1. Les limaces sont-elles uniquement nuisibles ? 2. Biologie des

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1. Les limaces sont-elles uniquement nuisibles ? 2. Biologie des
1. Les limaces sont-elles uniquement nuisibles ?
La limace est certainement un des ravageurs des jardins parmi les plus
redoutés. Ces gastéropodes se nourrissent aux dépens de nos légumes et de
nos plantes avec une préférence pour les jeunes pousses tendres.
Les dégâts dus au passage des limaces sont plus graves que la perte
correspondant à la quantité effectivement dévorée. D’une part les légumes
sont peu ragoûtants, d’autre part les parties atteintes pourrissent, et ce
d’autant plus vite que les limaces transmettent fréquemment des agents
infectieux aux plantes, par l’intermédiaire de leur bave ou de leurs déjections.
Néanmoins, la classification des organismes vivants en catégories dites
"utiles" ou "nuisibles" est arbitraire, car dans la nature chaque être a un rôle à
jouer au sein de la communauté biologique, en interaction avec les autres
organismes vivants. Un équilibre s’établit tout naturellement entre les soidisant nuisibles et ceux que l’on qualifie d’utiles.
Ce dossier technique indique les mesures à prendre pour stopper la
pullulation des mollusques sans pour autant les exterminer, car en quantité
normale ces animaux sont tout à fait utiles. En effet, ils s'alimentent de
cadavres de petits animaux et de déchets végétaux, qu’ils réduisent en petits
morceaux, et sont donc l’un des premiers maillons de la chaîne de
décomposition de la matière organique. Ils contribuent ainsi largement à la
minéralisation des substances organiques et à la formation de l’humus, ce qui
profite à nos cultures.
2. Biologie des gastéropodes
Les limaces et escargots appartiennent à l'embranchement des mollusques
et sont des représentants de la classe la plus évoluée : les gastéropodes.
Activité, déplacement et gestion des réserves d'eau
Les limaces sont constituées de 85 % d'eau et risquent constamment de se
dessécher lorsque l'humidité de l'air est faible car elles ne possèdent pas de
peau empêchant l'évaporation et n'ont pas la possibilité de se retirer dans
une coquille comme les escargots. Elles se déshydratent plus
particulièrement pendant leurs périodes d'activités, mais aussi pendant leurs
phases de repos. Elles sont donc obligées d'absorber régulièrement de l'eau
par la peau, mais aussi en buvant et en mangeant.
Par conséquent, leur activité varie fortement suivant l'humidité ambiante :
elles quittent leur abri à la nuit, lorsque la température baisse, que le sol
restitue la chaleur emmagasinée dans la journée et que la rosée se forme.
La longueur de leurs promenades dépend de la quantité de bave (ou mucus)
qu'elles devront sécréter, compte tenu de l'humidité du substrat, et la durée
de leur phase d'activité est fonction de la quantité d'eau perdue par
évaporation.
Le mucus, élaboré par des glandes spécifiques, est un élément indispensable de la locomotion des limaces.
Composée à 98 % d'eau, cette bave est écrasée sous la sole de reptation, formant la trace bien connue visible sur
les plantes attaquées. Comme les gastéropodes ne peuvent avancer sans ce "lubrifiant", la nature du substrat
qu'ils rencontrent conditionne fortement leurs déplacements. Un support sec et poreux ne leur permet pas
d'avancer, car il absorbe l'eau de la bave, qui s'épaissit. Cette importante dépense d'eau ne convient pas à la
limace, qui change alors de direction ou réduit immédiatement son activité.
