors que les premiers longs métrages font leur apparition dans le cinéma américain, Griffith
tente de convaincre la Biograph de produire des films plus longs. Il obtient, non sans mal,
gain de cause et Judith of Bethulia, film de quatre bobines (approximativement 60 minutes)
7
est produit en 19133,11. Mais la direction veut découper le film en quatre épisodes
distribués séparément. Parallèlement, elle souhaite confier la réalisation de films à grands
spectacles à d'autres réalisateurs, Griffith étant confiné aux courts-métrages. Ce désaccord
motive le report de la sortie du film, alors que les longs métrages s'imposent sur le
marché12. Il ne sort finalement qu'en mars 191411. Entretemps, Griffith a déjà quitté la
Biograph pour la Mutual Film, compagnie qui lui offre de réaliser plus facilement des films
d'une durée supérieure2. Il est suivi par toute son équipe12 et son départ entraîne le déclin
rapide de la Biograph13.
En quelques mois, il met en scène plusieurs films allant de près d'une heure. Parmi ceux-ci,
The Battle of the Sexes ; Home, Sweet Home ; The Escape ; et La Conscience
vengeresse14,15. Ce changement de norme exige des budgets plus élevés mais aussi des
synopsis plus ambitieux et mieux structurés. Par sa connaissance des ressorts narratifs,
élaborée pendant des années, Griffith contribue à l'avènement de ce nouveau format aux
États-Unis. Pour imposer ces histoires plus ambitieuses et retenir l'attention du spectateur,
il s'appuie souvent sur des œuvres littéraires connues et met en pratique sa science du
montage alterné3. Alors que la production de longs métrages se généralise, ces premières
œuvres de Griffith sont déjà des références marquantes du point de vue de l'originalité
formelle et de la tension dramatique3.
Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein
(en russe : Сергей Михайлович Эйзенштейн), né le 10 janvierjul./ 22 janvier 1898greg. à
Riga (gouvernement de Livonie, aujourd'hui Lettonie) et décédé le 11 février 1948 à
Moscou, est un réalisateur russe de la période soviétique. Il est souvent considéré comme le
« Père du montage ».Le père d'Eisenstein, Mikhaïl Eisenstein, est ingénieur municipal de la
ville de Riga et exerce plus tard la même fonction à Petrograd. Il réalise de remarquables
ensembles architecturaux dans le style « Art nouveau », en particulier à Riga. Sa mère
déménage à Paris lorsqu'il a douze ans.
En 1915, il entre à l'Institut des ingénieurs civils de Petrograd. En 1917, il abandonne ses
études et s'engage dans l'Armée rouge1. Eisenstein ne s'engage pas politiquement en
8
octobre 1917 lors de la révolution d'Octobre, mais au début de la guerre civile. Il sert dans
l'Armée rouge comme ingénieur.
Démobilisé en 1920, Eisenstein devient metteur en scène et décorateur de théâtre (voir "Le
Mexicain" de Jack London). Il fait une rencontre déterminante avec Meyerhold, qui dirige le
Théâtre Proletkult de Moscou. Son influence sera grande sur les innovations apportées par
Eisenstein aux montages (son concept de montage intellectuel en particulier). Il fait ses
débuts au cinéma en 1923, avec Le Journal de Gloumov, un petit film burlesque inséré dans
une représentation théâtrale et publie, la même année, ses premiers écrits théoriques sur le
« montage-attraction ». La Russie nouvelle a besoin de propagandistes. Les artistes,
notamment les caricaturistes, peuvent faire se rallier les masses illettrées au combat des
Bolcheviks. Alors Eisenstein peint des bannières, des affiches sardoniques, sarcastiques, bien
dans son humeur.
Il est un pionnier de l'utilisation de plusieurs techniques cinématographiques dont le
montage des attractions, qu'il explique dans ses écrits théoriques et qui eurent une grande
influence dans l'histoire du cinéma.
