AVCO : 280 travailleurs indiens face à Alstom Marine En
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AVCO : 280 travailleurs indiens face à Alstom Marine En
AVCO : 280 travailleurs indiens face à Alstom Marine En 2003 sur 13000 travailleurs présents aux Chantiers de l'Atlantique, 8000 sont dans la sous-traitance (intérimaires, Cdi-c, Cdd, Cdi) venus des quatre coins de la France et du monde: cherbourgeois, brestois, dunkerquois, marseillais mais aussi italiens, grecs, slovènes, hongrois, espagnols, croates, roumains, portugais, polonais et même indiens! Pour la construction du Queen Mary 2, la Direction des Chantiers a fait venir plus de 2500 travailleurs étrangers, sous prétexte qu'ils ne trouvaient pas sur place de main-d'oeuvre qualifiée. Evidemment, la vraie raison était tout autre! Leur seul souci: comment sortir des paquebots dans des temps records et à moindre coût ! Pour les travaux de ventilation, les Chantiers ont fait appel à la société italienne Aeripianti et à l'indienne Voltas. Sous l'égide de la Direction des Chantiers, ces deux sociétés ont constitué AVCO Marine, société " péniche" qui permet de recruter près de 280 Indiens originaires de Bombay et du Kerala pour travailler sur la construction du paquebot. Ces travailleurs, particulièrement qualifiés et habitués aux grands chantiers du golfe persique étaient hébergés dans des centres de vacances et des hôtels à la Turballe, Saint-Brévin, Nantes et Saint-Nazaire. Transportés en car de leur lieu de travail à leur lieu d'hébergement, ces travailleurs n'avaient aucune possibilité de sortir, un peu coupés du monde et de toute façon n'en avaient pas les moyens financiers. La raison, la voici. Dès leur arrivée en août 2002, la Direction d'Avco leur confisque leurs passeports. Ensuite, les travailleurs indiens découvriront que des prétendus acomptes qu'ils ne touchaient jamais leur étaient prélevés directement sur leur bulletin de salaire. En fait, des sommes correspondant à l'hébergement, les repas et les transports. Dès les premières semaines de leur arrivée, les militants de l'USM-CGT ont cherché à savoir dans quelles conditions ils étaient traités. Dans une totale discrétion, malgré les barrières de la langue, ils ont pu les approcher et les rencontrer en dehors du site sur chaque lieu d'hébergement. Malgré la menace qui pèse sur eux, ils n'ont pas peur de dire qu'ils se sentent floués : " Ici, c'est très cher. On sait qu'on pourrait avoir mieux pour moins cher, en ville. Mais ils veulent qu'on reste ici. Quand on revient du travail vers 15 heures, on reste ici entre nous, on ne voit personne. " Sans hésiter, ils sortent leur feuille de paie. L'horaire affiché, 35 heures, correspond bien à la réalité. Mais ils sont payés au SMIC, comme des ouvriers non qualifiés (au coefficient 170 de la convention collective de la métallurgie (le plus bas coef) soit 1 051 euros brut, alors que les salaires sur les Chantiers tournent entre 1 200 et 1 600 euros, selon le profil. L'entreprise leur défalque 450 euros pour le logement et la nourriture, et 190 euros pour le transport ! En bas de la feuille, le salaire net versé s'établit entre 300 et 350 euros (2 100 francs). En comparant leurs fiches de paie, ça ne faisait pas le compte, l'escroquerie sautait aux yeux. De plus, les salariés indiens n'étaient pas inscrits à la Sécurité Sociale. Tous les frais médicaux et de soins étaient à leur charge. Après plusieurs mois de contacts clandestins, l'organisation de la lutte prenait forme. Lundi 3 mars 2003, premier coup de semonce. Un tract en anglais, rédigé par l'USM-CGT et quelques salariés indiens, annonce les revendications. Soutenue par les militants CGT, une délégation s'est rendue en fin de matinée au siège d'AVCO pour déposer le cahier de revendications. Ces revendications portent aussi bien sur les rémunérations que sur les conditions de vie. En premier lieu, il s'agit de récupérer les passeports. Ensuite, le remboursement total de toutes les sommes défalquées sur leurs paies et des soins médicaux, hébergement à la charge de l'employeur et l'égalité de traitement, à savoir, couverture sociale et application de la convention collective de la métallurgie puisque l'entreprise en dépend (indemnités de déplacement et respect des qualifications et des classifications). En grève totale, ils ont manifesté dans les rues de Saint-Nazaire, en bleu, le casque vissé sur la tête, pour aller jusqu'à la mairie. Il faut dire que c'était assez impressionnant, d'autant plus que c'était la première manifestation ouvrière de ce type depuis des années! Ils ont d'abord obtenu de retrouver leurs passeports et la fin du soi-disant acompte retenu sur leur bulletin de salaire. Mais le mouvement a continué pour l'obtention, notamment, d'un salaire équivalant à ceux pratiqués dans la métallurgie en France, d'une prime de grand déplacement, du paiement d'un voyage aller-retour vers l'Inde en cours de contrat. Mardi 18 mars, jour où leurs représentants accompagnés de la CGT rencontraient leur patron, ils se sont rassemblés au pied de la salle où se déroulaient les négociations, autour d'un grand drapeau rouge déployé. Leur patron a alors cédé sur le paiement du logement et d'une prime de repas, ce qui les ramène au même niveau que les salariés roumains de la même société AVCO. Ces premiers reculs de leur patron ont été accueillis avec joie et ressentis comme une première victoire. Mais il en va des Indiens comme de tous