Reproduction et développement
Les limaces sont hermaphrodites, donc à la fois mâle et femelle, mais pas simultanément : les deux phases
sexuelles se succèdent. Elles sont d'abord mâles, et produisent des spermatozoïdes. L'accouplement a donc lieu
entre deux mâles qui se fécondent mutuellement. Ensuite commence la période femelle pendant laquelle les
limaces produisent des ovules qui seront fécondés par le sperme stocké dans une poche spéciale. La maturation
des œufs dure de deux à dix semaines, suivant l'espèce et les conditions climatiques. Les œufs sont pondus dans
le sol en paquets pouvant contenir jusqu'à 200 œufs. La vitesse de développement de l'embryon et la date
d'éclosion de la larve dépendent aussi fortement des conditions climatiques, et tout spécialement de la
température. Les œufs pondus en hiver mettent deux à quatre mois à se développer. Ils résistent mieux au gel que
les adultes et représentent, de ce fait, le stade le plus approprié à l'hibernation. En été, par contre, leur
développement est nettement plus rapide et dépasse rarement deux à quatre semaines. Ce sont des limaces de
quelques millimètres de long, adultes en miniature au corps peu coloré et transparent, qui éclosent.
Influence du milieu sur le comportement alimentaire
La qualité et l'accessibilité de la nourriture ont une influence déterminante sur le comportement alimentaire des
limaces. En effet, elles possèdent des organes olfactifs et des papilles gustatives bien développées, qui leur
permettent d'évaluer la qualité des aliments et de repérer des sources de nourriture situées parfois à des distances
non négligeables. Les limaces préfèrent certains types de plantes, voire des stades particuliers de la croissance
végétale et ont une prédilection pour les plantes endommagées.
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Des études ont révélé combien il était vital pour les limaces de pouvoir distinguer la qualité de leurs mets afin de
pouvoir se composer un régime alimentaire varié, car les limaces nourries exclusivement d’une espèce végétale pommes de terre par exemple - présentent un retard de croissance très net. La distance entre le lieu de nourriture
et le gîte joue, elle aussi, un rôle décisif :
• Plus la limace doit se déplacer pour rechercher sa nourriture, plus elle est à la merci du temps qu’il fait.
• Par contre, si son gîte est proche, cette contrainte n’existe plus : elle peut alors consommer régulièrement de
grandes quantités de nourriture et se développer très rapidement.
• Plus le choix est grand et les conditions extérieures favorables, plus la limace peut trouver rapidement la
nourriture qui lui convient le mieux.
• Les limaces se reproduisent d’autant plus vite que leurs conditions de vie sont optimales.
L’interaction de tous les facteurs de milieu accélère ou freine les étapes du développement, et conditionne le cycle
de vie et de reproduction de toute une espèce.
3. Principales espèces nuisibles
La seule manière naturelle et efficace de limiter la prolifération des limaces est de tout faire pour leur rendre les
conditions de vie moins favorables. Cela suppose de connaître les différentes espèces et leurs mœurs afin de
savoir à quel moment et à quel stade (oeuf, jeune, adulte) on peut s’attendre à les trouver dans notre jardin.
Prenons le cas de toutes petites limaces de quelques millimètres seulement : elles sont à peine visibles à l’œil nu,
mais cela ne les empêche pas de détecter toutes les plantules dans le sol ! Résultat invisible lui aussi, puisque
souvent rien ne pousse après le semis. Donc, pour pouvoir prendre des mesures visant à protéger les semis, il est
bon de savoir quand les petits éclosent.
Malheureusement, il est très difficile de déterminer précisément le moment de la ponte ou la durée de chaque
stade, puisque le cycle de vie des limaces est entièrement conditionné par les conditions climatiques et l’offre en
nourriture. De même, la densité de population varie d’une année sur l’autre, tout comme la vitesse de reproduction
et de croissance. Dans le cas d’un hiver doux, par exemple, les oeufs et les petits ont un taux de survie plus élevé
et les limaces se développeront plus rapidement. Un été très sec, par contre, peut décimer les populations.
La grosse limace (Arion rufus)
La grosse limace est la plus connue. Sa couleur est assez variée, du rouge
au brun noir, et elle peut mesurer jusqu'à 15 cm. On la rencontre dans des
biotopes très variés (haies, prés, marais et forêts) où elle vit à la surface du
sol, dans des endroits couverts de végétation haute. Mais de là, elle peut
conquérir d’autres espaces (jardins ou champs).
