ECO FRANCE_decembre2007.pub - Etudes économiques du Crédit

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ECO FRANCE_decembre2007.pub - Etudes économiques du Crédit
Direction des Études Économiques
Note trimestrielle
N° 15 — Décembre 2007
Perspectives 2007-2008
CROISSANCE & ÉPARGNE-CRÉDIT
LA CONSOMMATION, SOUTIEN EN DERNIER RESSORT
L’environnement économique continue à être marqué par de fortes turbulences sur les marchés monétaires. Notre
scénario central table sur un retour graduel à la normale sur les marchés financiers vers la mi-2008.
L
a croissance française a rebondi au troisième trimestre
(+0,7 % t/t). Malgré les nombreux facteurs de soutien à la
consommation (« package fiscal », stimulation du pouvoir d’achat), la croissance restera modérée en 2008 (+1,9 % attendu),
l’environnement global étant moins porteur.
Comme attendu, la croissance française a rebondi au troisième
trimestre, à +0,7 % t/t (après +0,3 % au deuxième trimestre).
La consommation privée a nettement accéléré (+0,8 % t/t) et le
rebond attendu de l’investissement des entreprises s’est produit
(+1 % t/t après +0,5 % t/t au T2). L’investissement des ménages
a en revanche ralenti, en lien avec la poursuite de l’atterrissage en
douceur du marché de l’immobilier. La seule surprise vient de la
contribution positive du commerce extérieur. Les exportations ont
en effet fortement accéléré et les importations ont ralenti, malgré
le dynamisme de la consommation privée. Au total, à la fin du
troisième trimestre, l’acquis de croissance de l’économie française
pour 2007 s’élève à +1,8 %.
La croissance à la charnière 2007-2008 est entourée d’une
grande incertitude. D’un côté, les enquêtes de confiance dans la
plupart des secteurs d’activité publiées sur les premiers mois du
quatrième trimestre sont plutôt très bien orientées, ce qui va à
contre courant des résultats dans les autres pays européens. De
l’autre, le moral des ménages est en baisse et le mouvement s’est
accentué en novembre du fait des tensions sociales.
Par ailleurs, les données réelles connues à ce jour (production
industrielle et consommation des ménages en produits manufacturés) ne nous renseignent pas vraiment sur les dynamiques d’activité. Elles ont enregistré de fortes corrections sur les premiers
mois du T4, après les hausses de cet été. Au total, nous tablons
sur une progression de l’activité de l’ordre de 0,5 % t/t pour la fin
Olivier BIZIMANA
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France : prévision de croissance
contributions à la croissance t/t, %
2
1,5
1
0,5
0
-0,5
-1
01
02
03
04
05
Demande int. hors stocks
Prévisions
06
07
solde extérieur
08
PIB
Source : Insee, Crédit Agricole S.A.
France : croissance et emploi
a/a, %
Prévisions
3,0
2,5
4,0
2,0
3,0
1,5
1,0
2,0
0,5
1,0
0,0
-0,5
0,0
97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
Emploi total (dr)
PIB
a/a, %
5,0
Source : Insee, Crédit Agricole S.A.
1 - 3 Contexte macroéconomique
Croissance : la consommation, soutien
en dernier ressort
Focus : Le plan de soutien au pouvoir
d’achat
4 - 8 Comportements financiers
Crédits aux ménages
Placements des ménages
Financement des entreprises
Tableau : Endettement et Placements
Achevé de rédiger le 18 décembre 2007
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ECO France
CONTEXTE MACROECONOMIQUE
de l’année, de sorte que la croissance annuelle moyenne pour
2007 s’établira à 1,9 %.
Pour 2008, nous tablons également sur une croissance de l’ordre
de 1,9 %, avec le soutien une fois encore de la demande intérieure et de la consommation des ménages en particulier. Les
effets retardés de l’amélioration du marché du travail et les différentes mesures du « package fiscal » vont continuer à faire progresser le revenu disponible. La déductibilité des intérêts sur les
crédits habitat devrait notamment permettre de compenser en
partie les effets négatifs liés au resserrement des conditions de
prêts et au niveau élevé des prix immobiliers. Mais cela n’empêchera pas un léger repli des ventes et des prix des logements en
2008. L’exonération des charges sur les heures supplémentaires
pourrait également stimuler les revenus des ménages, mais ceci
dépendra des carnets de commandes dont les évolutions sont
soumises à une grande incertitude.
