TSN 2006 : - CEA Cadarache

Transcription

TSN 2006 : - CEA Cadarache
n°16
Juillet/Septembre
2007
DOSSIER
TSN 2006 :
un rapport au service
de la transparence
INNOVATION
L’accueil se fait une place au
soleil
De nouvelles études pour
une meilleure
compréhension du risque
sismique
ZOOM
Le site Internet
du CEA/Cadarache change
son look
L e
m a g a z i n e
d u
c e n t r e
d e
C a d a r a c h e
7
DOSSIER
TSN 2006 : un rapport au service
de la transparence
Dans le cadre de la loi relative à la Transparence et à la Sûreté Nucléaire (TSN),
les Centres du CEA doivent désormais publier chaque année un « état des lieux »
exhaustif de leurs installations. Rejets, déchets, incidents éventuels, dispositions
de contrôle et de surveillance, tout doit y être décrit, dans un langage clair
et accessible au public le plus large.
Un dispositif réglementaire rigoureux,
régulièrement actualisé, régit l’activité
nucléaire. Depuis plus d’un demi-siècle,
lois, décrets, instructions et arrêtés se
succèdent pour fixer les normes, définir
les seuils et encadrer les procédures.
Cette réglementation s’impose à toute
installation nucléaire, qu’elle soit civile ou
militaire, destinée à la recherche ou à la
production. Une autorité administrative
indépendante – l’Autorité de Sûreté
Nucléaire (ASN), qui s’est substituée en
2006 à la Direction Générale de la Sûreté
Nucléaire et de la Radioprotection – est
chargée d’en assurer le respect au nom de
l’État.
Depuis 1984, chacun des 9 Centres du
CEA, et chacune des Installations Nucléaires
p.II ATOUT
de Base (INB) qu’il abrite, est tenu de
transmettre à l’ASN un « bilan annuel de
sûreté » : document technique qui détaille
toutes les informations pertinentes
en matière de sûreté, de sécurité,
de radioprotection, de rejets dans
l’environnement, etc. Le CEA publie
également, depuis 2003, un bilan annuel
de « maîtrise des risques » couvrant
l’ensemble de ses activités, destiné à ses
principaux partenaires et tutelles.
La loi TSN, votée le 13 juin 2006, définit la
transparence en matière nucléaire comme
« l'ensemble des dispositions prises pour
garantir le droit du public à une information
fiable et accessible en matière de sécurité
nucléaire ». Cette loi, qui a également créé
l’Autorité de Sûreté Nucléaire, impose
- n°16 Juillet/Septembre 2007
désormais
la
publication annuelle
d’un « Rapport
Transparence et
Sécurité Nucléaire»,
décrivant pour un
centre de recherche
tel que Cadarache,
le fonctionnement
de ses installations,
les rejets et les
déchets générés,
François Balandreau,
chargé d’affaires au
les incidents qui s’y
sein de la Cellule
sont éventuellement
Sûreté et Matières
produits ainsi que
Nucléaires
l’ensemble des
dispositions de contrôle et de surveillance
mis en œuvre.
Un important travail
d’équipe
Le « Rapport TSN » se présente donc sous
une forme différente des « bilans annuels »,
plus aérée, plus didactique, moins
technique. « A partir des mêmes sources,
c’est le style qui change », résume François
Balandreau, chargé d’affaires au sein de la
Cellule Sûreté et Matières Nucléaires du
Centre de Cadarache et coordonnateur
du rapport.
Une « maquette nationale », définissant
dans ses grandes lignes la forme du
document, a été élaborée, puis adaptée
aux spécificités de chaque centre. Ainsi, à
Cadarache, le Rapport TSN 2006 compte
deux « tomes » : le premier traite des
17 INB dont le CEA est l’opérateur, le
second des 2 INB dont l’opérateur est
AREVA NC1.
La rédaction du Rapport TSN 2006 a
nécessité deux mois d’un « important
travail d’équipe », auquel ont participé les
correspondants sûreté de chaque INB, des
représentants du Service de Protection
contre les Rayonnements, du Service
Technique et Logistique, du Département
de Gestion des Installations et du Service
Communication. Au terme de « longues
séances de relecture », le texte a été
progressivement débarrassé du jargon
sibyllin, propre aux documents techniques
– un « polissage » qui a nécessité près de
deux semaines de travail.
