La restriction calorique ne modifie pas de la même façon le
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La restriction calorique ne modifie pas de la même façon le
La restriction calorique ne modifie pas de la même façon le métabolisme énergétique dans chaque sexe Chaque jour, nous dépensons de l’énergie pour faire fonctionner notre organisme. Ces dépenses se répartissent en trois grands postes : - le métabolisme de base pour 65 à 75% ; - l’activité physique pour 15 à 30 % ; - la digestion pour 6 à 10 %. Cette énergie est apportée par les aliments à raison de 4,0 kcal/g pour les glucides, 4,3 pour les protéines et 9,2 pour les lipides. Pour assurer la balance énergétique de l’organisme, il faut que les apports correspondent aux dépenses, soit près de 1800 kcal/j pour une femme et 2200 kcal/j pour un homme. Si la nourriture vient à manquer, il faut puiser dans nos réserves, essentiellement en mobilisant le tissu adipeux. Lorsque la pénurie se prolonge, la masse maigre sera mise à contribution en commençant par les muscles squelettiques. Dans plusieurs modèles expérimentaux, tels les rongeurs, une restriction chronique des apports alimentaires de 30 à 40 % est souvent associée à une augmentation de l’espérance de vie moyenne et de la survie maximale. Les animaux restreints ayant une activité physique comparable à celle des animaux nourris à volonté, leur métabolisme de base doit nécessairement être modifié par la restriction. La production de chaleur est une des composantes importantes des dépenses énergétiques de base qui pourraient être modulées. La chaleur est produite au niveau du tissu adipeux brun par une protéine de découplage, l’UCP1, présente dans la membrane des mitochondries et qui est capable de transformer de l’énergie chimique en calories. Une réduction de cette thermogenèse pourrait diminuer les pertes énergétiques de l’organisme au profit des fonctions vitales. Les auteurs de ce travail ont essayé de documenter cette hypothèse chez des rongeurs en portant leur attention sur d’éventuelles différences mâles/femelles dans la gestion de la balance énergétique. Leur démarche a consisté à restreindre de 40% les apports alimentaires de rats mâles et femelles durant 100 jours, par rapport à des témoins. La quantité de calories ingérée par unité de poids corporel était comparable entre mâles et femelles au sein respectivement des groupes ad libitum et restreints. Leur balance énergétique était estimée à partir de leur consommation d’O2 et leur production de CO2 mesurées en cage à métabolisme. Curieusement, ces deux paramètres étaient significativement réduits par la restriction chez les femelles durant les 100 jours de l’étude alors que chez les mâles, après une période d’adaptation de 3 semaines, la balance énergétique était identique entre groupes témoin et restreint. Dit autrement, les femelles soumises à une restriction alimentaire réduisaient plus leur métabolisme de base que les mâles qui consommaient toute l’énergie apportée par la nourriture. La masse de tissu adipeux brun, siège de la thermogenèse, diminuait plus chez les femelles que chez les mâles dans les groupes restreints. Le taux de protéine de découplage UCP1 responsable de la production de chaleur au niveau des mitochondries était 2 à 4 fois plus important chez les femelles que chez les mâles nourris à volonté. La restriction alimentaire réduisait le taux d’UCP1 d’un facteur 2 à 3 chez les femelles alors qu’elle n’avait pas d’effet significatif chez les mâles. Si la dissipation d’énergie en chaleur est bien proportionnelle à la quantité de tissu adipeux brun et de protéines UCP1, on voit que les femelles ayant libre accès à la nourriture consomment plus d’énergie en thermogenèse que les mâles. En revanche, en cas de réduction des apports énergétiques, elles diminueraient très sensiblement cette thermogenèse alors que les mâles ne modifieraient pas cette composante de leur métabolisme. Cela permettrait aux femelles de garder une plus grande marge de réserve énergétique en cas de pénurie. Cette économie d’énergie est utile pour maintenir un haut niveau d’activité métabolique pour les organes essentiels comme le cœur, le rein, le foie ou le cerveau, et bien entendu l’appareil reproducteur. Chez ces femelles en restriction, les cycles menstruels étaient d’ailleurs inchangés comparés aux animaux témoins. Les auteurs font l’hypothèse d’une différence selon le sexe dans la régulation hormonale du métabolisme de base, notamment par les hormones thyroïdiennes. Les oestrogènes, connus pour moduler la production de chaleur par le tissu adipeux brun, pourraient aussi être impliqués dans ces différences mâles/femelles. Les expériences montrant qu’une restriction alimentaire augmentait l’espérance de vie des rongeurs ayant été faites majoritairement chez des mâles, il serait intéressant de revoir la relation entre nutrition et longévité chez les femelles en tenant compte de ces différences d’adaptation du métabolisme énergétique. B. Corman Successful Aging Database Mâles Femelles Nourris à volonté 17 19 40% restriction Production de CO2en mL/min.kg 0,67 Nourris à volonté 40% restriction 17 15 14 14 17 13 Consommation d’O2en mL/min.kg 0,67 Consommation d’O2 et production de CO2 chez des rats Wistar mâles et femelles nourris à volonté ou restreint de 40% pendant 100 jours. Motta M, Bennati E, Ferlito L, Malaguarnera M, Motta L; Italian Multicenter Study on Centenarians (IMUSCE). Successful aging in centenarians: myths and reality. Arch Gerontol Geriatr. 2005 ; 40 : 241-51. ©2005 Successful Aging SA Af 352-2005