Par ailleurs, les récentes mesures proposées en faveur du pouvoir
d’achat, notamment le déblocage de la participation et la
« monétisation des jours de RTT », contribueront à soutenir la
consommation (cf. focus). Au total, nous prévoyons une augmentation du revenu disponible nominal de 4,7 % en 2008, après
4,5 % en 2007. Le taux d’épargne restera élevé à 15,8 % en
2008, après 16 % en 2007. Une partie du surplus de revenus procuré par le « package fiscal » et les mesures de soutien au pouvoir
d’achat sera en effet épargnée par les ménages.
La récente remontée de l’inflation liée à la flambée des cours du
pétrole et des prix des matières premières agricoles constitue
toutefois un risque sérieux pour la consommation, et la croissance française en général. L’inflation devrait s’établir en
moyenne à 1,8 % en 2008 (après 1,4 % en 2007), avec un pic au
dessus de 2 % au premier trimestre. Au total, le pouvoir d’achat
du revenu disponible brut devrait légèrement ralentir en 2008, à
+2,9 % en 2008, après + 3,1 % en 2007.
S’agissant de la dynamique de l’investissement, si les perspectives de débouchés au niveau domestique resteront globalement
favorables, les conditions de financement le seront moins. Le
resserrement en cours des conditions d’accès au crédit, né des
tensions sur les marchés monétaires, devrait en effet se traduire
par une remontée du coût des emprunts pour les entreprises.
L’enquête de l’INSEE sur les investissements dans l’industrie publiée en novembre montre d’ailleurs que les chefs d’entreprises
anticipent un ralentissement des dépenses d’équipement en 2008.
Cette enquête confirme en outre que les niveaux de taux d’intérêt
et le poids de l’endettement sont les principaux freins à la réalisation de nouveaux investissements.
Par ailleurs, nous anticipons une stabilisation de la situation financière des entreprises en 2008. Le taux de marge des sociétés non
financières devrait en effet rester inchangé à 30,6 % en 2008. Les
gains de productivité devraient en effet compenser en partie le
dynamisme des salaires.
Au total, nous anticipons une modération des rythmes de progression de l’investissement à 2,4 % en moyenne en 2008 après
4,8 % en 2007.
France : Taux de marge et investissement des
sociétés non financière
Prévision a/a, %
20
15
33
10
32
5
31
0
30
-5
-10
29
95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
34
%
Taux de marge (EBE/VA)
FBCF en vol (dr)
Source : Insee, Crédit Agricole S.A.
France : revenus et consommation
a/a, %
6,5
5,5
Prévisions
4,5
3,5
2,5
1,5
0,5
-0,5
98
99
00
01
02
03
04
05
06
07
08
pouvoir d'achat
consommation des ménages en volume
Source : Insee, CA
a/a, %
3,0
France : inflation des prix à la
consommation
Prévisions
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
98
99
00
01
02
03
04
Inflation sous-jacente
05
06
07
08
hors tabac
Source : Insee, Crédit Agricole S.A.
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DÉCEMBRE 2007
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ECO France
CONTEXTE MACROECONOMIQUE
Enfin, le commerce extérieur continuera à peser sur la croissance. La progression de nos exportations sera bridée à la fois
par des facteurs cycliques (hausse de l’euro et ralentissement de
la croissance de l’économie mondiale) et structurels
(compétitivité insuffisante, problèmes de spécialisation industrielle et géographique). Les importations resteront dynamiques,
en ligne avec la consommation des ménages.
En 2009, nous anticipons une dissipation des facteurs d’incertitude et une poursuite de la consolidation de l’activité en
France et dans l’ensemble de la zone euro. L’investissement
productif devrait repartir sur des rythmes plus soutenus et l’emploi continuer à se redresser. La poursuite de la baisse du taux
de chômage devrait accroître les tensions sur le marché du travail, ce qui stimulera les salaires et la consommation
des ménages. ■
Prévisions France
(variation annuelle en %)
2006
2007* 2008*
PIB
2,2
1,9
1,9
Consommation privée
2,3
2,0
2,3
Investissement des entreprises
4,7
4,8
2,5
Investissement des ménages
4,5
1,0
0,3
Revenu disponible brut
4,3
4,5
4,7
Taux d’épargne des ménages
15,4
16,0
15,8
Taux d’épargne financière
5,3
6,1
6,3
Excédent brut d’exploitation
6,1
2,9
4,6
Taux de marge (EBE/VA)
30,8
30,5
30,6
Taux d’autofinancement (RDB/Inv.)
