La cité scolaire de Kerichen, une ville dans la ville

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La cité scolaire de Kerichen, une ville dans la ville
Brest
Ouest-France
Vendredi 31 mai 2013
La cité scolaire de Kerichen
La cité scolaire de Kerichen, une ville dans la ville
Trois lycées, un collège… Avec plus de 5 000 personnes, Kerichen est plus
importante que bien des communes. À lui seul, le self fournit 4 000 repas par jour.
8 h 15
Dans les cuisines, on s’active.
11 h 30
Arrivée des premiers élèves. Pour
3,15 €, les lycéens bénéficient d’une
entrée, d’un plat et de deux desserts
ou fromages. Ils ont le choix entre six
plats accompagnés de féculents et
légumes. Il n’y a pas d’abonnement
mais des tickets. L’élève peut décider
au dernier moment d’aller manger en
ville s’il le souhaite… Pour Paul et Antoine, en terminale scientifique à Vauban : « Globalement, c’est bon. Les
mêmes plats reviennent souvent,
12 h 15
L’heure de pointe. Des élèves affluent de tous les coins de la cité.
Malgré deux bornes d’entrée, il y a
souvent de l’attente, dans le froid ou
sous la pluie. Les collégiens entrent
directement. Bon point : dans le self,
l’acoustique est remarquable. Fin du
service à 13 h 30.
18 h 30
Jusqu’à 19 h 30, plus de 600 repas
sont servis aux internes et à des étudiants qui habitent en dehors de la
cité mais y prennent tous leurs repas.
L’hiver, il y a de la soupe en entrée.
Et demain ?
En septembre, la moitié des chaises
sera renouvelée. Les élèves choisiront le plat chaud avant leurs entrées
et desserts pour mieux équilibrer leur
plateau. Des « salades bar » permettront de composer soi-même son assiette. Un cahier de suggestions sera
mis à disposition.
(*) Depuis début mai, le self fabrique aussi 1 400 repas supplémentaires par jour pour la cité de l’Harteloire et le lycée Dupuy-de-Lôme, dont
les restaurants sont en réfection.
Le restaurant fabrique environ 500 000 repas dans l’année.
À l’infirmerie, plus de 6 000 consultations chaque année
Insolite
Vingt ans de chantier
Première pierre en 1952. Des deux
fermes sont expropriées, il reste trois
châtaigniers, situé le long du self actuel. Première rentrée en 1955.
Trois lycées complémentaires
Kerichen (1 300 élèves) n’accueille
que des scientifique et littéraires. Il
est le deuxième pôle de classes prépas de l’académie et le seul doté
de classes « étoiles » préparant aux
écoles d’ingénieurs les plus sélectives. À partir de 1960, deux ans
après l’ouverture des ateliers, le collège industriel devient un lycée général, technologique et professionnel (1 500 élèves), avec aussi des
classes prépas. En 1987, il prend
le nom de Vauban, ingénieur qui a
donné un nouveau visage à Brest au
Plan de la cité scolaire
XVIIe siècle. En 2004, fusion avec le
lycée Lanroze.
En 1966, le collège ménager devient un lycée général, technologique
et professionnel (1 500 élèves) qui
accueille les sections économiques
et tertiaires de la cité. Depuis 1988,
il compte une classe prépa destinée
aux bacheliers technologiques. Le
nom Jules-Lesven est adopté vers
1990 en hommage au résistant brestois fusillé en 1943 au camp d’Auvours.
Et un collège
À l’origine, il faisait partie intégrante
du lycée Kerichen. Il est devenu autonome en 1996. Il compte aujourd’hui
300 élèves, contre 900 il y a quelques années.
n
esve
ules-L
rue J
Le service fonctionne avec quatre infirmières qui ont passé un concours pour travailler dans l’Éducation nationale.
Pas d’ennui
De temps en temps, elles délivrent
la pilule du lendemain. Cette année,
côté collège, elles ont aussi été sollicitées pour quelques bagarres et cas
de harcèlement, comme au lycée.
En classes prépas, ce sont des problèmes de stress. Les soins psychologiques « nécessitent beaucoup
d’écoute. » Les élèves peuvent avoir
confiance. « On ne juge pas. Et c’est
confidentiel. »
Les infirmières font un peu d’éducation à la santé dans les classes. Mais
c’est surtout lors des consultations
individuelles qu’elles informent les
jeunes sur les dangers de la cigarette, de l’alcool, des drogues, etc.