Dans ses premiers films, il n'utilise pas d'acteurs professionnels. Ses récits évitent les
personnages individuels pour se concentrer sur des questions sociales notamment les
conflits de classe. Les personnages sont stéréotypés. Eisenstein est loyal envers les idéaux
du communisme prônés par Joseph Staline. Ce dernier comprend très bien le pouvoir des
films en tant qu'outils de propagande, et il considère Eisenstein comme une figure
controversée. La popularité et l'influence d'Eisenstein fluctuent en fonction du succès de ses
films. En 1925, il tourne Le Cuirassé « Potemkine ». La célèbre scène de la poussette
descendant l'escalier est filmée le 22 septembre à Odessa. C'est la commission, chargée par
le Comité central du Parti communiste d'organiser le jubilé de la révolution manquée de
1905, et qui comprend dans ses rangs le commissaire du peuple à l'Instruction publique
Lounatcharski et le peintre Malevitch, qui a désigné Eisenstein pour réaliser un film
commémoratif. Faute de temps, le réalisateur ne pourra traiter la totalité des événements,
mais seulement l'un d'entre eux, la mutinerie intervenue sur le cuirassé. Parfois, il n'obtient
pas la reconnaissance pour son travail, par exemple pour le film Octobre : Dix jours qui
secouèrent le monde pour le dixième anniversaire de la prise du pouvoir par les
bolcheviks.Tout l'art de Sergueï Eisenstein s'exprime à travers ses montages uniques et
l'utilisation de ce que les critiques nommeront « le cinéma-poing », forme d'expression
s'opposant au « cinéma-œil » de Dziga Vertov. L'enchaînement des images crée un sens
intrinsèque, notamment par l'utilisation de dominantes. Montage, rythmique, utilisation des
couleurs mais surtout choix strict de la luminosité forment un nouveau langage
cinématographique. Eisenstein théorisera tout au long de sa vie sur le cinéma, ses
techniques, ses possibilités. Ainsi, alors qu'il a réalisé la quasi-totalité de ses films en muet, il
publie avec Alexandrov et Poudovkine un article manifeste sur le cinéma sonore en 1928
(premier film parlant en 1938).
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///THE BRAKHAGE LECTURES
Les éditions Capricci éditent la traduction des Brakhage Lectures, un recueil de textes écrits
par Stan Brakahge, figure de proue du cinéma underground new-yorkais et grand poète de
l'image en mouvement, qui avec Maya Deren, Jonas Mekas, Andy Warhol et quelques
autres, réinventa à partir des années 1950 les usages du cinématographe. Rédigés à
l'occasion d'un séminaire qu'il donna en 1970-1971 à l'Art Institute of Chicago, ces textes
sont des biographies imaginaires de cinéastes, et pas des moindres : Georges Méliès, D.W.
Griffith, Carl Theodor Dreyer, Sergueï Eisenstein, quatre monstres du cinéma qui ont chacun
façonné en profondeur l'histoire de leur art, et sans doute aussi, le rapport que Stan
Brakhage entretient avec lui.
The Brakhage Lectures est un petit recueil de nouvelles, certes documentées, charpentées
par les événements de la vie et par la filmographie de leur sujet, mais que la vision de leur
auteur fait décoler du réel de manière délirante, drôle, inspirée -- et non moins stimulante -par la vision de leur auteur. Pour ces petits exercices d'admiration, Brakahge s'amuse
chaque fois à partir d'un détail -- et de notion psychanalytiques -- pour forger le devenirmythe de ses personnages, ouvrant ainsi des horizons insoupçonnés à ses auditeurs-lecteurs
sur l'oeuvre de ces créateurs, et leur transmettant par là sa propre conception de son art, et
l'idée qu'il se fait de la figure de l'Artiste avec un grand A. C'est là en réalité le sujet central
de ce livre qui commence ainsi : "Laissez-moi vous dire, le plus simplement qu'il m'est
possible : la quête d'un art... qu'il s'agisse de création ou d'appréciation... est la plus
terrifiante aventure qu'on puisse imaginer. Elle mène toujours vers des régions inexplorées;
l'âme est menacée de mort à tous les tournants; l'esprit s'éreinte complètement; et le corps
va et vient, sans fin, en parcourant une terre de moins en moins familière. Il n'y a AUCUN
espoir de revenir du territoire découvert au bout de cette aventure; et il n'y a AUCUN espoir
d'être délivré de l'impasse dans laquelle une telle quête peut mener".Pour le plaisir du jeu,
je vais donc me livre, en quatre petits posts, à un jeu de raccord entre un film de chacun des
quatre cinéastes abordés dans ce livre et un film de Stan Brakhage. Pour suivre l'ordre des
"Lectures", je commencerais par Georges Méliès, "bouleversé" depuis l'enfance, selon
10
Brakhage, "déchiré en mille morceaux dès avant ce-qu'on-pourrait-appeler sa "naissance""
et qui "commence, alors qu'il n'est qu'un enfant, à inventer un esprit qui le vengera... un
héros qui rendra LIBRES les morceaux éparpillés diaboliquement ensorcellés -- ou même
carrément détruits -- de son être réel (...). Et le petit Georges se met un peu plus tard à
imaginer une héroïne capable de le réparer, une femme qui recollera les morceaux, qui
pourra à tout le moins restructurer son être réel". Cherchant d'abord à créer ces héros par
la magie, il poursuivra sa quête insensée avec le cinéma. Georges sera le premier "à voir
dans les films un médium donnant accès à une sur-nature et à un infra-monde, un
instrument pour dévoiler le naturel à travers la réflexion... une porte ouverte sur un monde
étranger en deçà de la surface de notre capacité visuelle naturelle, sur un monde souterrain
qui surgit dans le "nôtre" à travers les machines qui nous permettent de voir ce que nous ne
pouvons sentir naturellement".