La Grosse Limace se reproduit une fois par an. Les oeufs sont pondus au
tout début de l’automne et la majorité des éclosions se produisent au
printemps suivant, le plus souvent en avril. Après cinq mois de
développement, les limaces acquièrent la maturité sexuelle.
L’accouplement a lieu entre fin août et fin septembre durant les heures
humides - mais pas trop fraîches - de la nuit.
Mis à part les nouveau-nés, qui séjournent d’abord sous terre, les grosses
limaces s’activent surtout à la surface du sol. Elles sont pratiquement
omnivores, mais opèrent un choix parmi les légumes et les plantes, suivant
la saison et l’offre. Elles ont une préférence marquée pour les jeunes
pousses tendres et les plantes déjà entamées. Ceci explique que l’on
découvre parfois une salade entièrement dévorée au milieu d’autres
(provisoirement) épargnées. La grosse limace est capable d’ingurgiter des
quantités impressionnantes en l’espace d’une seule nuit : jusqu’à 50 % de
son poids, soit cinq à dix grammes.
La grosse limace peut, s’il le faut, quitter son refuge tous les soirs et
parcourir plusieurs mètres pour s’offrir le repas qui lui convient. Et si elle
trouve un nouvel abri convenable à proximité de ce lieu
d’approvisionnement, elle y reste. Il est ainsi fréquent de constater que les
limaces du voisin ou du champ tout proche ont colonisé le jardin pour la
simple raison que l’offre y est de qualité supérieure.
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Si le terrain lui offre des abris - comme par exemple les espaces entre de grosses mottes - cette espèce peut se
propager sur toute la surface d’un champ ou d’un jardin. Les ravages sont particulièrement importants dans les
cultures maraîchères, car les plantes abîmées sont souvent contaminées par des maladies après le passage des
limaces. Quant aux légumes de conservation, ils pourrissent à partir des endroits attaqués.
La limace horticole ou limace des jardins (Arion hortensis)
Sous le nom de limace horticole ou limace des jardins sont en fait
regroupées trois espèces très proches. Elles mesurent entre 2 et 3 cm,
sont assez allongées et de couleur bleu noir, avec deux bandes latérales
gris foncé à peine visible. La sole de reptation est orange ou jaune et le
mucus incolore ou jaune.
La Limace horticole se reproduit une fois par an mais comme cette espèce
est moins sensible au froid que la grosse limace, l’hiver ne signifie pas
pour elle une inactivité totale. En général, la limace horticole pond ses
oeufs en novembre-décembre. Ils sont déposés dans un trou du sol, de
préférence contre des racines. Là, ils sont bien à l’abri, et lorsque les
petites limaces éclosent, elles trouvent immédiatement de quoi se nourrir. Une ponte se compose de dix à
cinquante oeufs qui mettent quatre à six mois à se développer. L’éclosion a lieu en avril ou en mai, selon les
conditions climatiques. Elles sont en général actives à l’aurore, pas directement sur les plantes mais à la surface
ou dans les premiers centimètres du sol. La plupart du temps, on ne les voit même pas car elles se confondent
avec le sol ou vivent sous terre. Environ six mois s’écoulent entre la sortie de l’œuf et l’arrivée à maturité sexuelle.
Les limaces horticoles vivent à même la surface ou dans les premiers centimètres du sol. Par temps humide (nuits
de rosée par exemple), elles rampent aussi sur les feuilles, abîmant par exemple les têtes de chou. La limace
horticole interrompt fréquemment ses repas et s’alimente donc plusieurs fois par nuit. Plus la température et
l’humidité de l’air sont élevées, plus les sorties nocturnes sont fréquentes. La quantité dévorée varie peu, mais les
dégâts sont plus importants car les plantes sont entamées à de nombreux endroits. Elles endommagent plus
particulièrement les racines et les germes, ainsi que les légumes racines et les tubercules (carottes, pommes de
terre, navets). Il s'avère que c'est à la saison froide que les adultes commettent le plus de dégâts, dévorant jusqu’à
40% de leur propre poids. En agriculture, les semis de céréales d'hiver réalisés en automne sont les plus menacés.