Certaines formulations, regrette François
Balandreau, « sont encore un peu abruptes »,
mais dans son ensemble, le Rapport TSN
atteint son objectif : présenter dans une
langue simple et claire un « état des lieux »
exhaustif du Centre de Cadarache, depuis
la description de chacune de ses INB
jusqu’au détail des dispositions en matière
de sûreté et de radioprotection, en
passant par les « résultats des mesures de
rejet et leur impact sur l’environnement » et
l’inventaire des « déchets radioactifs
entreposés sur le Centre ».
Prélèvements réalisés dans la Durance
« la sécurité est la priorité du CEA dans
l’exploitation de ses installations ». Le
directeur du Centre note également
la confirmation, par le Rapport TSN, de
« la maîtrise de l’impact de nos activités sur
l’environnement » - l’historique de l’état
radiologique du site, publié en 2005, avait
déjà démontré qu’en « un demi-siècle
d’activité le Centre n’a pas modifié la qualité
de l’environnement ».
Station de surveillance
atmosphérique
Les impacts maîtrisés
Le document, qui compte une quarantaine
de pages, s’ouvre par un préambule dans
lequel Serge Durand rappelle que
Après avoir brièvement présenté le Centre
et évoqué son impact économique
– 350 M€ d'achats et de marchés de
sous-traitance, dont 50% en région PACA –,
le rapport décrit les 17 INB dont le CEA
est l’opérateur - une liste qui met en
évidence la vaste palette des activités
conduites sur le site.
Les « dispositions prises en matière de
sûreté » font l’objet du chapitre suivant, qui
présente la nature des risques auxquels
ces activités peuvent être associées et les
dispositions mises en place pour les
prévenir. On y trouve notamment un
article consacré à « l’aléa sismique » qui
explique les notions de « séisme majoré de
Sécurité » et de « paléo-séisme », qui
constituent les références des dispositifs
parasismiques, ainsi qu’une liste
récapitulant les quelques soixante
« inspections, audits et contrôles » dont les
installations du Centre ont fait l’objet au
cours de l’année 2006.
Au chapitre 3, qui traite des « dispositions
prises en matière de radioprotection »,
figurent les résultats du suivi dosimétrique
des 1 458 « salariés surveillés » du CEA et
de ceux, d’un nombre à peu près
équivalent, des entreprises extérieures
intervenant sur le site. Les doses
moyennes constatées2 – 0,796 mSv pour
les premiers, 0,15 mSv pour les seconds –
sont dans les deux cas très inférieures à la
limite réglementaire annuelle d’exposition
des travailleurs, fixée à 20 mSv.
1 - Conformément à la loi de 2006, et préalablement à la diffusion du rapport, le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) du CEA
Cadarache et celui d’AREVA NC, établissement de Cadarache ont examiné le tome qui les concernait.
2 - L’unité de mesure de l’équivalent de dose est le Sievert, qui exprime l’impact des rayonnements sur la matière vivante.
ATOUT
- n°16 Juillet/Septembre 2007
p.III
DOSSIER
Écarts et mesures correctives
La « transparence » qu’évoquait François
Balandreau a été particulièrement la règle
pour le chapitre 4, dans lequel sont
décrits les « événements significatifs en
matière de sûreté nucléaire et de
radioprotection ». En 2006, 19 événements3
ont été signalés à l’ASN, dont 15 étaient
de niveau 0 sur l’échelle INES4 et quatre
de niveau 1 – le contexte dans lequel ces
« écarts » ont été constatés est décrit de
manière détaillée, ainsi que les « mesures
correctives » qui ont été apportées pour
empêcher qu’ils se reproduisent.