Même si un demi-poste a été supprimé au collège, Claire Ozen et Sandrine Cloâtre-Marandon, les deux autres professionnelles, assurent : « Le
travail est varié. On ne s’ennuie jamais ! Certains élèves, on les suit
du collège à la classe prépa. »
300 élèves
30 enseignants
Lycée Kerichen
1 300 élèves
135 enseignants
En rouge
les établissements
communs
Restauration
Internat
Infirmerie
Internat Prépas
Boulevard Léon-Blum
Internat
Greta
rue Prince-de-Joinville
« Régulièrement, un médecin de ville
ou l’ambulance sont appelés. Nous
n’avons pas le droit d’amener les
élèves en voiture à l’hôpital. »
1 500 élèves
200 enseignants
Collège
èg
ège
rd
Lycée
y
Vauban
sa
Ly
Lycée
y
Lesven
1 500 élèves
140 enseignants
as
eC
ru
Un bâtiment discret, le « I », abrite l’infirmerie au rez-de-chaussée. Ce service est commun aux quatre établissements, comme la restauration et la
lingerie. Elle compte six chambres,
dont un lit médicalisé. Les quatre infirmières ont obligation de résider sur
place. Une est référente pour chaque
établissement.
Le service fonctionne 24 heures sur
24, du dimanche soir au samedi matin. Elle est ouverte au public de 7 h à
21 h. Chaque nuit, une infirmière est
d’astreinte. Elle est toujours doublée
par une collègue ! « C’est normal !
4 400 élèves, 600 internes, c’est
une petite ville », s’exclame MarieLaure Abjean, qui y travaille depuis
2001. Les interventions sont rares
dans la nuit.
« Chaque année, entre 6 000 et
7 000 élèves viennent consulter.
Un chiffre globalement stable », indique Myriam Allard, à Kerichen depuis 2001 après avoir été infirmière
anesthésiste à l’hôpital. Ce chiffre
comprend notamment ceux qui viennent plusieurs fois, pour des traitements ou des soins quotidiens. « Les
internes ont interdiction de conserver des médicaments dans leurs
chambres. »
Les infirmières soignent souvent
des maux de tête, de ventre, ou de
gorge. En cas d’épidémie de gastro ou de grippe, il est arrivé que
toutes les chambres soient occupées ! Il y a aussi quelques fractures.
Repères
hen
7h
Environ 400 petits-déjeuners sont
servis aux internes jusqu’à 7 h 45.
Au menu : une boisson chaude,
pain, confiture, beurre, lait bio, jus
d’orange, fruit, et yaourt. Carla, de
Plouguerneau, en seconde à JulesLesven, regrette : « Il n’y a pas de
pâte à tartiner chocolatée, ni mes
céréales habituelles ! »
10 h 30
Tout est prêt ! Le menu est affiché.
Pour manger équilibré, il faut une
couleur de chaque famille alimentaire. Sels et épices sont dosés. Les
frites, c’est tous les 20 repas. Et le
poisson frais, une fois par mois. En
entrées, les carottes et céleri proposés chaque jour sont bio. Mais les
produits bio restent peu servis. « Le
problème, c’est le coût », souligne
Pascal Fouqueray, coordinateur.
mais ça reste varié. Il y a en toujours
un qui est bien. » Lauriane et Ermeline, en 6e, estiment quand même
que « dès fois, c’est gras ! »
Ker
ic
5 h 45
Boulevard Léon-Blum, des camions
livrent les cuisines. Dans la cité,
les quatre établissements sont autonomes, mais la restauration est
commune. Le service (37 salariés)
sert environ 2 800 couverts le midi
(*), 600 le soir. « La plus grande cuisine scolaire du Finistère », précise
Rémy Habasque, chef cuisto. Grâce
à sa taille, le self gère lui-même ses
marchés alors que les autres établissements du Finistère passent par
un groupement unique d’achats. Il
choisit donc ses fournisseurs, et ses
produits. Autre particularité : chaque
vendredi, les fruits et légumes frais
de la semaine à venir, sont goûtés !
« Parfois, nous refusons ! », affirme
Emmanuelle Rolland, gestionnaire
des services communs.