En règle générale, les limaces horticoles sont sédentaires et ne parcourent pas de grandes distances. A l'intérieur
d'un jardin, elles se déplacent d'une planche de légumes récoltés à la planche voisine, se détournant des végétaux
dont la valeur nutritive diminue pour se diriger vers des plants plus jeunes et plus savoureux.
La petite limace grise (Deroceras reticulatum)
La petite limace grise qu'on appelle aussi loche mesure entre 3,5 et 5 cm.
Le corps blanc jaunâtre, gris ardoise ou marron est souvent ornementé de
taches brunâtres dessinant une sorte de réseau. La peau est légèrement
ridée, la sole de reptation claire.
La petite Limace grise se reproduit en général une fois par an mais si les
conditions climatiques sont favorables, il arrive que les petits nés au
printemps se développent si rapidement qu’ils se reproduisent dès
l’automne, donnant alors naissance à une deuxième génération. Inversement, leur croissance peut être tellement
ralentie par les mauvaises conditions environnantes, qu’ils n’arriveront à maturité sexuelle qu’en hiver, voire au
printemps suivant. Le renouvellement des générations aura alors duré plus d’une année. Les larves correspondant
aux oeufs pondus en hiver éclosent généralement en avril-mai. Quatre à cinq mois plus tard, les limaces arrivent à
maturité sexuelle, et les premiers accouplements commencent fréquemment dès août. A cette occasion, les
Petites Limaces grises cherchent avant tout un endroit humide, comme par exemple une chicorée trempée de
rosée ou de pluie. La ponte a lieu quatre à six semaines plus tard à quelques centimètres sous la surface de la
terre ou contre des racines.
Comme elle vit à la fois sous et sur terre, cette espèce menace toutes les parties des végétaux : feuilles, fleurs,
fruits, tiges, racines et tubercules. La nature des dommages dépend du climat : en période de sécheresse, les
petites limaces grises restent surtout dans le sol, où elles rongent les parties souterraines des plantes. Elles
peuvent ainsi, en l’espace de deux jours, réduire à néant un semis de carottes sans qu’on en ait seulement aperçu
une. La Petite Limace grise peut poursuivre son activité même si la température avoisine 0°C.
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4. Comment endiguer les pullulations de limaces ?
Travail du sol
Par temps sec, les limaces doivent se réfugier dans la terre sous peine de périr déshydratées (évaporation de l’eau
de leur organisme et trop grande consommation de bave pour les déplacements). Mais bien qu’elles aient besoin
de la protection du sol humide pour survivre, elles ne savent pas creuser pour autant. Pour se protéger, elles
profitent donc des fissures déjà existantes qu’elles agrandissent. Or, si le sol est meuble, crevasses et fissures
sont immédiatement comblées par de fins grumeaux de terre, et les petites espèces de limaces n’ont pratiquement
aucune chance de pouvoir survivre à la sécheresse estivale. La préparation du sol visera donc à obtenir une
structure grumeleuse stable.
En cas de sol lourd (argileux), cette structure grumeleuse est parfois dure à obtenir mais on compliquera
sérieusement la vie des limaces en suivant les conseils suivants :
• Epandre du compost qui va améliorer la granulométrie du sol en dissociant les fines particules d’argile,
transformant ainsi les agrégats en grumeaux de plus en plus fins et stables.
• Attendre l'hiver pour aérer le sol eu profondeur afin de détruire les quartiers d'hiver des limaces et de les
exposer aux rigueurs du climat. A l'inverse, un bêchage d’automne trop précoce permet aux limaces de s’enfoncer
dans le sol pour y déposer leurs oeufs.