Le chapitre le plus long et le plus dense
du Rapport TSN 2006 présente « les
résultats des mesures de rejet et leur impact
sur l’environnement ». C’est également
celui qui a causé le plus de difficultés à ses
rédacteurs dans la mesure où, le cadre
réglementaire ayant évolué à partir de la
mi-2006, les mesures des rejets
radiologiques ont dû être présentées de
manière différente pour chacun des deux
semestres de l’année : mesures globales, à
l’échelle du Centre, pour le premier ;
mesures détaillées, à l’échelle de chacune
des INB pour le second.
Quel que soit leur mode de présentation,
ces tableaux livrent un même constat :
l’impact radiologique des rejets liquides et
gazeux du CEA/Cadarache sur son
environnement est non significatif – les
valeurs mesurées sont 3 000 fois
inférieures à la limite de dose annuelle
pour le public –, et il en est de même
Prélèvements pour analyses
environnementales
pour les rejets chimiques dont les
concentrations sont sensiblement
inférieures aux seuils de référence et
aux valeurs limites autorisées.
Le Rapport se clôt par un chapitre
consacré aux « déchets radioactifs
entreposés » sur le site. Un inventaire
Mesures radiologiques
d’un conteneur de transport
« Cadarache est
un site dynamique en phase
de renouveau,
avec une forte composante
historique… »
Interview de Laurent Roy,
récapitule la nature et le volume des
déchets présents au 31 décembre 2006
et indique l’exutoire auquel ils sont
destinés.
Un savoir-faire nouveau
Imprimé à 300 exemplaires, le Rapport
TSN 2006 du CEA/Cadarache est
également disponible sur internet
(http://www-cadarache.cea.fr), comme
l’ensemble des rapports publiés par les
autres Centres dans le cadre de la loi
TSN. Communiqué à chacun des
membres de la Commission Locale
d’Information, aux « interlocuteurs sûreté »,
comme l’ASN ou la Direction Régionale
de l’Industrie, de la Recherche et de
l’Environnement, il a été également
adressé aux maires des communes
proches du Centre et aux associations
intéressées par ses activités.
Au-delà de son objectif premier, la
réalisation du Rapport TSN a permis
d’ébaucher un « savoir-faire » nouveau,
fondé sur le travail d’équipe et associant
les compétences des experts nucléaires et
des spécialistes de la communication. « La
rédaction du Rapport 2007 devrait s’en
trouver facilitée », estime François
Balandreau et, « l’exercice de clarté » mis
à profit pour la production des futurs
documents de bilan.
3 - S’agissant des installations pour lesquelles AREVA est l’opérateur, trois événements de niveau 0,
un de niveau 1 et un de niveau 2 ont été déclarés.
4 - International Nuclear Event Scale : échelle comportant 7 niveaux, utilisée pour la communication
des événements.
p.IV ATOUT
- n°16 Juillet/Septembre 2007
nommé mi-2007 directeur régional de
l’industrie, de la recherche et de
l’environnement (DRIRE), directeur
régional de l’environnement (DIREN)
en PACA et délégué territorial pour la
division de Marseille de l’ASN.
ATOUT Cadarache : pourriez-vous présenter en
quelques mots votre parcours et vos missions ?
L. Roy : de formation ingénieur en chef du
génie rural, des eaux et des forêts, j’arrive de
Picardie où j’occupais des fonctions similaires
depuis six ans. Aujourd’hui, j’encadre près de
300 personnes au travers de mes diverses fonctions. Mon champ d’actions est vaste, puisqu’il
recouvre l’ensemble des enjeux environnementaux, mais également la participation au développement économique régional ! Il comporte
des aspects techniques, stratégiques, diplomatiques et de terrain. A l’ASN, les activités qui
m’ont été confiées consistent à coordonner
l’action de la division, à représenter l’ASN
auprès de ses différents partenaires, préfets ou
agences régionales hospitalières notamment, à
arbitrer des dossiers sensibles sous l’autorité
des commissaires de l’ASN, à veiller à une
bonne synergie entre les équipes de la DRIRE
et de l’ASN - en charge respectivement des
inspections des Installations Classées pour la
Protection de l’Environnement et des
Installations Nucléaires de Base – ou encore
à favoriser les relations de l’ASN dans le tissu
institutionnel local et régional… J’ai également
le rôle de porte-parole territorial de l’ASN.