ces travailleurs croates, roumains, italiens et même français obligés de dormir dans une voiture en attendant de toucher une première paye pour pouvoir louer une chambre! Si l'exploitation est internationale, la lutte des travailleurs l'est aussi. Et aux Chantiers, la lutte des Indiens a gagné la sympathie et le respect de très nombreux travailleurs Juin 2003, les négriers de la Baltique Après les salariés indiens, grecs, portugais et roumains c'est maintenant le tour des salariés polonais. Arrivés à Saint-Nazaire fin février, pour le compte de la société polonaise VULKAN dont le siège est à Szczecin, 60 travailleurs polonais sont employés en sous-traitance à bord du Queen Mary 2 pour des travaux de ventilation. Disposant d'un contrat de travail qui va jusqu'au 7 juillet 03, ils sont victimes d'importants retards de paiement de paie : 2 mois pour percevoir les paies de mars et d'avril ainsi qu'un retard d'une quinzaine de jours pour celle du mois de mai. De plus, les frais de nourriture sont à leur charge et les heures supplémentaires ne sont pas majorées alors que la loi française prévoit que les salariés étrangers doivent bénéficier des mêmes droits que les salariés français. Leur contrat de travail prévoit également le travail du dimanche ainsi que le licenciement sans préavis pour faute ou maladie et le retour du salarié licencié, à ses frais. Depuis leur arrivée en France, l' USM-CGT est en contact avec ces salariés. Afin de leur faire connaître leurs droits, un tract rédigé en polonais leur a été distribué. Lors de cette distribution qui s'était déroulée à l'embauche du matin, nos militants furent agressés verbalement par l'employeur polonais qui tenta de s'interposer avec des qualifications telles que " communistes ! nous vous avons expulsé de Pologne, maintenant vous êtes entrain de couler la France ! ". Malgré ces bravades, le tract pu parvenir à tout le personnel. Suite à cette action, les salariés rédigèrent une pétition avec leurs revendications qui fut adressé à l'USM-CGT : paiement des salaires en temps et en heurs majoration des heures supplémentaires remboursement et pris en charge des frais de repas De fortes menaces de retour au pays s'ensuivirent de la part de l'employeur Les démarches engagés par l'USM-CGT auprès de l'inspection du travail de Saint-Nazaire ont permis de sécuriser les salariés et que les paies de mars, avril et mai soient régularisées. La cerise sur le gâteau est que la DDTE (Direction Départementale du Travail et de l'Emploi) de Loire-Atlantique et l'Office des Migrations Internationales ont donné leur avis favorable pour l'exécution de ces contrats de travail, coups de tampon à l'appui. Encore une preuve que les pouvoirs publics sont à la botte de Alstom Marine pour développer l'esclavage moderne sur le site et par ce biais là sur tout le territoire. Les Portugais se rebiffent Trois ouvriers portugais arrivés en janvier et février 2003 pour travailler sur le Queen Mary 2 ne percevaient aucun salaire, si ce n'est quelques "acomptes" en liquide pour pouvoir se nourrir. Recrutés par B & Compagny, sous-traitant de 2ème rang, ils ont été hébergés dans des conditions indignes. De plus, depuis leur arrivée en France, les trois salariés ne disposaient d'aucun contrat de travail alors qu'ils étaient en possession d'un badge d'accès au site, lequel n'est pourtant délivré par le BAPE (Bureau d'Accueil du Personnel Extérieur) des Chantiers qu'après vérification du contrat de travail ! Soutenus par les militants CGT, ils se sont mis en grève, porté plainte pour travail clandestin au commissariat, alerté la presse et demandé à plusieurs reprises des comptes à l'inspection du travail et au sous-préfet. La mairie communiste de Trignac, dans la banlieue nazairienne, s'est également portée au secours des trois ouvriers en les hébergeant à hôtel le temps que la situation soit régularisée. Celle-ci c'est matérialisée quelques jours après, lors d'une réunion à l'inspection du travail organisée entre l'USM, les salariés et l'employeur. Celui-ci a réglé l'intégralité des sommes dues y compris le paiement des 16 jours de grève, ainsi que le versement d'une indemnité s'élevant à un mois de salaire LES ROUMAINS SE REVOLTENT Arrivés à Saint-Nazaire, début janvier 2003, pour participer à la construction du Queen Mary 2, 95 salariés roumains détachés par la société roumaine Klas-Impex ont fait les frais d'une politique sociale qui n'a rien à envier aux temps les plus sombres de l'exploitation coloniale. C'est ainsi que pour avoir l'extrême plaisir d'accepter de travailler à Saint-Nazaire, les candidats à un emploi ont dû verser 600 euros chacun à leur employeur (ce qui représente 6 mois de salaire d'un ouvrier en Roumanie). Une belle somme permettant à l'employeur-bandit de se constituer une petite trésorerie de 60 000 euros !...et de se doter d'un important moyen de pression contre les protestataires. Le salaire de la peur Sous-traités par la société italo-indienne AVCO Marine, (encore eux !), les salariés roumains ont découvert l'enfer, une fois arrivés sur le site. Salaires au rabais (3 euros/heure) alors que la Convention collective de la métallurgie prévoit environ 10 euros pour ce type de travail qualifié, 50 à 60 heures de travail par semaine, heures supplémentaires non majorées, ni même payées, pas de bulletins de salaire, pas de contrat de travail, frais de nourriture non versés pendant plusieurs jours, pas de couverture sociale...