http://www.youtube.com/watch?v=IFj5eiEtEq0&feature=player_embedded
D'abord quelques lignes des Brakhage Lectures se rapportant à ce que vous venez de voir :
Puisque "chaque chose immobile était une chose qui se détériorait", "s'il y avait sur elle des
lignes et des ombres (...) cette chose devenait rapidement hantée. Même l'image du soleilsource principale de lumière - n'exigeait plus que de recevoir les lignes d'un "visage" pour
avoir l'air malveillante à l'égard de toute chose qui serait d'un blanc aussi pur. Quasi
synonyme d'écran (screen), la lune (moon) préoccupa particulièrement Georges, car sa
représentation appelait un "visage" et suscita chez Georges un soupçon cosmique à l'égard
de chaque lumière dans le ciel. Toutes les étoiles n'étaient-elles pas, comme les premiers
astro-observateurs l'avaient vu, de simples chatoiements faisant vaguement signe vers les
formes d'énormes créatures noires?"
http://www.youtube.com/watch?v=XaGh0D2NXCA&feature=player_embedded
Et maintenant, Mothlight un petit film que Stan Brakhage a réalisé en 1963 en insérant des
feuilles et des insectes morts entre deux pellicules. Si vous regardez bien, vous verrez aussi
apparaître des étoiles :
Figure de proue du cinéma expérimental américain, Stan Brakhage a donné au cours de sa
vie un certain nombre de conférences sur ses propres films et ceux des autres. En 1970, à
l’occasion de séminaires donnés à l’Art Institut of Chicago, il commente la vie et l’œuvre de
quatre grands cinéastes : Georges Méliès, David Wark Griffith, Carl Theodor Dreyer et
Sergueï Eisenstein.
Ceux qui s’attendraient à une analyse classique des films de ces quatre grands maîtres ou à
une approche biographique traditionnelle peuvent rebrousser chemin : Brakhage nous
propose ici une vision toute personnelle des œuvres qu’il aborde, une sorte de
vagabondage poétique et fictionnel à travers elles.
« Je vais retracer, si vous le voulez bien, une biographie fictionnelle de Méliès- un roman
11
historique, si je puis dire. Je vais mentir comme le font les camelots… Je vais vous raconter
une histoire…dans le but de dévoiler la vérité. Mon histoire est bien évidemment basée sur
des faits. Cependant, il est vrai qu’un fait touchant un monde inconnu ne peut être que
fabriqué. Je vais par conséquence produire une fiction EN fait. »
Cette courte introduction qui ouvre la conférence sur Méliès s’applique de la même
manière aux trois autres cinéastes choisis par Brakhage. Il s’agit à la fois de revisiter des
œuvres célèbres par le biais de la « fiction » tout en les réinventant à la lueur d’un éclairage
nouveau.
Les quatre textes sont composés d’un manière quasiment identique : l’auteur cherchant
d’abord un angle d’attaque fort (« l’être dispersé » de Méliès) et structurant sa réflexion
autour d’une métaphore puissante qu’il dévide jusqu’au bout. La plupart de ces métaphores
trouvent leurs origines dans le terreau de la psychanalyse.
Prenons comme exemple, pour commencer, l’œuvre de Méliès jugée à l’aune de la «
déstructuration » de son Moi que l’auteur du Voyage dans la lune aurait tenté de
reconstruire par la magie et le cinéma :
« Par la suite, il se met à créer un moi diabolique (un moi réparé sur un mode imaginaire)
capable de mettre son héros en pièces, comme il le fut lui-même lorsqu’il n’était qu’un
fœtus (…) »
Pour Griffith, c’est la relation avec sa sœur Mattie que Brakhage met en valeur et qui
explique l’œuvre du « géant », le « Shapeskeare-américain » se sacrifiant au bout du compte
pour renvoyer à l’Amérique sa propre image dans les reflets de sa caméra miroir.