I N N O VAT I O N
ATOUT Cadarache : récemment nommé dans
la région, pourriez-vous nous parler des spécificités
de la division de Marseille ?
L. Roy : je relèverais deux grandes spécificités…
D’une part, à l’exception de Phenix, la division
de Marseille n’a pas d’INB de production
d’électricité à encadrer ; en revanche, les activités
de recherche du CEA sont importantes,
compte tenu du nombre d’installations et de
l’organisation relativement complexe de la
nature de ses activités et de sa structure.
D’autre part, une activité émergente dans
laquelle notre division est particulièrement
concernée est l’aspect « radiothérapie », suivie
par notre pôle radioprotection. Nous renforçons donc particulièrement notre équipe
dans ces compétences car nous souhaitons
accompagner les évolutions rapides et
importantes dans ce domaine sensible…
L’accueil se fait une place
au soleil
ATOUT Cadarache : …vos premières impressions concernant Cadarache ?
L. Roy : Cadarache est un site dynamique en
phase de renouveau, avec une forte composante
historique… la culture de sûreté passe de
mieux en mieux et la direction affiche une
volonté forte de progrès, mais il y a encore des
efforts à réaliser, en particulier pour les équipements de soutien aux activités de recherche.
Des investissements ont été faits et globalement, nous avons enregistré des progrès
significatifs pour la transparence des informations ou pour les délais de déclaration d’incident. L’ensemble des salariés doit être acteur de
cette culture et avoir un positionnement clair
dans l’organisation pour encore progresser.
ATOUT Cadarache : pour finir, quid du
rapport TSN CEA 2006 ?
L. Roy : il est transparent ! C’est un document
complet, étape importante pour répondre aux
exigences de la loi. Fait pour le public le plus
large, il est particulièrement accessible à un
public averti. Il est nécessaire de réfléchir aux
cibles que l’on souhaite informer pour chaque
publication. Toutefois, un document unique,
rassemblant l’ensemble des exigences réglementaires tout en servant également d’outil de
communication pour le grand public n’est pas
encore envisagé ; des outils de communication
complémentaires « grand public » seront donc
nécessaires.
Denis Blanquet,
ingénieur systèmes
photovoltaïques
L’équipement en panneaux solaires du bâtiment accueil a
été réalisé à la fin de l’été 2007 !
Ce projet cofinancé par le CEA, l’état, la région PACA et
l’ADEME a pour objet l’installation d’une façade intégrant
des panneaux solaires sur environ 60m2. Cette verrière
esthétique, constituée de 126 modules photovoltaïques, a
fonction de brise soleil tout en générant de l’électricité.
La mise en service de l’installation s’est déroulée le
3 octobre dernier, en présence de la direction du Centre,
des partenaires et entreprises ayant travaillé sur ce projet
labellisé par le pôle de compétitivité Capenergies.
Un afficheur installé à l’intérieur du bâtiment permettra aux
visiteurs de visualiser la production d’électricité instantanée
et cumulée depuis la mise en service de l’installation.
Pour toute information : [email protected]
ATOUT
- n°16 Juillet/Septembre 2007
p.V
I N N O VAT I O N
De nouvelles études pour une meilleure com
Le CEA/Cadarache est situé à quelques
kilomètres de la faille de la moyenne
Durance, potentiellement responsable
de séismes. Les installations nucléaires de
Cadarache sont construites selon la
réglementation française, qui prend en
compte ce risque de tremblement de
terre.
Les séismes de « référence »
auxquels résistent les
installations nucléaires de
Cadarache ont été révisés
en 2001 sur la base des
meilleures méthodes et
connaissances du moment.
Ces séismes ont été
« majorés » afin de bénéficier
Présentation par
de marges de sécurité
Fabrice Hollender,
importantes, et ont été
chef de projet
validés par l’Autorité de
Cashima
Sûreté Nucléaire.
L’exploitant nucléaire doit cependant
mettre à jour régulièrement sa connaissance des risques sismiques et réévaluer
en conséquence les référentiels de sûreté
de ses installations. C’est dans ce cadre
qu’a été lancé en 2005 le projet
Cashima qui a déjà permis de traiter de
nombreuses données nouvelles pour
consolider les connaissances sur l’aléa
sismique.