59,8
52,0
59,5
Compte des ménages
Compte des entreprises
*Prévisions Crédit Agricole SA
LE PLAN DE SOUTIEN AU POUVOIR D’ACHAT
Une série de mesures, visant à améliorer les revenus réels des ménages et à stimuler la consommation, a été annoncée le 29 novembre.
Ces mesures devraient entrer en vigueur début 2008.
LES MESURES ANNONCÉES
- Déblocage de la participation dans la limite de 10 000 euros par salarié (montants non imposés).
L’effet sera positif sur la consommation, mais limité. Une mesure similaire avait été effectuée en 2004 et 2005. En 2004, 7 milliards environ
avaient été débloqués au titre de la participation, dont 1,5 milliard environ avait été consommé, soit l’équivalent d’une hausse annuelle supplémentaire de la consommation de 0,2 %. Si les modalités sont les mêmes que celles de 2005, le déblocage ne s’appliquerait pas aux droits à
participation affectés à un PERCO. En toute hypothèse, cette mesure va affecter l’épargne salariale, ce qui peut indirectement freiner le développement des entreprises.
- Paiement des jours de RTT
Cette mesure permet le paiement des jours de RTT non pris, sans passer par un accord collectif d’entreprise. En outre, l’ensemble des jours stockés sur un compte épargne temps pourrait être payé, avec exonération de charges salariales et patronales. L’effet sera clairement positif sur le
revenu et la consommation des ménages. Mais cette mesure va conduire à une hausse de fait des coûts salariaux unitaires et va donc dégrader la
compétitivité des entreprises françaises.
- Assouplissements pour les loyers
La révision des loyers en cours de bail sera indexée sur l’indice des prix à la consommation (IPC) et non plus sur l’indice de référence des loyers
(IRL). Le dépôt de garantie serait ramené à un mois de loyer et la caution serait supprimée, via un système de mutualisation public. Depuis début 2006, les loyers étaient indexés sur l’indice de référence des loyers (IRL) qui est une moyenne pondérée de l’indice des prix à la consommation (60 %) de l’indice du coût de la construction (20 %) et de l’indice des prix des travaux d’entretien et d’amélioration du logement (20 %).
Passer à une indexation sur l’IPC freinera les hausses de loyers, mais assez modérément. Depuis début 2006, la hausse annuelle de l’IRL a été
en effet de 2,9 % en moyenne, celle de l’IPC de 1,5 %. De manière générale, ces mesures vont un peu alléger le coût des loyers. Mais elles
risquent de détourner une partie des investisseurs de l’immobilier locatif : leurs revenus et leurs garanties seraient en effet revus en baisse, alors
même que les taux de rendement locatifs sont déjà de moins en moins attractifs (3,6 % à Paris dans l’ancien, mi-2007), du fait du très haut niveau des prix immobiliers et de la remontée des taux d’intérêt.
- Incitations aux augmentations de salaires
Remise en cause des allègements de charges (30 milliards par an environ) pour les entreprises qui n’ouvrent pas de négociations salariales au
titre de 2008. Possibilité de déroger aux accords de branches sur les 35 heures en contrepartie d’augmentations de salaires, sous réserve d’accord majoritaire. Cette dernière mesure conduit à une remise en cause des 35 heures et amorce l’idée d’une libre fixation par chaque entreprise
de la durée légale du travail. Elle devrait permettre dans certains secteurs une plus grande flexibilité et une meilleure adaptabilité des entreprises
aux fluctuations de la demande, donc une croissance plus dynamique de l’activité et de la masse salariale. La mise en œuvre de cette réforme
risque toutefois d’être compliquée : il faudra un accord majoritaire entre partenaires sociaux et les accords (complexes) conclus au moment
des 35 heures devront être remis à plat.
- Soutiens pour le commerce
Réforme de la loi Galland sur les relations entre la grande distribution et les producteurs, afin d’obtenir une baisse des prix de détail. Développement
du travail le dimanche, sur la base du volontariat, avec doublement du salaire. Cette mesure va permettre des baisses de prix sur certains produits,
ainsi qu’un renforcement de l’activité dans les centres commerciaux et certains lieux touristiques. Il faudra cependant veiller à ce que l’amont de la
production ne fasse pas les frais de cette baisse aval et à ce que les autres surfaces puissent répondre à ce déplacement de la demande.