• Biner en été afin d’aérer le sol tout en lui conservant son humidité. En effet, le binage brise les petits canaux
que forme la pluie dans le sol et ralentit ainsi l’évaporation par capillarité. L’air circule mieux et stimule l’activité des
micro-organismes qui, en transformant les matières organiques, approvisionnent les plantes en éléments nutritifs.
• Bien utiliser le mulch : le "mulching" consiste à recouvrir la surface du sol d’une couche régulière de matériaux
organiques secs qui protègent la terre de l’action du soleil et du vent, et l’empêchent de se compacter après la
pluie (d’où une meilleure circulation de l’air). Tout cela favorise l’activité des organismes du sol. Les vers de terre,
pour ne citer qu’eux, trouvent dans la couche de mulch abondance de nourriture. L’utilisation de mulch contribue
donc largement à la fertilisation du sol, tout en empêchant partiellement la pousse des mauvaises herbes.
Bien sûr, comme tous les êtres vivant dans la terre, les limaces profitent du mulch : elles y trouvent à la fois de
quoi s’alimenter et la possibilité de se protéger de la sécheresse. Pour profiter des avantages du mulching sans
pour autant encourager le pullulement des limaces, il ne faut en aucun cas utiliser des déchets végétaux frais
(laisser sécher les tontes de gazon) et veiller à ce que la couche de mulch ne soit pas trop épaisse (on doit à peine
apercevoir la terre au travers).
Préparation des semis au printemps
Le gel fait éclater les mottes de terre issues du bêchage, mais de profondes fentes subsistent jusqu’au printemps.
Lorsque le temps commence à se radoucir, les premières limaces font leur apparition à la surface du sol. En quête
de nourriture fraîche, elles sont capables de parcourir des distances impressionnantes Toutefois, la fraîcheur des
nuits les oblige à chercher de nouveau abri dans la terre, et un sol soigneusement bêché leur convient tout à fait.
Par conséquent, dès que le temps le permet et que la surface du sol a quelque peu séché, affiner la terre au croc.
La préparation de la terre pour le semis dérange les limaces, dont les refuges sont détruits et elles rejoignent la
surface du sol. Le moment est alors bien choisi pour procéder immédiatement à un premier ramassage et poser
tout de suite des appâts.
Semis
Si les semis lèvent mal, ce n’est pas toujours la faute du temps ou des semences. Que les plantes germent
rapidement (comme le radis ou la salade) ou lentement (carotte), que les graines soient petites ou grosses (petits
pois et haricots), toutes les plantules sont susceptibles d'être attaquées par les limaces pour qui ces jeunes
pousses représentent une nourriture de premier choix, riche en eau et en éléments nutritifs. Sur les rangs, les
dégâts sont presque toujours groupés, ce qui est probablement dû au fait que les limaces sont attirées par les
plantes déjà entamées.
Pour réduire fortement les dégâts, il faut respecter les indications suivantes :
• Attendre le bon moment pour semer, c'est-à-dire que le sol soit suffisamment réchauffé. Plus les plants
lèveront vite, moins les dommages causés par les limaces seront importants.
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• Laisser tremper les grosses graines toute une nuit dans l’eau pour accélérer la germination, et par là-même la
levée des plants.
• Après le semis, étaler une couche de mulch sec sur les sillons : celui-ci entravera la progression des limaces
qui rampent à la surface du sol à la recherche de jeunes plants.
• Des plantes-appâts pour détourner l’attention des limaces. : il peut être intéressant de semer une culture-appât
à côté des rangs à protéger. La moutarde jaune est l’appât par excellence. Semée entre les rangs, elle attirera
rapidement les limaces par ses germes et ses jeunes pousses. Dès que la culture protégée possède quelques
vraies feuilles, couper la moutarde et la laisser sur le sol durant la nuit. Elle attirera de nombreuses limaces que
l’on pourra ramasser.