Le parcours de Dreyer est mis en parallèle avec le conte d’Andersen La reine des neiges et
Brakhage montre comment un petit mouflet danois est parvenu à inventer son propre
langage poétique après être passé par le langage médiocre du journalisme et son
inféodation à la Cause.
Enfin, le fil directeur que déroule l’auteur pour pénétrer dans l’œuvre granitique
d’Eisenstein est celui de l’enfant et son livre d’images :
« Je crois que c’est un livre d’images qui s’est substitué au refuge fœtal de Sergueï
Eisenstein et a par la suite empêché toute influence sociale en lui ».
Pour Brakhage, le montage révolutionnaire qui caractérisera les films du cinéaste soviétique
n’est là que pour recréer un livre d’images échappé de son enfance.
12
« L’Esthétique est une collection de coquillages morts.
C’est une feuille séchée entre les pages d’un livre.
C’est une inscription sur la tombe de la pensée.
Mais on peut la voir avec les yeux d’un enfant comme un livre d’images ».
D’aucun pourront penser que ces analyses ne sont que divagations fantaisistes et que
Brakhage a une manière vraiment trop personnelle de bâtir un écheveau d’hypothèses à
partir de détails minuscules. Il y a, en effet, quelque chose d’assez étonnant à voir l’œuvre
d’Eisenstein analysée à travers l’aversion du cinéaste pour les barbes (« La barbe est quasi
toujours mauvaise dans les films d’Eisenstein, c’est « le signe de la bête »… ») ou celle de
Dreyer expliquée par le prénom du réalisateur (Carl signifiant « homme du peuple ») : «Ce
jeune Carl…Theodor (« don de Dieu » en grec) fit son apparition en lui, un moi
comme…l’étoffe des héros. Si on l’avait nommé Theodor Carl Dreyer, il aurais pu devenir un
Héros tombé au champ d’honneur ou que sais-je… Toutefois, on le nomma autrement et il
devint artiste : c’était d’abord un « Homme du peuple. Qu’il fût un « Don de Dieu » n’était
dû qu’à un ajout de ses parents qu’il lui fallut pourtant assumer ».
Mais finalement, ce qui intéresse dans ces textes, c’est moins la relecture de ces œuvres
archiconnues que la figure de l’Artiste qui se dessine à travers ces portraits. Ce que
Brakhage cherche chez ces grands cinéastes, c’est une sorte de miroir à sa propre pratique,
une geste poétique qu’il pourrait partager avec eux. Ce que ces auteurs ont en commun,
c’est une volonté d’inventer un langage cinématographique et poétique radicalement neuf
et débarrassé des scories de la littérature, du théâtre et du journalisme.
A propos de Méliès, Brakhage écrit qu’il fut le « premier dans l’histoire moderne à
transformer un « médium » en « art » ». A leur manière, Griffith, Dreyer et Eisenstein ont
poursuivi cette quête d’un art cinématographique autonome. Et c’est dans cette lignée que
Brakhage souhaiterait voir son nom inscrit…*
13
///DOCUMENTATION
LES TECHNIQUES CINÉMATOGRAPHIQUES DE BASE
http://fgimello.free.fr/documents/technique_de_base_cinema.pdf
Stan BRAKHAGE (vidéo) http://www.youtube.com/watch?v=JaKKcyoEmr8
&list=PL3395588F94FA73FA
David Wark Griffith (vidéo) https://www.youtube.com/watch?v=-76xcwRE7M&list=PL636D5AF07F45751F
Georges Méliès https://www.youtube.com/watch?v=uMBkDT_eG5g
Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein https://www.youtube.com/watch?v=LDKKNKILIY&list=PLFD8754CB86E76A6C
Écriture et pensée visuelle par Kevin capelli
http://www.lafuriaumana.it/index.php?option=com_content&view=article&id=
388:ecriture-et-pensee-visuelle&catid=59:la-furia-umana-nd-10-autumn-2011&Itemid=61
Cinéma expérimental & Art vidéo: les enjeux du médium par Michel Mourlet
http://www.florianedavin.com/pages/Cinema_experimental_amp_Art_video_les_enjeux_d
u_medium-5815000.html
JOURNAL D'UN PRÉSENTpar Nicolas Renaud 2001
http://www.horschamp.qc.ca/cinema/fev2001/brakhage.html
Une oeuvre qui nous regarde
http://www.horschamp.qc.ca/9812/emulsion/stan.html
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