IMPACT GLOBAL MODÉRÉ
Les ménages vont pouvoir bénéficier du déblocage de la participation et de diverses mesures améliorant leur revenu, via les hausses de salaires
et les baisses de prix attendues. L’impact sur la consommation sera positif mais assez limité : ces mesures ne se mettront en place que progressivement, et une partie sera épargnée. A court terme, la croissance sera stimulée, mais modérément.
DÉCEMBRE 2007
3
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CREDITS AUX MENAGES
„ REPLI DE LA PRODUCTION DE CRÉDIT HABITAT
Le crédit habitat ralentit, en phase avec le freinage du marché
immobilier. Ce mouvement va un peu s’accentuer : la crise financière va conduire à un certain resserrement du crédit, notamment sur les prêts habitat les plus risqués.
Le freinage des crédits habitat se précise. Les encours (stock des
crédits en cours diminués des remboursements) décélèrent, à
13,1 % sur un an en septembre 2007 contre 15,4 % un an plus
tôt (la hausse reste encore forte car les crédits récents, de durée
plus longue, s’amortissent plus lentement). Surtout, la production
de crédits habitat (flux de nouveaux crédits) recule. En septembre
2007, le cumul sur 12 mois atteint 148 milliards, en baisse de
4,4 % sur un an.
Ceci reflète le freinage en cours du marché immobilier. Les prix
sont en hausse quasi-nulle dans l’ancien, les ventes se stabilisent
dans l’ancien et reculent un peu dans le neuf. Les prix sont en
effet devenus trop élevés et les taux de crédit remontent peu à
peu. La solvabilité des acheteurs se dégrade de plus en plus, les
acquéreurs deviennent moins nombreux, plus prudents et sélectifs, l’investissement locatif s’essouffle. D’où une décélération
continue des prix des logements, qui tendent à se stabiliser, mais
n’ont toutefois pas de raisons de baisser clairement, la demande étant à la fois forte, structurelle et solvable et l’offre restant limitée.
La crise financière va renforcer cette correction en cours. Depuis août dernier, les taux courts restent très tendus, les banques
rencontrent des difficultés de refinancement et font face à une
détérioration de leur volume d’activité sur les marchés financiers.
Elles vont donc opérer un certain resserrement du crédit, notamment sur les prêts habitat, via une remontée des taux de crédit, un
relèvement des marges sur les prêts les plus risqués et une exigence accrue en matière d’apport personnel. Ce durcissement
restera toutefois relativement limité : la concurrence interbancaire
est très marquée, les taux longs restent modérés et les banques
françaises sont déjà sélectives et attentives à la qualité
de l’emprunteur.
Ceci devrait conduire à une légère baisse des prix et des ventes en
2008. Au total, la production de nouveaux crédits habitat serait
en recul de 8 % environ en 2008 et l’encours de crédit habitat
freinerait, vers 12,5 % sur un an fin 2007 et 10 % fin 2008.
L’encours de crédits de trésorerie ralentit graduellement. Sur les
neuf premiers mois de 2007, la progression est ramenée à 3,6 %
sur un an, après une croissance soutenue en 2006 en moyenne
annuelle, 7,5 %.
Pourtant la consommation des ménages reste assez soutenue. Ce
freinage des crédits tient notamment à l’évolution favorable des
revenus, liée à une série de mesures de soutien. Il s’explique aussi par la nette remontée des taux à court terme, le taux
3 mois étant passé de 3 % en moyenne en 2006 à 4,30 % en
moyenne en 2007. En 2008, le recours aux crédits de trésorerie
restera assez limité : la croissance des revenus demeurera soutenue, les taux courts resteront tendus, au moins au premier semestre, et l’octroi de crédit par les banques sera probablement plus
sélectif, même si le resserrement concerne en premier lieu les
prêts habitat et les prêts aux entreprises.
L’encours des crédits de trésorerie serait en hausse de 3 % sur
un an environ fin 2008. ■
4
Encours de crédits aux ménages
hausse sur un an en %
20
Prévision
15
10
5
0
95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
crédits habitat
credits trésorerie
Source : BdF, Crédit Agricole S.A.
millions €
Nouveaux crédits habitat
180000
160000
140000
120000
100000
80000
60000
40000
20000
0
03
04
05
06
07
production de crédits habitat (cumul 12m)
Source : BdF, Crédit Agricole S.A.