• Epandre des granulés de phosphate ferrique ou les nématodes spécifiques (voir chapitre 5)
Protection des plants repiqués
Les plants repiqués sont menacés parce que leur chevelu de racines n’est pas assez important (repiquage sans
motte), et qu’ils sont blessés (arrachage, ou habillage des feuilles et des racines). Pendant la période critique
d’environ deux semaines qui suit le repiquage, on appliquera les mesures de protection suivantes :
• Comme pour le semis, attendre que le sol soit suffisamment réchauffé.
• Ne repiquer que des plants vigoureux et en bonne santé
• Poser une barrière anti-limaces qui protègera les plantules durant les premiers jours. Cette barrière peut être
une substance qui va gêner le déplacement des limaces (mulch sec, cendres de bois, sciure) ou être une véritable
barrière physique (anneau de protection en plastique ou simple bouteille plastique coupée en deux).
Arrosage
Puisque la sécheresse est l’un des pires ennemis des limaces, inutile de les faire profiter de l’arrosage du jardin.
Un arrosage sur toute la surface fait sortir de nombreuses limaces de leur cachette. Il est donc préférable de
n’arroser que le pied des plantes, avec un arrosoir. Si on est obligé d’arroser tout le terrain, on mettra le système
d’arrosage en route de préférence tôt le matin, pas le soir. De même, il vaut mieux arroser le moins souvent
possible mais abondamment.
Appâter et ramasser
Pour attirer les limaces, on utilisera comme appâts des déchets de cuisine et des épluchures, dont on disposera de
petits tas dans le jardin. Les pièges seront relevés le soir ou au petit matin car c’est à ces moments qu’on y trouve
le plus de mollusques. Une autre préparation fonctionne très bien également : 1 kilo de son de blé humidifié et 100
grammes de biscuits pour chiens ou chats, qu’on laissera gonfler dans l’eau pour pouvoir les écraser avec le son.
Les appâts ne doivent pas être trop espacés, soit environ 2 par m2. Cette méthode doit toutefois être utilisée avec
prudence car les appâts attirent également des mollusques venus d’ailleurs : d’un côté, on capture une partie des
limaces du jardin, de l’autre, on attire de nouvelles limaces qui arrivent des alentours.
De la même manière, la réputation des pièges à bière dépasse leur efficacité réelle. Les pièges à bière sont des
gobelets enfoncés dans le sol jusqu’au bord, et remplis de 2 à 3 cm de bière. Les limaces attirées boivent la bière
se noient dans le liquide. Mais seul un petit pourcentage de limaces succomberont de cette manière. En revanche,
le fumet se dégageant des gobelets crée une atmosphère de "fête de la bière" qui attire les mollusques bien audelà des limites du potager. Par conséquent, malgré les quelques cadavres trouvés dans les gobelets, on
enregistrera une augmentation de population.
Pour ceux qui ne veulent - ou ne peuvent - aller à la chasse aux limaces la nuit, il est possible de placer des abris
artificiels où ils pourront récolter les limaces dans le courant de la journée. Par temps frais (au printemps surtout)
les pots en terre retournés, le carton ondulé mouillé, une feuille de plastique noir ou des planches feront l’affaire. Si
on pose des appâts sous ces abris, on y trouvera encore plus de limaces.
Barrières anti-limaces
Dans les jardins où les limaces causent beaucoup de dégâts, l'idéal est de pouvoir entourer le potager d'une
"barrière". Celle-ci peut être constituée d'une bande de gazon d'au moins 4 mètres de large que les limaces
devront d'abord franchir avant d'atteindre les légumes. Comme cela a déjà été mentionné auparavant, les limaces
ont besoin du mucus qu’elles sécrètent pour se déplacer.