Carte de l’aléa sismique mondial, déterminé par le groupement international « GSHAP »
(Global Seismic Hazard Assessment Program – Programme d’évaluation de l’aléa sismique global).
Source : http://www.seismo.ethz.ch/GSHAP/
de terre qui pourraient survenir dans la
région concernée à partir de données
géologiques, sismologiques et géophysiques. Afin de bénéficier de marges de
sécurité, sont étudiés des séismes plus
forts en magnitude, puis les spécialistes
des structures et du génie parasismique
conçoivent des installations capables
d’affronter ces tremblements de terre
majorés.
Le programme Cashima1
Un risque maîtrisé
Les séismes présentent une menace bien
particulière : ils arrivent très brutalement,
sont imprévisibles et peuvent toucher
simultanément de nombreux bâtiments.
Impossible, par exemple, d’évacuer le
personnel en cas de danger. Quelle que
soit la nature de la construction (du bâti
normal à l’installation nucléaire), il est
donc nécessaire d’adopter une approche
de prévention afin de concevoir des
bâtiments suffisamment résistants pour
faire face aux secousses. Cette maîtrise
du risque sismique se fait en deux temps :
l’évaluation de l’aléa sismique et la
conception parasismique appropriée des
bâtiments.
Dans le cadre de la réglementation
s’appliquant aux installations nucléaires,
définir l’aléa consiste à évaluer le mieux
possible quels seront les tremblements
p.VI ATOUT
Afin d’actualiser les données disponibles
sur l’aléa sismique local, le programme de
recherche Cashima (CAdarache Seismic
Hazard Integrated Multidisciplinary
- n°16 Juillet/Septembre 2007
Assesment) a été lancé par le CEA de
Cadarache en 2005. Il vise à évaluer l’aléa
sismique de Cadarache par une approche
multidisciplinaire intégrée.
Ce projet a pour objectif d’affiner la
connaissance de la tectonique provençale.
Pour cela, le Centre s’est associé aux spécialistes d’organismes de recherche régionaux et nationaux tels que la Chaire de
Géodynamique du Collège de France
(basée sur le plateau de l’Arbois), le
Centre Européen de Recherche et
d’Enseignement des Géosciences de
l’Environnement (CEREGE), le Laboratoire
de Géologie des Systèmes Carbonatés
(LGSC), le Bureau de Recherche
Géologique et Minière (BRGM), l’Institut
de Radioprotection et de Sûreté
Nucléaire (IRSN), etc.
Des données acquises sur la période 1970
à 1986, jusque là en possession des compagnies pétrolières et s’apparentant à une
véritable « échographie géologique », ont
été réexploitées dans le cadre du projet
Cashima. Les résultats obtenus, relatifs à la
géométrie de la faille de la moyenne
Durance en profondeur, ont montré
qu’elle ne pouvait pas rompre sur toute sa
longueur. Cette nouvelle perspective limite
ainsi la magnitude (voir encadré) maximale pouvant être générée par la faille,
alors que le scénario retenu jusqu’à
présent supposait que la faille rompe sur
toute sa longueur. « Grâce à l’analyse
1 - Cashima est inspiré du nom de la divinité japonaise Kashima qui
maintenait immobilisé le poisson-chat sur lequel reposait l’archipel du Japon
afin d’y limiter les séismes.
préhension du risque sismique
La faille de la moyenne
Durance
Si la Provence est caractérisée par une sismicité
modérée, des séismes violents sont déjà survenus,
comme à Lambesc en 1909 (près d’une cinquantaine
de victimes). Ce séisme a été causé par la faille de la
Trévaresse. La plus grande source d’aléa sismique
pesant sur Cadarache est liée à la faille de la moyenne
Durance. Située à quelques kilomètres à l’ouest du
site (et donc plus proche que la faille de la
Trévaresse), elle a déjà été la cause de plusieurs
séismes : à Manosque en 1708, Beaumont-de-Pertuis en 1812 ou encore Volx en 1913. La
faille de la moyenne Durance est en fait un faisceau de plusieurs failles ou « tronçons »
suivis par les géologues depuis Château-Arnoux jusqu’à Aix, soit sur une distance cumulée
de 70 km. C’est le risque engendré par ces failles qui est pris en compte dans la sûreté des
installations de Cadarache.