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PLACEMENTS DES MENAGES
„ PRIORITÉ À L’ASSURANCE-VIE ET AUX DÉPÔTS À TERME
Le flux de placements financiers des ménages va rester très élevé en
2007 et 2008, à respectivement 125 et 129 milliards, après
123 milliards en 2006. Ces montants représentent environ 10 % du
revenu des ménages.
Deux principaux éléments expliquent ces hauts niveaux.
D’abord, le taux d’épargne va rester élevé, 16 % en 2007 et 15,8 %
en 2008, du fait des diverses mesures de soutien au revenu (« paquet
fiscal », monétisation des jours de RTT…) et des fortes incertitudes
économiques et financières. Ensuite, les évolutions démographiques
et la persistance d’un marché immobilier assez soutenu (même s’il
est en phase de correction) conduiront à des flux importants de ventes de logements anciens par les ménages « seniors ». Or ces ventes
ne conduisent pas en général à un rachat de logement et profitent
plutôt aux placements financiers.
mds d'euros
60
40
20
0
-20
DA V
En 2006, les placements avaient atteint 123 milliards. Deux postes avaient été clairement privilégiés : les placements liquides et
l’assurance-vie.
Au-delà des facteurs « structurels » (aversion pour le risque, fiscalité avantageuse), deux éléments ont été déterminants :
- la remontée des taux courts, qui a notamment favorisé les dépôts
à terme et les OPCVM monétaires ;
- un effondrement des plans d’épargne logement, en décollecte de
20 Mds, du fait d’une rémunération peu attractive et de la fiscalisation des revenus des PEL de plus de douze ans. Ceci a conduit de
nombreux détenteurs à fermer leurs plans et à se reporter massivement sur des contrats assurance-vie.
Ces derniers sont ainsi restés nettement privilégiés (flux de
89 Mds), tandis que les flux sur titres de marché (hors actions non
cotées) étaient légèrement négatifs.
En 2007, les placements restent massivement investis sur l’assurance-vie et l’épargne liquide, pour deux raisons principales.
D’abord, les taux d’intérêt à court terme ont connu une nouvelle
hausse au premier semestre. Ensuite, la crise financière de l’été
2007 a sensiblement affecté les comportements d’épargne : les
taux courts ont connu une tension marquée tout au long du second semestre ; la forte volatilité des marchés financiers, notamment boursiers, a conforté les comportements « risk advserse » ;
les inquiétudes liées à la crise des « subprimes » ont fortement
pénalisé les OPCVM monétaires.
Les flux de placements liquides restent ainsi très élevés en 2007 et
devraient avoisiner 45 milliards. Ce montant global est du même
ordre que celui de 2006 mais les arbitrages sont très différents.
Les flux sur dépôts à vue sont faibles, 3 Mds sur 9 mois, la forte
hausse des taux courts accroissant le coût d’opportunité de détention de la monnaie. Les flux sur livrets A et assimilés sont élevés,
12 Mds sur 9 mois : la rémunération du livret A a été portée à 3 %
en août ; surtout, les livrets de développement durable (ex Codevi),
dont le plafond a été récemment remonté à 6 000 euros, ont drainé
des flux importants, 10 Mds sur 9 mois.
En revanche, les flux sur livrets bancaires (soumis à l’impôt) se replient violemment : le flux est nul sur 9 mois alors qu’il atteignait
15 Mds en 2006. Ces produits sont sans risque, très liquides et sans
contrainte en matière de plafonds de dépôt. Mais, en dehors de
Placements des ménages
(flux hors valorisations)
Livrets
OP CVM
mo nétaires
Source : BdF, Crédit Agricole S.A.
mds d'euros
DA T
2006
P EL
2007
2008
Placements des ménages
(flux hors valorisations)
90
70
50
30
10
-10
PEP
Assurancevie
OPCVM Obligations
généraux
2006 2007 2008
Source : BdF, Crédit Agricole S.A.