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Si elles rencontrent une surface trop absorbante, elles sont obligées de rebrousser chemin. La distance qu’elles
seront capables de parcourir dépend à la fois de la capacité d’absorption du support, et de l’humidité ambiante. En
pratique, il n'est pas évident de mettre en place ce type de surface (cendre de bois, sciure, écorces) tout autour du
jardin.
Pour assurer une protection plus ponctuelle, on peut trouver des bandes de plastique ondulé sur lesquelles sont
soudés deux conducteurs électriques, mis sous tension par une pile de lampe de poche ou une batterie de voiture.
En rampant dessus, les limaces ferment le circuit et prennent une décharge électrique qui les fait rebrousser
chemin ou les oblige à se laisser tomber. Ces barrières électrifiées ne sont pas faites pour être installées
durablement. Elles peuvent cependant entraver efficacement la progression des mollusques au moment où les
cultures sont particulièrement menacées.
Répulsifs
Sans être de fins gourmets, il est clair que les limaces ont des préférences pour certaines plantes (laitues,
hostas…) et qu’elles en délaissent d’autres (lavande, conifères, fougères). Malheureusement, il n'existe pas encore
de formulation commerciale à base de plantes répulsives qui permettrait de chasser les limaces du potager.
Par contre, il semble que le purin de limaces fonctionne. On obtient le purin de limaces en ébouillantant une
centaine de limaces, qu’on laisse ensuite macérer jusqu’à décomposition. Au bout de dix jours environ, verser cinq
litres d’eau sur ce bouillon puant. Tandis que des limaces fraîchement écrasées font les délices de leurs
congénères, le purin de limaces, lui, les fait fuir.
Attention : le purin de limaces est non seulement peu ragoûtant, mais en plus il contient des substances de
décomposition toxiques pour l’homme. Ne jamais verser le purin à même les plantes, mais directement sur le sol.
5. Des solutions naturelles pour lutter contre les limaces
Les granulés anti-limaces classiques du commerce sont à base de métaldéhyde. Ce produit agit par ingestion ou
par contact sur le pied des limaces. Il provoque la destruction des cellules productrices de mucus et la
déshydratation irréversible de la limace. Celle-ci "fond" sur place et, après quelques heures, son cadavre est réduit
à la taille d'une tête d'allumette. Dans cet état, la limace n'attire plus de prédateurs. Mais s'il pleut, la limace met
plus longtemps à se dessécher et peut encore attirer l'un ou l'autre prédateur (hérisson, oiseau,..) qui
s'empoisonnera. Si vous utilisez ces granulés, choisissez une spécialité qui contient un répulsif pour les animaux
domestiques et ne les épandez pas à l'air libre mais plutôt disposés sous une tuile, une planche ou une bouteille
en plastique coupée en deux dans le sens de la longueur.
Escar-Go
Il existe maintenant un autre type de granulés dont la matière active est à base de Phosphate de Fer (ferriphosphate), une molécule qui existe à l'état naturel. Epandus sur le sol, les granulés attirent les limaces qui les
mangent. Très vite, elles arrêtent de se nourrir et meurent. Après usage, les résidus de cette molécule sont
transformés dans le sol par les micro-organismes. Il n'y a donc aucune forme de pollution possible. Cet antilimace
est très efficace : il bloque immédiatement l'alimentation des mollusques. Il est très résistant à l'humidité. Etant
donné que le produit n'agit pas par déshydratation du prédateur, la lutte donne d'excellents résultats par temps de
pluie. Il ne laisse pas de traces de bave, ni de cadavres. Il peut être utilisé jusqu'à la récolte. Il épargne les
hérissons, lombrics, insectes utiles, chiens, chats, volailles... qui pourraient l'absorber par accident.