récente de ces données, nous nous
sommes rendus compte que la magnitude
maximale de la faille de la moyenne
Durance était limitée à 6,5. Or, nos efforts
de prévention sont basés sur l’éventualité
d’un séisme de magnitude 7. Un séisme
de magnitude 6,5 génère cinq fois moins
d’énergie qu’un séisme de magnitude 7 :
cela illustre bien les marges de sûreté dont
disposent les installations de Cadarache. »
précise Fabrice Hollender, chef du projet
Cashima.
Une surveillance permanente
Cadarache dispose de toute une gamme
d’instruments de mesures de pointe,
chargés de surveiller d’éventuels mouvements du sol. Certains enregistreurs,
disposés en sept endroits différents du
site, sont spécialisés dans le diagnostic des
mouvements forts. D’autres capteurs
sismiques sont destinés à donner l’alerte.
D’autres encore, situés dans les sous-sols
des bâtiments, détectent les toutes premières secousses d’un séisme et mettent
automatiquement en « conditions sûres »
les installations nucléaires en déclenchant
les arrêts d’urgence avant que les
secousses les plus fortes n’arrivent. A cette
surveillance locale s’ajoutent les réseaux
nationaux d’alerte sismique, dont l’un
d’entre eux est géré par le CEA depuis le
Centre de Bruyères-le-Châtel (91). A des
fins d’études géologiques, l’IRSN dispose
également d’un réseau spécialisé dans la
détection et la localisation des faibles
séismes en moyenne Durance.
Des bâtiments entièrement
sécurisés
Le 16 juillet dernier, un séisme de magnitude 6,6 à 6,8 a frappé le Japon. Il a
notamment affecté la centrale nucléaire
de Kashiwazaki. Les secousses mesurées
dans la centrale ont été supérieures aux
valeurs retenues pour la conception.
Quels enseignements en tirer pour
Cadarache ? Il est à noter que malgré
ces secousses, aucune avarie de nature à
remettre en cause l’état sûr de la centrale
n’est à déplorer, ce qui confirme les
marges dont on dispose sur la conception
parasismique. La France métropolitaine
est un pays où l’aléa sismique est faible à
modéré, les séismes y sont bien plus
rares qu’au Japon (voir carte de l’aléa
sismique mondial).
La sûreté des installations nucléaires
françaises est examinée en profondeur
tous les dix ans, de façon à s’assurer
qu’elle atteigne les performances des
installations les plus récentes et reste
conforme aux éventuelles nouvelles
réglementations. Les installations sont
ainsi renforcées si nécessaire, ou remplacées
par de nouvelles installations si les
confortements ne sont pas techniquement
ou économiquement possibles.
ATOUT
La magnitude
La magnitude est une mesure de
l’énergie totale générée par un séisme.
C’est Charles F. Richter qui a utilisée
pour la première fois cette notion en
1935, pour étudier les séismes
californiens. Son calcul se basait sur la
mesure de l’amplitude maximale de
séisme, enregistrée avec un type de
sismomètre bien défini, puis corrigée
pour prendre en compte différents
facteurs, comme l’éloignement aux
séismes. Aujourd’hui, la magnitude
est estimée avec d’autres approches et
d’autres appareillages. La magnitude
est une grandeur physique qui ne
présente ni « échelon » ni limite
supérieure ou inférieure. Des « microséismes » peuvent parfaitement
présenter des magnitudes négatives.
Le plus gros séisme enregistré à ce
jour présentait une magnitude de
9,5 (Chili, 1960). Augmenter la
magnitude de 1 revient à multiplier
l’énergie dégagée par un facteur
d’environ 30 !
La magnitude ne doit pas être
confondue avec l’intensité, qui sert à
évaluer les effets d’un séisme en un
point donné. L’intensité est mesurée
sur des échelles graduées, celle
actuellement en vigueur en Europe
contenant des degrés allant de I à XII,
écrits en chiffres romains afin de bien
la différencier de la magnitude.