Actions
cotées
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PLACEMENTS DES MENAGES
certains « super-livrets », les rémunérations après impôts sont limitées. Par ailleurs, les flux sur OPCVM monétaires, qui ont atteint
4 Mds au premier semestre, devraient être en décollecte au second,
suite aux difficultés de certains fonds monétaires « dynamiques »,
en partie investis en titres garantis par des crédits subprime.
Face à cela, les ménages ont massivement arbitré en faveur des
dépôts à terme, sans risque, liquides et dont la rémunération est
plus élevée. Sur 9 mois, ceux-ci ont drainé 18 Mds (contre 9 Mds
en 2006).
Les flux en contrats assurance-vie resteront considérables, 88 Mds.
Ce montant totalise 70 % des flux de placements. L’encours atteindrait 1214 Mds fin 2007, soit 37 % du total des encours de placements. Ces supports restent donc de loin le placement favori des
ménages français. Ils sont souples, variés et proposent une fiscalité
avantageuse. Les supports euros sont sans risque et offrent un taux
de rendement relativement élevé, de l’ordre de 4 %. L’assurancevie joue de fait le rôle d’épargne retraite. Les turbulences des marchés financiers ont rendu ce produit encore plus attractif.
L‘assurance-vie devrait toutefois marquer un très léger repli par
rapport à 2006 (89 milliards). En effet, la décollecte sur les PEL devient un peu moins importante, une partie des détenteurs concernés par les mesures de fiscalisation ayant par anticipation fermé
leur plan en 2006.
Les flux nets de placements en titres de marché restent très limités, quasi-nuls hors actions non cotées. Les ménages français restent très prudents vis-à-vis des marchés boursiers. Les inquiétudes
liées à la crise des « subprimes » ont renforcé ces réticences et devraient conduire à une légère décollecte sur les actions et
les OPCVM longs.
En 2008, les effets de la crise financière vont continuer à jouer, au
moins sur le premier semestre. Ils devraient ensuite se résorber,
mais graduellement. Les arbitrages des ménages risquent donc
d’être assez comparables à ceux de 2007. Les épargnants resteront prudents, l’assurance vie sera toujours clairement privilégiée
et l’épargne liquide sera favorisée par le niveau élevé des taux
courts et la remontée du taux du livret A.
Les placements liquides resteront marqués, 43 Mds, du même ordre qu’en 2007. Les taux courts avoisineront 4,30 % en moyenne,
niveau voisin de celui de 2007 (4,37 %). Le taux du livret A devrait
être assez fortement relevé en janvier 2008 (cf ci-contre). Ceci,
joint aux inquiétudes persistantes sur les « subprimes », conduira à
des flux très élevés sur les livrets A et assimilés et sur les dépôts à
terme, aux dépens des flux sur les livrets bancaires et les OPCVM
monétaires. Les flux sur dépôts à vue seront très faibles.
Les flux sur titres de marché (hors actions non cotées) resteront très
modérés. Les fonds d’investissement divers pâtiront de la mesure
permettant un déblocage de la participation (qui sera en partie
consommée, en partie réorientée vers d’autres placements).
Les flux sur contrats assurance-vie resteront très importants, mais
en léger retrait par rapport à 2007, 85 Mds. D’une part, l’effet
« décollecte sur les PEL » finit par s’épuiser. D’autre part, les mesures d’allégement fiscal sur les successions et les donations contenues dans le « paquet fiscal » rendent moins attractif le placement
assurance-vie. Mais ceci ne jouera que marginalement, car seule
une faible partie des détenteurs souscrit une assurance-vie pour des
raisons successorales. ■
6
Taux du Livret A : remontée à 3,50 %
attendue en janvier 2008
Le taux du livret A a été relevé à 3 % en août 2007.
Ce taux obéit depuis juillet 2003 à la formule :
Taux livret A = 1/2 (taux Euribor 3 mois + taux d’inflation hors tabac sur 12 mois) + 0 ,25.
Le calcul est opéré le 15 janvier et le 15 juillet en
prenant en compte les valeurs de décembre et de juin
pour l’Euribor et le taux d’inflation.
En janvier 2008, l’application de la formule conduirait à une forte hausse du taux du livret A, de 3 % à
3,75 % ou plus probablement à 4 %. Les inquiétudes
liées à la crise des subprimes ont en effet conduit à
des tensions marquées et persistantes sur le taux Euribor 3 mois au second semestre 2007. Il sera proche
de 4,90 % en décembre. Le taux d’inflation hors tabac est nettement remonté également, du fait de la
flambée des prix énergétiques et alimentaires, et atteindrait 2,4 % sur un an en décembre. La formule
aboutit à un taux de 3,875 %.