« Quasiment tout est préparé sur
place, y compris les lasagnes. » Pas
les nems, feuilletés, pâtisseries industrielles, poissons panés, ou hamburgers. Rémy Habasque élabore les
menus, soit onze repas du lundi au
samedi matin. Cette année, il a innové avec du panais, du céleri braisé,
des haricots cocos, et du fenouil en
gratin. Coût moyen des denrées par
repas : 1,65 €.
rue
de
Reportage
Internat
16 hectares, 4 500 élèves, et « l’obligation de bien s’entendre »
L’héritier du lycée de Brest
Le lycée de Brest, créée en 1839,
est détruit lors de la Seconde Guerre
mondiale. En 1944, il a été décidé de
le reconstruire sous la forme d’une
cité scolaire, prévue pour 6 000
élèves, réunissant les établissements
publics du second degré. Soit un
lycée « classique et moderne » et
deux collèges, l’un d’enseignement
industriel et l’autre ménager. Innovation : cette cité est mixte. La Ville
met 16 ha de terrains à disposition au
lieu-dit Kerichen (sans accent). L’architecte Jean-Baptiste Mathon privilégie le style monumental. Des deux
fermes expropriées, il reste trois châtaigniers situés le long du self
Immense… mais pas
déshumanisée
16 ha, 4 500 élèves, plus de 600
salariés, plus de 100 diplômes… la
cité scolaire de Kerichen, l’une des
plus importantes de France, affiche
des proportions énormes. Elle réunit
aussi plus de la moitié des lycéens
brestois du public ! Vu de derrière les
grilles, c’est un bloc impressionnant.
Mais du côté des élèves, la réalité apparaît moins effrayante. « Au début,
j’étais impressionnée. Mais finalement, mon lycée ne comporte que
deux bâtiments. On apprend vite à
se repérer », indique Léna, lycéenne
à Kerichen. « On a le sentiment
d’une grande fluidité à l’intérieur de
la cité », ajoute Christine Morisson,
principale du collège.
Organisation atypique
Une cité scolaire ? C’est quand
plusieurs établissements utilisent
conjointement certains locaux. Souvent, elles réunissent un ou deux lycées ; ou un lycée et un collège. Mais
Kerichen se révèle atypique avec ses
trois lycées et son collège. Autre particularité : habituellement, un proviseur dirige l’ensemble. Pas à Kerichen, où la cité n’a pas d’existence
juridique. Chacun est autonome. Il y
a quatre directeurs. Cependant, le lycée de Kerichen est l’établissement
de référence pour le self, la lingerie,
et l’infirmerie. La comptabilité est
aussi commune, mais elle se trouve
à Vauban. La maintenance du patrimoine relève de Lesven.
« Condamnés à s’entendre »
Théoriquement, les établissements
de Kerichen peuvent fonctionner
chacun de leur côté. Mais depuis
quelques années, ils veulent marcher dans la même direction. « On
est interdépendants. Pour travailler
dans le même sens, nous sommes
condamnés à nous entendre », insiste Pierre Johannel. « On s’entend
bien », confirment Christine Morisson, Bernard Le Gal et Jean-Louis
Buannic. Chaque mois, ces quatre
chefs d’établissements se réunissent.
Les gestionnaires font de même, ainsi que les agents chefs. Au sommet,
un conseil de cité rassemble directeurs, adjoints et gestionnaires.
Projet de restructuration
Globalement, excepté Vauban qui
a bénéficié d’un coup de jeune il y
a quelques années et Kerichen qui
dispose d’un bâtiment moderne, la
cité a peu évolué. La Région a lancé
une vaste étude pour réorganiser la
cité. Déjà les réseaux d’eau ont été
refaits. Bientôt, l’entrée de cité, rue
Jules-Lesven, va être rénovée. Les
chantiers sont coûteux. Des projets
d’espaces communs sont dans les
cartons. Un amphi voire une médiathèque seraient appréciés de tous.
Débat sur le nom du lycée
Pierre Johannel voudrait accoler le
nom de La Pérouse, célèbre navigateur, à Kerichen. Pour bien différencier le lycée de la cité, et éviter les
confusions fréquentes. Mais ce projet rencontre l’opposition d’élèves.
Pas facilement de toucher à une institution. Le débat est regardé de près
par le collège, touché par la même
problématique.
De gauche à droite : Bernard Le Gal, proviseur du lycée Vauban ; Christine
Morisson principale du collège Kerichen ; Pierre Johannel, proviseur du lycée
Kerichen et Jean-Louis Buannic, proviseur du lycée Jules-Lesven.

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