AMPLITUDE 23 mm
DISTANCE
(KM)
MAGNITUDE
AMPLITUDE
(mm)
Diagramme utilisé par Richter pour
la détermination de la magnitude
Informations complémentaires :
http://eost.u-strasbg.fr/pedago/
http://www-dase.cea.fr/
http://www.irsn.org
- n°16 Juillet/Septembre 2007
p.VII
ZOOM
Le site Internet
du CEA/Cadarache change son look
Au programme, de nouvelles rubriques, des films, des dossiers thématiques,
les dernières publications du Centre et bien entendu, l’ensemble des informations
relatives aux grands projets et aux activités de recherche de Cadarache.
« Réseau Scientifique et Technique »,
entre collaboration et partage
des savoirs
Découvrez les nombreuses coopérations avec des universités, des
organismes et des laboratoires de
recherche (publics ou privés) au
niveau régional, national, européen et international mais aussi
avec des partenaires industriels
au travers d'initiatives telles
que le Pôle de compétitivité
Capenergies. Les chercheurs qui
réalisent des actions de diffusion
de culture scientifique y sont
également présentés ainsi que
l’exposition itinérante e=mc2.
Créé en 1996, le www-cadarache.cea.fr,
premier site Internet d’un Centre CEA,
connaît en 2007 sa deuxième grande
évolution. En 2002, le site avait consolidé
son appartenance CEA en adoptant une
charte graphique commune à l’ensemble
des directions et Centres, et en étoffant
les informations relatives aux activités de
recherche.
la surveillance de l’environnement y
trouvent également une place conséquente
où les principaux acteurs de suivi et de
contrôle et l’ensemble des réglementations
sont présentés. Toutes les données sont
consultables en ligne, via différents rapports
de surveillance et publications, tel que le
Rapport sur la Transparence et Sécurité
Nucléaire 2006.
Le contenu de la nouvelle version est
destiné à un large public d’internautes.
Les activités de recherche du Centre :
Fission, Fusion, Biologie, Nouvelles
Technologies pour l’Energie (biomasse,
solaire…), sont détaillées et expliquées
au travers d’illustrations pédagogiques
comme de rapports plus pointus, pour
un public averti. Les grands dossiers de
l’énergie sont également présents, répertoriés par thèmes, comme par le passé,
mais agrémentés de plus de photos,
schémas et dossiers d’informations.
La sécurité, la sûreté des installations et
Trois nouvelles rubriques ont par
ailleurs été créées : « Réseau
Scientifique et Technique », « Espace
Entreprises » et « Emploi, Stages,
Formation ». La fin de l’année 2007 et
le premier semestre 2008 seront mis à
profit pour développer ces rubriques,
actualiser le contenu et mettre en ligne
de nouveaux dossiers.
Connectez-vous dès aujourd’hui
sur le www-cadarache.cea.fr pour
y découvrir les dernières actualités
et nouveautés !
« Espace Entreprises », portail
dédié aux professionnels
Accédez directement sur le site
des marchés du CEA et visualisez
ainsi l’ensemble des consultations
en cours des différents Centres.
Vous pourrez également accéder
à la présentation technicoéconomique des grands projets
du site de Cadarache.
« Emploi, stages, formation », plus
de 500 stagiaires et apprentis
par an
Comment postuler à un stage ou
un emploi au CEA, effectuer une
formation en alternance, réaliser
un doctorat ? En un seul clic, cette
nouvelle rubrique explique la
marche à suivre et oriente les
candidats vers les personnes à
contacter.
Directeur de la publication : Serge Durand - Rédaction : Sophie Gourod, Bernard Besnainou, Catherine Argant/AREVACOM, Audrey Loubens, Fabrice
Hollender, Pierre Bec - Photos : Corinne Guis, CEA/Lesenechal, CEA - Dépôt légal le 16 avril 2004 - ISSN : 1766-4594 - Maquette : Signum communication
p.VIII ATOUT
- n°16 Juillet/Septembre 2007