La Banque de France pourrait toutefois estimer que
la crise des marchés financiers constitue une
« circonstance exceptionnelle », ce qui permettrait de
ne pas appliquer la formule. La fixation du taux du
livret A serait alors confiée au Comité de la réglementation bancaire et financière. Le taux du livret A pourrait être fixé à 3,50 %, ce qui permettrait d’éviter un
mouvement heurté et temporaire.
En effet, en juillet 2008, la formule conduirait à une
rémunération de 3,50 % : le taux d’inflation resterait
élevé (2,1 % en juin), mais le taux Euribor 3 mois
serait ramené de 4,90 % en décembre 2007 à 4,20 %
en juin 2008, grâce à l’accalmie graduelle des marchés financiers.
L'évolution du taux du livret A
%
6
Prévision
5
4
3
2
1
0
99
00
Source : BdF,
INSEE, CA
01
02
03
04 05 06
taux du livret A
07
08
Taux d'intérêt 3 mois
inflation hors tabac sur 12 mois
DÉCEMBRE 2007
Olivier BIZIMANA
Tél. +33 (0)1 43 23 67 55
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Olivier ELUERE
Tél. +33 (0)1 43 23 65 57
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ECO France
FINANCEMENT DES ENTREPRISES
„ SOCIÉTÉS NON FINANCIÈRES : RESSERREMENT DE
L’OCTROI DE CRÉDITS A LONG TERME
Fin 2007 et en 2008, l’encours des crédits aux sociétés non financières devrait freiner : la crise financière conduit à la fois à un ralentissement des dépenses des entreprises et à une sélectivité accrue des banques. Ceci touchera surtout les crédits à long terme.
La situation financière des sociétés non financières reste mitigée et
a eu tendance à se détériorer sur les derniers trimestres. Le taux de
marge se replie, 30,2 % au premier semestre 2007 contre 30,8 %
en moyenne en 2006, et plus encore le taux d’épargne (profits
après impôts, intérêts et dividendes/valeur ajoutée), 10,8 % contre
11,9 %. Ceci est notamment lié à la hausse des coûts intermédiaires et salariaux. Mais surtout, le taux d’autofinancement (profits/
investissements) s’est nettement replié, 53 % au premier semestre
2007 contre 59,8 % en moyenne en 2006.
Face à la dégradation de leur profitabilité et à la reprise des dépenses d’investissement, les entreprises ont accru leur endettement. Leur taux d’endettement (encours de crédits bancaires, de
TCN (*) et d’obligations/valeur ajoutée) a atteint 112 % en
T2 2007, dépassant le pic de 110 % observé début 2002.
Au cours des prochains trimestres, la profitabilité des entreprises
restera assez médiocre. Mais les encours de crédit devraient
freiner du fait des effets de la crise financière.
Les encours de crédits de trésorerie ont un peu ralenti en 2007 :
la hausse sur un an atteint 9,3 % en moyenne sur les neuf premiers mois, contre 13,3 % en moyenne en 2006. Sur les prochains trimestres, ils devraient continuer à freiner. D’une part, la
croissance économique devrait au mieux se maintenir sur un
rythme annuel de 1,9 % (cf p. 2), ce qui limitera la hausse des
dépenses liées aux consommations intermédiaires et aux stocks.
D’autre part, la crise financière conduit à des difficultés de refinancement des banques sur le marché monétaire et à un haut
niveau des taux courts. Les crédits de trésorerie devraient ainsi
freiner, vers 7,5 % sur un an fin 2007 et 6,5 % fin 2008.
Encours de crédits aux entreprises
hausse sur un an en %
30
Prévision
20
10
0
-10
-20
96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08
crédits investissement
crédits trésorerie
Source : BdF, Crédit Agricole S.A.
en %
Taux d'endettement des sociétés
non financières
115
110
Au vu des enquêtes récentes auprès des banques, le durcissement de l’octroi de crédit toucherait toutefois en priorité les
crédits long terme, notamment le financement des opérations de
restructuration et de fusions acquisitions. Ceci passera notamment par un relèvement des marges sur les prêts les plus risqués. De plus, les dépenses d’investissement productif des entreprises vont connaître un freinage assez net, 2,4 % en volume en
2008 contre 4,8 % en 2007. Les crédits à l’investissement, en
hausse de 9,1 % sur un an sur les neuf premiers mois de 2007,
devraient ainsi freiner vers 7,5 % fin 2007 et 5,5 % fin 2008.