Nemaslug
Nemaslug assure une lutte biologique efficace contre les limaces car il s'agit d'une souche sélectionnée de
nématodes parasites des limaces Phasmarhabditis hermaphrodita. Les nématodes sont des vers de taille
microscopique qui, une fois répandus sur le sol, recherchent activement leurs proies et pénètrent par leur orifice
respiratoire. Des bactéries qui vivent en symbiose avec les nématodes se libèrent et se multiplient rapidement
dans le corps de la limace. Au bout de quelques jours, elle cesse de s'alimenter et présente un gonflement
caractéristique du manteau. Une à deux semaines après, elle meurt et libère, en se décomposant une deuxième
génération de nématodes qui part à la recherche de nouvelles victimes. Les nématodes restent actifs pendant au
moins six semaines, au terme desquelles leur activité est freinée par l'apparition naturelle de prédateurs et de
champignons parasites. Le Nemaslug ne comporte aucun risque d'effets négatifs sur la microfaune des sols car il
s'agit d'endoparasites très spécifiques des limaces qui ne peuvent survivre longtemps sans leur hôte.
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Nemaslug présente une efficacité optimale lorsque la température du sol avoisine les 15°C (à l'air libre, cela
correspond à la période située entre mars et octobre). Pour protéger les jeunes plants contre les limaces, il est
conseillé d'appliquer les nématodes une semaine à l'avance ce qui permet d'éviter presque totalement les dégâts.
Comme leurs proies, les nématodes ont besoin d'humidité pour survivre et se développer. Il faut donc veiller à ce
que le sol ne s'assèche pas pendant toute la durée d'action du produit.
Shocka
Shocka est un tissu de style feutrine, enduit de cuivre qui forme une barrière contre les limaces et aussi les
escargots. Dans la plupart des circonstances, les limaces et les escargots ne vont pas sur le tissu, mais s’ils y
vont, ils sont désorientés par le cuivre et ne bougent presque plus. De plus, Shocka empêche les mauvaises
herbes de pousser et retient l’humidité du sol. Idéal dans de nombreuses situations : dans les lignes de plantes,
autour des plantes individuelles et sous les pots de fleurs. Réutilisable, il dure plusieurs années.
Ruban de cuivre
L'action des rubans de cuivre pour stopper la progression des limaces et des
escargots est connue et utilisée depuis des dizaines d'années par les
producteurs d'agrumes dans les vergers australiens et californiens. Le ruban de
cuivre se colle tout autour du pot ou d’un autre conteneur, empêchant ainsi les
limaces et aussi les escargots de monter sur les plantes. Comme tout produit à
base de cuivre, ce ruban changera de couleur (vert-gris) donnant ainsi un aspect
plus naturel.
Stop-limaces
Stop-limaces est un anneau de protection individuelle qui tient les limaces à distance des plantes. Il peut être utilisé
aussi bien pour les semis et les boutures que pour les jeunes pousses en croissance ou autres plantes tendres. Il
assure la protection des plantes durant les stades les plus sensibles aux limaces. De plus, il crée un micro-climat
autour des plantes et améliore ainsi leur développement. Il suffit d’enfoncer l’anneau de quelques centimètres dans la
terre, autour des plantes à protéger. Il peut être utilisé de nombreuses fois, ôté et replacé sur de nouvelles plantes. Le
Stop-limaces est fabriqué à partir de plastique recyclable : 12 cm de hauteur, diamètre 13 cm à la base et 18 cm au
sommet, avec un rebord de 4 cm incliné à 45°, ce qui tient les limaces à distance des plantes.
Piège
Ce piège contient un appât spécialement formulé qui attire les limaces et les escargots jusqu'à une distance
d'environ deux mètres. Contrairement au piège à bière, vous ne risquez donc pas d'attirer dans votre jardin toutes
les limaces du voisinage. Le piège doit être placé sur n’importe quelle surface plane dans le jardin, la serre ou tout
autre endroit colonisé par les limaces et les escargots. Il faut vérifier et éliminer les limaces mortes tous les jours.
Réutilisable, l’appât doit être remplacé toutes les 2 à 3 semaines. Le piège est utilisable pendant plusieurs années.
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