105
100
95
90
95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07
crédits et financements (hors actions) / valeur ajoutée
Source : Banque de France
Les flux nets d’émissions d’obligations et de TCN étaient restés assez
limités en 2006, 10 Mds. Au premier semestre 2007, ils ont rebondi à
16 Mds. Les flux d’émissions de TCN ont atteint 20 Mds (21 Mds en
2006). Les flux nets d’émissions d’obligations sont restés négatifs, -4 Mds
(-11 Mds en 2006). Ceci tient au maintien de flux de remboursements
très élevés de la part de certains grands émetteurs et à des montants limités d’émissions nouvelles. Les nouvelles émissions de TCN et d’obligations vont être affectées par la crise financière. Les flux devraient atteindre 20 Mds en 2007 et 15 Mds en 2008. ■
(*) titres de créances négociables
DÉCEMBRE 2007
7
Olivier BIZIMANA
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Olivier ELUERE
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Crédits aux ménages
ECO France
Encours
Variation annuelle en %
(Mds euros)
2006
2003
2004
2005
2006
2007*
2008*
793
7,2
10,2
11,5
11,2
9,8
8,6
- Habitat
579
9,9
13,6
15,0
14,9
12,5
10,0
- Trésorerie des particuliers
135
5,1
4,4
7,9
5,3
3,4
3,0
Total dont :
Encours
Placements des ménages
Flux
(Mds euros)
(Mds euros)
2006
2007*
2008*
2005
2006
2007*
2008*
Total Placements
3137
3268
3458
132
123
125
130
Total hors actions non cotées et autres participations
2596
2707
2844
118
108
110
115
Total épargne liquide
754
799
844
34,0
45,0
45,0
45,0
Billets, monnaie et dépôts à vue
240
245
248
17,0
10,0
5,0
3,0
Livrets
417
435
458
15,0
24,0
18,0
23,0
OPCVM monétaires
46
46
47
-1,0
1,0
0,0
1,0
Dépôts à terme
46
68
86
3,0
9,0
22,0
18,0
Titres de créances négociables
5
5
5
0,0
1,0
0,0
0,0
1 366
1438
1522
80,0
65,0
71,0
76,0
Épargne contractuelle dont :
241
224
215
-2,0
-24,0
-17,0
-9,0
- Plan d’épargne logement
206
192
186
1,0
-20,0
-14,0
-6,0
- Plan d’épargne populaire
35
32
29
-3,0
-4,0
-3,0
-3,0
Total épargne bloquée
Assurance-vie
1 125
1214
1307
82,0
89,0
88,0
85,0
Total titres de long terme
(hors actions non cotées et autres participations)
476
470
478
4,0
-2,0
-6,0
-6,0
OPCVM Généraux
178
173
174
-4,0
-5,0
-6,0
-4,0
Titres d’investissement (FCPR, FCPI, SCPI, FCPE…)
101
104
108
5,0
4,0
3,0
1,0
Obligations
41
38
34
0,0
1,0
-1,0
-2,0
Actions cotées
156
155
162
3,0
-2,0
-2,0
-1,0
Actions non cotées
427
441
481
8,0
11,0
10,0
10,0
114
120
133
6,0
4,0
5,0
5,0
Autres participations
Financement des entreprises
Encours
Variation annuelle en %
(Mds euros)
2006
2003
2004
2005
2006
2007*
2008*
Crédit dont :
630
-2,7
5,2
7,0
8,8
7,8
5,7
- Trésorerie
171
-16,0
5,7
8,5
9,4
7,5
6,5
- Investissement
251
3,0
4,5
6,3
9,0
8
5,5
20
15
Encours
Financement sur les marchés (hors actions)
324
Flux (Mds euros)
27
-14
-1
10
*Prévisions Crédit Agricole SA
Directeur de la Publication : Jean-Paul Betbèze — Comité de Rédaction : Olivier Eluère, Olivier Bizimana
Secrétariat de rédaction : Fabienne Pesty
Contact : [email protected]
Crédit Agricole S.A.— Direction des Études Économiques
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DÉCEMBRE 2007